La cour des grands

Chapitre 4 : Izzir

1459 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 28/05/2017 19:42

 


IZZIR



Le ciel devenait rosâtre au-dessus de la cité de Lys. Izzir aimait admirer la beauté de l'horizon sur la mer et voir les nuages oranges et roses qui volaient devant le Soleil. Il aimait, dans ces moments-là, réfléchir et se détendre. Mais ce soir, la discussion qu'il avait entretenu avec son maître Vezel ce matin même taraudait son esprit. Il se mit à trier dans sa tête les aspects négatifs et positifs de son offre. S'il acceptait, il vivrait encore dans la servitude et ne serait pas libre de partir de cette île alors que c'est son rêve le plus grand. Mais, d'un autre côté, s'il refusait, il n'aurait aucun moyen de gagner de l'argent et vivrait encore soit comme un esclave ou comme un pauvre mendiant. Mais il devait mettre son dilemme de côté pour ce soir. Il avait obéis à Vezel, peut-être pour la dernière fois, et avait envoyé son invitation par le biais de son ami Mitor à Rasar dar Rika.


Il n'avait pas envie d'y aller mais il devait arrivé chez son maître avant ses invités car c'est lui qui est censé leur ouvrir la porte. Sur le chemin du retour, il se demandait la raison de cette invitation. Vezel ne porte pas dans son cœur Rasar. Ce n'est pas un ami. D'ailleurs, ce-dernier éprouve la même chose pour son hôte de ce soir. Izzir sait que ses affaires-là ne devrait pas l'intéresser en tant qu'esclave mais depuis la proposition de son maître, il ne pouvait s'empêcher de penser que, s'il acceptait, ce genre d'affaire finirait par le concerner. Mais de quel genre d'affaires s'agissait-il ? Peu importe. Sa seule envie était d'aller se coucher. Il faut croire que son esprit l'a occupé toute la journée et avait fini par le fatiguer mais il devait rester éveillé jusqu'au départ de leur invité et cette idée ne le réjouit guère.


Il arriva donc chez lui alors qu'il voyait Rasar approché de loin avec Mitor qui le suivait derrière.


-Où était-tu passé ?! Notre invité sera là d'une minute à l'autre. Gronda Vezel alors qu'Izzir venait de franchir la porte d'entrée.


-Je sais, père. Excusez-moi. Je l'ai justement vu de loin. S'excusa Izzir.


-J'ai dû tout préparer à ta place ! Mais bon. Nous n'avons pas le temps de nous chamailler. Prépare-toi à les recevoir.


Izzir s'exécuta et se tînt devant la porte. Vezel, lui, resta derrière, se préparant à avoir un sourire forcé. Un temps passa puis, quelqu'un toqua. Izzir ouvrît à l'invité qui dépassa le seuil de la porte avant que celle-ci ne soit totalement ouverte et la referma après le passage de Mitor. Rasar alla serrer la main de son «ami». Les deux maîtres arborait le même visage qui définissait l'irrésistible envie d'être autre part qu'ici tandis que les deux esclaves savaient ce qui leur restait à faire et allèrent dans la cuisine. Rasar était quelqu'un de très mince et avait pour habitude de garder un air sérieux et même assez effrayant pour certains. Ce soir, il avait gardé le même visage hormis ce léger sourire de bienvenue qu'arborait aussi Vezel qui, lui, avait bizarrement la tête ailleurs, et qui ne s'en cachait pas, ce qui énervait un peu Rasar, adorateur de l'ordre et de la discipline qui détestait qu'on lui manque de respect. L'hôte proposa à son invité de s'asseoir et ils commencèrent à discuter de la dernière fois qu'ils se sont vus, et qui ne date pas d'hier. Dans la cuisine, les esclaves se dépêchait de préparer l'entrée. Puis, Izzir demanda à son compère :


-Est-ce que tu as eu vent de la raison de cette invitation, Mitor ?


-Non, et à vrai dire, je m'en fous pas mal vu que c'est pas mes oignons. D'ailleurs, tu devrais t'en foutre toi aussi. Ce genre de choses n'est pas censée nous regarder, je te signale. Répondit son ami.


Izzir n'avait pas dévoilé la proposition de son maître à Mitor, par peur de sa jalousie, et il ne comptait pas lui dire tout de suite tant qu'il n'avait pas pris sa décision.


