Le roi et la reine du Nord

Chapitre 31 : Chapitre 31 : Neno

2580 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 21:03

Chapitre 31 : Neno

                Au matin, les rayons du soleil pénétrèrent dans la grotte. Les parois de pierres reflétaient les rayons, imbibant la pièce de lumière jaune et orange. Dans le froid de cette matinée d’hiver, l’atmosphère était devenue presque surnaturel. Neno était recroquevillé dans ses couvertures avec la tête de son lynx qui dépassait de ces dernières. Ses autres compagnons dormaient à poings fermés, leurs couvertures recouvertes d’une couche de glace malgré le feu qu’ils avaient allumé. Quelques flammes flambaient encore alors que le sauvageon mettait dans le feu le dernier bout de bois qu’il avait ramassé hier. Dans quelques heures ils partiront à travers les pleines du Nord à la recherche de cet être légendaire, la corneille aux trois yeux.

Selon les mythes et légendes des sauvageons, cette corneille est un être enchanté qui connait la réponse à toutes les questions qu’on lui pose. Détentrice du passé et du présent, rien n’échappe à ses trois yeux. De tout temps des sauvageons sont partis à sa recherche en quête de vérité mais aucun n’a jamais trouvé l’animal. Son père lui-même avait tenté de la trouver et s’est durant son voyage qu’il avait rencontré sa mère. Il avait abandonné l’idée de découvrir la Corneille aux trois yeux face à cette femme aux yeux bleus et aux cheveux blonds. Neno avait toujours connu sa mère avec des cheveux parsemé de gris et une bouche édenté. Pourtant son père la décrivait comme la plus belle femme qu’il ait jamais vue. Peut être l’avait elle été dans son passé mais avant sa mort elle ne ressemblait plus qu’à une masse rabougrit qui ne cessait de prier les dieux des sauvageons. Pourquoi ? Elle n’aurait su le dire, ses paroles étaient incompréhensible : un mélange de différent dialecte sauvageons qu’elle avait du entendre tout au long de sa vie.

Le sauvageon sortit d’un des sacs cinq morceaux de bœufs séchés qu’il plaça sur des pierres à coté du feu. Il alla ramasser de la neige qu’il mit dans deux gobelets qu’il installa à coté des morceaux de viandes. Ses compagnons se réveillèrent peu après qu’il se soit réinstallé à coté du feu. La reine avait les yeux cernés et les joues creusés par la fatigue et le manque de nourriture. Sa peau, blanche de nature, accentué son épuisement. Mais l’absence de bouton ou autre marque sur son visage conférait à la jeune femme un teint de porcelaine. Très peu de sauvageonne pouvait se targuer d’avoir une peau aussi parfaite, très peu de femme volés aussi. Ses cheveux étaient devenus gras et elle les avait rassemblés en une queue haute. Elle ne se séparait jamais de sa cape en fourrure blanche.

Le sauvageon devait s’avouer que Ruben et lui faisait pâle figure face à cette beauté naturelle. Il avait perdu la moitié de ses dents en combattant des Thenns ou autres sauvageons, les autres en croquant dans des bouts de viande trop dure.  Pas un seul de ses vêtements ne pouvait se vanter d’être en un seul morceau, il avait tenté tant bien que mal à trouvé du tissu semblable à celui de son manteau et de son pantalon sans grand succès. Si bien que sa manche gauche était faite en fourrure de phoque (grise), le tissu qui préservait ses fesses du froid était aussi brun que l’ours qu’il avait tué il y a quelques années. Le reste de ses vêtements avaient quelques rajouts bleus, gris, noir par ci, par là. Lorsqu’il regardait son chef il n’avait pas la même sensation. Jeune, pas plus de 30 ans, et intelligent. Il était un meneur d’homme forçant le respect, même des sauvageons. Depuis son arrivé six ans auparavant dans la garde de nuit il avait réussi à se faire accepter par ses frères, même les Thenns. Bien qu’il ait perdu une dent il y a un an aux cours d’une rixe entre corbeaux cela n’entachait en rien sa beauté étant donné qu’il ne souriait que très rarement.

                La nature était vierge de toute civilisation, les arbres et les montagnes composaient le paysage. La neige recouvrait tout, une main invisible semblait avoir posé un manteau blanc sur toutes choses existant à des kilomètres autour. Bien que les trois compagnons semblaient patauger dans cette mer blanche, Neno n’était que plus heureux de retrouver son Nord à lui. Il avait grandi au milieu de ces prairies de neiges, avait chassé le tigre des neiges dans ces montagnes  et avait fondé sa famille au milieu de ces plaines. A cette pensée, il préféra s’attarder à nouveau sur les Sudistes qui l’accompagnaient. La cape de la reine s’enroulait entre ses jambes, rendant sa progression encore plus difficile. Elle ne cessait de trébucher et finit par tomber. Le chef des patrouilleurs lui proposa sa main pour l’aider à se relever, qu’elle accepta. Il serra son bras autour de la taille de la jeune femme pour l’aider à marcher. Cette aide ressemblait plus à une gêne supplémentaire pour les deux personnes, cependant Neno préféra ne rien dire. Elle aurait mieux fait de s’enrouler sa fourrure autour du cou, cela aura refroidit le bas de son corps mais ils auraient pu avancer plus vite.

