Game of thrones - Fin alternative

Chapitre 10 : Episode 6 : Partie 2

11675 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 30/05/2020 10:40

  

           Le vol fut long jusqu’à Port Réal, mais Jon et Nissa arrivèrent à ne pas lâcher prise. Ce fut avec soulagement qu’ils descendirent de son dos lorsque Drogon se posa dans la salle du trône. Ils restèrent allongés par terre à reprendre leur souffle.

Daenerys quant à elle alla s’asseoir sur le trône de fer. Elle les regarda d’un air impassible sans dire un mot. Jon se releva pour lui parler quand il en eut la force, lorsque deux immaculés l’attrapèrent par-derrière.

           — Que se passe-t-il ?

           — Jon Snow, vous êtes accusé de trahison, déclara froidement Daenerys.

Nissa fut aussi ramassée par deux immaculés et protesta autant qu’elle en avait la force.

           — Daenerys, qu’est-ce que tu fais ? Pourquoi ?

Elle le regarda de son air impassible et les immaculés les trainèrent hors de la salle. Jon n’arrivait pas à croire ce qui lui arrivait et n’y comprenait rien. Ils furent emmenés jusqu’aux cellules du donjon rouge, dans un couloir sombre donnant sur une multitude de portes. Ils furent tous deux séparés malgré ses protestations et il ne vit pas où elle fut emmenée.

La cellule où Jon fut emmené était plongée dans le noir et les immaculés l’attachèrent à des chaines sur le mur de gauche. Ils allumèrent ensuite des torches avant de refermer la porte. Ce fut là que Jon remarqua qu’il n’était pas seul. Une autre personne était enchainée sur le mur d’en face. Une personne de petite taille. Il reconnut Tyrion malgré la faible lueur.

           — Vous ? demanda Jon.

           — Qu’est-ce que vous faites ici ? demanda Tyrion en se relevant.

           — Je ne sais pas. Daenerys m’a accusé de trahison.

           — Nom de dieu, elle est devenue complètement folle.

           — Pourquoi vous a-t-elle enfermé ?

           — J’ai jeté mon insigne de main de la reine devant ses hommes. Et j’ai aussi libéré mon frère des immaculés pour qu’il aille à Castral Rock et sonne la reddition. Pour ce que ça a servi.  

           — Qu’est-ce qui s’est passé ? Vous avez perdu ?

           — Non, au contraire. Elle a brûlé toute la forteresse, même après que la ville se soit rendue. Des milliers de femmes et d’enfants assassinés par les immaculés, violés par les Dothrakis, brûlé par son dragon. Il ne reste même pas un bâtiment debout. Je n’ai jamais vu un tel carnage.

Jon fut choqué par ce qu’il venait d’apprendre.  

           — Cersei ne lui a pas laissé le choix, finit-il par dire.

           — Vous la défendez même après qu’elle vous ait enfermé ?

— Je lui serais toujours loyal.

— C’est par ce que vous n’étiez pas à Castral Rock. 

— Elle a vu son amie décapitée ! Elle a vu son dragon tué dans le ciel !

— Et elle a brûlé toute une ville pour ça !   

           — C’est facile de juger quand on se tient loin du champ de bataille !

           — L’auriez-vous fait ? Vous étiez là-haut, sur un dragon comme elle, vous déteniez ce pouvoir ! Est-ce que vous auriez brûlé la ville ? 

           — Je ne sais pas.

           — Dans son esprit, vous l’avez déjà trahi. Vous pouvez parler librement.

           — Je ne peux croire qu’elle soit perdue à ce point. Ce n’est pas la Daenerys que j’ai connue.

           — Vraiment ? Quand elle a massacré les esclavagistes d’Astaport, personne ne s’en est plaint, sinon eux. Après tout, ils incarnaient le mal. Lorsqu’elle a crucifié des centaines de nobles de la citée de Meereen, qui aurait contesté ? Eux aussi incarnaient le mal. Les Khals Dothrakis qu’elle a brûlés vivant, il lui aurait fait bien pire que ça. Partout où passe Daenerys, quiconque incarne le mal meurt ! Et on lui en est tous reconnaissant.

           — On a tous commis des horreurs, répondit-il après un temps. Ne peut-elle pas être encore sauvée ?

— Elle croit savoir ce qui est juste et bien. Elle croit que son destin est de bâtir un monde nouveau, pour tous. Quand on croit ça, quand on en est persuadé, n’est-on pas prêt à tuer tout ce qui se dresse entre vous et ce paradis ?

Jon dut s’asseoir tant il était troublé par ses paroles. Il ne trouva rien à répondre et un lourd silence s’abattit dans leur cellule.

La porte s’ouvrit et Daenerys entra. Elle avait le teint pâle et des cernes sous les yeux, ses cheveux malmenés par leur vol de plusieurs heures. Jon se releva et ils la regardèrent sans rien dire.

           — Bonjour Aegon.

Tyrion soupira et Jon se pétrifia sur place.

           — Oui, je le sais. A vrai dire, tout Westeros le sait, dit-elle d’un ton calme à Tyrion. Votre ami Varys a répandu la nouvelle. Le plus triste, c’est que j’ai été la dernière à le savoir.

           — Je ne voulais pas vous inquiéter avec cette vieille histoire, affirma Tyrion. Je ne voulais pas compromettre notre alliance avec le Nord.

           — Il était de votre devoir de m’en informer !

           — Je vous ai informé de sa trahison dès que j’ai compris ses intentions.

           — Non, vous m’avez prévenu suffisamment tard pour lui laisser une chance de s’échapper.

           — J’ai hésité, oui, parce que c’était mon ami et …

           — Il est venu vers vous, il vous a demandé de le suivre, sachant qu’il pouvait vous faire confiance pour lui laisser une chance de s’échapper. Et vous ne l’avez pas déçu.

           — Si nous avons failli à notre mission, ma reine, pardonnez-nous. Nous voulions la même chose que vous, un monde meilleur. Nous le voulons tous. Varys autant que n’importe qui d’autre. Mais ça n’a plus d’importance.

           — Non, ça n’a plus d’importance.   

           — C’est moi qui ai gardé le secret, avoua Jon en s’avançant vers elle. Mon défunt frère m’en a parlé avant la bataille de Winterfell. Je ne savais pas que d’autres étaient au courant. J’ai voulu te le dire, mais j’ai eu peur que cela nous distraient de la guerre contre les morts. J’ai bafoué mon honneur, j’ai manqué à ma parole en vous cachant cette vérité, ma reine. J’ai honte.

