Game of thrones - Fin alternative

Chapitre 11 : Episode 7 : Dix ans plus tard

15288 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/06/2020 12:03

  

           Jon Stark était à cheval sur les terres gelées du grand nord. Il était vêtu de son vieux manteau noir qu’il n’avait plus mis depuis des années. Sur l’autre cheval derrière lui se tenait une fille du nom de Lily qui le suivait dans le froid. Elle regardait à travers les arbres en essayant de voir au travers. Petit à petit, à travers les feuilles enneigées, elle l’aperçut. Le mur. Ils sortirent de la forêt et elle découvrit cet immense mur de glace. Il était moins haut que son imagination avait pu lui faire croire, mais bien plus impressionnant en vrai.

           — Comment as-tu pu escalader un tel mur ?

           — Je me le demande encore.

           — Moi aussi je l’escaladerais un jour !

           — Surtout pas. La moitié de ceux qui l’ont escaladé en sont mort. Et puis, à quoi bon lorsqu’une partie du mur s’est effondré ?

           — On passera par là au retour, n’est-ce pas ?

           — Comme promis.

La trompette du mur résonna. Deux fois pour l’arrivée de sauvageon. Ils chevauchèrent jusqu’au tunnel dans le mur. La porte s’ouvrit et les hommes de la garde de nuit le reconnurent aussitôt. Il fut amené à château noir où ils passèrent la nuit.

La garde de nuit existait encore. Comme lui avait dit Tyrion, il faudra toujours un endroit pour les bâtards et les hommes brisés. Leur mission était toujours la même, protéger le royaume des humains. En l’absence de menace surnaturelle, ils avaient repris leurs vieilles habitudes. La guerre avec les sauvageons n’avait pas repris, mais l’accès aux terres du Sud était régulé et les hommes continuaient de patrouiller au-delà du mur. 

Le lendemain matin, Jon et Lily reprirent la route à cheval pour se rendre à Winterfell. C’était la première fois qu’elle voyait des terres où il n’y avait pas de neige. Les corbeaux de château noir furent plus rapides qu’eux et ils découvrirent le comité d’accueil en entrant. Sansa était habillée de sa robe royale et se tenait avec ses sujets dans la cour. Ils descendirent de leurs chevaux et les rejoignirent. Jon et Sansa s’enlacèrent, puis elle se tourna vers la petite fille.

           — Lily, ça fait si longtemps que je te n’ai pas vu ! Tu ne dois pas me reconnaître ?

           — Tante Sansa.

           — Comment as-tu su ? La dernière fois que je t’ai vu, tu n’avais même pas trois ans ?

           — La reine de Winterfell est forcément la plus jolie.

           — La vérité sort de la bouche des enfants, déclara Jon. Qui sont ces deux garnements derrières toi ?

           — Jon, je te présente ma fille ainée, Alys, et mon fils Cregan. Allez jouer avec Lily, les enfants.

           — Je veux voir le bois sacré, déclara Lily.

Les enfants partirent ensemble sous la surveillance de leur Septa. Jon et Sansa les observèrent un moment.

           — Les enfants ont l’air de bien s’entendre, déclara Jon. J’avais peur qu’ils n’apprécient pas que ce soit une sauvageonne.

           — Les temps ont changé.

Sansa lui présenta ses sujets qui l’accueillirent chaleureusement. Ils les laissèrent ensuite seuls dans la cour.

           — Mais où est Arya ?

           — Tu connais notre sœur, elle ne tient que rarement en place. On ne savait pas que tu arriverais aujourd’hui. Je ne savais même pas si tu allais recevoir mon messager annonçant le retour d’Arya.

           — L’homme que tu as envoyé m’a finalement trouvé et je n’allais pas manquer le retour de ma petite sœur après dix ans en mer.

           — Elle sera sûrement là pour le diner. Comment va la grand-mère de Lily ? demanda-t-elle par politesse.

           — Harma est devenu sénile, soupira Jon. Elle ne se rappelle de plus grand chose. Déjà que grandir sans sa mère est difficile pour Lily … 

           — Le grand Nord n’a pas de pitié pour les accouchements et les personnes âgées, le soutint Sansa.

           — Retrouver une famille plus grande lui fera du bien. Je ne savais même pas que tu avais des enfants.

           — Et bien je n’ai pas été aussi rapide que toi, mais oui, j’ai passé le cap.

           — Tu sais bien que Lily était un accident, dit-il un ton plus bas. Qui est le père ?

           — Ils n’en ont pas. Je ne me suis jamais remarié, pas après ce que j’ai subi. Et il fallait bien prolonger la lignée des Stark.

           — On sait tous les deux ce que sait d’élever des enfants seuls alors. Les seigneurs du Nord n’ont pas trop rallé ?

           — Si, mais qu’importe. Viens, je vais te faire visiter.

Ils marchèrent dans Winterfell. Tout le monde regardait d’un air intrigué le retour de John et s’inclinait devant eux. John observait les bâtiments et ne les reconnaissaient pas tous.

           — Ca a drôlement changé, remarqua Jon.

           — Il a fallu reconstruire.

           — Comment va le Nord ?

           — Le Nord se porte bien. Nous sommes un pays uni et fier.

           — C’était la fin de l’hiver lorsque je suis venue te voir avec Lily. Un hiver de trois ans. Ce long printemps et ce tout nouvel été doit vous faire du bien.

           — Oui, c’est vrai.

           — Les Greyjoy vous posent-ils toujours des problèmes ?

           — Ils n’ont pas changé, ils ont survécu à l’hiver en pillant les ports autour d’eux. Ils n’ont accepté aucune sanction de la part du Nord ou de Port Réal et ils continuent de piller des villes de temps en temps.

           — Yohn Royce n’a pas réglé le problème ?

           — Yohn Royce est un bon roi, mais les iles de fer sont hors de sa portée. La flotte Greyjoy reste la plus imposante des six couronnes. Nous nous sommes vues de nombreuses fois lors de pourparlers avec Yara Greyjoy, mais elle tient bien de son père.

           — La politique, soupira Jon. Ça n’a jamais été pour moi.

           — Veux-tu aller dans la crypte ?

           — Bien sûr.

Elle l’amena en bas. C’était le seul endroit qui n’avait pas changé à Winterfell. Ils se recueillirent devant la tombe de leurs parents, puis Sansa laissa John devant celle de sa mère Lyanna.

 

 

 

Arya revint pour le dîner après sa promenade et eut la surprise de trouver son frère et sa nièce à la table à manger. Jon et Arya s’enlacèrent tendrement. 

           — Je savais que je te reverrais un jour !

           — Je suis désolé, j’ai été coincé sur une ile pendant des années.

           — L’important, c’est que tu sois là.

           — Tu dois être Lily, je présume, déclara Arya.

           — Tante Arya ! C’est toi la grande exploratrice ?

           — Oui, c’est moi.

           — Tu dois avoir tellement d’histoires à raconter !

—  J’ai organisé un grand banquet pour ça, déclara Sansa. Laisse-lui le temps de s’installer. 

—  Ne t’en fais pas ma petite, je vais tout te raconter.

Après de tendres retrouvailles, Arya alla se changer. Elle les rejoignit au banquet qui fut des plus festifs. Arya raconta ses aventures à Jon et Lily, ainsi qu’aux enfants de Sansa toujours aussi captivés.

           — J’ai découvert de nombreuses iles au large de Westeros, déclara Arya. Elles sont habitées par des hommes comme nous, mais j’ai aussi vu une ile remplit d’homme tout poilu, qui ressemblait à des singes.

Les enfants rigolèrent.

           — As-tu vu des monstres ? demanda Lily. Des dragons ?

           — Non, mais j’ai vu le Kraken. Il a englouti mon navire avant même que je ne trouve la moindre terre. On a dérivé pendant des semaines avant de se faire secourir.

           — Heureusement qu’ils étaient là, répondit Jon.

           — As-tu une carte de toutes ces terres ? demanda Sansa.

           — Non, je l’ai perdu sur ma dernière ile. Avec ce Kraken, ce n’est pas une bonne idée d’y retourner de toute façon.

           — Que s’est-il passé sur cette ile ? demanda Jon.

