Game of thrones - Fin alternative

Chapitre 9 : Episode 6 : Partie 1 :

6386 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 30/05/2020 10:37


           En temps normal, la destruction d’une forteresse aussi glorieuse que Castral Rock aurait ébranlé tout Westeros. Mais personne ne s’occupait plus de la guerre de pouvoir entre Cersei et Daenerys. Pas lorsque les morts mettaient les villes à feu et à sangs.   

Dans le Sud, à Dorne, la température était tombée si bas que des flocons de neige commençaient même à apparaître. De nombreux villages avaient été ravagés et la grande capitale Lancehélion subissait l’assaut des morts.

Dans le Bief, des villages et jardins avaient été brûlés et la capitale d’Accalmie était aussi assiégée.  

Dans le Roc, les morts avaient subi une défaite contre les troupes de Daenerys quittant Castral Rock, mais il en restait encore dans la campagne.

A Port Réal, cinq nouveaux marcheurs blancs avaient rejoint les fosses abritant les cadavres de la prise de la capitale. Ils avaient réveillé les morts et les avaient dirigés vers l’entrée de la ville. Les portes, qui avaient été enfoncées, étaient inutiles et les immaculés était posté sur un barrage de tonneau de bois. Les morts les avaient entièrement enseveli comme une marrée inarrêtable, puis avaient récupéré leurs armes pour se disperser dans la ville. Les morts attaquaient de partout et les gens étaient paniqués. Les immaculés essayaient de les débusquer, mais les émeutes leur compliquaient la tâche.   

Dans le Conflans, le château du « pont des Jumeaux », qui permettait le passage du fleuve, avait subi une attaque qui avait tué tout le monde. Les nouveaux morts marchaient vers les villes voisines.

Le Val était le seul endroit à avoir remporté une victoire. Yohn Royce avait tendu une embuscade au mort dans les collines et vallées qu’il connaissait bien. La population aux alentours avait été évacuée aux Eyrié qui se préparaient pour un siège.

Au Nord, Winterfell était à nouveau assiégé par les morts. Sansa et ses hommes avaient repoussé l’assaut en embrasant la tranchée autour de la ville. Les morts n’étaient pas assez nombreux pour la franchir cette fois. Ils attendaient simplement que le bois se consume pour traverser.

Partout dans Westeros, les hommes et les femmes se battaient contre le fléau des morts. La survie de l’humanité était en jeu.   




           Il avait fallu une semaine à Jon Snow, Mélisandre, Nissa, Tormun et les six sauvageons avec eux pour atteindre le grand Nord. Une semaine à cheval dans un hiver glacial. Les morts n’y étaient plus présents, mais le froid avait tué les chevaux un à un. Ils se trouvaient maintenant à pied, plus très loin de la mystérieuse forteresse des marcheurs blancs.  

Ils n’avaient aucune information du monde extérieur et ne savaient pas si Winterfell était toujours debout. Cela tracassait particulièrement Jon, qui se sentait coupable de les avoir abandonnés. Ils ne savaient rien non plus du génocide de Daenerys à Castral Rock.

Nissa ne se rappelait plus exactement du chemin pour arriver à cette forteresse. Le froid l’empêchait de se concentrer et elle guidait le groupe à l’aveugle. Ils marchaient sur un lac gelé à travers le brouillard et elle ne voyait même pas vers où elle allait. Puis elle sortit du brouillard et reconnut ce qu’elle avait vu dans ses rêves.

Le ciel était illuminé de vert, comme s’il y avait des aurores boréales au-dessus des nuages. Le terrain était recouvert de neige et d’épaisse stalagmique de glace. Au bout se trouvait une sorte de montagne, ou plutôt un groupement de haut roché en pic qui formait un arc de cercle autour d’une structure. Une ancienne forteresse qui avait subi les affres du temps.

           — C’est ça ? demanda Jon.

           — Oui, c’est ça, répondit Nissa.

           — Nous voilà enfin au repaire de l’ennemi. C’est la première fois qu’on l’attaque vraiment.

           — Vous croyiez qu’il y a des femmes et des bébés marcheurs blancs là-bas ? demanda Tormund d’un air amusé.

           — Non, je ne pense pas, répondit Nissa. Je n’ai vu aucune société, rien.

           — Alors pourquoi ils nous attaquent ? demanda Tormund.

           — Quand tu les verras, tu leur demanderas.

