The Dragon is alone, the Wolf is mutiple [& the Lion is in cage]
La lune était pleine la nuit où ils eurent enfin fini de rassembler les corps de leurs morts et ceux qui l’étaient déjà depuis trop longtemps. Elle regardait la blancheur de l’astre en écoutant les loups hurler hors du château. Elle avait déjà assez hurlé ces derniers jours.
La louve rousse se demanda un instant si cette lune pleine était un défi des dieux. Une dernière chance pour elle de se faire pardonner à ces dieux qu’elle avait cessé de prier. Une dernière chance pour pleurer les morts qui l’avaient entouré depuis que ses pas l’avaient mené dans le sud. Une dernière chance d’être une bête avant de reprendre le masque de glace qu’elle portait indéfiniment.
Sa meute dormait dans le lit derrière elle. Ou dans un lit d’appoint monté à la va-vite pour Vère, Sam et leur fils. Et Gendry. Et Brienne. Et Ser Jaime. Et Ser Davos.
Sa meute entière, non pas que celle par son sang, se tenait derrière elle, endormie, et elle voulait hurler une dernière fois pour le membre qu’elle avait perdu. Pour ce frère qui n’était plus.
Ce frère qui était mort à la maison.
Ses pas la menèrent hors de la chambre puis hors du château. Elle regarda la face du dieu ancien sur le barral blanc. Elle attendit que les loups se mettent à hurler.
Et, se pliant en deux, elle hurla avec eux, à ce visage qui la regardait. Sa dernière chance d’être une bête en deuil avant de redevenir une bête en chasse.
Quand elle se releva, en larmes et la gorge en sang, un manteau se posa sur ses épaules et elle ne fit qu’un hochement de tête vague à Brienne qui l’avait bien sûr entendue se lever et sortir. Elle se laissa tomber dans les bras de la chevalière, pensant au jeune écuyer de cette dernière dont ils avaient retrouvé le corps le jour d’avant.
Les lions et la saphir avaient regardé le corps plusieurs secondes ensemble avant qu’elle ne s’agenouille pour lui rendre un hommage que la louve ne connaissait pas. Elle n’était pas du sud et n’en connaissait pas toutes les coutumes. Elle avait laissé ses chevaliers et le petit lion faire leurs adieux en silence.
« Nous devrions rentrer ma Dame. » la voix de la blonde était tremblante, autant par le froid que par la tristesse qui régnait sur Winterfell depuis la fin de la Nuit éternelle. Elle pouvait être sûre que le manteau sur ses épaules étaient celui de sa confidente.
« Nous devrions oui. » répondit-elle seulement, avec une voix détruite et lasse.
Pourtant aucunes des deux ne bougèrent pendant encore plusieurs minutes.
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Le banquet était festif. Le Nord avait brûlé les êtres qu’il avait perdu et maintenant il fêtait la victoire de ses soldats face aux morts et leur roi. Il regarda sa petite sœur parler avec le Limier dans un coin de la table où ils étaient. Non loin, Gendry la bouffait des yeux et il rit à la pensée que le cerf se transformait en loup pour pouvoir conquérir la plus sauvage des louves.
Tormund était avec les lions et Brienne, comme bien trop souvent. Il ne renoncerai pas tant qu’il n’aurait pas un non définitif et il n’avait pas eu la foi d’en avertir la chevalière de sa cousine. Cette dernière parlait avec les seigneurs du Nord et du Val. Bran était à quelques mètres de lui, à une autre table. Elle lui sourit quand elle croisa son regard.
Bran reprenait peu à peu des expressions que le loup blanc avait presque oublié avec le temps mais qu’il était heureux de revoir. Il n’avait pas perdu ses pouvoirs, pas réellement. Il n’avait toujours aucun problème pour visiter les animaux ou le passé, mais l’avenir ne lui était plus disponible. Quand ils lui avaient posé la question, il avait répondu qu’il ne savait pas. La Corneille semblait avoir décider de se détacher de lui, ou alors elle était morte en même temps que le Roi de la Nuit.
Personne n’avait la réponse et le loup blessé pensait que ses pouvoirs allaient sûrement s’évanouir avec le temps. Lui n’était qu’heureux de revoir son frère être réellement lui-même et non une statue de glace sans expression.
En regardant la salle, il vit la reine dragon lui sourire mais il pouvait voir que ce sourire était faux. Ils n’étaient pas loin de l’autre. Ils pouvaient parler et ils s’entendraient par dessus le brouhaha. Mais il n’en avait pas envie. Il voulait simplement profiter de la fête, de ses amis, de sa famille et de la guerre terminée. Profiter du fait que son peuple vivrait cet hiver qui leur tombait dessus, aussi rude soit-il, parce que les nordiens savaient l’endurer.
