La dernière âme
Chapitre 29 : Le dernier coup de crochet
2822 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 21/08/2025 10:50
Les coups contre l'armoire étaient forts, répétés. Chacun d'entre eux menaçaient un peu plus de créer une faille dans l'armoire collée derrière la porte. Foxy le savait, ce n'était plus qu'une question de minutes avant qu'il ne réussisse à rentrer. Terrifiée, les deux fillettes s'étaient retranchées derrière le mur, dans les bras l'une de l'autre. Le renard se préparait amèrement à devenir le dernier rempart. Il ne les auraient pas, même s'il devait être intégralement détruit pour les protéger.
Soudain, un grand cri métallique remplit l'espace. Foxy ne put retenir un cri de soulagement. Derrière la porte, Freddy venait de se jeter sur Springtrap et le martelait de coups rageurs. Le lapin parait et esquivait tant bien que mal, sa marge de manoeuvre réduite par l'étroitesse du couloir. Avec son unique bras encore valide, l'opération s'annonça vite compliqué. Il saisit un vase sur la commode à côté de lui et lança son contenu sur l'ours. Les circuits grésillèrent et Freddy perdit temporairement l'usage de son bras. Springtrap en profita pour prendre de l'élan et le pousser violemment dans l'escalier d'où il venait. L'ours bascula en arrière et chuta sur Bonnie qui tentait de le rejoindre. Les deux robots s'écrasèrent lourdement au sol, très abîmés par la chute.
Chica, plus prudente, évita les deux corps et le rejoignit en quelques enjambées. Plus agile, elle pourrait prendre facilement la main s'il ne faisait pas attention. Alors il attaqua frontalement, là où ça faisait mal.
"Oh, Suzie, tu te rappelles de ton petit chien disparu ? Il s'est fait écrasé sur la route comme la merde qu'il était. Et tu veux connaître un secret ? C'est moi qui lui ai roulé dessus le matin-même et j'ai ressenti aucun remord. Te manipuler a été d'une simplicité déconcertante. Comment crois-tu seulement pouvoir me toucher alors que tu es incapable d'avoir assez de discernement pour croire un gros lapin doré lorsqu'il t'a dit qu'il dormait avec Freddy ? Tu as toujours été la plus stupide des quatre."
Il lança rageusement le vase qu'il avait toujours en main sur elle. Elle vacilla légèrement mais se reprit et, bien loin de se laisser abattre, courut avec toute l'énergie de la colère vers lui. Comprenant qu'il n'aurait pas l'avantage, Springtrap se réfugia dans la pièce derrière lui. Grave erreur, à peine passa-t-il la porte qu'un pied de biche vola dans la direction, arrachant d'un coup ce qu'il restait de son bras amputé par l'accident de voiture. Un homme lui faisait face, son arme de fortune pointée devant lui. Il suintait la peur et la panique.
"Quel courage, rit Springtrap. C'est effarant. Pitoyable; oserais-je.
- Laisse ma famille tranquille ! hurla-t-il en tentant un coup d'intimidation qui le rata largement."
Springtrap attrapa la pied de biche et le retourna contre son adversaire. L'arme se planta profondément dans le ventre de Vincent qui poussa une plainte sourde avant de s'écrouler au sol. Le lapin leva la jambe dans le but de lui écraser la tête comme une pastèque, mais Chica choisit ce moment pour entrer dans la chambre. Elle saisit la lampe de chevet et la lança sur lui avec rage. Il l'évita et fit le tour du lit pour lui échapper. La Marionnette suivait de près, même si incapable de le toucher sous sa forme fantômatique. Néanmoins, ses pouvoirs pouvaient faire des dégâts et il choisit de rester à bonne distance.
Il ouvrit le placard derrière lui, à la recherche d'une arme. Son regard s'arrêta sur un vieux balai abandonné. Il se retourna et, alors que Chica lui fonçait dessus, il planta le manche de toutes ses forces dans son torse. Le robot s'affola quelques instants avant de se déconnecter. Le manche avait frappé le circuit électrique, elle ne pouvait plus rien faire. La Marionnette chercha à le bloquer en envoyant une boule d'énergie bleue vers lui, mais il l'esquiva et traversa son ennemie pour reprendre la chasse. Il vit Charlie hésiter, et finalement se diriger vers l'homme qui l'avait attaqué, recroquevillé au sol.
