Someone called Adam

Chapitre 1 : Le feu et l’eau

2424 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 02/12/2025 10:01



TW : Ceci est un premier essai de fic sur ce fandom 😃. Il ne s’agit pas d’une romance avec Elizabeth, et encore moins d’un slash avec Victor ! C’est un fix-it fic sur la relation Victor/Adam qui prend place avant la scène de l’explosion de la tour Frankenstein. Victor est… Et bien il est Victor au début, ce gros connard maltraitant, mais il va évoluer, en parallèle du personnage d’Adam. Il y sera question de violence physique et psychologique au moins sur les premiers chapitres, aussi n’hésitez pas à éviter cette histoire si cela vous perturbe ! Dernier point, ça se présente un peu comme des tranches de vie, la seule véritable "action" se passe dans la tête et dans le coeur des protagonistes...


Prologue : Le feu et l’eau


L’échange avec Elizabeth avait été rude. 


Cette femme impétueuse - sa future belle-soeur - le détestait de toutes les fibres de son coeur inaccessible. Si elle s’était montrée charmée par sa personne, cela appartenait désormais à un passé résolu ! “Seuls les monstres se prennent pour Dieu”, avait-elle asséné, avant de lui tourner le dos. Elle avait préféré passer du temps avec la créature… Ce monstre sous-développé, cette erreur, ce rat de laboratoire… Par jalousie, Victor s’était rendu dans le sous-sol de la tour pour observer cette chose, si chère à Elizabeth, mais qui ne trouvait grâce à ses yeux de perfectionniste. Il s’était alors vengé sur lui et l’avait battu, comme il le faisait souvent. La créature avait fini par saisir la tige de fer qui s’abattait sans merci sur lui et l’avait pliée en deux en hurlant le nom de Victor, sous les yeux ébahis du baron. La frayeur s’était alors emparée de lui et il avait eu une idée. Une idée machiavélique. Il allait brûler la tour, le laboratoire, la morgue et le sous-sol ! Il se débarrassait ainsi du cadavre de Harlander, du monstre et de toute trace de ce projet contre-nature. Il recommencerait à zéro. 


Tandis qu’il avait réussi à se débarrasser de son frère et d’Elizabeth le lendemain matin, Victor entreprit de mettre en œuvre son plan diabolique, mais alors qu’il répandait du combustible dans la morgue, il s’était interrompu… Non. Il ne pouvait se résoudre à détruire le fruit de son dur labeur. Pas plus qu’il ne pouvait brûler vif sa créature. S’il restait une part de bonté dans l’âme du baron Frankenstein, elle s’était manifestée à cet instant et l’avait empêché de commettre l’irréparable. Il mit toutefois le feu à la morgue, comme prévu, considérant qu’un accident de laboratoire constituait le meilleur moyen de se débarrasser du corps putréfié de Harlander… L’odeur de fumée et le bruit qu’avait provoqué l’incendie avait effrayé la créature, qui n’avait cessé de hurler le nom de Victor, unique mot de son répertoire, au grand dam du scientifique, qui n’avait pas jugé bon d’aller le rassurer, malgré le ton suppliant de sa voix. 


Il n’était pas redescendu dans le sous-sol depuis la veille et n’avait pas prévu d’y retourner de sitôt. La créature était manifestement beaucoup plus forte qu’il ne l’avait évalué et Victor se demandait pourquoi le monstre se laissait maltraiter, alors qu’il était évident qu’il aurait pû briser ses chaînes et s’enfuir depuis le début. Il aurait même pu le tuer dix fois… Toutefois il ne l’avait pas fait et ne témoignait d’aucune agressivité à son égard. Était-ce par loyauté ? Par stupidité ? Parce qu’il éprouvait de la gratitude à son égard ? De l’affection


Cette dernière idée fit naître en Victor Frankenstein un profond sentiment de malaise.


Le feu brûlait toujours dans la morgue, réduisant à néant tout ce qui s’y trouvait, morceaux de corps disloqués et cadavre incriminant inclus. L’incendie faisait rage depuis le matin et, si Victor avait réussi à circonscrire le feu à cette seule partie du bâtiment, il commençait à se demander comment il allait bien pouvoir éteindre ces immenses langues de flammes, qui ne semblaient pas vouloir mourir d’elles-mêmes. 


Tandis qu’il se tenait dehors, à observer le brasier et à contempler le ciel menaçant dont le vent attisait les flammes, il entendit la créature hurler à nouveau, depuis les profondeurs de la tour : 


— VICTOOOOR ! 

— LA FERME ! hurla Frankenstein en retour. 


