Game of Thrones : Fire and Ice.

Chapitre 40 : Deux âmes esseulées au cœur de l'Hiver. (Sansa Stark)

4568 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 06/04/2019 02:02

CHAPITRE NUMERO TRENTE-CINQ : SANSA STARK.



Ses doigts étaient engourdis par le froid ardent qui l’assaillait. Elle qui était originaire de Winterfell, elle s’était crue assez forte pour supporter l’absence de chaleur. Sansa se trouvait à présent bien idiote d’y avoir seulement songé. L’Hiver était là depuis quelques temps déjà et pourtant lors des jours précédents il semblait qu’il faisait plus doux qu’aujourd’hui. A moins que cette sensation ne provienne de la sombre magie qu’utilisait le Roi de la Nuit.

Emmitouflait dans son épaisse fourrure en vue de se protéger au mieux, Sansa éprouvait bien des difficultés à retenir les frissons qui la parcouraient de la tête aux pieds. La pensée de son lit lui traversa l’esprit et elle ressentit un ardent désir de se retrouver blottie sous les amples couvertures qui recouvraient la couche avec en prime un bon feu de cheminée pour compléter l’ensemble. Elle pourrait même être endormie et à son réveil elle réaliserait que ce qu’il se passait actuellement n’était en réalité qu’un mauvais songe qui aurait résulté des réminiscences d’un ancien conte que lui narrait autrefois Vieille Nan.

Quoiqu’il en était et pleinement conscience du fait qu’elle n’était pas assoupie, Sansa poursuivit son cheminement sur le sol saupoudré de neige. Depuis combien de temps se trouvait-elle là, isolée du reste du groupe ? Elle ne connaissait pas la réponse car tout était allé très vite. Sansa pouvait cependant affirmer que ça faisait beaucoup trop longtemps car le désespoir l’habitait et les perspectives de réchapper aux spectres qui finiraient par s’apercevoir de sa présence et qui plus est qu’elle était seule, allaient en s’amoindrissant à chaque minute qui s’écoulait.

Après tant d’épreuves traversées ce serait vraiment idiot que tout s’arrête maintenant. Sansa secoua mentalement la tête. Il était hors de question qu’elle cède à la fatalité, après tout elle n’était plus cette enfant fragile d’autrefois et qui se berçait d’illusions quant au monde qui l’entourait.

C’en était finie de la période où elle craignait que Joffrey ne lui fasse subir les pires humiliations ou des sévices corporelles. Terminée les tête-à-tête avec Cercei où chacune des paroles prononcées pouvaient entraîner de fâcheuses conséquences qui lui auraient valu d’être rossée par Meryn Trant.

Sansa avait également achevé cette étape de son existence où elle avait été le jouet sexuel de Ramsay qui ne s’était pas privé de la violer dès que le soir survenait. Désormais seule demeurait Sansa Stark, lady de Winterfell et elle ferait comme elle avait toujours fait jusqu’à aujourd’hui, c’est-à-dire survivre.

Mais quand bien même elle n’avait pas le moindre mort à ses trousses, ce qui était une chance lorsqu’on considérait que ceux-ci avaient attaqué le groupe dans lequel elle se trouvait il y avait peu, Sansa ne parvenait cependant pas à se dépêtrer du froid glacial qui l’environnait de toute part. En un sens cela lui rappelait les bises glacées lorsqu’elle était présente aux Eyrié et où sa tante Lysa s’était échiné à tenter de la faire choir au travers des Portes de la Lune, si chères à son rejeton de fils. Sansa n’avait eu la vie sauve qu’avec l’intervention de Baelish et celui-ci avait poussé Lysa Arryn par le trou en question. Bien qu’à l’époque cette scène l’avait choqué elle en avait tiré une sorte de gratitude car Littlefinger avait empêché de terminer de la pire des façons. Depuis du temps avait passé et elle savait à présent que tout ceci servait les intérêts de Baelish qui avait par la suite put s’octroyer le pouvoir sur le Val.



Revenant au moment Sansa perçu un craquement dans la neige. Le bruit avait retenti tout près de sa position au point de la faire sursauter avant de l’inciter à regarder dans la direction en question. Les arbres apparaissaient un peu plus loin mais mis à part ceux-ci il n’y avait aucune forme de visibles. Sansa imagina alors que derrière les troncs se cachaient maintes silhouettes aux intentions mauvaises et que toutes la fixaient avec une lueur de démence dans un regard qu’elle savait bleu. Une chose importait désormais, mettre la plus grande distance entre les bois et elle.

