Le roi et la reine du Nord

Chapitre 32 : Chapitre 32 : Aliénor Marlon

2314 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 13:48

Chapitre 33 : Aliénor Marlon

« Courez ! » Ce cri venait de derrière elle. Elle n’eu pas le temps de se retourner que déjà Neno la poussait vers l’avant. Elle se mit à courir aussi vite qu’elle le pouvait, Ruben l’imita. Le chemin s’ouvrait devant eux. Ils couraient, sautaient au dessus des pierres et couraient à nouveau. Le paysage défilé à toute vitesse, Aliénor et Ruben ne savait pas pourquoi ils cavalaient mais ils continuaient, sans se retourner. Derrière elle, la jeune femme sentait une vague de froid s’approcher d’elle et venir lui baiser son dos. Elle comprit soudainement qui ils tentaient de fuir. Soudainement sa gorge se glaça, elle n’arrivait plus à déglutir et bientôt c’est sa respiration qui fit de même. Elle était en train de geler de l’intérieur, elle sentait chacun de ses os se craqueler comme si son corps était en train de se détruire.

La jeune femme décida enfin de se retourner, Neno n’était plus derrière elle. A quelque pas en arrière de Ruben et d’elle se trouvait une dizaine de marcheurs blancs. Ils ressemblaient tellement à son père que ça lui donna la nausée. Ils ne possédaient que des vêtements légers malgré le froid qui les environnaient. Certains étaient aussi nus que des nouveaux nés. La grande partie du groupe s’était arrêtée, ils étaient accroupis autour d’une forme. Il lui fallu plusieurs secondes avant de comprendre de qui il s’agissait. Elle chercha à hurler alors qu’elle voyait le visage de son ami rouge de sang, mais son hurlement se bloqua dans sa gorge. Elle était incapable de sortir le moindre bruit de sa bouche.

Elle sentit une pression lui attraper la main et la pousser vers l’avant. Ses jambes suivirent le mouvement que lui imposé Ruben. Mais son esprit restait concentré sur son ami. Elle ne pouvait pas le laisser mourir comme cela. Une vague de courage naquit en elle, elle se retira brutalement de la pression du chef des patrouilleurs avant de dégainer son épée. Son corps semblait prendre toute les décisions à sa place. Ses jambes couraient à toute vitesse dans la direction des marcheurs blancs, ses mains tenaient l’épée de Jon. Elle atteignit rapidement les trois monstres qui avaient continué à les suivre. Elle leva son épée avec la main gauche et l’abatis sur le premier marcheur blanc. Au contact de l’épée en acier valyrien, le monstre se disloqua en milliers de morceaux de glace. La jeune femme n’y prêta pas attention car les deux restants se jetèrent sur elle. Avec sa main libre, elle sortit son poignard qu’elle fit pénétrer dans la poitrine du plus proche des marcheurs blancs. De la même façon que son prédécesseur il disparut à travers un nuage de glace. Derrière les éclats apparut le troisième monstre. Son visage ressemblait à un ballon rond, son nez et ses oreilles n’existaient plus, seul trois  trous marquaient leurs anciens emplacement. La jeune femme se mit de biais pour lui trancher la gorge mais il se détourna vers la droite et vint nicher ses ongles dans ses épaules. Grâce à sa fourrure blanche il ne réussit pas à la toucher. Elle se retourna vivement et planta dans le crâne de l’autre son poignard.

Les marcheurs blancs restant étaient toujours auprès du sauvageon. Afin de courir plus vite, Aliénor se débarrassa de sa cape en fourrure. Elle était fatiguée et tous ses muscles lui faisaient mal mais elle continuait à courir dans la direction des monstres. Ils ne prêtèrent pas la moindre attention à la jeune femme qui se plaçait derrière eux. A tour de rôle, elle enfonça son poignard dans leur crâne. A chaque fois ils se transformaient en tas de flocons de glace, aucune effusion de sang n’apparut. Lorsqu’elle eu terminé se fut comme une libération. La pression qu’elle ressentait à l’intérieur d’elle s’évapora. « Neno ! » Elle réussit à émettre du son mais sa voie ressemblait plus à une plainte. Elle s’agenouilla au coté du sauvageon, des larmes se mirent à couler le long de ses joues. Le change peau était en sang, les marcheurs blancs avait gratté chaque partie de son corps jusqu’à atteindre ses os. On ne pouvait plus distinguer les traits de son visage, à certains endroits on pouvait voir son squelette.

─Aliénor, on ne peut pas rester là. C’est dangereux. » Ruben l’a prit par les épaules et chercha à la relever.

─Non, non, il ne peut pas être mort. On peut le sauver, aide moi.  » Chuchota t’elle, comme si elle se parlait à elle-même. Elle cherchait à empêcher le sang de couler à l’aide de ses mains, cela ne fonctionnait pas.

─Il est mort, on ne peut plus rien faire pour lui. »

Toujours agenouillé à coté du corps du zoman, elle cherchait à percevoir la moindre parcelle de vie. Elle retirée les lambeaux de peaux mélangé aux vêtements de Neno mais n’arrivait pas à voir son cœur battre ou sa poitrine se soulevé au rythme de sa respiration. Les larmes continuaient à couler le long de ses joues et lui brouillait la vue. Elle se sentit soulevé par une puissante force, cette dernière la posa contre son torse et l’emmena loin du corps de son ami. Son visage enfouie dans la fourrure en ours du chef des patrouilleurs elle continuait à pleurer, l’image du visage sans peau du zoman ne cessait de défiler dans sa tête.

