TOME 1 - Un bout de chemin ensemble

Chapitre 1

8466 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/08/2020 22:04

Bonjour !

Alors tout d’abord, bienvenue sur mon histoire qui prend place dans la franchise de Game Of Thrones. Si vous êtes à la recherche de nouveauté, d’aventure, de fins alternatives, de descriptions, de mystère, de romance et de drame, vous êtes sur la bonne page.

Il y a pas mal de références à la série, notamment des phrases que les personnages disent mais également des scènes réécrites en détails, alors ne soyez pas surpris de la sensation de «déjà vu». En complément à cette fanfiction qui a son propre scénario, évidemment.

Beaucoup de descriptions au rendez-vous ainsi qu’un narrateur omniscient ! Chapitre de taille variable entre 6-8k (6000-8000 mots). C’est mon plaisir de faire des grands chapitres avec beaucoup de contenus/descriptions.

C’est un appariement famille et drame, Univers Alternatif. Principalement sur Arya et le Limier avec l’ajout de mon OC universel qui aura ensuite une place beaucoup plus importante en tant que protagoniste dans la suite des Tomes. Aboutira à de la romance SC/OC.

Disclaimer : L’histoire, les personnages et l’univers tout entier appartient au seul et unique Georges R.R Martin ainsi qu’à HBO. Seul mon OC m’appartient de tous droits.

Un grand merci à mes Bêtas correctrices qui ont fait un travail remarquable. C’était long, ce fût difficile, mais nous en sommes satisfaites.

En bref, n’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, c’est très important pour moi. Cela récompensera les longues heures de travail de réécriture et de correction pour rendre quelque chose de propre.

Ce début d’histoire prends place peu après que Clegane capture Arya Stark dans la saison 4.

Bonne lecture !

Chapitre 1

Il sillonnait les vastes contrées de Westeros dans un seul et unique but.

Après le décès tragique d’Eddard Stark et l’échec cuisant face à la bataille de la Néra, Sandor Clegane rompit sa loyauté envers la Couronne mais surtout envers cet affreux Roi qu’était Joffrey Barathéon. Fils de Cersei et de Jaime Lannister, né de cet inceste scandaleux, cet enfant n’était rien d’autre qu’un monstre écœurant aux pouvoirs démesurés.

Bien que l’ancien Chien du Roi fût impressionné par la force destructrice du feu Grégeois et de l’intelligence du nain Tyrion Lannister pour repousser les envahisseurs, il ne pouvait se résoudre à combattre le feu. Sa plus grande hantise. Une chose qui ne pouvait être défaite par sa propre main, malgré sa rage de vaincre pour devenir un combattant digne de ce nom et ainsi se venger de son frère ignoble. Alors, il partit seul de son côté, fût capturé par des fous adorateurs d’un Dieu du feu qui n’existait que dans leur imagination pour finir par tomber nez à nez avec la plus jeune des filles Stark.

Pouvait-il pour une fois faire quelque chose de bien dans sa vie ? Après avoir craché au visage de son ancien Roi, tué sur ordre de ce dernier des innocents à maintes reprises, frappé, juré et insulté sans vergogne ? Il voulait ramener la fille Stark à sa mère pour espérer recevoir une récompense en échange de cet unique acte de bonté. Ensuite, il trouverait un endroit où vivre jusqu’au jour où il se confrontera une nouvelle fois à son monstre de frère, Gregor Clegane.

Alias la Montagne.

Rien qu’à l’horrible pensée de son frère, tout son visage se crispa de haine. Son cœur se souleva de colère dans son torse protégé derrière une coque blindée qui lui servait de protection abdominale. Il souhaitait ardemment se venger une bonne fois pour toutes de ce que son frère aîné lui avait fait subir comme sévices étant plus jeune … Car son crime était impardonnable. Oh oui, un jour il le retrouvera et ce jour sera gravé dans les mémoires. Mais jusqu’à ce jour fatidique où leurs destins s’entremêleront à nouveau, il avait d’abord une autre mission très importante à finir.

«Pourquoi vous me gardez en otage … Vous devriez me laisser partir.» S’exclama une voix devant lui. Sandor baissa un instant les yeux sur la petite tête baissée aux cheveux sombres et courts d’Arya Stark puis un sourire souleva le coin de sa bouche.

«Parce que si je ne le faisais pas, quelqu’un d’autre de l’armée des Lannister mettrait la main sur toi et ferait bien pire que moi. Surtout à des petites filles comme toi.» Expliqua calmement l’ancien Chien suivit d’un soupir las. Le vent soufflait, apportant avec lui des odeurs de brûlé dans son sillage. Il s’emplit les poumons de cet air et grimaça amèrement.

«Ça n’existe pas pire que vous.» Gémit Arya en secouant sa tête, les yeux plissés face au soleil matinal qui apparaissait à l’horizon.

Le cheval noir musclé fit un écart sur l’herbe, obligeant l’enfant Stark assise sur son cou à attraper une touffe de la crinière sous ses fesses pour ne pas tomber à la renverse. Elle ne risquait cependant pas de basculer, car l’homme immense assis derrière elle la tenait fermement contre lui, un bras enroulé autour de sa taille. Si seulement elle pouvait s’enfuir loin de ce grossier personnage … mais il lui fallait attendre un moment de relâchement dans l’attention du Limier pour espérer une tentative de fuite triomphante. Son corps se raidit subitement lorsqu’elle sentit les vibrations profondes du rire du mercenaire balafré dans son dos.

«Tu n’as jamais connu mon frère. Il a tué un homme parce qu’il ronflait ! Il y en a pleins qui sont pires que moi. Il y a des hommes qui aiment battre des petites filles, d’autres qui préfèrent les violer. J’ai sorti ta sœur de mains de gens comme ça.» Au regard sceptique que lui envoya Arya en réponse, il poursuivit ; «si, c’est vrai. Tu n’auras qu’à lui demander, si un jour tu la revoies. Qui est revenu la chercher quand une bande de gueux l’a couchée sur le sol. Ils l’auraient prise dans tous les sens inimaginables et laissée sur le carreau, la gorge tranchée.»

