Le Boucher

Chapitre 8 : La vipère Rouge

2272 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 00:11

 

Comme un éclair dans la lueur des flammes, le poignard traversa la salle en tournoyant et planta son croc vibrant dans la table renversée calée contre le mur d’en face. La pointe de la lame était enfoncée dans le bord de l’un des trois petits cercles regroupés autour d’un plus petit, au centre. Oberyn Martel embrassa goulument sa maîtresse, Ellaria Sand. Puis jeta un coup d’œil aux trois putains qu'un serviteur leurs présenta. Il se leva et leur tourna autour, effleurant celle-ci et caressant le visage de celle-là.

- Regardes donc celle-ci, dit-il d'une voix douce. Ravissante n'est ce pas ?    

- Belle comme le jour, réplique Ellaria en haussant les épaules, Mais si pâle ! Ajoute-t-elle d'une voix douce.

- Ils les préfèrent pâles à la capitale, c'est la preuve qu'elles ne travaillent pas au chaud. Dit Oberyn en dégrafant sa robe d'un geste rapide.

La putain était toute nue et Ellaria la dévisagea d'un œil avide, elle avait de petits seins et des hanches pas assez larges.

- Je te fais peur ? Demande le prince gentiment.

Elle baissa les yeux et secoua la tête, et Ellaria fit la moue.

- Elle est timide, et les timides m'ennuient.

Oberyn hocha la tête puis regarda celle qui souriait.

- Quelle friponne celle-là, tu es une coquine hein ? Tu lui plais on dirait, ajoute-t-il a l'adresse de sa maîtresse étendue sur le lit.

- Elle a bon gout cette petite. Dit Ellaria en la dévorant du regard.

- Toi tu n'es pas timide, hein ? Murmure-t-il en lui caressant ses fesses.

La putain semblait jeter son dévolu sur Ellaria, puisqu'elle s'avança vers elle et leva sa jambe en arrière comme une des danseuses de la cité de Lys. Ellaria éclata de rire puis l'attira vers elle et l'embrassa, la putain ouvrit la bouche et le baiser fut profond.

- Celle-ci fera très bien l'affaire, murmure Ellaria d'une voix excitée.

- Parfais madame. Fit le serviteur blond en souriant.

- Madame ? S'exclame Ellaria amusée. Je ne suis pas une dame.

- La courtoisie est une règle dans cet établissement, réplique le blond vivement.

- Ici ou ailleurs, c'est de la poudre aux yeux. Fit-elle en le toisant du regard. Utilise donc les mots adéquats. 

Ses beaux yeux noirs se rétrécirent.

- Je suis une bâtarde, et elle ? Ajoute-t-elle en caressant les cheveux cuivrés de la jeune femme, c'est une putain, et toi tu es quoi ? Un proxénète.

Le proxénète lui répondit d'un sourire.

- Vous gardez les autres ?

- Non, qu'elles s'en aillent. déclare Oberyn en se levant du chevet de sa maîtresse. Toi tu restes ! Ajoute-t-il à l'adresse du jeune blond.

- Je ne suis pas monnayable monseigneur, dit le blond surpris.

- Tous ceux qui travaillent pour Chataya sont monnayables. Réplique Oberyn froidement. Déshabille-toi, nous en avons pour un moment.

- C'est que... dit-il tremblant.

- C'est un prince que tu as devant toi, mon garçon. Dit Oberyn en vidant un verre de vin.

Il se tourna vers le blond terrifié et le regarda dans les yeux.

- As-tu déjà couché avec un prince ?

Le jeune homme lui sourit d'un air aguicheur.  - Hélas non.

Oberyn se rapprocha de lui et le regarda de haut en bas comme si il évaluait son prix au kilo.

- Mais je suis effroyablement cher.

Cette dernière déclaration amusa le prince.

- Retires tes vêtements, ordonna-t-il froidement.

Le jeune homme s'exécuta et le prince lui caressa sa poitrine laiteuse.

