La cour des grands

Chapitre 58 : Galmar

4599 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 18/06/2018 10:42



Galmar



Pour lui, le voyage commençait à se faire long. Il se demandait comment faisaient les capitaines marchands quand ils devaient naviguer depuis Quarth jusqu'au Nord de Westeros. Cela faisait désormais deux jours entiers que Galmar avait pris la mer pour rejoindre son frère à Viergétang. Partis de Karhold, Galmar, accompagné de Miranda, une guérisseuse de guerre qui l'avait soigné, avait donné les quelques dragons d'or qui lui restait pour faire la traversée. Sur ce simple navire de marchand, il apprenait malgré lui la dure vie en mer. Après réflexion cependant, cette vie en mer était tout de même plus agréable que celle qu'il connaissait sur la terre ferme. Après tout, il n'avait vécu que des atrocités sur le continent. Il est vrai qu'en terme de vie heureuse, celle de Galmar était loin du compte. D'abord rejeté par son père, il était partit se ranger dans la Garde de Nuit qui fut une belle désillusion pour lui. Il s'était fait deux amis, Newt et Darius. Le premier avait été exécuté sous ses yeux par cette Garde dont il avait tant rêvé ces dernières années. Le deuxième s'était enfui du Mur avec lui. Ils étaient arrivés tout deux jusqu'aux portes de Karhold mais c'était sans compter un vieux paysan et père désespéré qui finit par avoir raison de Darius, de son propre fils et de lui-même. Un vieux fou, pris de chagrin, qui avait voulu emporter avec lui dans la mort ses deux prisonniers. Darius avait donc péri dans les flammes d'une grange et quand à Galmar, c'est son œil gauche qu'il avait perdu, ainsi qu'une grande partie de sa joie de vivre à vrai dire. Fort heureusement, la rencontre avec Miranda lui avait permis de garder un minimum la tête froide. Celle-ci avait été appelé par Viergétang pour faire partie de leurs guérisseuses. Elle s'était occupée des blessures de Galmar et s'était décidée de l'accompagner jusqu'à son frère à la Baie des Crabes. Durant la traversée, c'est tout naturellement, en partageant la même cabine, que les deux voyageurs se sont rapprochés l'un et l'autre. Galmar venait de se réveiller et c'est en voyant le visage encore endormi de Miranda qui se dorlotait dans ses bras qu'il comprit qu'elle était la seule chose au monde qui ne pourrait jamais le décevoir. De toute manière, il n'avait désormais plus qu'elle. En effet, il avait aussi son frère mais il avait peur de ne pas le reconnaître à son arrivée. Le pouvoir change un homme et si, par malheur, Olliver préférait son trône à son frère, Galmar devrait se contenter de l'amour de Miranda, qu'il ne bouderait pour rien au monde.


Pendant toute la traversée, Galmar anticipait tout ce dont il pouvait s'attendre à son arrivée. «Quel frère verrais-je aux portes de son château?» se disait-il sans cesse. Il décida alors de ne pas annoncer son arrivée de suite après avoir accosté sur le port. Il décida d'aller fréquenter les tavernes de la ville et de voir ce que le peuple pensait de son seigneur. Alors qu'il était en train d'imaginer Olliver en tant que véritable dictateur sanguinaire, Miranda se réveilla d'une nuit pleine de rêves. Ses longs cheveux blonds étaient décoiffés et lui donnaient une sorte de beauté naturelle qui fit sourire instantanément Galmar et dissipa ses pensées.


-Déjà réveillée? Demanda Galmar d'un petit sourire.


-Oui. Et toi aussi à ce que je vois. Répondit-elle en souriant de même.


Les deux amants se levèrent alors et s'habillèrent. Miranda pratiquait son rituel du matin qui consistait à remplacer le pansement en tissus sur l’œil de Galmar. Elle racontait parfois des histoires de blessures de guerre tel que des amputations d'urgence mais ce genre d'histoire, encore, faisait partie des moins sanglantes. Elle contait ce matin-là une journée entière où elle s'était occupée d'un seul soldat. Celui-ci avait reçu une flèche dans la partie arrière de sa tête et il n'était même pas mort. Elle avait réfléchi toute la matinée pour savoir comment ôter cette flèche sans le tuer. Au final, elle décida de simplement couper la flèche sans y extraire la pointe, estimant sa mission impossible. Le soldat avait donc encore à l'heure actuelle une pointe de flèche incrustée dans son crâne et une partie de son cerveau. D'après ces observations, celui-ci avait un caractère plus doux que d'habitude et était rentré chez lui, proclamant son envie de couvrir sa femme de cadeau, lui qui était avant si macho. Miranda se servit de son histoire lorsque Galmar faisait la grimace quand il sentait sa blessure piquer en lui disant:


-Calmes-toi, Newt. Ou je te mets une flèche dans le crâne.