           — C’est une ile au Nord-ouest de Westeros, à un jour de mer à peine. Il n’y a rien là-bas à part le froid. J’y aie échoué à cause d’une tempête et j’ai mis des années avant de construire une barque capable de repartir.

           — Maintenant, tu es avec nous, c’est l’important, déclara Jon.

           — Tu comptes repartir en mer un jour ? demanda Sansa.

           — Non, j’ai eu mon lot d’aventure. Il est temps que je profite de ma famille.

Elle fit un sourire à Lily qui le lui rendit volontiers. Ils terminèrent leur repas dans la bonne humeur.

 

 

 

 

           Tyrion se promenait sur la muraille du donjon rouge de Port Réal à une heure matinale. Il aimait profiter de l’air frais du matin avant la chaleur de la journée. Une brume épaisse recouvrait la mer au loin et il voyait les bateaux de pécheurs disparaitre dedans.

Tyrion occupait toujours son poste de main du roi pour l’honorable Yohn Royce. Dix ans de loyaux services. Il n’avait pas cru tenir aussi longtemps, pas avec sa réputation et son histoire. Pourtant, les gens dans Westeros commençaient à le respecter autant qu’ils le critiquaient. C’était déjà ça.

Les derniers Lannister, des membres éloignés de la famille qui n’en portaient que le nom, ne lui avaient pourtant jamais adressé la parole. Ils restaient pour eux le gnome qui avait tué son père et combattu son fief natal. Il se moquait bien de leurs avis.

Tous les ans, il se rendait sur le roc où s’était tenue sa ville natale. Personne n’y avait touché par respect pour les morts et aucun château ne serait construit sur ce mémorial. La terre était encore noircie et les dernières briques qui n’avaient pas fondu gisaient par ci et là. Il se rappelait comme si c’était hier le jour où la forteresse avait été brûlé. Ses regrets le hanteraient pour la fin de ses jours.

Pourtant, s’il pouvait faire autrement, il savait au fond de lui qu’il recommencerait. Daenerys, malgré sa folie, leur avait laissé une chance de construire un monde meilleur. Sa sœur n’aurait pas fait de même.

Il continuait de marcher sur le rempart, pensant à l’avenir radieux qui attendait son pays, lorsqu’il vit quelque chose sortir de la brume au loin. Des navires. Il plissa les yeux et aperçut de plus en plus de navires sortant du brouillard. Il reconnut l’emblème des Greyjoy sur leur voile. Les cloches sonnèrent dans la capitale. Tyrion se dépêcha de retourner au donjon rouge. La guerre qu’il avait crue si lointaine revenait le hanter.

Une heure plus tard, Yara Greyjoy se rendait avec son escorte dans la salle du trône. C’était l’ancienne grande salle qui avait été réparé. Yohn Royce était assis sur un trône en marbre, les membres du conseil à ses côtés. 

Les Greyjoy marchèrent dans l’allée formés par les deux rangées de gardes royaux. Avec les autres gardes derrière le roi, ils n’avaient aucune chance de survivre s’il fallait dégainer les épées. Pourtant, Yarra se tenait fièrement et avec assurance.

           — Votre majesté, notre flotte fait actuellement le blocus de Port Réal. Nous n’engagerons pas les hostilités si vous n’attaquez pas les premiers. Inutile de dire que notre flotte deux fois plus nombreuses et mieux armées remporteraient le combat facilement, sans compter nos catapultes qui pourraient bombarder votre cité.

           — Que nous vaut cette démonstration de force ? demanda Yohn Royce.

           — Nous désirons l’indépendance des iles de fer, comme le nord l’a eu avant nous. Nous sommes un peuple différent du reste du continent et nous n’avons pas besoin d’un roi à Port Réal pour nous gouverner.

           — Depuis ce long hivers où vous avez pillé et affamé village après village, vous n’avez cessé de tenir tête à la couronne en refusant de payer nos amendes. Et maintenant, vous avez l’audace de venir directement à Port Réal pour nous provoquer ? Jamais nous n’accepterons votre requête !

Tyrion s’avança.

           — Lady Greyjoy, soyez raisonnable. Vous avez l’avantage, je vous le concède, mais aux longs termes, vous ne pourriez que perdre une guerre contre nous. 

           — Nous ne souhaitons pas la guerre, nous ferons seulement le blocus de cette ville. Plus de pêche, plus de commerce avec Essos. Lorsque votre grande capitale sera affamée et que ses habitants fuiront la ville, vous serez bien obligé de reconnaître notre indépendance.

           — Si vous faites cela, ce sera considéré par la couronne comme une déclaration de guerre ! gronda Yohn Royce. Il n’y aura pas de retour en arrière possible.

           — Je reviendrais dans quelques mois pour voir si vous avez changé d’avis. N’essayez pas de m’arrêter, ou mes navires bombarderont la ville en représailles.

Elle fit demi-tour avec son escorte sans les saluer.

Quelques heures après l’arrivée de la flotte des Greyjoy, Yohn Royce s’entretenait avec ses conseillers dans la salle du conseil. Tyrion arriva dans la salle après sa tentative de négociation en mer. Il résuma les revendications de Yarra Greyjoy.  

           — Elle veut l’indépendance des iles de fer et menace de faire le blocus de la capitale pour nous couper de toutes transactions commerciales avec Essos. Elle ne nous attaquera pas en premier, mais ses hommes sont prêts au combat et nul doute qu’ils vont piller tous les villages voisins.

           — Nous ne pouvons pas accepter leur ultimatum, gonda Yohn Royce. Sinon, les autres royaumes se révolteront les uns après les autres. Nous devons faire un exemple.

           — Mon roi, intervint Tyrion, nous devons éviter à tout prix une nouvelle guerre. Il nous reste encore la diplomatie.

           — Cela fait des années que les Greyjoy nous rient au nez. Nous n’avons rien fait pour éviter une guerre et voilà où nous en sommes. Maître des navires, quel est le statut de notre flotte ?

           — La moitié de nos navires sont à Port Réal, prit dans le blocus, répondit Sir Davos. Les autres sont éparpillés sur les côtes de Westeros. Engager le combat en mer serait risqué.

           — Nos alliés du Nord pourraient attaquer leur terre sans défenses, proposa le maître de la guerre.

           — Sansa Stark refuse de leur déclarer la guerre malgré les tensions qu’ils ont avec eux, répondit Yohn Royce.

           — Nous avons toujours le feu grégeois, votre majesté, rappela le grand argentier Bronn. Cela a fait une différence capitale lors de la bataille de la Nerra contre la flotte de Stannis.

Sir Davos grimaça amèrement à ce souvenir.

           — Leur flotte serait détruite et nous pourrions aisément envahir les iles de fer et mater cette rébellion, approuva le maître de la guerre.

           — Ce sera un bain de sang, votre majesté ! continua Tyrion.

           — Alors quelles sont les alternatives ? demanda Yohn Royce.

Tyrion se mit à réfléchir à toute vitesse, ses doigts tapant nerveusement contre sa jambe.

           — Daenerys, lâcha-t-il.

Tout le monde le regarda comme s’il avait commis un blasphème.

           — Elle s’est retiré du monde, mais elle aide encore Meereen lorsqu’ils sont attaqués par des envahisseurs. Ses attaques sont préventives et ne font que peu de mort. Nous pourrions lui demander de venir vous aider.

Les autres protestèrent contre cette idée, sauf Yohn Royce qui le regardait en réfléchissant.

           — Même après tout ce temps vous lui êtes fidèles ! l’accusa le maître des chuchoteurs !

           — Elle a failli tous nous brûler et vous voulez la ramener ici ! cria Bronn.

           — Silence ! ordonna Yohn. Elle a brûlé votre fief natal, vous ne l’avez pas revue en dix ans. Pourquoi lui feriez-vous confiance ?

           — Je l’ai observé de loin et elle me semble avoir retrouvé une vie respectable. Elle a commis des erreurs terribles, oui, mais elle en a tiré ses leçons.

— La ramener ici ne lui réveillerait elle pas de mauvais souvenirs ? Elle risquerait de se battre à nouveau pour le trône.

           — Elle s’est éloigné du pouvoir, elle n’en a plus que faire.

           — Le peuple sera terrifié à son retour. Les seigneurs me prendront pour un faible incapable de se défendre lui-même.

