Game of Thrones ~ TOME 1 : Le Retour du Roi

Chapitre 3 : La neuvième Aspic des Sables

3632 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 19:57

Game of Thrones : TOME 1 : Le Retour du Roi

Chap. III : La neuvième Aspic des Sables  

Arianne Martell 

Cela faisait maintenant quatre jours que la princesse Arianne patientait dans sa cellule. Son père, Doran, l'avait enfermée elle et ses cousines pour leur tentative de coup d'état. Arianne et les Aspics des Sables avaient en effet prévu de couronner Myrcella en lui appliquant la loi populaire de Dorne : une femme peut gouverner si elle est l'aînée de la Maison. Hélas, leur plan avait échoué et Myrcella elle, y avait perdu une oreille. Son père les avait dès lors punies en les enfermant dans chacun des cachots de la tour Lance. Elle observait une fois l'aube levée, les particules de poussière virevoltant dans les rayons du soleil matinal. La douce lumière illuminait sa chevelure d’ébène qui ondulait jusqu’à son bassin. Quelqu'un frappa soudainement contre la porte. La jeune fille s'avança alors vers l'unique accès de sa prison

— Arianne ? interpella une voix féminine. C'est moi Tyerne.

— Tyerne ! Comment t'es-tu sauvée ? Es-tu venue me libérer des griffes de mon père ? 

— Non, pas exactement. Il m'a fait gracier et chargée de t'emmener le retrouver dans sa loggia pour te parler.

— Et bien ! Moi qui croyais que tu allais me délivrer, alors que tu me mènes seulement à mon bourreau, pouffa Arianne. 

— J'aurais bien aimé t'aider moi aussi, mais je crains que Doran ne veuille te parler d'un sujet grave et bien plus important qu'on pourrait le penser... Attends une seconde, je vais t'ouvrir.

Après un court instant, un petit déclic se fit entendre. Tyerne ouvrit la porte et regarda sa cousine d'un oeil affectueux. Les deux jeunes filles s'enlacèrent. Leur relation était extrêmement forte, au point qu'Arianne la considérait comme la soeur qu'elle n'avait jamais eue.

— Tu m'as tellement manqué ! avoua-t-elle sans fausse pudeur..

— À qui le dis-tu ? Je bouillais d'impatience de te revoir.

Après une brève accolade,  les deux jeunes dorniennes avancèrent dans les rues de Lancehélion.  Tout en suivant Tyerne et ses beaux cheveux blonds à travers les ruelles pavées, Arianne faisait volontairement danser sa longue robe teintée d'ambre avec de gracieux mouvements de hanches pour attirer les regards. Elles arrivèrent finalement devant l'immense porte de bronze du palais. Elles entrèrent retrouver le père d’Arianne, se trouvant dans la merveilleuse salle d’audience décorée du blason des Martell. Comme à l’accoutumée, celui-ci siégeait sur le fauteuil tout orné d’or et de bronze que sa goutte ne l’autorisait plus guère à quitter. 

— Arianne, cela-faisait si longtemps ! s'exclama Doran.

— À qui la faute ?... répliqua-t-elle d'un ton aigri.

— Et bien, je vois que ton séjour dans ta cellule ne t'a pas adoucie, ma fille... Peu importe. Je t'ai convoquée ici pour quelque chose de bien plus important. Comme tu le sais, notre Maison a toujours été proche des Targaryen depuis le mariage de ta tante et de Rhaegar. Je comptais renouveler cette alliance avec Viserys, et si je refusais inlassablement tes demandes de mariage, c'était parce que je comptais vous marier, dès son retour sur le continent. Hélas, Viserys est mort et tous mes plans sont devenus caducs.

— Êtes-vous réellement en train d'avouer que je n'étais pour vous qu'un pion ? accusa Arianne.

— Tu ne devrais pas le prendre comme cela, je cherchais ton bonheur et à te faire devenir reine des Sept Couronnes.

— Qui vous a dit que c'était mon rêve ? rétorqua la jeune fille d’un ton tranchant. Avoir un titre signifie perdre ses libertés et je pense en avoir perdu assez en tant que future  suzeraine de Dorne. Une simple discussion pour savoir ce que je voulais n'aurait pas été de trop. Même Oberyn en savait plus que vous sur ma personne, et c'est à se demander qui j'aurais dû appeler "père" depuis tant d'années...

— Je ne te permets pas Arianne, tu es ma fille et que cela te plaise ou non, tu le seras jusqu'à ta mort.