           — Oh, mais tu n’as pas à avoir honte, tu as eu ton heure de gloire. Le roi du nord qui a sauvé Westeros contre le fléau des morts. L’homme aimé du peuple. Combien de maison as-tu déjà ralliées à ta cause ?

           — J’étais au-delà du mur, comment aurais-je pu …

           — Grâce à Sansa. A Yohn Royce. A Varys.

           — Je n’ai que faire du trône ! Je ne veux pas être le roi des sept couronnes !

           — Peu importe ce que tu veux ou non ! Tu as dit que tu ne voulais pas être roi du nord ! Qu’adviendra-t-il s’ils te pressent de faire valoir tes droits et de me prendre ce qui m’appartiens.

           — Et bien je refuserais, répondit-il en essayant d’avancer vers elle malgré ses chaines.

           — Et le peuple boira en ta santé en attendant ton retour ?

           — Je t’aime Daenerys, jamais je ne te trahirais !

           — Je suis ta tante, tu es mon neveu !

           — Je n’en ai rien à faire ! J’ai failli mourir tellement de fois ces derniers temps, je me fiche de ce genre de chose.  

           — Westeros est trop petit pour nous deux, répondit-elle tristement. Je ne sais pas encore si je dois te bannir ou te tuer.

           — Ma reine, écoutez-moi, intervint Tyrion.

           — Ça suffit ! J’en ai assez de vos paroles !

           — Envoyez-le au mur et son allégeance au trône sera révoquée …

           — Il en est déjà parti du mur, alors qu’il était Lord Commandant ! Même la mort ne l’a pas arrêté. Je pensais que Cersei était ma plus grande menace, mais je réalise que c’est toi.

Elle sortit les larmes aux yeux et les immaculés re-verrouillèrent la porte. Jon et Tyrion se regardèrent d’un air désespéré.

 

 

 

           Arya Stark marchait dans les rues enneigées de Port Réal en se mêlant à la foule. Elle avait survécu de justesse à sa chute de Castral Rock et avait réussi à nager jusqu’au récif. Elle avait ensuite trouvé un cheval et s’était éloigné le plus possible du Roc et de sa colonne de fumée.  

Après avoir été témoins d’un tel génocide, Arya avait décidé que sa prochaine victime ne serait nulle autre que Daenerys Targaryen. Elle savait que Winterfell finirait dans son viseur et que sa sœur Sansa ne se laisserait jamais faire. Il était de son devoir de la tuer avant que le pire n’arrive.

Dans la capitale, les gens étaient plus terrifiés que jamais, mais le calme était revenu. Les marcheurs blancs et les morts auraient bien réussi à tuer tout le monde sans la victoire de Jon. A terrain découvert, ils n’auraient jamais été assez nombreux, mais dans les rues étroites de la capitale, ils avaient été difficiles à contenir. Les habitants de la capitale avaient vu la menace de prêt et en faisaient encore des cauchemars.

Pourtant, ils avaient encore des raisons d’avoir peur. La nouvelle du génocide de Castral Rock avait fait le tour du continent. Personne ne savait jusqu’où irait la « reine folle » comme elle était aujourd’hui appelée. Son dernier dragon semblait ne pas vouloir mourir et continuait de projeter son ombre menaçante sur la ville.

Arya se faufila dans le donjon rouge en utilisant ses talents pour passer sous la surveillance des gardes. Elle prit ensuite les habits d’une servante pour évoluer à l’intérieur. Elle se dirigea vers la salle du trône et arriva devant les grandes portes fermées et gardées par les immaculés. Elle resta dans l’ombre à chercher un moyen d’entrer, lorsque deux personnes arrivèrent. Elle reconnut Daenerys et son chef des armées Ver Gris.

           — Vous devez tuer Jon Snow, déclara Ver Gris.

           — Il ne peut me faire de mal depuis sa cellule.

           — Vous devez en faire un exemple et décourager tous ceux qui voudraient le suivre.

Les immaculés ouvrirent les portes et ils entrèrent tous les deux. Arya s’inquiéta pour son frère qu’elle croyait en sécurité à Winterfell. Si elle tuait Daenerys maintenant, les immaculés se vengerait sur lui. Elle devait d’abord le libérer.

Arya rejoignit les cellules du donjon rouge. Elle attaqua les immaculés par surprise et récupéra leurs clés. Elle ouvrit la cellule qui avait été la plus gardé et entra avec sa chandelle.

Jon et Tyrion étaient enchainés l’un en face de l’autre, allongés par terre. L’odeur de renfermé et d’excrément émanait de la pièce. Elle fut écœurée de ces conditions et alla défaire les menottes de son frère.

           — Tiens bon, Jon, je vais te sortir de là.

           — Arya ? Qu’est-ce que tu fais là ?

Elle ne répondit pas. Ils se serrèrent dans les bras tant ils furent soulagés de se revoir.

           — Je ne veux pas interrompre vos retrouvailles, mais j’aimerais bien être débarrassé de ces chaines moi aussi, déclara Tyrion.

           — Vous ? Jamais.

           — On peut lui faire confiance, lui dit Jon.

Elle le dévisagea silencieusement, puis se résigna à le libérer.

           — Vous êtes fort redoutable pour être arrivé jusqu’ici, la remercia Tyrion.

           — Qu’est-ce que tu fais là ? répéta Jon.

           — Je reviens de Castral Rock, j’ai vu ce que Daenerys a fait.

           — Vous avez survécu à ce génocide ? s’étonna Tyrion.

           — De justesse. (Elle préféra cacher ce qu’elle avait fait à sa sœur). Je suis venue ici pour tuer Daenerys avant qu’elle ne fasse ça à une autre ville. Prenez ces uniformes d’immaculé et quittez cette ville.

           — Tu es folles, tu vas te faire tuer ! protesta Jon.

           — Non, bien au contraire. Je suis plus forte que tu ne le croies, Jon.

           — Je le sais, mais tuer Daenerys n’est pas la solution.

           — J’y étais Jon. J’étais dans les rues de Castral Rock lorsqu’elle brulait les civils et les soldats désarmés. Ce n’était pas comme lorsqu’elle a pris Port Réal, non. Les femmes violées, les enfants et les bébés brûlaient sans aucune pitié. Je suis peut-être l’unique survivante. Elle mérite de souffrir pour toute la souffrance qu’elle a causée. Je sais que tu l’aimes, mais elle n’est plus la même.

           — Ce n’est pas la question … 

— Tu as dédié ta vie à combattre les marcheurs blancs, j’ai dédié la mienne à combattre les tueurs dans son genre ! N’essaie pas de m’en empêcher !

