Survivre à Gantz

Chapitre 3 : Bières et briefing

4987 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 04/06/2020 16:30

Les jours suivants se passèrent sans encombres et à dire vrai c'était comme si rien n'avait changé dans ma vie. Le seul truc qui me chiffonna fut d'inventer un mensonge crédible pour expliquer à mes potes pourquoi je n'étais pas là le jour du travail de groupe. Sans compter que j'allais devoir assurer pour finir le semestre avec la moyenne. Mais, le sentiment me faisant penser que tout ceci n'était que secondaire ne m'avait pas quitté. J'étais mort et j'étais revenu, la vie était trop précieuse pour se laisser aller, ou pour se pourrir la vie avec des détails comme le travail ou les études. Je changeais donc ma façon de voir les choses, j'allais chérir ma vie en y donnant un mélange subtil. D'une part j'allais fournir plus d'efforts pour ne pas la foutre en l'air. Ça voulait dire faire de bonnes études, obtenir un bon travail afin d'avoir un rythme de vie agréable. Mais aussi ne pas compter que là dessus, je devais prendre soin de moi. Je devais aussi faire des choses que je n'avais jamais fait et que je rêvais de faire, profiter de tout ce temps au maximum. Cette résolution pouvait sembler futile quand on connaissait mes habitudes laxistes, mais je décidais de m'y tenir. Je me mis à faire du sport, je me préparais même un programme à suivre chaque semaine ainsi que des petits exercices quotidiens. Je m'obligeais à bosser mes cours deux heures par jour chaque soir ainsi qu'une autre heure en journée à la bibliothèque de l'université. J'arrêtais de fumer aussi...il y avait déjà bien assez de choses dangereuses en ce monde alors je n'allais pas continuer à me pourrir la santé tout en payant pour le faire. Je me mis à dessiner aussi, une passion que j'avais depuis enfant mais que j'avais abandonné depuis mon arrivée au lycée. Je me mis aussi à écrire, non seulement le récit de ma vie, mais aussi de la fiction me passant par la tête. Qui sait, peut-être qu'un jour je tenterais de publier une histoire.


Deux semaines passèrent ainsi, jusqu'à ce que je reçoive des nouvelles. Lucie m'envoya un message alors que je finissais un cours pour m'inviter boire un verre chez elle avec son adresse. A ma surprise elle vivait dans un quartier assez luxueux de la ville où je ne m'étais jamais encore rendu. C'était une large résidence d'appartement bien trop chers pour moi au quatrième étage. Je toquais à la porte et elle m'ouvrit avec toujours ce même sourire et cet esprit jovial. Derrière elle j'apercevais aussitôt Roman, lui aussi très accueillant. Les deux étaient en tenues assez décontractés, pieds nus, presque en pyjama en finalement. Je me trouvais un peu stupide, l'idée de me retrouver dans un quartier de ce genre m'avait fait m'habiller avec de beaux vêtements.


- Alessio, tu es enfin là, tu veux boire quelque chose.

- Oui, volontiers...


On s'installa rapidement dans son salon, une grande pièce avec un tapis épais au sol et deux larges canapés. Ma bière à la main j'attendais de voir comment allait se passer cette soirée.


- Désolé de ne pas t'avoir contacté plus tôt, m'expliqua Roman, on a été pas mal occupés de notre coté et...comment dire, on ne savait pas vraiment comment s'y prendre.

- Comment ça, demandais-je.

- Et bien...hésita Roman, tout ce que tu as vécu, la mort, les téléportations, les missions, les points...on vit la même chose depuis presque un an avec Lucie.

- Un...un an !

- Je vais essayer de tout te raconter, continua Roman.


Il prit une longue gorgée de sa propre bière et se lança dans son discours.


- Je suis mort dans un accident de voiture au mois de mars l'année passée, et comme toi, je me suis retrouvé dans cette pièce, entouré d'inconnus, pour la première fois, sans avoir la moindre idée de ce qui se passait ou de ce qui allait se passer. Certains étaient comme moi, ils portaient leurs vêtements habituels, mais il y en avait quelques uns qui portaient cette combinaison noire. L'un d'eux a eut la gentillesse de m'expliquer ce qui se passait comme il pouvait mais je n'y ai pas cru. Comme toi je me suis retrouvé téléporté, et avant que tout ceci ne fasse sens, à me battre avec les autres contre un monstre.