Dans le couloir, il prit de l'élan et chargea la porte de la gamine. Il était temps d'en finir. A l'étage intérieur, Michael hurlait son nom, impuissant. Le fauteuil ne pouvait monter les marches tout seul. Il jeta un coup d'oeil à l'horloge sur le mur. Cinq heures bien entamées. Etait-ce raisonnable de risquer sa vie sur un coup de poker ? Il poussa la deuxième porte à côté de lui et sursauta.
"Elizabeth ! cria-t-il."
Il se jeta sur le robot qui faisait deux têtes de plus que lui. Mais ses yeux ne brillaient pas, elle était désactivée, absente. William paniqua. Qu'avaient-ils fait ? Où était-elle ? Il perdit son discernement en une fraction de seconde. Ils l'avaient volée. Ils l'avaient enlevée. Ou pire, tuée. Il ne la reverrait jamais. La porte claqua brutalement derrière lui. Il se retourna. Golden Freddy bloquait l'entrée, le regard noir.
"Qu'est-ce que tu as fait ?! hurla Springtrap. Où est-elle ?!"
Partie, annonça-t-il. Je l'ai libérée, puisque tu en étais incapable.
L'annonce frappa comme un coup de massue et fit vaciller le robot. Georges savait exactement où frapper pour lui faire mal. En le privant de sa fille, il le privait de raison d'exister, de continuer à supporter son enfermement. Il était vide.
"Tu mens ! hurla-t-il. Tu mens ! Ramène-la ! Ramène-la ou je te jure que..."
Que quoi ? Elle est partie, papa ! Elle est morte, il y a déjà plus de cent ans. Ce n'était que lui rendre service.
Springtrap poussa un hurlement de rage et se jeta sur l'ours doré. Il disparut et réapparut juste derrière lui, alors que le lapin s'écrasait contre la porte, la faisant sauter de ses gonds sous son poids. Il s'écrasa au sol et un grognement rauque, animal, s'échappa de sa gorge.
"Tu l'as tuée ! continua-t-il de hurler. Tu l'as tuée !"
La Marionnette passa la tête de la chambre, inquiète. Elle lança un regard inquiet à Golden Freddy, impassible. Cependant, elle savait. Brièvement, l'ours la laissa entrevoir le fantôme d'Elizabeth qui flottait à côté de lui, horrifiée. Elle suppliait Georges de la laisser lui parler, mais il restait sourd à ses lamentations. La Marionnette en fut scotchée. Cette manipulation pourrait leur garantir la victoire, tout comme rendre par la suite Elizabeth indomptable et impossible à convaincre de les rallier.
Springtrap de releva difficilement. Son aura brûlait d'une rage qui surprit la Marionnette et la repoussa presque. Il ne l'avait encore jamais vu autant en colère qu'aujourd'hui, pas même lorsqu'il perdait le contrôle sur sa santé mentale. Il n'avait plus rien à perdre, ce qui signifiait que sa dangerosité venait encore d'augmenter. Il se tourna vers la porte de Violet, une folie meurtrière dans le regard. Il se tourna vers les deux robots avant de se jeter avec une force inouïe contre la porte. Elle se brisa dans un grand fracas, alors que le robot se désagrégea sous le choc. Il perdit une oreille et une grande partie de son torse, pour ne laisser que l'endosquelette, et surtout les springlocks abîmées, visibles.
Foxy arracha brutalement l'étagère du mur. Tous les livres tombèrent à terre. Springtrap défonça la porte de l'armoire et le chargea immédiatement. Le renard prit un peu d'élan et écrasa la planche de bois sur sa tête. Une partie du crâne métallique vola, mais cela ne l'arrêta pas. Fou de rage, le regard du lapin se tourna vers les deux gamines. En le reconnaissant, Violet poussa un cri strident, terrifiée, et se libéra de l'emprise de sa soeur pour courir vers la sortie.
"Non ! hurlèrent Foxy et la Marionnette à la porte simultanément, alors qu'elle passait à côté de Springtrap."
Le lapin la saisit à la gorge et la souleva du sol. Prune tenta de lui venir en aide mais Foxy l'arrêta d'un geste. Il jeta un regard paniqué à la Marionnette, qui ne parvenait pas non plus à trouver quoi faire pour sauver la gamine. Si elle utilisait ses pouvoirs, il lui briserait la nuque avant d'être touché par le sort.