Comme son père était déjà parti à la recherche de la corneille aux trois yeux et qu’il avait pour cela regroupait toute les légendes, mythes et qu’en dira t’on qu’il avait trouvé, le sauvageon fut en charge de les guider à travers le Nord. L’montagnes indiq’ t’jours l’chemin. Quan’ t’sais pas où aller, suis l’. Il n’était qu’un enfant lorsque son père lui relatait ces histoires, seulement Neno se rappelait qu’il disait toujours cette phrase avant et après de les raconter. Au bout de deux jours de marches, ils atteignirent les terrains escarpés. La plaine avait laissé la place aux montagnes. Après avoir escaladé une colline, ils avaient découvert un chemin entre les montagnes. Comme la mer face à Moïse, les montagnes semblaient avoir laissé un passage afin qu’ils l’empruntent. Malgré le danger que ce chemin inconnu pouvait apporter, Ruben décida de l’emprunter. Les rations étaient presque terminé et ils devaient s’enfoncer encore plus dans le Nord afin d’avoir une chance de voir la corneille aux trois yeux. Ils pouvaient passer par le sommet des cols mais cela augmenterait la durée de trajet d’au moins une semaine. De surcroît ils étaient exténués.

Le chemin était tellement exiguë qu’ils devaient marcher l’un derrière l’autre. Ruben ouvrait la marche tandis que Neno la terminé. Entre les deux hommes, la reine semblait plus en sécurité. Il avait demandé à son lynx de passer par les montagnes. Peut-être trouverait-il un indice dans les hauteurs glacé du Nord ? Absorbé par la fumée que déversait sa bouche en expirant il ne prêta pas attention aux frottements qui lui parvenaient de derrière lui, il les incomba aux bruits du vent sur la roche. Seulement au fil des minutes, ce faible bruit devint plus net. Comme des milliers de chèvres avançant dans une même vague, les bruits de pas s’étaient rapproché, semblaient ne former qu’un. Il se retourna vivement et distingua une dizaines d’hommes courant de manière désarticulée dans sa direction. Pour les avoirs déjà vu, il ne se perdit pas en affabulation : c’était des marcheurs blancs. Neno retira aussi vite qu’il le pouvait l’arc qu’il avait placé dans son dos avant de décocher une flèche dans la masse d’autres qui s’avançait vers lui. Il n’en toucha aucun mais deux d’entre eux se détachèrent du groupe pour venir grimper sur la roche. Ils se mirent à quatre pattes et avancèrent tel des araignées dans sa direction. Il encocha une deuxième flèche, la décocha et réussit à en toucher un qui venez vers sa droite. Il se détourna instantanément pour viser le second qui s'approchait de lui, seulement le temps lui manquait. Le marcheur blanc était arrivé à sa hauteur et se laissa tomber sur le sauvageon qui ne réussit pas à l’éviter. Il donna un coup d’arc dans la face du monstre aux yeux bleus. Le marcheur blanc perdit un de ses deux yeux, il n’y prêta pas attention. Il brandit ses deux mains vers le sauvageon et encra ses ongles profondément dans la chair de Neno, il recommença une nouvelle fois.

« Courez ! » Telle une plainte, le cri du sauvageon était empli de douleur. Il rué de coups le marcheur blanc afin de s’en dégager mais sans succès. Le monstre continuait à lui retirait la peau, bientôt rejoint par d’autres. Bientôt Neno ne ressentit plus de douleur, il ne voyait plus et seul son ouïe semblait encore fonctionner. Il entendait les ruminements des autres, c’était tout au plus des bruits de bêtes. Parfois il entendait un bruit de déchirure, certainement un os qui venait de se briser.

Tandis que ses forces l’abandonné, le visage de sa femme apparut dans un halo de lumière. Comme son père était tombé amoureux de sa mère, il s’était amouraché de sa femme au premier coup d’œil et comment cela avait-il pu en être autrement ? Il était arrivé dans son petit village à la recherche de la moindre besogne. Il l’avait rencontré alors qu’elle revenait de la rivière trainant un chien qui trainait lui-même un chariot remplit de bidon d’eau. Elle avait des yeux aussi grands qu’une biche, une bouche qui ne demandée qu’à être aimée et des cheveux baisés par le soleil. De leur union était nait une fille et un garçon. Elle décida d’appeler leur fille Labelle et leur fils Jouen comme son père avant lui et son grand père et ainsi de suite, de génération en génération. Ils étaient si beau, se rappela le sauvageon. Heureusement pour eux, ils tenaient plus de leur mère que de moi. La petite tribu vécu dans la joie et la frugalité jusqu’à ce qu’un roi vienne dans leur petit village.

Il arriva une journée sans soleil et aucune étoile ne naquit dans le ciel le soir de son départ. Neno aurait du sentir qu’il n’apportait que la mort. Il s’appelait Mance Rayder et voulait former une armée pour passer au-delà du mur et fuir les marcheurs blancs. La grande majorité des habitants du village suivirent l’ancien corbeau mais pas lui. Sa famille resta en compagnie de quelques personnes âgées qui étaient beaucoup plus proche de leur date de mort que de naissance. J’avais tort, si seulement je l’avais écouté avec ses si beau cheveux qui tardaient à vieillir. La mort frappa à leur porte seulement trois semaines après que le roi d’au-delà du mur ne soit passait dans leur village. Elle était accompagnée d’un vent tellement glacé qu’il avait éteint le feu dans leur cheminée. Son impuissance d’alors n’avait trouvé d’égal que son impuissance d’aujourd’hui. Sa femme fut la première à être emporté. Elle se tenait prêt de la porte d’entrée, serrant un pot de lai qui avait gelée entre ses mains. Une fourche lui transperça le ventre, elle s’écroula aussitôt laissant apparaitre le monstre qui l’avait tué. Le sauvageon n’y prêta pas attention. Il voulu s’enfuir avec ses enfants mais Labelle chuta et elle fut emporter dans la vague de givre apporté par les autres. Jouen mourut de froid ou de faim ou de soif ou des trois quelques jours plus tard. Il avait tellement pleuré ce jour là que depuis il ne put plus jamais verser de larmes et aujourd’hui encore, la vie le quitta sans qu’une seule goutte ne sorti de ses yeux.

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