— Je ne le pourrais pas et je ne le ferais pas. Mais tu es ma sœur et je m’inquiète pour toi. Tu es en train de suivre un chemin qui ne te mènera vers rien de bon. Tuer ne résout pas tout. Il y aura toujours quelqu’un à tuer. Il y aura toujours des gens mauvais à éliminer. Et c’est ton âme que tu vas perdre en chemin.

           — Votre frère à raison, approuva Tyrion. Tuer Daenerys ne sauvera pas Westeros. Si elle meurt, ses armées ne vont pas s’en aller gentiment sans rien dire. Ils se déchaineront sur tout le continent, sans compter Drogon qui n’aura personne pour le retenir.

Arya fut trop déconcerté pour répondre. Elle avait cru sa détermination sans failles, mais elle était maintenant tiraillée par le doute. Clegane lui avait dit la même chose et elle ne l’avait pas écouté. Maintenant, il était mort. Elle avait préféré continuer sur le chemin de la violence, mais pour quel résultat ? Cersei ne s’était pas enfui, certes, mais elle n’avait pas sauvé Castral Rock pour autant. Et une nouvelle personne avait pris la place de Cersei comme tyran diabolique. Sans compter la chose ignoble qu’elle avait faite à Cersei et qui la hantait encore dans ses cauchemars. Elle se résigna à écouter leur proposition.

           — Dans ce cas, que fait-on contre Daenerys ? Si on ne fait rien, elle va brûler Winterfell et notre sœur avec.

           — Il faut que j’aille lui parler, affirma Jon. Je suis sûr qu’il reste un peu d’humanité en elle.  

           — Oui, il le faut, soupira Tyrion. J’ai cru pouvoir calmer ses pires pulsions, mais j’ai échoué. J’ai toujours su que vous, vous auriez plus de chance.

           — Elle va te tuer dès qu’elle te verra hors de ta cellule, protesta Arya.

           — Peut-être, mais il faut essayer. C’est notre seule chance de ramener la paix dans Westeros. Si j’échoue, retourne à Winterfell et emmène notre sœur loin de ce continent.         

           — D’accord, je le ferais, répondit Arya.

Ils s’enlacèrent une dernière fois. Toutes les cellules de son corps lui disaient de ne pas le laisser partir, mais elle devait faire confiance à son frère. Elle lui cacha en revanche qu’elle tuerait lentement Daenerys s’il mourrait.

Jon espéra que ce n’était pas la dernière fois qu’il la verrait, mais il ne se faisait pas d’illusion. Il avait toutes les chances d’y laisser la vie. Il avait failli à son honneur en cachant la vérité sur ses origines, il était de son devoir d’essayer.

 

 

 

           Jon marchait dans les couloirs du donjon rouge, sans la moindre arme ni le moindre déguisement. Il se présenta aux portes de la salle du trône et les immaculés le menacèrent aussitôt avec leur lance.

           — Je demande une audience auprès de la reine, dit-il en levant les mains en l’air.

Les immaculés échangèrent un regard, puis fouillèrent de fond en comble. Ils le firent entrer dans la salle où Daenerys et Ver Gris s’entretenaient, Drogon se reposant à côté.

           — Qu’est-ce qu’il fait là ? gronda Ver Gris.

           — Il est venu de lui-même.

           — Allez aux cellules ! Vite ! Retrouvez-moi Tyrion !

Ils partirent et les laissèrent tous les quatre. Ver Gris le saisit par le col pendant que Drogon le fixait dangereusement.

— Comment t’es-tu enfui ? demanda Daenerys depuis son trône.

           — Je ne me suis pas enfui, répliqua Jon. J’aurais pu m’enfuir, oui, quitter Port Réal et Westeros. Mais je suis revenu pour toi, Daenerys.

           — Lâche-le, ordonna Daenerys.

Il le lâcha à contre cœur. Elle se leva de son trône et descendit les marches.

           — Tyrion t’a fait sortir j’imagine. Combien de gens lui sont fidèles dans cette ville ?

           — Tyrion n’y est pour rien. Je suis revenue pour te ramener à la raison. Autrefois, tu étais animé par la volonté de rendre le monde meilleur, de briser la roue des puissants écrasant les faibles. Partout où tu es passé, tu as défendu les opprimés, tu as libéré les esclaves de la tyrannie. Tu as inspiré l’espoir à tant de monde. Tu « m’as » fait espérer comme jamais auparavant. Mais aujourd’hui, tu n’inspires plus que la peur. Tu es en train de devenir comme les tyrans que tu combattais jadis. Juste un de plus parmi tant d’autres.

           — Je suis la mère des dragons et j’ai conquis les sept couronnes. Mon nom perdurera pendant des siècles, comme ceux des Targaryen avant moi. Toi, par contre, tu seras juste le bâtard qui a vainement tenté de faire croire à tout le monde que tu méritais le trône. Ou du moins, c’est ce que l’histoire dira une fois que je l’aurais réécrite.

           — Oui, l’histoire est malléable, reconnut-il. C’est ce que font les tyrans, ils réécrivent l’histoire.

           — Je serais bien plus qu’un simple tyran ! Moi, je bâtirais un nouveau monde, un monde meilleur. Un monde d’harmonie.

           — Comment le sais-tu qu’il sera harmonieux ?

           — Par ce que je sais ce qui est juste.

           — Et que se passera-t-il pour les autres ? Ceux qui par le monde croient savoir ce qui est juste ?

           — Ils n’auront pas à discuter.

           — Alors tu les tueras comme les autres ? Comme les habitants de Castral Rock ? Tu les regardais, au moins, les gens que tu brûlais depuis le ciel ? s’énerva-t-il. Des enfants, des nourrissons !

Elle détourna le regard.

           — Cersei ne m’a pas laissé le choix.

           — On a toujours le choix ! continua-t-il dans sa colère. Tu as choisi de tuer ces gens ! Tu choisis de continuer à tuer des gens !

           — Ils incarnaient le mal.

           — Ils étaient humains ! Ce sont tes immaculés qui assassinaient les gens désarmés, tes Dothrakis qui violaient les pauvres femmes sans défense !

           — Crois-tu que cela m’a fait plaisir ! hurla-t-elle au bord des larmes. Crois-tu que je n’aurais pas aimé faire autrement.

           — Alors fais-le ! Arrête ce massacre !

           — Jamais je ne serais la reine des sept couronnes alors !

           — Ca en vaut vraiment la peine ?

