Un autre chemin

Chapitre 2 : Bienvenue à Xing

2741 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 01:44

Chapitre 2 : Bienvenue à Xing

 

Alphonse était aussi surexcité qu'un enfant le matin de noël. Les yeux pleins d'étoiles, il déambulait dans les rues de Pinyin en s'attardant sur le moindre détails. Il était si énergique qu'il finit par attirer l'attention des habitants qui se demandaient à voix basse qui était ce fou qui courait partout en s'extasiant sur la moindre babiole. Même Zampano et Gelso commençaient à se poser des questions sur la santé mentale d'Alphonse, mais surtout, surtout, ils se sentaient fatigués juste en le regardant sauter partout.

 

Ils avaient du mal à comprendre comment il pouvait avoir autant d'énergie après la traversée du désert qu'ils venaient à peine d'achever. S'ils n'avaient pas rencontré de danger particulier durant leur voyage, le désert en lui même était une épreuve épuisante. Chaque jour ils avaient dû lutter contre le sable étonnement corrosif, contre les tempêtes violentes et fulgurantes, contre la chaleur étouffante et aussi contre la monotonie du paysage. Si les autres difficultés étaient prévisibles, ils n'avaient pas pensé à ça quand ils avaient entamé leur traversée, et pourtant, la régularité et la répétitivité du panorama était quelque chose d'assez dur à supporter. Ils avaient beau marcher toute la journée tout se ressemblait tellement qu'ils n'avaient pas l'impression d'avancer. Sans grande surprise, malgré son jeune âge, c'est Alphonse qui avait sans arrêt motivé leur petit groupe. Depuis qu'il avait retrouvé son corps, il semblait inarrêtable. Ils avaient eu peur qu'après avoir passer tant de temps dans une armure infatigable Alphonse soit rapidement dépassé par l'épuisement, mais il n'en était rien. Au contraire, lui qui avait été si longtemps privé de sensations, savourait désormais le moindre contact sur sa peau, fusse la brûlante morsure du sable.

 

Finalement, Zampano et Gelso se firent une raison et suivirent tant bien que mal Alphonse à travers la ville. Ils déambulèrent dans les rues bondées pendant un moment, puis enfin le jeune alchimiste sembla se calmer un peu. Toutefois son émerveillement repris, dès qu'ils se furent installés pour manger. S'il devait reconnaître qu'il n'aimait pas tout, il était encore une fois fasciné par toute cette nouveauté. Les deux chimères elles, étaient trop contentes de manger pour avoir ce genre de considération. Elles ingurgitèrent tout ce qui leur tombait sous la main en lançant un regard mauvais à Triss qui avait la chance de finir l'assiette d'Alphonse. Ils se faisaient sûrement des idées, mais ils avaient toujours l'impression que le chat se moquait d'eux dans ces moment là. Il les regardait toujours en léchant l'assiette un peu comme pour les narguer. S'il avait pu parler il aurait sûrement dit quelque chose comme « c'est moi qu'il préfère nananère ! » et il aurait probablement eu raison. Depuis qu'il l'avait trouvé, errant près des ruines de Xerxes, Alphonse et elle – car oui le chat était en fait une chatte - étaient inséparables. Il passait son temps à s'extasier sur la douceur de son pelage gris taché de blanc, riait quand elle faisaient une bêtise, et lui grattouillait sans arrêt la tête pile entre les deux oreilles. Si au début, Zampano et Gelso l'avait aussi trouvé mignonne, maintenant ils étaient persuadés que c'était une créature fourbe et machiavélique qui obtenait tout ce qu'elle voulait grâce à ses yeux irrésistibles de chaton battu. Enfin, malgré leur instinct animal, au fond, ils aimaient bien cette boule de poils trop gâtée.

 

Après s'être reposé un moment à l'ombre de ce petit restaurant traditionnel, Alphonse, Zampano, Gelso et Triss se remirent en marche en direction du palais royal. Eux qui avaient eu peur de ne pas le trouver avaient été tout de suite rassuré : l'immense bâtisse dominait toute la ville, il était impossible de la rater.

 

Après un bon quart d'heure ils arrivèrent enfin devant le palais qui s'avéra encore plus impressionnant de près. Alphonse s'accorda cinq minutes pour admirer les énormes colonnes rouges qui surplombaient un escalier aussi classieux qu'inutile, avant de reprendre son chemin. Toujours suivis par les chimères, Il le grimpa avec entrain et s'arrêta devant les gardes à l'entrée. Enfin, disons plutôt qu'il fut arrêté par les gardes à l'entrée.