A ces sombres mots, la jeune fille écarquilla les yeux sous le choc, son cœur se serrant atrocement dans sa poitrine. Dans sa tête, elle voyait des images de sa sœur aînée assaillie par ces hommes répugnants à la capitale de l’enfer. Si ce qu’il racontait était vrai, alors pourquoi se montrait-il toujours aussi cruel et virulent ? C’était assez paradoxal comme comportement. Peut-être n’était-il pas aussi mauvais qu’il le prétendait en fin de compte et cela expliquerait pourquoi le Dieu du feu l’avait épargné face à Béric Dondarrion durant ce combat mémorable. Elle gardait néanmoins un sérieux doute sur ses motivations.

Affalée sur la selle, Arya soupira bruyamment tout en plissant les yeux, éblouie par le soleil qui devenait de plus en plus grand dans le ciel parsemé de petits nuages gris. Les rayons lumineux se reflétaient sur la large rivière qui serpentait entre les arbres, séparant les champs et les rares habitations de paysans. C’était très long et ennuyant de voyager ainsi à cheval avec ce vil mercenaire comme seule compagnie. Elle cligna des yeux de curiosité quand elle remarqua au loin une épaisse fumée noirâtre s’élever dans les airs. Après une brève explication sur ses intentions de la ramener à sa mère contre une rançon, Clegane donna un coup dans les flancs de son cheval puis le dirigea vers le village qui se trouvait non loin de là.

Mais quand ils arrivèrent aux abords de ce dernier, les deux personnages ne trouvèrent plus rien de la belle place qu’était autrefois Erebor.

Ils ne virent que des décombres fumants jonchés de cadavres. Les soldats des Lannister étaient passés par là, laissant derrière eux leur bannière rouge cousu d’un lion d’or qui flottait sinistrement dans le vent. La fumée noire qui s’élevait dans le ciel était si épaisse qu’elle cachait le soleil, noyant les arbres aux alentours. Le cheval étrangement nerveux, en s’avançant, soulevait de petits nuages de cendres refroidies qui recouvrait le sol de ce lieu où toute vie avait été éradiquée. Aucun bruit, le silence était total. En tendant l’oreille, on pouvait presque encore entendre les hurlements d’agonie des pauvres gens qui avaient péri quelques heures plus tôt.

Un mauvais pressentiment les envahirent tous les deux.

«Qu’est-il arrivé … ?» Murmura Arya, l’émotion l’étreignant à la vue de ces corps sans vies.

Le cheval du Limier enjambait les morts, hennissant doucement lorsque le cri d’un corbeau retenti lugubrement dans les arbres, brisant ainsi ce silence morbide. Quelque chose ici était étrange mais Sandor ne pouvait comprendre de quoi il s’agissait. Ses lèvres se tordirent dans un rictus dégouté au fur et à mesure qu’ils avançaient à travers cette horreur où l’odeur de brûlé et du sang empestaient à plein nez. Ses yeux scrutaient les charpentes effondrées où quelques flammes dansaient encore sur le bois noirci. L’homme ravala sa salive avant de répondre à la fillette curieuse.

«Des barbares.» Déclara-t-il sans ménagement en raffermissant sa prise sur les rênes de son cheval puis en donnant un petit coup dans ses flancs pour qu’il avance.

Nerveuse, Arya déglutit difficilement lorsqu’elle posa son regard craintif sur une femme et un enfant tous deux égorgés non loin d’un vieillard qui avait été embroché par sa propre fourche. Elle ne voulait pas détourner les yeux de ce massacre, elle devait devenir plus forte et faire face à la triste réalité de ce monde impitoyable. Elle se souvenait du jour où son père Ned Stark avait été décapité devant tout le peuple de Port-Réal pour sa soi-disant traîtrise à la Couronne. Comment l’oublier … Si Yoren ne lui avait pas détourné le visage de la scène atroce, elle n’aurait sans doute pas baissé les yeux.

Pas pour ce crime.

Sans s’en rendre compte Arya resserra sa prise sur la crinière du cheval sombre, les lèvres pincées, essayant de refouler les émotions fortes qui l’envahissaient petit à petit comme un feu naissant. Alors pour ne pas fondre en larmes devant le Limier, elle chassa de son esprit ses sombres pensées et se força à regarder droit devant elle. S’endurcir était devenu son but premier, donc il fallait faire face à la réalité des choses et ainsi apprendre à passer outre de telles cruautés. Un jour viendra où elle pourra assouvir sa soif de vengeance.

Sandor sentit la fille se raidir mais décida de se taire, affichant son indifférence face à sa détresse. Pourtant il se demandait ce qui pouvait bien tracasser la louve pour qu’elle perde subitement la parole. N’avait-elle encore jamais vu de carnage auparavant ? Bien-sûr que non, elle était trop jeune. Toutefois elle avait assisté à la mise à mort de son père, ce qui était déjà amplement traumatisant pour quelqu’un de son âge. Malgré cette petite réflexion, le Limier resta de marbre car il n’avait qu’une seule idée en tête, rendre la fille à son frère et à sa mère aux Jumeaux puis prendre la rançon, le reste n’avait absolument aucune importance pour lui.

Le cheval hennit doucement avant de commencer à hocher la tête d’avant en arrière rapidement, faisant claquer les rênes contre son encolure. Lorsqu’il contourna une charrette de foin miraculeusement épargnée par le feu, ils virent une femme ligotée contre la roue arrière. Une fois à sa hauteur, Arya se pencha dans sa direction parce qu’elle était persuadée de l’avoir vu bouger. Elle se tourna vers Sandor, pensant qu’il l’avait également vu sauf que celui-ci fixait le chemin devant eux. Certaine que le Chien n’arrêterait pas son destrier, et sentant son étreinte se desserrer pile au bon moment, elle sauta au sol devant les yeux médusés du mercenaire.