La neige s’obstinait toutefois à ralentir sa progression et elle ne put s’empêcher d’imaginer le son que les morts produisaient et qui lui laissaient croire qu’ils étaient à présents sur ses talons. Néanmoins un coup d’œil par-dessus son épaule lui apprit qu’elle était toujours aussi seule.



« Brienne ! Arya, se risqua-t-elle à appeler. »



Grossière erreur comme elle ne tarda pas à le comprendre. Effectivement à peine avait-elle nommé les deux femmes sur qui elle escomptait le concours que des spectres parurent apparaître comme par enchantements et fondaient droit sur sa personne.

Sansa s’évertua à héler Brienne et Arya or aucune d’entre elles ne vint à son secours. Elles étaient pourtant censées la protéger car après tout n’était-elle pas la lady de Winterfell ? Un constat s’imposa, il lui faudrait compter uniquement sur ses propres moyens et ses talents, forts dérisoires, au maniement de la lame en verre-dragon pour contrer ces forces qui grossissaient en nombre.

Outre la quantité, les morts possédaient un autre avantage, celui de n’éprouver aucune fatigue. La lutte était inégale, Sansa ne pouvait contredire une telle évidence, aussi se mit-elle à fonder ses espoirs sur un unique point.



« Si je meurs, faites que je ne devienne pas l’un d’entre eux. »



Une idée bien dérisoire car le Roi de la Nuit ne ferait aucune distinction entre les gens qui succomberaient au cours de cet affrontement, qu’ils furent de basses extractions ou de la noblesse comme l’était Sansa.

Luttant contre ses propres tremblements elle se refusait à périr sans rien faire. Contrairement à Arya et Brienne, Sansa n’y connaissait absolument rien à l’art du combat à l’épée et l’arme ont elle devait usé ne lui avait que rarement servi au cours de sa formation, persuadée qu’elle était de pouvoir échapper à une telle besogne puisque des personnes seraient forcément présentes pour la défendre.

Et à présent Sansa était seule, désespérément seule. Jaugeant la fine lame confectionnée par les forgerons de Winterfell, Sansa la trouva soudain bien dérisoire avec une portée si courte qu’elle en vint à douter de sa réelle identité.

Néanmoins Sansa refusa de sombrer une fois de plus dans une sensation d’abattement. Effectivement elle avait survécu à tant de choses qu’elle ne parvenait à s’imaginer que toutes ses épreuves ne devaient aboutir qu’à ce qu’elle s’éteigne dans l’indifférence la plus complète.

Un bras aussi glacial que la bise alentour lui saisit son poignet et malgré le gant en cuir de bonne qualité, Sansa ne put réprimer un hoquet de surprise. De sa main armée elle trancha le membre et se libéra de cette emprise spectrale. D’autres morts lui attrapèrent différentes parties du corps et Sansa imaginait que ses doigts étaient ceux de Ramsay et le dégoût fit rapidement place à un sentiment de colère et les coups qu’elle porta déchira les peaux pâles qui se mouvaient autour d’elle.

Les spectres étaient pourtant en supériorité numérique et même sa fougue ne faisait pas d’elle une femme douée au corps à corps tant et si bien qu’outre les membres endoloris qui criaient au supplice, une sourde douleur à la poitrine l’empêcha bientôt de respirer convenablement.



« Par pitié que quelqu’un me vienne en aide, sollicita-t-elle autant les déités du Nord que celles que sa mère priait ainsi que l’ensemble des autres territoires des Sept Couronnes. »



Une fois n’était pas coutume, ses suppliques furent ignorées par les divinités. Sansa éprouva alors une désagréable sensation dans la nuque lorsque des doigts s’emparèrent de sa chevelure auburn et la tirèrent en arrière en vue de pouvoir lui trancher sa gorge pâle. Et bien que Sansa mit toute la rage du désespoir dans des mouvements brusques en vue de se dégager, ceci s’avéra rapidement inutile puisque la force de ses spectres étaient supérieurs à la sienne et l’heure de sa fin semblait finalement avoir sonné.

