Le Dernier Dragon II : « Jon Snow »

Chapitre 1 : L'enfant abandonné

3662 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 06/03/2017 17:53

Résumé :

Quelques années après la guerre du Nord, le royaume sous l’égide du roi Rhaegar est de nouveau troublé par les agitations de la maison Baratheon, sans compter la menace d’un prochain conflit contre la maison Feunoyr, rivale de la maison Targaryen et prétendante au trône des Sept Couronnes.

Dans ce tourbillon d’événements, le jeune Jon Snow devra se battre pour obtenir l’attention du roi et se libérer de son statut de bâtard. Mais les intrigues le rattrapent, qui est donc son père ? Et pourquoi Eddard Stark l’a-t-il abandonné à l’âge de six ans dans la capitale ? Pourquoi tout le monde le regarde-t-il comme une bête curieuse, allant jusqu’à susciter au pire le mépris ?

La vérité est dans l’ombre du Trône de Fer.







CHAPITRE 1


Une savoureuse odeur de farine, de beurre chaud et de miel flottait autour de l’éventaire en attirant tous les passants gourmands à la ronde.

— Chaudes, chaudes les oublies ! Tout le monde n’en aura pas. Allez, les damoiseaux, mangez ! Chaudes les oublies ! criait le marchand qui s’agitait derrière un fourneau en plein air.

Il faisait tout à la fois : étalait la pâte, retirait du feu les crêpes cuites, rendait la monnaie, surveillait les gamins pour les empêcher de chaparder.

— Chaudes les oublies !  

Il était si affairé qu’il ne remarqua pas le client dont la main gantée laissa glisser une piécette de cuivre, en paiement d’une crêpe dorée, croustillante et roulée en cornet. Le marchand releva les yeux et resta bouche bée en apercevant celui qui avait acheté l’oublie pour l’enfant qui l’accompagnait. C’était un homme de très haute taille, aux yeux bleus et pâles, qui portait une cape en fourrure de loup, et une tunique demi longue… Avant que le marchand ait pu amorcer une courbette ou balbutier une parole, l’homme s’était déjà éloigné, et l’autre, bras ballants tandis que sa nouvelle fournée d’oublies était en train de brûler, le regardait s’enfoncer dans la foule.

Culpucier, aux dires des voyageurs qui avaient parcouru l’Orient et les Cités Libres, ressemblait assez aux bazars de Braavos ou de Qohor. Même grouillement incessant, mêmes échoppes minuscules tassées les unes contre les autres, mêmes senteurs de graisse cuite, d’épices et de cuir, même marche lente des chalands gênant le passage des ânes et des portefaix. Chaque rue, chaque venelle, avait sa spécialité, son métier particulier ; ici les tisserands dont on apercevait les métiers dans les arrière-boutiques, là les savetiers tapant sur les pieds de fer, et plus loin les selliers tirant sur l’alène, et ensuite les menuisiers tournant les pieds d’escabelles.

Il y avait la place Poissarde, la rue Belette, la rue de l'Acier toute résonnante du bruit des enclumes. Les orfèvres, installés le long du quai qui portait leur nom, travaillaient devant leurs petits réchauds. On apercevait de minces bandes de ciel entre les maisons de bois et de torchis, aux pignons rapprochés. Le sol était couvert d’une fange assez malodorante où les gens traînaient, selon leur condition, leurs pieds nus, leurs patins de bois ou leurs souliers de cuir.


Lord Eddard Stark arriva enfin à l'Anse-Pissat, ou le quartier des Tanneurs, un endroit mal famé mais nécessaire pour rencontrer le Maître des Chuchoteurs. L’enfant qui l’accompagnait jetait des regards apeurés, et tenait fermement la rude main qui enserrait la sienne comme dans un étau. Et pourtant elle était chaude et sans méchanceté ; ferme, tout simplement.

Le garçon suivait son oncle Ned, et ce dernier entra dans une taverne qui ressemblait plus à une niche de chien qu’à un établissement de renom. Nombreuse était la clientèle qui buvait une bière que certains auraient qualifiée de pisse d’âne. Un autre noble aurait trouvé l’endroit inapproprié pour un lieu de rendez-vous, mais Eddard Stark avait tout de l’homme du Nord, fier certes, mais pas niais. Le lieu était parfait pour une rencontre secrète.

