Rhaegar le Dernier Dragon

Chapitre 15 : Un roi pas si fou que ça

3557 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 31/01/2017 19:52

Les couleurs de l’ombre ne sont pas insipides…

Car la noirceur du Mal connaît bien des nuances,

Tout autant que le Mal a de noms.


L’orage éclata avec une fureur renouvelée. La foudre jetait des langues fourchues contre le Donjon Rouge, secouant les ensommeillés qui se décomposaient sur leur couche de fourrures. À l’intérieur des appartements de d’Aerys, le roulement des échos semblait lointain, irréel. Des éclats de lumière bleue se coulaient autour des rideaux de la fenêtre par spasmes flamboyants.

Aerys II Targaryen, dit Aerys le Fol ou encore le Roi Croûte, était tassé sur son siège, buvant coupe de vin sur coupe de vin. D’ordinaire, il n’aurait pas bu davantage que sa vigilance permanente ne le permettait. Mais ce soir, son humeur était plus noire que l’orage au-dehors, et des ennemis, humains ou pas, se seraient introduits chez lui à leurs risques et périls. Son visage cruel était figé dans une rage sombre, et les feux funestes de ses yeux bleus violets s’accordaient à l’enfer clignotant de l’orage. Il vida sa coupe avec un grognement et tendit la main avec précaution vers la cruche de vin. Elle était vide. Il jura et la jeta dans un coin de la chambre, déjà jonché des éclats de cruches précédentes. Le verre épais frappa un objet mou et rebondit sans se casser. Le roi grommela alors un blasphème et alla la récupérer. Il avait l’intention de la fracasser convenablement. Secouant la tête avec dédain, il vida une autre coupe et continua d'observer le vide.

— A trop lécher le cul des seigneurs marchands, laissa enfin tomber Aerys avec mépris, on finit par attraper des coups de pied. C'est ce qui risque de t'arriver, si tu continues à fréquenter les orientaux.

Une silhouette jaillit de l’ombre, le prince Rhaegar avait le visage blême, parce qu’il ressentait de la souffrance mais aussi de la honte devant ce père qui se montrait si peu digne de son sang et de son rang de roi des Sept Couronnes. Il n'était rien d'autre qu'un enragé, un de ces personnages dont on se disait que le monde irait mieux s’il venait à en disparaître. Il portait sa violence et sa hargne contre tous ceux qui s’opposaient à lui, frappait les faibles comme les forts, et ne respectait rien : ni les Sept, ni sa famille, ni ses conseillers – qui bien souvent avaient cherché à le ramener à la raison ou à calmer ses ardeurs destructrices. Si certains le traitaient de démon, ils étaient en dessous de la vérité : Aerys était un Dragon sauvage, et tout chez lui rappelait le monstre disparu depuis deux siècles. Il en avait la chevelure longue et hirsute, le regard acéré, la mâchoire saillante, des ongles semblables à des griffes, une maigreur cadavérique. Pour lui, l’univers n’était qu’une proie. Tous le craignaient, ses ennemis, comme ses alliés. Aerys n’avait pas d’amis, n’en avait jamais eu, et n’en voulait pas. Tout ce qu’il voulait, c’était…

À vrai dire, il n’en avait aucune idée. Ce qui le rendait encore plus fou de rage. 

— Vous étiez au courant ?

— Oui je l’étais, de même que pour tes projets matrimoniaux. Une princesse de Dorne, hein ? Une idée de ta mère ?

— Son idée, oui. Après avoir humilié les Lannister, il fallait bien réparer votre bêtise.

— Ma bêtise ! hurla un Aerys fou de rage. Tu voulais peut-être que je marie l’héritier de mon royaume à une fille qui chevauche son frère jumeau ?

Rhaegar croisa les bras et le regarda, à la fois intrigué et surpris.

— De qui tenez-vous cette information ?

— De sources biens informées.

— Sans vouloir vous vexer père, vous avez-vous même épousé ma mère qui était aussi votre sœur… 

— C'était à cause d'une stupide sorcière des bois qui avait un jour auguré à ton imbécile de grand-père que le Prince qui fut promis serait de ma lignée. Le vieux roi ordonna nos noces et tu peux voir le résultat ! Ta mère me déteste, et toi aussi tu me hais ; vous voyez en moi un monstre, alors que je ne fais qu'essayer de sauver un royaume à la dérive.

