Le roi et la reine du Nord

Chapitre 34

1445 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 21/08/2018 18:05

Chapitre 34 : Aliénor Marlon


               Elle n'avait pas froid, c'était la première observation qu'elle fit en se réveillant. Pourtant, elle ne se sentait pas écrasée sous plusieurs couvertures. La jeune femme chercha à se lever, mais un gémissement s'échappa de sa bouche : l'ensemble de ses muscles la faisait souffrir. Elle continua cependant à chercher à se lever. Debout, elle fit le tour de la pièce dans laquelle elle se trouvait. Elle était spacieuse. Elle semblait avoir été construite dans la roche, les pierres avaient été marquées par les piques des Hommes. Composé de seulement quelques meubles - un lit en paille, une table et une chaise en bois grossièrement construit - et d'une rivière d'eau chaude qui la traversait. Aliénor en conclut que c'était grâce à cette source de chaleur qu'elle n'avait pas froid.


Alors qu'elle tentée de lutter contre sa propre volonté qui lui demandait de rester couché, les événements de ces derniers jours, heures et minutes lui revinrent en mémoire. Les marcheurs blancs, Neno, sa chute et Ruben. La panique la gagna. Ils étaient censés mourir de froid, ensemble. Où était-il ? Une nouvelle fois, elle parcourut la pièce à la recherche d'une échappatoire. Elle découvrit une porte en pierre uniquement reconnaissable par la poignée en bois qui ressortait. Dans un clique bruyant, la porte s'ouvrit. Aliénor attendit quelques instants avant d'oser sortir, à l'écoute du moindre bruit. Seul le murmure de l'eau qui coulait dans la chambre brisait le silence environnant. Elle se décida à sortir. Le couloir était étroit et il semblait sans fin : elle marcha durant plusieurs minutes avant d'apercevoir une porte. Comme la sienne, il fallait avoir l'œil affûté pour découvrir la petite clenche en bois. Elle colla son oreille contre la pierre, espérant distinguer un bruit, mais ne perçut rien. Elle se décida finalement à l'ouvrir. La même chambre se trouvait derrière la porte en pierre. Le lit, les meubles en bois et la source d'eau chaude. Aliénor se détourna et continua sa recherche.


Les couloirs se rafraîchissaient à mesure que la jeune femme avançait. Elle voulut faire demi-tour pour aller chercher sa fourrure blanche lorsqu'elle entendit des bruits de pas. Elle se cacha dans une alcôve. À mesure qu'ils s'approchaient, elle réussit à distinguer des voies aux timbres féminins. La jeune femme se colla un peu plus contre le mur de pierre. Deux femmes passèrent sans l'apercevoir. Elles étaient entièrement habillées de vert et de brun, leurs vêtements étaient taillés de sorte à leur faire comme une seconde peau. Leurs cheveux étaient coupés court, elles étaient brunes. Aliénor ne prêta pas plus attention à la physionomie des deux femmes qui commençaient à s'éloigner.


Dès l'instant où elle n'entendit plus leurs bruits de pas, elle reprit son chemin. Le couloir semblait être sans fin, la reine du Nord continua à marcher lorsque le couloir s'ouvrit sur deux chemins. Elle ne savait pas lequel choisir alors qu'à nouveau des bruits de pas se rapprochaient. Cette fois, ils étaient plus rapides, les deux femmes semblaient courir. Aliénor devait prendre une décision, vite. Un croassement la surprise, elle tourna sa tête vers le bruit de l'animal. Un corbeau se tenait au milieu du couloir de gauche, elle l'ignora et s'engouffra dans le couloir de droite. L'animal s'envola et vint se poser devant elle, elle voulut le faire déguerpir à l'aide de ses pieds, mais il commença à croasser bruyamment. Il se posa sur son épaule, Aliénor pu alors distinguer la malformation de la bête, il possédait trois yeux. Son coeur fit un bon dans sa poitrine alors que l'oiseau s'envolait à nouveau vers le couloir de gauche. Aliénor le suivit en courant. Il vola de couloir en couloir, s'engouffrant de plus en plus dans les méandres de la terre. L'esprit de la jeune femme était dominé par un sentiment de peur intense, elle venait de trouver la corneille à trois yeux, mais maintenant ? À l'inverse de tous les animaux qui croisaient sa route, la reine du Nord n'arrivait pas à percevoir l'âme du corbeau. Tel un fantôme, la corneille semblait n'être qu'un reflet.


