Game of Thrones : Fire and Ice.

Chapitre 38 : Le rire du sauvageon. (Jon Snow)

3250 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 05/05/2019 11:07

CHAPITRE NUMERO TRENTE-TROIS : JON SNOW.


Jon ferraillait du mieux possible et son épée Grand-Griffe témoignait une fois de plus de son efficacité en effectuant des ravages au sein des rangs adverses. Et ce que Jon espérait se produisit lorsqu’il remarqua que des Marcheurs Blancs se pressaient dans sa direction. Se félicitant que sa stratégie fonctionne, Jon se prépara mentalement à l’affrontement qui allait avoir lieu.

Il se souvenait que par le passé il avait déjà eu l’occasion d’en affronter. Toujours à un contre un. Seulement cette fois les choses seraient différentes car il lui faudrait combattre plusieurs Marcheurs en même temps.


« Au moins je n’aurai nul besoin de courir ici et là pour les débusquer. »


Les lieutenants du Roi de la Nuit étaient au nombre de trois. Combien le Roi de la Nuit en possédait-il au total ? Jon ne pouvait le dire puisque les écrits dénichés par Sam faisait mention d’une douzaine seulement d’après une vision de Bran, le Roi de la Nuit avait transformé les fils de Craster en Marcheurs tant et si bien que le chiffre exact demeurait inconnu. Un seul point l’importait, en terrassant l’une de ces créatures, Jon amoindrirait les forces adverses.

Néanmoins, et sans surprise, le trio qui venait à sa rencontre était accompagné par plusieurs centaines de spectres et d’autres convergeaient déjà vers les vivants. Jon escomptait donc sur la présence de ses compagnons pour parvenir à repousser les hordes de cadavres. Il y avait Tormund, Gendry et le Limier en premier ainsi que des soldats Nordiens et quelques Immaculés dont leur capitaine Ver Gris avait consenti de ne pas les utiliser pour la défense des murailles. Il ne manquait plus que Béric Dondarrion dont Jon n’avait pas vu la trace depuis la veille au soir. Il devait probablement agir en un autre point de cette vaste bataille qui leur fallait à tout prix remporter.

Quoiqu’il en était Jon savait que le mieux était de ne pas faire traîner les choses trop en longueur. Sans quoi le combat en cours avait de grandes chances pour tourner à l’avantage des troupes du Roi de la Nuit.

Grand-Griffe continuait donc à trancher les membres des cadavres ambulants dont les dépouilles s’amoncelaient sur le sol et rendaient traître toute tentative de mouvement. Néanmoins Jon s’en sortait au mieux et usant de la fougue de sa jeunesse, il poursuivit ses efforts. Il se serait même enfoncé plus avant dans les rangs de ceux qui l’assaillaient si Tormund ne l’avait pas tiré en arrière.


« Inutile de foncer tête baissée, lui fit le sauvageon. Si l’ennemi nous isole ils ne feront qu’une bouchée de nous autres. »


Des propos pleins de sagesse de la part d’un guerrier aussi redoutable que l’était Tormund dont la hache en verre-dragon provoquait bien plus de dégâts que l’épée dont la lame était en acier valyrien. Soudain des spectres s’embrasèrent près d’eux lorsque des flèches enflammées fondirent depuis les hauteurs des remparts. C’était Davos qui menait les archers puisque l’ancien conseiller de Stannis avait averti que ses piètres talents de bretteurs ne suffiraient pas pour les aider et sa présence dans la mêlée serait dès lors plus un handicap qu’une bénédiction.

Jon se félicitait du concours de l’ancien contrebandier et ceux à qui il dictait les tirs s’avéraient assez précis pour permettre à ce que le flanc gauche des combattants au sol soit plus ou moins dégagé. Jon nota alors que le Limier toisait les flammes avec un regard étrange. Il avait oublié que ce colosse redoutait le feu. Il escomptait néanmoins que Sandor réussisse à surmonter cette frayeur pour continuer à terrasser les forces qui se massaient en un nombre toujours croissant.


« Des géants, s’exclama un soldat originaire de Blancport. »


Jon pivota aussitôt vers l’intéressé puis toisa le point que l’autre indiquait du doigt. Effectivement il était bien difficile de manquer ces géants dont le dernier représentant de ce peuple ancien avait succombé lors de la Bataille des Bâtards. Les immenses silhouettes se mouvaient lentement, progressant de façon pataudes mais il ne faisait nul doute qu’elles feraient de gros dégâts une fois qu’elles parviendraient à la hauteur des vivants. Une chose dont Jon ne pouvait se permettre, aussi agita-t-il les bras en direction des remparts supérieurs du château afin d’attirer l’attention de ceux qui s’y trouvaient. Pourtant nul ne répondit à ses signes.