           — C’est un fléau que l’humanité doit affronter depuis des milliers d’années, répondit Mélisandre. Si le maître de la lumière le veut, nous y mettrons un terme.

— Tu n’as vu qu’une dizaine de marcheurs blancs là-bas dans ta vision ? demanda Jon.

           — Oui, mais qui sait si on peut vraiment s’y fier à cette vision. Moi-même, je n’y comprends rien.

           — C’est rassurant, ralla un des sauvageons.

           — Notre objectif, c’est le nouveau roi de la nuit, déclara Jon. Avancez aussi discrètement que possible.

Ils avancèrent sur le terrain enneigé. Même s’il n’y avait aucun signe de garde, ils marchaient aussi discrètement que possible. Leurs vêtements blancs les camouflaient naturellement, mais personne ne connaissait les capacités visuelles d’un marcheur blanc.

Ils approchèrent d’abord d’une formation de grands obélisques de glaces entourant un morceau plus petit. Mélisandre ressentit une sombre énergie dégager de cet endroit et s’en approcha.

           — C’est un autel, déclara-t-elle. Pour des sacrifices.

Elle toucha l’autel au centre des obélisques, puis retira sa main d’un air terrifié.

           — Je n’ai jamais ressenti un froid pareille ! Des choses horribles sont arrivées ici.  

           — Avançons, déclara Jon.  

Ils continuèrent vers la forteresse qu’ils voyaient de mieux en mieux. Elle était entièrement faite de glace, comme le grand mur, mais de manière bien plus sophistiqué. Le vent et le temps en avaient fait tomber plusieurs morceaux. Au-dessus se dressaient les grandes montagnes en pic qui l’entouraient comme pour la protéger. Elles leur donnaient la sensation d’être tout petit et insignifiant.

Ils approchèrent de la grande entrée qui n’était gardée par aucune porte.

           — Ca semble trop facile, chuchota Jon.

           — Tu es sûr que c’est là ? demanda Tormund.

           — Oui, sûr, répondit Nissa.  

Jon regarda l’embrasure de l’entrée qui était recouverte de neige. Il arriva à discerner des trous pour des sortes de statuettes. Il s’approcha et se rendit compte qu’il s’agissait de crâne. Des crânes aux yeux bleus.

           — Ces têtes-de-mort nous regardent ! Ils savent qu’on est là, dépêchons !

Ils entrèrent à l’intérieur en brandissant leurs armes. Ils se retrouvèrent dans un gigantesque hall où le plafond montait très haut. Il était recouvert de stalagtiques solidement accroché. Les murs de glaces étaient troués par endroits et laissaient entrevoir les rochers autour. Des couloirs à dix niveaux arrivaient sur le hall sans aucun escalier pour monter ou descendre. Le sol était craquelé et fissuré, recouvert du symbole en spirale que les marcheurs blancs affectionnaient tant. Au centre de ce symbole se trouvait un arbre mort. Dans son tronc était creusée une sorte de trône où se trouvait Bran.   

           — Là, allons-y ! déclara Jon.

Ils n’eurent pas le temps de s’élancer que des marcheurs blancs surgirent des couloirs en hauteur donnant sur le hall. Ils sautèrent de plusieurs étages sans la moindre gêne et dégainèrent leurs épées de glaces. Ils avaient tous de longs cheveux blancs, le visage ridé et le torse nu. Certains en revanche étaient plus petits que d’autres et n’avaient aucune arme.

           — Ils sont sur nous ! cria un des sauvageons.

           — Ils sont trop nombreux !

           — Formez un cercle ! ordonna Jon.

Mélisandre, qui n’avait pas la moindre dague et encore moins la force d’en manier une après leur voyage, se mit au milieu d’eux. Elle toucha l’épée de Jon et prononça une prière pour le maître de la lumière. Son épée s’enflamma, ainsi que celle des huit autres guerriers avec lui.

           — Nous sommes venus jusqu’ici pour mettre un terme au fléau des morts et c’est ce que nous allons faire ! les encouragea Jon. Nous sommes le bouclier qui protège le royaume des humains !

Ils hurlèrent tous en cœur, motivé et prêt à en découdre. Les marcheurs blancs coururent vers eux et ils engagèrent le combat. Les épées enflammées et de glace s’entrechoquèrent violemment sans se briser. Mélisandre au milieu était terrifiée et priait en son maître. Un vent glacial souffla depuis l’arbre mort et les flammes des épées vacillèrent. Mélisandre se mit à genoux et pria aussi fort qu’elle put pour lutter contre les ténèbres.