Cette phrase avait fait à moitié sourire Galmar. Cela lui rappelait qu'il n'avait pas dévoilé son véritable nom à Miranda mais également le propriétaire originel de ce nom. Depuis sa fuite avec Darius, il n'avait pas laissé beaucoup de place au deuil. Dès le début du voyage en mer, il n'arrêtait pas de penser à Newt mais également à Darius. D'aucun dirait que subir un deuil profond pour des personnes qu'on ne connaissait pas il y a à peine deux mois est exagéré et Galmar se surprenait à être autant touché par la mort de ses deux amis. Mais bizarrement, de ce deuil en ressortait non pas un manque profond mais une force de continuer à vivre. Il ne savait pas si cela était dû à la présence de Miranda à ses côtés mais il était bien plus heureux qu'il ne l'aurait imaginé. Lorsque Miranda eut fini de remplacer son pansement, elle lui préconisa de garder celui-ci le plus longtemps possible. Ils décidèrent ensuite tout deux de se rendre sur le pont respirer l'air frais et marin du matin.


Ce navire ressemblait à n'importe quel autre navire marchand et la seule chose qui différenciait les navires entre eux, c'était leur figure de proue. Finement sculpté dans un bois de chêne, la figure de proue représentait ici un cheval et quand ils montaient en direction du pont, Miranda et Galmar aimaient contempler la sculpture à travers des carrés creusés dans le bois sur la façade avant du navire. Ils restaient là plusieurs minutes et montaient enfin sur le pont. Ce jour-là, le soleil était caché par une nappe de nuage gris et le vent avait décidé de se montrer un peu plus actif que ces deux derniers jours où il était même totalement absent. La mer restait cependant assez calme. Le capitaine du navire, un gentilhomme du nom d'Edward, s'approcha d'eux lorsqu'il les vit arriver.


-Ah, mes chers invités sont réveillés. Engagea-t-il gaiement la conversation. Le temps est fringuant aujourd'hui et nous allons bientôt arriver à bon port.


-Très bien. S'exclama Galmar essayant d'être aussi gai qu'Edward. Il me tarde d'arriver. Ce n'est pas que je n'aime pas ce navire mais les vagues ont tendance à me faire mal au crâne à la longue.


-Vous n'avez pas l'habitude de prendre la mer à ce que je vois. J'avais la même sensation lors de mes premiers voyages maritimes mais on s'y fait.


Un membre d'équipage posté tout en haut du navire cria à ses camarades d'en bas, et notamment à son capitaine, que la Baie des Crabes était en vue. Le capitaine gueula alors assez fort pour que tous sur ce navire l'entende:


-Vous avez entendu, vous autres?! Préparez-vous à amarrez et à longer la côte! On est sur la terre ferme dans quinze minutes!


Galmar et Miranda redescendirent alors dans leur cabine et reprirent les quelques affaires qu'ils avaient emportés, notamment du matériel de soin. Miranda annonça à Galmar qu'elle devait aller au baraquement des gardes où elle pourra être reçu en tant que guérisseuse de guerre.


-Bien. Pour ma part, j'irais traîner un peu en ville histoire de mieux comprendre la situation dans cette ville. Répondit Galmar.


-Ah oui? Tu ne préfères pas demander à ton frère directement?


-Non, je veux le voir par moi-même. On se rejoindra aux portes du château quelques heures après. Je t'y attendrai.


Quand ils sortirent de leur cabine, le navire était en train de longer la côte comme prévu et un petit point gris au loin laissait penser qu'il s'agissait du château de Viergétang. Ils se mirent debout sur la proue et fixèrent ce point gris qui devenait de plus en plus gros au fur et à mesure de leur avancée. Ce point gris prit vite la forme d'une cité entourée par des remparts et surmontée par un grand château fort imposant. Le port apparut également et le navire s'amarra à plus d'une centaine de mètres du pont. Les barques étaient déjà prêtes à être larguées et le capitaine Edward proposa à ses deux invités de monter dans l'une d'entre elles, accompagnés de quelques caisses de marchandises.


