Beauty and The Hound / La Belle et le Limier

Chapitre 17

2052 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 03:59

            Les jours passaient et les actes du chevalier blanc se faisaient de plus en plus remarquer. Il avait sauvé deux femmes des mains de brigands, arrêté un voleur, reconduit un enfant chez lui… et tout un tas d'autres actions qu'il n'aurait jamais fait auparavant, mais qui nous étaient indispensables. Des hommes nous saluaient, sur le chemin de la Route Royale que nous n'avions plus peur d'emprunter. Il n'était pas à l'aise avec cette popularité. Dès qu'il le pouvait, il enlevait son heaume à l'abri des regards. Nous n'étions plus qu'à quelques miles des portes de Port Real, seuls en haut d'une colline et je le regardai en souriant :

  • Nous y sommes presque.
  • Ton plan ne marchera pas, gamine.
  • Je suis certaine que si. Regardez, tout le monde acclame le chevalier blanc. Il en sera bientôt de même pour la Reine.
  • Et de quelle Reine parles-tu ? De la Lannister ou de la putain des fleurs ?
  • De Cersei…

            Il cracha au sol avec une mine de dégoût. "C'est celle qui a le plus de pouvoir, je pense. Et la Montagne est à son service. Si vous servez Margaery, elle ne vous laissera jamais l'approcher.". Il plissa le nez, forcé de reconnaitre que j'avais raison.

  • Tu t'entendrais bien avec le nain. Avides de stratégies tous les deux. En espérant que les tiennes soient aussi efficaces que celles qu'il a montré jusque là.
  • Pensez-vous que Lord Tyrion cherche une servante ?
  • Le gnome passe plus de temps à chercher des putains que des servantes. Il n'en a pas besoin. Mais si tu sais te montrer intéressante, peut-être fera-t-il une exception.
  • Et son frère ?
  • La Stark l'avait fait prisonnier, mais j'avais entendu qu'il s'était échappé. Je ne sais s'il est retourné à Port Real.

            Il fit avancer Laya, nous rapprochant de la ville tant espérée. J'avais un poids dans le ventre, et je tremblais d'inquiétude. Si jamais notre plan était voué à l'échec, Cersei nous tuerait sur le champ. Il remit son heaume, et plus on avançait, plus on voyait des hommes nous saluer, s'incliner, prier… Partout on entendait des acclamations à propos du chevalier blanc. Convaincs le petit peuple et tu convaincras le royaume tout entier… Je serrai l'anneau à mon cou, appréhendant notre accueil. Puissent les Dieux nous venir en aide…

            Les portes s'ouvrirent, nous donnant accès à la Cour extérieure. Des marchands en tout genre, des paysans, des soldats… L'endroit était bondé de personnes. C'était donc cela, une ville. Des enfants criaient, riaient, se battaient avec des armes en bois. J'étais forcée de constater qu'ils étaient bien plus forts que moi, alors que je m'étais entrainée dur ces derniers jours. De futurs soldats, sans aucun doute… Les odeurs étaient nombreuses elles aussi. Du poulet, du pain tout juste sorti du four, du poisson… C'était agréable, et ça donnait faim… Deux gardes nous arrêtèrent, et l'un deux annonça :

  • Nous avons un message de la Reine Régente. Veuillez descendre de cheval.

            Je me raidis, imitant le Limier qui ne disait mot. Je tenais fermement sa cape immaculée entre mes mains, la peur au ventre. Il s'exécuta, et m'encercla la taille pour me poser au sol. Je ne parvenais pas à lâcher le drapé blanc, regardant les gardes l'un après l'autre. "Suivez-nous." ordonna le même soldat. Ils étaient jeunes, mais néanmoins impressionnants. Sandor leur pressa le pas avec l'élégance du chevalier blanc, et je demeurai sur ses talons.

  • Non, la fille reste là, coupa l'autre homme.

            Quoi ? On s'arrêta et les yeux des soldats se posèrent sur moi. Je jetai un regard paniqué au Limier qui insista sur le fait que j'étais avec lui. "Nous sommes navrés, mais ce sont les ordres.". Il se passa quelques secondes sans que personne ne se décide à bouger. Sandor marcha finalement vers moi et m'attrapa les hanches pour me poser sur la selle de Laya, comme si je ne pesais rien. Il tira sur mon col pour que je me penche en sa direction, et chuchota d'une voix rauque à mon oreille : "Le Donjon Rouge est là-bas. Si tu vois un soldat en tomber, c'est que je l'en aurai poussé. Ce sera mauvais signe. Tu prendras alors les rênes de ta jument et tu fuiras la ville sans te retourner.". J'acquiesçai, la gorge serrée, et me redressai. Je le regardai partir avec les deux hommes, avec un sentiment étrange en moi. J'avais peur.