- Le même genre de monstre ?

- Non, un différent, mais tout aussi monstrueux.

- Je suis morte pour ma part quelques temps plus tard, continua Lucie, dans un incendie et j'ai vécu la même chose.

- Lucie est arrivée durant la mission juste après moi.

- Comment ça juste après...


Ils se regardèrent tous les deux, visiblement embêtés. Si ils n'avaient pas eut de mal à expliquer ce qui se passait dans la pièce, certainement grâce au stress du moment, ils peinaient à me faire comprendre maintenant que nous avions du temps devant nous.


- Lucie et moi avons déjà participé à plusieurs missions, la dernière, celle où tu étais présent, était la sixième pour moi, la cinquième pour Lucie.

- Ce qu'il faut que tu comprennes Alessio, c'est que, à un moment où à un autre, nous serons tous les trois de nouveau téléportés dans cette pièce et nous allons devoir à nouveau nous battre. Cela peut-être demain, dans une semaine, ou dans un mois, mais il y aura une autre mission, puis une autre, et encore une autre.

- Vous voulez dire que l'on va encore devoir risquer nos vies, que l'on va devoir se battre pour survivre...encore ?

- Oui, m'affirma Roman, avec Lucie on l'a déjà fait plusieurs fois et on va continuer à le faire, comme d'autres avant nous.

- Quand ça arrivera tu seras téléporté avec nous dans la même pièce, Gantz, la sphère noire nous donnera une nouvelle cible, et il faudra l'éliminer. Il y aura des nouveaux, des gens qui comme nous, seront morts le jour même. Il faudra leur expliquer ce qui se passe, les aider si possible, continua Lucie, même si, comme tu l'as remarqué, ce n'est pas la partie la plus facile.


Je me souvenais bien évidemment de ce qui s'était passé dans la pièce. Au début je suis certain que personne ne les croyait, j'avais moi même eus beaucoup de mal avant de me retrouver en plein combat. Si je débarquais dans la pièce habillé avec la combinaison et me mettant à parler de mort, de monstres et de combat à livrer, j'allais certainement moi aussi passer pour un fou.


- Il y a un moyen pour que ça se termine...je veux dire, reprendre nos vies normales ?


Je posais cette question car c'était le plus important au fond. Si j'étais destiné à revivre la même expérience alors je devais trouver un moyen pour en finir. Reprendre ma vie en main.


- Il y en a un, dit Lucie, tu te rappelles les points que l'on a reçut en fin de mission.

- Oui...je n'en ai pas eu.

- Nous si, 15 points chacun. Ces points on les obtient en éliminant les cibles. Les monstres que l'on rencontre pendant les missions. Chaque monstre vaut un nombre de points différents, plus l'ennemi est fort plus il vaut de points généralement, continua Lucie, et le but, c'est d'obtenir 100 points.

- 100 points, c'est beaucoup commentais-je.

- Pas tant que ça...on a connu des missions très différentes, certaines avec plus d'ennemis, certaines avec des monstres encore plus forts. Je t'ai dit que lorsque je suis arrivé, il y avait des gens qui portait la combinaison. Des gens qui se battaient depuis avant mon arrivée, expliqua Roman, l'un d'entre eux a réussi à gagner 50 points durant une seule mission.

- Et qu'est-ce qu'on fait de ces 100 points ?

- On ne l'a vu qu'une fois, expliqua Lucie, mais on s'en souvient très bien, avec 100 Points, Gantz nous offre trois choix. Le premier, obtenir une meilleure arme...pour continuer à se battre je suppose.

- Pour continuer ? Et pourquoi ?

- Je ne sais pas...il y a des fous partout tu sais, commenta Roman.

- L'autre choix c'est d'utiliser tes points pour ressusciter une personne morte pendant une mission, continua Lucie.