Aerys se leva et fit quelques pas en direction de sa fenêtre qui dominait les jardins royaux.

— Je suis peut-être fou, mais pas stupide. Réponds à ceci, prince de Peyredragon : si je t’avais dit que la seule façon pour toi de devenir roi consistait à me tuer, m’aurais-tu tué ?

— Oui, assura-t-il sans hésiter. Pourquoi ne l’avez-vous pas fait ?

Il avait secoué la tête.

— Une bonne question, mon fils, à laquelle il faudra répondre toi-même.

— Comment le pourrais-je ? Je ne connais pas vos pensées.

Aerys se tourna vers lui et le regarda dans les yeux.

— Tous ceux que tu vois dans le palais, requièrent une chose ou une autre de moi. Pourtant, chaque cadeau fait à l’un sera ressenti par l’autre comme un affront. Parmi eux, il y a ceux qui sont loyaux envers leur souverain. Et puis il y a les traîtres. Certains sont loyaux aujourd’hui, qui deviendront des félons demain. D’autres pourraient devenir des traîtres, mais un cadeau de ma part m’assurera leur loyauté… Comment le roi sait-il à qui se fier, qui il faut tuer, qui il convient de récompenser et qui il doit châtier ?

Mal à l’aise, raide, Rhaegar avait admis :

— Je l’ignore.

— Alors apprends. Car, si les dieux le veulent, un jour, tu seras le roi de Westeros. Et ce jour-là, tu te tiendras sur le Trône de Fer et tous ceux qui sont en contrebas viendront te solliciter, ou solliciter ton épouse. Il te faudra connaître leurs pensées, leurs rêves, leurs désirs. Car une fois devant toi, les loyaux et les fourbes te sembleront impossibles à départager. Tous riront de tes plaisanteries, tous pleureront de te voir triste. Ils protesteront de leur amour indéfectible pour toi. Des paroles creuses, vides de sens… A moins que tu puisses lire dans leurs pensées.

— Et vous les connaissez toutes, père ?

— J’en sais assez, sur leurs idées et leurs ambitions, pour assurer ma survie, garantit-t-il en gloussant de rire. Un jour pourtant, l’un d’entre eux me surprendra. Il me plongera une dague dans le cœur, empoisonnera ma coupe ou fomentera un soulèvement pour me détrôner.

— Pourquoi souriez-vous à cette perspective ?

— Pourquoi pas ? Quel que soit mon successeur, il sera fort et malin, et donc bien armé pour régner.

— Ou il pourrait aussi être stupide et avoir simplement beaucoup                  de chance.

Aerys avait acquiescé.

— Dans ce cas, ses jours seraient comptés et un autre le détrônerait                à son tour.

Rhaegar comprit enfin une vérité inquiétante. Son père savait tout, de la tentative d’assassinat, des aveux du tueur, et de ses intentions de déposséder son père. Ce dernier paraissait calme, ou plutôt résigné. Il attendait le verdict de son fils sereinement. Et pourtant le prince voulait plus que tout tuer cet homme, mais sa résolution était en train de faiblir et aujourd’hui il découvrait une facette étrange du roi fou. D’ailleurs était-il vraiment fou ? Ou s’agissait-il d’un masque qu’il utilisait pour tromper les autres ?

— Pourquoi avoir humilié Tywin Lannister ?

— Connais-tu vraiment cet homme, mon fils ?

— Pas beaucoup.

— Moi non plus, même si je connaissais son père, lord Tytos. Un être au caractère affable et irrésolu, accumulant les bourdes et les revers, et plus déconsidéré que jamais. Quand j’ai adoubé Tywin, il est rentré à Castral Roc et à pris en main les affaires de l'Ouest. Il avait commencé à réclamer le remboursement des dettes contractées auprès de la maison Lannister. Son frère, ser Kevan, dirigeait une compagnie de cinq cent vétérans des Degrés de Pierre et peu se refusaient à rembourser ou à fournir des otages quand ils ne pouvaient payer.