- Comment aimez-vous faire cela ? Demande-t-il d'une voix excité.

Oberyn lui plaqua l'entrejambe et répondit fermement.- A ma façon.

Mais soudain le prince entendit chanter, et il tourna lentement la tête. Ellaria se détacha des bras de la putain et regarda son amant terrifié. Cette chanson populaire évoquait le meurtre d'une Dornienne avec ses enfants durant le sac d'une cité. Oberyn sourit comme un chacal, la chanson populaire était interdite a Dorne sous peine de mort, sans hésiter il s'élança a grand enjambée vers l'étage d'en haut.

- Oberyn non ! S'écria Ellaria terrifiée.

Ellaria s'élança à sa poursuite, tout cela allait tourner au carnage, car Oberyn était capable du pire, surtout qu'on évoquait le meurtre de sa sœur et de ses neveux dans une chanson populaire.

Le prince trouva deux gardes Lannister, chacun avec une putain assise sur les genoux, il entra en effleurant la flamme d'une bougie et calma ses émotions volcaniques.

- Tu t'es égaré mon ami ? Demande un garde froidement.  

- Pardonnez-moi si je vous dévisage ainsi, déclare Oberyn d'une voix faussement chaleureuse. On voit rarement des hommes des Lannister dans mon pays.

Un des gardes renifla avec amusement.

- Nous on voit rarement des Dorniens dans la capitale.

- Nous détestons l'odeur, réplique Oberyn en souriant. 

Il éclata d'un rire cruel quand Ellaria arriva au courant, elle se serra contre son amant qui continuait de fixer les deux gardes avec son sourire vipère.

- Viens avec moi mon amour, implore-t-elle.

Le proxénète blond arriva à son tour.

- Sire si vous voulez bien me suivre, je vous ouvre un salon privé. Dit-il d'une voix paniquée.

L'un des gardes en regardant Ellaria s'esclaffa en riant.

- Par les dieux, tu donnes une femme comme elle a un Dornien ? Quel gâchis, donnes-lui plutôt une chèvre rasée de près et de l'huile d'olive.

Les deux éclatèrent de rire, cette fois Ellaria se détacha du bras de son amant et recula, surtout quand Oberyn abandonna son sourire pour adopter une voix sinistre, il avança vers celui de gauche qui se leva aussitôt imité par son comparse.

- Vous savez pourquoi le monde entier déteste les Lannister ? Vous croyez que vous êtes faits d'or massif, et que vos lions... vos lions dorées... vous rendent supérieurs au reste des hommes.

L'atmosphère était tendue à souhait, et Ellaria vit un spectacle hallucinant, les deux gardes avaient peur d'Oberyn, celui de droite gardait la main sur son épée, mais celui de gauche avait laissé la sienne sur la table.

- Veux-tu que je te dise un secret ? Dit Oberyn d'une voix meurtrière. Tu n'es pas un lion en or... tu n'es qu'un petit bonhomme rose qui dégaine trop lentement.

Le garde le regarda fixement, son épée est juste là, il n'avait qu'a tendre la main et la saisir, sans crier gare il s'apprêta à saisir son arme quand le prince plus rapide qu'une vipère lui plaqua la main sur la table avec son stylet. L'autre hésita et Oberyn se tourna vers lui avec ce même sourire de loup affamé.

- Mauvaise idée que de choisir l'épée dans un lieu confiné, dit-il froidement. Quand je retirerai ma lame ton ami va saigner abondamment, j'en ai peur, il y a tant de veines dans une main.

Oberyn remua son stylet et le garde cria de douleur comme un damné.

- Il suffit maintenant ! Dit une autre voix tout aussi sinistre.