« Nous sommes foutrement dans la merde, pas vrai, grommela le Limier qui avait assisté à la scène et dont le regard ne témoignait que d’une sourde colère. Ce fichu Lannister n’est même pas capable d’user de ses balistes de mes deux. »


Jon ne pouvait lui donner entièrement tort. Ces armes lui auraient pourtant été bien utiles dans les circonstances actuelles. A moins que Tyrion préférait attendre de voir débarquer le Roi de la Nuit juché sur Viserion pour entrer en action plutôt que de gâcher des munitions qui pourraient s’avérer efficace contre le dragon mort.

Or pour l’heure en guise de créature ailée il n’y avait que Drogon qui parcourait actuellement les cieux couverts de nuages gris et dont la frêle silhouette de Daenerys se devinait parfois lorsque sa monture aux écailles noires effectuait des attaques en plongée.

Jon ne pouvait s’empêcher de commençait à ressentir une certaine inquiétude quant à l’absence du leader des Marcheurs Blancs. Si celui-ci escomptait porter un coup mortel dans le camp des vivants il aurait dû être présent pour y participer, d’autant qu’à l’aide de son pouvoir il pouvait faire en sorte que les hommes tombés au combat deviennent de nouvelles recrues afin de perpétuellement renforcer l’ensemble de ses armées.

Focalisé sur ses pensées Jon eut un léger sursaut lorsque quelqu’un le percuta. Se tournant immédiatement pour occire celui qui tentait de l’abattre Jon immobilisa son geste en se rendant compte que ce n’était que Tormund. Le sauvageon venait de s’interposer entre Jon et un spectre et le manche de sa hache avait arrêté la lame du cadavre qui était à deux doigts d’égorger Jon. Tormund poussa un de ses « Har ! » familiers et trancha le propre chef de l’assaillant.

Jon le remercia donc du regard tout en pestant silencieusement contre lui-même et sa négligence. Si jamais il ne restait pas concentré sur le moment présent alors il avait de grandes chances de succomber. Il avait déjà une certaine expérience de la mort et il ne souhaitait pas la réitérer de si tôt. Qui plus est cette fois nul ne serait présent pour l’extraire des ténèbres infinies qui l’attendaient si ce n’est le Roi de la Nuit qui décident de le faire revenir en tant qu’une de ses dizaines de milliers d’unités sans aucune âme.


« On dirait que le géant veut nous lâcher, lui glissa Tormund en pointant de la tête une silhouette qui allait en s’éloignant. »


Et en effet le Limier s’en allait. Jon ne revenait pas du fait que l’autre abandonne ainsi la zone de combat. Cela ne collait pas avec l’image du redoutable guerrier qui avait guerroyé au-delà du Mur. Pourquoi Sandor viendrait-il dès lors à renoncer à affronter les ennemis ? Ils étaient certes en supériorité numérique sauf que Clegane avait sa puissance comme avantage et Jon ne pouvait qualifier de couard un tel personnage, si l’on excepté sa hantise concernant le feu dont les flammes continuaient de dévorer des spectres.

Si le Limier agissait de la sorte c’était qu’il y avait forcèrent une explication. Avec un doute Jon s’interrogea sur si oui ou non Sandor avait pu apercevoir des spectres en train de tenter une percer parmi la ligne défensive et qu’il eut dès lors décidé de s’y rendre pour les repousser.


« Des dragons, s’écria Tormund en indiquant du visage un point plus élevé. »


Une intervention qui chassa le Limier des pensées de Jon qui toisa les cieux où il remarqua que les dires de Tormund étaient fondés. Outre Drogon qui y était présent depuis plusieurs minutes, Jon nota une créature qui était sans doute possible Viserion. Juché sur ce dernier se détachait nettement la silhouette du Roi de la Nuit. Pendant un instant Jon assista à cette lutte fratricide, entrecoupée par instant par ses propres assauts contre les Marcheurs Blancs qui étaient enfin parvenus jusqu’à sa personne.

Les lieutenants l’encerclaient en triangle et seul Tormund lui prêtait assistance. Les Immaculés et les Nordiens avaient déjà forts à faire avec les spectres et les géants pour réaliser ce qu’il se passait. Jon se précipita vers deux Marcheurs, Tormund se focalisant sur le dernier. Grand-Griffe bloqua un grand nombre de coups de ces épées de glace et lorsqu’elle entra en contact avec les propriétaires de ces armes, ceux-ci furent réduit à néant.