Chacun avait un marcheur pour l’occuper, mais ceux plus petits et désarmés se mirent entre eux et Bran. Jon tua son marcheur blanc en lui décapitant la tête et leur fit face. Il s’apprêta à les attaquer lorsqu’il remarqua qu’ils semblaient être des enfants. Ils n’avaient pas tous la même taille et il comprit rapidement qu’il avait à faire aux garçons que le sauvageon Craster donnait en sacrifice aux marcheurs blancs. Il se demanda s’il restait de l’humanité en eux, mais leurs yeux bleus lui semblaient inexpressifs. Même désarmés, ils se jetèrent sur lui. Jon fut obligé d’agiter son épée devant eux pour les faire reculer. II se résigna ensuite à les tuer.  

Nissa et Tormund avaient tué leur marcheur blanc et aidaient les autres, mais deux sauvageons étaient déjà morts. Le vent glacial devint de plus en plus fort et les flammes des épées vacillèrent malgré les efforts de Mélisandre. Les épées en acier normal explosèrent contre la puissance des épées de glaces. Deux autres sauvageons moururent et un autre s’enfuit en courant. Les autres se regroupèrent avec Jon et prirent leurs couteaux et lances en verre dragon. Aidé par ses collègues, Jon réussit à tuer les derniers marcheurs blancs.

Le calme revint enfin et il ne semblait plus y avoir de menace. D’autres marcheurs blancs plus petits sur les couloirs tout en haut restaient dans l’ombre sans bouger.

           — C’est fini ? demanda Tormund.

           — Pour l’instant, répondit Jon. Profitons-en.

Ils traversèrent le hall jusqu’à Bran assis sur l’arbre mort. Ils s’attendaient tous à trouver un homme à la peau de glace, les cheveux vieillissants, les pupilles bleus voilés de blanc et des piques sur le front comme l’ancien roi de la nuit. Mais Bran avait juste la peau un peu pâle et des cheveux toujours aussi bruns, plaqués vers l’avant. Ses yeux étaient blancs comme lorsqu’il entrait en transe, mais ne laissait paraitre aucune pupille bleue. D’horribles branches le retenaient aux bras, aux torses et au front.

           — C’est ça le roi de la nuit à trois yeux ? demanda Tormund.

Jon s’approcha prudemment et le toucha. Il perçut un pouls.

           — Il est toujours vivant ! s’offusqua Jon. Ce n’est pas un marcheur blanc, c’est un prisonnier !

           — Je ne comprends pas ! répondit Nissa troublé.

           — Aidez-moi à le sortir de là !

Tormund et lui coupèrent les branches retenant son frère. Les yeux blancs de Bran reprirent une couleur normale, mais il resta inconscient. Jon le traina loin de l’arbre, s’attendant presque à ce que les branches les rattrapent. Il le retint dans ses bras et essaya de le réveiller. Bran finit par ouvrir les yeux.  

           — Bran ! Tu vas bien ?  

           — Quoi ? Non. Qu’est-ce qui s’est passé ?

           — J’aimerais bien le comprendre ! s’indigna Nissa.

           — Oh non, c’est horrible. Les marcheurs blancs, ils m’ont amené ici. Sur l’autel.

           — Ils t’ont transformé en l’un dès leur, je l’ai vue ! déclara Nissa. J’en suis tombé de mon arbre en plein sommeil.

           — Tu n’as pas regardé assez longtemps. Ils ont essayé, oui, mais la magie de la corneille à trois yeux et la leur n’est pas compatible.

           — Mais alors, ce rêve que j’ai fait ? demanda Nissa. Je t’ai vue, en marcheur blanc, tu m’as parlé ! 

           — Ce n’était pas moi qui te parlais. J’étais immobile, prisonnier. La voix que tu as entendue venait de cet arbre.

           — Que t’on t’il fait alors ? demanda Jon.

           — Ils m’ont amené à cet arbre. C’était un Barral, mais pas celui des anciens dieux. C’est celui d’une entité au pouvoir très obscur. C’est sur ce Barral que les enfants de la forêt ont créé le tout premier marcheur blanc à partir d’un homme, le roi de la nuit lui-même. Ils ont fait appel à cette entité pour lui conférer le pouvoir de la mort.

           — Pourquoi t’y ont-ils attaché ? demanda Jon.  