Sansa se prit à penser aux siens et surtout sa mère qu’elle allait bientôt retrouver. Bien plus tôt que prévue. Sansa ferma les yeux en suivant, frissonna au contact glacial de l’acier sur son cou et attendit que tout ceci se terminât.



********************



« On dirait que le petit oiseau a toujours besoin de quelqu’un pour veiller sur elle. A moins qu’elle en ait assez de vivre. »



Cette voix au timbre guttural était reconnaissable entre toutes. Ouvrant les paupières, Sansa réalisa, avec une joie contenue, que le Limier la dominait de toute sa hauteur. Une bonne vingtaine de spectres gisaient à leurs pieds, inertes pour l’éternité.



« Comment m’avez-vous trouvé ? »



Sansa se trouva idiote dès que cette question fut posée. Le Limier venait de la sauver et pourtant elle n’avait rien trouvé de mieux à dire plutôt que de le remercier.



« Je t’ai vu dans les flammes. Ça aurait pas été jolie si j’avais pas été là. »



Sansa ne comprit pas ce que l’autre entendait par là. Certes lorsque Jon avait cette femme rouge à ses côtés, Sansa avait découvert que cette prêtresse pouvait apercevoir des choses dans les feux qu’elle allumait parfois. Seulement comment le Limier pouvait-il avoir obtenu un tel résultat ? L’intéressé paraissait ne pas vouloir s’appesantir davantage sur la question car il pointa son épée vers un point située dans le dos de Sansa.



« D’autres arrivent alors si le petit oiseau veut pas voir sa gorge tranchée elle ferait bien de déployer ses fragiles petites ailes et vite. »



Et en effet beaucoup de cadavres animés se précipitaient droit dans leur direction. D’après la tenue qu’ils portaient, Sansa put déterminer que la majorité d’entre eux étaient d’anciens sauvageons tandis qu’une infime portion des spectres était issue des membres de la Garde de Nuit.

Sansa reprit donc sa course, escortée par un Sandor Clegane dont elle sentait le regard sur sa personne. Une fois de plus elle lui devait beaucoup. Jetant un œil vers ce dernier, Sansa le vit rapidement détourner le regard comme si elle venait de le prendre en défaut.

Cette façon d’agir ne lui ressemblait guère. Sansa repensa à leurs retrouvailles ainsi qu’aux propos qu’il lui avait alors tenu.



« Il semblerait que le petit oiseau a bien grandi depuis la dernière fois. »



Finalement il était probable qu’elle se soit trompée sur le sens exact d’une telle déclaration. Non Sandor n’avait pas prononcé cette phrase dans l’optique de laisser entendre qu’il avait remarqué qu’elle était devenue une femme forte, capable de diriger et non la chose fragile et qui se faisait battre sous les ordres de Joffrey du temps où il l’avait connu à Port-Réal.

Sauf que maintenant, conjugué à son regard, qui à bien y réfléchir lui avait paru concupiscent, lui fit réaliser que le Limier éprouvait peut-être des sentiments pour elle.

Il était tout de même bien étrange de s’interroger sur cela alors qu’ils avaient les morts sur leurs talons. Sansa devait donc se focaliser sur le moment présent et ne pas s’imaginer que Sandor puisse éprouver la moindre inclination sur sa personne.



« Allez petit oiseau, s’ils nous attrapent on risque de devenir pareil à ces putains de macchabées sans cervelle. Et j’ai foutrement pas envie de devenir le pantin d’un putain de roi aux yeux bleus. »



Malgré tout, les efforts que Sansa prodiguait était loin d’être suffisant. Sa poitrine était en feu et si douloureuse qu’elle se demandait combien de temps elle allait pouvoir supporter une telle souffrance. Néanmoins la seule pensée réconfortante que Sansa pouvait tirer de ses mésaventures actuelles, était qu’elle n’avait plus froid.

Et ce qui devait finir par arriver se produisit. Le binôme fut encerclé par des soldats morts dont l’état de décomposition de chair témoignait du moment où la magie du Roi de la Nuit les avait réanimé. Sansa serra donc la dague en verre-dragon dans ses mains tout en avisant la silhouette du château de Winterfell. Le bâtiment paraissait offrir une promesse de sûreté et elle regretta de n’y être pas restée. Nonobstant la distance pour l’atteindre était trop grande et elle n’aurait pu se frayer un passage parmi les lignes adverses.