-Adieu, Mr Newt et Mlle Miranda! Puisse le sort nous permettre de nous revoir un jour!


Galmar et Miranda arrivèrent alors peu après sur le pont. Quand Galmar mit pied à terre, il se sentit directement relaxé et quelque chose dans son esprit lui disait qu'Olliver avait déjà marché sur ce même pont, ce qui lui donna un peu de nostalgie. Avec Miranda, ils prirent alors le chemin menant à la cité de Viergétang. Galmar observait, depuis qu'il avait mis pied à terre, chaque recoin, chaque lieu qu'il pouvait voir, de près comme de loin. Il remarquait que le port avait récemment subit des dégâts et que plusieurs ouvriers s'attelaient à tout réparer. Il lui sembla même remarquer plusieurs traces rouges sur le bois du pont qui semblait avoir été nettoyé du mieux possible mais sans succès. Lorsque le couple sortit du port, ils remarquèrent tout de suite la baie boueuse à leur côté où plusieurs personnes s'attelaient à ramasser diverses armes. Des enfants s'amusaient à une sorte de chasse au trésor. Quand Galmar et Miranda passèrent devant eux, ces derniers venaient de trouver une main coupée enfouie dans la terre mouillée. À la vue de cette trouvaille, la plupart des enfants s'enfuirent tandis que d'autres restaient intrigués. Mais ce qui frappa le plus aux yeux des deux amants est certainement la plaine qu'ils allaient devoir traverser. Miranda avait l'habitude de voir ce genre de spectacle contrairement à Galmar qui, lui, restait pantois devant cette vaste zone noircie qui s'étalait sur l'herbe. Lorsqu'ils la traversèrent, ils ne virent que de la terre retournée et quelques nuances de rouges bien visibles. Ceux qui avaient été chargés de ramasser toutes les armes, armures et surtout cadavres de cette plaine avaient visiblement terminés leur travail. Galmar et Miranda ne traînèrent pas trop et atteignirent les portes de la cité le plus vite possible.


Là, ils restèrent debout face aux remparts, attendant qu'un garde daigne leur ouvrir la porte. Ils virent un garde apparaître au sommet des remparts et celui-ci, les ayant aperçus, leur demanda:


-Qui êtes-vous? L'entrée de la ville est interdite, sauf aux marchands, fermiers et livreurs.


-Et pour une potentielle guérisseuse de vos blessés? Répondit Miranda.


-Oh oui, bien sûr. Vous, vous pouvez entrer. Et toi, qui es-tu? Interrogea le garde en désignant Galmar.


-Un éventuel compagnon d'armes. Il me semble que vous en ayez grandement besoin.


-En effet, ami. Vous pouvez entrer, c'est bon.


Le garde sembla donner un ordre à ses compagnons derrière lui et la porte s'ouvrit quelques secondes après. Face à l'air surpris de Miranda quand à la réponse de Galmar, celui-ci lui répondit:


-Si je disais que j'étais le frère de leur seigneur, ils iraient tout de suite le prévenir.


Sa réponse sembla satisfaire Miranda qui passa la première les portes de la ville de Viergétang. La ville semblait également avoir subi de sérieux dégâts matériels. Plusieurs ouvriers réparaient des charpentes brisées, des murs fracassés et certains bâtiments avaient tellement été détruits que leurs décombres étaient restés sur place. Le garde qui leur avait ouvert leur désigna où était le baraquement où ils devaient se rendre. Quand ils arrivèrent devant, ils virent que celui-ci avait également subis de lourd dégâts. Miranda se retourna soudain vers Galmar, fouilla dans le seul sac qu'elle avait emmené et en sortit une bourse dont elle en retira plusieurs pièces d'or.


-Tiens, prends ça, Newt. Lui commanda-t-elle en lui tendant ses quelques pièces d'or. On se rejoint dans une heure ou deux devant la porte du château, d'accord?


-Très bien mais pourquoi me donnes-tu ces pièces?


-Tu en auras besoin pour ta petite enquête. À tout à l'heure.