Daenerys le regarda les larmes aux yeux. Elle avait repoussé sa culpabilité pendant tout ce temps, mais il venait de la faire rejaillir en un instant. Elle pensait l’avoir chassé de son cœur, mais il arrivait encore à l’atteindre. Même du haut de son dragon, elle savait au fond d’elle tout le mal qu’elle avait fait. Et cela lui brisait le cœur.

Ver Gris regardait sa reine larmoyante devant ce nordien qu’il détestait tant et ne put le supporter.

           — Ma reine, ne le laissez pas vous atteindre ! Permettez-moi de le tuer maintenant !

           — Ver Gris, non. Ramène-le en cellule.

           — Il le faut !

Elle fut incapable de l’en empêcher. Jon le vit s’élancer vers lui avec sa lance et sut qu’il n’avait aucune chance de survivre. S’il avait été armé, peut-être. La mort était inévitable et il l’avait accepté. Plus de résurrection ou de magie maintenant. Il réalisa rapidement à quel point il s’était trompé.

Drogon poussa un rugissement menaçant et cracha des flammes au-dessus d’eux. Ils se baissèrent tous les trois pour éviter de se faire brûler. Daenerys, qui était déjà bouleversé, ne comprenait pas ce qui lui arrivé. Drogon rugissait dans tous les sens comme s’il était aussi dévasté qu’elle. Les flammes sortirent à nouveau de sa gorge en un torrent meurtrier et ils se jetèrent au sol en se protégeant le visage. Mais Drogon ne les brûlait pas eux, il brûlait le trône de fer. Ses flammes s’abattirent sur lui et ses épées en acier valyrien rougeoyèrent sous la chaleur. Les pointes du haut commencèrent à se tordre et le trône commença à fondre sous leurs yeux. Il se transforma en un magma de métal rouge qui s’étala sur le sol.

Ils furent tous les trois choqués par la vision d’un tel symbole de pouvoir réduit à néant. Drogon les regarda un instant, puis s’élança à travers la brèche dans le mur. Il s’envola et disparut dans les nuages.

Daenerys s’agenouilla devant la marre de magma, dévastée. Elle n’arrivait pas à réaliser que son enfant venait de détruire la chose qu’elle avait convoité toute sa vie. Jon ne savait plus où se mettre et Ver Gris le laissa tranquille. Ce dernier savait au fond de lui qu’il avait provoqué cette réaction chez Drogon, même s’il ne comprenait pas ce qui l’avait poussé à faire ça.

Jon s’agenouilla à côté d’elle et il n’osa pas l’en empêcher.

           — Je suis désolé.

           — Pourquoi a-t-il fait ça ?

           — Je ne sais pas.

           — Bien sûr que si. Même lui, il l’a vue.

           — Qu’a-t-il vu ?  

           — Ce trône, il m’a détruite. Tu avais raison, ma soif de pouvoir m’a aveuglé, au point de commettre des atrocités que je n’aurais jamais imaginé. Si on m’avait dit que j’aurais été capable de faire ça avant d’arriver à Westeros, jamais je n’y aurais cru. Je suis un véritable monstre, comme mon père.

Il l’a pris par les épaules.

           — Tu as commis des choses horribles, oui. Ça ne s’effacera jamais. Mais il n’y a pas que du mauvais en toi. Tu es la seule capable de ramener la paix à Westeros. Tu peux encore sauver le peuple de la menace des immaculés et des Dothrakis.

           — Tu feras un meilleur roi que moi, je le sais.

           — Je t’ai déjà dit que je ne veux pas du trône.

           — Mes armées quitteront Westeros, je te le promets. Vous ne nous reverrez plus jamais.

           — Ma reine, intervint Ver Gris.

           — Non. Toi et les tiens, vous êtes passé d’un esclavagiste à une autre. Vous êtes maintenant enfin libre.

           — Tout ce que nous avons fait, c’était pour vous ! Vous bafouez la mémoire de Missandei en abandonnant !

           — Non. Nous l’avons bafoué à Castral Rock. Jamais elle n’aurait été d’accord avec ce qu’on a fait.

Ver Gris ne sut pas quoi répondre. Il savait qu’elle avait raison. Sans la femme qu’il aimait, il n’avait eu aucune raison de se retenir. Il ne s’était pas montré digne de son amour. Daenerys resta devant le magma du trône et Jon s’éloigna d’elle pour lui laisser un moment.

Elle se releva après avoir séché ses larmes et donna des ordres à Ver Gris. Il sortit sans dire un mot.

           — Tu peux retourner à Winterfell, Jon.

           — La femme qui était avec moi, où est-elle ?

           — Je l’ai mise dans une cellule loin de la tienne. J’ai cru que vous aviez eu une aventure.

           — Jamais je ne t’aurais trompé de la sorte.

           — Je le sais, soupira-t-elle.

Elle l’amena à sa cellule et la délivra. Nissa était endormie par terre, en train de rêver. Une vision. Aucune nouvelle menace ne lui apparaissait. Seulement une corneille à trois yeux.

           — Nissa, réveille toi.

           — Jon !

Elle se leva et l’étreignit. Jon mit un peu de distance pour ne pas heurter Daenerys.

           — Je peux vous trouver une chambre pour rester quelques jours.

           — Deux chambres séparées, oui, insista Jon.

           — On est plus prisonnier ?

           — Je t’expliquerais.

Elle les regarda bizarrement et se contenta de les suivre. Les gens du Sud étaient vraiment étranges.

 

 

 

           Quelques jours plus tard, Daenerys avait rappelé toutes ses troupes à la capitale. Ils se réunirent sur la grande place devant le donjon rouge pour écouter leur reine. C’était la première fois qu’elle se sentait aussi anxieuse. Son discours allait être très différent des précédents. Elle regarda Jon, Arya et Tyrion qui se tenait plus loin en silence. Ver Gris était à ses côtés et l’incita à commencer.

           — Demain, nous quitterons Westeros ! cria-t-elle en Valyrien. Nous retournerons à Essos et je vous libérerais de vos obligations envers moi. Vous serez tous libre de faire ce qui vous plaira.

Les Dothrakis et les Immaculés furent mécontents de son annonce. Pas pour Westeros, non, ils ne convoitaient pas de terres pour eux-mêmes, mais pour les futures conquêtes à venir qu’elle leur avait promise. Les Dothrakis hurlaient de rage tandis que les immaculés frappaient leurs lances contre leurs boucliers.

           — Notre reine Daenerys nous a libérés d’Astaport ! cria Ver Gris. Nous l’avons servi par choix et nous avons remboursé notre dette. Elle nous offre maintenant la vraie liberté.