L’ensemble des légendes sur les autres qu’on lui avait raconté n’était rien comparé à la vérité. C’était des monstres. Leurs corps portaient les marques de leurs morts. Certains n’avaient pas de bras ou de jambes, il pouvait leur manquer un œil, ou même avoir des intestins qui dépassait de leurs ventres sans que cela ne les gènes. Mais ce n’était rien par rapport à leurs agissements. Alors qu’ils étaient en train d’achever Neno, elle n’avait perçu aucune émotion dans leurs yeux. Ils semblaient être des poupées qui ne ressentaient rien.

Lorsque ses pleurs s’arrêtèrent elle prêta attention à son environnement. Toujours dans les bras de Ruben, elle ressentait chacune de ses inspirations et expirations ainsi que les pas qu’il faisait dans la neige. Sa respiration était saccadée, il était exténué mais il continuait à avancer afin de mettre le plus de distance entre eux et les monstres. Elle se décida enfin à lever les yeux et constata qu’ils étaient au milieu d’une étendue de neige. Ils semblaient à la dérive, complétement perdue dans cette plaine blanche. Pourtant ils devaient continuer à avancer malgré la fatigue et la faim, c’était une question de vie ou de mort.

                Deux nuits et trois jours passèrent, leur dernier bout de bœuf séché avait été mangé le soir dernier. Les ventres des deux survivants criaient famines. Aliénor avait tenté plusieurs fois de retrouver la trace d’Ombre Noir, sans succès. Trop fatiguée, elle ne pouvait pas projeter son esprit dans celui de son oiseau. Il avait disparu, de même que le Lynx de Neno. Elle avait beau guetter le moindre signe de vie aucun humain, animal ou même marcheurs blancs semblaient présent. Dans cette étendue blanche où seule cette couleur existait, la jeune femme se surprenait à vouloir retourner dans les grottes.

─Nous allons coucher ce soir ici. » Ruben déposa lourdement le sac qui ne contenait plus que deux gobelets et un poignard.

─On devrait continuer. » Répondit la jeune femme alors qu’elle dépassait le chef des patrouilleurs. « Nous n’avons plus de nourriture et pourtant les confins de la terre semblent encore loin. De surcroit, nous ne savons toujours pas si d’autres marcheurs blancs sont à nos trousses. » Un frisson naquit au bas de sa colonne vertébrale. « Marchons tant que nous le pouvons. »

Sans un mot, le corbeau posa le sac à nouveau sur ses épaules et suivit la jeune femme. Ils reprirent leurs routes et ne s’arrêtèrent que pour remplir leurs gobelets de neige. La neige constitué leurs petits déjeuners, leurs déjeuners et leurs dîners. Personne n’est mort de faim, pensait-elle alors que la neige froide glissait le long de sa gorge. Personne n’est mort de faim mais de froid et de fatigue il en meurt chaque jours et ceux, dans les quatre coins du monde.

Ils marchèrent la nuit entière avec pour seul guide l’étoile de la Mère, seule étoile qui apparaissait chaque nuit. Elle semblait régnée sur l’ensemble de la pleine noire. Alors que les deux compagnons suivaient fidèlement l’astre, elle se remémora une nuit à Dune à Miel où elle n’avait même pas dix ans. Son demi-frère Alexandre et elle adorait quitter le château pour quelques nuits et apeuré ainsi leurs nourrices. Parfois ils ne partaient pas bien loin, ils dormaient dans les granges des paysans, complices de leurs bêtises. Le plus souvent ils prenaient deux chevaux et se dirigé en direction de la forêt enchantée. C’était une fois où ils avaient choisis la deuxième possibilité, il avait beaucoup plut la journée d’avant si bien que le cheval d’Alexandre tomba dans une trainée de boue, l’enfant avec. La petite qu’elle était avait totalement paniquée et alors qu’elle connaissait la forêt par cœur, elle s’était trompée de chemin à plusieurs reprises. Lorsqu’elle avait finalement réussi à trouver Dune-au-Miel sa chère nourrice Malia lui avait indiqué le ciel de sa main encore pleine. « Regarde ma petite, l’étoile de la Mère apparaitra dés que tu seras perdu. Elle guide les âmes en quête du juste chemin. La mère pardonne et guide. Alors ma petite, dés que  tu ne sauras pas où aller, regarde le ciel et suis le chemin indiquait par la Mère, c’est ton berger. »

Le regard toujours levé vers l’astre brillant, la jeune femme sentit ses jambes cesser de marcher. Sa tête ne tarda pas à rencontrer la neige, tout ce fit noir. Elle n’arrivait pas à respirer, elle voulait se retourner mais ni ses bras, ni ses jambes ne lui répondaient. Elle voulait crier à l’aide mais dés qu’elle ouvrait la bouche pour émettre le moindre bruit, la neige s’engouffrait dans son orifice. Au bout d’un moment, elle sentit deux mains se poser au niveau de ses hanches et tenter de la soulever. Il dut s’y reprendre à deux fois avant de réussir à dégager la jeune femme de la neige. Le chef des patrouilleurs laissa choir la reine du Nord sur son ventre, incapable de la remettre sur ses pieds ou de la porter pour continuer leur avancée. Il est épuisé lui aussi, il était mon roc jusqu’à maintenant mais il n’en peut plus lui aussi. Nous sommes tous les deux morts. Pensa-t-elle alors que la fatigue la gagnait et que bientôt elle ne vit que du noir. 

Laisser un commentaire ?