Beauty and The Hound / La Belle et le Limier

Chapitre 2

1708 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 26/03/2015 11:27

            Le Limier ? Mon sang ne fit qu'un tour. Non, c'était impossible ! Comment avait-il pu… Pourquoi ? Je m'approchai de lui, sur la défensive, et fronçai les sourcils en constatant la partie droite brûlée de son visage. Aucun doute. Sandor Clegane était entre nos murs… "Si jamais quelqu'un apprend qu'on l'abrite, ou pire, qu'on l'a soigné, nous serons tués !". Je pris un moment pour réfléchir. Ce n'était pas dans nos habitudes de rejeter quelqu'un qui avait besoin d'aide, mais pour les Clegane, c'était différent. La Montagne avait souillé et tué une partie de ma famille.

  • Le Limier est détesté de tous et…
  • Tu exagères vieillard, coupa le blessé d'une voix faible et rauque.

            Mon père me regarda avec crainte. Je fixai le blessé quelques secondes et m'approchai de lui. Il esquissa un sourire mauvais, comme s'il voulait en finir avec tout ça, comme s'il voulait me défier. "Dégage gamine.". Je ne flanchai pas, évaluant le pour et le contre de la situation. Je finis par soupirer, et attrapai son bras pour en défaire les sangles de son gant. "Que fais-tu ?!" questionna mon père, affolé. Je serrai la mâchoire et répondis entre mes dents :

  • Si on le laisse mourir, je ne me le pardonnerai jamais…
  • Es-tu inconsciente ? Il a défié le Roi Joffrey ! Il a tué les filles Stark ! Sans compter le nombre d'innocents qui ont péris sous sa lame ! Et son frère a…
  • Un frère ne fait pas l'autre.

            Il laissa tomber ses bras, dépité, à cours d'argument. Je sentais mon cœur s'accélérer à chaque pensée qui allait vers la Montagne. J'avais envie de vomir… "Écoute-ton père gamine. Quand j'serai assez fort pour me lever, je vous égorgerai tous les deux.". Il avait dit ça sur un ton léger, mais sincère. Je lui lançai un regard noir, hésitant un court moment à continuer mes soins, instant qu'il remarqua et qui le fit sourire. Un sourire de dominant, comme s'il savait que la situation pouvait tourner à son avantage n'importe quand. Je retirai son gant, et m'affairai sur l'autre.

  • Apporte-moi du vin, vieil homme.
  • Il s'appelle Alvin, grondai-je.

            Le Limier me considéra un instant, avant de poser ses yeux sur la gorge qu'il avait serré deux heures auparavant. Mon père soupira et repartit vers la pièce principale pour satisfaire les désirs de notre hôte. J'ôtai ensuite ses épaulières, et posai le tout dans un coin de la chambre. Le plus dur était à venir. Les tâches sombres sur sa côte de cuir et la jambe déchiquetée que l'on pouvait voir à travers l'entaille de son pantalon indiquaient que les soins prendraient un bon moment. Je lui enlevai ses bottes et plissai le nez sous l'odeur nauséabonde de ses pieds. Un bain ne serait pas du luxe… Je toussai un peu en me couvrant les narines avec ma manche, et regardai mon père revenir. Les effluves ne semblaient pas l'enchanter non plus. Il me tendit une gourde de vin et je l'informai des prises que j'avais obtenu à la chasse. "J'ai commencé à vider le premier. Tu veux que je m'en occupe ou tu préfères que je le soigne ?". Il regarda le Limier avec les sourcils froncés et me fixa un instant, comme pour me faire changer d'avis.

  • Deux jours, laisse-moi m'en occuper juste deux jours et…
  • Il vient ce vin oui ?! aboya le chien en frappant dans le mur collé au lit.
  • Deux jours, pas plus, soupira mon père, le visage las.