           — Mais la paix sera préservée.

Yohn Royce le fixa un moment.

           — Envoyé lui un message, répondit-il. Les chances qu’elle vienne sont minces de toute façon. Et que personne ne sache que c’est nous qui l’avons appelé.

Tyrion s’inclina devant lui et partit. C’était un pari risqué, mais il était prêt à tout pour maintenir la paix.

 

 

 

           Daenerys se tenait en haut d’un vieux temple de pierre. Elle avait une grande vue sur la ville en ruine en dessous d’elle. Elle pouvait aussi contempler les fautifs de toute cette destruction. La chaine de volcan au loin, qui avait causé un cataclysme apocalyptique il y a quatre siècles de cela. La capitale de l’empire d’Essos, Valyria, avait péri en moins d’une journée. Cet évènement avait poussé la famille des Targaryen à migrer à Westeros, après quoi « Aegon le conquérant » avait unifié le continent avec ses dragons et forger le trône de fer. Elle était revenue aux origines de sa lignée.

Valirya n’était plus que des ruines, un endroit de mort où on envoyait tous les malades atteints de la grisécaille. Un endroit pour les rebus du monde, telle qu’elle se voyait elle-même. En haut de son temple, aucun des malades ne pouvait l’atteindre et la présence de Drogon dissuadait les moins fous d’entre eux. Il lui arrivait de descendre pour en aider certains. Elle portait alors de lourdes couches de vêtements pour se protéger de la maladie qui se transmettait au touché.

D’ici, elle pouvait recevoir des corbeaux et avoir des nouvelles du monde. Il lui arrivait de quitter la ville avec Drogon pour défendre une citée assiégé par l’ennemi. Elle s’efforçait de faire le moins de mal possible et ne demandait rien en échange.

Elle souffrait encore du génocide qu’elle avait causé et continuait de vivre seule. Même si ses intentions avaient souvent été bonnes, elle réalisait toutes les choses horribles qu’elle avait faite. Elle avait même dû se retourner contre les Dothrakis pour les empêcher de piller une citée. Elle voyait maintenant à quel point ce peuple qu’elle avait aimé était barbare et inhumain.

Elle fut fort surprise de recevoir un corbeau de Westeros et ouvrit la lettre. Elle était signée de Tyrion :

« Cher Daenerys Targaryen, en tant que main du roi des six couronnes et parlant en son nom, je vous demande votre aide. Port Réal est assiégé par la flotte des Greyjoy qui demandent leur indépendance. Leurs revendications mèneraient au déchirement du royaume qui plongerait alors le continent dans la guerre civile et nous n’avons d’autres choix que de leur faire la guerre. Nous vous demandons de nous aider comme vous avez aidé les cités d’Essos ces dix dernières années. Je sais que vous ne nous devez rien et que le peuple de Westeros ne vous a pas bien traité, mais je vous le demande, aidez-nous à empêcher une guerre. »

Daenerys broya la lettre et la jeta par terre. Jamais elle n’aurait imaginé que Westeros lui demanderait de revenir. Elle en voulait aux habitants de l’avoir rejeté, à Tyrion de l’avoir trahi et à leurs soldats d’avoir tué son dragon Rhaegal. Elle savait pourtant que sa colère masquait sa propre culpabilité. Elle tenait là une occasion de se racheter et de s’apaiser la conscience. Mais elle avait peur de sa propre ambition. Elle avait peur de convoiter à nouveau le trône de Port Réal.

Comme s’il lisait dans ses pensées, Drogon atterrit sur le temple et posa son aile à ses pieds pour qu’elle monte. Elle lui sourit et monta sur son dos.

 

 

 

           Cela faisait deux semaines que la flotte Greyjoy faisait le blocus de Port Réal. La guerre n’avait pas encore éclaté, mais les deux camps étaient sur les nerfs. Yara Greyjoy sur son bateau ressentait l’impatience de ses hommes d’en découdre. Ils gagneraient la bataille, oui, mais la guerre, c’était moins sûr. Elle comptait sur la résiliation de Yohn Royce.

Elle s’était levée à l’aube et se tenait sur le pont. Le soleil bas dans le ciel éclairait à nouveau et les sentinelles fatiguées commençaient à se détendre. C’était le meilleur moment pour une attaque surprise et elle le savait. Elle leur criait de ne pas s’endormirent et d’attendre la relève, lorsqu’elle aperçut Drogon au dernier moment.

Daenerys et son dragon avaient volé en rasant les vagues, le soleil dans leur dos éblouissant les sentinelles.

           — Dracaris, murmura-t-elle.

Drogon brûla les voiles de toute une rangée de navires avant de s’élever haut dans le ciel. Yarra le regarda sans en croire ses yeux. Elle vit aussi ses hommes redresser les scorpions vers la bête. Ils n’en avaient qu’une dizaine, les derniers construits par son horrible oncle.  

           — Non ! Ne tirez pas ! ordonna-t-elle.

Ses hommes relayèrent ses ordres dans toute la flotte. Ils n’auraient pu toucher le dragon qui avait déjà quitté le champ de bataille de toute façon. Son arrivée venait de tout changer dans ses plans et elle fut touchée par le désespoir et l’impuissance.

Quelques heures plus tard, Yarra avait dirigé son bateau loin de la flotte. Elle était seule, telle une proie facile. Ses hommes craignaient qu’ils se fassent brûler vif, mais personne n’était mort dans la première attaque et il n’y avait pas de raison que cela change.

Daenerys les rejoignit et Drogon se posa à bâbord. Ses hommes furent terrifiés et reculèrent, sauf Yarra qui avança avec assurance vers eux. Daenerys resta sur son dragon.

           — Pourquoi vous attaquez nous ? Pourquoi êtes-vous revenus ?

           — J’ai entendu que Westeros était à l’aube d’une guerre. Je suis venu pour l’en empêcher.

           — Nous étions alliés autrefois, pourquoi vous retournez vous contre nous ?

           — Vous aviez juré d’arrêter de piller les villes autour de vous.

           — Vous étiez parti.

           — Alors notre alliance n’a plus lieu. Si vous n’abandonnez pas vos résolutions et que vous ne respectaient pas votre roi, je n’aurais aucun scrupule à brûler toute votre flotte. J’ai déjà brûlé celle de votre oncle qui était bien plus grande. Je suis déjà haï dans tout Westeros, je le referais pour garantir la paix.

Drogon s’envola dans le ciel et Yarra les regarda partirent impuissante. Elle n’aurait jamais pu imaginer ça. Elle savait qu’il ne lui restait plus qu’à partir.

 

 

 

           Le lendemain, la flotte des Greyjoy était repartie. Du moins, une petite partie d’entre eux, car la majorité était en ce moment même ramenée au port par Sir Davos. Tyrion était monté sur le bateau de Yarra pour imposer les conditions de Yohn Royce et organiser une trêve. Les bateaux récupérés couvriraient la dette impayée, l’argent perdu dans le blocus, et garantirait surtout que les Greyjoy ne seraient plus capables d’une telle attaque.

La population ne savait pas quoi penser de ce qui s’était passé. La peur de Daenerys était encore très présente dans les esprits, mais personne ne pouvait nier qu’elle avait empêché une guerre.

Daenerys et son puissant dragon se posèrent dans l’ancienne arène près de Port Réal. Tyrion et Brienne de Torse l’y attendait. Tyrion fut ému de la revoir descendre de son dragon, une image qu’il ne pensait plus jamais revoir. Daenerys aussi se sentait bizarre, mais n’en laissa rien paraitre. Elle avança jusqu’à eux et regarda son ancienne main.

           — Ma … Votre … Lady … bégaya-t-il en ne sachant plus comment l’appeler.

           — Daenerys suffira.

           — Merci d’avoir répondu à notre appel, enchaina-t-il. Je sais que vous n’aviez aucune obligation et toutes les raisons de ne pas le faire. Cela rend votre geste encore plus noble.

           — C’était avec plaisir.

           — Le roi Yohn Royce souhaite vous rencontrer au donjon rouge si vous voulez bien.

           — Allons-y.

Elle les suivit vers Port Réal et Drogon s’envola dans les airs pour la surveiller. Si quoi que ce soit lui arrivait, tout le monde savait que son fidèle dragon brûlerait la ville.

