Game of Thrones : Fire and Ice.

Chapitre 30 : Dans les terres du Nord. (Jaime Lannister)

3237 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 25/02/2019 18:21

CHAPITRE NUMERO VINGT-CINQ : JAIME LANNISTER.



Le campement s’était rapidement dressé ce qui satisfaisait Jaime. Malgré les dissensions évidentes qui régnaient dans cette armée hétéroclite, les hommes savaient toutefois obéir aux ordres et c’était là une bonne chose. Malgré tout comme le lui avait rappelé Bronn un peu plus tôt :



« Ils vont sans doute s’entretuer avant que nous soyons à destination et ça vous ne pourrez pas l’en empêcher. »



Ce en quoi Jaime ne pouvait lui donner tort. Il escomptait pourtant que rien de fâcheux ne surviennent au sein des différentes factions. Voilà trois jours qu’ils avaient quitté les Jumeaux et depuis lors l’armée des Frey et celles des Tully paraissaient perpétuellement être sur le point de laisser éclater leurs inimitiés. Après tout les premiers avaient trahi Robb Stark en le faisant assassiner ainsi que sa mère Catelyn qui était née Tully.

Jaime avait pourtant tenu à ce que les Frey les joigne dans sa mission d’aider le Nord. Plus nombreux ils seraient et plus les chances de succès augmentaient. Seulement pour ça il fallait éviter que le conflit n’éclate entre les deux camps.



« On peut dire que vous les enchaînez les mauvaises décisions, lui déclara Bronn qui, comme souvent, paraissait deviner ses pensées. »



Oui c’était probablement le cas une fois de plus. Toujours était-il qu’à la mort du vieux Walder Frey et de tous ses descendants mâles qu’ils furent légitimes à sa succession ou simple bâtard, le titre de seigneur du Pont était demeuré vacant en l’absence d’héritier pour revendiquer la place.

Les femmes se l’étaient donc adjugées sans que nul ne cherche à les contester. Ayant souffert sous le règne du patriarche, elles avaient toutes à cœur de faire les choses mieux qu’auparavant et de pouvoir redorer le blason des Frey en contribuant à soutenir Jaime dans son désir d’aider les Stark. Et désormais la moitié des forces militaires des Jumeaux allaient aux côtés du Lannister.



« Un jour ils m’obéiront à moi, avait assuré Edmure. »



L’intéressé avait expliqué d’où venait une telle affirmation. En tant qu’homme marié à une Frey il possédait à la fois Vivesaigues et les Jumeaux et une fois la guerre terminée, il comptait bien faire entendre raison à ces bonnes femmes en leur apprenant qui était le maître des lieux. De plus Edmure avait soutenu que son fils était l’héritier légitime de ce fief.

Jaime n’avait pas cherché à discuter. Edmure était devenu enclin à l’accompagner dès lors que cette louve géante s’était manifestée et s’était placée non loin de Jaime. Malgré tout Tully hésitait parfois à poursuivre.



« Ils ont fait tué ma sœur et mon neveu, leur roi qui plus est. Je ne peux me permettre de me présenter à mes nièces aux côtés de tels traîtres.

-Je croyais que c’était vos sujets, avait ironisé Bronn.

-Ils le sont, avait alors affirmé l’autre sans relevé le ton narquois. Et je vous garanti qu’ils paieront tout de même pour leur forfaiture. Malgré tout il serait bon de nous dispenser de leurs concours.

-L’heure est sombre pour nous tous, avait déclaré Jaime en retour. Qu’importe nos anciens griefs que nous pouvons avoir les uns envers les autres. Il nous faut faire front ensembles si nous voulons parvenir à vaincre le Roi de la Nuit et ses dizaines de milliers de spectres.

-Si vous pouvez oublier les rancunes entre les familles grand bien vous fasse, s’était récrié Edmure. Pour ma part je ne peux oublier. Ni pardonner.

-Pas plus que moi, lui avait répondu Jaime. Il n’en reste pas moins que le destin des hommes prévaut sur nos querelles. La guerre des Cinq Rois est terminée et une fois que nous en aurons fini avec la menace actuelle il serait bon de vous rappeler que l’Hiver est sur nous et qu’il serait vraiment malvenu d’imposer de nouvelles souffrances à tout un continent qui n’en a connu que trop au cours de ces dernières années. »



Sur quoi la conversation s’était achevée. Le trajet n’avait pourtant pas été de tout repos et des rixes avaient parfois éclaté au cours des nuits et l’intervention de Jaime avait été souvent requise pour que les choses rentrent plus ou moins dans l’ordre.