Lord Eddard Stark voulait s’entretenir avec dame Serala d’Asshaï, la Perle Noire du Dragon, surnommée aussi la Main Gauche du souverain. L’actuelle Main ser Jon Connington avait tout du général en chef des armées, et en ce moment il accompagnait Rhaegar pour mater la rébellion des Greyjoy sur l’île de Pyke. Le royaume était donc gouverné officiellement par la reine Elia, mais c’était Serala qui détenait le vrai pouvoir, avec son propre réseau de collaborateurs et d’espions. Ned devrait donc négocier avec lord Varys, puisque ce dernier en référait directement à sa maîtresse.

Il y avait d’abord les affaires.

Certes le Nord était presque un continent, dont Blancport assurait le commerce maritime. Mais les revenus qu’il en tirait ne couvraient qu’à peine les intérêts des emprunts. Les prêteurs de la Banque de Fer se faisaient plus difficiles. Il devrait donc négocier habilement avec le Maître des Chuchoteurs, lui un soldat qui n’avait été formé que pour combattre dans la mêlée, mais peu importait.

Il entra déterminé au salon qui se trouvait au premier étage. Ce dernier était somptueux, et Ned fut surpris de constater qu’il rivalisait avec son salon de Winterfell avec ses tapis de Myr, et ses tables en acajou de Qohor. Il fit signe au garçon qui l’accompagnait de prendre place, pendant qu’il discutait avec le Maître des Chuchoteurs.

— Lord Stark.

— Lord Varys.

— Je ne voulais pas me présenter au Donjon Rouge, mais adressez à dame Serala l’assurance de mon entier respect et de ma dévotion pour le roi.

— Je n’y manquerai pas lord Stark, mais je crois qu’il est question d’une affaire plus sérieuse que cette touchante formule de politesse. De quoi s’agit-il ?

— De mes arrérages, lord Varys. L’impôt du roi à saigné mes finances, et je trouve à peine de quoi offrir à mes gens d’armes des cottes de maille digne de ce nom, C’est plus de vingt mille dragons d’or à cette heure qu’on me doit, et sur quoi la Banque de Fer me prête à usure.

— Nécessité fait loi, lord Stark. N’oubliez pas que vous devez encore à la couronne la somme exacte de quatre mille quatre cent dragons d’or comme tribut.

— Mon trésor est presque vide, comment voulez-vous que je m’acquitte de cette somme titanesque alors que j’ai à peine de quoi entretenir une place forte ? 

Varys haussa les épaules.

— Demandez à lady Catelyn de ralentir son train de vie coûteux. À ce qu’on dit, elle adore accumuler robes et parures…

— Prenez garde, lord Varys…

— Lord Stark voyons… murmura le maître espion d’une voix mielleuse, je ne voulais pas vous manquer de respect, seulement vous inciter à mieux contrôler vos dépenses. J’ai crus comprendre qu’une fille venait de naître… Sansa je crois… qui se mariera un beau jour. Vous n’ignorez pas ce qu’une fête d’épousailles peut coûter, dans ce cas vos dettes ne s’accumuleront que d’avantage.

Ned garda le silence et Varys le scruta un bon moment. L’heure était venue de lancer l’appât.

— La roi est prêt à alléger vos impôts, car nous ne tenons pas à ce que le Nord s’affaiblisse.

— Dans ce cas, dites-moi ce que je dois faire, ou ce que le Nord doit encore supporter pour prouver notre fidélité au roi ?

— Rien de plus que participer au projet de l’unification de la monnaie dans le royaume.

Ned accusa le coup. Auparavant les grands seigneurs fabriquaient ou faisaient fabriquer, concurremment avec la monnaie royale, leurs propres pièces d’or et d’argent qui avaient cours en leurs fiefs ; et ils tiraient de ce privilège une grosse source de profit. Accalmie avec ces cerfs d’argent et d’or, Hautjardin avec sa monnaie du Bief, et même Castral Roc avec sa propre monnaie dorée.