— Vous avez même envoyé Quentyn à une mort certaine...

— Il avait pour mission de favoriser le retour de Daenerys. Nous n'avons pas eu de nouvelles de sa part certes, mais ça ne veut pas dire qu'il mort pour autant. D'ailleurs, je dois te faire part également d'une information capitale, nous avons reçu récemment un corbeau en provenance des Terres de l'Orage et si l'on en croit son sceau, il émanerait de la Maison Targaryen. 

— Targaryen !? relevaTyerne qui n'avait rien dit jusqu'alors.

— C’est Jon Connington qui a rédigé la note pour nous informer du retour d'Aegon VI, ton cousin...

— N'était-il pas mort avec Rhaenys et Elia ?

— C'est ce que nous avons tous cru. Jon stipule que le "prince légitime" aurait été échangé par Varys quelques temps avant le sac de Port-Real. Il a maintenant dix-neuf ans et mène une armée pour reconquérir le Trône. Il a déjà conquis Accalmie et nous demande de prendre les armes pour venger le meurtre d'Elia. La lettre ne parle pas d'un quelconque dragon ni même de Daenerys.

— J'imagine que vous avez une requête dont vous voulez me faire part, continua Arianne sceptique.

— En effet, tu vas te rendre à Accalmie avec tes cousines pour enquêter sur cette rébellion, tu en profiteras pour recueillir des informations sur ton frère. Nymeria restera à Port-Réal pour combler la place vacante qu'a laissée Oberyn au Conseil restreint de la Couronne, nous aurons grâce à elle de précieuses nouvelles. Tyerne devra manipuler le Grand Septon grâce à ses enseignements de septa et poussera les fanatiques à se révolter contre la Couronne, pour fomenter une véritable guerre civile. Obara, Elia  et toi, vous continuerez votre route vers Accalmie. Si Aegon possède un dragon dans son armée, tu m'enverras un corbeau, avec simplement le mot "dragon" et nous prendrons les armes. Si ce n'est pas le cas, tu nous enverras "bataille" et nous resterons en retrait à Dorne.

— Quand est-ce que nous partons ?

— Immédiatement ! Vous retrouverez dehors vos armes prédilection, que je vous avais retirées.

 Agacée, Arianne sortit de la salle dans un fracas. Toutes les paroles de Doran n’avaient été pour elle que du vent ! Il s’obstinait à la traiter en vulgaire pion… A sa guise ! Dorénavant, elle comptait prendre les rênes et démontrer qu’elle était capable de mener Dorne, seule. 

Plusieurs semaines après leur départ, Arianne et ses cousines chevauchaient de puissants étalons dorniens Ces bêtes étaient renommées pour leur robustesse ainsi que pour leur rapidité et c'est sans mal que les jeunes filles arrivèrent à la "Passe-du-Prince". Une fois arrivées au niveau de la Tour de Joie, elles virent arriver un homme chauve courant et gémissant comme une fillette.

— Mes dames, mes dames ! Je vous en prie ! pleurnichait-il. Des pillards à la solde de la Montagne ont attaqué mon chariot de marchandises tuant ma femme et mon fils. Aidez-moi, vengez-les, je vous en conjure !

— Combien sont-ils ? se renseigna Arianne.

— Ils... ils sont cinq ma dame, aidez-moi !

— Où se trouvent votre chariot et ces brigands ?

L'homme montra alors du doigt un endroit reculé derrière une colline où les six jeunes filles s'empressèrent de se rendre. Elles tombèrent face à une quinzaine d'hommes armés entourant les damoiselles qui d'un bond descendirent des chevaux. L'homme chauve arriva quelques temps plus tard en claquant des mains.

— Et bien et bien, je ne pensais pas que vous tomberiez aussi vite dans le panneau ! Je savais que la haine des Dorniens vis-à-vis des Clegane serait cependant un bon moyen d'attirer les plus hardis jusqu'ici. Qui êtes-vous ? Je n'ai jamais vu de jeunes filles aussi courageuses que vous...

— Dyana Sand. Nous sommes les Aspics des Sables et tout le monde nous connait, répondit sèchement Arianne.

— Les Aspics ? J’aurais pu m’en douter... Mais j’ai jamais entendu parler de toi, chérie ! Cet Oberyn, c’est quelque chose ! Même mort, il lui pousse de nouvelles bâtardes tous les jours ! En tous cas tu as la langue bien pendue pour dévoiler ton identité si facilement.

