Tu le paieras un jour William Afton

Chapitre 16 : Les vautours

2259 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 14/10/2020 16:53

Couché dans son lit, William attendait que la nuit se termine. Cela faisait plusieurs jours qu'il ne parvenait plus à fermer les yeux. Les problèmes lui tombaient dessus et il n'arrivait plus à maintenir la barre pour tous les régler. Il y avait eu cette lettre de l'avocat de sa femme pour un divorce qui lui paraissait inévitable désormais. Même pas un message, même pas une visite en personne. Seulement des mots froids et vides sur une page blanche typographiée. Voilà comment était condamnée à s'achever près de six ans de vie commune. L'idée prenait lentement place dans sa tête, et même si Scott lui apportait tout son soutien, il n'arrivait simplement pas à s'en remettre.


Comme ça ne suffisait pas, sa vie privée était maintenant connue de milliers de lecteurs de journaux. La morsure de "l'ours robot tueur" avait fait le tour de la planète et provoquer bon nombre de réactions violentes. Il recevait quotidiennement des lettres d'insultes, et, coup de grâce, le gouvernement lui demandait désormais des comptes sur la fiabilité de ses robots. Des "experts" devaient passer le lendemain pour vérifier l'état de dangerosité de ses Animatroniques et le ton sec employé lui avait laissé comprendre qu'il n'avait pas intérêt à s'y opposer.


Son réveil poussa un cri strident et l'arracha de force à ses pensées noires. Mécaniquement, il se redressa et poussa un long soupir. Il cliqua sur l'interrupteur de sa lampe de chevet. La lumière l'aveugla un instant, il se cacha les yeux du bras droit le temps de s'y habituer. Une nouvelle journée débutait. Il allait devoir agir comme si tout se passait bien pour Elisabeth, le temps qu'elle parte pour l'école, et ensuite il pourrait de nouveau pleurer sur son sort comme la loque qu'il était devenue.


Ses pieds glissèrent dans les sandales qui lui servaient de pantoufles et il se traîna vers le couloir. Il s'arrêta devant la porte d'Elizabeth et toqua doucement. Au rayon de la lumière, la petite se retourna dans son lit en grognant et cacha sa tête sous sa couverture. William s'assit quelques instants à côté d'elle et lui caressa les cheveux jusqu'à ce qu'elle capitule et daigne enfin se diriger vers la salle de bain. A l'odeur de café qui emplissait la maison, il devina que Scott était déjà levé. Cet homme était incroyable. Peu importe l'heure à laquelle il se couchait, à cinq heures et demi, il était levé. William descendit les escaliers et le gratifia d'un salut de la main avant de s'affaler sur une des chaises de la cuisine. Serviable, son ami déposa une tasse de café devant lui.


"Tu n'as pas pris les somnifères que le médecin t'as donné, le gronda sur un ton de reproches en pointant la boîte sur le micro-ondes. Tu vas finir par t'écrouler au travail et je ne compte pas te ramasser cette fois."


Il haussa les épaules et porta la tasse à ses lèvres. Il allait le "ramasser". Il le faisait toujours. Scott était censé déménager la semaine d'avant, mais suite au décès de Georges, il avait décidé de rester quelques temps pour soutenir son ami. Même s'il n'était pas démonstratif, ce geste touchait vraiment William. Elizabeth aimait beaucoup le manager, et il savait qu'il jouait un rôle dans le passage du deuil. 


La petite avait eu beaucoup de mal à accepter le décès de son frère. Dans un premier temps, elle avait même fait un déni violent de ce dernier en refusant de croire ses parents. La réalité l'avait rattrapé à l'enterrement de Georges. Inconsolable, elle avait soudainement éclaté en sanglots dans ses bras et n'avait pas arrêté de pleurer pendant trois jours, jusqu'à l'épuisement. Depuis, elle allait mieux. Elle avait retrouvé un semblant de sourire, mais taisait le nom de son petit frère. Elle avait manifesté également l'envie de ne plus revoir Michael pour le moment. William la comprenait sur ce point, lui non plus ne parvenait pas à dissocier l'image de son fils aîné de la tragédie. Son départ précipité avait au moins eu l'avantage de calmer les tensions à la maison.


"On doit faire un point sur la visite de demain, continua son ami sans tarder. J'ai essayé d'arranger les choses en envoyant les certificat de conformité des robots, mais ils ont répondu que ce n'était pas une preuve suffisante étant donné la nature unique de tes créations. Je ne sais pas ce qu'ils comptent trouver dans les robots, mais...