Les immaculés arrêtèrent leurs gestes de protestations. Ce ne fut pas le cas des Dothrakis qui étaient toujours aussi excités.  

           — Sang de mon sang ! les appela Daenerys.

Ils ne l’écoutèrent pas.

           — Si elle ne veut pas de Westeros, on le prendra ! pouvait-on entendre dans leurs cris.

Les Dothrakis commencèrent à partir et elle se sentit impuissante. Elle réalisa à quel point ils étaient cruels et sauvages. C’était elle qui les avait mené à Westeros, encore une faute de plus qu’elle se reprochait.

Les Dothrakis sortirent de Port Réal et chevauchèrent sur la plaine. Un torrent de flammes s’abattit soudainement devant eux et ils s’arrêtèrent immédiatement. Drogon les survola comme un unique avertissement et ils firent aussitôt demi-tour. Ils ne rentrèrent pas dans la capitale, mais restèrent à l’extérieur près des murs.  

Daenerys fut ravie de le revoir dans le ciel. Elle avait eu peur qu’il l’ait abandonné. Il se posa près d’elle et elle le caressa tendrement. Elle ne lui en voulait pas le moins du monde d’avoir brûlé le trône et elle l’aimait toujours comme avant.

Elle se retourna vers Jon qui hocha la tête pour la féliciter. Tyrion avança vers elle. Ils ne s’étaient pas reparlés depuis qu’elle l’avait libéré.

           — Je ne peux pas vous pardonner ce que vous avez fait, mais je vous remercie. Vous avez pris la bonne décision.

           — Je suis désolé d’avoir failli comme je l’ai fait. Pour toutes les vies que j’ai prises. Si seulement je vous avais écouté.

           — Le pouvoir corrompt même les meilleurs des gens. Vous avez su faire machine arrière, ce qui n’est pas le cas de tout le monde.

Il partit, espérant ne plus jamais la revoir. Cela ne l’empêcha pourtant pas d’en ressentir de la peine.

Elle s’apprêta à monter sur Drogon, lorsque Jon la rejoignit.

           — Où vas-tu aller ?

           — Je ne sais pas. Loin du monde, je pense.

           — Tu comptes vivre en retrait pour toujours ? s’inquiéta-t-il.

           — Au moins pour un temps. J’ai besoin de me retrouver seule.

           — Je me sens tellement coupable de ne pas avoir pu t’aider quand tu en avais besoin. De t’avoir caché la vérité sur mes origines.

— Tu n’as rien à te reprocher. Nous avons traversé des épreuves terribles.

— N’oublie pas qu’il y a du bon en toi. Tu nous a tous sauvé des marcheurs blancs à Winterfell.  

           — Le monde n’a plus besoin de nous désormais. 

Ils se regardèrent un moment sans rien dire. Jon voulut l’embrasser malgré tout, mais elle monta sur Drogon avant. Il regarda la femme qu’il aimait partir et eut l’impression que son cœur allait exploser dans sa poitrine.

 

 

 

           Quelques jours plus tard, les Dothrakis et les immaculés étaient en mer pour Essos. Les Dothrakis retrouvèrent les terres qu’ils avaient l’habitude de chevaucher, retournant à leurs anciennes habitudes. Ver Gris et les immaculés qui voulurent le suivre continuèrent vers l’ile de Natte, le lieu de naissance de Missandei. Il espérait que lui et les siens pourraient enfin y trouver la paix.

Daenerys et Drogon volèrent jusqu’à Meereen. Avant de partir, elle avait désigné Daario Naharis comme gouverneur de Meeren, d'Astapor et de Yunkaï en son nom. Celui-ci fut très surpris de les voir arriver. Elle se posa sur le balcon de la chambre royale de la grande pyramide où il se trouvait.  

           — Daenerys, ma reine, que faites-vous ici ?

           — J’ai quitté Westeros. Je suis venu voir comment Meereen s’en sortait.

           — Les esclavagistes ont eu vent de vos difficultés contre Cersei. Ils en ont profité pour assiéger Meereen. Nous arrivons encore à les repousser, mais … 

           — Je m’occuperais d’eux.

           — Ils n’auront aucune chance contre vous.

           — Je ne les tuerais pas, je les laisserais partir d’eux-mêmes.

           — Alors ils reviendront après ton départ ! protesta-t-il.

           — Et je reviendrais les prévenir à nouveau. Nous avons fait couler assez de sang.

           — Que s’est-il passé à Westeros ? La Daenerys que je connais n’aurait pas agi de la sorte.

           — J’ai changé. Je ne veux plus du trône de fer, ni d’aucun trône. Nous allons rendre Meereen à leurs habitants. Ils choisiront qui sera leur dirigeant. Tant qu’ils ne rétablissent pas l’esclavage.

           — Cela fera plaisir à beaucoup de monde. Les habitants se rebellaient de plus en plus contre notre autorité. Sans vous, ce n’était pas pareil. Où iras-tu après ?

           — Loin du monde.

           — Laisse-moi venir avec toi. Je n’ai que faire que tu portes une couronne ou que tu diriges une armée. Tout ce que je veux, c’est être avec toi.

           — Non, Daario. Je ne peux pas.

           — Je vois, soupira-t-il. Il n’y a jamais eu de place pour moi à tes côtés.

           — Tu es libre de faire ce que tu veux. Tu penses redevenir mercenaire ?

           — Non, j’aime cette ville. Je l’ai longtemps protégé, je pense que les habitants accepteront que je continue de la défendre.

           — Je suis content que tu aies trouvé ta place.

Elle quitta le balcon et se dirigea vers une chambre où passer la nuit. Daario n’essaya pas de la rejoindre. Il avait compris que leur chemin s’était séparé il y a longtemps.

 

 

 

           Le départ de Daenerys avait laissé un grand vide dans Westeros. Avec tout ce que le continent avait subi, les seigneurs des plus grandes maisons s’étaient réunis à Port Réal pour planifier l’avenir. Ils se trouvaient dans l’arène des dragons en ruine près de la ville, l’endroit même où Daenerys et Cersei c’était retrouvé pour négocier une trêve.

Les seigneurs étaient assis en arc de cercle sous des toiles les abritant du soleil. Il y avait Samwell Tarly tout à gauche qui représentait ce qui restait de sa maison. Il portait son épée « Corvenin » qui avait tué le roi de la nuit et qui resterait dans sa famille. Le seigneur de la maison Foin était après lui, suivit d’Edmure Tully. Arya, Jon et Sansa suivait ensuite pour représenter le Nord. Sur leur droite se trouvait Brienne de Torse, Sir Davos, Gendry Barathéon et son conseillé d’Alcalmie. Le jeune Robin Arryn se tenait au côté de Yohn Royce. C’était devenu un jeune homme et il se tenait fièrement. Yara Greyjoy et le seigneur de Dorne suivait ensuite tout à droite.