- Comment ça ?

- Gantz garde en mémoire toutes les personnes mortes pendant les missions, expliqua Roman, si, admettons, ta femme est dans le lot, ou un très bon ami, tu voudras peut-être le ramener à la vie.

- Les ramener...attendez ça veut dire que l'on peut faire revivre tout ceux qui sont morts durant la dernière mission, le gamin, les deux hommes, la femme.

- Oui...mais pour quoi faire, me demanda Lucie soudainement assez grave.

- Mais parce que...

- Tu les connaissais ? Tu tenais à eux ?


C'était désormais au tour de Roman de me questionner. Je ne savais quoi répondre, mais dans mon esprit la possibilité de ramener les gens à la vie était une bonne chose. Mais visiblement ça ne l'était pas pour eux.


- Ne va pas te faire une mauvaise idée de nous Alessio, continua Lucie plus calmement, ce n'est pas que la mort de ces gens ne nous fait rien, on a vu beaucoup de gens mourir au cours de nos missions...mais essaie de comprendre, si tu utilises tes points pour ressusciter quelqu'un que tu ne connais pas, ou très peu, ça veut dire que tu retombes à zéro et que tu dois recommencer depuis le début.

- Ça veut dire faire plus de missions, combattre plus de monstres, et plus de risques de faire une erreur un jour et de mourir...et ce jour là ce n'est pas dit que quelqu'un sacrifie ses points pour te ramener à la vie, termina Roman.


Pris sous cet angle je comprenais subitement la perversité du système et de toute cette situation. Lucie et Roman n'étaient pas sans cœur, ils étaient simplement humains et cherchaient à se protéger eux mêmes. A bien y réfléchir, autant j'étais désolé d'avoir vu mourir tous ces gens la dernière fois, autant je n'avais pas vraiment repensé à eux depuis. Et au fond, tout ce que je voulais, c'était me sortir de là. Pourtant quelque chose me fit subitement tiquer.


- Mais vous deux, vous êtes en couple non ?


Ils me regardèrent, puis se regardèrent, se prenant la main.


- En effet, on s'est rencontrés là-bas, dans cette pièce...et on est tombés amoureux, dit Roman.

- Pour lui, et rien que pour lui je serais capable d'utiliser mes points pour le ramener à la vie.

- Là où nous voulons en venir, c'est que tu peux utiliser tes points pour ramener quelqu'un, c'est ton choix, c'est un risque que tu prends, alors prends ce risque pour quelqu'un qui compte, afin de ne pas avoir de regrets.


Je buvais une gorgée pensant soudainement qu'il serait plus facile de ne pas m'attacher à qui que ce soit dans cette pièce. Ainsi je pourrais utiliser mes points pour moi sans aucun regret. Et peut-être ainsi je ne m'en voudrais pas trop de voir des gens mourir et les laisser ainsi. Le simple fait d'être ici avec eux et de boire un verre était peut-être déjà de trop. Ils avaient plus d'expérience et devaient eux mêmes en être conscients. Si l'un de nous trois venait à mourir, il est possible que l'un des deux autres viennent à utiliser ses points pour le ramener. Lucie devina certainement mes pensées car elle dit alors.


- Nous t'interdisons, peu importe que tu t'attaches à nous, ou inversement, que tu utilises tes points pour nous ramener.

- Si Lucie ou moi venons à mourir, alors l'autre fera en sorte de le ramener et si on meurt tous les deux, alors fais tout pour t'en sortir...car sache que nous n'utiliserons pas nos points pour te ramener.


La réplique aurait put jeter un froid, mais je comprenais tout à fait leur situation. A dire vrai, je n'avais jamais vraiment envisagé que l'un d'entre eux me viennent en aide. Hormis cette bière et cette conversation, on ne se connaissait pas.


- Je comprends, dis-je simplement, mais quel est le troisième choix alors ?

- Celui qui intéresse tout le monde, répondit Roman, le troisième choix c'est d'être renvoyé, sans avoir à revenir dans la pièce et on voit sa mémoire des événements effacés.

- Sa mémoire...effacée ?