— Ils vont demander la destruction de Fredbear, répondit William d'une voix vide. Lorsqu'un chien mord, on l'abat. Ils ne vont lui laisser aucune chance et trouver quelque chose contre lui.

— Clay Burke sera là, il se portera garant pour nous. Après tout, il est déjà venu lors de l'affaire des "larmes de sang", non ? J'ai trouvé son rapport sur ton bureau lorsque j'ai commencé à faire le ménage. C'est un bon bougre. Nous ne devons pas partir défaitistes."


Même si l'officier de police les aidait, William savait qu'il retournerait sa veste en cas de pistes l'accusant. Il aimait la pizzeria, certes, mais il se méfiait de William. C'était réciproque. Les deux hommes s'appréciaient, mais uniquement de loin, un respect réciproque qui leur permettaient de collaborer sans prise de bec. Burke avait abandonné l'affaire des "larmes de sang" mais restait persuadé que quelque chose de louche se passait dans la pizzeria. 


"B'jour, les salua Elizabeth dans l'entrée."


Les cheveux encore en bataille, elle s'installa à côté de son père. Habitué aux petites habitudes de la fillette, Scott déposa devant elle un bol, le paquet de céréales et le lait. Elle se servit et commença à manger en silence.


"Quoi qu'il en soit, reprit Scott, je suis certain que tout s'arrangera rapidement. Si nous interdisons tout simplement aux enfants d'approcher des robots avec des protections plus importantes, il n'y aura plus de problèmes. Ce qui s'est produit était un accident, contrairement à ce que disent les médias, et tu as la trentaine de témoins présents ce jour-là pour le confirmer."


Si tu le dis, pensa-t-il, amer. Il se tourna vers sa fille et lui toucha le nez. Elle sourit timidement avant de se dégager en râlant.


"Tu as bien révisé pour ton contrôle de maths ? lui demanda-t-il pour changer le sujet. C'est le dernier avant les vacances, pas vrai ?

— Oui, répondit-elle. Madame Bright m'a dit de faire de mon mieux."


Il lui tapota gentiment la tête. William avait demandé à sa professeur de prendre en compte sa situation, ce qu'elle avait bien sûr accepté. Le décès de son petit frère avait fait grand bruit et tous veillaient à ce que la petite soit épargnée par les ragots à l'école. Son père était intervenu dans les classes pendant une journée pour clarifier la situation et encourager les enfants à ne pas parler des événements. Pour le moment, ils prenaient leur mission à coeur. 


"Je vais me mettre en route, dit William. Regarder les caméras de surveillance, tout ça.

— Tu passes beaucoup de temps sur ces dernières. Si je ne te connaissais pas, je dirais même que tu me caches quelque chose, dit-il en riant."


Le sang de William ne fit qu'un tour. Il tâcha de rester le plus neutre possible, mais ses poings s'étaient crispés. La dernière chose dont il avait besoin, c'était que Scott découvre l'activité nocturne de la pizzeria. Il lui offrir un rire nerveux avant de s'éclipser le plus rapidement possible de la maison.


Dès qu'il ouvrit la porte, une pluie de flashs l'accueillit. Il poussa un soupir et cacha son visage sous la capuche de son manteau. Les journalistes trépignaient derrière la barrière de l'habitation. Ils étaient le plus grand cauchemar de William ces derniers jours. Lorsque Scott, sa fille ou lui sortait de la maison, ils affluaient comme des rapaces et beuglaient leurs questions le plus fort possible pour avoir le "scoop" avant leurs concurrents. William savait qu'en partant en avance, ils le suivraient jusqu'à la pizzeria, ce qui laisserait le champ libre à sa fille pour aller à l'école sans être embêtée sur le chemin. Même s'il avait demandé plusieurs fois à ce qu'ils laissent Elizabeth en dehors de leurs sordides suppositions, ils n'écoutaient pas.


William s'engagea dans l'allée et poussa la porte de force pour pouvoir sortir. Les vautours commencèrent à monter les uns sur les autres pour plaquer leurs micros le plus près possible de sa bouche. Les questions commencèrent à fuser de tous les côtés.


"Monsieur Afton, est-il vrai que vos robots sont dangereux ?

