Un autre chemin

Chapitre 3 : Tout a un prix

2939 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 22:37

Chapitre 3 : Tout a un prix

 

L'assassin fit courir la liasse de billet entre ses doigts pour vérifier rapidement que l'intégralité de la somme était bien présente. Après quelques instants, un sourire se dessina sur son visage. Il avait eu peur que ce travail sont une plaisanterie vu l'état dans lequel se trouvait son employeur mais il semblait que son argent soit bien réel, et c'est tout ce qui comptait. L'heure était venue.

 

L'assassin s'étira et se releva tranquillement. Il enfila une tenue en cuir noir et chargea son arme. Le son caractéristique du chargeur résonna dans toute la pièce, brisant le silence angoissant qui s'y était installé. Toujours avec un calme étonnant, il entreprit de mettre une par une de nombreuses petites fioles aux couleurs improbables dans une sacoche qu'il finit par accrocher à sa ceinture.

 

Puis enfin, il se décida à sortir. Rodé par des années et des années de pratique, sa préparation n'avait duré qu'une petite dizaine de minutes mais il trouvait que c'était déjà bien trop. La mort n'attendait pas.

 

Il y avait peu de monde à cette heure-ci dans les rues de Central, mais même les rares passants ne l’aperçurent pas. Sa démarche féline lui permettait de se déplacer sans bruit et de se glisser furtivement dans un recoin si quelqu'un venait à passer près de lui. Tapi dans l'ombre il observait attentivement avant de se déplacer à nouveau. La prudence avait toujours été sa signature et il était encore plus sur ses gardes depuis qu'il avait lu dans le journal que la ville subissait une étrange vague d'enlèvement. S'il ne se faisait pas trop de soucis quant à sa sécurité, il préférait éviter d'attirer l'attention. Et puis, un tueur à gage enlevé par un tueur en série, ça sonnait beaucoup trop comme une mauvaise blague. L'assassin secoua la tête pour chasser ces pensées de son esprit et après s'être concentré à nouveau, il continua son périple jusqu'à ce qu'il atteigne la maison de sa cible : l'immense demeure du Führer. Enfin, l'immense demeure du président plutôt s'il en croyait ce fameux journal.

 

D'après ce qu'il avait vu, le vieil homme avait l'air aimable et il n'en avait entendu que du bien, mais cela ne comptait pas. Le bien le mal... Tout ça n'avait toujours été qu'une question de point de vue. A force de se glisser dans l'ombre et d'observer il avait compris que tout le monde cachait des secrets et mentait. Au final, les humains se valaient tous et aucun ne méritait plus qu'un autre de vivre ou de mourir. Il ne croyait pas en dieu, la seule raison pour laquelle leur mort venait plus rapidement c'est qu'on l'avait payé. C'était là sa seule certitude. Tout à un prix. Même la vie.

 

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Les yeux de Mustang s’écarquillèrent tandis qu'il répétait bêtement ce qu'il venait d'entendre, la bouche encore grande ouverte sous le coup de la surprise.

 

« Le président Grumman est mort ?! » s'exclama-t-il en dévisageant le pauvre officier devant lui.

 

Manifestement mal à l'aise, ce dernier se réfugia dans son professionnalisme. Toujours au garde à vous il répondit d'une voix polie :

 

« Affirmatif monsieur. Il a été retrouvé dans sa maison ce matin même. Il avait un balle dans la tête. Aucun garde n'a rien entendu, nous ignorons ce qu'il s'est passé. »

 

Les yeux du Roy s’agrandirent encore un peu plus. Encore une fois, il se sentit obligé de prononcer une évidence :

 

« Il a été... assassiné ? » demanda-t-il comme si le simple fait que quelqu'un ait pu tuer Grumman était impensable.

 

D'une certaine manière, il avait toujours vu ce vieil homme excentrique comme un être à part. Il semblait si décidé à vivre que parfois il se disait que la mort l'emporterait bien avant lui. Il avait toujours imaginer que Grumman dépasserait la centaine d'année, et qu'il continuerait à le battre aux échecs en parlant du bon vieux temps.

 

Après quelques secondes, Roy se redressa et afficha un visage impassible. Il avait commis des horreurs innommables avec ce masque, le porter maintenant n'était pas si difficile.

 

« Je veux le rapport détaillé sur sa mort dans mon bureau le plus vite possible. », finit-il par répondre.

 

Le soldat opina et après avoir fait un salut militaire il disparu au détour d'un couloir. Bien droit, il se tourna vers Riza qui était redevenue son assistante personnelle, et qui donc ne le quittait plus. Comme pour se redonner du courage, il se mit soudain à lui parler.