- On ne peut pas vraiment t'en dire plus, on ne l'a pas vécu, précisa Lucie, on suppose que tu oublies tout ce qui est en rapport avec Gantz, les monstres, les combinaisons, etc, et tu reprends simplement ta vie normale.

- Vous en êtes sûrs ?

- Tu te rappelles de ce que j'ai dit, on a connu un type qui a pris ce choix en ayant 100 points, on ne l'a plus vu dans la pièce depuis, expliqua Roman, c'est au moins la preuve que si tu prends ce choix, tu n'as plus à revenir te battre.

- Je vois, donc l'objectif c'est d'avoir 100 points pour...pour se casser finalement.

- C'est ça, fit Roman en se levant et se dirigeant vers la cuisine, quelqu'un veut une autre bière.


Je levais la main montrant ma bouteille vide, Lucie en fit de même, lui demandant au passage de faire chauffer des pizzas. Un silence un peu gênant s'installa entre nous...jusqu'à ce que je demande.


- Je comprends que vous ne voulez pas vraiment vous attachez à moi, déjà que vous tenez l'un à l'autre, ce qui dois déjà être assez compliqué...alors pourquoi m'aider ?

- Nous ne sommes pas des monstres, tu es le premier à survivre avec nous depuis deux missions. Roman et moi on aura bientôt 100 points...on ne voulait simplement pas t'abandonner sans savoir ce que tu allais vivre.

- Je vois...une fois que vous serez partis, je serais le seul à vraiment comprendre ce qu'il se passe, à devoir expliquer aux nouveaux ce qu'ils devront faire.

- Pas si quelqu'un d'autre survit d'ici là, continua Lucie.


Un nouveau silence s'installa alors, je regrettais soudainement d'avoir arrêté de fumer car à cet instant je rêvais de m'en griller une. Pourtant je brisais à nouveau le silence.


- Tu as un très bel appartement...tu dois avoir les moyens.

- Oh...et bien...je gagne bien ma vie, j'ai un prêt à rembourser pour l'appartement...disons que je m'en sors.

- Je suppose que tu ne m'en diras pas plus...pour pas que je m'attache trop.

- Oui...et toi, tu es étudiant ?

- Oui...et je n'ai pas beaucoup de moyens.

- Pas de petite amie, ou petit ami d'ailleurs ?

- Non.

- Et au niveau de ta famille ?

- Des parents, ainsi qu'un petit frère.

- Ah.


Elle parut une peu inquiète.


- Je veux dire, tu as une famille, donc tu manqueras forcément à quelqu'un si tu venais à mourir.

- Je suppose.

- C'est malheureusement le risque, dit soudain Roman en revenant dans la pièce avec de nouvelles boissons, on a tous quelqu'un pour nous pleurer. Mais si on regarde bien la situation, ces gens là auraient normalement dû nous perdre le jour de notre mort. Pourtant grâce à Gantz, et aussi horrible que soient les missions, nous sommes toujours en vie.

- Je lève mon verre à Gantz dans ce cas...même si je risque de crever à la prochaine mission au moins je peux vivre un peu plus longtemps.


Nous partageâmes un sourire et trinquâmes à notre situation faussement heureuse.


- Parler moi des missions plus précisément.

- Nous allions y venir, mais merci de poser la question, dit Roman, les missions sont toujours sur le même plan. On est téléportés dans la pièce avec un groupe d'inconnus morts le jour même, on a généralement entre cinq et dix minutes devant nous avant que la chanson ne se lance. Il y a des armes et des combinaisons pour tout le monde.

- Une fois la chanson lancée, compte encore dix minutes environ, le temps d'avoir le visage de la cible et que le compteur se lance et que l'on soit téléportés sur les lieux de la mission. En gros, si comme nous ici tu y es déjà allé, il vaut mieux avoir déjà enfilé ta combinaison pour ne pas perdre de temps, et vite inciter les autres à le faire, continua Lucie.

- Et comment je pourrais savoir qu'une mission va commencer...