— Je connais la suite, le coupa Rhaegar. Tywin a écrasé les nobles qui tentèrent de résister dans leur forteresse de Castamere, et on en a tiré une chanson aussi triste que célèbre.

Les pluies de Castamere, symbole du triste sort de tous ceux qui s'opposent à Castral Roc. Savais-tu qu’il s’était rendu une fois à Lys ?

— Intéressant ! s’étonna Rhaegar. Tywin n’aime pas beaucoup voyager par bateau, pourquoi se serait-il rendu à Lys ?

— C’est ce que j’ignore, tout comme j’ignore pourquoi il tisse en secret des alliances avec les Baratheon, les Tully, et les Arryn.

— Trois grandes familles, trois puissantes armées, tous des guerriers renommés et des chefs militaires redoutés. Tywin envisage un soulèvement ?

— Peut être bien.

A ce moment de leur discussion, Rhaegar fut frappé par une certitude inédite. Il se demanda avec assez d’effarement abasourdi comment il avait pu être aveuglé si longtemps. Ne disait-on pas qu’on ne voyait que ce qu’on voulait bien voir ? Mais ce soir, ses paupières se dessillaient après avoir été obstinément maintenues closes par la virulente animosité qu’il éprouvait pour son père. En un instant, le prince décida de poser la question brutale qui lui brûlait les lèvres :

— Pourquoi feindre la folie, père ?

Aerys répondit sans être pris en dépourvu.

— Tout est dans la feinte, mon fils. N’importe quel imbécile sait juger par la force, et on me juge assez bien pour me sous-estimer.

— Et on ne se méfie pas de ce que vous cachez ! acheva Rhaegar en ouvrant grand les yeux. C’est pour cela que vous avez choisi pour main un homme aussi incapable qu’Owen Merryweather, vous voulez paraître en position de faiblesse !

— Et je suis tout sauf faible. Entre-temps, mes espions et mes ambassadeurs continueront à me faire leurs rapports. À un moment ou un autre, les plans de Tywin deviendront clairs.

— Fort bien.

— Encore une chose… J’ignore ce que t’a raconté ton prisonnier, mais je suppose que tu es assez intelligent pour comprendre que jamais je ne ferais de mal à l’héritier de mon trône.

Rhaegar refusa de regarder son père mais répondit d’une voix maîtrisée.

— Comme je l’ai dit plus tôt, je ne connais pas vos pensées.

— Oh… dans ce cas j’imagine qu’il n’y aura plus de complot de ta part.

Le prince se retira sans répondre.

    

  


Pendant seize ans, le prince Rhaegar avait assisté au Conseil restreint, dont sept sous l’égide de lord Tywin Lannister. Pendant seize ans, il y avait observé la même politique. Et pendant seize ans, il avait été certain d’y retrouver des amis fidèles et des subordonnés diligents. Or ce matin-là, dès qu’il eut franchi le seuil de la Chambre du Conseil, il sut bien vite que tout avait changé.

Autour de la longue table, les conseillers se tenaient en même nombre à peu près que de coutume et la cheminée répandait dans la pièce la même odeur de chêne brûlé. Mais les places étaient différemment distribuées, ou occupées par des personnages nouveaux.

Auprès des membres traditionnels, comme le commandant Hightower de la Garde Royale ou le Grand Mestre Pycelle, Rhaegar n’apercevait ni lord Steffon Baratheon, ni lord Jon Connington, ni Jon Arryn, seigneur du Val. Ils avaient été remplacés par des hommes tels qu’Owen Merryweather, nouvelle Main du Roi, ou Qarlton Chelsted, Grand Argentier de son état.

Quant à Symond Staunton, le maître des Lois, il s’était attribué le siège habituel de Rhaegar. Des vieux serviteurs de lord Tywin, seul demeurait le Grand Mestre Pycelle. Varys salua néanmoins Rhaegar d’une petite courbette, ce dernier le lui rendit d’un bref hochement de tête, puis sans attendre d’invitation prit place en regardant lord Owen avec des yeux de sphinx. Ce dernier convia les autres membres à s’assoir.