           — C’est la source de leur pouvoir. Ils s’en sont servis pour me forcer à utiliser ma capacité de Vervue pour leur propre intérêt, les guidant vers les plus grandes sources de cadavres dans tout Westeros.  

Jon regarda l’arbre mort avec mépris et courut vers lui avec son épée. Il lui donna un puissant coup et son épée rebondit au point de lui échapper des mains. Il se sentit à la fois frustré, ridicule et impuissant.

           — Si c’était aussi simple, quelqu’un l’aurait déjà coupé depuis longtemps, rigola Tormund.

Jon se tourna vers Mélisandre en espérant qu’elle ferait mieux. Elle s’approcha de l’arbre et n’osa même pas le toucher.

           — L’entité de ce Barral est trop puissante, déclara-t-elle.

           — La priorité, c’est de ramener Bran à Winterfell, déclara Jon. Je reviendrais plus tard avec Daenerys et ses dragons pour brûler cet endroit.

           — Le roi de la nuit ne craignait pas le feu, protesta Nissa, cet arbre pourrait aussi ne pas brûler !

           — On verra plus tard, en attendant, il faut partir !

Jon souleva son frère et ils le suivirent vers la sortie.

Le sauvageon qui s’était enfui s’était arrêté à cent mètres de la forteresse lorsqu’il avait compris que personne ne le poursuivait. Il n’osait plus revenir, toujours terrifié. Il le fut encore plus lorsqu’il vit des formes bouger sur les montagnes surplombant la forteresse. Comme si des choses essayaient de sortir de la glace. Des monstres se mirent ensuite à bouger sur les parois, donnant l’impression qu’ils venaient d’éclore. Beaucoup de monstres, qui descendaient vers la forteresse.

Il songea à s’enfuir à nouveau, mais pour aller où. Tout seul, il n’aurait aucune chance de rejoindre le mur. Il prit son courage à deux mains et courut pour prévenir les autres.  

Le groupe s’arrêta à mi-chemin entre l’arbre et la sortie, lorsque le sauvageon arriva aux portes en hurlant.

           — Sortez ! Ils arrivent !

Ils remarquèrent finalement les monstres descendant les rochers à travers les trous dans la forteresse. Ils se mirent à courir lorsque le sauvageon à la sortie se fit percuter de plein fouet par une forme floue et rapide. Le monstre le mordit à la gorge et le décapita comme un rien. Il resta ensuite à la sortie pour leur bloquer le passage. C’était une araignée géante, entièrement faite de glace et montée par un marcheur blanc.    

Jon posa Bran contre un bloc de glace et dégaina son épée.

           — On est foutu, reconnut Tormund.

           — Qu’est-ce qu’on fait ? demanda le dernier des six sauvageons avec eux.

           — On va y arriver ! cria Jon. On peut trouver un moyen de leur échapper !

           — On est cerné, Jon, lui dit Tormund. Cette fois, c’est la fin !

           — Il a raison, déclara Bran. Tue moi tant que tu le peux.

           — Quoi ? Pas question ! s’offusqua Jon.

           — Ne les laisse pas accéder à nouveau à mon pouvoir.

           — Jamais je ne ferais ça ! Tu es mon frère !

           — Je ne suis plus Brandon Stark …

           — Bien sûr que si ! Tu es mon petit frère obstiné qui escalade tout ce qu’il trouve. Tu es mon petit frère qui tentait d’impressionner notre père en tirant à l’arc. Tu courais après Arya dans tout Winterfell. T’en rappelles-tu ?

           — Oui, mais je ne suis plus ce petit frère.

           — Tu as changé, mais tu n’en es pas moins toi. Sinon, n’importe qui pourrait devenir la corneille à trois yeux.

           — Peut-être, reconnut-il.

L’araignée qui leur barrait la route avança vers eux. Jon courut vers elle en brandissant son épée. Il évita ses coups de patte et repoussa sa gueule en agitant son épée. Il lui coupa une patte lorsqu’elle l’attaqua, puis fit une roulade en avant pour aller sous elle. Elle recula trop rapidement et lui donna un coup de patte. Elle sauta ensuite sur lui et Jon roula à nouveau pour lui enfoncer son épée dans la gorge. L’araignée explosa entièrement au contact de l’acier valyrien. Jon se releva ensuite et acheva le marcheur blanc désarmé qui l’avait monté.