- Comment dire, c'est un peu une sensation, comme un sifflement dans ta tête, ou un frisson sur la nuque...quelque chose d'assez indescriptible. Mais lorsque tu le sens tu dois rapidement enfiler ta combinaison car tu seras bientôt téléporté dans la pièce, expliqua Roman.

- Ensuite, les missions sont toujours les mêmes, généralement plusieurs monstres, dont un « boss » parfois à affronter, tous les éliminer, on rentre, les points et on peut partir, écourta Lucie.

- Ces monstres, que sont-ils ?

- On ne sait pas, des démons, des fantômes...nous on pense que ce sont des aliens, continua Lucie.

- Des aliens ?

- Oui...on parle de technologie futuristes, de téléportations, de combinaisons qui nous rendent plus résistants, plus forts et plus rapides, d'armes qui tirent des impulsions d'énergies qui détruisent les cibles de l'intérieur...on a beau y réfléchir, ça ne peut pas venir de notre monde, commenta Roman.

- Si Gantz est issu d'une technologie extraterrestre, alors pourquoi cette technologie nous enverrais tuer d'autres aliens ?

- On ne sait pas, répondit Lucie, et pour tout te dire on y a pas vraiment réfléchi, on veut juste rester en vie et en finir avec tout ça.


Je les comprenais, mais en même temps je ne pouvais m'empêcher de contenir ma curiosité. Que ferait-une technologie alien sur Terre, et surtout pourquoi utiliserait-elle des humains pour tuer d'autres aliens ? Je n'étais pas du genre complotiste mais j'imaginais déjà un scénario alambiqué ou une société extraterrestre chercherait à éliminer la compétition en utilisant des soldats humains morts pour s'assurer le contrôle du monde dans l'ombre.


- Concernant ces aliens, il va falloir que tu sois très prudent, dit soudain Roman me sortant de mes pensées, la dernière fois tu as eu de la chance, ils étaient forts, mais pas tant que ça...il y aura des cibles bien plus dangereuses.

- Prends nos combinaisons, tu as remarqué qu'elle te rendait plus résistant mais plus tu prends de coups plus elles s'abîment, continua Lucie.

- Oui...je crois savoir, la femme avec qui j'étais, après un moment, un liquide s'est échappé de sa tenue.

- C'est le signe, si jamais ça arrive à ta combinaison, c'est qu'elle ne marchera plus, commenta Lucie, et si jamais c'est le cas, tu dois fuir.

- Ou te battre avec tes tripes pour rester en vie, dit Roman.

- Ça vous est déjà arrivé ?

- Oui, à tous les deux, précisa Lucie, on est des preuves vivantes que malgré ça, il y a moyen de survivre.

- Et le pire dans tout ça, c'est que tu pourras, si tu n'as pas de chance, croiser certains monstres trop forts pour les combinaisons, ou capables d'utiliser des techniques pouvant les détruire, continua Lucie.

- Comment ça ?

- Une fois on est tombé sur un alien qui crachait de l'acide capable de désintégrer les combinaisons, même si elles n'avaient pas été endommagées avant...et ce n'est qu'un exemple, me répondit Roman.

- Il faut donc apprendre à faire confiance à sa combinaison pour être fort et rapide...mais savoir aussi faire sans, selon la situation...car elles ne peuvent pas nous protéger de tout.

- C'est un bon résumé, termina Lucie.


Lentement mais sûrement j'essayais de compiler toutes ces informations dans ma tête, elles étaient nécessaires pour ma survie dans les épreuves à venir.


- D'autres choses que je devrais savoir ?

- Tu as remarqué que nous avions des bombes dans la tête, me demanda Lucie quelque peu inquiète.


Une telle question aurait put me faire perdre mon sang froid si je n'avais pas effectivement vu la tête du chef de chantier exploser sans raison apparente durant la dernière mission.


- Oui...j'ai vu quelqu'un mourir comme ça la dernière fois...je ne comprenais pas trop pourquoi.