Le prince s’adressa au mestre Pycelle, mais de façon à être entendu de tous, il demanda : 

— Messire Darry est-il malade ? Messires Connington, Arryn et Velaryon ont-ils été empêchés, que je ne voie aucun d’eux ? Ont-ils été excusés pour leur absence ?

Pycelle eut un instant d’hésitation et répondit, baissant les yeux :

— Je n’ai pas eu charge de réunir le Conseil. C’est messire Owen qui y a pourvu.

Se renversant un peu sur le siège qu’il venait de s’approprier, Merryweather dit alors, avec une insolence à peine voilée :

— Vous n’avez pas oublié, prince Rhaegar, que le roi appelle au Conseil qui il veut, comme il veut, et quand il veut. C’est son droit de souverain.

— Je n’en disconviens pas, répliqua Rhaegar avec un sourire torve. Mais j’ai coutume de penser et de croire, que les hommes choisis sont ceux qui s’entendent aux affaires, et que les compétences ne se forment pas du soir au matin. 

— Monseigneur ! intervint Pycelle en tremblant, nul ici… ne veut vous manquer de respect… c’est juste que votre situation de… prince…

— Ce que ce Conseil Restreint veut annoncer, intervint lord Chelsted en ignorant Pycelle, c’est que le roi vient d’annuler votre exil et que vous avez désormais une place à nos côtés.

Rhaegar se contentait d’hocher la tête sans répondre. En commerçant avisé il avait deviné qu’on ne donnait jamais une pièce en or sans attendre une monnaie en cuivre, restait à savoir combien de monnaies ces charognes veulaient lui chaparder.

— Fort bien. De quoi est-il question en ce jour ?

— Il est question de vos épousailles, répondit Merryweather avec son arrogance coutumière. Votre devoir est de pourvoir à la succession du trône, et pour cela, il vous faut une femme…

Et puis comme il resta court, Chelsted reprit la parole.

— Lord Merryweather considère donc que vous devez, dès à présent, rechoisir une épouse, et son attention s’est portée sur lady Imilcé Bracken. Nous souhaitons ouïr votre avis avant d’envoyer une ambassade.

Ce « nous souhaitons » frappa désagréablement plusieurs membres de l’assistance. Était-ce donc la Main du Roi et le Grand Argentier qui régnaient ? Rhaegar inclina les yeux vers lord Chelsted.

— Ainsi donc, murmura-t-il, voilà ce qui s’appelle « beurrer le gland avec du mildiou ».

Puis, à voix haute :

— Quel est l’avis de lord Varys sur ce projet ? demanda-t-il.

Varys s’adossa contre son siège et déclara d’une voix mielleuse :

— Lady Bracken a sûrement de grandes qualités pour être reine, dit-il, puisque la pensée royale s’est arrêtée sur elle. Mais à part qu’elle est             la nièce de monseigneur Merryweather, ce qui bien sûr suffit à nous la faire aimer, je ne vois pas trop ce que son alliance apporterait au royaume, de plus je n’aperçois aucune raison d’écarter la princesse Elia Martell, avec laquelle une alliance avec Dorne est plus que souhaitable.  

Merryweather était devenu rouge, et son genou s’agitait sous la table. Chacune des phrases de Varys contenait une fourberie contre lui.

— La vertu d’une reine, s’écria-t-il, vaut mieux qu’une principauté ! Les belles alliances de la maison Lannister, que vous aviez si bien ourdies, n’ont pas tourné à un tel avantage qu’il faille vous prendre encore pour juge en la matière. Honte et chagrin, voilà ce qu’il en a résulté.

— Oui, cela est ainsi ! déclara brusquement le Grand Argentier Chelsted.

— Tiens donc, intervint Rhaegar d’une voix douce, pourtant si je me souviens bien, vous n’y paraissiez point hostile à l’époque, ni non plus par la suite, puisque vous avez choisi de marier votre fils à la sœur de lord Reginald Lannister dans l’espoir de vous rendre plus proche de lord Tywin.

Merryweather accusa le coup. Il avait cru, en effet, fort habile d’unir son fils aîné, à la sœur cadette de lord Reginald Lannister, un cousin de Tywin. La fille s’appelait Johanne la Boiteuse, parce qu’elle avait une jambe plus courte que l’autre.