Une fois la menace des Marcheurs écartée, Jon n’en vit aucun dans les environs immédiats, il leva une fois de plus les yeux vers le ciel fin de voir comment les choses avaient évolué de ce côté-ci. Il en venait presque à regretter sa décision e ne pas avoir choisi de montrer Rhaegal. En l’ayant fait il aurait été avec Daenerys et ensembles ils auraient pu venir plus aisément à bout de Viserion dont les déplacements rapides en faisaient une cible difficile à atteindre.

Et ce fut là que la créature ailée aux écailles vertes fit son apparition, paraissant surgir de nulle part. Elle plongea aussitôt sur celui qui peu de temps auparavant avait été son frère. Viserion fut plus prompt à réagir et s’écarta brusquement. Jon constata qu’emporté par son élan Rhaegal n’eut pas le temps d’éviter Drogon qui fut heurté de plein fouet.


« Daenerys, marmonna Jon tirailler par l’angoisse. »


Il ne put cependant pas s’attarder plus longuement sur si oui ou non la jeune femme tenait toujours sur le dos de son dragon noir car de nouveaux spectres survinrent et le forcèrent à se concentrer sur ce qu’il se passait de son côté. L’épée dans sa main droite, il les trancha en deux et décapita certains autres. Tormund revint se placer à ses abords et le duo qu’ils formèrent fit de nombreux ravages parmi la puissance du Roi de la Nuit.

Un court répit dans la bataille lui permit de zieuter les cieux pour continuer à se renseigner sur le déroulement de la lutte aérienne qui opposait les dragons. Rhaegal paraissait à présent mal en point puisqu’une traînée de sang était visible dans son sillage. Il y en avait beaucoup trop au goût de Jon qui ressentit une forte anxiété à l’idée de perdre Rhaegal.

Instantanément ce fut comme si son propre corps ne lui appartenait plus et il sentit, sans trop savoir comment, que son esprit s’envolait avant d’être subitement dans la tête de Rhaegal. Les pensées de l’animal lui parvinrent avec netteté et furent désormais les siennes. Il pouvait également éprouver la douleur que l’autre ressentait et le moins que l’on puisse dire c’est que Rhaegal souffrait énormément. Une telle sensation donna des vertiges à Jon qui se fit violence pour ne pas perdre le contrôle. Parvenant tant bien que mal à évincer ses propres vertiges, Jon enjoignit le dragon à s’éloigner de la zone de combat, sentant toutefois une grande puissance qui essayait de l’évincer de Rhaegal.

Qui cela pouvait-il bien être ? Le Roi de la Nuit cherchait-il à faire basculer Rhaegal de son côté ? Bien que cette hypothèse était probable, Jon ne pouvait y croire puisque le dragon n’était pas mort. La force invisible surgit une fois de plus, agissant avec plus de force et Jon lutta contre elle pour ne pas la laisser posséder Rhaegal. Dans cette lutte d’esprit à esprit il crut cependant y noter une note familière sans pouvoir s’attarder dessus.

Finalement, et après un temps qui lui sembla durer plusieurs minutes, Jon remporta la partie et la créature aux écailles vertes obtempéra face à sa volonté. Ce fut là qu’il regagna son propre corps pour s’apercevoir que l’assaut contre les spectres se poursuivait. Tormund arborait une plaie à la tête où quelqu’un venait de lui entailler le front. C’était assez profond même s’il en fallait bien plus pour décontenancer le sauvageon.

Jon bretta à nouveau contre les pantins du Roi de la Nuit, avisant dans le même temps que loin au-dessus de sa tête la silhouette de Rhaegal allait en rapetissant à mesure qu’il s’éloignait. En ce qui concernait Drogon, l’intéressé paraissait bien déterminer à en terminer avec Viserion dont les flammes écarlates lui dévoraient sa large gueule.


« Jon derrière toi !! »


L’avertissement de son compagnon arriva à point nommé et Jon eut tout juste le temps de se baisser pour éviter de se retrouver étêter. Le Marcheur Blanc frappa derechef et Jon bloqua le coup en levant Grand-Griffe. L’acier résonna contre la glace et les deux individus entrèrent dans une danse effrénée. Cette fois les choses ne paraissaient pas vouloir tourner à l’avantage de l’homme qui sentit ses bras tiraillés par la fatigue.

Tormund se précipitait vers eux et dans un geste ample il balança sa hache dont le verre-dragon atteignit le Marcheur dans le dos. L’être surnaturel s’écroula et Jon tomba à genoux, pantelant. D’où venait cet épuisement ? Avant de pouvoir y répondre il attrapa le bras que Tormund lui tendait.