Avant que Galmar n'ait pu répondre, elle entra dans le baraquement après l'avoir embrassé. Galmar sourit et se retourna face à la ville. Il restait debout en scrutant la ville et les gens autour de lui. Il remarqua plusieurs mines dépressives sur les visages des habitants. Au loin, près des remparts, un feu provoquait une large volute de fumée. Il décida de s'en approcher. Au détour d'une maison, il vit alors plusieurs hommes jeter des corps dans un grand bûcher. La plupart d'entre eux étaient décorés d'armures Lannister. À seulement quelques mètres de ce grand bûcher, plusieurs corps enveloppés dans du tissu étaient délicatement posés sur le sol et d'autres hommes s'occupaient à creuser des tombes tandis qu'en face d'eux, d'autres personnes, des femmes et des enfants en majorités, étaient en train de pleurer abondamment. Galmar ne put rester là trop longtemps de peur de sentir son cœur se déchirer et il retourna sur la rue principale. De retour de ce macabre spectacle, il comprenait mieux le pourquoi de ces mines déconfites autour de lui. Il continua à marcher et vit alors l'enseigne d'une taverne face à lui. «La Chope percée» était le nom de cette taverne qui avait miraculeusement subit très peu de dégâts. Galmar passa la porte de l'établissement et observa l'ambiance du lieu. La pièce étant assez bien éclairée, les personnes attablées avaient pourtant la mine sombre. Il y avait tout de même un homme ivre dans un coin de la pièce qui hurlait avec une expression enjouée: «Relativisez, mes gaillards! Nous ne sommes qu'une page de l'histoire! Oubliez ce tragique soir en n'oubliant pas de boire!». Visiblement, la tirade de cet homme durait depuis un moment car une femme sortit de l'arrière-boutique et lui donna un violent coup de poing en pleine figure en lui criant en retour: «Ta gueule, Gaston! Va faire chier ailleurs!». L'homme ivre, complètement sonné, tenta tant bien que mal de se relever et ne se fit pas prier pour s'en aller en répétant les mêmes phrases. La femme aperçut alors Galmar et s'installa derrière le comptoir. Elle lui demanda:


-Quelque chose à boire, le borgne?


-Oui, un verre d'hydromel, s'il vous plaît. Répondit Galmar qui fut surpris qu'on l'appelle ainsi bien que, après réflexion, il aimait ce surnom.


La femme quinquagénaire, opulente aux cheveux roux, se pencha alors sur sa réserve de bouteilles, sortit un verre et y versa le liquide demandé par son client.


-2 pièces d'or. Réclama-t-elle sèchement.


Galmar lui tendit ses deux pièces d'or en tentant de sourire poliment sans réel succès. La tenancière prit alors un air intrigué.


-Vous êtes pas du coin, vous. Dit-elle soudain.


-Non, je viens de débarquer par le port.


-D'où venez-vous?


-Euh, du Nord. Hésita Galmar.


-Qu'est-ce qui vous amène ici, homme du Nord?


-Disons que je voyage en traversant les villes.


-Et sur toutes les villes qu'il y a dans ce putain d'pays, il a fallu que vous vous rendiez dans celle la plus pourrie.


-J'ai appris en effet la visite des Lions chez vous. Quel bordel ils ont foutus!


-Ça tu peux l'dire!


-Pourquoi votre ville est si pourrie? Après tout, ce n'est pas la seule à avoir subi les ravages de la guerre.


-Non mais c'est la seule à avoir un seigneur qui les réclame.


Cette réponse intrigua grandement Galmar.


-Comment ça? Votre seigneur cherche à faire la guerre?


-Et comment! Proclama un homme qui avait suivi leur conversation et qui s'installa à côté de Galmar au comptoir. MÔnsieur Frey aurait pu laisser passer les lions et tout le monde aurait survécu mais il ne l'a pas fait.


-Il est du côté du Nord, c'est normal qu'il devait tenter de les arrêter.


-Oh s'il n'y avait que ça, ça irait. Mais voilà que notre seigneur vient de rendre la ville indépendante!


-Comment ça?


-Il a rendu la ville indépendante du royaume des Tully, des Frey ou même de la Couronne. Expliqua la tenancière. Peu importe le résultat de la Guerre des Cinq Rois, des seigneurs plus puissants, y compris son père, tenteront de récupérer la ville et ce sera par la force.


-Vous avez donc peur que Viergétang vive ses derniers instants?


-C'est un peu ça, oui. Répondit l'homme. Mais le problème n'est pas tant que notre seigneur aime la guerre, c'est surtout qu'il n'a pas les épaules de régner.


-À quoi le voyez-vous?


-La dernière fois, il s'est complètement écroulé en plein milieu de la rue. On l'a bien vu sur son visage. Il est totalement dépassé, ce gringalet. Heureusement que ses conseillers sont à ses côtés.