Il la regarda se lever tout de même pour se coller à ses côtés, les reins contre la table sur laquelle il était assit. Il but sa bière sans y penser et remercia Ser Davos de venir à son secours. Varys vint au bout de quelques instants également et il s’amusa de voir les regards longs que l’araignée pouvait lui lancer. Il pouvait deviner ainsi que les plans de la louve rousse étaient en marche.
Gendry s’avança vers eux à un moment, aux côtés de sa sœur et elle riait à une chose qu’il avait pu dire. Le loup blanc était heureux de voir sa petite sœur heureuse.
« Gendry c’est bien cela ? » demanda la dragonne quand les deux compagnons arrivèrent à leur niveau. Le cerf devenant louveteau acquiesça avec humilité à la question. « Vous êtes le fils de Robert Baratheon ? »
L’interrogation laissa de court la petite assemblée. Il n’arrivait pas à voir le pourquoi de celle-ci. Et il regarda le jeune homme acquiescer à nouveau.
« Gendry est un homme bon votre grâce.» lança Davos, ayant peur qu’elle veuille sa tête pour l’usurpation que son père avait pu faire. Il comprenait la peur. Il appréhendait également la logique de la reine étrangère derrière ces questions.
« Je n’en doute pas Ser Davos. » sourit-elle et le loup blanc se demanda un instant si - « Les terres d’Alcamie n’ont aucun seigneur et maître n’est-ce pas ? Tu pourrai le devenir si je te légitimais. »
Si. Elle l’avait fait. Oh par les anciens dieux, elle ne connaissait rien de cette terre qu’elle voulait sienne. Le regard de Gendry était aussi horrifié que surpris.
« Majesté, il y a déjà un gouverneur des terres de l’Orage. Ser Gilbert, de la maison Farring, l’est devenu quand le Roi Stannis est parti en guerre sur le Mur. » annonça Varys. Il voulait rire de l’embarras dans lequel venait de se mettre l’ignorante à ses côtés. Mais il n’en fit rien.
« De plus, » coupa le cerf qui n’en était pas avant que la reine ne puisse répondre « Je préfère rester un simple forgeron votre altesse. Je ne saurai diriger un royaume. Je ne sais que tordre le métal et cela me convient parfaitement. »
Elle acquiesça simplement et il eut envie de rire. Heureusement que Tormund les rejoignit, sa corne à la main bien trop pleine en riant à une blague qu’ils n’avaient pas entendu. L’araignée prit congé tandis que Gendry et Arya partirent dans un endroit qu’il ne voulait certainement pas savoir.
La musique changea d’air, quelque chose qu’il n’avait pas entendu depuis des années. C’était une vieille chanson nordienne, une comptine racontant l’histoire d’une ancien roi et d’une ancienne reine du Nord accueillant une autre noblesse en sa demeure. Il se rappelait le nombre de fois où il avait pu voir son père et Lady Catelyn danser sur cette musique, la dernière fois étant la venue du roi Robert il y avait des années.
Il était en plein conversation avec l’homme d’au de-là du Mur quand Sansa lui agrippa le bras avec un immense sourire et les yeux pétillants.
« Danse avec moi. » fit-elle, comme un ordre qu’il ne pourrait refuser (il arrivait difficilement à lui refuser quoi que ce soit), et cela fit rire le roux à ses côtés.
« Le corbeau danse bien trop mal. Même nos danses libres, il n’y arrive pas. » s’amusa son ami à son dépend et Daenerys sourit à cela, amusée par ce qu’elle entendait. La louve n’en avait cure et pressa sur son bras, ses yeux bleus glacials dans les siens. Alors il poussa un soupir en posant son verre.
« Oh ça va être un massacre. » lança Tormund et il lui répondit par un geste disgracieux qui ne fit que rire le roux un peu plus.
Sa reine posa une de ses mains sur sa taille et prit l’autre dans la sienne. Et la musique recommença comme si les artistes comprenaient que ce n’était pas juste qu’une danse. Les seigneurs du Nord et du Val savaient ce que cette comptine signifiait. Ils savaient pourquoi la louve lui avait demandé de danser à cet instant précis.
Parce que c’était une déclaration de guerre. Parce que c’était la preuve qu’ensemble ils allaient mettre à terre le dragon et régner sur le Nord, libre, comme il aurait toujours dû être. Comme Robb l’avait voulu.
Qu’importe que les hommes et les femmes rient autour d’eux parce qu’il n’arrivait pas à mettre un pied devant l’autre. Qu’importe que le lendemain, ses vassaux se souviennent de lui comme un piètre danseur. Il ne se souciait que du rire aussi tranchant que la glace que la rousse avait à chaque mauvais pas qu’il faisait. Il ne se souciait que de ses encouragements et de ses compliments quand il n’avait pas trop de mal pendant quelques instants.
Il ne se souciait que de sa présence dans ses bras et du sourire qu’elle avait aux lèvres.