Seul le Limier pouvait réaliser un tel exploit, d’autant plus s’il s’était décidé à la laisser là pour sauver sa propre existence. Seulement Clegane ne paraissait pas enclin à s’intéresser à son sort et resta donc à ses côtés. De sa main gauche il lui attrapa le menton, par les Dieux que le gant de mailles était glacé, et moins d’une seconde plus tard elle percevait l’haleine chaude du colosse.



« On va pas rester là à attendre de crever comme des chiens. Va falloir se battre mais vu que t’a pas ça dans le sang j’te conseille de rester près de moi parce que je ferai pas demi-tour, c’est clair ? »



Sansa ne croyait pas un instant que cet avertissement aboutirait. Sandor n’était pas venu jusqu’à elle pour la laisser tomber à la première occasion. Elle hocha néanmoins la tête et le Limier s’écarta. Sans trop savoir pourquoi elle soupira de soulagement, persuadée pendant une fraction de seconde que l’autre était sur le point de l’embrasser.

Cette intuition avait été fugace et elle se morigéna silencieusement d’avoir eu ce genre de pensées. Clegane ferraillait déjà contre l’adversaire, sa longue épée dans la pogne droite et une lame en verre-dragon dans la main gauche. L’acier n’était pas très efficace puisque les corps tranchés continuaient de se mouvoir mais au moins cela ralentissait-il suffisamment les spectres pour les distancer.

Après quoi, et lorsqu’une éclaircit apparue dans les rangs des morts, le Limier rangea sa flamberge avant de s’emparer du bras de Sansa et de la tirer afin qu’elle le suive au plus près. Fort était de constater que Sandor avait une idée derrière la tête puisqu’il avait prit la direction de la ville basse.

Certes entre cette dernière et tous deux une bataille avait lieu et tout en fixant les différents combattants Sansa n’aurait pu déterminer lequel des deux camps possédaient l’avantage.



« On dirait que ton putain de Dieu t’a abandonné Dondarrion. »



Sansa ne comprit pas tout de suite à qui Sandor s’adressait puisqu’elle était elle-même focalisée sur la charge d’une centaine de Dothraki dont les montures piétinèrent aussi bien les spectres que les mourants trop affaiblis pour se mouvoir et échapper aux sabots des chevaux. Au moins les propos de Clegane l’incitèrent à se concentrer sur le principal intéressé et non à cette vision d’horreur.

Sandor était occupé à affronter un individu qui lui portait des coups brutaux. Sansa le reconnu aussitôt au bandeau qui lui recouvrait son œil droit. Il s’agissait de Béric Dondarrion, seigneur d’Havrenoir bien que Sansa savait qu’il avait tout abandonné pour rejoindre une Fraternité. Elle n’en connaissait pas davantage et avait peu fréquenté l’homme depuis qu’il avait débarqué à Winterfell où, en compagnie du sauvageon ami de Jon, il avait narré ce qu’il s’était passé du côté du Mur.

Dondarrion avait les yeux bleus et contrairement à ce qu’on lui avait dit son épée ne dégageait aucune flamme. Peut-être cela venait-il du fait qu’il ne comptait plus parmi les vivants. Le Limier contrait les assauts de ce seigneur des Terres de l’Orage mais Sansa avait l’impression que le colosse se refusait à lui porter un coup fatal. Elle y vit là une certaine forme de respect et se questionna sur le lien qui pouvait bien les unir bien qu’il était fort probable que Clegane ne divulguerait rien de cela.



« T’es pas plus capable de réussir à te battre que quand tu étais vivant Dondarrion, glissa Sandor. »



Suite à quoi le Limier porta un coup surpuissant qui trancha le bras qui tenait l’épée de Dondarrion avant que la lame en verre-dragon entre en action et soit enfoncée dans le cœur de Béric qui s’écroula sur le sol enneigé. Voyant que Sandor demeurait sans bouger après avoir effectué ce geste, Sansa hésita un instant sur la conduite à tenir avant de finalement s’approcher de lui et de lui prendre la pogne qui tenait l’arme faite d’obsidienne. Clegane la toisa en retour bien qu’elle se refusait à scruter ce regard et elle se contenta de tirer légèrement sur la main pour qu’il se remette en mouvement.

