Tu le paieras un jour William Afton

Chapitre 24 : Le renard fou

1907 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 20/11/2020 17:03

Une odeur de brûlé tira William de son sommeil réparateur. Il leva les yeux vers la cuisine d'où une fumée noire s'échappait. Scott, paniqué, essayait vainement de sauver le reste de ses pancakes. Dans un soupir, l'homme à la chemise violette sale se traîna hors du canapé où il avait passé la nuit pour aller ouvrir les deux fenêtres de son petit loft et aérer l'espace exigu.


Quelques jurons et une descente à la boulangerie du coin plus tard, le duo se retrouva enfin pour le petit déjeuner. Même si l'ambiance était bonne enfant, l'ombre de ce qui s'était passé la veille planait toujours au-dessus d'eux. Ils n'avaient pas encore osé dérouler le journal, mais la photo de Circus Baby qui s'étalait sur un bon tiers de la une en disait long sur ce que les médias avaient pensé du petit numéro de la veille. Pour le moment, ils se contentaient d'éviter soigneusement le sujet en attendant que les choses se tassent. Après tout, ils avaient d'autres préoccupations à l'esprit, comme la fête d'anniversaire qui devait être tenue l'après-midi même. Son téléphone avait déjà sonné cinq fois ce matin : des parents choqués qui refusaient tout bonnement que leur enfant ne se rende au restaurant. Compréhensible. Il espérait seulement que quelques courageux honoreraient leur engagement, par soucis de ne pas rendre sa fille triste en ce jour de fête.


Pouvait-il seulement leur en vouloir ? Il n'arrivait pas à se retirer de la tête l'idée que tout était de sa faute et qu'il le méritait. A trop jouer avec le feu, on finit par se prendre les cendres au visage. Il l'avait bien cherché.


D'humeur maussade, il ne remarqua le regard de son collège sur sa main, qui touillait le café depuis près de cinq minutes, qu'après son long silence. Avait-il posé une question ? Scott soupira, abattu.


"Tu es d'attaque pour aujourd'hui ? redemanda-t-il. Tu n'as vraiment pas l'air dans ton assiette. Je... Je peux me charger des médias si tu veux. J'espère qu'ils ne seront pas trop nombreux devant nos portes...

— Ce serait gentil de ta part, répondit le gérant d'une voix éteinte. Je... Pour être honnête, je veux juste penser à l'anniversaire de ma fille et à rien d'autre aujourd'hui. On peut en reparler demain ?

— Bien sûr, prends ton temps. Je prends les choses en main. Je suis là pour ça après tout."


Cet homme était incroyable. William pouvait être une teigne, l'envoyer bouler ou l'abandonner totalement au milieu d'une crise qui mettait son restaurant en jeu, il ne se plaignait jamais. Il s'en voulut presque de lui imposer cette charge de travail supplémentaire. Comment faisait-il pour garder la tête froide en toute circonstance ? Comment faisait-il pour seulement accepter sans poser la moindre question le fait que des robots en parfait état se mettaient à agir de la sorte ? Il avait trop confiance en lui.


L'heure tant redoutée se profila à l'horizon et les deux hommes se dirigèrent vers le Circus Baby's World. Ils garèrent la voiture derrière le bâtiment, mais ils furent immédiatement repérés par les médias qui se précipitèrent à leur suite pour gratter les dernières informations. Les deux gérants les ignorèrent copieusement et se glissèrent difficilement dans la foule pour gagner l'entrée à coups de coudes vigoureux. Ils durent menacer d'attaquer en justice ceux qui voulaient enfoncer les portes à leur suite pour pouvoir enfin s'enfermer. Scott fit descendre les rideaux de fer pour avoir la paix et les bruits extérieurs en furent immédiatement diminués.


Installé à une table comme si rien de tout cela n'existait, Henry prenait son café. William fronça légèrement les sourcils en se demandant comment il avait pu entrer sans provoquer l'émeute. Ou alors n'était-il jamais sorti ? Suspicieux, il ne s'attarda pas cependant plus longtemps sur lui. Il avait d'autres choses à faire, à commencer par l'inspection des robots pour s'assurer que rien ne viendrait gâcher la fête de nouveau, et éventuellement trouver une explication rationnelle à ce qui s'était passé la veille, quand bien même il savait qu'il n'en trouverait pas. Le seul capable de lui apporter des réponses se trouvait à quelques mètres de lui et le suivait du regard sans cligner des yeux, comme une vipère. Il attendit pourtant patiemment que Scott disparaisse dans les bureaux pour s'adresser à lui, comme il s'y attendait.


"Tu comptes vraiment faire comme si rien n'avait existé ? demanda innocemment Henry. Je t'envie. Ta capacité à oublier si rapidement doit te soulager de nombreux fardeaux au quotidien."


William ne répondit pas et ouvrit bruyamment le torse de Circus Baby pour lui faire comprendre qu'il n'avait pas envie de discuter. Pas avec lui. Il rentra doucement la grande pince de la star du restaurant dans son emplacement d'origine avec un frisson. Elle servait normalement à porter les glaces jusqu'aux enfants. Pourtant, elle avait manqué de l'embrocher la veille, sans rien au bout. Elle n'était pas programmée pour faire ça. Il referma le robot avec précaution. Au point où il en était, il s'attendait à ce qu'il l'attaque d'un seul coup.


Il se tourna ensuite vers Funtime Freddy. L'ours avait les yeux braqués sur lui. Il sursauta et recula d'un pas. Il ne bougea pas. Sûrement un simple tour de son imagination.