Galmar réfléchissait. Dans leur enfance, Olliver mettait tout le temps de côté les affaires politiques. Il disait souvent que ce genre de chose ne le concernait pas. Payait-il alors le prix en ce moment même de ce dénie? Olliver ne s'intéressait pas à la politique car il préférait l'art du combat. Il aimait se battre et peut-être que son goût pour la guerre venait de là. Toujours est-il que Galmar cernait bien mieux la situation à Viergétang et surtout celle d'Olliver. Il fallait encore attendre de revoir ce dernier mais maintenant, Galmar n'était plus aussi pressé d'aller au château. En effet, il ne pouvait pas s'y rendre sans un plan. Car il s'était décidé à aider son frère pour améliorer les choses, quitte à l'améliorer lui-même. Il repensait à Newt et Darius et à ce qu'il avait enduré jusque là. Pour lui, le temps des tragédies était terminé et il fallait à tout prix rendre l'avenir meilleur, pour lui comme pour Olliver.


Galmar but cul sec son verre d'hydromel et se leva pour s'en aller en remerciant ses deux interlocuteurs. Alors qu'il allait passer la porte, il vit au coin de la pièce un homme l'observer attentivement. Portant un bandeau noir sur le front, il avait un air de plus en plus ahuri au fur et à mesure qu'il le regardait. Il échangeait son champ de vision entre lui et une affiche arrachée qu'il tenait fermement dans ses mains. Galmar ne mit pas longtemps à comprendre ce qui était inscrit sur cette affiche. C'était l'avis de recherche pour sa tête. Galmar fit mine de n'avoir rien remarquer et se dépêcha de sortir de la taverne. En arrivant sur la rue principale, il sentit quelques gouttes d'eau lui tomber dessus et la pluie ne tarda pas à tomber sur la ville. Il continua sans se retourner à traverser la ville en s'engouffrant dans d'autres rues. Il s'arrêta derrière une maison et se risqua à regarder derrière lui. L'homme au bandeau noir se tenait juste devant lui et les deux hommes se fixèrent longuement avant que Galmar ne demanda dans un ton indifférent peu convaincant:


-Que me veux-tu?


-Je sais qui tu es! Tu es l'homme sur l'affiche! (l'homme lui montra la dite affiche) Tu es Galmar, le frère du seigneur de cette foutue ville! Tu es un déserteur de la Garde de Nuit!


-Tu te méprends, ami. Je ne suis qu'un voyageur de passage.


-Oh non! On me l'a fait pas à moi. Ton œil en moins ne m'a pas empêché de te reconnaître. Tu es piégé!


L'homme sortit un couteau de sous son veston et bondit très vite sur Galmar. Celui-ci évita le coup facilement. Il était pris d'une soudaine rage et profita de son esquive pour agripper le bras de son adversaire et lui donna son coup de poing le plus fort possible dans le ventre. Sous le choc, ce dernier lâcha son couteau et Galmar le rattrapa en plein vol.


-Va-t-en et ne remet plus les pieds ici! Menaça Galmar avec le couteau de l'homme au bandeau noir.


-Tu l'auras voulu! Mes compagnons vont se faire une joie de savoir où tu te caches!


Sur ces mots, il s'en alla. Galmar le suivit du regard et vit qu'il prenait la direction de la sortie de la ville. «Il ne comptait donc pas me livrer à la garde?» se demanda Galmar. Il vit de loin les portes s'ouvrir pour que son agresseur s'en aille. Un instant, Galmar regretta de l'avoir laissé partir avant d'en apprendre plus sur ses compagnons. Mais, estimant qu'il ne risquait rien s'il restait aux côtés de son frère, il décida qu'il était temps de rejoindre Miranda au lieu de s'occuper l'esprit avec cet homme et il jeta par-delà son épaule le couteau.


Prenant la direction du château, il retrouva l'air déterminé qu'il avait avant que l'homme au bandeau noir ne l'interrompe, cette détermination de faire avancer les choses. Et pour montrer sa détermination, il se devait de révéler à Miranda son véritable nom ainsi que ce qui était arrivé dans la grange de Noé à Karhold. Lorsqu'il arriva non loin des portes du château, il vit Miranda assise sur un rocher.


-Je croyais qu'on allait te donner énormément de travail dès ton arrivée au baraquement et que je serais là le premier. S'étonna Galmar.


-Oui, les blessés ont plus besoin de repos que de soin, pour l'instant. Répondit-elle en se levant. Tu as eu ce que tu voulais?


-À peu près, oui.