Ignorant le cri surpris de l’homme dans son sillage, elle courut vers la femme ligotée puis s’accroupit devant elle mais cette dernière demeura immobile. Timidement, elle toucha sa joue du bout des doigts, surprise de la chaleur qui s’en dégageait. Serait-il possible qu’elle soit la seule rescapée du village ? Il n’y avait qu’une seule façon de le savoir. Mais avant même de pouvoir ouvrir la bouche pour s’adresser à l’inconnue, elle fût agripper et brutalement tirer en arrière par Sandor qui la secoua comme un prunier. Son visage était livide, fou de rage par cette imprudence.

«Ne fait plus jamais ça, fillette ! Ou tu risques de le regretter tout le restant de ta misérable petite vie !» Maugréât le Limier d’une voix mortellement basse, les yeux se rétrécissant lorsqu’Arya le regarda droit dans les yeux, le défiant. Elle réussit à se dégager de sa poigne de fer puis fit deux pas en arrière, l’index tendu vers la femme affalée contre la charrette.

«Elle est peut-être encore en vie ! Nous devons nous en assurez ! Nous ne pouvons pas la laisser comme ça ! Il faut qu’on l’aide.» S’écria rapidement Arya en serrant les poings à ses côtés. Elle éprouvait le besoin de lui venir en aide.

Les nerfs à vif, Sandor reporta un instant son regard sur celle qui avait été désignée avant de se tourner à nouveau vers la petite louve d’une secousse négative de la tête. Elle était trop têtue pour comprendre que c’était fini, qu’il n’y avait plus rien à faire. Toutefois, il s’arrêta net dans ses mouvements lorsqu’effectivement, il vit les doigts de l’étrangère se contracter brièvement. Impossible, personne ne survivrait à ça ! Malheureusement pour lui, la fillette exaspérante en fût également témoin et le fixait maintenant avec une lueur de triomphe dans ses yeux gris.

«Et alors ? C’est pas mon foutu problème ! Faut qu’on fasse rien du tout. T’as envie de crever ici ? Les soldats Lannister ne vont pas tarder à revenir et je n’ai pas envie de laisser ma peau dans ce trou à rat.» Le Limier ponctua ses paroles en crachant sur le sol.

La respiration d’Arya devint plus laborieuse tandis qu'elle regardait, impuissante, le Limier se détourner sans honte de la misère avant de se rediriger en direction de son cheval patient. La déception l’envahi aussitôt. Finalement il n’était pas prêt à devenir quelqu’un de meilleur, elle s’était lourdement trompée à son sujet tout comme ce maudit Dieu du feu. Néanmoins prise d’un tout nouvel élan de courage, elle marcha précipitamment vers l’homme qui lui tournait le dos pour lui arracher son poignard qu’il portait toujours à sa ceinture.

«Hey !» S’offusqua ce dernier en se retournant vers elle pour l’attraper, mais la fillette plus rapide était d’ores et déjà devant la femme inconsciente à couper les liens qui la tenaient attachée à la roue.

Cette dernière gémissait doucement sous son souffle mais gardait les yeux fermés. Une fois ses cordes tranchées, ses bras tombèrent mollement sur le sol puis le haut de son corps bascula en avant contre Arya. D’un soupir agacé, Sandor s’approcha à nouveau de la charrette pour s’accroupir à côté de l’enfant téméraire. Il prit les épaules de la femme afin de la redresser contre la roue dans son dos, sa main gantée repoussant sa tête en arrière pour avoir un meilleur aperçu de son visage et du reste de son corps.

Malgré les brûlures, la crasse et les nombreux bleus, le Limier pouvait tout de même voir à quoi cette femme ressemblait avant l’attaque. Une peau claire, de sombres sourcils, une simple robe de couleur beige déchirée notamment à l’encolure où apparaissaient des sortes de griffures. Tâchée de sang et recouvrant à peine un corps maigre qui dégageait une chaleur anormale … Cependant, ce qui retint particulièrement son attention fût la couleur de ses longs cheveux ondulés maculés par la cendre que l’on pouvait voir à certains endroits.

Argent liquide.

Serait-ce … ?

Sans même y repenser à deux fois, Sandor dégota hâtivement son autre poignard puis le positionna aussitôt sous la gorge de la femme blessée pour mettre un terme rapide à son existence. Il n’avait pas à donner d’explications à la gamine choquée par ce geste, mais il s’agissait d’une question de vie ou de mort. Le choix ne lui appartenait pas. Sauf qu’avant même qu’il ne puisse faire le moindre mouvement supplémentaire, il sentit la froideur familière d’une lame sous sa gorge et pas n’importe laquelle, celle de son propre poignard qu’Arya lui avait volé quelques instants auparavant.

«Ne la touchez pas, sinon je vous tue.» Ordonna-t-elle sans sourciller, le regardant droit dans les yeux. Elle tenait la lame contre sa gorge d’une main ferme alors qu’intérieurement elle savait qu’elle était encore incapable de tuer un homme adulte.

«Tu te crois forte, petite louve ? Qu’est-ce que tu penses pouvoir me faire avec ça ? Me tuer ?» Se moqua le Limier en levant son sourcil. Avec dextérité, il dégagea la main de la fille Stark de sous sa gorge, jetant ainsi le poignard hors de sa portée pour lui agripper le devant de la chemise avec sa grande main.