            Je m'imaginai alors toutes les possibilités. Cersei l'aurait reconnu et aurait déjà organisé sa mort. Ou bien elle ne se douterait de rien et le nommerait protecteur de sa Cour. Ou encore, peut-être qu'elle accepterait de le garder mais qu'il devrait se séparer de moi. Je me rapprochai du Donjon Rouge, mais fus contrainte de rebrousser chemin. Seules les personnes de la royauté pouvaient y entrer. Je détaillai cependant l'endroit, le trouvant magnifique. Ces tours si hautes qu'elles semblaient toucher le ciel, cette couleur ocre sur les murs, ces jardins verts… J'avais envie de m'y promener… "Allez, ne reste pas là !" ordonna l'un des gardes de l'entrée. Je soupirai et orientai Laya vers la droite, dans l'un des quartiers de Port Real.

            C'était vivant. Jamais je n'avais vu pareille animation. Je souriais malgré moi, et arpentai les rues du marché, essayant de ne percuter personne avec la jument. On me tendait des bijoux artisanaux, des brioches, des parfums, en me ventant leur qualité indéniable et en me réclamant toutes sortes de somme d'argent que je n'avais pas. L'élevage de chevaux de mon père me semblait bien loin à présent… Je devrais lui écrire pour le rassurer…

            Je déambulais dans les rues, les yeux pleins de surprises. J'en voulais à mes parents de ne jamais m'avoir conduit dans ce paradis. J'en voulais davantage au Limier de m'en avoir dressé un portrait noir. Je ne cessais de jeter des coups d'œil au Donjon Rouge, espérant n'y voir aucun garde projeté par-dessus les remparts. Je marchai vers de la musique, et descendis de Laya, tombant sur un groupe d'artistes. L'un jouait du luth pendant que l'autre chantait, avec des grelots attachés à ses chevilles. Il contait des histoires de princes, de chevaliers, remplies de péripéties qui me fascinaient. Des petits enfants étaient assis en arc de cercle autour des comédiens, buvant chacune de leurs paroles.

            Après un bon moment à écouter leur répertoire de chants, je me décidai à partir vers une volière. Il s'agissait en fait d'un petit étal, tenu par un vieil homme. Il y avait pas loin de trente cages argentés dans lesquelles attendaient patiemment des corbeaux. Je me faufilai jusqu'au vieillard et demandai d'une voix enjouée :

  • Bonjour ! Je voudrais envoyer un corbeau pour Herpivoie.

            Il me regarda longuement avant de me tendre un papier sur lequel écrire mon message. J'attrapai une plume, de l'encre, et griffonnai quelques mots dans le simple but de rassurer mon père. Je n'énonçai pas le nom du Limier, par précaution, et me contentai de préciser que je me portais très bien avec notre invité. Je ne savais pas quand je rentrerai… Sans doute après la mort de la Montagne. Une fois le message rédigé, je le tendis au vieil homme qui l'accrocha à la patte d'un corbeau au plumage noir bleuté. Il informa d'un ton tremblant, dû à la vieillesse : "Il te faut le conduire en haut de la Colline de Visenya, afin de l'orienter.". Il me montra le lieu d'un doigt grelotant. Je payai le marchand et pris la route demandée.

            Du haut de la colline je pouvais voir tout Port-Réal. L'endroit était encore plus magnifique encore… Par rapport au reste de la ville, ce lieu était calme, presque désert. Je m'assis sur un banc en pierre, et posai la cage sur les genoux, m'apprêtant à l'ouvrir. "Je ne ferai pas cela, si j'étais vous.". La voix était chantante, comme si chacune des syllabes était une note de musique. Je tournai lentement la tête vers elle, mais elle continua, m'interrompant : "Non, faites comme si de rien était. Ne me regardez pas. Il eut été difficile de vous éloigner de la foule…". Je plissai les yeux, inquiète.

  • Qui êtes-vous ? demandai-je faiblement sans quitter le corbeau des yeux.
  • Je suis votre allié.
  • Mon allié ? répétai-je non sans surprise.
  • Cette histoire de corbeau n'était qu'un subterfuge pour vous faire venir ici. Croyez-bien, mon enfant, que ces oiseaux sont capables de s'orienter comme bon leur semble, du moment qu'ils connaissent le chemin à emprunter.
  • Je ne suis pas votre enfant.
  • À mon grand regret. Savez-vous pourquoi nous utilisons des corbeaux plutôt que des pigeons ou des faucons ?
  • J-Je n'ai pas de temps à perdre, quelqu'un m'attend et…
  • Oh, je le sais, n'ayez crainte. Qu'avez-vous écrit à votre père ?

            Mon cœur loupa un battement. Comment savait-il à qui ce message était adressé ? Je me tournai vivement, sur la défensive, et tombai nez à nez avec un homme vêtu de noir, enrobé et chauve, bien que son crâne fut recouvert d'une capuche. Il arborait un regard rieur, enfantin, et gardait les mains jointes sur son imposant ventre. Je me levai du banc et fis quelques pas en retrait, pour m'éloigner de lui et d'une quelconque attaque de sa part. Je ne comprenais pas… "Avez-vous, dans votre message, parlé de votre ami le Limier ?".

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