Le roi et la reine du Nord

Chapitre 33 : Chapitre 33 : Samwell Tarly

3062 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 20:01

Chapitre 33 : Samwell Tarly

                Le silence régnait en maître à Château Noir lui donnant des airs de château abandonné. Les couloirs étaient vides, le feu se consumait dans la salle commune, il émanait des chambres quelques ronflements. A l’extérieur, seul le vent faisait s’entrechoquer certains volés qui n’avaient pas été fermés, les épées d’entrainement avaient été laissé par terre, comme à l’abandon. Personne ne faisait le gué le long du chemin de ronde, à quoi cela pourrait bien servir ? La menace venait de l’autre coté du mur.

Les corbeaux avaient cessé de compter les morts, seul le mestre de la garde de nuit persistait à répertorier chaque homme décédé lors de son quart de veille. Lors de son arrivé à Château Noir, cet homme avait été un véritable trouillard doublé d’un gros lard. A l’époque il était incapable de se mettre en avant ou encore de parler à un être humain sans bégayer. Avec l’âge il avait changé, ses trois années à Villevieille lui avait permis de devenir un mestre à la chêne aux multiples anneaux. Il avait étudié l’art de la magie et il ne se passait pas un jour sans qu’il ne cherche une solution aux problèmes des autres, sans succès. Pourtant il persistait à vouloir découvrir dans l’ensemble des livres et parchemins que pouvait posséder château noir une arme susceptible d’abattre tous les morts vivants. Lui, qui marqué les noms et prénoms de tous les hommes morts au combat ne pouvait se permettre d’abandonner.

Alors que Samwell était plongé dans un livre intitulé Le règne du treizième lord commandant et ses conséquences la porte menant à  ce qui servait de bibliothèque s’ouvrit. Il ne prêta pas attention aux bruits de botte claquant sur la pierre froide. Il sursauta alors qu’une main gantée de cuire noire se posa sur son épaule, toute recouverte d’une épaisse fourrure d’ours teinte en noir.

─Il fut un temps où tu n’aurais pas seulement sursauté mais aussi beuglé toute t’as peur à l’ensemble de château noir. » Il connaissait cette voie aussi bien que celle de son père, il n’éprouvait cependant pas les mêmes sentiments pour ces deux personnes. Il se retourna et sourit à l’adresse de Jon Snow.

─Hier j’ai mandé à Lyce et Maggo de me ranger trois nouveaux rayons. Tu ne peux t’imaginer Jon à quel point cette cave est immense. » Les hommes de la garde de nuit semblaient préférer le maniement des épées à celui des livres c’est pourquoi ils avaient relayé leurs registres et autres écrits dans une cave qui semblait recouvrir entièrement Château Noir. C’était l’explication de Samwell pour expliquer le pourquoi du comment des livres pouvant avoir une grande valeur avait été placé dans cet endroit où l’humidité les abimée peu à peu. « Cela fait des années que nous cherchons la fin à cette bibliothèque, sans réussir. Elle semble presque aussi grande que celle de Villevieille. » Il rigola, c’était impossible, la bibliothèque de Villevieille ne souffrait aucune comparaison au niveau de sa taille et des livres qu’ellecontenait. « Bref, c’est Lyce qui m’a apporté ce livre il y a trois heures, ou peut être quatre, cinq même… Je m’y perds… » Sam commença à marmonner dans sa barbe aussi longue qu’un des pouces du lord commandant.

─Mestre Tarly. » Jon sourit en voyant son ami tellement absorbé par ses réflexions.

─Oui, oui, ce livre raconte l’histoire du treizième lord commandant qu’à connu le mur… C’est vraiment étrange car à aucun moment on ne dit son nom. Son règne n’a duré que dix ans. Durant cette période il a tout tenté pour faire détruire le mur mais sans succès. Il faut que je continue à lire ce livre, l’auteur doit bien donner une raison à l’entêtement de ce lord commandant. Peut-être savait il  que notre ennemi a toujours été les autres. Ou bien qu’il voulait ouvrir le mur pour permettre au sauvageon de rejoindre les terres du Sud… Je ne sais pas, il faut que je continue à lire ! » Sam se tourna à nouveau vers le livre qui semblait être composé d’au moins dix mille pages.

─Laisse pour aujourd’hui. Cela fait sept heures que tu es cloitré ici, je suis venu te chercher car Vère te cherche partout. Tu nous aies plus utile reposé que fatigué. »

Le mestre ne répondit rien, il se contenta de reposer le livre sur une des tables en bois et de remonter à la surface. A l’aide de ses petites jambes potelées il atteignit les cuisines en quelques foulées. Sam l’Egorgeur était tout essoufflé lorsqu’il aperçut la mine renfrognée de la femme qu’il aimait. Elle se tenait près de la cheminée, une de ses mains tenait une spatule en bois d’où coulée des gouttes d’un liquide brunâtre.  Elle s’approcha vivement de l’homme à la chaine qui protégea instantanément son visage alors qu’elle levait à son intention sa main tenant la cuillère en bois.