-Alors rentrons. Ton frère nous attend et cette pluie ne veut pas de nous dehors.


-Attends deux secondes, s'il te plaît.


-Qu'y a-t-il?


-Viens avec moi.


Galmar emmena Miranda sous les ruines d'une maison abandonnée, histoire d'être à l'abri de la pluie. Il n'y avait plus rien en ce lieu à part de la poussière, du bois éparpillé et un petit banc collé au mur. C'est sur celui-ci que Galmar pria Miranda de s'asseoir.


-Que se passe-t-il, Newt? S'inquiéta-t-elle.


-Écoute, Miranda. Je ne t'ai pas tout dit sur moi et je n'ai pas envie de continuer à te mentir. Je vais essayer d'être bref. Tout d'abord, je ne m'appelle pas Newt mais Galmar.


-Galmar? Mais pourquoi ne pas m'avoir révélé ton vrai prénom dès le début?


-Je suppose que tu ne traînes pas souvent dans les tavernes pour ne pas le savoir. Répondit Galmar en s'asseyant à côté de Miranda. Et bien, en réalité, je ne suis pas un voyageur comme je te l'ai dit mais ce que la majorité des gens de Westeros appelle un criminel.


À ce mot, Miranda écarquilla les yeux et sembla, instinctivement, faire un petit mouvement de recul.


-Oh, ne t'inquiètes pas, je n'ai commis aucun meurtre ou vol. Rassura Galmar en remarquant l'attitude de Miranda. Je suis un déserteur de la Garde de Nuit. Ma tête est mise à prix et elle tourne dans toutes les tavernes du pays. Avant que tu ne poses la question, j'ai déserté car ils ont tué mon ami, Newt, celui dont j'ai pris le prénom. «Ils», c'est la Garde de Nuit. Je ne l'ai pas supporté et j'ai fui avec un autre ami, Darius. On est arrivé jusqu'à Karhold et c'est là qu'on est tombé sur Noé.


-Oh bon sang! Laissa échapper Miranda alors qu'elle suivait d'une oreille attentive le récit de Galmar. Noé a toujours eu une profonde haine contre les évadés de la Garde car l'un d'eux a tué l'un de ses deux fils.


-Je sais. Si tu le connais un peu, peut-être croiras-tu probable le fait qu'il était devenu complètement fou? Il nous a emprisonné dans sa grange et nous a torturé physiquement.


-Ton….ton œil? Répondit Miranda, pointant du doigt le pansement en tissus.


-Oui, en effet. Dans un excès de rage, Noé a tué par mégarde son fils, Victor. Alors il a voulu tous nous tué en brûlant la grange. Ce n'est que grâce à Darius que j'ai réussi à m'échapper. Il a péri dans les flammes.


En racontant son récit, Galmar se remémorait la douleur physique mais aussi le choc émotionnel qu'il avait eu en voyant son ami brûler, tenant son manteau de la Garde de Nuit.


-Je...je voulais te révéler tout ceci depuis que toi et moi, nous sommes en ensemble. Je t'aime mais je comprendrais si tu décidais de ne pas rester avec moi, un criminel avec une tête qui vaut deux milles pièces d'or, mort ou v….


Galmar ne put finir sa phrase et sentit le baiser le plus rassurant de sa vie sur ses lèvres. Après un temps, les deux amants sortir de la maison en ruine pour prendre définitivement le chemin du château.


Arrivés enfin à destination, Galmar demanda aux deux gardes posés devant les portes de les laisser entrer. Après un bref échange de regard entre eux, les gardes leur ouvrirent les portes, estimant que ces deux personnes n'avaient rien en commun avec d'éventuels terroristes ou assassins. Quand il commença à percevoir le trône au milieu du hall, Galmar se surprit à sentir un peu de peur. Qui sait quel est le pouvoir qu'à ce trône sur l'esprit de son frère? Surtout quand celui-ci était assis dessus. La tête plongée dans ses mains, Olliver ne faisait pas attention à ses nouveaux visiteurs. Galmar et Miranda s'approchèrent lentement du seigneur de la ville. Alors qu'il n'était plus qu'à une dizaine de mètres, Olliver daigna enfin lever sa tête. Galmar regardait avec un petit sourire le visage de son frère qui avait un air fatigué qu'il ne lui connaissait pas. Il fallut plus qu'un œil en moins pour qu'Olliver ne reconnaisse pas à son tour son frère. Après un temps, il se décida à sourire lui aussi.

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