Qu’importe qu’il entende la reine dragon demander à un seigneur du Val quelle était cette chanson sur laquelle ils dansaient sans que personne ne les rejoigne. Qu’importe qu’il entende ce dernier répondre que c’était la chanson traditionnelle du Nord pour accueillir une délégation d’une autre partie du monde et que seul le couple dirigeant le Nord dansait sur celle-ci. Qu’importe le regard de la reine blanche sur lui après ça.
Il ne souciait que du rire glaçant mais empli de chaleur de sa cousine, qui lui tombait dans les bras, le faisant rire avec elle tandis que les dernières notes emplissaient la salle.
Il entendit les applaudissements autour d’eux et les hurlements de Tormund, fier de son corbeau qui avait peut-être un peu gagné en habileté durant cette danse. Il entendit surtout Sansa lui murmurer de la retrouver dans le bois sacré un peu plus tard. Un frisson le prit et la rousse en sourit avant de le quitter pour retourner avec sa chevalière.
Il ne la lâcha pas des yeux, le sourire aux lèvres, jusqu’à ce que son camarade de le tacle à moitié en riant.
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Elle ne s’était pas étonnée, à peine sortie de la grande salle, que Brienne, accompagnée de Jaime, la suive alors qu’ils étaient de quartier libre afin de profiter de la célébration. Elle l’était un peu plus par la volonté du petit lion à faire de même. Mais elle l’attendit et le salua comme elle le devait alors qu’elle se rendait doucement vers le bois sacré.
« Que puis-je pour vous Seigneur Tyrion ? » demanda-t-elle même si elle se doutait bien que ce dernier voulait lui parler de possiblement plusieurs sujets. Comme le fait que son frère la suivait elle comme son chevalier personnel. Ou comme le fait que avec l’un des dragons de son altesse mort, cette dernière voudrait sûrement partir très rapidement vers le sud, quand bien même le commandant de ces armées était actuellement en plein délire de fièvre dû à la perte de sa jambe durant la bataille.
« Je ne connais pas grand-chose des coutumes nordiques mais j’ai déjà entendu cette chanson, le soir où Robert est arrivé à Winterfell. Vos parents ont dansé dessus il me semble.» Oh. Elle était étonnée de voir qu’au final son ancien mari jouait peut-être encore et toujours au jeu des trônes après tout.
« Il est vrai. C’était il y a longtemps maintenant. » Ce n’était aujourd’hui qu’un souvenir nostalgique où elle voulait autant retourner pour profiter de son innocence que pour s’insulter d’enfant d’été qui ne connaissait rien à la peur, à l’hypocrisie et à la manipulation. C’était si loin.
« Dois-je y voir plus qu’une danse fraternelle ? » questionna le lion et son propre frère se posa devant elle pour la protéger des insinuations.
« Tyrion, je te demanderai de ne pas insulter ma Dame avec tes insinuations.» Elle avait envie de sourire de tous ses crocs mais elle n’en fit rien. Elle savait que le lion qu’elle avait mis en cage n’était pas bon aux jeux de pouvoir. Mais elle avait confiance en son envie de protéger Cersei, Tyrion et l’enfant que la première portait pour ne divulguer aucun secret que Brienne avait pu lui confier.
« Tout va bien Jaime. » fit-elle d’une voix douce et le blond la regarda un instant avant de se retirer derrière-elle. Brienne lança un regard courroucé à son compagnon bien que fier. Elle regarda Tyrion de toute sa hauteur avec un léger sourire. Il pouvait voir dans cette danse tout ce qu’il voulait, le jeu serait bientôt révélé de toute manière. « Ce n’était qu’une simple danse avec mon frère, Seigneur Tyrion, vraiment. Maintenant si vous voulez bien, je me rendais au bois sacré. »
« Bien sûr ma Dame. » répondit-il avec un petit hochement de tête mais elle pouvait voir dans son regard qu’il n’était pas totalement convaincu par ce qu’elle disait. Ce n’était pas important pour le moment. Tant qu’il gardait ses soupçons pour lui, et il le ferai de peur de se tromper et d’énerver sa reine à nouveau, elle n’en avait rien à faire « Je vous laisse vous entretenir avec vos dieux. »
Elle le regarda s’en aller avant de partir dans la direction opposée, suivie de ses deux chevaliers. Elle rassura Jaime en disant qu’il n’avait rien fait de mal en s’interposant, que c’était même mieux car son frère le croirait bien plus lui qu’elle maintenant. Son ancien mari s’était bien vite aperçu qu’elle était devenue bien plus forte que la jeune fille innocente qu’elle était encore à King’s Landing.