Il n’était que temps puisque de nouveaux spectres s’amoncelèrent sur le champ de bataille et malgré toute la bonne volonté des Dothraki qui mettaient de l’ardeur à les massacrer, Sansa savait qu’ils n’étaient pas en nombre suffisant pour empêcher que certains des cadavres s’aperçoivent de la présence de deux gens qui allaient à pieds et qui se dirigeaient péniblement vers la ville basse de Winterfell.

Néanmoins les Dieux parurent avec eux puisqu’ils atteignirent une des portes sans rencontrer de réels problèmes, le Limier n’ayant eu aucun mal à mettre hors d’état de nuire la demi-douzaine d’assaillants qui se présenta à eux, aidé par le concours minimaliste de Sansa qui l’avait averti de la promiscuité de ces êtres sans âme.



La ville qui s’étendait devant eux paraissait morte tant il n’y avait personne en vue et Sansa se remémora les journées d’été où des fêtes avaient lieu et elle se revint enfant alors qu’elle exhortait sa mère à pouvoir participer aux danses et aux chants que le peuple effectuaient. Lady Catelyn avait refusé, disant que ce n’était pas là une manière de se comporter. Sansa se promit que si la guerre en cours venait à se terminer et si elle avait l’occasion d’assister à d’autres festivités alors elle oublierait les convenances pour s’amuser. Elle réalisa qu’une larme lui coulait le long de la joue au moment où le Limier la lui essuya.



« Tout va bien petit oiseau, t’es en sécurité avec moi. »



Elle n’en doutait pas bien que son chagrin ne venait pas du fait de redouter une issue fatale pour sa personne. Non Sansa éprouvait un sentiment de désarroi car elle avait conscience que le monde avait changé et que rien ne serait plus jamais comme avant. Sur le point de craquer elle se détourna pour ne pas laisser voir sa faiblesse et se forgea une carapace qui se voulait indestructible. Après quoi elle toisa le Limier et tous deux poursuivirent leur progression dans les rues vides de la ville de Winterfell.



Un bruit sourd retentit soudainement sur leur gauche, un son qui ressemblait tant à un craquement que Sansa fut persuadée que les spectres venaient de défoncer une porte et s’infiltraient à présent au sein de tous les accès en quête de personne qu’ils pourraient éliminer afin que le Roi de la Nuit puisse les faire revenir et ainsi grossir davantage ses forces militaires.



« On ferait mieux de trouver un abri et de nous barricader, affirma Clegane qui était déjà en quête d’une cachette idéale. »



Cependant, et malgré le nombre de demeures qui se dressaient ici et là, il ne faisait nul doute que c’était insuffisant pour escompter échapper à la fouille méthodique orchestrée par les forces du Mal. Le Limier ne s’en démonta pas pour autant et décida de mener Sansa dans la première bâtisse qui était à portée et il barricada l’entrée à l’aide d’une épaisse commode. Le bâtiment possédait un étage et ils gravirent les marches que Sandor décida de briser à grands coups de lame avant de parachever le travail en tambourinant les esquilles via ses pieds bottés.

Ensuite de quoi le duo s’affala, l’un sur le sol et l’autre sur une vieille couche dont le matelas de paille était tout sauf confortable. Sansa ne s’en plaignit pas et observa son vis-à-vis. C’est là qu’elle nota que Sandor arborait une expression de souffrance et lorsqu’elle le vit porter sa pogne au niveau de la poitrine elle nota la présence de sang. Le Limier avait été blessé au cours des affrontements qu’il avait mené et pourtant elle ne s’était rendue compte de rien.



« Laissez-moi vous aidé ser, fit-elle en se relevant. »



Que pouvait-elle faire cependant ? Elle ne possédait rien qui aurait pu l’aider à panser les plaies de son sauveur et ses faibles compétences dans le domaine aurait entraîné plus de contraintes qu’autres choses.



« Tout va bien petit oiseau, ce n’est qu’une égratignure. »



Il minimisait les choses et Sansa était loin d’être dupe. Elle lui adressa dès lors un regard froid et il soutint cette lueur puis ferma les yeux avant de grogner. Manifestement il souffrait plus qu’il ne voulait plus le laisser entendre. Bien décidé à lui apporter son concours malgré tout, Sansa s’approcha de la fenêtre et jeta un coup d’œil à l’extérieur pour s’assurer qu’aucun spectre n’apparaissait. Après quoi elle ouvrit la vitre et tendant ses bras elle se saisit un peu de neige entre ses gants et la déposa non loin du Limier. Elle réitéra l’opération jusqu’à ce qu’elle estime en avoir suffisamment pour escompter nettoyer la blessure du colosse.