           — Je dois avouer que je suis surprise que vous ayez fait appel à moi. Après ce que j’ai fait.

           — Je ne peux vous pardonner la destruction de ma ville natale, mais je peux reconnaître que vous n’êtes plus la même.

           — La soif de pouvoir m’avait aveuglé, mais maintenant, je réalise toutes les atrocités que j’ai commises. Si seulement je vous avais plus écouté, peut-être aurais-je put contrôler les ténèbres qui m’habitaient.

           — Il n’y a pas que du mauvais en vous, ma … Daenerys. Vous avez mis fin au règne de Cersei. Westeros serait condamné à vivre sous la tyrannie des Lannister pour les siècles à venir.  

— Il est dommage que le prix d’un monde libéré de la tyrannie soit si lourd, déclara Brienne.

Tyrion et Daenerys approuvèrent.

Ils atteignirent la salle du trône dans le donjon rouge. C’était la même salle où elle avait siégé dix ans plus tôt. Elle remarqua les réparations faites et l’absence du trou dans le mur où Drogon avait l’habitude d’entrer. Le plus frappant était bien sûr l’absence du légendaire trône de fer. Le roi Royce siégeait sur un trône en marbre encore plus imposant.  Tyrion l’accompagna devant lui.

           — Les six couronnes vous remercient pour ce que vous avez fait.

           — Je suis ravie d’avoir empêché une nouvelle guerre.

           — Vous êtes la bienvenue à Westeros, mais le peuple a encore des méfiances à votre égard. Avez-vous des projets pour l’avenir ?

Daenerys afficha un sourire pour cacher sa frustration de se sentir rejeté aussi vite.

           — Je ne compte pas me battre à nouveau pour le trône si c’est ce que vous craignez. Je me bats seulement pour les oppressés, que ce soit les esclaves où les victimes qui périssent dans les guerres qu’ils n’ont pas demandées. Je ne compte pas m’éterniser, n’ayez crainte.

           — Je vous donnerai une chambre, restez aussi longtemps qu’il vous plaira. Je dois régler quelques détails, nous nous retrouvons pour le diner ?

           — Avec plaisir, votre majesté.

Elle fit demi-tour. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas dû se montrer sociable, encore moins face à quelqu’un supérieur à elle. Elle ressentait au fond d’elle sa colère contre cet homme qui occupait la place qu’elle avait tant désirée et décida de se reposer dans sa chambre. Tyrion l’accompagna et elle s’adressa à lui pour lui poser la question qui lui brulait les lèvres.

           — Qu’en est-il de Jon Snow ?

 

 

 

           Lily jouait avec ses deux cousins dans le bois sacré. Ils s’entendaient assez bien et elle était heureuse de découvrir une nouvelle partie de sa famille. Elle était impressionnée par ces deux « petits seigneurs » qui avaient vécu dans ce château toute leur vie, alors qu’elle était ce qu’on appelait ici une « sauvageonne », mais elle était plus grande qu’eux et elle ne se laissait pas intimider.

Ils jouaient à touche-touche lorsqu’elle aperçut quelque chose dans le ciel. Quelque chose de gros et rapide.

           — Un dragon ! cria Cregan.

Ils regardèrent la bête majestueuse voler dans le ciel.

           — On devrait se mettre à l’abri, déclara Alys.

           — Non, c’est la reine des dragons ! cria Lily. C’est notre alliée, elle a tué le roi de la nuit ici même !

           — C’est ta grand-tante, non ? demanda Cregan.

           — Chut, Cregan ! chuchota Alys.

Ils partirent comme s’ils avaient dit une bêtise. Lily resta sans voix en apprenant cette nouvelle.

Drogon se posa à l’extérieur de Winterfell. Les soldats se mirent en position de défense tant ils étaient nerveux. Jon et Sansa les calmèrent et préparèrent le comité d’accueil dans la cour.

           — Pourquoi viens-t-elle ici ? demanda Jon.

           — A-t-on avis ?

           — Comment aurait-elle su que je suis là ?

           — Port Réal a des yeux partout. Tu peux être sûr que Tyrion lui a dit.

Les sujets de Sansa étaient à nouveau réunis comme à l’arrivée de Jon et ils attendirent qu’elle entre. Lily fut plus rapide et accourut vers son père.

           — Ne reste pas ici, ordonna Jon.

           — C’est vrai ? C’est ma grand-tante ?

           — Quoi ? Où as-tu entendu ça ?

Il se tourna vers Sansa d’un air furieux.

           — Je leur avais dit de ne rien dire, se défendit-elle.

           — Pourquoi voulais-tu me le cacher ? insista Lily.

           — J’allais te le dire ma chérie, mais les rumeurs se propagent trop vite ici. J’ai été élevé par les Stark, mais le sang des Targaryen coule aussi dans mes veines. Maintenant rentre. C’est une histoire d’adultes.

           — Je veux la voir ! protesta Lily.

Il s’apprêtait à l’emmener lui-même à l’intérieur, lorsque les portes s’ouvrirent et laissèrent entrer Daenerys. Son instinct lui disait de lui cacher son existence, mais c’était trop tard.

           — Ne dit pas un mot, murmura Jon.

Daenerys arriva jusqu’à eux. Vêtue d’une robe blanche, elle avait une démarche toujours aussi assuré et n’avait rien perdu de son élégance.

           — Daenerys Targaryen, bienvenue à Winterfell, déclara Sansa.

           — Mes hommages, reine du nord.

           — Que nous vaut le plaisir de votre visite ?

           — C’est ce que tout le monde me demande. Ne vous en faites pas, je n’ai plus aucune prétention au trône. Je viens juste prendre des nouvelles.

           — Oublions ces vieilles histoires de politiques. Vous avez combattu à nos côtés contre les morts et vous avez tué le roi de la nuit. Vous serez toujours la bienvenue ici. 

           — Merci, Sansa, répondit-elle surprise.

Elle regarda Jon qui ne savait pas quoi dire.

           — Bonjour, Jon.

           — Bonjour, Daenerys.

           — Qui est cette petite fille qui se tient prêt de toi ?

           — Je suis Lyanna Stark, répondit-t-elle fièrement, fille de Jon Stark. Mais vous pouvez m’appeler Lily.

           — Enchanté Lily. Qu’est-ce que tu es grande, tu dois avoir huit ans ?

           — Neufs ans !

           — Tu n’as pas perdu de temps, fit-t-elle remarquer à Jon.

           — Désirez-vous que je vous fasse le tour de Winterfell, proposa Sansa pour sauver son frère qui ne savait plus où se mettre. Nous avons fait de nombreuses modifications depuis votre dernière visite.

           — Avec plaisir.

Elles partirent toutes les deux. Jon lança un regard réprobateur à sa fille qui le regarda avec ses yeux innocents. Il ne put lui en vouloir et l’amena dans leur chambre pour lui raconter la longue histoire de ses origines.

 

 

 

           La nuit tomba et Daenerys eut sa propre chambre dans le château. Bien plus loin, Alys, Cregan et Lily dormaient ensemble dans la même chambre. Ou plutôt, ils parlaient de Daenerys et de toutes les histoires qu’il y avait autour d’elle.

           — Il paraît qu’ils étaient amoureux, déclara Cregan.

           — Vraiment ? Mais ils sont de la même famille ! répondit Lily scandalisé.

           — C’est courant chez les Targaryens. Tu crois qu’ils vont se remettre ensemble ?

           — Je ne pense pas, déclara Alys. Il paraît qu’elle part demain.

           — Oh, non, soupira Cregan. J’aurais tellement aimé voir son dragon.

           — Tout le monde dort, on pourrait y aller, proposa Lily. 

           — Es-tu folle ? demanda Alys. C’est interdit !

           — Et alors ? On est des enfants, ils ne vont rien nous faire.

           — Je veux voir son dragon, répéta Cregan.

           — C’est dangereux, il pourrait nous attaquer.

           — Je suis la fille de « Aegon Targaryen ». Il ne nous fera pas de mal. Mais je suppose que sortir de votre château sera plus difficile que de faire le mur chez moi.

           — On connait un moyen de sortir ! déclara Cregan.

           — Chut !

           — Super, allons-y, proposa Lily.

           — Non, insista Alys.