— Après l'affaire des larmes de sang, comment défendez-vous ce nouveau meurtre dans votre pizzeria ?

— Votre restaurant va-t-il fermer après ce qui s'est passé ?

— C'est vrai que votre femme vous a quitté ? Qu'en est-il de Michael Afton ?

— Pourquoi refusez-vous tout commentaire ? Vous vous sentez coupable ?

— Avez-vous tué votre fils ? Quels sont les raisons du meurtre ?"


On le poussait et le bousculait de tous les côtés. William donna un coup de coude franc pour dégager le passage et s'extirpa peu à peu de la masse pour rejoindre sa voiture. La bonne surprise du jour, ce fut le "Meurtrier" tagué à la peinture rouge sur toute la longueur du véhicules. Les pneus avaient été crevés. La voiture de Scott, garée derrière, avait subi le même sort. Super. Il ne manquait plus que ça. Dans un soupir de désespoir, il décida de rejoindre le restaurant à pied, poursuivi par la nuées de journalistes. Le restaurant n'était pas si loin, il pouvait les supporter un peu plus longtemps.


Devant la façade du restaurant, deux voitures de police montaient la garde, comme tous les jours depuis l'accident. En le voyant submergé, Clay Burke, en service, vola à sa rescousse. Les six policiers présents dressèrent un barrage de fortune devant les portes pour permettre au gérant de la pizzeria de rentrer sans encombres. Il invita l'officier de police à rentrer à sa suite.


"Vous êtes devenu une véritable célébrité en ville, rit-il. On a rarement vu un rassemblement pareil à Hurricane. 

— J'ai pas besoin de vos sarcasmes, Burke. Des petits crétins ont vandalisé ma voiture et celle de monsieur Cawthon. Tag et roues crevées. J'ai essayé d'éloigner les journalistes de chez moi pour que ma fille puisse aller à l'école, mais sans voiture...

— Vous inquiétez pas pour ça. Carlton y va aussi tout à l'heure. Je prendrais votre petite sur le chemin. Je vais envoyer des hommes monter la garde devant chez vous. Pour votre voiture, on pourra voir ça ce soir quand vous sortirez. Je viens avec ma femme et les enfants, je ferais un constat en partant.

— Merci, Clay. Je fais chauffer la machine à café et je vous ramène de quoi vous réchauffer."


Il le remercia d'un pouce levé et regagna son poste à l'extérieur. William fit un détour dans la cuisine pour brancher la cafetière, puis gagna son bureau d'un pas traînant. Il se laissa choir sur son siège et alluma l'écran des caméras de surveillance. Il rembobina la cassette et la relança à minuit. Mis à part les déambulations habituelles de la Marionnette, rien ne lui parut différent. Depuis l'étrange activité qui s'était produit avec Golden Freddy, il ne s'était rien passé. Bonne ou mauvaise nouvelle, il n'était pas certain de le savoir. Il effaça les bandes et s'apprêta à quitter la pièce, quand un détail insolite le surprit. 


Dans le fauteuil en face de lui se trouvait la peluche appartenant à Georges. L'ours en peluche le dévisageait de son regard vide. Il était couvert de terre et de boue, mais il s'agissait bien du même. Sauf qu'il en était certain, cet ours avait été enterré avec son fils. Il ne pouvait tout simplement pas se trouver là. William s'en saisit et le retourna. Le dos du jouet était éventré. Dans la mousse, une enveloppe dépassait. Avec précaution, il la retira et l'ouvrit.


Quand tu seras prêt, appelle-moi.

H.M


Le bref message était suivi d'un numéro de téléphone qu'il reconnut immédiatement. Comme par hasard, Henry choisissait de revenir maintenant. Agacé par cette effraction qui n'était pas censée se produire et par la profanation de la tombe de son enfant, il jeta rageusement le papier à la poubelle.


Il n'avait pas de temps à perdre avec des histoires de fantômes et de résurrection. Il voulait qu'on lui foute la paix, qu'on le laisse à l'écart de toutes ces histoires sordides. 


Mais en même temps, cette histoire d'ours qui bouge tout seul lui revint en mémoire. Et s'il disait vrai ? 


Il secoua la tête. Georges était mort. Peu importe ce que Henry avait en tête, ça ne ramènerait pas son garçon. Après un dernier regard à l'ours en peluche, il quitta la pièce pour vaquer à ses occupations du jour.

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