Tyrion rejoignit l’assemblé en dernier. Il se tint devant les autres et s’adressa à eux.

           — J’ai une nouvelle à vous annoncer.

           — Est-on vraiment obligé de l’écouter ? se moqua le seigneur de Dorne.

           — Lord Varys est mort, continua-t-il. Il a succombé à sa blessure qu’il a reçu des marcheurs blancs à Winterfell. Avant de mourir, il a eu le temps de fuir Daenerys, dont il a était le premier à se méfier. Il s’est réfugié à Accalmie où il a pu répandre la nouvelle sur les véritables origines de celui que nous connaissions sous le nom de Jon Snow. Les mestres de la citadelle de Villevielle ont confirmé que Rhaegar Targaryen et Lyanna Stark s’était bien marié en secret. Leur fils Aegon Targaryen est l’héritier légitime du trône.

           — Ou alors c’est le fils de Ned Stark et d’une paysanne, répondit Yara Greyjoy.

           — Il a monté les dragons comme Daenerys Targaryen, répliqua Tyrion. Il a vaincu les morts en allant tout au nord de Westeros et en tuant le mal à sa source. Sans lui, nous serions tous mort.

           — Qu’en pense l’intéressé ? demanda le seigneur de Dorne.

           — Je suis bien le fils de Rhaegar Targaryen et Lyanna Stark, confirma Jon.

           — Vous avez juré fidélité à la garde de nuit, déclara Yohn Royce. Pourquoi accepterions-nous un roi qui a rompu son serment ?

           — Par ce que c’est un Targaryen, insista Tyrion. Depuis des siècles, la paix a régné sur Westeros sous le règne des Targaryen. Elle aurait durait encore des siècles sans la rébellion de Robert Barathéon et ses mensonges. Les Targaryen viennent de sauver Westeros du fléau des morts. Je peux vous assurer que Jon Snow est un homme bon et juste. Il a réuni les nordiens et les sauvageons, il a tenu tête à Daenerys pour continuer la lutte contre les morts, il l’a convaincu d’abandonner le trône. Il fera un excellent roi pour le dur hiver que nous aurons à affronter.

           — Sauf que je ne désire pas être roi, déclara Jon.

Tyrion lui lança un regard exaspéré. Il s’avança vers lui.

           — Je sais que vous ne voulez pas être roi, je sais que vous vous moquez bien du pouvoir. Mais c’est ce qui fait que vous ferez un bon roi.

Jon regarda Sansa, puis se leva. Il prit la place de Tyrion qui s’écarta.

           — Je me suis battu pour ce en quoi je croyais, déclara-t-il aux autres seigneurs. Je me suis battu pour protéger le monde des humains, qui qu’ils soient. J’ai essayé d’être toujours honorable et de toujours tenir ma parole. Mais je ne suis pas fait pour régner. J’ai été élevée comme un bâtard et j’ai vécu comme un guerrier. Je n’ai rien d’un seigneur. Le règne des Targaryen a vu un roi fou et une reine folle. Peut-être ne faut-il pas prolonger cette lignée.

Le trône de fer a était forgé par des Targaryens et il a était détruit, le soutint Sansa. C’est le signe que le règne des Targaryen est terminé.

Jon la remercia d’un signe de tête et se rassit à sa place. Tyrion le regarda d’un air déçut, mais avec respect.

           — Tous ces secrets, ces discussions et ces débats sur son éligibilité au trône pour finalement qu’il le refuse, se moqua le jeune Robin Arryn.

Yohn Royce à ses côtés lui fit signe de se taire, puis prit la parole.

           — A ce jour, nous n’avons ni roi ni reine. Il nous faut bien quelqu’un.

           — Vous êtes les nobles les plus puissants de Westeros, déclara Tyrion. Choisissez quelqu’un.

Tout le monde se regarda d’un air gêné. Edmure Tully profita du silence pour prendre son courage à deux mains. Il se leva au grand étonnement de tous. Il chercha ses mots et commença son discours.

           — Messire et gentes dames, commença-t-il d’un air humble, je suppose que c’est le moment le plus important de notre vie. Les décisions que nous prendrons aujourd’hui écriront l’histoire. Celui que se tient devant vous est l’un des plus grands seigneur de ce pays. Le vétéran de deux guerres. Je crois que mon expérience m’a donné quelques menus compétences dans l’art de gouverner et je dirais …

           — Mon oncle, le coupa Sansa, rasseyez-vous.

Il la regarda avec surprise. Les autres seigneurs ne le prenaient clairement pas au sérieux. Sansa lui montra la chaise et il se résigna à abandonner. Son épée tapa contre un poteau lorsqu’il se retourna et il supporta cette ultime honte.  

           — Nous devons choisir une personne, déclara Yohn Royce.

           — Heu, pourquoi juste nous ? demanda Samwell. (Tout le monde le regarda et il en profita pour se lever). On représente toutes les grandes maisons, dit-il timidement, mais peu importe l’élu, ce n’est pas que les nobles qu’il représentera. Peut-être bien que cette décision extrêmement importe pour tout le monde doit être prise par … tout le monde.

Les seigneurs se regardèrent en silence, puis éclatèrent de rire.

           — On peut peut-être demander leurs avis aux chiens, se moqua Edmure Tully.

           — Mon cheval a peut-être son idée, continua Yohn Royce.

Samwell se rassit, comprenant qu’ils n’étaient pas capables d’entendre une telle idée.

           — Je suppose que tu veux la couronne, lança Edmure Tully à Tyrion.

           — Moi ? Le gnome ? Une bonne moitié des gens me hait pour avoir servi Daenerys quand l’autre moitié me hait pour l’avoir trahit. Je conçois mal plus mauvais choix.

           — Qui alors ? demanda Sir Davos.

