La cour des grands

Chapitre 11 : Izzir

2122 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 01:30

 

Izzir

 

     Ils le jetèrent dans un cachot sombre éclairé par un simple trou creusé dans la brique dans le haut d'un mur. Son corps heurta le sol graveleux et il entendit les gardes fermer la porte. Il se rendit compte alors que l'endroit était humide et vide. Un simple banc en pierre était au fond de la pièce, en dessous de la brèche de lumière et un peu de sable sur le sol se situait un peu partout. Ses yeux commençèrent à s'habituer à la faible luminosité et vit le trou dans le mur qui le laissait respirer. Il monta sur le banc en pierre et regarda par ce trou. Il ne vit que les pieds des passants et les roues de charettes des marchands. Cette cellule devait se trouver sous terre. Il ne savait pas dans quel coin de la ville cette prison se trouvait. Son esprit était tellement chamboulé qu'il n'a pas fait attention où les gardes l'emmenait. L'odeur était infecte. L'humidité et les excréments des anciens prisonniers entassés dans un coin était affreux. Puis, tout lui revînt en tête. Ses hommes qui l'ont sonné et qui ont poignardé le coeur de son "père". Ces tueurs les attendaient et Izzir se rendit compte qu'il avait mené Vezel à l'abattoir en lui faisant passé ces raccourcis. Il se sentait coupable jusqu'à ce qu'il se rappelle de sa condition. Il était un esclave et il était ainsi vu comme le coupable idéal de cet assassinat qu'il n'as pas commis, sachant qu'il était resté à côté du corps inanimé du "Loup de Lys" quand les gardes l'ont apperçu. Maintenant, il se sentait coupable d'être resté planté là sans avoir essayé de s'enfuir. Mais la tristesse guetta aussi son coeur. Le défunt était tout de même celui qui l'a élevé et était le meilleur maître qu'un esclave puisse avoir. Beaucoup de questions se bousculaient dans sa tête puis il pensa quelque chose qui aurait dû le frapper plus tôt. Il savait ce qu'il adviendrait de lui après ce cachot. C'était l'éxécution. Mais il ne savait pas de quelle manière tout cela allait se dérouler. La décapitation, le démembrement, la noyade, le bûcher ou une autre façon qui lui est encore inconnu. Il se posa sur le banc en pierre et fît le tri dans son esprit. Ainsi, il pût se calmer et rester le plus zen possible. Mais il fallait l'assumer. Il avait peur. Peur pour lui et pour ce qui allait certainement lui arriver.

 

 

     L'odeur nauséabonde qui empestait sa cellule, le banc inconfortable sur lequel il s'était couché et ces pensées avec toutes ces questions qu'il se posait, l'empêcha de rester tranquille. La colère commença à naître dans son coeur. Cette colère, il la connaissait. C'était celle qu'éprouve les esclaves face aux maîtres. Il n'a jamais eu ce sentiment avec Vezel mais avec les passants qui s'amusaient à le bousculer et à le traiter de tous les noms. Ces gardes qui l'accusaient était la raison de sa rage. De quel droit ces chiens ont décidé de l'emmener dans cette foutu geôle ? La colère lui faisait taper les murs et la fatigue commença à apparaître. Et après cette fatigue, des larmes apparurent. Izzir avait appris à ne pas pleurer car l'habitude d'être vu comme un être inférieur lui avait montré que cela ne servait à rien. Mais ces larmes étaient un mélange de tristesse, de haine et de peur. Ce fût la tristesse qui l'emporta et il se mit à se remémorer son passé et surtout, le lien père-fils qu'il entretenait avec son maître. Avant d'habiter à Lys, ils résidaient à Astapor. La vie était plus rude là-bas et les esclaves étaient traités encore plus sauvagement qu'ici. C'était le maître Kraznyss qui règnait et règne encore sur cette ville. Il se souvient l'avoir vu alors qu'il accompagnait Vezel pour, justement, partir vers la cité de Lys. Il se souvînt de son crâne chauve et de la proposition qu'il avait faite à son maître de le faire rester à Astapor et d'en faire un Immaculé. Ce que, heureusement, son père refusa en criant tellement fort que l'on devait certainement l'entendre dans toute la baie des Serfs. Izzir se remémorait parfaitement le visage effrayé de Kraznyss. Peu avant, Vezel venait de savoir que la cité dite libre de Lys était devenu esclavagiste. Il l'avait regardé après avoir su la nouvelle et lui avait dit ses mots qu'il se rappelle encore aujourd'hui :

 

-Nous allons déménager à Lys. Astapor est plus horrible pour un esclave qu'aucune autre cité. Dans une ville qui était encore libre il y a à peine deux semaines, je pense que les esclaves seront mieux vus.

 

     Et ils partirent ainsi pour la cité esclavagiste de Lys. Mais, depuis lors, Izzir avait remarqué que le comportement des maîtres de cette ville s'aggravait de plus en plus. Certes au début, ils se foutaient des esclaves qui arpentaient les rues comme lui le faisait. Mais au fur et à mesure, les insultes et les coups donnés sans raison se multipliaient. Izzir commença à sourire pour la première fois depuis qu'il était enfermé dans cette prison car, malgré les coups et blessures qu'il recevait, Vezel restait toujours là pour le réconforter et le souvenir de son aide le rendait heureux.