            J'apportai la gourde au blessé qui retira le bouchon avec ses dents cariées. Je retirai la ceinture de sa côte de cuir, et découvris son torse. Il était touché au ventre principalement, et avait de multiples autres blessures non soignées. Son cou avait une couleur violette et noire peu engageante. "Votre cou est en train de se gangréner. Je dois arrêter l'infection avant que cela vous soit fatal.". Il serra la mâchoire en me laissant regarder de plus près, tournant le visage vers la porte de la chambre. "Par tous les Dieux, comment avez-vous pu survivre à une telle blessure… ?" demandai-je pour moi-même. Il but une nouvelle rasade de vin pour toute réponse, et j'examinai les lésions sur son torse. Le coup reçu au niveau de l'estomac était préoccupant. Si des signes vitaux avaient été endommagés, il serait difficile pour moi de le soigner.

  • Ne bougez pas, je vais vous chercher du lait de pavot pour…
  • Pas de lait de pavot, coupa-t-il, sèchement.
  • Mais vous…
  • Pas de lait de pavot, répéta-t-il.
  • Vous voulez souffrir ? Très bien, c'est votre problème, pas le mien !

            Je croisai les bras, agacée, mais rien n'y faisait, il ne cédait pas. Je finis par lever les yeux au ciel, exaspérée. Il avait peur de quoi ? Qu'on le dépouille ? Conscient ou non, il n'y changerait pas grand-chose vu son état. Je pris mon couteau de chasse et le fit chauffer sur le feu de la cheminée de la chambre. Je le sentis s'agiter, et il se redressa vivement en me voyant m'approcher de lui avec mon arme flamboyante. "Reste loin de moi avec ça, sale putain !". Je restai abasourdie quelques secondes, avant de souffler, impressionnée. "C'est donc vrai ce qu'on raconte… Le grand Sandor Clegane a peur d'une toute malheureuse petite flamme…" En effet, je voyais la terreur dans ses yeux, cette même terreur qu'a dû voir son frère dans les miens. Qu'il souffre pour ce qu'a fait la Montagne.

            Sa jambe en lambeau l'empêchait de marcher. Il se contentait de ramper sur mon lit, espérant échapper à cette lueur flamboyante. Mes draps se déchiraient dans ses mouvements. "Si vous bougez trop, vous risquez de créer un incendie !" m'exclamai-je en évitant un morceau de tissu qui tombait sur la pointe de mon couteau. Cette mise en garde le fit sortir de ses gonds. Il hurlait des insultes et des menaces à mon égard, sans jamais quitter la lame des yeux. Mon père arriva, ameuté par le raffut, et attrapa une barre de fer qu'il abattit sur le crâne du Limier. Inconscient, il ne pourrait se débattre… Il tomba inerte sur mon lit, et j'appliquai le couteau sur sa plaie au cou, plissant le nez en sentant la chair brûlée. La lame colla sur la peau tant la blessure suintait.

            Je m'affairai ensuite à celle de l'abdomen. La lame de l'épée était ressortie de l'autre côté, ça ne devait pas être beau à voir à l'intérieur. Je me penchai en écartant les chairs et passai délicatement un doigt dans la blessure, voir si aucun organe avait été touché. "On peut dire qu'il a eu beaucoup de chance… J'ai besoin d'huile de rose et de bandages.". Je me levai et partis dans la pièce principale, suivie de près par mon père qui demeurait toujours sceptique. Il caressa sa barbe, signe qu'il réfléchissait, pendant que je m'affairais à trouver ce dont j'avais besoin. Je dénichai un onguent, pour faciliter la cicatrisation, et pris un autre couteau, plus petit, pour faire une saignée. "Elya, je suis persuadé que ce n'est pas une bonne idée de l'aider…". Je baissai la tête, mal à l'aise.

  • Je le sais. Mais tu m'as toujours dit que l'on devait venir en aide à ceux qui en avaient besoin. Nous connaissons son point faible, nous avons un avantage sur lui.
  • Et quoi ? Je devrais mettre le feu à la maison s'il menace de nous tuer ?
  • Par exemple…

            Il passa une main sur son visage et repartit dépecer les lapins en marmonnant dans sa barbe. Quant à moi, une longue nuit de soins m'attendait…

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