Tu le paieras un jour William Afton

Chapitre 15 : Renaissance

1822 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/09/2020 14:16

Assis sur une chaise crème dans un couloir vide de l'hôpital, William avait perdu le compte des heures. Tout s'était enchaîné rapidement depuis l'accident et il n'avait pas totalement recouvré tous ses moyens. Son cerveau était comme paralysé, incapable de réfléchir ou d'agir correctement. A côté de lui, Maggie lui serrait la main et pleurait encore, inconsolable. Scott était assis en face, complètement débraillé. Il veillait sur Michael, lui aussi le visage ravagé par les larmes, et Elizabeth, prostrée dans ses bras. Elle était à l'école au moment où c'était arrivé, Scott l'avait récupérée une heure plus tôt et elle réalisait peu à peu la situation.


Ils attendaient tous des nouvelles de Georges. 


Les médecins avaient tenté de lui expliquer que la situation était vraiment grave, qu'il y aurait sans doute des dommages irréversibles au cerveau, mais William n'était pas sûr d'avoir tout compris. Plongé dans une léthargie inquiétante, il ne parvenait plus à dissocier passé et présent. La scène se jouait sous ses yeux, encore et encore, sans qu'il ne parvienne à réaliser que c'était vraiment arrivé. Tout avait été trop brutal, trop violent. Trop soudain. 


Il ferma un instant les yeux pour essayer de faire le vide dans sa tête. Sa famille avait besoin de lui, il n'avait pas le droit de se comporter comme une loque aujourd'hui. Il inspira et prit sur lui pour paraître plus confiant. 


La porte battante de la salle d'attente s'ouvrit sur le chirurgien. De grandes cernes entouraient les yeux du quinquagénaire, épuisé après près de six heures d'opération. Son visage était fermé, et William envisagea immédiatement le pire. Le médecin jeta un regard nerveux aux enfants, puis fit signe aux parents de l'accompagner dans son bureau. Les deux adultes se levèrent en même temps, puis lui emboitèrent le pas dans les couloirs blancs de l'hopital.


Le bureau du docteur se situait au bout du service dans une petite alcôve sombre. La pièce était ridiculement petite, mais aménagée avec soin pour gagner de la place. Le chirurgien poussa les cadavre de gobelets de café de son espace de travail et invita William et Maggie à s'asseoir sur les chaises qui lui faisaient face. Une pile de dossiers séparait le mari et sa femme comme une vitre de verre invisible qui rappela douloureusement à William que Maggie n'avait pas prononcé un mot depuis l'accident. 


"Je suis le docteur Brigswell, neurochirurgien. C'est moi qui me suis de Georges à son arrivée aux urgences. Votre femme m'a expliqué qu'il s'était fait "mordre" par un de vos robots, c'est exact, monsieur Afton ?

— Oui, répondit William d'une voix coupable. C'est de la faute de son frère, il a voulu lui faire peur et l'a mis dans la bouche de Fredbear... Je... Je suis intervenu trop tard pour l'arrêter."


Le chirurgien tapa rapidement ce qu'il disait sur son ordinateur, avant de reconcentrer son regard sur le couple. Maggie n'avait toujours rien dit, le regard perdu dans le vague comme si la situation ne la concernait pas. William l'observa nerveusement, mais elle détourna la tête pour lui faire comprendre de la laisser tranquille. 


"Je dois vous avouer que c'est un cas assez unique, reprit Brigswell. Je n'ai rien vu de tel en vingt ans de métier. Les mâchoires du robot ont écrasé la boîte crânienne avec une telle force que voir ce garçon toujours en vie relève du miracle. Nous avons fait de notre mieux pour... réparer les dégâts, mais...

— Il va s'en sortir ? l'interrompit Maggie, les larmes aux yeux.

— La situation est délicate, madame Afton. L'opération s'est bien passée et il a été stabilisé. Cependant, pour le moment, son activité cérébrale est très faible, ce qui suggère... Je ne veux pas vous donner de faux espoirs. Votre enfant est actuellement en état de mort cérébrale. Il respire avec l'aide des machines, mais son coma est si profond que toute manipulation pourrait malheureusement lui ôter la vie.

— Il va mourir ? s'étrangla Maggie."


Elle n'attendit pas sa réponse et éclata en sanglots. Elle s'excusa et quitta la pièce sans un regard pour son mari qui sentit son coeur se serrer. Le médecin resta les yeux rivés sur la porte avant de se tourner vers William.


"En tant que médecin, je ne suis pas habilité à arrêter les soins de votre fils tant qu'il respire. Cependant, en tant que père, je sais que ce n'est pas ce que je souhaiterais. Monsieur Afton, je crains que l'on ne puisse plus rien faire pour Georges. Si nous ne le débranchons pas nous-même, ses chances de survie sont de seulement quelques jours, peut-être même quelques heures.

— Il n'y a vraiment aucune autre solution ?

— Monsieur Afton, même s'il se réveille un jour, les séquelles seront lourdes. Il ne pourra plus bouger, il ne pourra plus parler. La partie du cerveau atteinte gère les émotions et la mémoire. Il est aussi possible que le choc électrique ait condamné sa vue et son ouïe. Je ne pense pas que cela vaille la peine de se battre. Il n'aura plus conscience de qui il est, de qui vous êtes."