Il glissa son propre poignard sous la gorge d’Arya puis la leva proche de son visage meurtri, les dents serrées de colère et surpris par l’audace de cette dernière. La jeune fille se mit à trembler sous sa poigne par peur de mourir. Hors, il ne pouvait pas lui faire de mal sinon son prix diminuerait en valeur, pourtant elle jouait avec ses nerfs à chaque occasion qui se présentait ! N’avait-elle pas peur de la mort ? Peur de lui, de ce qu’il pourrait lui infliger s’il en décidait autrement ? Il reprit lentement ses esprits après une profonde expiration. Il devait apprendre à devenir indulgent envers les plus faibles, surtout avec la fille Stark qui représentait une opportunité de s’enrichir. De plus qu’il avait un certain respect pour cette maison qui avait encore une chance dans ce monde souillé par la corruption.

«Ne joue pas avec moi, ou c’est moi qui te trancherait en rondelles.» Menaça-t-il en la perçant de son regard inquiétant. Il la relâcha ensuite brutalement au sol, lui faisant perdre l’équilibre pour qu’elle atterrisse sur ses fesses d’un grognement.

Le Limier détourna son regard d’elle pour se focaliser à nouveau sur la femme toujours inconsciente. Il pourrait effectivement mettre un terme à sa vie d’un coup de lame, où il pourrait aussi la déposer à l’auberge la plus proche où elle serait soignée et remise sur pieds … Du moins, il préférait cette dernière idée bien moins cruelle. Etait-il en train de se ramollir avec l’âge ? Pensa-t-il amèrement. Ce n’était pas forcément le cas, mais disons qu’il avait adopté une toute nouvelle résolution après la tentative de sauvetage ratée de Sansa lors de cette bataille de la Néra.

 Ne plus tuer les innocents à moins d’y être obligé.

«S’il vous plaît … Ne la tuez pas. Vous pourriez la revendre, ça lui laisserais au moins une chance.» Plaida Arya dans une dernière tentative de lui faire changer d’avis. Toujours assise sur le sol crasseux, elle le regarda d’un air inquiet, les mains derrière elle soutenant le haut de son corps.

Sandor baissa la tête puis lâcha une petite série de jurons à propos de petite fille agaçante et de femme trop faible pour se débrouiller toute seule dans la nature. Il leva un sourcil quand Arya offrit de l’eau de sa gourde à l’inconnue qui l’avala après quelques tentatives échouées. Ce voyage n’allait décidément pas se passer comme prévu ... Exaspéré au plus haut point par le charme persuasif de la fillette, il souleva l’étrangère à demi morte en mettant un bras sous ses épaules et l’autre sous ses genoux puis marcha en direction de son cheval. Arya se leva tout aussi rapidement pour rattraper l’homme immense qui avançait à grandes enjambées, le sentiment d’avoir accompli quelque chose d’incroyable aujourd’hui.

Le Limier balança sans douceur le corps mou de la femme sur la croupe de son cheval avant de se retourner pour faire face à la gamine souriante d’une oreille à l’autre. La petite peste osait encore le regarder de la sorte avec triomphe ? L’expression de son visage difforme se transformant en de l’irritation, il leva son indexe vers elle quand elle se permit de lui lever innocemment un sourcil, faisant mine de ne pas comprendre ce qui n’allait pas. Alors ses yeux se rétrécirent méchamment tandis qu’il siffla entre ses dents la chose suivante.

«Je ne fais pas ça pour toi, ni pour elle ! À la prochaine auberge, je la jette au pas de la porte, je réclame mon dû et nous reprenons le chemin. C’est clair ?» Sandor ne laissa place à aucune repartie. Et Arya se contenta d’hocher furieusement la tête, se forçant à ne pas sortir une réplique cinglante au visage de l’homme repoussant.

«Bien.» Sandor prit la fille sous les aisselles puis la replaça à sa place habituelle à califourchon entre lui et la selle de Stranger.

Il s’installa à son tour sur le grand étalon noir en veillant à ne pas donner un coup à la femme inconsciente avec sa botte avant d’ordonner à son cheval de reprendre le chemin, le guidant avec les rênes hors de ce maudit lieu sans vie. Arya s’autorisa un petit coup d’œil au visage de l’homme barbu, mais celui-ci regardait sévèrement droit devant lui, la mine renfrognée comme à l’accoutumé. Elle ne put s’empêcher de sourire légèrement.

Peut-être, oui peut-être …

oOoOoOoOoOoOoOoOoOo

Après quelques heures de vadrouille longues et silencieuses, la pluie se mit finalement à tomber sur le paysage et inonda la forêt luxuriante. Sandor appréciait cela. Le bruit de la pluie qui tombe mais aussi le silence de la nature que ce phénomène provoquait. Du moins, c’était avant qu’il n’embarque Arya Stark pour ce drôle de voyage qui s’annonçait lourd en rebondissements.

La jeune fille en question n’avait plus dit un seul mot depuis qu’ils avaient quitté le village réduit en cendres d’Erebor et le Limier était plus que reconnaissant pour cela, il devait bien l’admettre. Le silence ainsi que la solitude avaient toujours été ses meilleurs compagnons durant ses aventures remplis de danger. Mais maintenant qu’il avait un autre type de compagnie, c’était aussi une autre paire de manches ... Et il n’était plus seulement question de la petite Stark dorénavant. Il jetait de temps à autre des petits coups d’œil à l’arrière de son cheval où pendait mollement la femme encore inconsciente qui faisait partie du voyage malgré elle.

L’eau de la pluie dégoulinait le long de son dos et enlevait la crasse se trouvant sur son corps. Il pouvait entrevoir des hématomes violacées, notamment sur ses omoplates mais surtout autour de son cou. Classique. Des porcs profiteurs, il y en avait partout dans ce monde pourri jusqu’à la moelle. Cependant ce qu’il n’avait pas prévu, fût le réveil de la jeune femme aussi tôt. Et lorsqu’elle remua légèrement sur la croupe suivit d’un gémissement, le mélange de l’eau ainsi que de la poussière la fit rapidement glisser en direction du sol.