La louve entra dans le bois réservé à sa meute en laissant ses gardes devant, sachant qu’ils empêcheraient les nuisances de rentrer sans son accord. Elle ne voulait pas qu’un dragon ou un de ses sujets ne la voit dans les sources chaudes. Elle n’avait peut-être pas honte de son corps et des nombreuses cicatrices qu’il portait, mais elle n’était pas à l’aise à l'idée de le montrer.
Elle plaça sa robe sur la première branche de l’arbre qui cachait partiellement le bassin, attacha ses cheveux en les tressant rapidement et se plongea dans l’eau chaude en poussant un soupir d’aise. Elle pourrait presque s’endormir dans les eaux chaudes si le monde autour d’elle n’était sur le point de devenir à nouveau la proie d’un dragon conquérant et tyrannique.
Elle ne savait combien de temps s’était passé depuis son entrée dans l’eau mais elle entendait maintenant très clairement le bruit des bottes dans la neige qui arrivait derrière elle. Elle n’eut même pas à se retourner pour noter l’empressement de son compagnon à enlever ses vêtements.
« Tu me tortures, tu le sais ça ? » lui fit-il à son oreille alors qu’il se glissait près d’elle. La louve en ricana légèrement tout en poussant au loin ses pensées qui lui revenaient que bien trop ces derniers temps. Elle voulait plaire à son amant, elle voulait lui rendre la pareille mais elle n’arrivait jamais à se décider à faire quoi que ce soit.
Pourtant, elle s’assit sur lui avec un petit sourire aux coins des lèvres en murmurant un « Je sais » avant de l’embrasser doucement.
Il était tout aussi nu qu’elle, elle pouvait le sentir sous ses mains, sous ses hanches, sous ses cuisses. Les bras forts du loup étaient posés autour d’elle, sans la serrer, sans l’emprisonner à l’intérieur de ces derniers et elle s’y sentait bien. Elle pouvait l’entendre soupirer dans sa bouche, le sentir se crisper à chacun de ses gestes, se refréner pour ne pas la brusquer elle. Oh la louve savait qu’il voudrait tout lui faire, tout lui dire, tout lui faire ressentir.
Mais elle ne savait pas si elle le pouvait encore, trop brisée qu’elle était par l’homme qui avait été son mari. Alors il attendait son bon vouloir. Il attendait ses oui, écoutait ses non. Elle ne pourrait jamais assez le remercier pour cela, elle ne le ferai pas. Parce qu’il ne voulait pas en entendre parler.
Elle adorait entendre son prénom dans la bouche qu’elle dévorait. Elle adorait la crispation des mains fortes et calleuses sur ses hanches ou ses cuisses. Elle adorait savoir que c’était elle, la femme brisée et couverte de cicatrice, qui rendait le loup blanc fou et ivre de désir.
Ses hanches bougèrent au rythme de celle de l’homme sous elle, créant une chaleur qu’elle expérimentait peu à peu sous les mains de son compagnon. Sur sa bouche aussi, plusieurs fois. Elle voulait tant lui rendre la pareille mais elle n’y arrivait pas. Elle n’arrivait pas à prononcer les mots, à bouger pour faire ce que son esprit voulait. Tétanisée par des souvenirs du passé, quand la louve était en cage et charcutée au fil des jours et des nuits.
Elle sentit la queue du brun buter contre son entrée et elle se figea dans les bras qui arrêtèrent tout mouvement à la cessation des siens. Elle – elle -
« Sans' » la voix de Jon lui paraissait lointaine, pourtant elle savait qu’il était contre son corps. Elle ne faisait que penser à cette chambre maudite et à ces nuits infernales qui - « Sans’ regarde moi. »
Elle ouvrit les yeux qu’elle n’avait pas eu l’impression d’avoir fermés et fût happée par les orbes grises. Les mains calleuses de son cousin se posèrent sur ses joues, essuyant les larmes qu’elle n’avait pas senti couler et il lui embrassa chaque partie de son visage avec délicatesse. Elle poussa un soupir tremblant pour toute réponse.
« Tu es avec moi. » continua le loup en marmonnant contre sa peau blanche. « Nous sommes à la maison. Tu vas bien. » Elle voulait hurler que non, qu’elle n’allait pas bien, qu’elle était brisée et ne pourrait jamais le contenter comme il pouvait le faire pour elle. Elle voulait hurler qu’elle était cassée et ne pourrait jamais redevenir une femme entièrement. Mais elle se tût.
Les lèvres de l’homme sous elle goûtèrent une nouvelle fois les siennes et elle geint à ce contact, retenant difficilement un nouveau sanglot qui lui montait le long de la gorge. Il ne fit rien de plus que l’embrasser, caressant ses joues, ses cheveux et sa nuque quand il se sentait téméraire. Lentement, la glace qu’elle était fondit.
« Nous n’avons pas à faire quoique ce soit. » lança-t-il après quelques baisers, dans un gémissement murmuré. Elle le regarda dans les yeux, le gris rencontrant une nouvelle fois le bleu glacial.