 

« Finalement, mes ambitions vont être satisfaites, je vais devenir président. », dit-il sur un ton qui n'avait rien de satisfait.

 

« Oui », répondit-elle sur le même genre de ton d'une neutralité absolue.

 

Dire qu'il avait attendu ce moment toute sa vie et que maintenant qu'il avait enfin atteint ses objectifs il se sentait triste. Oh bien sûr, il n'était pas mécontent de voir le but de son existence se réaliser, et après ce qu'il avait déjà fait à Ishbal il se sentait capable de tenir sa promesse et de remettre ce pays dans le droit chemin. C'est juste qu'il aurait préféré que cela ait lieu dans d'autres circonstances. Enfin... Il connaissait depuis longtemps le principe de l'échange équivalent. Tout à un prix. La mort de Grumman était celui à payer pour voir ses ambitions se concrétiser.

 

Riza regardait Roy en se demandant ce à quoi il pouvait bien penser. Elle le connaissait bien après tout ce temps passé à surveiller ses arrières, elle savait qu'il n'était pas du genre à s’apitoyer sur son sort mais cela ne voulait pas dire que la mort du président Grumman ne l'affectait pas. Même s'ils prenaient un malin plaisir à essayer de se contrecarrer mutuellement, elle avait senti une réelle affection entre eux. Soudain, Roy esquissa l'ombre d'un sourire et Riza fit de même. Il avait trop sacrifier pour se laisser abattre, quoi qu'il puisse arriver il continuerait de lutter, et elle continuerait d'être à ses côtés.

 

« Je sors, ne m'attends pas. », finit-il par dire en mettant son manteau.

 

Riza se mit au garde à vous.

 

« A vos ordres », répondit-elle simplement en le regardant disparaître. D'une certaine manière, elle était un peu déçue. Elle aurait aimé pouvoir être à ses côtés en ce jour aussi important que difficile. Toutefois il était son supérieur et elle s'était promis de lui offrir un dévouement sans faille. Respecter son besoin de solitude faisait partie du contrat. Et puis, il savait qu'elle était toujours là, qu'il n'avait qu'à le dire pour qu'elle soit à ses côtés.

 

Pensif, Roy se dirigea vers un endroit qui lui était familier. Il avait envie de rester seul un moment pour réfléchir, il était même tenté d'aller sur la scène de crime pour essayer d'en savoir plus, mais avant il devait faire quelque chose.

 

Lorsqu'il entra dans le bar de Madame Christmas, il fut immédiatement saisi par ce mélange si particulier de fumée, d'alcool et de parfum. Pourtant, il eut immédiatement l'impression d'être chez lui, et cette mosaïque d'odeurs l’apaisa.

 

« Bonjour », dit-il en s'efforçant de mettre un peu d'entrain dans sa voix.

 

Aussitôt une jolie blonde avec un incroyable décolleté lui sauta dans les bras en criant son nom et avant qu'il ait eu le temps de dire quoi que se soit Madame Christmas lui souhaita la bienvenue. Roy ébaucha un sourire. Malgré son excentricité et ses allures de camionneur, il aimait sa mère adoptive et il s'était toujours promis que s'il devait un jour réaliser ses ambitions elle serait l'une des premières au courant. C'est pourquoi, sans plus de préambule il s'assit au bar et il lui dit, qu'il allait devenir président.

 

Madame Christmas expira une longue bouffée de cigarette, les yeux rivés sur Mustang. Elle arborait toujours le même visage peu avenant, et pourtant tout ceux qui la connaissait pouvait lire toute sa fierté.

 

« Qui aurait cru qu'un jour mon petit Roy deviendrait le chef de cette nation... », soupira-t-elle finalement.

 

« C'est vraiment impressionnant, dois-je t'appeler Monsieur le Président ? », renchérit Vanessa, assise juste à côté de lui.

 

« Qui sait », répliqua-t-il en s'efforçant de sourire. Bientôt, tout le bar n'eut plus que ce sujet de conversation, et Roy dû rester bien plus longtemps que prévu.

 

Pourtant, malgré cette contrariété, quand il ressortit il se sentait mieux. Toute cette chaleur humaine lui avait mis du baume au cœur.

 

Très heureuse de l'avoir revu, Vanessa le poursuivit jusqu'à la porte et continua à lui faire des grands signes de la main pour lui dire au revoir bien après qu'il eu disparu. Finalement, elle rentra et repris gaiement ses activités habituelles. La journée passa extrêmement vite, et c'est toute sautillante qu'elle prit le chemin jusqu'à chez elle, lorsque la nuit tomba. Toutefois, après quelques minutes sa bonne humeur fut violemment douchée. En effet, le grondement qu'elle avait entendu quelques minutes auparavant n'était qu'un préavis à une pluie diluvienne qui s’abattit sur les rues de Central. Vanessa soupira et regarda un instant les nuages noirs qui étendaient leur ombre sur toute la ville, puis elle se résigna. Elle avait oublié son manteau et sa maison était encore à un bon quart d'heure de marche.