Le gros bruit d’un corps qui frappe le sol alerta immédiatement Arya qui ni une ni deux, sauta du cheval en mouvement pour courir vers la femme couchée à plat sur le dos, face au ciel pluvieux. Elle avait eu une chance inouïe d’être tombée dans de la boue ramollie par ce temps ! Les gouttes de pluie glissaient doucement sur son visage blême, lavant les traces de sang séché, imbibant le devant de sa robe en lambeaux. Bloquant son souffle à son apparence calamiteuse, Arya s’abaissa aussitôt vers elle pour la regarder avec préoccupation.

«Je t’ai déjà dit d’arrêter de faire ça, bordel à queue ! En plus d’être chiante, tu es sourde ou quoi ?» Rouspéta Sandor en mettant tout de suite pied à terre. Enervé, il s’approcha puis repoussa Arya loin du corps immobile de la femme étendue sur le sol.

Il l’examina quelques secondes pour constater qu’elle était retombée inconsciente après la violence de cette chute et son manque cruel de force. Ce n’était pas étonnant ! La perte de sang ainsi que sa malnutrition devaient en être les causes principales de cet état chaotique. Levant les yeux au ciel d’agacement, il lui prit les deux bras puis la bascula sur son épaule blindée, ses cheveux argents dégoulinant d’eau s’accrochant à son armure. Il maudit tranquillement sous son souffle car en plus d’être légère et frêle, elle était très chaude, ce qui signifiait que la fièvre la consumait petit à petit. Sans doute une infection liée à ses multiples blessures.

«Je n’avais pas envie que vous la laissiez-là !» Lui dit férocement Arya en marchant rapidement et avec colère derrière le Limier. Le grand homme ne lui répondit rien, ce qui l’étonna.

Mais alors qu’elle pensait qu’ils allaient remonter sur le cheval pour poursuivre leur route, le Chien récupéra les rênes de Stranger dans sa main libre pour s’aventurer plus profondément dans la forêt, loin du sentier principal. Il fallait absolument qu’ils s’abritent quelque part parce que la pluie ne semblait pas vouloir s’arrêter avant un bon bout de temps. D’après les gros nuages noirs dans le ciel au-dessus de leurs têtes. Malheureusement, ils étaient encore assez loin de la prochaine auberge et les trombes d’eau ne leurs permettaient plus d’avancer sans risquer de tomber.

Finalement après un court temps de recherche dans cette forêt, ils s’arrêtèrent sous des arbres relativement denses qui retenaient la plupart des grosses gouttes, ce qui laissait un sol plus ou moins sec pour la nuit. Néanmoins, il était impossible de faire du feu ici, tout était trempé. Aucune chance de trouver des branches sèches et encore moins de le maintenir en vie avec cette humidité omniprésente dans l’air. Sandor posa nonchalamment la femme sur de la mousse puis s’adossa contre l’arbre en se laissant glisser le long du tronc jusqu’au sol, complètement éreinté.

Après plusieurs profondes inspirations pour se détendre enfin, il commença à défaire ses gants ainsi que ses épaulières car il avait besoin de se débarrasser du poids qu’il portait continuellement pour rester en vie. Ce n’était pas tous les jours évidents d’être un mercenaire … L’homme donna un coup d’œil à Arya en dessous de sa mèche de cheveux qui lui barrait le visage et souffla de dédain lorsqu’il remarqua qu’elle le dévisageait, certainement en colère contre lui. Elle ne devait pas aimer la façon dont il traitait la femme blessée. Mais à quoi s’attendait-elle aussi ?

Arya leva les yeux au ciel d’un soupir dramatique puis s’assit à côté de l’inconnue inconsciente en espérant qu’elle se réveillera bientôt, sinon elle risquerait de mourir de faim ou de soif. La pauvre était dans un sale état, elle n’osait imaginer les blessures internes suite à une pareille attaque … Pourquoi voulait-elle tant la sauver ? Qu’avait-elle de si spécial à ses yeux ? Peut-être était-ce le fait qu’elle ne voulait plus être seule avec le Limier … Oui, c’était exactement cela. La simple idée d’être toute seule avec cet homme bourru au langage grossier la terrifiait en quelque sorte, même si elle ne l’admettrait jamais à haute voix.

Car oui, Sandor Clegane lui faisait peur.

«Il faut qu’on l’aide.» S’exprima Arya après quelques temps dans le silence sans lever les yeux vers le Chien assis, des mèches de cheveux collés à son visage.

«Ah oui ? Et comment comptes-tu t’y prendre ? Tu n’es pas un de ces foutus guérisseurs et moi non plus.» Rétorqua le Limier en croisant les bras sur sa cuirasse, détournant les yeux de la jeune fille qui le défiait du regard.

«Vous avez sauvé ma sœur, vous voulez m’aider, alors aidez-la.» Poursuivit-elle d’une voix monotone en tirant ses genoux contre sa poitrine. Elle était déterminée à sauver cette inconnue avec ou sans l’aide de l’homme qui l’avait kidnappée pour une rançon.

«Tu veux bien arrêter de piailler ? Ta voix de petite pisseuse me casse les oreilles. Je ne m’occupe pas des blessures, c’est moi qui les provoque. Et puis, je m’en contre-fou ! Elle n’a aucune chance de survie avec ces blessures, tu comprends ça ? Elle ne tiendra pas jusqu’à demain. On finira par trimbaler un cadavre.» Finit-il en la toisant durement, ses cheveux bruns couvrant une partie de sa cicatrice d’enfance.