Et au moment où elle le sommait de retirer son armure en acier écaillé retentit dans le lointain le son de nombreux cors. Le Limier et elle tournèrent de concert la tête vers la fenêtre avant de se regarder.



« Qu’est-ce que, fit-elle tout en se redressant avant de s’approcher de la vitre. »



Elle tenta de distinguer quelque chose mais ne le put puisque les murs de la cité empêchait de voir ce qu’il se passait au-delà. L’unique vision qui s’offrit à sa personne fut les spectres qui parcouraient les rues, défonçant les portes. Ils approchaient de la bâtisse où elle avait trouvé refuge et préféra reculer pour ne pas être repéré.



« Alors, bougonna le Limier. »



Elle se contenta de secouer la tête avant de le rejoindre.



« Peut-être est-ce ton frère qui sonne la retraite, proposa Clegane. »



Sansa l’observa longuement, Sandor lui paraissait soucieux or il n’était pas le genre de personne à vouloir montrer le moindre signe de faiblesse.



« C’est possible, confia-t-elle sans réellement y croire. A présent nous ferions mieux de nous occuper de votre plaie avant que les spectres ne nous trouvent.

-Qu’importe ce n’est rien. »



Il tenta de se redresser, grogna et s’affala dans sa position initiale. Impuissant il se laissa faire quand Sansa s’occupa de retirer sa protection. Sansa nota qu’il était fort poilu pour un homme avant de se rendre compte de la pensée qui venait de lui traverser l’esprit. Il lui fallait oublier ce détail, aussi se concentra-t-elle sur l’entaille qui couvrait près du sein droit. Elle n’était pas profonde mais sa localisation faisait que le sang coulait suffisamment pour qu’elle en vienne à redouter que le colosse perde connaissance. Malgré tout l’intéressé n’était pas le genre de personne qu’il était aisée à tuer. Après tout d’après le récit de sa sœur Arya sur l’état dans lequel elle avait abandonné c’était un miracle que Clegane ait réchappé au trépas suite à son duel avec Brienne.

Déchirant un morceau du drap usé qui recouvrait la couche elle frotta de la neige dessus et nettoya la meurtrissure au mieux, ignorant les frissons de douleur qui parcourait le corps de Clegane.



« Au moins je pense que vous vous en sortirez.

-Pas si ces putains de cadavres parviennent à nous atteindre.

-Vous avez détruit l’escalier. Comment pourraient-ils le faire ?

-En escaladant la façade. Ces choses… . Rien ne les arrête.

-Craignez-vous donc de mourir, ser ? »



Sandor resta silencieux pendant près de deux minutes. Évidemment qu’il éprouvait une telle crainte. Qui pouvait se targuer du contraire alors que ceci pouvait désormais survenir à tout moment avec la guerre qui faisait actuellement des ravages dans la région Nord de Westeros. Seulement le Limier serait trop fier pour s’étendre sur ses peurs, aussi Sansa poursuivit-elle sa tâche du mieux qu’elle pouvait.

N’ayant rien pour recoudre la plaie elle se leva et fouilla la chambre en quête du matériel adéquat sans rien dénicher. Et ce fut là que la porte en contrebas vola en éclat et des dizaines de spectres firent irruption dans la bâtisse.



« Ils nous ont trouvé, glapit-elle.

-Du calme petit oiseau et pas un bruit. »



Elle obtempéra, priant les Dieux de les aider et de faire en sorte qu’ils parviennent à passer inaperçu. Pendant ce temps au rez-de-chaussée les troupes du Roi de la Nuit provoquaient plus de dégâts qu’une tempête en pleine mer et Sansa retint sa respiration du peur qu’on ne l’entende. Malgré tout elle ne pouvait taire la chamade qui lui tambourinait la poitrine et elle était sûre et certaine que tôt ou tard les spectres s’en rendraient compte.

La silhouette de Clegane s’approcha de sa personne et lui prit ses mains. Quelles étaient chaudes et rassurantes. Puis tous deux restèrent ainsi, sans bouger, à attendre de savoir de quel côté la balance du destin allait pencher.





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