Jon se retourna d’un air de triomphe, puis découvrit les quatre autres araignées de glaces qui venaient d’arriver dans le hall. Tormund, Nissa et l’autre sauvageon entouraient Bran.

           — Si on doit mourir, je veux monter une de ces choses ! hurla Tormund.

           — Jon, tu dois le faire, continua Bran. Qui que je sois.

           — Vous devez faire ce sacrifice, Jon Snow, déclara Mélisandre. Ayez foi en moi !

Il les ignora. Pour lui, la foi n’avait rien à voir là-dedans. Malgré le désespoir de la situation, il n’arrivait pas à se résoudre à commettre un tel acte. Tuer son frère et se résigner à mourir face à l’ennemi, sa vie ne pouvait pas se finir ainsi. Pas après tout ce qu’il avait enduré, pas après tout le chemin qu’il avait fait, pas après toutes les fois où il avait échappé à la mort de justesse.  

Tormund affronta la première araignée et lui coupa une patte. Il se fit ensuite empaler par une autre dans le torse et hurla de douleur. L’araignée l’attira vers sa gueule répugnante et ses six yeux bleus, agitant les crocs. Tormund lui lança un regard dément et attrapa son couteau en verredragon. Il le planta dans la tête de l’araignée, puis s’écrasa par terre.

Nissa vit l’autre sauvageon se faire dévorer par l’araignée, mais devait s’occuper de celle qui lui fonçant dessus. Elle prit sa lance et l’envoya sur la bête. La pique de verredragon se planta dans son dos et la bête exposa. Elle vit ensuite Tormund blessé par terre et Jon tuant le marcheur blanc au-dessus de lui.

           — On est foutu ! hurla-t-elle.

Elle se retourna vers Bran gisant par terre. Elle s’apprêta à le poignarder dans le cœur, lorsque Mélisandre s’interposa.

           — Non, c’est à Jon de le faire ! déclara-t-elle fermement.

           — Vous êtes timbrés !

           — C’est la prophétie !

Nissa en oublia le marcheur blanc sur l’araignée qu’elle venait de tuer et Jon lui sauva la vie en s’en occupant.

           — C’est à vous de faire ce sacrifice ! insista Mélisandre. C’est la prophétie, c’est votre destin !   

Bran lança un regard d’approbation à Jon. Il se résolut à le tuer et alla devant lui. Planter son épée dans le torse de son petit frère fut la chose la plus difficile qu’il n’avait jamais eu à faire. Bran grimaça de douleur, puis lui lança un dernier regard compatissant avant de s’éteindre.

Il n’eut pas le temps de pleurer que sa lame se mit à chauffer à travers le manche. Il la retira du torse de son défunt frère et l’épée s’embrasa de mille feux. Elle lui semblait même encore plus brillante que la première fois.  

Jon fut pris par un élan de rage et courut vers l’araignée la plus proche. Son cœur battait comme jamais auparavant et il était animé par une confiance inébranlable. Il coupa les pattes de l’araignée lorsqu’elle l’attaqua et la tua d’un coup tranchant dans la tête.  

Les autres marcheurs blancs se mirent à hurler. Ils les encerclaient et se précipitèrent sur eux. Nissa resta auprès de Mélisandre en brandissant son couteau en verredragon, mais ce n’était pas elles qu’ils voulaient. C’était lui.

Jon tua la première araignée qui se jeta sur lui d’un simple coup d’épée, ses fragments de glaces explosant à travers lui. Il fit de même pour la deuxième et la troisième. Les quatre dernière l’encerclèrent et tournèrent autour de lui. Jon les provoqua en agitant son épée enflammée et en hurlant. Elles essayèrent de l’avoir en se rapprochant de lui et en l’attaquant ensemble. Jon courut vers l’une d’entre elle, la tua d’un coup d’épée enflammé, puis passa à travers ses débris pour se dégager ainsi de leur piège. Elles le poursuivirent et il les tua une à une.

Jon acheva facilement les derniers marcheurs blancs privés de leurs montures et qui n’avaient même pas d’armes. Nissa aussi en tua deux pour protéger Mélisandre.

Lorsqu’il n’y eut plus de danger autour d’eux, l’épée de Jon s’éteignit. Il la toucha et réalisa qu’elle était encore très chaude. Mélisandre le regardait avec admiration, mais il s’en fichait. Il accourut vers Tormund qui perdait des litres de sang, Nissa agenouillée à côté de lui.

           — Tormund !