 

La jeune femme se remit donc tranquillement en route, en essayant de s'abriter le mieux possible sur les proches qu'elle croisait. Toutefois, elle finit par être envahie par un mauvais pressentiment qui la poussa à accélérer le pas. A force de jeter un œil inquiet par dessus son épaule, elle crut apercevoir une silhouette sombre qui s'approchait. Elle n'était sûr de rien à cause de la pénombre de l'orage mais cette découverte fit quand même monter son angoisse d'un cran. Accélérant encore un peu, elle s'efforçait de prendre de longue respiration pour garder son calme mais ce n'était pas évident, surtout que le battement des gouttes sur le sol l'empêchait d'entendre le moindre son et rendait sa confusion encore plus profonde. Incapable de rester dans le doute, elle finit par se retourner complètement.

 

La personne qui lui avait semblé être à quelques mètres d'elle quelques minutes auparavant n'était plus qu'à une cinquantaine de centimètre. Sans prendre le temps d'essayer de déchiffrer les traits du rôdeur, qui étaient dissimulés derrière un large capuchon, la jeune fille se mit à courir avec l'énergie du désespoir. Elle ignorait tout de cette personne mais son instinct lui disait qu'elle était en très mauvaise posture. Inconsciemment, elle commença également à appeler au secours mais bien sûr, la pluie avait fait déserter tous les passants.

 

Malgré le tiraillement insupportable de la curiosité elle s'interdit de regarder en arrière, avancer plus vite que son agresseur était sa seule issue. Toutefois, les talons aiguilles n'étaient pas très indiqués pour la course à pied et ce qui devait arriver arriva : elle finit par glisser sur le sol trempé et s'affala pitoyablement par terre. Malgré ses égratignures elle eut la présence d'esprit de se relever immédiatement. Du moins, elle essaya. Avant qu'elle n'ait pu se redresser elle fut plaquée au sol par un pied qui resta fermement appuyé sur son dos pendant que ses mains étaient liées. Dans un dernier sursaut de crainte elle gigota et continua de hurler.

 

Ses efforts ne furent pas vain car à ce moment précis, Jean Havoc ouvrit la fenêtre pour ne pas que la fumée de sa cigarette ne se répande dans la chambre de sa dulcinée. Lorsqu'il entendit les cris désespérés de Vanessa, son entraînement lui permit de réagir immédiatement. Sans réfléchir il se mit à courir vers l'entrée en attrapant au passage son manteau et son arme de service. La pluie l'empêchait de voir à dix mètres mais ça ne l'empêcha pas de se précipiter à la source des hurlements. Lorsqu'il arriva, il eu juste le temps de voir une personne encapuchonnée mettre une jeune fille inconsciente sur son épaule.

 

« Eh vous, ne bougez plus ! », s'exclama-t-il en pointant son arme vers l'agresseur.

 

Celui-ci se figea un instant puis il posa sans trop de délicatesse Vanessa au sol.

 

« Parfait, maintenant tournez vous les mains sur la tête. », reprit-il, rassuré sa coopération.

 

Cette fois, l'inconnu n'obtempéra pas immédiatement. Accroupit sur le sol, il se mit à parler d'une voix aux intonations étrangement inhumaines.

 

« Nous somme désolés, mais c'est le prix à payer. », répondit-il simplement.

 

Immédiatement, le soldat chercha du regard un éventuel autre agresseur qui aurait pu justifier l'emploi du la première personne du pluriel, mais ils étaient les seuls dans cette rue. Toutefois ce léger moment d'incompréhension suffit à la silhouette pour taper des mains et les poser sur le sol. Cette posture fit tout de suite écho dans l'esprit de Havoc et sans plus réfléchir il tira en visant les jambes. Toutefois sa balle se ficha dans un mur encore frémissant d'éclairs bleus.

 

Le militaire jura et s'élança en direction de la cible mais lorsqu'il fut sur place, il n'y avait plus aucune trace de l’alchimiste et de sa victime.

 

Havoc lâcha plusieurs insultes grossières avant de faire demi tour, déjà trempé jusqu'au os. Il avait entendu parler d'une récente série d'enlèvements mais la réalité était bien pire que ce qu'il avait imaginé.

 

 

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