Varys poursuivit :

— La vertu des femmes est chose incertaine, Ser, autant que leur beauté est chose passagère ; mais les terres restent. Le royaume, ces temps-ci, aura plus à gagner de s’accroitre par les mariages que par les guerres. La reine Rhaela a adroitement choisi le parti de son fils, car la princesse Elia est très aimée de son peuple.

— C’est aussi mon avis, déclara Rhaegar d’un ton catégorique. La princesse Elia deviendra reine des Sept Couronnes.

Lord Owen regarda Chelsted et ce dernier opina du chef. La décision finale revenait au prince et ils ne pouvaient rien n’y changer, pour l’instant. Rhaegar prenait déjà de l’autorité, et décidant de passer à un autre point de l’ordre du jour, il se tourna vers le Grand Argentier qui trembla devant son regard inquisiteur.

— L’état du trésor, lord Chelsted.

— Il est presque vide… monseigneur. C’est-à-dire qu’il y reste à peine assez pour honorer les paiements pendant cinq mois, et attendre de nouvelles rentrées, mais rien de plus.

— Et pourquoi, à votre avis, sommes-nous dans cette pénurie ?

— Parce que les tailles d’impôt rentrent mal quand on les prend sur un peuple en disette. Parce que les lords rechignent à payer les aides. Parce que le prêt consenti par la Banque de Fer a servi pour régler aux mêmes seigneurs les soldes de la dernière expédition de Sombreval…

— Pourtant vous deviez savoir, que payer tribut à son ennemi lorsqu’il est puissant, et payer encore pour qu’il ne le soit plus, est une double opération qui, vous en conviendrez, ne rapporte guère. Au moins faudrait-il savoir ce qui va suivre, et si l’on a chance de se rattraper, répliqua Rhaegar en joignant ses deux mains.

Tout le monde se tut, et Varys nota avec amusement le trouble de lord Owen et du Grand Argentier. Le prince les regarda tour à tour puis haussa les épaules et se tourna vers Pycelle qui semblait hésiter à demander quelque chose.

— Vous pourriez… Monseigneur… apporter votre concours pour redresser le trésor royal… Vous avez fait fortune et…

— Voulez-vous que je vous conseille sur la manière de placer des fonds ? demanda Rhaegar en souriant. Avez-vous des possessions à placer en bonnes marchandises qui doubleront de prix dans les six mois à venir ? Désirez-vous quelques parts dans le commerce de navigation qui se développe fort en ce moment où l’on doit apporter par mer tant de choses qui manquent ? Voilà des services que je serais honoré de rendre au royaume… je me trompe ? 

— Non, il ne s’agit point de cela, dit vivement lord Chelsted.

— Je le déplore, Messieurs ; je le déplore pour vous. Les meilleurs gains se font par temps de pénurie…

Merryweather déclara d’une voix brusque

— Ce que nous souhaitons, présentement, c’est que vous nous avanciez un peu d’argent frais… pour le Trésor.

— À combien se monte votre besoin ?

— Cent mille dragons d’or.

Dans ce chiffre, Merryweather avait calculé cinquante mille pour couvrir les dépenses en jeux de joute et en fêtes en l’honneur du roi, mille pour Qarlton Chelsted, et le reste pour faire face à ses propres embarras les plus pressants.

Rhaegar jeta un coup d’œil à Varys qui haussa les épaules, puis se tourna vers les deux hommes.

— Pourquoi vous faut-il au juste ces cent mille dragon d’or, Messieurs ?

— Je vous promets de vous fournir un rapport détaillé de nos besoins, prince Rhaegar, intervint Chelsted avec un air de renard. Accepteriez-vous de nous prêter cette somme ?

— Pas avant de recevoir le rapport en question, et j’espère pour vous qu’il sera convaincant, pour justifier une somme si importante.

A ce moment un domestique arriva et murmura à l’oreille de lord Owen des mots qui le firent trembler violement. Il se tourna vers Rhaegar puis vers les membres du Conseil Restreint.

— Le roi est… le roi est mort.     


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