           — C’était chouette … on se voit de l’autre côté.

Il rendit l’âme sous leurs yeux. Nissa se mit à pleurer et Jon se releva.

           — Allez-y, mettez-y un terme, lui dit Mélisandre.

Jon se dirigea vers l’arbre mort. Lorsqu’il s’approcha, son épée s’enflamma à nouveau. Il comprit ce qu’il devait faire. Il planta son épée dans le tronc de l’arbre qui s’enfonça cette fois comme dans du beurre. Les flammes devinrent encore plus chaudes et l’arbre se mit à trembler. Puis son épée explosa et il fut propulsé à plusieurs mètres sur la glace.

Les dernières araignées qui arrivaient sur les murs explosèrent toutes ensemble. Les petits marcheurs blancs de moins d’un mètre, qui observait en silence depuis les couloirs en hauteur, tombèrent dans le hall en une pluie de morceaux de glace.

Partout dans Westeros, les marcheurs blancs et leurs morts s’écroulèrent en l’espace de quelques secondes. Sansa fut témoin de cette foule de cadavres s’effondrer face à la tranchée enflammée, leurs os se séparant comme s’ils n’étaient plus accrochés. Yohn Royce, qui observait les morts approcher des Eyriée depuis sa longue-vue, les vit tous tomber sans comprendre. Daenerys, qui venait d’arriver à Port Réal au dos de Drogon, s’apprêtait à brûler une rue rempli de mort et ne comprit pas pourquoi Drogon avait renoncé.

Tous les vivants dans les sept couronnes étaient dorénavant libérés de la menace des morts.


 


           Jon, Nissa et Mélisandre étaient les seuls survivants de leurs expéditions. Nissa était toujours au côté de Tormund, tandis que Jon fixait le cadavre de son frère. Ils avaient encore du mal à réaliser ce qui s’était passé.

           — C’est fini ? demanda Nissa. On a « gagné » ?

           — Oui, les marcheurs blancs ont était vaincu, affirma Mélisandre.

Jon lui lança un regard méprisant.

           — Vous auriez pu enflammer mon épée avant que je ne tue mon frère !

           — Ce n’était pas moi.

           — Ne me parlez pas du maître de la lumière !

           — Ce n’était pas le maître de la lumière. C’était votre destinée.

           — Vous dites toujours des choses impossibles à comprendre.

Mélisandre soupira.

           — Il y a longtemps, lors de la longue nuit contre les marcheurs blancs, un homme du nom d’Azor Ahai à repoussé les ténèbres et sauvé l’humanité de son extinction. Il avait forgé une épée en acier valyrien, du nom « d’Illumination », qui restait toujours chaudes et s’embrasait face aux ténèbres. Pour lui donner ce pouvoir, il avait fait le sacrifice de la femme qu’il aimait.

Les prophéties sur son retour ont perduré à travers les millénaires : « Viendra un jour, après un long été, où les étoiles saigneront et un souffle froid et ténébreux s'abattra sur le monde. Dans ce temps tourmenté, un guerrier forgera au travers du feu une épée en flammes. Cette épée se nommera "Illumination", l'Epée Rouge des Héros, et celui qui l'empoignera sera Azor Ahai réincarné, et les ténèbres s'enfuiront face à lui. » Une autre dit : « Quand l'étoile rouge saignera et que les ténèbres se rassembleront, Azor Ahai renaîtra dans la fumée et le sel pour ramener les dragons à la vie. »

           — Je n’ai ramené aucun dragon à la vie, soupira Jon.

— Les prophéties qui perdurent à travers les millénaires ne sont pas toujours à prendre au pied de la lettre. Daenerys et vous êtes la réincarnation d’Azor Ahai, ses descendants directs, le sang des Targaryens, le feu et la glace combiné contre le fléau des morts. Elle a ramené les dragons à la vie au moment où la comète rouge est passée. Elle a tué le roi de la nuit et nous a fait remporter la grande bataille de Winterfell. Vous avez sacrifié votre frère pour le bien de l’humanité, transformant votre épée d’acier valyrien en la célèbre épée « Illumination », qui vous a permis d’anéantir la source du pouvoir des marcheurs blancs. Daenerys et vous étiez les princes qui étaient promis.