─Tu m’avais promis de manger avec moi et les enfants ! » Dit-elle alors qu’elle repartait vers le chaudron qui était en train de cuire dans la cheminée.

─Je suis désolée, je n’ai pas vu le temps passer.

─Tu ne vois jamais le temps passer. Petit Sam t’as attendu, il est parti ce coucher il y a même pas cinq minutes ! Lorsque j’ai couché Aemon il n’a pas cessé de pleurer, il te réclamait. T’es enfants te demande et toi tu n’as cure d’eux ! » Vère leva à nouveau sa louche dans sa direction, elle fit virevolter plusieurs gouttes qui vinrent toucher le sol en pierre grise.

─Je n’aspire qu’à leur bien être, je te l’assure ! Si les autres arrivent à passer le mur personne ne sera épargnait ! » Le mestre s’était ressassé encore et encore cette phrase, à chaque fois il sentait une vague de frisson naitre de ses pieds et remontait jusqu’à son cou. Qui était-il pour penser qu’il était le seul à pouvoir faire quelque chose ?

─Alors il vaut mieux passer du temps avec t’as famille. » Vère posa violemment un bol remplit de soupe au poisson, elle en versa la moitié sur la table.

─Tu doute que j’y arrive… Je sais que je peux le faire, Archimestres Marwin disait toujours que notre arme est le savoir à l’instar des chevaliers qui possèdent leurs épées. La notre est d’autant plus tranchante qu’elle se nourrit de lecture, plus nous nous instruisons et plus nous devenons fort…

La sauvageonne soupira, elle plaça au coté du bol de Sam un bout de jambon et de pain. Le ventre du mestre se mit à gargouiller. Il mourrait de faim, dans le noir de la cave le temps semblait s’arrêter. Il goba la soupe de poisson en quelques instants avant de s’attaquer à la viande. Lorsqu’il eu terminé, Vère le conduisit dans l’arrière cuisine, l’endroit où elle dormait avec ses deux fils. Elle invita Sam à venir s’allonger à ses cotés, avant de la rejoindre il posa ses yeux sur Eddard, son fils. Son nom de famille avait beau être Snow, il chérissait cet enfant comme s’il s’appelait Tarly. Vère était tombée enceinte avant qu’ils n’arrivent à la Citadelle, à croire qu’il était d’une fertilité inédite. Il avait réussi à cacher cette grossesse aux yeux des archimestres de la Citadelle mais pas de son ami, Jon. Heureusement il avait accepté Vère et ses enfants malgré le règlement de la garde de nuit. A situation exceptionnelle, décision exceptionnelle. Avait dit le lord Commandant à l’intention du nouveau mestre soulignant que cette situation n’était que provisoire.

                Les corbeaux étaient encore agités en cette matinée d’hiver. Depuis plusieurs mois ils ne cessaient de s’exciter dans leurs cages. Infligeant au mestre et à ses apprentis des griffures le long de leurs bras. Il était devenue difficile de les attraper et de les maintenir afin d’accrocher à leurs pattes des messages. Mais Samwell persistait à les utiliser, à chercher à les tranquilliser. Il avait demandé à Barde Bleu, un de ses frères chanteur, de les apaiser à l’aide de sa harpe ; il les avait enfumé avec de l’encens ; il avait même cherché à les plonger dans le noir pour qu’il s’endorme. Toute ces tentatives s’était révélées être un échec et avait déclenché l’hilarité de l’ensemble de ses frères. Lui, n’avait pas rigolé, il amputait l’agitation de ces corbeaux à la présence de la mort qui n’avait jamais été aussi proche.

Après la corvée de nourriture, il devait envoyer les missives de demande d’aide que le lord commandant avait écrit durant la nuit. Elles étaient envoyées à chaque seigneur du Sud et leur demandés de rejoindre les armées du Nord pour lutter contre les marcheurs blancs. Il en appelait à leurs pitiés et leur rappelait à tous que la garde de nuit ne prenait pas partit. Aucune missive ne recevait de réponse.