"Laisse-la partir ! tenta Foxy. Elle ne t'a rien fait ! Prends-en toi à quelqu'un de ta taille !
- Retourne dans ta tombe, le renard, c'est pas ton affaire ! cria rageusement Springtrap."
Il se retourna vers la Marionnette, la gamine à bout de bras. La petite hoquetait bruyamment à la recherche d'air, des larmes inondant son visage juvénile. Elle ne tiendrait pas longtemps.
"Et maintenant quoi, Charlie ? lança-t-il victorieux à la Marionnette. Tu vas me faire la morale ? Me tuer ? Quoi que tu fasses, cette gamine va crever. Je peux le faire rapidement. Je peux la faire souffrir de longues heures."
Sa poigne s'affermit légèrement, provoquant un cri de panique de Violet qui se débattit encore plus, paniquée. La Marionnette hésita à avancer.
Prends-moi à sa place, dit-elle calmement. Tu n'en as pas conscience, mais tu as des pouvoirs. Tu peux me faire du mal. Alors fais-le. Fais-moi regretter ce que je t'ai fait, fais-moi souffrir comme mon père le faisait tous les jours dès qu'il rentrait de ta pizzeria maudite. Je n'ai pas peur de la mort, contrairement à toi. C'est à moi que tu en veux, alors affronte-moi.
Une lueur d'hésitation brilla dans les yeux du lapin. Mentait-elle ? Il regarda ses mains.
Tu n'as jamais été sous contrôle, avoua la Marionnette, prête à tout pour qu'il lâche la fillette. On te l'a fait croire pour essayer de te manipuler, de te rendre meilleur. L'enfer personnel dans lequel tu t'enfermes toute la journée est de ton fait. C'est toi qui l'a créé, William. C'est toi qui te fais souffrir. Parce que tu sais, tu sais que ce que tu as fait mérite une punition. Si tu es capable d'éprouver du remords là-bas, alors tu es capable de compassion ici. Violet ne t'a rien fait, elle n'est pas comme Elizabeth. Elle va pouvoir grandir, devenir adulte, avoir la vie qu'aucun d'entre nous n'avons jamais eu. Tu peux réparer l'erreur que tu as fais avec ta fille. Laisse-la vivre. Pour elle.
Spingtrap regarda brièvement la fille qui se débattait toujours au bout de son bras, avec de moins en moins de force. Elle allait mourir, à petits feux. Ebranlé, il leva sa main et se concentra. Une lueur d'énergie bleue se concentra entre ses doigts. Il releva la tête vers la Marionnette.
"Je pourrais l'épargner, c'est vrai. Mais il se trouve que vous avez commis une erreur en me prenant ma fille. Et ça, je ne le..."
Circus Baby apparut dans l'encadrement de la porte. Elle entra difficilement dans la pièce, suivie par Golden Freddy.
"Ne fais pas ça, supplia-t-elle. Violet est mon amie ! Tu as déjà fait du mal à tous mes amis, ici. Papa, arrête de leur faire mal, je t'en supplie."
Sa voix, plein de détresse, termina de perturber Springtrap.
"Tu m'as menti, dit-il à Golden Freddy. Pourquoi tu as fait ça ?!"
L'ours baissa la tête.
Tu ne m'en a pas laissé le choix. J'ai dû lui montrer qui tu étais vraiment.
Déstabilisé et pris au piège, il recula. Il paniquait et réalisait doucement qu'il n'avait plus aucune échappatoire.
"Elizabeth, ce n'est pas ce que... Je ne suis pas comme ça ! Tu le sais !"
Il lâcha brutalement Violet au sol. Foxy se jeta sur elle et l'arracha de sa portée. La fillette cacha son visage dans son cou et se mit à pleurer à chaudes larmes, le corps secoué de spasmes violents et traumatiques. Springtrap continua d'avancer vers sa fille, mais elle recula.
"Ne me touche pas, siffla-t-elle. Je ne veux plus jamais que tu me touches.
- Elizabeth, s'il te plaît ! Ils t'ont menti ! J'ai fait tout ça pour toi ! Je te le promets ! Je te promets ! Je ne voulais pas... Je... C'est de votre faute, cracha-t-il à l'encontre de la Marionnette et Golden Freddy. Je vais vous le faire regretter, je vais..."