Jon resta sans voix, essayant d’assimiler ce qu’elle venait de lui dire. Daenerys serait certainement contente d’entendre ça, mais lui, il ne savait pas quoi en penser. Il avait grandi en tant que bâtard, luttant pour se faire une place dans sa famille, acceptant finalement son sort en rejoignant la garde de nuit. Puis il était devenu Lord Commandant, il avait été ressuscité, il avait été élu roi du Nord, il avait appris qu’il était l’héritier légitime du trône et maintenant ça. Ce n’était à rien n’y comprendre.

Nissa, quant à elle, était simplement soulagée que les marcheurs soient vaincus.

           — Où est l’épée ? demanda-t-elle.

           — Elle a dû exploser avec l’arbre, répondit Jon en regardant autour de lui.

           — Dommage.

           — Nous ne sommes plus censés en avoir besoin si les marcheurs sont tous morts ? demanda Jon.

           — En effet, confirma Mélisandre.

           — Alors, je suppose qu’il ne nous reste plus qu’à marcher jusqu’à Winterfell.

           — Je ne viens pas avec vous.

           — Quoi ?

           — J’ai fait mon temps dans ce monde, plus que la majorité des gens. Vous êtes libre de faire votre vie sans le poids d’une quelconque prophétie dorénavant. Revendiquer votre sang de Targaryen, faire valoir votre accessibilité au trône, ce sont des choix qui ne regardent que vous maintenant.

           — Je m’en tire bien alors, remarqua Nissa.

           — Il vous reste encore de grandes choses à accomplir, vous aussi.

           — Vraiment ? Je n’ai même pas compris que Bran était toujours vivant. Je ne mérite pas le don de Vervue.

           — Si, vous le méritez. Et plus encore.

Elle s’en alla sans s’expliquer davantage. Elle sortit de la forteresse puis commença à vaciller. Son corps se mit à vieillir sous leurs yeux en l’espace de quelques secondes. Elle tituba et tomba par terre, morte.




           Quelques heures plus tard, Jon et Nissa avaient enterré Bran, Tormun et les six sauvageons tombés avec eux. Jon ne s’était pas senti la force de dire quelques mots pour son frère et s’était recueilli en silence. Nissa ne connaissait pas très bien Tormund et regrettait de ne pas avoir partagé plus de moments avec lui.

Ils prirent ensuite le chemin du retour. Un long chemin de plusieurs mois sans leurs chevaux. Il faisait déjà un peu moins froid, peut-être à cause de la mort des marcheurs blancs, mais leur chance de survie était mince et ils le savaient. Aucun sauvageon ne s’aventurait jamais autant au nord en plein hiver. Et il n’y avait plus aucune forme de vie qu’ils auraient pu chasser, les marcheurs blancs les ayant toutes transformées.

Ils étaient presque hors de portée de vue de la forteresse lorsque Jon remarqua quelque chose. Une lumière étrange. Du feu. Daenerys venait d’ordonner à Drogon de brûler la forteresse de glace. Elle ne résista pas longtemps, fondant rapidement en une marre bouillonnante.

Au départ de Jon de Winterfell, Sansa avait envoyé un corbeau à Daenerys pour la supplier de venir en aide à son frère. Elle avait longuement hésité, se méfiant de cette reine autoproclamée, mais elle avait eu trop peur pour Jon.

Daenerys avait d’abord ignoré sa demande. Toute son attention était tournée vers Castral Rock et Cersei. La dernière fois qu’elle avait prêté attention aux distractions des nordiens, Cersei en avait profité pour renforcer sa position. Pas cette fois-ci.

Puis, les morts avaient attaqué Port Réal. Elle avait chevauché Drogon pour les attaquer, lorsqu’ils s’étaient tous écroulés sans raison. Elle avait donc décidé d’aller au nord pour trouver une explication.

Drogon repéra les deux seuls humains dans le secteur et se dirigea vers eux. Il se posa lourdement devant Jon et Nissa. Elle l’avait vue en action à Winterfell, mais le voir d’aussi près était vraiment impressionnant.

           — Montez ! hurla Daenerys.

Nissa regarda Jon d’un air peu rassuré, mais il lui montra l’exemple. Elle le suivit en escaladant la peau chaude du dragon et s’accrocha à ses piques comme elle put.

           — Qu’est-ce que tu fais là ? demanda Jon.

Elle ne répondit pas. Il ne sut pas si elle ne l’avait pas entendu ou si elle était trop frigorifiée pour répondre. Drogon s’envola avant qu’il ne réessaye et il se concentra sur les piques qu’il tenait fermement.


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