« Ça va vous péter à la gueule et vos beaux yeux ne pourront que voir l’étendue du désastre que vous aurez provoqué, souligna le reître. »



Par les Dieux ne pouvait-il pas faire montre d’un peu plus d’optimisme et le soutenir davantage ? Jaime voulait croire que les Frey et les Tully pouvaient coexister ensembles malgré leur lourd passé. Edmure et les femmes qui siégeaient aux Jumeaux paraissaient prêts à rouvrir un dialogue mais encore fallait-il qu’ils consentent à s’y tenir.

De plus les Frey redoutaient également la réaction de la famille Stark qui, d’après les rumeurs insistantes, avaient déjà fait éliminer Walder et l’ensemble de ses fils.



« Ils n’auront aucune pitié pour nous autres et sommeront la reine aux dragons de tous nous brûler vifs. »



Jaime se demandait effectivement si les Stark décideraient de punir ceux qui avaient trahi Robb et ce malgré le fait qu’à présent ils s’en venaient pour lutter auprès d’eux contre les morts.



Un mouvement près de lui le fit sursauter et Jaime revint au moment présent. Peu après la silhouette d’une immense louve lui apparue. Comment diable pouvait-elle être si grosse. Elle faisait trois fois la taille de ses congénères et Jaime avait beau savoir que cet animal ne lui ferait aucun mal, tout du moins s’il continuait à vouloir gagner Winterfell, elle l’effrayait toujours autant.



« Pourquoi m’avoir choisi, lui demanda-t-il une fois encore. »



La bête se contenta de le toiser tandis que la lueur du feu luisait dans ses prunelles sauvages. Ensuite de quoi l’animal s’en fut dans les fourrés tout proche. Jaime se demanda si c’était les Anciens Dieux que priaient les Nordiens qui la lui avaient envoyé pour que les gens se rallient à sa cause.



« Que vous vouliez concilié les Tully et les Frey, pourquoi pas, commença Bronn, toutefois je ne suis pas sûr que pour le reste il vous faut emprunter la voie que vous avez décidé de suivre.

-Je le dois, ces gens sont des bannerets des Stark.

-Ils les ont pourtant ignoré quand ceux-ci avaient décidé d’affronter les Bolton pour reconquérir Winterfell. »



Jaime ne pouvait le nier.



« Et vous pensez vraiment qu’en vous présentant à eux avec votre accoutrement actuel cela suffira à les convaincre de vous aider ? »



C’était une bonne question. Jaime ne voyait pas pourquoi les sauvageons du Nord, non ceux originaires d’au-delà du Mur, décideraient de l’escorter pour combattre les morts alors qu’ils étaient restés sourds aux Stark à qui ils avaient pourtant juré allégeance pendant des siècles et des siècles.



« Si ils ne font rien alors tout comme nous ils tomberont face à la puissance du Roi de la Nuit. Seuls des armées combinées pourraient escompter faire front et tenir.

-Et en quoi cette belle armure étincelante les convaincra-t-elle ?

-Elle appartenait à Robb Stark, se justifia Jaime. Ils ont été les bannerets de Ned et de ses ancêtres, il est temps de le leur rappeler.

-Vous êtes un Lannister, pas un Stark. A moins que cette fichue louve vous a fait changer de bord.

-Je suis un Lannister, affirma-t-il. Toutefois Robb était un homme honorable. Bien plus que je ne le suis. Je me dois pourtant d’essayer et le fait de porter cette protection ainsi que d’avoir la louve à mes côtés témoigneront tous deux de mes nobles intentions en cherchant à me rendre au Nord. »



Le reître haussa les sourcils au mot « nobles », s’abstenant toutefois de prononcer le moindre commentaire. Jaime lui en fut gré, cette tendance à toujours remettre en question ses choix l’agaçait de plus en plus. Bronn le savait pertinemment et en jouait. L’idée de se débarrasser de ce dernier lui démangeait parfois l’esprit sauf que Bronn était la seule personne en qui il pouvait se fier. En partie tout du moins.

Le silence s’installa entre tous deux et bientôt les seuls bruits perceptibles furent ceux qui témoignaient de l’activité du campement et des différents feux allumés. Jaime avait ordonné à ce qu’ils soient nombreux afin de parer à l’éventualité d’une rencontre avec les morts dont les flammes pourraient servir contre eux.

Malgré tout, Jaime avait conscience qu’avec les quatre mille hommes qui l’accompagnaient ils étaient bien trop peu si jamais l’ennemi déployait contre eux ne serait-ce qu’un dixième de ses forces.



« Encore en train de rêver de cette chère Cersei ? »



Bronn le toisait, une expression railleuse sur son faciès buriné par une existence passée sur les routes. Jaime l’ignora. Il était vrai que chaque nuit quand le sommeil venait le trouver, le même cauchemar s’échinait à revenir le hanter. Toutefois des variantes se produisaient parfois où il se voyait adulte et où de sa main dorée il se mettait à étrangler sa sœur tout en lui affirmant qu’il l’aimait et le regard vide de cette dernière expirait son dernier souffle était horrible et même le jour il lui arrivait de se le représenter.