« Je sais. » C’était si simple et si compliqué à la fois. Elle voulait tant de lui, elle voulait tant fuir et ne jamais se retourner. Pourtant, elle bougea sa main jusqu’à la dureté qui collait son aine. Elle sourit vaguement en le sentant se crisper à un simple effleurement. Elle savait ce qu’il fallait faire, elle voulait le faire pour lui.
Alors elle bougea sa main lentement et il se tendit encore un peu plus sous elle, ses lèvres se remirent à dévorer leurs consœurs et elle se reperdit à entendre, sentir l’homme contre elle se perdre dans le plaisir qu’elle lui offrait. Les mains calleuses se crispèrent, serrant ses hanches tandis qu’il murmurait son prénom comme une vénération.
« Ma Dame. » fit la voix forte de Brienne un peu plus loin, les stoppant tout les deux. Elle sentit les bras de Jon autour d’elle, essayant vainement de la cacher de la chevalière qui était restée derrière l’arbre pour ne pas les voir. La louve pouffa avant de se relever légèrement.
« Que se passe-t-il Brienne ? » demanda-t-elle alors que son cousin laissait tomber sa tête dans son épaule, avec un long soupir. Ses mains allèrent se perdre dans les boucles noires sans qu’elle n’y pense.
« Je vous remercie déjà pour avoir placer un avertissement grâce à votre vêtement ma Dame. » elle entendit clairement le Oh c’était pour ça de son compagnon sur sa peau et elle en pouffa légèrement. « La Reine Daenerys veut entrer dans les bois pour parler avec Sa Majesté, le Roi du Nord. »
Le grommellement de Jon la fit rouler des yeux alors qu’elle lui embrassa le front et sortie de l’eau chaude. Elle ricana quand il lui lança qu’elle le torturait à nouveau et il suivit son geste en sortant de la source. Rapidement elle se rhabilla, souriant au fait que la blonde était dos à l’arbre en sachant qu’elle viendrait se revêtir rapidement.
« Pourras-tu dire que j’attendrai Jaime au chenil ? » la chevalière acquiesça, attendant un ordre de son cousin cette fois pour savoir si elle faisait entrer ou non le dragon dans le bois sacré des loups. Elle l’embrassa une dernière fois tandis qu’il revêtait sa tunique et sortie du bois par le petit passage menant à la forge.
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Il ne fût même pas étonné de voir Daenerys presque furieuse à l’idée d’avoir eu à attendre à l’entrée d’un bois. Elle était capricieuse, elle voulait quelque chose, elle l’obtenait. Sauf que les gens du Nord n’étaient pas dans cette optique. Les gens du Nord, et ceux qui les suivaient, respectaient les règles que l’Hiver avait forgé autour d’eux et leurs seigneurs.
Elle ne pouvait comprendre. Elle n’était pas du Nord. Elle n’était même pas de Westeros pour ne commencer seulement à comprendre cette pensée.
« C’est très beau. » déclara-t-elle pour commencer et il sentit une légère fierté à ce compliment. Même s’il n’était sûrement que poli. Le bois aux dieux était réputé pour sa beauté durant les hivers. Le rouge sang des feuilles du barral central qui se reflétaient sur la neige immaculée et dans l’eau translucide des sources chaudes.
« Tu voulais quelque chose? » demanda-t-il et il remarqua la façon dont les mains qu’elle tenait toujours devant elle se serrèrent.
« Tu ne viens plus me voir. » il ouvrit la bouche mais d’une main elle le fit taire « Tu m’as dit que c’était pour te préparer à la guerre et je t’ai crû. Tu m’as dit que c’était la fatigue et je t’ai crû. Maintenant qu’est-ce que c’est ? Le deuil ? Nous sommes tous en deuil et pourtant tu n’es pas venu me voir une seule fois pour savoir comment j’allais. »
« Dany - »
« Mon enfant est mort ! » fit-elle d’une voix brisée. « Mon enfant est mort pour ta guerre Jon Snow ! Mon meilleur conseiller est mort pour ta guerre ! Mon chef des armées a perdu sa jambe pour ta guerre ! »
Il voulait lui dire que cette guerre, c’était celle des Hommes. C’était celle du peuple qu’elle voulait tant gouverner mais qu’elle ne connaissait pas. C’était celle des vivants. Mais que voulez-vous dire à une enfant capricieuse ? Que voulez-vous dire à une personne dont sa seule existence était un mythe pour une partie du monde ? Un culte même pour certains.
« J’ai perdu mon frère. J’ai perdu un de mes meilleurs amis. J’ai perdu une de mes seigneurs. J’ai vu les cadavres de mes ancêtres marcher. Je pense que nous sommes sur le même point. » répondit-il d’une voix furieuse bien que contenue.