           — C’est une question que je me suis longuement posé ces dernières semaines. Qui serait le meilleur ici pour diriger ce pays ? Il nous faut quelqu’un qui ait la force de caractère et l’expérience pour cela. Quelqu’un qui ne soit ni du Nord, ni du Sud, et qui soit capable d’unir Westeros. Quelqu’un qui ait une histoire capable de se répandre dans tout le pays et d’unir les peuples autour de lui. Qui répond le mieux à ses critères ici que Yohn Royce ? Il est le seigneur de Runestone et de la maison Royce, les descendants les plus directes des premiers hommes. C’est un homme honorable qui a toujours respecté sa fidélité envers la maison Arryn. Il est connut dans tous Westeros pour ses exploits dans les tournois et les joutes. Il a mené les hommes du Val et a remporté la bataille des Bâtards à Winterfell. Il n’a pris aucun parti dans la guerre entre Cersei et Daenerys. Il a lutté contre les morts dans la grande batail de Winterfell et leur a même tendu une embuscade dans le Val, les empêchant d’atteindre les Eryés. Le Val est le seul territoire à ne pas avoir été ravagé par les guerres ces derniers années et c’est grâce à lui.

Tout le monde regardait l’intéressé avec considération.

           — C’est quelqu’un de haute naissance qu’il faut à ce pays, protesta Robin Arryn. Un roi jeune et dynamique.

           — C’est un homme expérimenté qu’il faut à ce pays, le contredit Tyrion.

           — Depuis quand tout le monde écoute le gnome ? Je suis le protecteur du Val et …

           — Et tout le monde ici sait que ce n’est ni votre mère Lisa Arryn, ni le manipulateur Peter Baelish, ni encore moins vous qui ayez fait quoi que ce soit pour le Val.  

Robin s’apprêta à se lever pour lui hurler dessus, mais les regards moqueurs des autres seigneurs le clouèrent sur place. Yohn Royce lui fit signe de s’asseoir de son air autoritaire qu’il détestait tant. Il regretta que ce petit nain ne soit pas passé par la « porte de la Lune » lorsqu’il était prisonnier dans son château il y a si longtemps.

— Westeros serait gouverné par la lignée des Royce maintenant ? demanda Yara Greyjoy. Ils ne gouvernent même pas eux même le Val.  

           — Ses traditions de lignées n’ont jamais rien apporté de bon, remarqua Tyrion. Les fils de roi sont parfois cruels et stupide, tu en sais quelque chose Sansa. Désormais, la couronne ne sera plus héréditaire. Le roi sera choisi, en ce lieu, par les seigneurs et dames de Westeros, pour servir le royaume.

           — C’est rejeté nos plus vielles traditions ! gronda le seigneur de Dorne.

           — Joffrey Barathéon a déclenché la guerre des cinq rois par sa stupidité, déclara Yohn Royce. Je suis d’accord avec cette idée.

Tyrion regarda les seigneurs qui semblaient d’accord. Il s’avança ensuite vers Yohn Royce.

           — Je sais que vous n’avez pas demandé à être roi, mais je vous le demande, si nous vous choisissons, accepterez-vous la couronne ? Accepterez-vous de régner sur les sept royaumes, du mieux que vous le pourrez, à partir de maintenant et ce jusqu’à votre dernier souffle ?

Yohn Royce le regardait de son air des plus sérieux.  

           — Je ne manque jamais à mon devoir, affirma-t-il.

Tyrion regarda les autres seigneurs, espérant qu’il soit d’accord avec son choix. Personne ne dit rien et il commença à angoisser. Samwell Tarly fut le premier à approuver, prononçant un « Hourra » sonore. Il fut suivit d’Edmure Tully et du seigneur de la maison Foin, puis du seigneur de Dorne, de Yara Greyjoy, de Gendry, de Sir Davos qui n’était pas sûr que sa voix comptait vraiment et de Brienne de Torse. Les regards se tournèrent vers le jeune Robin Harrin qui avait l’impression de vivre un cauchemar.

           — Si je suis à Port Réal, vous me verrez bien moins souvent, lui dit Yohn.

           — Hourra ! s’empressa Robin.

Tyrion regarda ensuite les Stark, les derniers à ne pas avoir voté. Sansa était gêné et prit la parole.

           — Je vous respecte, Yohn Royce, vous ferez un bon roi. Mais des dizaines de milliers de Nordiens sont tombé pendant la grande guerre pour défendre Westeros et les survivants en ont trop vue et combattu trop durement pour encore prêter allégeance.  

           — Le Nord demeurera un royaume indépendant, la soutint Jon, comme depuis des milliers d’années avant le règne des Targaryen.

— Votre requête est juste, répondit Yohn Royce. J’ai toujours pensé que votre royaume est bien trop lointain et différend pour être gouverner par Port Réal. Le Nord sera un royaume indépendant et des alliées de notre pays.

Sansa hocha la tête. Tyrion s’adressa solennellement à Yohn Royce pour son couronnement.  

           — Salut à toi, Yohn le Bronzé, premier du nom, roi des Andales et des premiers hommes, seigneurs des six couronnes et protecteur du royaume.

Les autres seigneurs se levèrent répétèrent en cœur ce qu’il avait dit.

           — Salut à toi, Yohn le Bronzé, premier du nom, roi des Andales et des premiers hommes, seigneurs des six couronnes et protecteur du royaume.

Ils se rassirent ensuite. Tyrion s’inclina et partit sur le côté.

           — Lord Tyrion, l’appela Yohn Royce. Je vous ai toujours pris pour une personne peu respectable, mais vous avez su me convaincre que vous étiez quelqu’un d’honorable et juste. Vous avez prouvé votre valeur à mainte reprise. Vous serez ma main.

           — Non, répondit-il d’un air désemparé. Votre majesté, je ne veux pas.

           — Et je n’ai pas demandé à être roi, mais j’ai répondu à mon devoir. Vous en ferez de même.

           — Majesté, je ne le mérite pas. J’ai cru être sage, mais je ne l’ai pas était. J’ai cru savoir ce qui était bien, mais j’étais dans l’erreur. Choisissez Sir Davos, choisissez n’importe qui d’autre.   

           — Vous avez commis des erreurs, c’est comme cela qu’on apprend. Votre devoir est maintenant de les réparer en devenant ma main.

Il baissa la tête, puis se redressa solennellement.  

           — J’accepte de devenir votre main.

 

 

 

           Arya, Jon et Sansa venait d’assister au couronnement officiel de Yohn Royce au donjon rouge devant la haute bourgeoisie de Port Réal. L’ancienne salle du trône en ruine avait été délaissée pour une salle plus petite, mais intacte. Les Stark n’avaient que faire de cette cérémonie et n’attendaient plus que de pouvoir prendre leur bateau pour retourner dans le nord.

Avant cela, Yohn Royce demanda à s’entretenir avec Jon pour avoir sa version de son histoire contre les marcheurs blancs. Il fut assez ouvert d’esprit pour le croire, mais demanda tout de même à voir ses cicatrices à la poitrine lorsqu’il lui parla de sa résurrection.