Oberyn tourna un visage poliment intrigué vers l’étranger qui était entré suivi de Chataya, son esprit s’interrogeait sur le personnage. Il avait une stature massive, puissante, que contredisait la grâce féline de ses mouvements. Son apparence assez brutale parvenait à suggérer un haut degré d’intelligence pour un œil assez exercé pour passer outre à sa rudesse sauvage. Les yeux… leur éclat avait quelque chose de glaçant, un certain reflet de froide détermination qui confirmait les impressions d'Oberyn. Ce vieil homme était un guerrier coriace qui s’était taillé un passage à travers plus d’une bataille et plus d’une situation difficile, et sa démarche montrait qu’il avait plus souvent dirigé que suivi. Sa tenue noir cloutée d’argent, pour n’être pas neuve, n’était pas celle d’un vulgaire mercenaire ; pas plus que son épée, dont la poignée argentée ne pouvait être qu'en acier Valyrien.

- Donnez moi donc une seule raison de ne pas éviscérer ces deux bonhommes roses. Réplique Oberyn en regardant Mors attentivement.

- Ce ne sont que des gamins, ils aboient mais ne mordent pas. Dit Mors d'une voix apaisante.- Contrairement a vous j'imagine, réplique Oberyn en continuant de le fixer de ses yeux noirs, seriez vous prêts a risquer votre vie pour ces deux... Lannister.

- Ne vous y trompez pas, monseigneur. Dit Mors froidement, je me fiche de leur vie comme je me fiche de la votre, mais vous êtes néanmoins chez une amie a moi, et elle ne veut pas de tuerie dans son établissement.

- Puissant ami que vous avez là, madame. Dit Oberyn a l'adresse de Chataya. Fort bien !

Il retira brutalement son stylet et arracha un autre cri au garde. Mors les congédia d'un geste et remercia le prince d'un léger hochement de tête. Ellaria se réfugia dans les bras de son amant et l'embrassa passionnément. Mors s'apprêtait à se retrier quand : 

- Attendez ! S'exclama Oberyn en interrompant le baiser de sa campagne. Faîtes nous grâce je vous prie de rester avec nous pour déjeuner. Je suis nouveau à Port Real et je ne connais pas beau monde.

- Je crains que la présence d'un frère juré de la garde de nuit ne puisse indisposer sa grâce. 

- Un frère juré de la garde, oui j'avais deviné. Dit Oberyn tout sourire. Si vous voulez passer du bon temps, ce sera à mes frais, et mes lèvres resteront closes.

- Je vous remercie, mais ce ne sera pas nécessaire, je prends mes veaux très a cœur.

- Vous m'intriguez mon ami, dit Oberyn en le regardant interdit. Fort bien nous nous contenterons de déjeuner dans ce cas.

Ellaria aussi continuait de dévorer Mors des yeux, il était plus vieux que son prince mais possédait la même aura guerrière. Chose que son amant semblait avoir remarqué et apprécié.

- Puis-je vous présenter mon amante de cœur ; Ellaria Sand.

- Mors Westford, madame ! Fit-il en inclinant la tête.

- Mors Westford ! Dit Oberyn en fronçant les sourcilles. Je connais ce nom... oui je vous connais.

Le prince s'approcha de Mors qui demeura de marbre mais sur ses gardes.

- Oui je vous connais, répète-t-il. Pas question de refuser mon invitation mon cher. Dorne n'oublie pas ses ennemis, de même... que ses amis.- Dans quel camp me situez-vous, votre grâce ? 

- Généralement je n'invite jamais mes ennemis pour déjeuner, si ce n'est pour les tuer à la fin.

Il se tourna vers Chataya.

- Préparez nous une table madame. Je rencontre enfin celui qui a trahis son suzerain par principe, belle trahison que cela lord Mors.

- Elle n'a sauvé personne.

- Mais elle vous a sauvé vous, réplique Oberyn avec une douceur étrange. Tout le monde a Dorne murmure le nom de la Montagne durant ses prières, pas besoin de vous révéler pourquoi.

- Pas besoin, en effet.

- Je suis sur que vous et moi allons bien nous entendre. Dit Oberyn avec le même sourire de loup sur le visage. 

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