Une boule bleue se forma dans sa main. Foxy posa Violet. Il prit de l'élan et bondit sur Springtrap. Le robot bascula en arrière, surpris, et Foxy lui planta son crochet dans le tas de fils et circuits mécaniques composant son "coeur". Springtrap hurla en comprenant qu'il venait de débrancher ses jambes et chercha à se débarrasser de lui.
Le bruit de l'horloge le frappa sans prévenir. Six heures du matin. Le lapin s'immobilisa et ses yeux s'éteignirent. Golden Freddy tendit la main et souleva télépathiquement le corps du robot. Foxy se libéra de son poids et se releva difficilement. Il avait perdu une jambe dans l'opération, mais se portait bien.
"C'est fini, gamine, chuchota-t-il à la petite qui s'était de nouveau accrochée à lui. C'est fini."
Un silence pesant accueillit sa phrase. Chacun réalisa à sa manière que Springtrap était désormais inoffensif devant eux. Les fantôme de Freddy, Chica et Bonnie les rejoignirent dans la pièce, soulagés. Ils n'avaient pas vraiment pu quitter leur corps malgré leurs destructions, et cette nouvelle liberté les rendit fou de joie.
"Qu'est-ce qu'on fait de lui ? demanda Foxy."
On le brûle, on s'en débarrasse une fois pour toute, affirma la Marionnette. Après ce qui s'est passé, ce qu'on lui a révélé, on ne pourra plus le contenir. Il va devenir cinglé.
"Je ne suis pas d'accord, s'imposa Baby. Georges et moi préférons le garder vivant. Pour lui donner une nouvelle chance. Une... Dernière chance."
La Marionnette se tourna vers le clown et l'ours doré. Golden Freddy s'avança vers Foxy et le corps de Springtrap.
En effet, dit-il. Nous sommes ses enfants, après tout, et nous pensons qu'une rédemption est toujours possible. Michael vous a parlé de cette salle de confinement sous le restaurant. Il y a quelques jours, j'ai proposé un défi à William : se faire pardonner de Violet, peu importe le temps que ça prendra. S'il réussit, nous serons tous libres rapidement, dit-il aux âmes. S'il échoue avant la mort de Violet, le plus tard possible je l'espère, alors il restera seul ici à se morfondre. Cela implique bien évidemment des sacrifices de notre part à tous, une surveillance importante, et surtout une transmission de tout ce qu'on sait à Violet jusqu'à ce qu'elle soit en âge de se faire sa propre opinion sur lui. L'accompagner jusqu'au bout, l'encourager à essayer de lui parler.
La Marionnette réfléchit à la proposition. Elle savait que les enfants se rangeraient de son côté.
Tu es sûr de toi ? lui demanda-t-elle. S'il s'échappe encore, je ne suis pas sûre qu'on réussira à l'arrêter.
C'est la dernière chance, assura-t-il. Le dernier espoir.
Elle baissa la tête, avant de regarder Violet dans les bras de Foxy. Les enfants étaient silencieux.
Soit, finit par céder la Marionnette. Cent ans de plus ou de moins... Va pour un dernier espoir. Je ne crois pas qu'il peut changer, mais si tu as confiance, alors je te suis.
**********
Quand Springtrap se réveilla ce soir-là, il comprit immédiatement que quelque chose n'allait pas. Il se trouvait entre quatre murs de béton froids et vides, sans porte ni fenêtre, si ce n'était une épaisse vitre sans teint devant lui.
"Elizabeth ?"
Il tenta de se relever, mais le bas de son corps ne répondait plus. Ses jambes semblaient mortes. Il se sentit paniquer. Où étaient-ils tous ? Où se trouvait-il ? Il rampa difficilement jusqu'à la vitre et tapa dessus.
"Il y a quelqu'un ?"
Aucun son ne lui répondit. Il était enfermé de nouveau. Comme il y a trente ans. Il sentit ses mains trembler, pas de colère, mais de peur. Il ne pouvait pas rester seul. C'était impossible. Il n'y survivrait pas.
Un cri de détresse, puissant, s'échappa de sa gorge.
Derrière la vitre, la Marionnette le regardait, le coeur serré. Ce n'était pas une bonne idée. Elle le sentait jusqu'au fond de ses tripes. Mais elle s'était aussi rappelée pourquoi elle l'avait mis dans ce costume. Pour ne pas qu'il lui ressemble. Pour qu'il devienne quelqu'un de meilleur que lui. Cela prendrait du temps. Mais elle en était sûre, il y avait encore de l'espoir.
Un dernier espoir.