Rhaegar jouait sur le long terme. Avec le temps, les targaryens deviendraient incontestablement les vrais rois des Sept Couronnes.

— Soit ! Le Nord participera à ce projet.

— Donc, tout est pour le mieux !

— Autre chose !

C’est alors qu’il fit volte-face et souleva le petit garçon comme un chiot par le collet, et prononça des mots durs que l’enfant pouvait comprendre, et n’oublierait jamais.   

— Ça fait six ans que je le nourris à ma table et aucune nouvelle de son père. Jamais une visite, alors que d’après ma sœur, il sait parfaitement qu’il lui a fait un bâtard.

— Je vois… susurra Varys en examinant le garçonnet. Soyez sûr que le roi fera tout ce qui est nécessaire pour prendre soin de…

— Sa place n’est pas avec nous, il est à moitié Stark, ce qui fait de lui une bouche de plus à nourrir. Je ne veux pas le voir grandir aux côtés de mes enfants et de mon épouse qui l’a déjà en horreur. Que son père le reprenne ! Je veux pouvoir enfin marier ma sœur, sans que ce morveux toujours dans ses pattes, n’entache indéfiniment la réputation exécrable de chienne que lui a faite le Roi, et n’éloigne par sa présence inopportune tous les prétendants dignes de son rang ! Alors prenez-le et refilez-le à son créateur.  

Là-dessus, il le lâcha si soudainement que le pauvre enfant s’étala sur le sol de pierre aux pieds de Varys. Il s’assit, pas trop meurtri pour autant qu’il s’en souvenait, il leva les yeux pour voir ce qu’il allait se passer entre les deux hommes, mais Eddard Stark tourna brusquement le dos et s’éloigna en faisant flotter sa cape en fourrure. Varys resta un moment à regarder cet homme du Nord s’en aller, puis contempla à nouveau le petit bâtard. Ses traits n’exprimaient aucune surprise particulière, comme s’il savait déjà ce qu’il allait faire.

— Viens avec moi, mon garçon.






* * *



Le chemin entre la taverne et le palais était plus court. Une fois arrivés au Donjon Rouge, l’enfant suivit Varys à petits pas dans un couloir éclairé distribuant plusieurs pièces, au mobilier spartiate et aux fenêtres encore munies de volets pour repousser les frimas de l’hiver –pourtant moins rigoureux qu’au Nord. Ils arrivèrent finalement devant une double porte aux battants de bois patinés et décorés de somptueuses gravures de dragons. Varys y frappa un coup avant d’entrer le premier en faisant signe au garçon de l’attendre là. Resté seul, ce dernier regarda de tous côtés sans savoir où il se trouvait. Sa seule envie : retrouver les bras tendres de sa maman qui l’avaient serré avant qu’on ne l’en arrache brutalement. Il n’avait pas d’autre souvenir et pas d’autre désir.

La porte se rouvrit enfin, et Varys lui fit signe d’entrer. L’enfant obéit sagement et le maître espion referma derrière lui. La pièce était aussi chaude que le couloir avait été froid, aussi vivante que les autres avaient été désertes. Un feu brûlait dans une énorme cheminée et répandait une chaleur agréablement parfumée de résine. Une table immense était placée obliquement par rapport à la flamme.

C’est là qu’il aperçut une femme aux yeux effrayants. Elle était d’une beauté éclatante, ostentatoire même, qu’elle prenait soin de souligner dans ses moindres détails. Ses boucles noires, qui retombaient en cascade sur ses épaules, réfléchissaient la lumière telles les plumes d’un paon, et ondulaient à chacun de ses mouvements, mais son regard était d’acier. L’enfant trembla de peur mais se tint droit : pas question pour lui de passer pour un froussard, ou un faiblard.