           — Ce que mes camarades dans le nord disaient été vrai en faites. Les petits seigneurs sont des trouillards !

           — Je ne suis pas une trouillarde ! Je viens avec vous, mais c’est seulement par ce que sans moi, vous vous ferez prendre !

Ils se changèrent pour sortir. Alys les mena à une portion du mur du bois sacré que l’on pouvait escalader, comme leur oncle Bran avant eux. Ils marchèrent dans la forêt sous la lueur de la lune.

           — Je l’ai vue faire son nid par ici depuis le rempart, déclara Lily.

           — On est perdu, rétorqua Alys, rentrons.

           — Attend, écoute !

Ils entendirent un bruit de respiration. Il était fort, trop fort pour être celui d’un homme ou d’un ours.

           — J’ai peur, se plaignit Cregan.

           — N’ayez pas peur, suivez-moi !

Lily courut vers la source du bruit. Elle s’arrêta lorsqu’elle distingua cet énorme monstre allongé au milieu des arbres. Elle s’approcha lentement.

           — Lily, non, murmura Alys.

Trop tard. Elle ne pouvait plus s’arrêter. Elle devait s’approcher. Elle arriva jusque devant sa gigantesque gueule. Elle approcha sa main et la posa sur sa peau. Elle était si chaude. Elle la retira brusquement lorsque ses yeux s’ouvrirent.

Drogon se réveilla et rugit devant elle. Aucun des enfants ne put faire le moindre pas tant ils étaient pétrifiés. Puis, sans prévenir, il se calma et s’allongea à nouveau où il était. Lily reprit sa respiration. Elle sursauta lorsqu’elle entendit une voix derrière elle.

           — Les petites filles de ton âge ne devraient pas se balader dans la forêt en pleine nuit. Surtout lorsqu’elle est habitée par un dragon.

           — Daenerys ! Désolé, il fallait que je le voie.

           — Une bête majestueuse, n’est-ce pas ?

           — Ne le dites pas à mon père, par pitié !

           — Si tes cousins se taisent aussi, il ne saura rien.

           — Ils se tairont, je vous le promets.

           — Alors va, maintenant. Avant que quelqu’un remarque votre absence et que cela me retombe dessus.

Lily courut rejoindre ses cousins et ils disparurent dans les bois. Daenerys alla voir Drogon qu’elle trouvait plus calme que d’habitude. Il était recroquevillé sur lui-même, comme s’il cachait quelque chose. Elle s’approcha et il lui révéla les trois pierres sur lesquels il était assis. Elle eut un choc en les voyants. C’était des œufs de dragon.

 

 

 

           Le lendemain, Daenerys trouva un moment pour parler seule avec Jon. Il l’avait évité depuis tout ce temps, mais elle réussit à le coincer dans la cour pendant qu’il surveillait sa fille.

           — Lily est une fille remarquable.

           — Elle est ce qu’il y a de plus cher à mes yeux, dit-il en se retournant.

Elle vint s’assoir sur son banc.

           — Elle est comme toi, le sang des Stark et des Targaryens coulent dans ses veines.

           — Et celui d’une sauvageonne aussi.

           — Elle vous attend dans le nord ?

           — Elle est morte à l’accouchement.

           — Comme ta mère, soupira-t-elle. Je suis désolé.

           — Merci.

Elle essaya de trouver une manière subtile de dire ce qu’elle avait à dire, puis décida de ne plus tourner autour du pot.

           — Elle est la dernière des Targaryen après nous.

           — Et alors ?

           — J’ai toujours cru que, ne pouvant plus avoir d’enfant, ce serait moi la dernière. Mais notre lignée à une chance de continuer.

           — Avec tous les problèmes qui vont avec ? Elle grandira dans le nord avec le peuple libre, là où son nom ne signifie rien.

           — Tu as renoncé au trône, tout comme moi. Mais nous ne pouvons ignorer son potentiel ou choisir à sa place.

           — Et quel est-il ce potentiel ? Régner sur Westeros ? Sur Essos ? Je ne veux pas de ça pour ma fille ! Et je t’interdis de lui parler de quoi que ce soit. Tu m’as bien compris ?

           — Oui, j’ai compris, répondit-elle amèrement.

Jon amena Lily avec lui pour s’éloigner d’elle. Daenerys resta dans la cour à méditer. Jon avait toujours plus été un Stark qu’un Targaryen. Il ne comprendrait jamais.

 

 

 

           Quelques jours plus tard, Daenerys était toujours à Winterfell. Elle avait prétexté vouloir se recueillir sur la terre où tant de ses hommes étaient mort. Personne ne l’avait encore chassé et personne ne le pourrait de toute façon. Sansa s’était montrée bien plus amicale que dans ses souvenirs et elle arrivait même à apprécier sa compagnie.

Jon faisait tout pour éloigner sa fille d’elle, mais cela ne l’a dérangé pas. Elle savait que la petite futée viendrait la voir par elle-même. Lily toqua à sa porte à la nuit tombée et elle lui ouvrit.

           — Entre, ma puce.

           — Merci.

Elle referma la porte et s’assit sur le lit.

           — Que me vaut l’honneur de ta visite ?

           — Je voulais vous demander quelque chose, grand-tante Daenerys. Est-ce que je pourrais monter sur Drogon un jour ? Comme mon père l’a fait il y a si longtemps.

           — Bien sûr, ma puce. Tu es une Targaryen, c’est ton droit.

           — Vraiment ?

           — Quand tu seras grande, on volera ensemble au-dessus du mur.

           — Oh, répondit-elle déçut. D’accord.

Daenerys attrapa quelque chose sous son lit et lui montra.

           — Cette pierre est très belle ! s’exclama la petite.

           — Ce n’est pas une pierre, dit-elle en la lui tendant.

Lily l’inspecta sous tous les angles.

           — Sais-tu pourquoi on m’appelle l’imbrûlé ?

           — Par ce que vous ne craignez pas les flammes, mais je sais faire la différence entre les histoires pour enfants et la vérité !

Daenerys prit la chandelle sur la table de nuit et passa sa main dessus, provoquant une grimace chez la petite. Elle lui montra ensuite sa peau dénuée de brulure.

           — Waouh !

           — Essayes toi aussi.

Lily hésita, mais elle lui prit sa main et la passa dessus.

           — C’est à peine chaud. Ce n’est pas normal.

           — C’est bien ce que je craignais. Tu es comme moi.

           — C’est un œuf de dragon, c’est ça ? Comme les pierres avec lequel vous êtes entré dans le bucher d’après les histoires de mes cousins.

           — Tu es la dernière des Targaryen. Tu peux devenir la mère de la nouvelle génération de dragons.

           — Vraiment ? C’est fantastique !

           — Ton père n’acceptera jamais que tu les fasses éclore, répondit-elle agacé. Il aura trop peur que tu finisses comme moi.

           — Non, s’il vous plait ! Je veux élever des dragons moi aussi !

           — C’est une vie dure et solitaire, qui ne m’a causé que du malheur. Je peux t’aider à faire mieux que moi, mais il te faudra faire de nombreux sacrifices.

           — Je ferais tout ce que vous voudrez.

           — Même quitter ton père pour les années à venir ?

Elle hésita longuement.

           — Je le reverrais un jour ?

           — Bien sûr.

           — Je peux lui dire aurevoir ?

           — Il ne te laissera pas partir si tu lui dis.

           — Désolé, je ne peux pas.

           — Je comprends, soupira-t-elle. J’essaierai de te retrouver quand tu seras grande, si ton père ne t’a pas trop bien caché.

Elle lui montra la porte Lily sortit de sa chambre, troublé par ce qui venait de se passer. Elle retoqua à sa porte à l’aube, son sac de voyage entre ses bras. Daenerys l’emmena hors de Winterfell jusqu’à Drogon. Lily hésita à nouveau, mais elle prit la main de sa grand-tante qui la fit monter sur son dos. L’excitation de monter sur une telle bête lui fit oublier sa peine de quitter son père. Daenerys se mit derrière elle et Drogon s’envola dans les airs. Ils s’élevèrent dans le ciel et filèrent vers le soleil levant.  

Quelques heures plus tard, tout Winterfell était alarmé suite à la disparition de la petite Lily. Le départ de Daenerys sans prévenir ne pouvait pas être une coïncidence. Jon était furieux et Sansa n’arrivait pas à le calmer.