Les yeux violets restèrent ombrageux, comme le ciel d’un soir d’été trop chaud. Mais il n’en avait cure. Ce n’était pas son problème. Si elle ne voulait voir que son malheur, qu’elle le fasse. Il était du Nord et le Nord endure, certes, mais le Nord perdure. Ce n’était le feu d’un dragon qui changerai cela.
« J’allais venir te voir ce soir. » mentit-il en s’asseyant sur le banc de pierre. « Mais j’imagine que maintenant, tu ne veux qu’être seule. »
Son intention avait été d’attendre le conseil de guerre sans avoir aucun contact de trop avec cette reine étrangère. Il avait sa propre reine et sa meute à chérir. Mais il savait qu’il n’avait que trop testé la patience du dragon devant lui.
Elle s’approcha de lui, avec une douceur étrange après cette colère noire. Elle s’assit en lui prenant les mains et il les baisa en pensant au fait qu’il ne le voulait pas.
« On a tous bien trop perdu dans cette guerre. » fit-il une nouvelle fois et elle pencha sa tête pour s’appuyer contre son épaule. « Elle était inévitable, les morts seraient descendus jusqu’au Sud si nous ne les avions pas arrêté ici. »
Un silence les étreignit pendant un moment et il le laissa suivre son cours pendant que la reine blanche prenait ses aises sur son corps, se blottissant contre le froid qu’il ne sentait pas. Il voulait sortir de cette étreinte mais cela ne serait que suspicieux, encore un peu plus, et bien trop près de leur objectif. Il ne pouvait s’y résoudre sans faire tomber tout ce pourquoi ils avaient travaillés, lui et Sansa.
Le loup ne pouvait laisser tomber son peuple. Sa meute. Sa compagne.
« Je suis désolé, pour tes pertes. » il entendit un reniflement pour toute réponse. Il supposa qu’il n’aurait pas d’autres mots en cette soirée.
Il entendit des pas dans la neige et releva la tête au moment où le dragon s’essuyait les yeux pour redevenir la tyran qu’ils connaissaient tous. Il savait que cette dernière avait des émotions. Tout Homme en avait. Cela ne voulait pas dire qu’ils étaient bons pour autant …
« Qu’y a-t-il Ser Davos ? » il était étonné de voir le chevalier oignon plutôt que la chevalière mais il savait que cette dernière avait autorisé l’entrée de son conseiller parce que c’était quelque chose d’important.
« Tormund a bien trop bu mon Seigneur. » fit-il avec un air gêné. « Il ne veut pas quitter la salle sans avoir, quels étaient ses mots déjà.. Ah oui ! Sans avoir voler la grande femme. »
Il pouffa à cela, sous le regard amusé de son ami et interrogateur de la blanche. Un jour, il allait vraiment devoir parler à la chevalière de sa chère et tendre à propos de son sauvageon camarade. Il se doutait bien que la jeune blonde ne se laisserai pas faire un seul moment si le roux essayait de la kidnapper un beau soir, selon les coûtumes sauvageonnes, pour lui demander si elle était d’accord pour être sienne.
« Je vais aller le chercher et le coucher, Davos. » indiqua-t-il en quittant les serres du dragon, l’homme oignon hocha la tête pour toute réponse avant de quitter le bois. « Je vais devoir te laisser, souhaites-tu que je vienne te voir plus tard ? »
Elle se leva avec lui et elle ne répondit pas réellement à la question avant qu’ils ne soient à l’entrée du bois : « Non, cela ira pour ce soir Jon. Merci. »
« Comme son altesse l’exige. »
Il la regarda partir vers ses quartiers, Brienne et Davos à ses côtés. Une fois qu’elle fût assez loin, il poussa un soupir avant de dire à la blonde qu’elle pouvait retourner à la fête.
« Nous, mon cher Davos, nous avons un Tormund à coucher. » s’amusa-t-il.
« Oh oui. ».
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« Nous avons beaucoup à discuter aujourd’hui. » déclara le dragon tandis que la louve et les autres membres de cette assemblée s’asseyaient distraitement. Elle connaissait déjà en grande ligne ce qu’il allait se dire. Un ordre de marche vers le Sud. Un ordre de marche vers une guerre qui n’était pas celle du Nord.
Elle laissa Brienne et Jaime étaler les pertes que sa patrie avait reçu tandis que Missandei, là assez contre son grès, estimait celles de la reine étrangère grâce au second de son compagnon, qui était toujours délirant de fièvre dans une des chambres du château.
Parler politique était une chose qu’elle avait appris à aimer. Bien sûr, Baelish avait été un très bon professeur pour cela mais beaucoup de choses venaient également de Cersei. Cette même femme qu’il faudrait déloger du trône de fer. Elle ne voulait pas forcément cela à vrai dire, le plus important était l’indépendance du Nord et elle savait qu’avec la lionne sur le trône, cela sous-entendait une guerre rapide.