« Le dragon, c’était toi qui l’a éloigné, s’enquit le sauvageon. »


Jon tenta de répondre mais n’y parvint pas. Tormund en profita pour poursuivre.


« J’ai vu tes yeux Jon, ils étaient blancs. Tu m’avais caché que toi aussi t’es un change-peau. »


Cette expression lui rappela Orell, un homme issu du peuple libre et qui n’avait jamais eu confiance en Jon lorsque celui-ci avait infiltré les sauvageons. Orell qui prenait parfois possession de son aigle pour avoir une vue d’ensemble depuis les hauteurs. Se pouvait-il qu’il vienne de faire la même chose en ce qui concernait Rhaegal.


« Jon le mutant, s’esclaffa Tormund. Har si j’avais su ça je t’aurai traité avec plus de respect sous la tente de Mance. »


Le rire de son ami résonna une demi-douzaine de seconde et Jon se força à sourire. Un rictus qui se transforma bien vite en une grimace d’horreur lorsque subitement la tête de Tormund sauta de ses épaules dans une gerbe de sang. Le corps sans vie s’écroula dans la neige où la poudreuse blanche s’imbiba davantage de ce liquide vermeille qui avait déjà tant coulé.

Le sauvageon n’était plus, occis subitement par un géant qui paraissait être mystérieusement apparu dans son dos. Devant l’horreur de la perte de son camarade Jon resta comme paralysé et ce fut l’intervention d’un soldat Immaculé le tirant en arrière qui le fit revenir à lui.

Jon n’avait pas le temps de pleurer Tormund devant rester focalisé sur la bataille qui était bien loin d’arriver à son terme puisque des spectres et d’autres géants survenaient de toutes parts. Jon raffermit donc sa prise autour de la poignée de Grand-Griffe et se préparait pour contrer ce nouvel assaut. Pour se faire il fut aidé par les Immaculés et les Nordiens restant ainsi qu’un Gendry qui paraissait au bord de l’épuisement.

Le jeune homme était le dernier de ses compagnons qui l’avaient accompagné lors de son excursion au-delà du Mur pour dénicher un spectre visant à prouver l’existence de ceux-ci à Cersei et escompter de cette dernière une alliance entre maisons afin de venir à bout de cette menace sans précédent pour le genre humain. Les Lannister avaient promis de concourir à leur côté or nul n’était venu et Jon doutait de les voir débarquer sur le champ de bataille.

En ce qui concernait Gendry il espérait que le garçon survivrait. Jon avait espoir que la présence de ce dernier agisse pour le mieux sur Arya puisque les rares fois où il avait eu l’occasion de les apercevoir, sa petite sœur paraissait différente et il était certain de déceler une lueur d’intérêt dans le regard d’Arya ainsi qu’un goût à la vie et non cette éclat de mort qu’il y avait déniché et qui l’avait autant effrayé qu’inquiété sur l’avenir de la jeune femme.


« On pourra pas tenir plus longtemps, lui hurla Gendry. Les Marcheurs ne viendront pas par ici et tout ce qu’on aura c’est d’être encerclé par ces soldats, conclu-t-il en désignant les cadavres. »


Jon eut souhaité lui donner tort, convaincu que les lieutenants adverses surviendraient pour l’éliminer vu qu’il était l’un des leaders de l’opposition. Cependant, et à moins que le Roi de la Nuit ait jugé qu’il ne soit pas une cible prioritaire, les Marcheurs Blancs avaient décidé de se désintéresser de cette zone. Était-ce supposé dire que trop d’entre eux étaient tombés et que le Roi de la Nuit se refusait à en sacrifier davantage afin d’éviter que ses troupes ne soient réduits de plusieurs milliers de ses unités ? Si tel était le cas Jon se félicita d’avoir amoindri quelque peu la puissance adverse bien que celle-ci paraissait toujours aussi monstrueusement destructrice.

Quoiqu’il en était, il était évident que les autres et lui ne pouvaient demeurer plus longuement sur place. D’autant plus que les armées du Roi de la Nuit se massaient à présent au niveau des murailles de Winterfell et s’échinaient à en escalader les parois, instantanément repoussés par les défenseurs présents en haut des enceintes fortifiées.

Pour l’heure Davos et les autres tenaient bon. Mais jusqu’à quand ? Parce que si par devanture les morts parvenaient à franchir cette obstacle alors les vivants seraient vite débordés sous le nombre et tout espoir de vaincre serait anéanti. Jon se tourna vers les Nordiens qui demeuraient proche de lui et les rassembla autour de sa personne. Et tous ensembles ils reculèrent pour gagner la forteresse où ils espéraient parvenir à faire reculer leurs adversaires.



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