"Toujours pas décidé à discuter de mon projet ? poursuivit Henry dans le vide. Je suis sûr qu'il t'intéresserait pourtant. Après ce qui s'est passé hier, tu ne peux plus nier l'évidence, pas vrai ? Ton fils est en vie, et en colère, de toute évidence.

— Mon fils est mort, grogna William, menaçant. Arrête de te prendre pour Dieu, Henry. Tu as fait de la merde avec ta fille, il serait peut-être temps d'assumer et d'arrêter de rêver à un retour en arrière qui n'arrivera pas. Je ne veux pas être mêlé à tes histoires, je veux juste tourner la page."


Agacé, il claqua de langue avant de se lever. Il s'arrêta près de la scène et offrit un grand sourire à William qui n'avait rien de rassurant.


"C'est ce qu'on verra."


Il tourna les talons et s'enfonça dans le couloir qui menait aux bureaux. William tenta d'ignorer cette dernière phrase, mais il sentit son estomac se tordre d'appréhension. Qu'avait-il en tête cette fois ? Il passa une main dans ses cheveux et poussa un soupir d'exaspération. Il voulait simplement avoir la paix, était-ce trop demandé ? Il se releva et, d'agacement, donna un petit coup de pied dans la jambe de Funtime Foxy.


Le renard se dégagea au dernier moment et lui attrapa le bras. Il poussa un cri semblable à celui d'un chat qui feule et serra jusqu'à entendre un craquement sourd. William hurla de douleur et chercha à se dégager, complètement paniqué. Foxy le poussa brusquement au-dessus de la scène. Perdu, William ne comprit pas ce qui venait de se passer avant que sa tête ne heurte le sol après un vol plané de plusieurs mètres. La vision trouble, il ne parvint pas à se redresser. Son bras lui donnait l'impression d'avoir été broyé et il avait brutalement envie de vomir.


"William ? Qu'est-ce que... William !"


Scott dansa devant ses yeux en de multiples illusions. Il l'entendit appeler les urgences sans pour autant avoir l'impression d'être avec lui. Il lui parlait, il savait qu'il lui parlait, mais il ne comprenait rien à ce qu'il lui disait. Un gouffre semblait l'engloutir. Il ne voyait plus autre chose que du noir.


*********


Henry avait suivi la scène depuis les caméras de surveillance. Il accouru dans la pièce, mais cet enquiquineur de manager se trouvait déjà au chevet de William, complètement dans les vapes. Il lança un regard vers le renard, toujours actif. Ses yeux jaunes se braquèrent sur lui, complètement fous. Pourtant, un grand sourire étira la visage du scientifique. Ca avait marché ! Sa dernière victime avait pris possession du renard !


Il dut se contenir pour ne pas exprimer sa joie à voix haute. Après tant de mois sans avancées majeures, il allait enfin pouvoir étudier un sujet actif... Encore fallait-il qu'il le reste.


"Attention ! cria Scott."


Le robot sprinta et se jeta de la scène pour essayer de saisir Henry au cou. L'homme l'évita de justesse et fit un pas en arrière pour avoir un meilleur point de vue. Le renard s'écrasa au sol dans un bruit de tôle rouillée et une de ses jambes se décrocha sous l'impact violent. Pourtant, il repartit immédiatement à l'attaque en poussant des feulements mécaniques agressifs. Il rampa au sol bien trop rapidement et réussit à lui saisir la jambe. Henry chercha à se dégager en agitant le bas de son corps mais il tenait fort. Les mâchoires du renard se mirent à claquer frénétiquement alors qu'elles cherchaient à saisir son membre.


Scott traversa la pièce et se précipita vers la cuisine. Il saisit une grosse casserole et accourut vers son collègue, la poêle au-dessus de sa tête. Il tapa une fois sur le crâne du robot, d'un coup sec et franc. Une partie du visage sauta, dévoilant l'effroyable machinerie située en-dessous. Même avec un seul oeil, il continua de s'agiter avant de finalement mordre dans la jambe d'Henry. Devant ses cris de détresse, Scott paniqua. Il tapa frénétiquement l'animal géant jusqu'à en tordre son arme. Le robot ne cessa de bouger que lorsque sa tête sauta du reste de son corps et alla rouler dans un coin de la pièce toujours en claquant des dents. Le reste du corps crépita avant de s'effondrer lourdement.


Essoufflés, les deux hommes restèrent complètement muets, mais pas pour les même raisons. Scott, sous le choc, se laissa tomber à terre, avant de se rappeler l'existence de William, toujours évanoui derrière lui. Il s'approcha du gérant et resta simplement à ses côtés les bras ballants, incapable de réagir correctement devant la situation.


Henry, lui, releva son pantalon pour avoir un aperçu des dégâts. Les dents du robot s'étaient enfoncées profondément dans la chair, mais la blessure restait superficielle. Quelques points de suture et ce ne serait plus qu'un mauvais souvenir. Ce qui serait plus compliqué à réparer en revanche, était le renard désarticulé qui gisait à ses pieds. Les chances pour que l'âme soit toujours coincée à l'intérieur s'amincissaient. Il devait agir, et vite, s'il voulait avoir une chance d'étudier le phénomène. Il pourrait toujours se faire soigner ensuite.


Le boucan des sirènes de l'ambulance appelée quelques minutes avant les tirèrent de leur passivité. Scott se releva, les jambes tremblantes, et alla leur ouvrir. Les journalistes, alertés par les urgences et le boucan à l'intérieur se mirent à beugler des questions qu'il n'entendit qu'à moitié.


Le temps qu'il revienne avec les ambulanciers pour prendre en charge William, Henry avait disparu, et la tête de Funtime Foxy avec lui.


Laisser un commentaire ?