Mais la reine aux cheveux blancs face à elle ne voulait pas de cela. Elle ne voulait aucune autre reine qu’elle sur ce trône alors que la louve préférerai le voir entre les griffes de la lionne ou au fond des océans plutôt que dans les énormes serres du dragon.
« Nous devons attaquer vite et fort. » annonça Daenerys et elle se retint de rire. « Je veux cette usurpatrice hors de la ville. »
« Nous devons nous montrer prudent. La Compagnie Dorée et les flottes Greyjoy sont arrivées à King’s Landing. » avertie Varys et la louve repensa aux nombres qu’un de ses oisillons lui avait conté le jours précédent. Les forces étaient peut-être égales mais leurs hommes étaient bien plus fatigués, éprouvés que ceux devant la capitale.
« Nous pouvons les assiéger. » commença son ancien mari et elle se rangeait de son côté. « J’ai vu le peuple se lever contre Joeffrey à cause de la famine et cela était avant que l’hiver arrive. Il le fera à nouveau si nous empêchons quelconque ravitaillement vers la ville. »
« Et nous avons les hommes pour combattre si les soldats s’en mêlent.» traduisit l’ancienne esclave à l’attention de tous, suite à l’intervention du second général des armées du dragon.
« Cela montrera aux habitants que Cersei est notre seul ennemi et son règne sera terminé. »
La louve pouvait voir au visage de Daenerys que ce plan, pourtant le meilleur qu’ils pouvaient avoir pour ne pas faire souffrir le peuple de trop et minimiser au maximum les pertes, ne lui plaisait guère. Elle voulait le Feu et le Sang. Elle n’avait vécue que conquêtes ensanglantées sur conquêtes hurlantes de désespoirs. Elle ne savait pas ce que c’était un changement de pouvoir purement politique et fait dans la douceur.
Elle voulait rire. Mais elle voulait rire.
« Quand Ver Gris sera-t-il sur pied ? » lui demanda la reine étrangère. « Je préférerai partir avec lui à mes côtés mais si cela prend trop de temps. .. »
Elle pouvait sentir la crispation d’Arya près d’elle, celle de Royce. Mais elle n’en montra rien.
« Nos deux mestres font ce qu’ils peuvent mais le nombres de blessés est trop important pour apporter les soins dont votre général a besoin à plein temps. Ils ne m’ont pas donné de date mais je pense pouvoir vous affirmer qu’avec sa fièvre, il ne pourra pas bouger avant la prochaine lune. »
« Nous partirons à la fin de la semaine alors. » déclara cette reine qui n’avait aucun territoire. Elle ne put s’empêcher de montrer son désaccord. « Quelque chose à y redire Dame Sansa ? »
« Je viens de vous dire que nous avions bien trop de blessés pour partir en guerre et vous voulez partir dans trois jours ? » sa voix était calme, seulement dû à la présence de sa sœur à ses côtés. Jon ne la regardait même pas, faisant presque corps avec Daenerys. Elle savait que ce n’était que comédie mais elle voulait en vomir. La comédie allait se finir maintenant. « Envoyez vos hommes à l’abattoir si cela vous amuse mais les hommes du Nord resteront à Winterfell jusqu’à la fin de leurs soins. Et peut-être, je dis bien peut-être, que nous descendrons dans le sud après cela. »
« Je suis venue dans le Nord pour me battre à vos côtés. J’ai perdu beaucoup trop dans cette guerre et maintenant vous vous rétractez ? » la voix pouvait bien être menaçante, la voix aurait bien pu cracher du feu, la louve ne pouvait que trouver cela drôle. « J’ai la parole de votre ancien Roi, qui a ployé le genou devant moi, la Reine légitime. Vous ferez ce que j’ordonne. »
Elle se mit à rire. Sous les yeux grands ouverts à la fois d’horreur et de surprise des conseillers du dragon et de cette dernière. Seul l’araignée sembla s’amuser avec elle, elle pouvait le voir dans ses iris noires. Varys n’avait dans l’intérêt que le peuple, il l’avait répété assez de fois à son père pour que la jeune louve à l’époque, celle qui essayait de devenir une lionne par tous les moyens mais se faisait appeler colombe, l’entende suffisamment pour le connaître par coeur.
« Lord Royce, pouvez-vous me donner le papier que vous gardez précieusement ? » s’enquit-t-elle et l’homme lui sourit avant de marcher dans la salle, vers un petit coffre dont il sorti rapidement la clé de son armure. Une minute plus tard, il lui donna le traité avec une légère révérence. « Merci mon Seigneur. »
« Sansa qu’est-ce - » commença Tyrion mais Jaime lui fit signe de se taire et il le fit. Elle remercia son chevalier d’un regard.