Mais alors qu’il s’était tourné vers les fenêtres crasseuses, derrière lesquelles il devinait la silhouette du monstre, une micro-explosion retentit dans la morgue et le souffle projeta Victor en arrière, où il s’écrasa contre un poteau d’attache en pierre. Retenant un hurlement, le scientifique examina sa jambe douloureuse. Heureusement pour lui, il n’avait aucune fracture, seules quelques contusions avaient entamé sa chair par endroit et il souffrait d’une belle entorse à sa cheville droite. Son dos également le faisait souffrir, là où il avait embrassé le granit, mais rien de bien méchant. En tout cas, rien qui ne l’empêcha de se relever ! 


Alors qu’il commençait à s’inquiéter de ce feu tenace, qui continuait de brûler même sans combustible, le ciel sembla décidé à lui venir en aide, car une lourde pluie se mit à tomber, tandis que le soleil se couchait à l’ouest, derrière d’épais nuages. Soulagé, le baron grimpa clopin-clopant les marches de la tour jusqu’à son laboratoire, tout en haut, et soigna ses blessures. Il se confectionna ensuite un bandage pour maintenir sa cheville fragilisée et trouva une canne qui traînait là. Peut-être avait-elle appartenu à Harlander ? Le baron ne s’en souvenait pas. Quoi qu’il en soit, elle ferait l’affaire ! Elle l’aida à se diriger vers son lit, sur lequel il s’étala de tout son long, satisfait, après avoir balancé sa chemise sur le dossier d’une chaise. Demain, il ne resterait de la morgue que des ruines et il n’aurait plus qu’à envoyer une missive à Elizabeth pour l’informer que son oncle avait péri dans une tragique explosion… En réfléchissant à son forfait, Victor décida d’ajouter la créature à la liste des morts accidentelles, ainsi la jeune femme, tout à son chagrin, n’aurait pas l’idée de revenir l’importuner. Il demanderait à William de faire jouer ses relations pour éviter toute enquête et le tour serait joué ! Autant que la fortune de leur défunt père serve à quelque chose après tout…    


Apaisé, Victor sombra ensuite dans un profond sommeil, pour la première fois depuis que sa créature était revenue à la vie. 



Il fut réveillé quelques heures plus tard par le bruit du tonnerre et la lumière des éclairs. Il remua péniblement dans son lit et essaya de se rendormir. En vain. Victor, ne cessait de hurler le monstre, au sous-sol. L’espace d’un instant, le baron regretta de ne pas s’en être tenu à son plan d’origine… L’orage redoublait de violence dehors, zébrant la nuit d’une lumière inquiétante. Victor s’assit d’un bond dans son lit en émergeant de sa torpeur. Il pleuvait à torrent depuis des heures maintenant, la rivière voisine était peut-être sortie de son lit, inondant le sous-sol… 


Faisant fi de la douleur lui vrillant la cheville, Victor s’enveloppa de sa robe de chambre et saisit sa canne, avant de quitter sa chambre et de commencer à descendre quatre à quatre les escaliers. 


Son instinct ne l’avait pas trompé, l’eau lui arrivait aux cuisses lorsqu’il parvint en bas des marches, dans le hall d’entrée. 


— Victooooooor ! continuait de hurler la créature, sa voix se répercutant de façon lugubre contre les parois voûtées du sous-sol.  


Le baron attrapa la clé de ses chaînes, suspendue à un crochet, dans le hall. Dans la cave, le niveau d’eau était légèrement plus bas grâce à l’énorme conduit d’évacuation des eaux, néanmoins celui-ci était rempli de feuilles mortes qui obstruaient partiellement le canal. 

La créature était juchée sur la dalle de béton qui lui tenait lieu de lit. Il observait avec une inquiétude manifeste le niveau d’eau l’entourant. 


Lorsqu’il remarqua le baron, il tira frénétiquement sur ses chaînes, en hurlant d’une voix déchirante : 


— VICTOR ! VICTOR ! 

— Je suis là, finit par répondre le baron, en approchant. 


Il guetta les réactions de la créature, mais celui-ci se tût et se contenta de fixer la canne du baron avec crainte. Frankenstein débloqua alors les fers du monstre au niveau de la dalle, mais lui laissa les entraves attachées autour des poignets et de sa cheville. Il ramassa ensuite les lourdes chaînes et les tint dans sa main libre, reprenant sa canne de l’autre. 


— Viens avec moi, ordonna-t-il à la créature, en tirant sur ses chaînes.   