« Il nous faudra poursuivre un peu plus à l’Ouest dès demain si nous voulons parvenir à trouver les premiers clans et nous entretenir avec leurs chefs, expliqua-t-il pour changer de sujet. D’ici moins d’une semaine il nous faudra nous mettre en route pour Winterfell.

-Et si ces sauvages décident d’apporter votre tête aux Stark ?

-Dans ce cas vous ferez en sorte qu’une telle chose ne se produise pas auquel cas votre chef pourrait bien se joindre au mien.

-Sauf que ce n’est pas moi qu’on surnomme le régicide. Et je vous préviens que je penserai à sauver ma peau si les choses tournent mal. »



Jaime n’en attendait pas moins d’une personne comme l’était son vis-à-vis, aussi ne chercha-t-il pas à le convaincre qu’il pourrait y gagner en assurant sa protection. Et qu’aurait-il pu lui offrir étant donné tout ce qu’il lui devait déjà. Un château, de l’or. Un Lannister paie toujours ses dettes. Quelle sottise. Jaime ne possédait plus rien et il ne serait pas étonné que son compagnon décide de tenir parole et de le vendre auprès de Daenerys Targaryen. Obtiendrait-il gain de cause ? Jaime aurait presque souhaité que ce moment arrive pour voir le reître s’essuyer un refus dans l’obtention d’une belle bourse garnie d’or.



« Admettons que les chefs vous voient comme un messie et qu’ils acceptent d’apporter leur contribution dans cette guerre et qu’ils vous donnent les hommes pour combattre. Combien comptez-vous en avoir ?

-Je l’ignore. Deux milles seraient un bon début.

-Je pencherai pour moitié moins, vous êtes un Lannister, il serait déjà beau qu’ils écoutent votre discours de ralliement à la cause des Stark.

-Ils le feront, affirma Jaime.

-On dirait que c’est surtout vous que vous cherchez à convaincre de cela.

-Je dois pourtant le faire.

-Si c’était Tyrion qui était là il saurait comment s’y prendre. Il l’a déjà fait avec les clans des montagnes dans le Val. Lui trouverait les bons mots.

-Certes toutefois mon frère n’est pas là. »



Le reître s’apprêtait à répondre mais il l’interrompu en levant sa main gauche. Il ne voulait plus de cette discussion qu’il lui rabâchait tous les jours. Oui il savait qu’il pouvait repartir bredouille de ces entrevues, il irait pourtant jusqu’au bout des choses.

Le seul soucis qui lui resterait serait de savoir comment l’armée sous ses ordres parviendrait à se défaire des morts. Comme arme ils n’avaient pas de verre-dragon et n’auraient donc que le feu. Serait-ce suffisant pour faire une quelconque différence ? Jaime voulait croire que oui. Après tout n’avait-il pas vu de ses propres yeux le Limier tranché en deux l’un de ces spectres et ce à l’aide d’une simple épée. En agissant de même il y avait de quoi ralentir les troupes adverses avant de les achever avec une torche. Oui avec les sauvageons à ses côtés, le concours de l’armée Tully, celle des Frey et ses propres hommes ils pourraient tous faire une différence.

Et ce fut sur cette pensée positive que Jaime trouva le sommeil où pour une fois, nul rêve ne vint le troubler.



********************



Quelques jours s’étaient écoulés depuis la dernière fois où Bronn lui avait fait part de ses doutes en ce qui concernait ses intentions de rallier à leurs causes les différents clans des montagnes. Certes Jaime n’avait pas obtenu satisfaction la plupart du temps. Malgré tout il pouvait compter à présent un peu plus de mille cinq cent individus supplémentaires pour le suppléer dans l’aide qu’il escomptait apporter à Winterfell et contrairement aux craintes du reître, Jaime avait toujours sa tête sur les épaules.



« Ils savent manier des gourdins mais ce ne sont pas de vrais combattants, souligna Bronn.

-Ils feront l’affaire, soutint Jaime. Ce sont des hommes qui ont résisté à plusieurs hivers et comme tous ceux du Nord ils sont des êtres rudes. Ce sera aux morts de les redouter.

-Jusqu’à ce qu’ils tombent tous sur le champ de bataille et deviennent une de ces choses. Au lieu d’apporter de l’aide aux Stark vous allez leur offrir davantage d’êtres à combattre »



Jaime lui adressa un regard sombre en guise de réponse.