Arya soupira à cela puis cacha son visage entre ses genoux, ses bras serrant ses jambes pour un peu de réconfort. La nuit approchait à grands pas, déployant son manteau sombre dans la forêt où le silence s’installa peu à peu. La pluie se calma dans l’heure pour définitivement cesser de tomber aux premières ombres. Une véritable aubaine pour eux ! D’une menace à la fillette pour qu’elle ne bouge pas de sa place assise sur la mousse, Sandor s’aventura alors dans les bois pour récupérer des petits branchages et éventuellement démarrer un feu pour pouvoir rester au sec et ne pas avoir trop froid. Lorsque plus tard il revint près du campement provisoire, il avait réussi à tuer un lièvre grâce à son agilité avec ses poignards.

Le Chien était pour le moins surpris que la gamine n’ait pas tenté de s’échapper durant son exploration improvisée. Sage décision. Remerciant les Dieux pour le feu malgré l’humidité constante, le lièvre fût rapidement dépecé puis cuit avant d’être servit pour dîner. Un silence pesant entourait les deux membres conscients qui se contentaient de manger leurs morceaux de viande, aucun ne voulant faire la conversation. Pour quoi faire ? Qu’avaient-ils à se dire de toute manière, mise à part des menaces ? Le silence fût toutefois brisé lorsqu’un gazouillement écœurant s’échappa des lèvres de la femme à côté d’Arya.

Elle semblait s’étouffer … Les sons étaient épouvantables, comme de l’eau coincée dans la gorge. Eberluée par le bruit horrible, la fille Stark lâcha son bout de viande pour pouvoir la tourner sur le côté droit et ainsi dégager ses voies respiratoires, mais du sang coula subitement hors de ses lèvres, rougissant la mousse qui constituait son support de fortune. Ses yeux s’écarquillèrent d’effroi à la vue du sang qui coulait dans sa chevelure, formant une petite flaque visqueuse. Elle n’était peut-être pas guérisseur mais il était clair que c’était mauvais signe.

«Merde.» Pensa Sandor. Cela signifiait qu’elle avait aussi des lésions internes sans doute dus à des coups violents, ce qui entraînera sa mort dans un bref délai. Au final, il ne sera peut-être pas obligé de la tuer lui-même pour abréger ses souffrances …

Ne sachant pas quoi faire pour lui venir en aide, Arya dégagea doucement le bas de sa robe déchirée pour voir avec consternation que ses côtes étaient bleues et même noircies à certains endroits, surtout sur les deux premières de droite qui semblaient fêlées à première vue. Qu’avait-elle donc subit comme horreur à ce village ?! Comme s’il avait entendu le fond de sa pensée, le Limier jeta le petit os qu’il grignotait dans le feu puis après un rot répugnant, il s’exclama.

«Les soldats n’ont aucune pitié envers les femmes et les enfants. Ils sautent sur tout ce qui bouge et généralement, ça se termine en tuerie. C’est ça, la guerre.» Sandor récupéra sa gourde de vin accrochée à sa selle de cheval posée à côté du feu.

«Vous l’avez déjà fait ?» Demanda Arya après un long moment silencieux. Elle leva son regard haineux vers son visage balafré, le jugeant alors qu’il ricanait de sa question.

«Faire quoi ? Violer, tuer, massacrer ? On ne vit pas dans un monde où la chanson est symbole de paix. Nous sommes tous des tueurs. Tu bouffes ou c’est toi qui te fais bouffer. Que ça te plaise ou non.» Déclara ce dernier avant de se coucher et de poser sa tête en arrière contre le pied de l’arbre, les yeux clos.

Cette réplique lucide semblait suffire à Arya mais l’instant d’après, elle le regarda avec un dégoût inimitable avant de se coucher dos face à lui, ses yeux parcourant pensivement la forêt sombre et silencieuse. Malheureusement il avait raison à ce sujet-là, les hommes étaient cupides et égoïstes. Le cœur pesant lourdement dans sa poitrine, elle se concentra sur le rythme de sa respiration pour lutter contre les larmes qui menaçaient de s’écouler. Et après quelques minutes dans cette position, elle commença à murmurer sa liste de personnes à tuer où le Limier fût le tout premier énoncé.

Sandor n’entendit pas ce qu’elle marmonnait à voix basse mais il s’en fichait pas mal en réalité. Ce n’était pas son problème. Il reprit une gorgée de son vin, masquant un gloussement cynique alors qu’il observait du coin de l’œil la gamine qui l’insultait probablement. Si cela pouvait lui faire plaisir et l’aider à s’endurcir, alors ainsi soit-il. Il secoua la tête après s’être grossièrement essuyé la bouche avec le dos de sa main quand il sentit quelques effets de l'alcool sur sa fatigue, le berçant dans une quiétude. Il n’allait certainement pas dire des choses personnelles à une gamine qui était avant tout ... Une ennemie ?

Même s’il ne lui avait pas donné de réponse franche, jamais dans sa vie il n’avait intentionnellement fait du mal à une femme en dehors des ordres. Il respectait beaucoup trop les femmes pour les frapper ou même les violer comme la plupart de ces hommes sans aucun scrupule. S’il en ressentait le besoin, il allait au bordel de Baelish et payait une putain qui ne regardait pas trop sur l’apparence, tout simplement. Ce qui était plutôt rare en effet, car sa tête faisait peur à la plupart des gens qu’il croisait.

Sandor reprit une dernière gorgée de sa boisson et grimaça quand il ressentit une aigreur se propager dans sa poitrine. C’était toujours douloureux d’accepter d’être regardé comme un monstre, de voir le regard horrifié des autres pour quelque chose qu’il ne pouvait pas changer. La vie avait été injuste pour lui, mais il ne s’en plaignait pas et cela n'allait certainement pas commencer aujourd’hui non plus. S’assurant une dernière fois qu’ils étaient bien seuls dans la forêt, Il rangea sa gourde à sa place puis finit par s’endormir en même temps qu’Arya à une distance prudente du petit feu de camp.