Le monstre descendit du socle d’un bond maladroit et suivit le baron en baissant la tête, manifestement effrayé. Victor peina à avancer, la résistance de l’eau contre sa cheville douloureuse lui arrachant quelques gémissements jusqu’à ce qu’ils regagnent l’imposant escalier. Après en avoir gravi quelques marches, le baron se stoppa, essoufflé, et observa la créature. Immense en taille, le monstre semblait encore éprouver quelques difficultés à maîtriser son nouveau corps. Ses gestes étaient saccadés et maladroits, pour ne pas dire enfantins…  


— Mais qu’est-ce que je vais faire de toi ? finit par murmurer Victor, las.  


La créature, pour sa part, promenait son regard de la canne de Victor à sa cheville bandée. Au bout d’un long moment, il releva ses yeux sombres sur ceux du baron et articula avec peine, de sa voix caverneuse, éraillée d’avoir tant crié : 


— Victor… Blessé… 


Abasourdi, Frankenstein fronça les sourcils et la créature baissa instantanément sa tête, craignant un éventuel accès de colère du baron. 


— Suis-moi, se contenta toutefois de répondre Victor, en tirant à nouveau sur les chaînes du monstre. 


Ils arrivèrent bientôt dans le laboratoire, au dernier étage, et le baron referma la porte derrière lui avec soin. La créature observait la pièce avec curiosité. Il semblait la reconnaître, bien que Victor ne l'ait pas ramené ici depuis des semaines. Du bout de ses longs doigts, il effleura le miroir devant lequel le baron rasait ses cheveux, au début, pour vérifier la bonne cicatrisation de ses sutures. A l’époque où il se souciait de lui… 

Victor le força à hâter le pas en tirant sur ses chaînes. L’orage se déchaînait dehors et la faible lumière du laboratoire en rendait les ombres inquiétantes ! 

Il passa rapidement devant sa chambre et la contourna pour pénétrer dans la chambre attenante, qu’occupait auparavant Harlander, plus petite, mais toute aussi confortable. Là, il hésita sur la conduite à tenir. Le monstre était dangereux, il le savait, mais il lui était par ailleurs docile et extrêmement soumis. Le baron ne pensait pas s’exposer à un réel danger en sa présence, mais il ne voulait courir aucun risque, aussi attacha-t-il les chaînes du monstre aux pieds de l’énorme lit à baldaquin. Le meuble ne retiendrait nullement la créature s’il souhaitait s’enfuir, mais au moins le bruit de ses chaînes éveillerait le scientifique ! Le lit était défait, mais il n’était pas question d’y installer le monstre, quoi qu’il en soit. Le tapis suffirait amplement pour cette bête…       

La créature l’observa l’attacher en silence, avant de braquer son regard sur la fenêtre au son du tonnerre. 


Il sursauta brusquement et se cacha le visage de ses longues mains : 


— Victor, gémit-il, apeuré.

— Quoi ? Tu as peur du tonnerre ? demanda Victor, stupéfait. Tu es grâce à lui ! gronda-t-il, mécontent.   

— Victor, répéta le monstre, transi de peur. 

— Ça suffit ! le rabroua Frankenstein, en levant sa canne pour le menacer.


La créature se recroquevilla à ses pieds avant de se balancer d’avant en arrière, comme pour se bercer. Victor chassa cette idée saugrenue de son esprit, elle lui paraissait aussi obscène que la créature elle-même ! 


— Maintenant je vais me coucher ! Ne touche à rien et ne t’avises pas de chercher à sortir de cette pièce, tu m’as compris, monstre ? menaça Frankenstein, en levant à nouveau sa canne. 


Seul un gémissement étouffé lui répondit et Victor passa nerveusement une main dans ses cheveux avant de quitter la chambre en claquant la porte derrière lui. Le bruit effraya la créature, qui poussa un nouveau glapissement de terreur, mais Frankenstein l’ignora, retournant vers sa chambre d’un pas décidé, en faisant claquer sa canne au sol. 


Il s’assit ensuite sur son lit, épuisé, et se prit la tête entre ses mains. Le monstre avait prononcé un nouveau mot. Mieux que cela, il avait remarqué sa blessure et avait trouvé le bon mot pour désigner son état, parmi le vocabulaire qu’il avait entendu ici et là, faisant preuve - pour la première fois aux yeux du scientifique - d’intelligence. 


Peut-être avait-il eu raison de l’épargner après tout… 

       



NDA : Je suis désolée 🫣… Victor est vraiment un trou du cul dans ce chapitre, mais il va s’améliorer, je vous le promets ! Le terme “monstre” est beaucoup employé pour le moment, mais ça aussi ça va changer 😉.



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