           — Comment a-t-elle osé me prendre ma fille ? Tout ça par ce qu’elle a un peu de sang Targaryen en elle ! Je croyais qu’elle avait changé, mais je me suis bien trompé ! C’est toujours une femme cruelle qui prend ce qu’elle veut sans se soucier des autres !

           — On peut essayer de les retrouver.

           — Elle s’est envolé ! Envolé ! Je savais que j’aurais dû quitter Winterfell à son arrivée ! Pourquoi ai-je été si bête ?

           — Tyrion pourrait t’aider à la localiser. Les espions de Port Réal couvrent tout Essos.

           — Non, il y a mieux à faire.

Il lui expliqua son plan et se prépara à partir.

 

 

 

           Jon chevauchait depuis des jours aussi vite qu’il le pouvait. Pas vers le sud, mais vers le nord. II avait dépassé le mur et s’enfonçait encore plus loin au nord que le peuple libre n’osait le faire. Il arriva jusqu’à un Barral, un arbre des anciens dieux. Il mit pied à terre et approcha, lorsque des enfants de la forêt surgirent des branches de l’arbre et le mirent en jouent.  

           — Je suis Jon Stark, je viens en paix, dit-il en montrant ses mains.

Les enfants de la forêt le fouillèrent et le trainèrent vers l’arbre sans ménagement. Ils le firent entrer dans la grotte où poussaient les racines du Barral. Une montagne de ses racines entourait un être vivant. Une femme. C’était Nissa.

Il y a dix ans de cela, après la mort de Bran, Nissa avait fait des rêves étranges où elle voyait une corneille à trois yeux. Après être revenu dans les terres d’au-delà du mur avec Jon et le reste de son peuple, ses rêves s’étaient intensifiés. Elle avait d’abord tenté de repousser son destin, désirant simplement vivre seul et loin des autres. Puis, elle était tombée malade et avait raconté ses rêves à Jon. Il l’avait alors amené jusqu’au Barral des enfants de la forêt, comme son frère Bran avait fait avant lui. Là, il avait rencontré les enfants de la forêt, les derniers d’entre eux revenus après la disparition des marcheurs blancs. Ils avaient aidé Nissa à devenir la corneille à trois yeux, chassant presque Jon de leur terre.

Les enfants de la forêt l’agenouillèrent devant leur chef, un enfant plus grand que les autres.

           — Je t’avais dit de ne plus revenir ! s’énerva leur chef.

           — Il le fallait. Il faut que je parle à Nissa.

           — Nissa n’est plus, elle est la corneille à trois yeux.

           — Je sais ce qu’elle t’a fait, déclara l’intéressé depuis ses branches.

           — Sais-tu où elle est allé ?

           — Je le sais, oui.  

           — Et elle n’a aucune obligation de te le dire ! protesta leur chef.

           — J’ai eu une vision de l’avenir, continua Nissa. La guerre entre les enfants de la forêt et les hommes va reprendre. Maintenant que les marcheurs blancs ne sont plus là, il n’y a plus rien pour les défendre.

           — Des sauvageons sont déjà venus jusqu’ici et s’en sont pris à nous ! déclara leur chef.

           — Je m’en occuperais alors, promit Jon. Je ne sais pas si je peux empêcher une guerre, mais je vous promets que je dédierais ma vie à éloigner les hommes de vous.

           — Jon Stark est un homme de parole, déclara Nissa. Daenerys a emmené ta fille sur l’ile d’Iben, au nord d’Essos.

           — Merci Nissa.

           — Part maintenant, Jon Stark, avant que l’on ne change d’avis, le menaça leur chef.

Il s’en alla sous le regard méfiant des enfants de la forêt. Cette ile était loin de Westeros, un endroit où Daenerys pensait pouvoir lui cacher sa fille. Il allait lui prouver que non.

 

 

 

           Cela faisait deux semaines que Lily vivait avec Daenerys en haut d’une montagne de l’île d’Iben. Daenerys était très gentille avec elle et elle l’aimait beaucoup. Elle lui apprenait l’histoire de sa famille et la préparait à devenir la nouvelle mère des dragons. Drogon la traitait comme une reine et elle aimait s’amuser avec lui.

Son père lui manquait, bien sûr. Le pire était de ne pas avoir pu lui dire aurevoir. D’après sa grand-tante, elle le reverrait d’ici plusieurs années, lorsqu’elle serait prête à embrasser sa destinée.

La grande ile d’Iben était peuplée de plusieurs villes. Daenerys avait d’abord refusé qu’ils fréquentent ses habitants, mais Lily avait trouvé cela bien trop solitaire. Elle avait réussi à la faire céder, jouant sur ce qu’elle avait sacrifié pour la suivre. De temps en temps, ils allaient dans une petite ville où elle pouvait jouer avec les autres enfants. Daenerys leur avait promis sa protection s’ils veillaient à ce que personne ne sache qu’elles étaient ici.

Daenerys surveillait Lily qui s’amusait avec deux de ses amis. Elle l’aimait de plus en plus et la considérait comme sa propre fille. Elle était comme l’enfant qu’elle n’avait jamais eu. Elle culpabilisait de l’avoir arraché à Jon, mais il n’aurait jamais pu comprendre.

Le chef du village accourut vers elle.

           — Votre majesté, vous devez venir voir !

Elle jeta un œil vers Lily qui semblait calme, parlant simplement avec ses amis. S’occuper d’une enfant de son âge s’était avéré bien plus difficile que prévu. Lily était une fille énergique qui ne tenait pas en place et avait l’art de s’éclipser. Elle espéra que ce serait rapide.

           — J’arrive, répondit-elle  

Le chef du village l’amena vers une taverne.

           — Un bateau a accosté ce matin. Nous avons capturé leur équipage.

Daenerys craignit le pire. Ils rentrèrent et elle découvrit huit hommes à genoux, plus une femme qui la dévisagea.

           — Arya ? Où est Jon ? s’inquiéta Daenerys.

           — Mort en mer ! déclara Arya en colère. Je vous souhaite bon courage pour expliquer ça à sa fille.

           — Je ne te crois pas. Fouillez l’ile, il est forcément quelque part !

Ses hommes obéirent et sortirent organiser une battue. Danerys courut vers la place où jouaient Lily et ses amis, mais ne trouva aucun des trois garnements.

           — Lily ! cria-t-elle terrifié.

Elle partit à sa recherche.

Plus loin, au bord de l’eau, Drogon s’abreuvait tranquillement. Lily et ses amis l’avaient vu voler par ici et elle les avait convaincu de venir le voir. Ses deux amis restaient planqués derrière les arbres tandis que Lily s’approchait de lui. Elle ignorait qu’une troisième paire d’yeux l’observait aussi.

Jon avait échappé à la capture et avait suivi Drogon, espérant trouver Daenerys ou sa fille. Son instinct paternel lui commanda de se jeter entre elle et Drogon avant qu’il ne lui fasse du mal, mais il comprit qu’elle était en sécurité. Elle lui caressa le visage, puis Drogon s’envola dans les airs. C’était le moment parfait et Jon le saisit.

           — Lily !

           — Papa ?

Ils coururent l’un vers l’autre et s’enlacèrent. Ses amis s’enfuirent en courant.

           — J’ai eu si peur !

           — Comment m’a tu retrouvé ?           

           — J’irais jusqu’au bout du monde pour toi ! Viens, nous devons repartir avant qu’elle ne me voie.      

Daenerys arriva sur place.

           — Lily !

           — Ne la touche pas ! Je t’interdis de me la prendre !

           — Non, ce n’est pas elle ! déclara Lily. Je suis désolé papa. C’est moi qui ai accepté de la suivre.

           — Elle t’a manipulé, ma chérie. J’aurais dû te protéger d’elle, c’est moi qui suis désolé.

           — Elle doit rester avec moi, Jon. Elle est la dernière des Targaryen, la prochaine mère des dragons.

           — Jamais ! Jamais je ne la laisserais devenir comme toi !

           — C’est trop tard. Je lui aie montré des œufs de dragon et elle ne craint plus le feu. Elle est « l’imbrûlé » elle aussi.

