La cour des grands

Chapitre 35 : Olliver

2285 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 25/07/2017 23:09



Olliver



La pluie s'en était allé et elle laissait derrière elle une terre boueuse sur son passage. Le soleil tapait fort en ce jour de fin d'été et Olliver avait profité de ce beau temps en se mettant sur un balcon. D'ici, il pouvait voir la baie des Crabes et les bateaux amarrant sur la berge. Plusieurs petits points en mouvements se dépêchaient sur le pont pour décharger les multiples marchandises qui accostaient. La baie des Crabes constituait l'un des plus importants point de passage pour les navires marchands de Westeros. Bien que la région en elle-même était pauvre, le port disposait d'une grande richesse, destiné malheureusement pour Viergétang seulement à la libre-circulation et aux stockages des marchandises. Au loin, Olliver voyait à l'est d'énormes navires aux voiles blanches qui attendaient l'arrivée de leurs livreurs et à l'ouest, la lointaine embouchure du Trident, que l'armée de Robb avait déjà passé. À l'heure qu'il est, l'armée du Nord avait sans nul doute déjà attaqué le camp Lannister à Haut de Cœur, cette bataille pour laquelle Olliver n'avait pas été de la partie car détaché ici, dans ce pauvre fief de Viergétang. Olliver ferma les yeux un instant et revit son frère Galmar, qui était au Mur et qu'il aurait dû accompagner pour faire partie de l'ordre ancien de la Garde de Nuit. Mais tant pis. Le destin leur avait fait prendre un chemin différent et celui d'Olliver pouvait être enviable pour beaucoup de gens. Il était devenu seigneur. Certes d'un fief peu puissant mais seigneur était un titre dont beaucoup rêvait sans pouvoir l'obtenir durant toute leur vie. On l'appelait dorénavant «Lord Olliver» mais certains l'appelait aussi «Lord Frey», ce qui avait pour effet de ne pas vraiment lui faire plaisir. Porter le même nom que son père ne lui plaisait guère.Il n'avait d'ailleurs pas prévenu ce dernier de son nouveau titre, ni non plus de celui de chevalier lorsqu'il avait reçu cette promotion du roi Robb. Olliver ne voulait plus jamais entendre parler de son concepteur. Mais il comprenait ce dernier dorénavant. Il savait ce que cela faisait d'avoir enfin une armée à son service, des serviteurs, une ville entière ou même encore, un mestre. Le mestre Kyren avait peur de lui. Depuis que celui-ci avait été témoin de sa prise de pouvoir barbare, il tremblait à chaque fois que son nouveau seigneur lui parlait. Seul lui et son frère Galmar, grâce à la lettre qu'il lui avait envoyé, était au courant de ce qu'il s'était réellement passé dans la salle du trône de Viergétang. Olliver n'avait pu se contrôler et avait découper la tête de lord William Mouton en deux dans un excès de colère incontrôlable. Il n'était pas mort de vieillesse comme l'avait affirmé la lettre qu'Olliver avait envoyé à Robb. Il l'avait aussi fait croire à tout le monde au château ainsi qu'à ses propres soldats. Après tout, ce William Mouton n'avait qu'à pas le provoquer. Il l'a bien cherché, comme se le disait parfois Olliver.


Midi arrivait et l'heure du déjeuner sonna. Olliver entra dans la salle à manger et s'assit au bout d'une longue table de bois noir. Il était seul et prit son repas dans un silence lugubre. Seul le bruit de ses couvert et de sa mâchoire semblait lui tenir compagnie. Mais de cela, il s'en fichait. Depuis sa prise de pouvoir, il occupait beaucoup de son temps à se perdre dans ses pensées, à réfléchir sur ses actes, sur ce qui lui arriverait par la suite et sur ses nouvelles responsabilités. Tout un peuple attendait ses ordres, ses recommandations, ses sages conseils. William Mouton n'avait pas eut une bonne popularité. Il sortait rarement du château, même dans sa propre cour, et on le soupçonnait de dormir au lieu de régner comme il se doit. Olliver avait eu vent de cette impopularité et il voulait montrer à son peuple qu'il serait meilleur que son prédécesseur. Cela faisait une semaine qu'il était le nouveau Lord du château et il avait déjà montré qu'il serait bien différent. Le premier jour, il avait organisé une longue conférence au centre-ville pour annoncer ce qui changerait au cour de son règne, faisant rêver à chacun un avenir prometteur. Olliver, qui avait toujours eu peur de parler devant tout le monde, remarqua, à ce moment-là, à quel point il pouvait se montrer persuasif et éloquent. Il avait annoncé donc plusieurs mesures et avait voulu jouer l'honnête seigneur en avouant qu'il attendait de connaître mieux la situation locale pour prendre des mesures importantes. Le même jour, Kyren et quelques autres membres importants du conseil de Viegétang, lui ont organisé une longue réunion pour que la région n'ait plus aucun secret pour lui. Et le soir même, il envoya une lettre à Vivesaigues, le siège des Tully, qui régnait sur toute la région, de son avènement. Du deuxième au sixième jour, Olliver montrait son image jeune et proche du peuple à la ville en sortant dans les rues et en fréquentant les différents commerces, même dans les tavernes, bien qu'il fit attention de ne pas trop boire. Il était sous bonne garde et inspirait déjà un grand respect aux yeux de son peuple et aussi de ses soldats.