 

« Halte, qui êtes-vous  ? », grognèrent-ils avec la mauvaise humeur classique des hommes obligés de rester debout pendant des heures.

 

« Je m'appelle Alphonse Elric, et voici Gelso et Zampano », répondit-il en souriant.

 

Le chat à ses pieds miaula pour montrer son mécontentement d'avoir été oublié et Alphonse laissa échapper un petit rire avant de le prendre dans ses bras.

 

« Ah et voici Triss », ajouta-t-il avec amusement.

 

Les gardent restèrent figé un instant, en les regardant avec curiosité. Leur vie était d'un ennui mortel et ce n'était pas tous les jours qu'il voyait arriver un jeune homme aux cheveux blond escorté par deux hommes étrangement imposant et un petit chat.

 

Malgré leur surprise face à ces étrangers, ils devaient quand même reconnaître que la bonne humeur d'Alphonse était communicative.

 

« Qu'est-ce que vous voulez », demandèrent-ils finalement.

 

« Nous venons voir Lin Yao ! », répondirent-ils comme une fleur.

 

Cette requête les fit bugger un instant puis ils se mirent à glousser légèrement. Définitivement ces étrangers sortaient du commun.

 

« Ben voyons, vous croyez qu'on peut rencontrer l'empereur comme ça ? », s'exclamèrent-ils une lueur d'amusement dans les yeux.

 

Alphonse sembla légèrement dépité. En faisant une visite surprise à Lin il n'avait pas du tout pensé à ce petit détail...

 

« Nous sommes amis, insista-t-il, nous l'avons aidé à trouver la pierre philosophale. Demandez lui si vous ne me croyez pas. »

 

Les gardes se regardèrent un instant légèrement déstabilisés. Ils ne comprenaient rien à ces histoires d'immortalité, mais ils devaient bien reconnaître que ces étrangers étaient remarquablement informés. Méfiants, ils se promirent d'en informer leur supérieur mais restèrent quand même fermement opposés à leur venue. Ils n'avaient pas envie de se voir rétrograder à la surveillance des égouts.

 

« Si on dérangeait l'empereur à chaque fois que quelqu'un vient et prétend le connaître, il n'aurait plus qu'à installer son trône sur le palier. Désolé mais vous ne pouvez pas passer. » expliquèrent-ils avec moins de conviction qu'ils ne l'auraient souhaité.

 

Alphonse soupira, puis décida de passer à une autre approche.

 

« Dans ce cas, est-ce qu'on peut voir Lan Fan ou May Chang ? », demanda-t-il toujours avec une gentillesse et une patience confondante.

 

Les gardes se regardèrent à nouveau. Définitivement il y avait quelque chose de bizarre avec ces étrangers. Si connaître la jeune princesse n'était pas si exceptionnel que ça, il y avait bien peu de gens qui savaient qui était la garde du corps de leur empereur.

 

Après un long moment de réflexion, l'un deux hocha la tête.

 

« Attendez un instant... » dit-il avant de se retourner et de gravir rapidement la dernière volée de marche. Anxieux, il se dirigea vers les appartements de May Chang avec une facilité déconcertante. Depuis qu'elle était revenue d'Amestris avec leur empereur, la jeune fille avait acquis une grande notoriété à Xing. Grande élixirologiste, elle avait permis à son clan de s'attirer les faveurs de l'empereur, ce qui n'était pas arrivé depuis au moins trois générations. A ses yeux la princesse était comme une légende vivante qu'il s’enorgueillissait de pouvoir voir tous les jours. C'était là son seul avantage en tant que garde du palais : pouvoir côtoyer de près les plus grands de son monde.

 

Quand il frappa à la porte de la demoiselle, il se sentait très mal. Son instinct lui disait qu'il avait eu raison de céder aux étrangers, mais son éducation craignait de la déranger inutilement. Finalement, une petite tête tressée apparu dans l'encadrement.

 

« Oui ? », demanda-t-elle avec étonnement.

 

Le garde avala sa salive. C'était l'heure de vérité...

 

« Un certain Alphonse Elric vous demande à la porte principale... », finit-il par dire sur un ton qu'il voulait professionnel.

 

Il n'eut rien besoin d'ajouter car la réaction de la princesse fut instantanée. Ses grands yeux s'illuminèrent comme habités par des milliers d'étoiles et avant qu'il n'ai eut le temps de cligner des yeux elle s'élança en direction de l'entré.