           — Je me fiche de tout ça, elle mérite une vie normale. Si tu la veux, tu devras ordonner à ton dragon de me tuer !

           — Tu ne t’es jamais demandé ce qu’elle voulait vraiment ?

           — C’est une enfant, on veut tous chevaucher des dragons à son âge !

           — Papa, je ne veux pas partir ! déclara Lily.

           — Je te la rendrais dans quelques années, je te le promets, déclara Daenerys.

           — Je ne veux pas non plus quitter mon père ! Vous êtes tous horrible !

Elle partit en courant et disparut dans la forêt. Jon et Daenerys s’élancèrent à sa poursuite, lorsque Drogon apparut devant eux en rugissant et les en empêcha. Ils reculèrent, impuissant.

           — Parfait ! cria Daenerys. Même toi tu t’y mets.

           — Tu veux éduquer ma fille mais tu ne contrôles même pas ton dragon !

           — Ce n’est pas un animal ! Et toi aussi, tu ne la contrôleras pas pour toujours.

           — C’est mon devoir de la protéger ! Depuis que sa mère est morte, j’ai été seule à la protéger. Je dois la protéger de toi.

Ils se dévisagèrent un moment. Drogon les regardait sévèrement et ne semblait pas décider à partir. Daenerys se força à faire le premier pas.

           — Jon, je ne suis plus la même. Avant, j’étais obstiné par le pouvoir. J’ai rallié les hordes de Dothrakis en fermant les yeux sur leur vraie nature juste pour m’assurer la victoire. Je me suis laissé emporter par mes pires démons et je t’en serais à jamais reconnaissant de m’avoir fait ouvrir les yeux. Ces dernières années, j’ai longuement réfléchi sur ce que j’avais fait et j’ai appris à changer. J’ai essayé de me racheter en protégeant les faibles partout dans Essos et même à Port Réal.

           — C’est facile lorsqu’on a un dragon ! Pourtant, au premier problème qui te concerne personnellement, tu es redevenu la personne que tu étais avant.

           — Je n’aurais pas dû te la prendre, c’est vrai. Mais j’avais peur pour elle. Etre la mère des dragons, ce n’est pas facile.

           — Elle ne le serait jamais devenue sans toi !

           — Vraiment ? Elle est la dernière des Targaryens. Toute sa vie, elle sera animée par la soif de pouvoir. C’est en elle. J’ai tué des centaines de milliers de gens avant d’apprendre à me contrôler. Laisse-moi l’aider. Je peux lui apprendre à contrôler ses pires pulsions.

Jon soupira.

           — Ais je vraiment le choix ? Elle est l’imbrûlé maintenant, elle a volé sur Drogon, elle a tenu tes œufs de dragons. On ne peut faire renoncer une enfant à cela.

           — Je suis désolé de t’avoir mis dans une telle position. Tu peux venir vivre avec nous, Jon. C’est ce qui lui ferait le plus plaisir. Ca me ferait plaisir à moi aussi.

           — Je refuse qu’elle vive ici, si loin de son lieux de naissance. Elle grandira à Winterfell, avec sa famille. Tu auras le droit de l’approcher, mais seulement en ma présence. C’est la seule offre que je te ferais.

           — Je te promets que je respecterais tes conditions.

           — Et je te promets que si tu me trahis, tu ne la reverras plus jamais.

           — Tu penses que je serais la bienvenue à Winterfell ?

           — Ce sera ton problème.

Elle acquiesça et lui tendit la main. Il la serra, concluant leur accord. Drogon les regardait d’un air malicieux et Daenerys lui demanda de la retrouver. Jon se demanda ensuite comment il allait expliquer ça à Arya.

 

 

 

           Jon, Arya et Lily était rentré à Winterfell après leur voyage en mer. John avait réussi à convaincre ses sœurs de son arrangement avec Daenerys, même si cela ne leur plaisait pas le moins du monde. Daenerys vivait depuis près de Winterfell et respectait ses engagements.  

Deux semaines après son emménagement, Tyrion et ses gardes arrivèrent à Winterfell. La présence de Drogon et la rumeur sur sa possible héritière affolaient la cour de Port Réal. Sansa le reçut dans la salle du trône et il s’inclina devant elle.  

           — Bonjour Tyrion. Je ne pensais pas que quelqu’un viendrait si vite.

           — J’étais aux iles de fer pour assurer la trêve, lorsque j’ai reçu tous ces corbeaux m’annonçant ces nouvelles. Je sens que cette histoire de Daenerys passant de kidnappeuse à inviter va être fort intéressante.

Sansa soupira, puis lui fit un résumé de la situation. Arya sortit de nulle part, écoutant silencieusement.

           — Ne me dis que tu vas finalement l’épouser, plaisanta-t-elle.

           — Bien sûr que non ! protesta Sansa.

           — Bon retour chez vous, Arya.

           — Vous avez peur que le Nord s’approprie une arme de destruction massive ? demanda Arya.

           — C’est une façon directe et franche d’énoncer le problème.

           — Croyiez moi, si on pouvait s’en débarrasser, on le ferait, répondit Sansa. Mais vous devez être fatigué de votre voyage. Venez, je vais vous montrer vos quartiers.

Sansa lui offrit l’hospitalité et continua à lui parler du problème.

La nuit tomba, mais Arya ne trouva pas le sommeil, malgré le plaisir encore récent de dormir dans un vrai lit. Elle se réveillait souvent après avoir rêvé de la tempête qui l’avait fait échouer sur cette fameuse ile. Ce qu’il y avait là-bas, elle avait juré de ne jamais le dire à qui que ce soit. 

Elle se leva et se promena dans le château, se remémorant ses bons souvenirs comme des moins bons. Elle entendit un bruit étrange et approcha. C’était le bruit de quelqu’un qui essayait de crocheter une serrure. Un homme tapis dans l’ombre se trouvait devant la porte de la chambre de Lily. Arya était désarmé, mais se prépara à attaquer. Elle crut d’abord qu’il était envoyé par Daenerys pour la kidnapper à nouveau, mais l’homme entra et dégaina un couteau. Elle lui bondit dessus en hurlant et le fit tomber par terre. L’assassin se défendit comme il put et ils luttèrent tous les deux pour prendre le contrôle de l’arme. La dague termina dans le cœur de l’assassin.

Les gardes arrivèrent rapidement, devancés par Jon. Il prit sa fille dans ses bras qui avait l’air terrifié. Sansa arriva ensuite en robe de chambre, suivit de Tyrion.

— Qui aurait pu vouloir l’assassiner ? demanda Sansa.

— Un homme de Port Réal, déclara Arya en fixant Tyrion.

           — Quoi ? Je n’ai jamais vu cet homme ! s’indigna l’accusé.   

Les gardes le saisirent et il en perdit ses mots. Tous le regardaient comme s’il l’avait déjà condamné.

           — Vous l’avez dit vous-même, déclara Sansa, Yohn Royce et la cour ont peur que je me mette Daenerys de mon côté pour attaquer le Sud. Ou que j’influence la future mer des dragons pour le faire si Drogon pond des œufs à son tour.

           — C’est pourquoi je suis venue ici pour calmer leur crainte, se défendit Tyrion. Jamais je n’ordonnerais le meurtre d’une petite fille innocente. Encore moins si je suis sur place à servir de coupable idéal.

           — Il a toujours su parler, déclara Arya. C’est peut-être un stratagème.

           — Je ne pense pas qu’il mente, déclara Jon en tenant sa fille dans ses bras.

           — Moi non plus, répondit Sansa. Qui aurait pu orchestrer ça à Port Réal ?

           — A Port Réal ? demanda Tyrion amusé. Tout le monde ! Il s’agit peut-être même de ces esclavagistes d’Essos. Ou alors de nordiens qui ne veulent plus voir de dragon sur leurs terres.

           — Vous serez confinés dans votre chambre jusqu’à nouvel ordre, Tyrion, déclara Sansa. Nous allons fouiller le château et interroger tout le monde.

Jon emmena sa fille dans sa chambre et la rassura, pendant qu’Arya et les soldats fouillaient le château.

 

 

 

           Daenerys, Jon, Sansa et Arya se trouvait dans la salle du trône de Winterfell. Ils venaient de lui apprendre ce qui était arrivé.