Les heures passèrent en suivant. Les sentiers n’étaient pas bien large et la progression d’une telle force était ralentie. Fort heureusement les locaux permettaient d’éviter les sentes trompeuses et qui disparaissaient par endroit sous des murs de neige.



« Nos hommes vont mourir de froid avant d’avoir atteint notre destination finale, vint se plaindre Edmure. Nous ne sommes pas parés à affronter de telles conditions climatiques.

-Il était pourtant évident que l’hiver surviendrait. Je ne vois pas en quoi vous avez été prit au dépourvu, s’irrita Jaime qui en avait assez de toutes ces complaintes de la part de ceux qui l’accompagnaient.

-Je ne prétends pas le contraire. Toutefois votre hâte à vouloir gagner Winterfell nous a empêché de nous préparer convenablement pour entreprendre un tel voyage.

-Le temps presse, souligna Lannister. Il se peut même que nous arrivions trop tard pour secourir qui que ce soit.

-Dans ce cas à quoi bon poursuivre ? Retournons à Vivesaigues où nous tiendrons face à ces forces qui en ont après les vivants.

-Vivesaigues ne saurait tenir sur le long terme.

-Sa position en fait une forteresse imprenable, protesta Edmure. Après tout si vous ne m’aviez pas forcé la main mon oncle tiendrait encore le fief familial.

-Contre des hommes pourquoi pas, toutefois ce qu’il nous faudra affronter est bien plus puissant que nous autre. »



Une fois n’était pas coutume, Edmure sembla sur le point d’ordonner à ses troupes de faire demi-tour. Cet homme qui cherchait à faire montre de droiture était en réalité un couard. Jaime redoutait de le voir se débander à la moindre occasion.



« Les loups eux-mêmes nous ont abandonné, souligna Tully. Ils sont plus intelligents que nous autres et sont probablement en train de fuir vers le Sud, loin de ces morts. »



Jaime en doutait. Il n’aurait su dire où s’étaient rendus ces animaux sauvages, nonobstant il y avait vu là l’action de force qui le dépasser et il avait l’intuition que le rôle des loups ne consistaient pas seulement à lui permettre de rallier les gens à sa cause et d’aller apporter assistance à ceux qui étaient en première ligne de front.

Tout à coup un homme s’écria et pointa le doigt en direction du ciel. Loin au-dessus d’eux une forme sombre se mouvait rapidement, paraissant survoler toute la région comme si elle suivait ce qu’il se passait sur les terres nordiennes.



« Un dragon, déclara Bronn qui avait la vue perçante. Et il n’a pas très bonne mine à en juger par ses ailes.

-L’un de ceux de cette reine, demanda Jaime.

-Il est monté par un type, je crois que c’est celui qu’ils nomment le Roi de la Nuit.

-Nous sommes perdus, gémit Edmure. Vous venez de nous conduire à notre perte à tous. »



Jaime l’attrapa par le cou et approcha son visage du sien.



« Il suffit, murmura-t-il. Nous allons continuer notre chemin et vous allez faire en sorte que vos hommes ne se débandent pas comme des couards. Vous êtes un Tully, tenez-vous donc à ce que l’histoire ne retienne de vous que vous avez fui à la première occasion ?

-Je ne suis pas un lâche, protesta l’autre.

-Alors comportez-vous comme il se doit. »



Il le lâcha en suivant pour affronter ses propres hommes qui comme ce qui concernaient les Frey, les Tully et les sauvageons, rechignaient à emprunter la voie qui s’offrait devant eux. Il était temps pour lui de laisser parler le commandant qu’il était et espérait que son discours suffise à les ragaillardir.



« Je vois dans vos regards cette même peur qui m’étreint. Je sais que pour beaucoup nous courons droit vers notre perte en arpentant cette route qui doit mener jusqu’à Winterfell. Sachez toutefois que c’est là que se trouve notre destin et que nous y ferons face tous ensembles. Fuir ne servirez à rien ici, tôt ou tard l’ennemi surviendrait et n’escomptez pas recevoir de lui la moindre grâce. Il est là pour anéantir le monde des vivants et ne s’arrêtera qu’une fois sa tâche accomplie. Winterfell doit déjà se battre pour contrer ce Roi de la Nuit, je ne sais si il est déjà trop tard, malgré tout je compte sur le fait que nous les aidions et qu’ensembles nous puissions donner à nos enfants l’avenir qu’ils méritent. Êtes-vous donc avec moi ? Nous battrons-nous jusqu’au bout côte à côte ? »



Les « hourra » s’élevèrent de l’assemblée. Néanmoins il aurait aimé y voir là un peu plus de conviction. Malgré tout l’armée toute entière se remit en branle tandis que loin au-dessus de toutes leurs têtes, le dragon de glace continuait à planer sur le Nord.



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