Homonculus
De la fenêtre de son bureau, le grand prêtre du culte de Léto observe son peuple d'un air bienveillant. Du moins, c'est ce que pensent les fidèles qui passent devant l'église et qui désignent la fenêtre en souriant et en lui envoyant des signes de la main.
Ce qu'ils ne voient pas, c'est la main se crisper sur le rideau et le sourire qui se transforme en grimace quand Cornello se détourne de la fenêtre pour reprendre son travail.
Envy déteste se transformer en l'un de ces êtres humains qui pullulent. Il est un homonculus, un des dirigeants secrets de ce monde, et il est relégué à des tâches aussi subalternes!
Envy hait les humains. Il hait leur odeur, leur vue lui est insupportable. Ils ne sont que sueur, graisse et déjections. Rien n'est plus pitoyable que ces êtres humains qui se croient si forts et importants et ne voient pas leur insignifiance aux yeux du monde.
Il les hait, et il est heureux de travailler avec Père pour tous les détruire.
Lust, Greed, Pride, tous regardent les humains avec du mépris parfois mêlée de pitié pour leur faiblesse.
Envy est le seul homonculus a les haïr, du nouveau né au vieillard, du grabataire à l'honnête travailleur, de la fiancée rayonnante à la catin édentée. Pas pour leur bêtise crasse, quoi qu'il en dise, mais parce qu'ils vivent.
Envy n'a hérité pour tout sentiment que la jalousie. De tous les pêchés, c'est peut être celui qui ronge le plus celui qui en est affligé.
En plusieurs siècles d'existence, il a eu amplement le temps d'observer l'humanité. Et sa jalousie envers elle ne s'en est qu'accrue. Les humains peuvent aimer, jouir du goût des aliments, de la pluie sur leur visage, du contact de l'autre... Lui en est incapable. Il ne peut que jalouser ce que possède l'autre, même lorsqu'il possède mieux. Il est immortel, ce que désirent beaucoup d'humains. Mais il n'est pas capable de s'en réjouir. Il peut se transformer à son envie. Mais il est incapable de tirer de l'orgueil de ce don unique. Lorsqu'il obtient ce qu'il désire, il regarde l'objet de sa jalousie sans passion, sans fierté, sans amour, le jette et cherche quelque chose d'autre, quelqu'un d'autre à envier.
Il ne peut que regarder avec envie ce que possèdent les autres. Il envie Lust qui n'est que jouissance et plaisir. Il envie Greed qui obtient toujours ce qu'il veut. Il envie Pride pour sa place auprès de père. Il jalouse la prestance de Wrath et de Mustang. Il voudrait avoir la fougue du Fullmetal. Il déteste le petit frère de celui-ci car il ignore la peur. Il en arrive même à envier Gluttony, car lui, au moins, est trop con pour se perdre en questions existentielles. Il envie les chats, les papillons, les nuages, les vers de terre, les êtres vivants comme les objets inanimés. Il voudrait être tout, sauf lui même.
Lui n'est qu'un monstre, un misérable petit vermisseau. Un insecte qui se déguise en géant. Un cancer lui ronge le ventre et s'appelle jalousie.
Il ne peut pas trahir Père comme l'a fait Greed. Parce que seul Père peur détruire l'humanité. Sa disparition lui prouvera qu'il est supérieur a elle, et que c'est les humains qui devaient le jalouser, pas le contraire.
Mais il sait. Il sait que lorsque les humains disparaîtront, il n'enviera plus leur existence, mais leur mort et qu'il continuera à jalouser tout ce qui existe. Sans fin.