Il était en train d’accrocher le dernier papier à la pâte d’un corbeau lorsque la sonnerie de cor retentit. Cela faisait au moins quatre ans qu’il ne l’avait pas entendu. La garde de nuit n’en n’avait plus besoin. Les marcheurs blancs ne cessait de s’agglutiner au mur sans le quitter, tous les sauvageons encore vivant étaient passés de l’autre coté du mur et les patrouilleurs ne quittaient plus les différents châteaux de la garde de nuit. Comme une flèche transperçant son cœur, le bruit sourd de l’instrument pénétra en son sein.

Cooooooooooooooooor

Le mestre laissa s’envoler le dernier corbeau qui déploya ses ailes aussitôt pour s’envoler vers le ciel. En quelques battements d’ailes il ne ressemblait plus qu’à un point venant tacher la perfection de l’étendue blanche. Il se détourna de l’oiseau, attendit que le cor sonne à nouveau, aucun son ne sortit. Un patrouilleur. Samwell Tarly descendit aussi rapidement qu’il le pouvait les centaines de marches composant la tour qu’il habitait. Même s’il avait gagné de la confiance en soi, il avait aussi gagné du poids. Certains pourrait dire que ce n’était pas possible, mais les plats servit à Villevieille, les journées passées dans la bibliothèque à grignoter fromage et gâteau aux fruits avaient prouvé le contraire. Il était tout juste assez mince pour passer les portes. Ses joues étaient rougies par l’effort et sa respiration saccadée quand il franchit la porte conduisant à la cour de Château Noir.

Le froid environnant lui coupa presque le souffle dés qu’il posa le pied sur la pierre glacée du château. Il resta quelques instants sur le pas de la porte afin de se reprendre. L’effort l’avait fatigué, les murs en pierres, les échafaudages de bois, les épées et autres instruments de combats tournaient devant ces yeux. Il ferma les yeux jusqu’à retrouver une respiration normale. Lorsqu’il les rouvrit tout lui sembla plus clair. Il faut vraiment que je me remette au sport. Pensa-t-il alors qu’il s’avançait vers le lord commandant. L’ensemble des corbeaux présents en bas se rassemblaient peu à peu dans la cour. Outre la fatigue qui se lisait sur chacun de leurs traits, leurs visages étaient crispés. Peut-être était-ce le manque d’habitude, tout le monde attendait une nouvelle sonnerie de cor mais il ne retentissait pas. Au lieu de cela, les grandes portes en bois de château noir s’ouvrirent dans un fracas à réveiller les morts. Un homme en noir se trouvait juché sur un cheval palomino, une marque en forme d’étoile au milieu de la tête. Lorsqu’il descendit de son cheval, Samwell reconnu instantanément l’un des hommes partit avec la reine du Nord. Avec sa silhouette aussi haute que fine, ses cheveux brun ébouriffé il ne pouvait s’agir que de Lim, l’ancien de la confrérie des sans bannières.

─Lord Commandant ! » Il se précipita vers Jon dés qu’il l’aperçut, malgré le froid on pouvait voir de la sueur perler le long de son front. « J’espère qu’il n’est pas trop tard ! C’est le chef des patrouilleurs qui m’envoie, Edd et Foebe sont partis vers les autres châteaux… La petite, enfin la reine Aliénor, a vu des marcheurs blancs, des centaines, des milliers d’autres marchant dans la direction du mur. On est passé par les grottes et nous avons seulement prit la peine de seller des chevaux à Fort Levant. Il faut faire vite ! On doit avoir à peine deux journées d’avances sur eux. » Son discours étaient peut être débité rapidement mais cela n’empêcha pas le mestre de blanchir.

─C’est une certitude ? » Demanda lord Snow, aucune émotion ne se lisait sur son visage.

Pour toute réponse, le corbeau hocha la tête de manière positive. La réaction de son ami ne se fit pas attendre, il remercia Lim pour sa dévotion à l’ordre de la garde de nuit avant de se tourner vers ses autres frères. D’une voie forte, il leur donna ses ordres pour faire face à l’envahisseur. Samwell savait que l’esprit stratégique de son ami conférait à la garde de nuit une aide précieuse. Cependant, ferait-elle l’affaire ? Selon ses estimations, deux milles marcheurs blancs se trouvaient déjà aux portes du mur et maintenant d’autres allait les rejoindre ! Même pour des grands chefs guerriers tels qu’Aegon le Conquérant cette tâche se révélerait difficile.

─Comment allons-nous réussir Jon ? Nos frères se meurt à défendre le mur et nous n’avons pas la possibilité de faire appel à une armée de réserve comme les autres ! Nous sommes perdus mon ami, nous sommes perdus ! » Dit-il dans un souffle au lord commandant qui resta silencieux face aux craintes de son ami. Samwell allait de nouveau prendre la parole quand la sonnerie du cor se fit à nouveau entendre.

Cooooooooooooooooor

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