—  Je suis la neuvième et je me suis bien débrouillée pour rester discrète… Lorsque je me présente, c'est souvent que ça va mal se terminer.

— Fais-moi rire ! Donnez-nous votre or et vos chevaux et aucun mal ne vous sera fait, reprit l'homme dégainant sa lame. 

À leur tour, les jeunes filles attrapèrent leurs armes.

— C’est plutôt à vous qu’aucun mal ne sera fait si vous partez maintenant ! menaça Obara.

D'un mouvement gracieux et rapide, la jeune Nymeria fit claquer son fouet agrippant le cou d'un des hommes et l'étrangla. Les autres n'eurent pas le temps de riposter que déjà les Aspics se jetaient dans la bataille. Arianne se battait en faisant virevolter sa guisarme contre les ennemis comme son oncle Oberyn le lui avait appris, ce qui mit fin aux jours de deux hommes. Tyerne elle, jeta une multitude de dagues imprégnées de poison dans les gorges de trois autres. Obara plongea sa pique dans le plastron de ses assaillants, tandis qu'Elia, à l'aide de sa lance fauchait d’un coup les chevilles avant de finir leurs propriétaires gisant à terre.. L'homme chauve était à présent le seul encore en vie, il commença alors à courir vers la Route Royale,  mais pas bien longtemps : Obara reprit son arme encore plantée dans un cadavre et la lança avec une grande force. Le brigand n'eut pas le temps d'esquiver que la pique de la jeune fille lui traversa le cœur et il sombra dans un sommeil éternel

 Comme si de rien n'était les cousines reprirent leur route en discutant de ce qui venait de ce passer...  Tyerne secouait la tête : 

— Et bien ! Les pilleurs de la Route Royale sont toujours aussi présents...

— Hélas ! Enfin pour eux,  je veux dire... ricana Elia.

— En tout cas, bravo Arianne ! Tu n'as pas perdu la main à ce que je vois.

— Oberyn était un très bon professeur en effet.

Pendant qu’elle cheminait, bercée par le galop régulier de sa monture, Arianne pensait à la dernière discussion qu'elle avait eue avec son père. Une part d'elle aurait réellement aimé d'être la fille d'Oberyn, une de ses innombrables bâtardes, pour être libre. Elle avait également une pensée pour son frère cadet dont le départ l’avait attristée et comptait  savoir ce qu’il était devenu. 

Les filles continuèrent jusqu'aux Bois du Roi où elles devaient à présent se séparer, et après de longs au revoirs, Arianne, Elia ainsi qu'Obara reprirent leur chemin vers Accalmie. Deux semaines de voyage après leur séparation d’avec les autres Aspics, les trois Dorniennes pénétrèrent enfin sur les Terres de l’Orage. De grands blasons Tyrell ornaient la façade immense de la forteresse. Arianne tout d'abord surprise comprit que tout cela n'était qu'un stratagème pour ne pas affoler les commerçants passant par ici... Les espionnes étaient à présent face à la bâtisse, où une garnison de cinq hommes protégeait la porte principale. Ils étaient habillés de vert mélèze et d'or, les couleurs de la Maison suzeraine du Bief. Arianne et ses cousines approchèrent alors.

— Qui êtes-vous ? questionna l'un des hommes d'une voix grave.

— La délégation dornienne mandatée par le roi Doran. Nous sommes attendues

— Nous attendions Doran en personne, mais j'imagine que sa goutte, l'en empêche... Très bien, entrez.

Arianne était à présent sûre que ces hommes n'étaient pas du Bief... En effet n'importe quelle maison noble savait que Doran ne pouvait se déplacer que difficilement. Celui-ci ne pouvait guère quitter sa chaise et ne sortait plus des frontières de Dorne depuis longtemps. Pendant que le garde ordonnait d'ouvrir la grille, la jeune fille observait l'intérieur de la forteresse. Une conspiration contre sa famille pouvait si vite arriver qu'elle préférait ne pas prendre de risque. Heureusement elle ne décela aucune menace et décida d'entrer. Arianne observa les nombreuses troupes Tyrell à l'intérieur de la forteresse avant de s'avancer jusqu'au grand hall d'Accalmie. Elle leva alors les yeux vers la table où siégeaient plusieurs hommes sur l'estrade. Elle gravit ensuite les marches pour voir qui lui faisait face. En l’apercevant, tous les hommes se levèrent pour la saluer excepté une personne qui présidait en bout de table.

— Prenez place ma dame, proposa l'homme encore assis.

