La cour des grands

Chapitre 5 : Olliver

1656 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 11/06/2017 19:31

 


Olliver



Le Pont était en effervescence. Les domestiques couraient par dizaines dans les couloirs et les bâtards Frey étaient répartis par trentaine dans tout le château. Ce qu'il aimait le plus dans ce genre de fête, c'était que les Jumeaux n'étaient plus, durant un temps, une vieille battisse sombre et insalubre mais une véritable forteresse bien éclairée et qui faisait ressentir une certaine puissance qui découlait de la famille Frey, aussi petite qu'elle soit d'habitude, il faut bien le reconnaître. Mais néanmoins, dans l'esprit d'Olliver, l'heure n'était pas à la rigolade et à la dépravation des fêtes. La convocation de Lord Walder Frey, son père, avait totalement gâché sa journée. Mais le pire dans tout ça, c'est qu'il devait l'annoncer à Galmar qui risque bien sûr de ne pas trop apprécier. Mais il devait se ressaisir. Car, au loin, la troupe de leur invité, le Lord Karyl Vance, venu tout droit de BelAcceuil , allait ce soir être mariée à sa sœur, Hilda Frey, qui était restée dans ses appartement avec pas moins de cinq servantes prêtes à l'habiller de la tête au pied. La troupe n'était composée, à vue d’œil, que d'une centaine de soldats avec, à leur tête, le fameux Lord Karyl, qui avançait d'un pas assurée au lieu de son mariage. Lord Walder rentra dans la salle du trône, vêtu d'un gros manteau de fourrure beige et se plaça sur son trône devant l'assemblée composée de tous ses enfants bâtards, une trentaine en tout, et de tous les domestiques. Puis, à ses côtés bien sûr, sa nouvelle «femme» à peine âgée d'une quinzaine d'année. Chacune de ses nouvelles épouses qu'il ramenait, était employé à ce que Olliver ait de plus en plus honte de son père. Ce-dernier annonça alors :


-Mes chères enfants et serviteurs. Ce soir, nous allons marier ma fille Hilda, qu'elle se dépêche d'ailleurs, à notre invité, Lord Karyl Vance. M'enfin, je ne sais pourquoi je vous dit tout ça, vous êtes censés le savoir depuis des semaines. Juste pour vous dire que je ne veux aucun débordement de votre part, c'est bien compris ?


Tout le monde acquiesça et partit à sa place. Les servants allaient donc dans la cuisine et les bâtards se placèrent en deux parties distinctes, chacune d'elles à droite et à gauche de la porte d'entrée. Galmar était arrivé peu de temps avant le discours de leur père et s'était placé à côté de lui. Il lui demanda à l'oreille :


-Que te voulait-il ce matin ?


-Je t'en parlerai plus tard, ne t'inquiètes pas. Reste en place, s'il te plaît.


Après quelques minutes, leur invité traversa le seuil de la porte et entra, accompagnée d'une dizaine de soldats. Il regarda les enfants des Frey en s'avançant vers leur père qui s'employait à la révérence. Arrivé devant son hôte, ce fût à son tour de faire une révérence. Il dit alors, d'une voix forte et bien audible :


-C'est un honneur pour moi de me retrouver devant vous, Lord Walder. J'ai hâte que nos deux familles se lient en cette soirée.


-Vous êtes le bienvenue en nos murs, Lord Karyl mais, vous n'êtes pas obligés à vous soumettre ainsi devant moi et de me faire ses formules de courtoisies. Certes, j'ai fait le maximum de préparation pour vous recevoir mais bon, n'y faites pas attention. Je ne l'ai fait que par politesse et amabilité.


-Bien, monseigneur. Je n'y manquerais pas à notre prochaine visite.


-Oui. Installez-vous. Ne restez pas debout comme des bêtes de foires. Votre futur femme vas arriver très bientôt.


Il se tourna vers une servante et lui ordonna :


-Va me chercher cette feignasse ! Qu'elle se dépêche !


La servant s'exécuta alors que tout le monde s'installa à sa place. Lord Karyl alla s’asseoir au côté de son futur beau-père, pauvre de lui, tandis qu'Olliver et Galmar s'installèrent dans le fond de la salle.


Plusieurs minutes se passèrent. Puis, la porte d'entrée s'ouvrit. Tout le monde se leva. Lord Karyl se plaça au bout de l'allée principale de la salle et la mariée entra enfin. Son visage était caché par un voile blanc et sa robe, de la même couleur, resplendissait et était une véritable étoile devant tous ces frères, ces sœurs, les soldats Vance, son père et son futur époux, tous habillés de couleur plus ou moins sombres. On sentait dans sa démarche une certaine appréhension à avancer devant la foule et à atteindre Karyl qui, lui, arborait un visage fier. La coutume aurait voulu que le père de la mariée devait l'accompagnée jusqu'à son époux mais Lord Walder n'avait pas envie d'accompagner une retardataire. De plus, la coutume était loin d'être totalement respectée car le mariage aurait du se célébrer dans un septuaire, mais il semblerait que le bâtiment était inaccessible pour cause de travaux. La mariée se plaça donc devant son mari tandis que le prêtre se mit en place derrière eux. Karyl enleva le voile d'Hilda et cette dernière s'agenouilla à ses pieds.