-Voilà un seigneur qui n'a pas les chevilles qui enflent. Dirent certains.


-Des hommes comme lui, il en sort un tout les cent ans. Affirmèrent d'autres.


Certes, certains étaient encore réticent à l'égard de ce nouveau venu et attendait que celui-ci fasse ses preuves avant de pouvoir le juger. Mais dans la grande majorité, les habitants de Viergétang semblaient satisfait de cet homme qui allait gouverner leur ville. En arpentant les rues, Olliver s'était rendu compte que de profondes inégalités étaient encrés dans la ville. Il tombait parfois sur de somptueuses maisons et, en tournant la tête, voyait toute une rangée de personnes défavorisées demander l'aumône et dormir dans la boue de la route. Il se promit de remédier à cela. Lorsqu'il n'était pas en ville, il se laissait donc aller à ses pensées et réfléchissait sur les façons possibles d'améliorer la vie de son nouveau peuple, qu'il avait dorénavant apprivoiser. Il n'en oubliait cependant pas la raison principale de sa venue ici : installer des troupes du Nord dans la ville contre une éventuelle attaque des Lannister. Il multiplia donc les patrouilles dans les villes grâce aux deux cents hommes que le roi du Nord lui avait cédés ainsi qu'aux troupes civiles et aux soldats Mouton. En voulant se protéger des Lannister, Olliver remarqua alors que la criminalité et le banditisme à Viergétang chutaient. Ces bonnes nouvelles rendirent Kyren de moins en moins méfiant à l'égard d'Olliver qui ne tremblait plus dorénavant lorsqu'il lui parlait. Tout semblait annoncer une vie meilleure pour chacun avec ce nouvel arrivant. Viergétang était devenu la propriété de la maison Frey. Olliver était obligé d'affirmer cette nouvelle appartenance lorsqu'il devait annoncer sa prise de pouvoir aux Tully. Cela ne l'enchantait guère et il ne pouvait faire de Viergétang une propriété des Stark à cause du fait que cette dernière était une maison possédant un royaume entier, le royaume du Nord. C'est en tout cas ce que le mestre Kyren lui avait dit, tout en lisant le texte de loi qui concernait ce fait. Ce nouveau nom porté à la ville ne tarderait donc pas à arriver aux oreilles de lord Walder, avec ou sans lettre d'Olliver. Après une semaine de règne, il décida donc de lui envoyer la nouvelle lui-même dans une très courte lettre :


Cher père, suite à des événements dont je vous passe les détails, la cité de Viergétang est désormais sous ma dominance, en outre, celle des Frey. Adieu.


Après avoir fini de manger, Olliver fila à la volière se débarrasser de cette lettre et annonça une réunion du conseil de Viergétang à ses conseillers. Le conseil était donc former de lui-même, du mestre Kyren, du chef des finances, nommé Ronmac, ainsi que du commandant des troupes civiles, le général Anduil. Olliver s'empressa de s'installer dans la salle du conseil, autour d'une table parfaitement carrée. À sa gauche, Kyren était assis et mettait plusieurs parchemins sur la table, qui contenaient l'ordre du jour, c'est-à-dire, les différentes tâches que se devait d'accomplir le conseil. En face d'Olliver se trouvait Ronmac, assez jeune lui aussi, bien qu'étant déjà marié et père de deux enfants, et à sa droite, Anduil, avec un regard qui trahissait l'ennui de se coltiner des réunions.


-Bien. Commença Olliver. Mestre Kyren, l'ordre du jour.