Quelques fois durant la nuit, il fût tiré de son sommeil léger par les quintes de toux de la femme ainsi que par le bruit désagréable du sang obstruant sa gorge. Il aurait pu lui éviter toute cette souffrance inutile, mais il avait fallu qu’il écoute la gamine …

Au bout d’un certain temps, les bruits cessèrent et le Chien comprit qu’elle avait finalement trépassée.

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Le lendemain matin, les oiseaux et leurs chants réveillèrent le Limier de ses rêves étranges mettant en scène un dragon gigantesque brûlant Port-Réal. Un peu déboussolé par son imagination débordante mais aussi mortifié par tout ce feu présent dans son rêve, il ouvrit lentement les yeux pour s’apercevoir qu’il faisait déjà bien jour et que les rayons du soleil réchauffaient ses jambes.

Bientôt le long et froid hiver … Connaîtra-t-il encore un été dans sa vie ?

Chassant les restes de sommeil en frottant deux doigts contre ses yeux, il tourna la tête vers l’endroit où était supposément dormir Arya Stark. Cependant son sang ne fit qu’un tour dans ses veines lorsqu’il ne vit aucun signe de vie de la fillette, et encore plus quand il remarqua que l’étrangère avait également disparue. D’un geste rapide et maîtrisé, le mercenaire se mit à ses pieds tout en regardant précipitamment autour de lui, une main à sa hanche pour s’assurer que son poignard était toujours présent. Il se sentit soulagé de constater qu’il était encore à sa place et que son cheval était aussi là. Maintenant, il fallait retrouver la louve.

«Bordel,» Pensa le Limier, furax, en attrapant aussitôt sa longue épée à sa ceinture alors qu’il traversait la forêt à la recherche de la rançon disparue. Comment avait-il pu s’endormir aussi facilement et ne pas entendre Arya se lever ?! Et où était passé l’inconnue qu’il pensait morte durant la nuit ? Pourtant les femmes étaient bruyantes, en général !

Il contourna rapidement un bosquet puis descendit plus bas vers un cours d’eau où il pensait avoir entendu des bruits d’éclaboussures. A l’heure qu’il était, la louve devait déjà être loin ! Il venait de laisser s’échapper sa seule chance d’avoir de l’argent facilement et de pouvoir se refaire une vie loin de la capitale. Toutefois, cette dernière constatation déplaisante ne le dérangea pas autant qu’elle l’aurait dû. Son inquiétude pour le sort d’Arya était étrangement plus grande que sa peur de perdre une grande somme d’argent.

C’était officiel, il détestait les enfants. Alors qu’il se rapprochait de la petite rivière en contre-bas, ses pas s’arrêtèrent subitement aux éclats de voix non loin de l’endroit où il se trouvait. Deux voix féminines plus précisément. Une minute, deux voix ?! Les dents serrées de colère et prêt à se battre au cas où, il se précipita donc vers la source du bruit jusqu’à se tenir sur une petite plage de cailloux où il fût stupéfait d’y trouver Arya et l’étrangère, parfaitement consciente. Aucune des deux filles n’avaient encore pris connaissance de sa présence.

«Alors, est-elle agréable ? Ça fait du bien, n’est-ce pas ?» Interrogea une Arya heureuse avec un sourire suffisant ornant ses lèvres. Assise les jambes en tailleur sur un rocher, elle observait la femme qui trempait ses jambes et ses bras dans l’eau froide. Elle se mit ensuite à rire quand une grimace passa sur le visage de cette dernière frissonnante.

«Toi !» Clama le Limier en s’approchant des deux femmes, une main sur le pommeau de son épée en guise de menace.

Arya sursauta au son de cette grosse voix grave qui provenait de sa droite. Elle déglutit difficilement tandis que la femme dans l’eau ne bougea pas de sa position plantée au milieu de la rivière, ses yeux noirs intrigués suivaient la forme imposante du Chien en ébullition qui s’approchait à grands pas de la jeune enfant sur son rocher. A son niveau, Sandor agrippa fermement Arya par le bras lorsque celle-ci essaya de reculer loin de lui pour s’enfuir avant qu’il ne la tire contre son large torse blindé. Ensuite, il leva ses yeux furieux vers l’inconnue immobile puis d’un froncement de sourcils, il s’écria d’une voix menaçante.

«Ne t’approche pas d’elle, t’entends ? Elle est ma prisonnière ! T’as intérêt à foutre le camp en vitesse.» Le Limier pointa son épée vers la femme dans le cours d’eau. Il regardait droit dans ses yeux noirs effrayés mais aussi curieux, semblerait-il.

«Elle n’a rien fait de mal ! Quand je me suis réveillée, elle n’était plus là ! Alors je suis partie à sa recherche.» Se défendit vainement Arya en se débattant de l’emprise qu’avait le mercenaire sur son bras.

Dieux, elle le haïssait …

«Ferme-la ! T’as tout juste de la chance qu’elle ne t’ait pas égorgée pendant ton sommeil ! Tu n’avais pas à la suivre.» Disputa Sandor en entraînant la fille avec lui vers la rive.

Arya voulut rouvrir la bouche, mais le regard glacial que lui lança le Chien la fit taire de suite. Satisfait, il regarda à nouveau la femme frêle toujours dans la rivière qui observait la scène de loin. Les bras le long du corps, son visage reflétait maintenant de l’inquiétude et une touche de désespoir. Sa longue chevelure ondulée à la couleur peu ordinaire lui arrivait au-dessus de sa poitrine, un peu de sang et de boue se mélangeaient à ses mèches. Elle devait avoir une sacrée grande plaie sous sa robe en lambeaux car une longue traînée de sang coulait dans l’eau claire qui lui arrivait à mi-hauteur des cuisses.

«Je te trouve en forme pour quelqu’un qui passait près de la mort hier encore.» Remarqua le Limier d’un haussement de sourcils provocateur, surpris par sa récupération fulgurante qui était un mystère.