 

A la fois soulagé, surpris et paniqué, le garde prit une profonde inspiration. Ce n'était pas le moment pour faire un malaise, il devait s'accrocher ! Plein d'espoir pour sa carrière il s'élança tant bien que mal à la suite de May et de son panda miniature.

 

Il la rattrapa juste à temps pour voir la princesse sauter dans les bras du blondinet en criant :

 

« Seigneur Alphoooooooonse !!! »

 

Happé par cette étreinte brutale, le jeune alchimiste chancela et finit par glisser au sol enseveli sous une furie aux cheveux noir et un panda.

 

Il se laissa faire en souriant et se contenta de se redresser sur les coudes pour observer un peu la demoiselle. Cela faisait un peu plus de deux ans qu'ils ne s'étaient pas vu et il trouvait qu'elle avait beaucoup changé, elle semblait plus mature. Peut-être était-ce à cause de ses nouvelles responsabilités mais quoi qu'il en soit il trouvait qu'elle avait grandit et qu'elle était beaucoup plus féminine.

 

« Tu es magnifique May ! » s'exclama-t-il sans envisager qu'il serait peut-être temps de se relever et d'aller dans un endroit plus tranquille.

 

May sourit béatement, terriblement flattée.

 

« Je suis si heureuse de te revoir ! », s'écria-t-elle à son tour.

 

Alphonse se perdit une seconde dans ses grands yeux noirs. Eux en revanche n'avaient pas changés, ils étaient toujours aussi aussi pétillants et plein d'innocence.

 

« Moi aussi je suis ravie de te revoir May », lui répondit-t-il avec une sincérité qui fit s'envoler la princesse.

 

De leur côté, les gardes et les chimères se contenter de les regarder, au moins aussi gênés qu'attendris. D'une certaine manière, leur franchise teintée d'innocence était très rafraîchissante. Toutefois leur comportement commençait à sérieusement attirer l'attention des passants et mal à l'aise les chimères leur demandèrent d'arrêter de se donner en spectacle.

 

Amusé, Alphonse accepta et se redressa. C'est seulement à ce moment qu'ils s’aperçurent qu'une joute oculaire titanesque se déroulait sous leurs yeux. En effet, Triss et Xiao Mei se foudroyaient mutuellement du regard en hérissant leurs poils. Comme s'il n'y avait qu'une seule place pour un animal mignon auprès d'Alphonse et qu'elles étaient prêtes à se battre pour l'obtenir. Attendri, Alphonse les gronda gentiment.

 

« Allons, arrêtez de vous disputer toutes les deux. » leur dit-il après s'être accroupit pour être un peu plus à leur hauteur.

 

Consciente que la situation était tendue, Triss tenta son attaque spéciale et lança son regard de chaton irrésistible. Bien entendu Alphonse s'en trouva attendri mais son plan ne se déroula pas comme prévu. S'il prit le petit chat gris dans ses bras, il prit également le panda.

 

« Vous êtes tellement mignonnes toutes les deux », s'exclama-t-il en les câlinant avec affection. Complètement d'accord avec lui, May s'approcha pour admirer le chat.

 

« Comment elle s'appelle ? », demanda-t-elle en grattouillant le petit animal au grand dam de Xiao Mei.

 

Tout content, Alphonse se fit un plaisir de lui répondre :

 

« Elle s'appelle Triss, c'est un diminutif de Trisha. »

 

Mays suspendit brusquement son geste et son visage s'assombrit tout aussi soudainement. Elle fut alors comme entourée d'une aura noire tellement sombre qu'elle semblait absorber toute la lumière autour d'elle.

 

« Qui est Trisha ?! » demanda-t-elle avec une voix étonnement grave.

 

D'abord surpris, Alphonse qui avait parfaitement compris la situation éclata de rire et ne répondit pas tout de suite. May se renfrogna encore plus mais il finit par abréger ses souffrances.

 

« C'est le nom de ma mère. », dit-il sur un ton étrangement doux et calme qui contrastait avec l'énergie débordante qu'il avait déployé depuis leur arrivé.

 

La simple évocation de la défunte sembla détruire toute l'ambiance. Tout le monde pris une mine compatissante et Alphonse s'empressa de sourire à nouveau pour les rassurer. Son plan fonctionna car aussitôt l'aura de May vira au rose bonbon et souriante comme un ange elle les guida jusqu'au palais.

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