-Et bien, nous devons régler le problème des routes, mon seigneur. Annonça Kyren. Beaucoup vous demandent de remplacer les routes boueuses par des routes pavés. Cela cause des problèmes de circulation et, comme vous avez pu le constater, ce n'est pas très confortable pour les personnes vivant dans les rues.


-Oui, je sais. Cependant cela coûte cher, d'après Ronmac, n'est-ce pas ? Demanda Olliver en se tournant vers son chef des finances.


-En effet. Répondit Ronmac d'un air très sérieux. Cela nous coûterait 1500 dragons d'or. Notre coffre verrait donc son contenu baisser de moitié. Nous ne pouvons pas nous le permettre. De plus, sire, il me semble que vous comptiez utiliser l'argent pour un certain projet, c'est bien cela ?


-C'est exact. Un projet dont je ne vous ais pas encore parlé mais, en réalité, j'hésite à le mettre en place.


-En quoi consiste-t-il, ce projet ? Demanda Anduil, soudain intéressé.


-Je ne vous l'ai pas dit pour ne point vous effrayer mais l'heure est venue de vous mettre au courant. Connaissez-vous la raison de ma présence ici, à la base ?


-Non. Répondirent en chœur les trois conseillers, bien que Kyren était en réalité au courant.


-J'ai été dépêché ici pour placer des troupes par le roi Robb. En effet, il est possible que les Lannister veuillent prendre à revers l'armée du Nord en passant par la baie des Crabes.


Ronmac et Anduil écarquillèrent les yeux et Kyren baissa la tête.


-Pourquoi ne faisons-nous rien alors ? Demanda Anduil, stupéfait.


-Parce que cela n'est pas sûr.


-Mon seigneur, si vous permettez,…. Interrompit Kyren. Je viens de recevoir un message qui vous est destiné. Elle est marqué du sceau des Stark.


Kyren sortit un bout de parchemin où de la cire grise maintenait le rouleau en place et laissait former une tête de loup, symbole de la maison Stark. Olliver ne se fit pas prier pour prendre le rouleau des mains de Kyren et décacheter le sceau. Il déroula donc le parchemin et lut avec attention le message écrit par le roi du Nord lui-même.


Cher Olliver,


Je vous félicite de votre nouveau rang qui vous donne responsable d'une cité toute entière, bien que je partage la peine du peuple de Viergétang à l'égard de son ancien seigneur. Paix à son âme. Cependant, ces félicitations ne sont qu'une amorce pour vous parler d'une chose plus grave. Nos espions sont formels. Une partie de la flotte des Lannister est partie de Castral Roc et a pour destination la baie des Crabes. Elle devrait arriver dans trois semaines. Vous l'aurez compris. J'attends de vous que vous défendiez nos arrières. Mais la flotte est plus importante que prévu et je vous envoie Lord Karyl, qui a insisté pour venir, pour vous assister. Il arrive avec huit cents hommes donc faites-en bonne usage. Le Nord entier compte sur vous. Je compte sur vous. Bon courage.


Robb Stark, Roi du Nord


Olliver resta plusieurs secondes à fixer le parchemin après l'avoir lu. Il le posa sur la table et poussa un long soupir. Les trois conseillers attendaient impatiemment les nouvelles de l'armée du Nord. Anduil finit par lui demander le premier et Olliver lui répondit :


-Alors cela est sûr. Les Lannister accosteront sur nos plages d'ici trois semaines.


La nouvelle sembla faire trembler les trois conseillers.


-De combien d'hommes disposent les troupes civiles, Anduil ? Demanda Olliver.


-Cent, mon seigneur. Répondit Anduil qui semblait vouloir en découdre tout en ayant peur du verdict de cette prochaine bataille.


-Avec les miens et ceux que lord Karyl va amener dans les jours qui viennent, nous aurons mille cents hommes à notre actif. Cela suffirait-il pour repousser une flotte ennemi ?


-Cela dépend de l'importance de la flotte mais cela peut se faire si nous mettons en place une bonne stratégie.


Olliver se leva donc. Il bomba le torse et fit en sorte de parler d'une voix forte et autoritaire pour bien montrer à ses sujets qu'il prend les commandes.


-Alors soit. Viergétang va combattre les lions à mes côtés. Réunissez les hommes, appelez les meilleurs forgerons de la région ainsi que les meilleurs maçons. Nous avons trois semaines pour nous préparer. Faites savoir au peuple que la guerre commence pour la ville. Du sang coulera, mes amis. Faisons tout notre possible pour que ce ne soit pas le nôtre.


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