Et posa le traité sur la table, face à elle, avant d’en lire les premières lignes.
« ‘’Nous, Seigneurs et Vassaux du Nord, déclarons notre Roi dans l’incapacité de régner avec droiture et compassion.’’ » elle pouvait entendre les débuts d’exclamations autour d’elle et elle sourit. « ‘’Nous, Seigneurs et Vassaux du Nord, déclarons Dame Sansa Stark, Dame de Winterfell, régente et Gardienne du Nord.’’ »
La suite n’était pas importante à lire mais elle montra le document à un Tyrion bouche-bée. Il y avait bien trop de signatures, elle le savait. Normalement, une dizaine suffisaient mais ici, tous les Seigneurs du Nord, ainsi que ceux du Val avaient apposé leurs noms. Le document était plus que légitime et faisait d’elle la Reine du Nord.
« Comment - » fit la reine dragon avant de se tourner vers Jon qui retenait difficilement un sourire. « Tu savais à propos de ce document. »
« Ma Reine » lança à nouveau le petit lion « Il l’a signé. »
Le dragon regarda le loup blanc comme elle ne l’avait jamais vu. Trahie. Blessée dans son orgueil. Blessée dans ses sentiments avec lesquels il avait joué depuis beaucoup trop longtemps. Il n’en avait cure et s’avança vers ses cousines, qui l’accueillirent avec un sourire. Bran le prit dans ses bras avant qu’il ne s’assoit près d’elle, à la place que Royce avait eu peu avant.
« Maintenant, si vous me permettez Daenerys, de Reine à Reine, je voudrais que nous parlions alliance. » elle pouvait voir le regard enflammé de rage que lui lançait le dragon mais elle n’en avait cure. Il fallait que les choses avancent et elle savait que Varys et Tyrion feraient tout pour qu’elle reste calme maintenant qu’elle venait de perdre son plus grand allié. « Bien sûr, vous nous avez aidé ici dans le seul but d’avoir un appuie pour votre conquête et non le bien-être du peuple de Westeros. Mais oublions cela. La guerre à venir est tout aussi importante et je voudrais la préparer avec vous. Ainsi que parler de ce qui arrivera après celle-ci. »
Parce que le Nord ne sera pas sous l’influence d’une capitale qui ne connaissait pas la terreur de l’hiver comme lui la connaissait. Parce que le Nord ne sera pas sous le joug de quiconque n’étant pas de son monde. Parce que le Nord était libre depuis que son frère, le jeune loup partit trop tôt, avait prit la couronne en son nom.
Le Nord serait libre ou elle mourrait en essayant.
« Tu m’a trahis. » lança le dragon à son cousin, hurlant presque sa peine et sa rage devant l’entièreté du conseil. Elle entendit Tormund émettre un son à sa droite avant qu’il ne murmure quelque chose à Brienne et Jaime. Le loup blanc s’était déjà levé pour être près d’elle et Arya avait la main sur sa dague.
« Pour vous trahir Reine Daenerys, il aurait fallu qu’il mente. Il n’a jamais prononcé de vœux à votre encontre et n’a jamais posé genoux à terre. » sa voix était posée, calme. Comme une mère était qui devant le caprice de son enfant.
« Il m’a donné son allégeance ! »
« Son genoux était au sol ? Il y avait-il des témoins de son allégeance ? » relança-t-elle avant de tourner son regard vers les conseillers de cette reine enfantine qui secouèrent tous la tête. Daenerys la regarda avec des yeux remplis d’effroi et d’incompréhension. « Ohh … Majesté, vous ne connaissez pas les règles d’allégeances ? »
« Votre altesse » commença Varys avec un ton presque doux « Je pensais que Missandei était avec vous quand Sa Majesté, le Roi du Nord, vous avez donné son allégeance. »
« Je pensais de même. » lança Tyrion, ses mains toujours sur le document qu’elle avait posé sur la table un peu plus tôt.
« Nous allons vous laissez. » annonça la louve avec un sourire. « Vous devez évidemment parler de ce qu’il vient de se passer. Vous êtes toujours notre invité, ainsi que vos hommes et votre délégation, Reine Daenerys. Envoyez quelqu’un me voir quand vous voulez commencer les négociations pour notre future alliance. »
La reine dragon lança un son que l’araignée coupa par un simple signe de tête, que le petit lion faisait avec lui. La louve, elle, souriait tandis qu’elle marchait avec sa meute et ses hommes hors de cette salle de réunion. Elle venait de gagner du temps à ses soldats pour se reposer et se soigner. Elle venait de gagner un avantage psychologique sur cette reine étrangère. Elle venait de gagner la fureur de cette créature mythologique, elle le savait, mais elle était une Direwolf. Elle était, elle aussi, une créature mythologique.
Et les loups avaient faim de la chair de dragon.