William baissa la tête. Même s'il avait espéré en arriver à un autre moyen, même s'il aurait aimé retourné dans le temps pour sortir plus tôt de ce foutu rideau, il savait qu'il était trop tard. Garder Georges en vie ne ferait que prolonger son calvaire. Il devait le laisser partir. 


"C'est d'accord, finit-il par formuler à mi-voix. Je... Je vais en parler avec ma femme. Est-ce que l'on peut...

— Oui, bien sûr, répondit le docteur d'une voix triste. Nous le ferons quand vous serez prêts."


*********


Charlie avait suivi l'accident avec attention. La petite fille avait suivi les adultes à l'hôpital et, impuissante, avait assisté à la morsure du petit garçon. Elle ne comprenait pas pourquoi les adolescents avaient fait ça, pourquoi ils lui avaient fait du mal. Cela la mettait en colère.


Elle s'approcha du corps désormais froid de l'enfant et posa une main sur son torse. Et si... ? Non, elle n'en avait pas le droit. Sa condition était bien trop dure à supporter, elle ne voulait pas infliger ça à un autre enfant. Pourtant, elle sentait qu'elle en était capable. Elle sentait qu'elle pouvait le sauver. Lui redonner la vie.


Elle se sentait seule, si seule. Peut-être qu'avec un nouvel ami à ses côtés, ils trouveraient une solution pour partir ? Pour quitter ce monde qui ne leur voulait que du mal. Ils n'étaient pas si différents, lui et elle, traumatisés par les événements de cette pizzeria maudite. 


Elle devait l'aider.


"Est-ce que tu m'entends ? appela-t-elle d'une voix douce. Je ne sais pas si tu peux m'entendre."


Une douce aura blanche émana du corps.


"Je suis désolée, continua la petite fille. Tu es cassé. Ils t'ont cassé. Mais je suis toujours ton amie. Est-ce que tu me crois ?"


L'aura blanche devint plus physique, plus humaine. Elle sentait le petit garçon la rejoindre. Il suivait sa voix. Il lui faisait confiance. Elle en pleura presque de joie. 


"Je suis là, dit-elle les larmes aux yeux. Je vais t'aider à recoller les morceaux."


Deux yeux d'un blanc immaculé étaient désormais posés sur elle. Charlie tendit la main au petit garçon. Il la prit, sans trop savoir pourquoi, puis éclata en sanglots. Le coeur de la Marionnette se fendit en deux. Elle serra l'âme de Georges dans ses bras de toutes ses forces.


"Ne t'inquiète pas, chuchota-t-elle à son oreille. Je vais te trouver une nouvelle maison."


Elle lui prit doucement la main et l'entraîna avec elle. Georges jeta un dernier regard au corps silencieux sous la couverture blanche et accepta de la suivre. Il ne comprenait pas ce qui se passait, mais elle, si. Et au fond de lui, il sentait qu'il pouvait lui faire confiance.


********


William était assis à son bureau du restaurant, le regard vide. Cette fois, c'était terminé. Georges avait été enterré le matin même. Une cérémonie simple, mais émouvante. L'enfant l'aurait aimé. Maggie aussi.


Elle n'était pas venue. Officiellement, elle avait avoué ne pas en être capable. Mais le gérant savait que le malaise était bien plus profond. Elle n'avait pas dormi à la maison une semaine entière, elle ne lui avait pas adressé un mot, même pas lorsqu'il avait fallu signé les papiers qui scellèrent le sort de son fils. William le sentait au fond de lui, elle ne lui pardonnerait pas. Et il ne pouvait même pas lui en vouloir. Lui aussi pensait qu'il s'agissait de sa faute. Sa famille avait volé en éclat en l'espace de quelques jours.


Il poussa un long soupir et les larmes qu'il redoutait finirent par couler. Il les effaça d'un revers de manche. Il n'avait pas le droit de pleurer. Il avait provoqué ça. Il était le seul responsable de la mort de Georges. 


"William ?"


Scott passa timidement la porte. Le gérant renifla et se redressa sur son bureau. Le manager lui offrit un sourire triste et le rejoignit. 


"Je... Je suis venu te prévenir. Maggie est passée récupérer quelques affaires. Elle... Elle m'a demandé de te dire qu'elle voulait de l'espace. Elle a voulu prendre les enfants. Michael l'a suivie. 

— Pas Elizabeth ?

— Non. Elle ne voulait pas te laisser tout seul. Maggie n'a pas insisté. La petite est dans la salle principale, elle est dévastée. Tu... Tu devrais aller lui parler."


William hocha la tête doucement. Il ne réalisait pas exactement ce que le départ de sa femme signifiait, mais cela arriverait. Au moins, il avait le soutien de sa fille. C'était tout ce qui comptait. Tant qu'il l'avait à ses côtés, tout irait bien. Elle ne l'abandonnerait pas. 


"J'arrive, je termine... ça, dit-il en pointant les écrans devant lui."


Scott hocha la tête et s'éclipsa. William passa en revue les caméras de la nuit distraitement. La Marionnette, cependant, ne se comporta pas comme d'habitude. Ce soir-là, elle transporta un cadeau translucide jusqu'à Golden Freddy, dans les coulisses. Elle posa doucement le paquet devant le costume.


Les yeux de l'ours s'illuminèrent. A l'exception près que Golden Freddy n'avait pas d'yeux. 


William se figea derrière l'écran. Ce ne pouvait pas être une simple coïncidence. Quelque chose de nouveau venait de se produire.


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