           — Il faut croire que tout est possible de nos jours. Nous vous devons beaucoup, Aegon Targaryen. Vous serez toujours le bienvenu à Port Réal.

           — Merci, votre majesté.

Il le salua et Tyrion le raccompagna hors de la salle du trône. Les deux hommes se firent face dans le couloir.

           — Il semblerait que ce soit ici que nos chemins se séparent. Vous êtes l’une des rares personnes que je connaisse qui soit honorable et ne s’intéresse pas au pouvoir. Je vous respecte pour ça.

           — Et vous êtes quelqu’un de bien, Tyrion. Vous ferez une excellente main.

           — Puissiez-vous avoir raison. Vous allez me manquer, Jon.

Ils se serrèrent la main, puis Jon s’en alla.

Les Stark montèrent sur leur bateau qui partit de Port Réal. Depuis le pont, les trois frères et sœurs virent la capitale s’éloigner au loin. Sansa profita du calme pour s’adresser à Jon.

           — Ce que tu as dit aux autres seigneurs, c’est vrai ? demanda-t-elle. Tu ne veux vraiment pas être roi ?

           — Le nord est libre et ce grâce à toi. La fille de Ned Stark parlera en leur nom, elle est la mieux placée pour le faire.

Elle fut émue par ses paroles et ils s’enlacèrent.

           — Où vas-tu aller ? demanda Arya.

           — Au nord du mur, avec les sauvageons. Je me sens chez moi là-bas.

Jon posa une main sur l’épaule d’Arya qui lui semblait triste.

           — Je reviendrais à Winterfell de temps en temps pour vous voir.

           — Je ne retourne pas dans le nord.

           — Où est-ce que tu vas ? demanda Sansa.

           — Qu’est-ce qu’il y a à l’ouest de Westeros ?

           — Je ne sais pas, répondit Jon.

           — Personne ne le sait, les cartes du monde ne le disent pas. Je veux aller là-bas.

Il la regarda ému.

           — Tu as « aiguille » ?

           — Je l’ai là, répondit-elle en montrant sa petite épée.

           — Nous sommes les derniers des Stark, déclara Sansa. Notre famille serait fière de nous.

           — Vraiment ? demanda Jon.

           — A Winterfell, ton nom ne sera ni Snow ni Targaryen, mais Stark.

           — Au Stark, répondit Arya.

           — Aux Stark, répondit Jon.

Ils regardèrent la mer ensemble, soudés comme jamais auparavant, profitant de ce moment en famille.  

 

 

 

           Tyrion était dans la salle du conseil, se préparant pour la toute première réunion. Il était si anxieux qu’il décida de réinstaller les chaises pour donner une meilleure présentation. Les membres du conseil vinrent s’asseoir et Bronn prit la sienne pour la mettre où il voulait, à son grand agacement.

Bronn avait gagné le château de Haut-Jardin et le titre de trésorier. Il y avait la Lord Commandante de la Garde Royale Brienne de Torse, le maître des navires Sir Davos et mestre de la citadelle Samwell Tarly. Ce dernier lui montra le nouveau livre qui résumait les dernières guerres et Tyrion fut vexé de voir qu’il n’y apparaissait pas.

Le roi entra avec Sir Podrick, vêtu d’une armure jaune de la garde royale. Tyrion fit signe aux autres de se lever.

           — Majesté, dirent-ils ensemble.

Le roi s’assit à la table avec eux.

           — Notre conseil n’est pas encore au complet. Il nous manque un maître des lois, un maître de la guerre et un maître des chuchoteurs.

           — Oui, majesté, de possibles candidatures seront soumises à votre assentiment dans les semaines à venir, répondit Tyrion.

— Des nouvelles de Daenerys ?

           — Elle aurait repoussé des esclavagistes attaquant Meereen. Sans les tuer à ce qu’on dit.

           — Oui, la bonne blague, rigola Bronn. Plus elle est loin, mieux c’est.

           — Sir Bronn de la Nerra, devenue seigneur de haut jardin et maître du trésor. Une ascension fort impressionnante, le complimenta Yohn Royce d’un air pourtant réprobateur.

— Comme la vôtre, répondit-il respectueusement.

— La dette de la couronne envers vous parait-elle intégralement payée ? intervint Tyrion.

           — Certes oui, seigneur main du roi.

           — Nous pouvons donc vous réemprunter de l’argent, déclara Yohn Royce. Il nous faut nourrir le peuple. Peut-on espérer un peu d’aide de votre part ?

           — Bien sûr.

           — Seigneur Davos, il nous faut réparer notre port et reconstruire une flotte.

           — En effet, répondit Davos. Ces projets démarreront lorsque le maître du trésor pourvoira aux dépenses.

           — Le maître du trésor veut bien aider le maître des navires, mais il faut qu’il s’assure qu’il n’y ait aucun gâchis d’argent, sinon il n’y aura bientôt pas d’argent.

           — Bientôt « plus ».

           — Vous êtes maîtres de la grammaire, également ? En parlant de chantier, tous les bordels ont brûlé. Le maître du trésor souhaite financer leur reconstruction.

           — Heu, le grand mestre est plus que sceptique sur les effets salutaires des bordels, répondit Samwell.

           — Je suppose que le grand mestre ne les fréquente que peu.

           — Croyez-vous que c’est un jeu ? demanda Yohn Royce en le foudroyant du regard. Nous avons la responsabilité de centaines de milliers de gens et de tout un pays. Ne croyez pas que votre richesse vous permette de vous comporter n’importe comment. Soit vous prenez votre devoir au sérieux, soit vous partez.

           — Mes excuses, mon roi.

           — Pas de bordel et arrêtez de parler de vous à la troisième personne. Le prochain sujet, Tyrion.

           — Oui. Les égouts.

Ils continuèrent leur réunion sous la direction de Yohn Royce, qui comptait bien en faire des hommes respectables.

Pendant ce temps dans le monde, Daenerys volait sur son dragon vers des terres lointaines. Elle semblait allégée et de bonne humeur. A Winterfell, Sansa était couronnée reine du nord, habillée d’une robe grise majestueuse, les nordiens levant leurs épées en son honneur. Plus au nord encore, Jon, son loup « fantôme » et Nissa traversaient le mur et guidaient les sauvageons sur leurs terres natales, débarrassés des Marcheurs blancs. Et à l’ouest, en haute mer, Arya sur son bateau observait l’horizon avec sa longue-vue.



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