-Seigneur Vance. Dit-elle d'une voix pur et timide. J'espère que vous serez ravi de m'avoir à vos côtés en tant que femme et épouse.


Le mari prît la main de sa femme pour la relever et dit :


-Je suis sûr que vous le serez, madame. Je vous promets d'être le mari que vous avez toujours rêvez.


-Vous pouvez maintenant revêtir l'épousée de votre cape et la placer sous votre protection. Énonça le prêtre.


Le marié se dévêtit alors de sa cape et la mis sur les épaules de sa femme. Il se replaça devant elle, la prît par le bras et les mariés firent face au prêtre. Ce-dernier sortit un bandage de tissu blanc et le posa sur la main gauche de Karyl et la main droite d'Hilda qu'ils avaient réunis. Il enroula ses deux mains en prononçant ses mots :


-Sous le regard des Sept, par ces liens, j'unis ces deux âmes afin qu'elles ne soit plus qu'une seule pour l'éternité. Regardez-vous et prononcez les mots.


Les mariés se firent face et dirent en chœur :


-Par le Père, le Ferrand, le Guerrier. Par la Mère, la Demoiselle, l’Aïeul et l’Étranger. Je suis sienne. Elle est mienne. De cet instant, jusqu'à mon dernier jour.


-Vous pouvez embrassés l'épousée.


Et le couple s'embrassa aux yeux émerveillés de la foule qui se mirent à applaudir.


Le repas se déroula sans encombres. Lord Walder décortiquait son poulet avec acharnement. Les mariés riaient à s'en éclater le ventre. Hilda avait réussi à prendre de bon cœur ce mariage en fin de compte. Les soldats de Karyl buvait à pleine panse. Et, à la fin du repas, Walder se leva de son trône et se tourna vers sa fille et son gendre. La salle s'était tût.


-Lord Karyl. Dit-il. La cérémonie a eu bien lieu et je suis fier de vous avoir pour beau-père mais vous ne vous êtes point encore mariés totalement. Il faut un carquois à une flèche.


Toute la salle se mit à rire.


-Et il faut un coucher à un mariage. Continua-t-il. Mes invités et mes enfants sont-ils d'accords ?


Et toute la salle tapa du pied et plaquèrent leurs verres de vins sur la table. Le visage d'Hilda exprimait l'envie d'être ailleurs. Elle ne s'attendait pas à cette «cérémonie». Une musique endiablée résonna tout à coup dans la salle. La foule cria en chœur :


-Le coucher ! Le coucher ! Le coucher !


Deux des fils Frey prirent les bras de leur sœur et l'emmenèrent dans sa chambre, préparées à l'occasion qui se présentait ce soir. La même chose arriva à Lord Karyl qui fût emmené par ses soldats. Ainsi, le jeune couple passa la porte et disparût pour vivre leur nuit mémorable. Quand la porte fût fermé, Galmar approcha d'Olliver qui était partit discuter avec un soldat de Vance. Il lui demanda :


-Alors Olliver. Que s'est-il donc passé ce matin avec notre père ?


-Eh bien…..En réalité…. Commença Olliver, prît en dépourvue.


-Olliver !! Viens ici. Coupa Lord Walder depuis son trône.


-Je viens père. Répondit-il à sa demande.


Galmar partit avec lui et les deux frères arrivèrent devant leur père.


-Que fais-tu ici, Galmar ? Ce n'est pas toi que j'ai convoqué, si ?


-Excusez-moi père, mais je ne crois pas que ma présence vous empêche de parler.


-Attention mon garçon ! Tu est peut-être mon fils mais j'ai assez de tes frères pour te remplacer. M'enfin. Je m'en fous, de toute manière. Olliver. T'es-tu préparés ?


-Oui mais, est-ce vrai que nous partons demain ? Demanda Olliver tandis que son frère ne comprenait pas la situation.


-Oui. Il ne voudra pas restés un jour de plus dans ce château. Mais, j'espère que tu feras bien ton travail. Je n'ai pas envie qu'il vienne me réclamer quelqu'un d'autre.


-Ne vous inquiétez pas père. Je servirais fidèlement. Je serais le meilleur écuyer que Lord Karyl Vance n'a jamais eu.


-Bien. Très bien. Tu peux disposer et profiter de ta dernière soirée dans ce château.


À côté d'eux, Galmar regardait son frère avec un étonnement total.


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