Il la dévisagea encore quelques instants, puis ricana sèchement en remettant son épée dans le fourreau à sa hanche, estimant qu’elle n’était pas dangereuse. Ne répondant toujours pas, la femme mordit sa lèvre inférieure mais ne baissa pas pour autant les yeux loin du Chien parce que ce dernier représentait un potentiel danger pour elle. Elle restait figée, fixant la grande silhouette de cet homme défiguré et menaçant, les bras ballants à ses côtés.

Ce matin-là à son réveil, une terrible douleur l’avait balayée de haut en bas jusqu’à finir dans son côté meurtri. Puis les souvenirs atroces de la veille avaient fini par refaire surface, à son plus grand désarroi. La douleur physique n’était alors plus rien comparée à la douleur morale. Cependant, elle retint ses larmes d’accablement quand elle comprit qu’elle n’était pas toute seule dans cette forêt. Que deux autres personnes étaient là avec elle près du feu. Deux étrangers. Alors la première chose qu’elle voulut faire était de s’enfuir le plus loin possible, toutefois son état ne lui permit malheureusement pas d’aller bien loin … Seulement jusqu’à la rivière, où la jeune fille la trouva par la suite.

Arya tenta de se dégager de la poigne de fer qu’exerçait Sandor Clegane sur son bras mais le Limier ne relâcha pas prise, ne voulant pas qu’elle s’éloigne une fois de plus. Il l’entraîna avec lui vers le campement où le cheval attendait patiemment sans jamais tituber. Criant de rage, la louve se débattit plus farouchement en enfonçant cette fois-ci ses ongles dans la peau de son poignet dans une piètre tentative de lui infliger une douleur suffisante à le faire lâcher, mais bien-sûr, cela ne représentait rien pour l’homme à part un picotement.

«Non ! Nous ne pouvons pas la laisser ici ! Vous avez promis que vous l’emmèneriez dans une auberge afin qu’elle soit en sécurité !» Hurla désespérément Arya en plantant fermement ses pieds dans le sol.

«J’ai dit, ferme-la ! Et je n’ai rien promis du tout à une gamine comme toi qui ne sais pas quand s’arrêter avant de franchir la limite.» Sandor secoua rudement le bras de la louve et la poussa en avant tout en gardant son autre main sur l’épée à sa taille.

Mais tandis qu’ils s’éloignaient de la rivière, quelque chose tomba lourdement dans l’eau.

La femme, n’ayant plus aucune force dans ses jambes, s’effondra puis frappa la tête la première dans l’eau glaciale. Gémissante de douleur et d’épuisement, elle tenta de se redresser sur ses bras afin de sortir le haut de son corps pour pouvoir respirer. Malheureusement, la profondeur du cours d’eau ne lui permettait pas d’avoir la tête hors de l’eau. De plus qu’elle était très affaiblie, ses forces lui manquaient cruellement après deux jours d’inconscience sans manger. Terrifiée à l’idée de mourir noyée, elle suffoqua pour crier pour de l’aide mais ses hurlements tombaient dans l’oreille d’un sourd.

Sandor s’arrêta dans sa marche sans pour autant se retourner malgré les bruits provenant de la rivière dans son dos. Il débattait intérieurement sur ce qu’il allait devoir faire à présent. Qu’avait-il à perdre ? La gamine qui entendait tout était devenue tranquille dans sa poigne, évitant absolument tout contact visuel avec lui par pur dégoût. Elle serrait les dents, écœurée par ses actes odieux envers une femme en détresse et choquée par son manque d’empathie dans une situation comme celle-là. Comme si cela le changeait de l’habituel …

«Tu restes ici.» Ordonna-t-il entre ses dents serrées pour finalement relâcher le bras de la fille perplexe par ces paroles.

Une fois certain qu’elle ne bougera pas de la rive et qu’elle avait compris qu’il ne plaisantait pas, le Limier se retourna et repartit vers la rivière en contre-bas. Doucement, il entra étape par étape dans l’eau glaciale qui montait jusqu’à ses hanches environ. Mais étant quelqu’un de très grand, il n’était donc pas étonnant que l’étrangère n’arrive pas à se hisser à la surface. Un rictus apparut sur son visage à la piqure du froid, cependant il ne s’arrêta pas pour autant d’avancer jusqu’à elle. Avec un sifflement de désapprobation, il sortit la femme de l’eau puis la jeter sur son épaule massive avant de rejoindre la terre ferme, ignorant la froideur des gouttes qui coulait dorénavant dans son dos.

Quelle idée stupide d’aller se baigner après avoir été agressée par les soldats Lannister !

«Vous voyez ? Ce n’était pas si compliqué que ça.» Affirma Arya en décroisant ses bras de sa poitrine lorsqu’il passa devant elle.

En réponse à cela, elle reçut un ricanement acerbe de la part du Chien désabusé. Elle le suivit calmement dans la forêt après qu’il ait appelé son cheval en regardant de temps en temps le corps avachi de la femme sur son épaule gauche. La pauvre … Elle n’avait décidément aucune chance d’être tombée sur un homme comme le Limier qui n’avait de sympathie pour personne. Un petit sourire triste se forma sur ses lèvres en contradiction avec ses idées fondées. Non, il n’aimait vraiment personne, il était brutal et n’avait manifestement aucun respect. C’était sans l’ombre d’un doute pour ces raisons-là qu’il était autant détesté par tout le monde. En plus de son horrible cicatrice, elle renifla.

Sandor Clegane n’était pas un homme patient et il se demandait dans quel merdier il s’était encore fourré …

A suivre …

Arya deviendra un peu plus sympathique dans mon histoire, au fil du temps. Je voulais qu’elle soit déterminée à venir en aide à quelqu’un, pour ne plus ressentir cette immense solitude alors qu’elle voyage avec un homme qu’elle déteste. Je pense que c’est un bon départ.

En espérant que ce premier chapitre vous a plu !

VP


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