           — Port Réal a osé s’attaquer à elle ? Je vais aller là-bas et trouver le coupable ! s’emporta Daenerys.

           — Ca ne servira à rien, répondit Jon.

           — Le vrai coupable restera caché, approuva Sansa.

           — Alors, il faut partir, continua Daenerys. Ça ne serait jamais arrivé sur mon ile.

           — Vous n’allez pas la kidnapper à nouveau ? s’offusqua Sansa.

           — Bien sûr que non ! Je ne fais que proposer.

           — Elle est chez elle ici, elle doit rester, déclara Sansa.

           — Il le faut, Sansa, répondit Jon. Les dragons et leurs maîtres seront toujours une menace pour les humains. Plus loin on ira, mieux ce sera.

           — Ca ne sera jamais assez loin, le contredit Sansa. Ils vous retrouveront toujours. Autant qu’elle reste chez elle pour que l’on puisse faire face ensemble.

           — Des alliés pourraient nous être utiles, approuva Daenerys. Mais, c’est toi qui vois, Jon.

           — Dans tous les cas, elle grandira dans la peur du Sud, réfléchit Jon. Une fois adulte avec trois dragons, qui sait ce qu’elle ferait contre eux, malgré tous nos conseils.

           — J’ai une solution, intervint Arya qui n’avait pas prononcé le moindre mot. Je ne vous aie pas dit la vérité sur l’ile où j’ai été coincé pendant des années. J’ai promis de ne la dire à personne, mais il le faut. Il y avait une tribu de gens pacifistes qui m’ont accueilli. Au bord de l’eau, il fait chaud, mais en haut des montagnes, il fait terriblement froid. Par ce qu’elles sont habitées par des dragons de glaces.

           — Des quoi ? demanda Jon.

           — Je croyais cette espèce éteinte ou en hibernation, déclara Daenerys.

           — Ce sont des dragons recouverts de glace et qui crachent du froid, expliqua Arya.

           — Comme le dragon du roi de la nuit ? demanda Sansa.

           — Non, c’est une espèce de dragon bien vivant. Ils vivent paisiblement et laissent les humains vivre leur vie.

           — Je ne sais pas comment réagirait Drogon, réfléchit Daenerys, mais il pourrait se sentir moins seul.

           — Les humains nous retrouveront même là-bas, répliqua Jon.

           — Non, l’ile est constamment entourée par des intempéries dévastatrices. C’est par miracle que je n’ai pas péri avant d’atteindre le récif.

           — Comment en es-tu sorti ?

           — La tempête s’est enfin apaisé et je suis parti avec le bateau que nous avions construit. En sept ans, les vents ne se sont calmé qu’une seule fois.

           — C’est peut-être un signe, l’incita Daenerys. Avec Drogon, on pourra y aller sans problème par les airs.

           — D’accord, nous irons, approuva Jon.

           — Jon, soupira Sansa.

           — Il le faut, c’est le seul moyen d’assurer la paix entre le nord et le sud. Tu nous manqueras.

           — Essayez de venir nous voir de temps en temps.

           — Non, il faut que tout le monde pense que nous ayons disparu pour de bon. D’ailleurs, nous ne sommes pas les seuls à avoir besoin d’un refuge.

 

 

 

           Jon et Lily avaient fait leur adieu à leur famille. Des adieux particulièrement difficiles, mais nécessaires. Ils étaient partis dans le grand nord avec Daenerys et Drogon, au Barral des enfants de la forêt. Nissa les avait vus venir et s’était déjà détachée des racines pour que tout le monde soit prêt à partir à leur arrivée.

L’ile aux dragons de glaces se trouvait à l’ouest du grand nord et ils y furent rapidement. Elle n’était pas visible, caché par des nuages orageux qui l’entouraient. Tout le monde s’accrocha et Drogon traversa ce voile chaotique.

Ils découvrirent la grande ile qui abritait trois montagnes enneigées. Drogon se posa sur ses plages chaudes et déposa ses passagers. La tribu d’une cinquantaine d’humains vivant sur l’île vint rapidement les accueillir, dépourvue de la moindre arme. Ils ne semblaient nullement craintifs, à croire qu’ils n’avaient jamais été attaqués ou pillés dans leur existence.

           — Bonjour, vous me comprenez ? demanda l’un d’eux.

           — Où avez-vous appris la langue commune ? demanda Jon.

           — Arya.                                                

           — Je suis son frère, Jon.

           — Jon Stark ! Arya est-elle arrivé saint et sauf chez elle ?

           — Oui, elle va bien. Nous venons pour vivre sur votre île, si vous le permettez.

           — L’île est grande et le frère de notre amie est notre ami. Je ne sais pas par contre si …

Les dragons de glaces arrivèrent depuis les montagnes. Les quatre prédateurs volèrent au-dessus de Drogon sur le sable en rugissant. Daenerys s’inquiétait pour lui. Drogon se sentait menacé et poussait des cris terrifiants. Un dragon de glace se posa devant lui et ils se jugèrent du regard. Il cracha un jet de glace sur Drogon, qui répliqua aussitôt avec ses flammes. Le feu et la glace s’entrechoquèrent au-dessus de Daenerys et Jon, qui couvrirent instinctivement Lily avec leur corps. La petite était d’ailleurs la seule à ne pas avoir peur tant elle était fascinée.

Les dragons arrêtèrent et le calme régna à nouveau. Leurs regards étaient maintenant plus respectueux. Le dragon de glace s’envola et Drogon le suivit. Daenerys avait le cœur qui battait la chamade.

           — Ils vont devenir amis ? demanda Lily.

Jon et Daenerys lui sourirent.

           — On dirait bien, déclara l’homme qui leur avait parlé. Venait, je vais vous montrer notre village.

Ils suivirent les habitants de l’ile qui les aidèrent à s’installer dans leurs nouveaux chez eux.

 

 

 

Deux semaines plus tard, Jon et Daenerys se tenaient sur la plus haute montagne de l’ile. Lily, sur un rocher en dessous, jouait avec un dragon de glace et Drogon. Les dragons de glaces n’étaient pas aussi dociles que Drogon et ne laissaient personne leur monter dessus, mais ils étaient inoffensifs si on les respectait.  

Jon racontait à Daenerys la prophétie de Mélisandre sur Azor Ahai et le rôle qu’ils y avaient joué tous les deux selon elle. Il avait toujours hésité à lui en parler, de peur de nourrir son arrogance, mais ils s’étaient rapprochés depuis leurs arrivées sur l’île et il ne voulait plus garder ça pour lui.  

           — Le feu et la glace, c’est comme ça qu’elle nous a appelés ? demanda-t-elle amusée.

           — Oui. Elle a aussi dit que le monde n’avait plus besoin de la magie et que nous étions libérés de cette prophétie.

           — Les dragons, les enfants de la forêt, la corneille à trois yeux, tu les as tous réunit sur cette île coupée du monde des humains. C’était la bonne chose à faire.

           — Je suis le bouclier qui protège le royaume des humains. Dorénavant, ils devront compter sur eux-mêmes pour s’entretuer. Cela aurait toujours dû être ainsi.

           — Je ne sais pas. Quatre dragons de glace, un dragon de feu, une nouvelle génération en vue … Je devrais réessayer de conquérir le trône !

Jon la regarda avec de grands yeux.

           — Je plaisante !

           — Ouf !

           — Quand auras-tu confiance en moi ?

           — J’ai envie d’avoir confiance en toi, mais …

           — Je ferais tout pour le mériter. Mon plus grand regret, c’est d’avoir gâché notre amour. Je ne te demande rien, tu as toutes les raisons du monde de me haïr.

           — Je t’ai haï, oui. Je t’ai haï par ce que malgré tout ce que tu m’avais fait, je n’arrivais pas à t’oublier.

           — On est enfin loin du monde, loin des trônes et des prophéties. Ici, les mots Stark et Targaryen ne veulent rien dire. C’est notre chance de réessayer. Si tu le veux.

Il la regarda un moment, puis l’embrassa. Ils ressentirent tout l’amour qu’ils avaient l’un pour l’autre, comme s’il ne les avait jamais quittés. Plus bas, Lily et Drogon les regardaient d’un air complice.  

 

 

 

 

Laisser un commentaire ?