La dame se leva et s’approcha de lui en faisant bruisser sa longue robe noire. Elle saisit l’enfant par le menton, lui releva la tête avec désinvolture et la tourna vers la gauche puis vers la droite. Le jeune garçon sentit la colère et la révolte l’envahir : il avait déjà l’habitude d’être traité de cette manière. On lui reprochait quelque chose qu’il ignorait, et pourtant il avait été très sage, pourquoi cette femme le traitait-elle méchamment ? Elle était pourtant si belle…

De sa compréhension d’enfant, il croyait que toute femme belle devait être gentille comme sa maman. Et cette dame mystérieuse l’était au plus haut point : une gorge magnifique, largement dégagée, ornée d’un joli petit ruban de velours noir et d’une belle perle blanche scintillante ; des sourcils réguliers et de longs cils soulignés de khôl, des lèvres fières. Et ces deux rondeurs, enserrées dans du tissu noir et de la dentelle blanche, qui se soulevaient à chacune de ses respirations…

— Alors c’est lui, le bâtard ?

Elle tordit légèrement les lèvres.

— Regarde-moi dans les yeux, petit.

L’enfant frémit et rentra la tête dans les épaules. Non, cette femme n’était pas gentille, son regard était comme un lac abyssal, étrangement brillant, froid et mauvais. Des yeux terribles.

Cette dernière se tourna vers Varys. À la lumière du jour, la perle qu’elle portait scintilla de mille feux.

— Oui, Varys, déclara-t-elle. Cela ne fait aucun doute. Il suffit de regarder ses yeux noirs pour savoir qu’il y a quelque chose en lui. C’est le sang du dragon et du loup, à n’en pas douter, un beau mélange il me faut l’avouer.

— Je ne m’intéresse pas à son ascendance, répondit calmement le maître espion.

— Il est grand pour son âge, poursuivit la dame en continuant à le jauger.

Le garçon bouillonnait de colère ; il luttait contre l’envie irrésistible de hurler aussi fort que le lui permettraient ses poumons, de taper du pied et de s’enfuir, en renversant au passage le vase sur la table et en claquant la porte si violemment que l’enduit du plafond s’effriterait.

Mais indifférente à ses sentiments profonds, la femme continuait à le scruter avec intensité.

— Il s’est pas mal développé… A-t-il souffert d’habituelles maladies infantiles ? Ah ! J’oubliais… Cela non plus, tu n’as pas dû le lui demander.

— Non.

— D’ici une semaine, quinze jours au plus, je parie que la mère se présentera en pleurnichant à la porte des cuisines parce que son gamin lui manquera.

— Je ne pense pas. La mère épousera un quelconque nobliau nordien et l’aura oublié, c’est sûr.

L’enfant remarqua soudain l’expression de pitié de la méchante femme, mais elle s’effaça aussitôt et elle eut seulement l’air contrarié ou légèrement agacé.

— Bon, dit-elle dans le silence de la salle. Il faut s’occuper de lui, au moins jusqu’à ce que le roi soit revenu. Allons, suis-moi, mon garçon. Nous n’avons pas beaucoup de temps, ce serait un péché de le perdre.

Le garçonnet eut du mal à empêcher ses mains de trembler ; il avala sa salive et lança un regard interrogateur à Varys. Le visage               du maître espion était grave et semblait inquiet ; le sourire qu’il afficha en réponse à la question muette de l’enfant manquait terriblement de sincérité.

— Tu vas suivre dame Serala à présent, dit-il. C’est elle qui sera ta tutrice pendant un certain temps.

L’enfant baissa la tête et serra les dents.

Je vais m’enfuir cette nuit, décida-t-il. Je vais retourner chez ma maman. Je volerai un cheval dans l’écurie et ils ne me reverront plus jamais !

— C’est ça ! dit Serala à voix basse.

Varys surpris releva la tête. Et le garçon sursauta de frayeur, parce que la méchante femme était une sorcière, comme celle des histoires que vieille Nan racontait le soir.

— Pardon ? Tu as dit quelque chose ?

— Non, rien, répondit Serala dans un sourire. Tu as simplement cru entendre quelque chose. Ou peut-être est-ce moi ? Garde à l’œil ton protégé, Varys. Il sort ses griffes comme un chiot. Il a des éclairs dans les yeux, est prêt à bondir, et, s’il pouvait filer en douce, il le ferait. Un vrai petit loup ! Il faudra bien le tenir en laisse et lui limer ses petites griffes.

Cette fois Varys sortit de sa réserve et vola au secours du pauvre garçon.

— Je t’en prie, ma mie, un peu de bonté et d’indulgence. Ce n’est quand même pas de sa faute s’il est né bâtard.