 

     Une seule heure passa et Izzir en avait déjà marre. L'humidité, l'odeur, la luminosité quasi-inexistante, ses souvenirs qu'il se remémorait et ses questions qu'il se posait rendait cette cellule comme le pire endroit en ce monde. Parfois, il entendait les bruits de pas des gardes qui patrouillaient. Tout à coup, un nom résonna à son oreille à travers le trou dans le mur. Il avait entendu le nom de "Loup de Lys". Il se leva et regarda en tendant l'oreille par ce trou. De ses yeux, il ne vit que des passants mais une discussion avait bien lieu, non-loin d'ici. Il y avait deux personnes qui devait être adossés sur le mur, en-dehors de son champs de vision. Izzir écouta alors leur discussion.

 

-Je te le jure. Toute la ville ne parle plus que de ça. Le grand "Loup de Lys" est mort.

 

-Mais m'enfin, ce n'est pas possible ! Il était encore un homme fort et en bonne santé pour quelqu'un de son âge.

 

-Mais il n'était pas malade ou trop vieux, Valor. D'après les rumeurs, il aurait été assassiné par son esclave.

 

-C'est absurde ! Comment un simple esclave aurait-il pu tué un homme aussi puissant ?!

 

-Je n'en sais rien, ami. En tout cas, Valar Morghulis.

 

-Oui, tu as raison. Tous les Hommes doivent mourir.

 

     Après plusieurs minutes à parler de commerces et de guerres Westerosi, les deux passants s'en allèrent. Ainsi, la nouvelle de la mort de Vezel avait fait le tour de la ville et pire encore, la majorité croit que c'est lui le coupable. Ce n'est guère étonnant dans une cité esclavagiste et Izzir se mit à critiquer tous ces êtres et leur fermeture d'esprit sur cet assassinat. Il était vu maintenant comme le parjure de cette ville. Celui qui avait trahit son maître et avait ainsi tué l'un des hommes les plus respectés de la cité. Il en était ainsi et Izzir se devait d'ignorer ses fausses rumeurs sur lui. Il ne pouvait rien y faire et devait apprendre à l'accepter.

 

     Peu à peu, la nuit arriva et la cellule devenait maintenant tellement sombre que même la faible lumière de la lune n'y changea rien. Cette foutu odeur empestait son nez et le sommeil n'arrivait pas à venir. La chaleur l'étouffait et il commença à se dire que le supplice qui lui sera infligé sera tout simplement de le laisser ici, dans cette geôle qui rendrait même le plus sage des hommes totalement fou. Il sursauta quand il entendit son nom à travers le trou. Cette voix. Il était content de l'entendre. C'était celle de Mitor. Peut-être bien le seul ami qui lui reste dans cette ville.

 

-Mitor ?! C'est toi ?! Demanda Izzir, tellement heureux d'entendre une voix dans cet enfer.

 

-Parle moins fort. Toute la ville est au courant pour ton maître. Tu vas bien ?

 

-Oui, ça va. Qu'est-ce que tu fais ici ? Il doit y avoir un couvre-feu, non ?

 

-Oui, je sais. Mais il fallait que je te vois. De plus, mon maître m'a ordonné de te demander ce qu'il s'était passé. Tu peux me le dire, s'il te plaît ?

 

     Et Izzir raconta le triste et sanglant récit, sans omettre un seul détail sauf ce que lui a dit Vezel avant de mourir.

 

-Merde, je suis désolé, mon pauvre. Répondit Mitor. Toute la ville t'accuse.

 

-Mais, dis-moi, avant de partir, est-tu au courant de la punition que ces chiens vont me donner ?

 

     Izzir sentit que Mitor prenait une grande inspiration avant de prononcer sa réponse et il commença à ressentir une grande peur monter en lui.

 

-Oui, je le sais. Je l'ai entendu par un garde. Cela va se passer dans trois jours. Tu va être placé au centre d'une place qui, à mon avis, sera regardé par un tas de monde vu que tu est, pour eux, celui qui a tué le "Loup de Lys". Tout le monde voudra voir l'esclave parjure qui a tué cet homme que beaucoup de monde craignait. Et.... une fois sur cette place, tu recevras exactement trente coups de fouet.

 

     Izzir eut la tête secouée et faillit tomber à la renverse.

-Tout le monde s'attend à ce que tu en meurs mais tu as été mieux nourri que tes autres congénères et moi. Ton corps est plus résistant, je pense. Tu m'entends, Izzir ? Tu dois survivre. Tu le peux et tu le dois, compris ? Izzir ?

 

-Tu peux partir, mon ami. Avant que tu ne te fasses attraper, toi aussi.

 

     Il s'éffondra sur le banc et n'en bougea plus. Mitor s'en alla et le laissa dans le silence de cette nuit obscur. Izzir n'arrivait plus à penser ni à parler ou à bouger. Il était paralysé de peur et resta ainsi toute la nuit.

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