Arianne se posa sur le fauteuil qu’on lui désignait , tandis qu'Elia et Obara restaient sur le côté. Anxieuse, elle regardait l'homme qui venait de parler. Il avait les cheveux d'un blond argenté et des yeux indigo, indices qui lui permirent vite de comprendre qu'il s'agissait de son cousin.

— Je me nomme Arianne Martell, princesse de Dorne, enchantée.

— Aegon, fils de Rhaegar Targaryen. Je suis sincèrement heureux de vous rencontrer, ma cousine. Et voici Jon Connington, ma Main.

— Cette rencontre m'honore, dit Jon tout en s'inclinant.

— Nous avons bien reçu votre corbeau et j'ai donc été chargée de vérifier que votre retour n'était pas nouveau piège grossier des alliés de l’Usurpateur pour faire tomber ma famille.

— Je comprends, continua Aegon. Je serais honoré de voir votre armée se joindre à la mienne.

— J'imagine que vous ne voulez pas trop m'en dire sur vos plans et je conçois tout-à-fait. Je ferai alors de même. Sachez juste que Doran a déjà des idées très précises pour faciliter la reconquête.

— Tous vos efforts seront d'une grande aide, remercia Aegon.

Arianne se mordait la langue pour ne pas trop en dire mais deux points la tracassaient encore : les dragons et son frère. Aegon reprit alors...

— Daenerys devrait arriver ici dans quelques temps, avec ses deux dragons et son armée. Lors de l'assaut, je vous conseillerais, vous et vos hommes de vous revêtir aux couleurs de la Maison Targaryen car ces bêtes sont habituées à les reconnaître et les défendre. 

— Les dragons n'en n'avait-elle pas trois ?

— Et bien si, cependant le premier nous a suivis lors de la traversée du Détroit...

Les interrompant, un homme débarqua alors dans la pièce sans se faire annoncer.

— Mestre Haldon, que se passe-t-il !? demanda Jon.

— Ser Loras est réveillé !

Aegon et Jon se levèrent avant de se diriger vers la pièce où reposait le chevalier blessé. Le prétendant au Trône prit la main d'Arianne en passant comme pour l'inviter à venir avec lui, ce qu'elle s'empressa de faire. Ils arrivèrent finalement devant un grand lit aux couleurs de la Maison Baratheon où était couché le fils Tyrell. Celui-ci avait le côté gauche brûlé, cependant son visage n’était pas trop durement touché. Il souriait d'un air bête en regardant les gens autour de lui.

— Et bien, je vois que j'ai de la compagnie... 

— Loras Tyrell, je vous présente Arianne, ma cousine, fille de Doran Martell.

— Enchanté. Puis-je savoir combien de temps je suis resté endormi ?

— Presque trois semaines. Ne faites pas d'efforts, je vais vous chercher de quoi manger et boire, indiqua Haldon avant de quitter la pièce.

— Je vous dois la vie, Aegon, je ne vous en remercierai jamais assez. Pourrais-je avoir de quoi écrire ? Je tiens de tout coeur à donner des nouvelles à ma soeur.

— Je dois de même envoyer un corbeau à mon père pour lui faire part de la situation. M’accorderez-vous l’hospitalité ? demanda Arianne.

— Je vous ferai porter bien sûr le nécessaire, mais je tiens à ce que vous restiez muets sur mon compte. Toute fuite intempestive nuirait à mes projets, et je ferai tout ce qu’il faut pour éviter ça… les avertit-il posément. Quant à vous Arianne, un de mes hommes vous montrera une chambre où vous pourrez loger.

Arianne quitta alors la chambre de Loras avant de suivre un serviteur dans vers la loge qui lui était destinée. Elle réfléchissait au contenu de la missive qu’elle comptait envoyer à Dorne, déçue de ne rien savoir de plus au sujet de son frère Quentyn. La jeune fille n’était cependant pas trop inquiète à ce sujet. Elle se doutait qu’elle aurait d’autres occasions et qu’il y aurait une suite à la discussion qu’elle venait d’avoir avec le prétendant. Elle comptait bien le manœuvrer, en utilisant ses charmes s’il le fallait, pour obtenir de lui toute information utile requise par Doran. Car quoiqu’elle en dise, rien n’était plus important pour elle que d’obtenir enfin la précieuse reconnaissance de son père… Alors qu'elle admirait la vue par une autre étroite fenêtre, elle vit une colossale tache verte voler au dessus du Détroit qui la poussa à écrire un mot sur son papier jauni : "dragon".

À SUIVRE...

Laisser un commentaire ?