— Je sais, dit-elle irritée. C’est son royal père qui a culbuté la gueuse. Laissons cela ! Pour ce qui est de la compréhension, je pourrais lui en témoigner, mais quant à avoir du cœur, je prévois quelques difficultés dans ce domaine puisque j’en suis notoirement dépourvue.

Varys haussa les épaules.

— Qu’allons-nous faire de lui ? demanda-t-il. Je ne peux en faire un oisillon, tout comme je ne peux mettre un terme à sa vie. J’ai fait des choses cruelles mais pas à ce degré.

Serala éclata de rire et déclara plus amusée que jamais.

— Etranges créatures que sont ces Westriens ! Ils ne voient d’avantage nulle part chez un bâtard. Regarde-le Varys, le voici devant toi aussi, fort et plein de ressources. Son ascendance est aussi royale que celle de Vyseris, bien qu’il soit né du mauvais côté des draps et tu te demandes quoi faire de lui ?

Elle se pencha en avant et poursuivit d’une voix limpide :

— Laisse-le-moi mon cher Varys. J’en ferai un instrument, une arme, un camarade même. Je le façonnerai et d’ici dix ans vous commanderez sa loyauté. Au lieu d’un bâtard insatisfait qui ne demandera qu’à se laisser persuader de prétendre au trône, tu auras un homme de confiance uni à la famille par l’esprit autant que par le sang.

Serala se tut, puis poursuivit d’une voix puissante :

— Un bâtard Royal, c’est une créature unique. Passe-lui une chevalière au doigt, envoie-le en mission, et tu as un diplomate qu’aucun souverain étranger n’osera refuser. On peut le mandater là où l’on ne peut risquer un prince du sang. Imagine tous les usages d’un homme qui est de lignée targaryenne et qui, en même temps, n’en est pas ! Échange d’otages, alliances maritales, missions discrètes, diplomatie du poignard, et j’en passe !

Le maître espion réfléchit un moment puis, opina du chef :

— Le roi avait raison de te garder à ses côtés, même après son mariage. Tu es une créature aussi fourbe que diablement belle, ma mie, que les Sept protègent tes ennemis.

Sans attendre sa réponse, le maître espion se retira et le petit resta donc seul avec Serala. Elle secoua ses boucles noires qui s’enroulèrent comme des serpents et poussa un soupir.

— Viens ici.

Il s’avança avec circonspection, une fois qu’il fut devant elle, elle tomba sur un genou pour se mettre à sa hauteur.

— Comment tu t’appelles ?

— Jon… Snow…

— Maintenant écoute-moi attentivement, Jon Snow : tu vas rester avec moi, jusqu'à ce que le roi en décide autrement ou que je me lasse de ta compagnie, tu devras observer quelques règles, et faire tout ce que je te dirais de faire. Je vais te donner une chambre qui avoisine la mienne, je t’apprendrai aussi à bien te tenir, et surtout à bien parler. Compris ?

— Oui… madame.

— Je m’occuperai de toi, et je m’en occuperai bien. Si un homme ou une femme cherche à te retourner contre moi en t’offrant plus que je ne te donne, viens me voir, expose-moi l’offre et je la surpasserai. Jamais tu ne trouveras en moi une pleure-misère et jamais tu ne pourras alléguer de ma part un mauvais emploi de tes talents comme prétexte à me trahir. Me crois-tu, mon enfant ?

— Oui madame !

Serala lui sourit, mais d’un sourire étrange que Jon n’arrivait pas à comprendre. Elle parlait d’un ton doux, mais pas comme le ferait une mère pour un enfant. Il ignorait que son destin était scellé à partir de cette minute.

— Bien. Je vais donner quelques ordres te concernant. Veille à t’y conformer. Si l’un ou l’autre te paraît étrange, parles-en à Varys. Ou à moi. Tu n’auras qu’à te présenter à ma porte.

Serala sourit à Jon, et le garçonnet, malgré lui, et en dépit de la peur et de la tristesse qui l’habitaient, dut lui rendre son sourire. Parce qu’il était cette fois doux, bienveillant, sincère. Et très beau.



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