-Je sais mais c'est juste pas normal. Les deux se détestent mutuellement et tout à coup, mon maître invite le tien sous son toit. De plus, ils n'ont jamais eu d'affaire en commun.


-T'as pas entendu ? Je m'en fous de leurs histoires. Répondit sèchement Mitor qui emporta un plat d’œuf et de légumes à la table d'hôte tandis qu'Izzir prît le plat des saumons que Mortimer avait ramené ce matin.


Quand ils déposèrent les plats, Vezel et Rasar parlait des marchandises exportés depuis la cité de Quarth jusqu'à Lys.


La soirée passa et Izzir remarqua l'attitude étrange du maître de Mitor. Ce-dernier avait normalement pour habitude de gueuler sur les esclaves sans s'arrêter mais il faisait comme s'ils n'existaient pas. De plus, Vezel avait la même attitude étrange, lui qui les remerciaient de leur service après chaque repas servi, ne porta cette fois que son attention sur son invité.


Puis le repas se termina et la table fût débarrassé. C'est alors que Vezel se tourna vers Izzir et Mitor et leur demanda de sortir de la salle et de ne revenir que jusqu'à nouvel ordre. Ce genre d'ordre était rarement donné par son maître et cela cachait quelque chose d'assez important. Les esclaves allèrent alors dans la chambre d'Izzir, plutôt modeste pour un esclave.


-Il y a quelque chose qui ne va pas. Dit Izzir qui faisait les cents pas le long de la pièce.


-Je t'ai dit de ne pas t'en mêler, bordel. Laisse-les et tu n'auras pas de problème, malgré que ton maître soit assez indulgent par rapport au mien.


-Je ne l'ai pas choisis Mitor et passons sur ça. En tout cas, dis ce que tu veux, mais moi, je vais voir ce qu'il se trame derrière tout ça.


Il poussa la porte et une main l'agrippa au bras.


-Je ne peux pas te laisser y aller. Tu vas avoir des ennuis. Dit Mitor qui venait de prendre un air insistant qui avait peine à être pris au sérieux et qui ne fît pas effet sur Izzir.


Celui-ci se détacha de l'emprise de son ami qui avait vite cédé à le laisser partir. Il regarda Mitor fermer la porte derrière lui et avança prudemment le long du couloir qui menait à la salle à manger. Il commença à percevoir les voix des deux protagonistes.


-Je ne suis pas d'accord, Rasar. Nous ne pouvons nous permettre de perdre autant d'hommes.


-Mais c'est le seul plan que nous avons, Vezel. Et puis des hommes ont déjà connu des fins moins glorieuses que celle-là.


-Mais je me fous de leurs gloires. Je veux qu'ils vivent et servent cette cause que nous avons choisi de suivre, pas d'être envoyé à l'abattoir. Nous avons rarement le choix de faire une réunion comme ce soir, alors employons-nous à ce qu'elle soit le moins fatal pour nos hommes, compris ?!


-Peut-être. Mais si nous ne trouvons pas mieux, c'est à prendre ou à laisser. Mais je veux savoir. As-tu reçu des menaces de mort, récemment ?


Le mot résonna comme une explosion dans le cœur d'Izzir.


-Oui. Ce matin. C'est l'une des raisons pour laquelle je t'ai invité. Ils ont beau me faire parvenir leur bout de papier, ils ne réussiront pas à me tuer.


-Dans ce cas, notre dernière réunion est ce soir. S'ils t'ont trouvé, tu ne peux pas rester ici. Tu est quelqu'un de redoutable, craint et respecté mais eux s'en foutent. Ils ne feront qu'une bouchée du «Loup de Lys».


-Je sais. J'ai déjà pris les précautions nécessaires. Mon fils s'occupera de la maison après que l'avoir affranchis et je pars pour Qohor dans deux jours.


-Bien. Je n'aurai jamais cru dire ça un jour mais prends soin de toi et fais gaffes à ces fils de chiens. Ils ne perdent rien pour attendre.


Izzir repartit dans sa chambre le plus discrètement possible. Il n'en croyait pas ses oreilles. C'était bien pire que ce qu'il imaginait. Mitor s'approcha de lui et lui demanda ce qu'il s'était passé. Il devait avoir une face blanche pour que son ami ait un visage si inquiet. Izzir répondit après quelque secondes d'absence :


-C'est grave, Mitor. C'est très grave.


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