Après une course effrénée, la jeune femme pénétra dans une immense pièce, plus grande encore que la grande salle de Winterfell, mais basse de plafond. Il aurait suffi qu'Aliénor soit plus grande d'un centimètre pour qu'elle doive se mouver dans la pièce en se baissant. Elle marcha quelques pas avant de trébucher sur une racine blanche. Son regard suivi alors la racine, qui en rejoignit une autre pour devenir plus grosse avant d'en rejoindre d'autres jusqu'à créer une masse informe. Elles se rejoignaient toutes jusqu'à un trône qui semblait avoir été taillé dans un barral blanc, ou est-ce le barral blanc qui avait poussé sous la forme d'un trône ?


À cause du manque de luminosité, Aliénor n'aperçut pas la forme inerte qui reposait calmement sur la chaise de roi. Habillé, d'un manteau et d'un pantalon de cuir brun, il possédait une broche rouillé en forme de loup au niveau de sa poitrine. Les racines du barral s'étaient enchevêtré autour des jambes et du torse du garçon. Un frisson la parcouru, elle connaissait cette personne. Pour s'assurer de l'identité du garçon elle s'avança un peu plus vers lui. Alors qu'elle était à un pas de le toucher, la corneille à trois yeux croassa bruyamment contre l'oreille de l'homme assoupi. Sa respiration s'accéléra, ses paupières se mirent à battre lentement avant de s'ouvrir totalement laissant apparaître des yeux aussi bruns que ceux de son époux. « Brandon Stark. » S'entendit souffler Aliénor avant de reculer vivement face à l'être fatigué qui se trouvait face à elle.


Le vent froid brûlait les joues de la jeune femme, seule partie de son corps qui n’était pas recouverte de plusieurs couches de fourrures. Les yeux à demi-fermés, elle arrivée à distinguer les montagnes qui encerclés la demeure de la corneille à trois yeux. Selon le frère de son époux, aucun marcheur blanc ne pouvait franchir ces montagnes, protégé par un champ magique puissant. Elle soupira à l’idée que pour la première fois depuis des mois elle se sentait en sécurité. Une bourrasque de vent l’obligea à fermer les yeux.


− Je vous aie cherché. » La voix grave du chef des patrouilleurs remplis de chaleur le cœur d’Aliénor. Il se mit assis à côté de la jeune femme. Pour la première fois, il était habillé d’une couleur autre que du noir. La jeune femme sentit son cœur battre plus rapidement alors qu’il avait détaché ses cheveux qui lui retombaient le long de son cou.


− Brandon Stark est la corneille à trois yeux. » Souffla-t-elle, encore à peine remise des révélations de ce dernier.


− Je sais. » Répondit Ruben, en posant un bras protecteur sur les épaules de la jeune femme.


Aliénor laissa tomber sa tête contre la cape en fourrure du corbeau. Dans les bras de cet homme froid et puissant, elle se sentait en sécurité. Chaque obstacle qui lui semblait insurmontable disparaissait comme de la neige sous les rayons du soleil. Elle soupira avant de poser son regard dans celui du gardien de la nuit.


− J’attends l’enfant de Robb, c’est pour cela que la corneille à trois yeux m’a appelé. Je suis une descendante des enfants de la forêt, Robb provient des premiers hommes. Le corps qui a été utilisé pour créer les autres était un des premiers hommes et la personne qui la transformait était un enfant de la forêt… Cet enfant. » Aliénor s’arrêta quelques instants et passa affectueusement sa main sur son ventre. « Selon la corneille aux trois yeux, c’est lui qui doit arrêter tout cela. Il doit être tué par le roi de la nuit pour que ses pouvoirs soient anéantis et que quelqu’un puisse le tuer à son tour. Je suis enceinte d’un mort. »


− C’est faux. Vous pourriez partir, rejoindre votre époux et donner naissance à votre enfant. L’armée du Nord, les sauvageons et la garde de nuit les vaincront. »


− Je les aies vues, il me les a montrées. Ils arrivent et rien ni personne ne pourra les arrêter cette fois. »


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