- Ces bombes nous empêchent de fuir. Une fois arrivés sur la zone de la mission, le terrain est délimité par une barrière invisible, si tu franchis cette barrière, une sonnerie retentit dans ta tête pour te prévenir avant l'explosion...ce qui fait que les combattants n'ont pas d'autres choix que de retourner sur la zone où se trouvent les monstres et donc de se battre, expliqua Roman.

- C'est bien ce que j'avais cru comprendre par moi même.

- Mais ces bombes ont une deuxième utilité, elles nous empêchent de parler de quoi que ce soit dans le vrai monde, ajouta Lucie.

- Comment ça ?

- Et bien, si tu viens à parler de Gantz, ou de la mission à quelqu'un qui n'en fait pas parti, ou à montrer ton arme ou te faire prendre à utiliser la combinaison..ta tête explose. Tout ce qui entoure Gantz est comme un secret que tu ne peux pas partager, hormis avec ceux qui y participent, précisa la jeune femme.

- Une chance que je n'ai parlé de ça à personne...en même temps si je ne l'ai pas fait c'est que personne ne m'aurait cru. Au moins je sais à quoi m'en tenir maintenant.


Nous approchions de la fin de notre deuxième tournée de bière et je pouvais sentir l'odeur des pizzas jusque dans le salon. Alors que la faim commençait à me tenailler je demandais alors.


- Autre chose que je devrais savoir.

- Pas vraiment, on a bien fait le tour, dit Roman, et vu que tu l'as déjà vécu tu as vite saisi ce que l'on voulait dire sans nous prendre pour des fous...pas comme ceux que l'on rencontre à chaque nouvelle mission.

- Ça ne doit pas être évident...

- Ça ne le sera pas non plus pour toi la prochaine fois, parce qu'on compte sur toi pour nous aider à expliquer ce qui se passe, me répondit-il.


Le four se mit alors à sonner pour nous prévenir que les pizzas étaient prêtes.


- Oh ça me fait penser, dit soudainement Lucie alors que Roman se levait, le compteur !

- Oui, explique lui le temps que j'aille chercher la bouffe.

- Quel compteur, celui de la mission ?

- Oui, il ne faut pas qu'il arrive à zéro, dit-elle d'un air grave.

- Autrement quoi...c'est Game Over et on meurt, comme dans un jeu vidéo ?

- Non, tu es renvoyé dans la pièce et tu perds tous les points accumulés jusque là, ce qui veut dire recommencer depuis le début, donc plus de missions, et donc oui, d'une certaine façon, plus de chances de mourir définitivement.


Roman revint avec les pizzas, et, continuant notre conversation, nous nous mîmes à manger.


- Je crois qu'on a fait le tour, dit Lucie entre deux bouchées, tu vois autre chose ?

- Non, répondit Roman, il ne reste plus qu'à lui montrer comment fonctionne certains trucs.

- Comme quoi, demandais-je.

- Le fonctionnement un peu plus précis des armes, la seule porte que l'on peut ouvrir dans la pièce et Gantz en lui même, continua Roman.

- Tu as des questions, des choses dont on aurait pas parlé qui t'intrigue, demanda finalement Lucie.


Je réfléchissais tout en entamant ma deuxième part. Aussi invraisemblable que soit toute cette histoire, ils m'en avaient fait un bon résumé. J'en avais appris beaucoup mais ils m'avaient aussi confirmé des points que j'avais déjà remarqué. A dire vrai, à ce stade là, je ne voyais pas quoi leur demander. Pourtant il me vint quelque chose, pas une demande, plutôt une précision.


- Dîtes, si je suis votre logique, vous essayez d'aider les gens lorsque vous arrivez dans l'appartement, mais cherchez aussi à ne pas trop vous attacher à eux.

- Effectivement, car malgré nos efforts, la plupart ne survivent pas plus d'une mission...ou deux. Même toi vois-tu, on te donne tous ces conseils mais nous ne sommes pas sûrs que tu sois encore en vie après la prochaine mission, expliqua Lucie, pas que ce soit ce que nous souhaitions hein !

- Non je comprends...vous avez dû voir beaucoup de gens mourir...je n'aimerais pas m'attacher à la première personne venue pour la voir mourir dans l'heure qui suit.

- Sans compter que Lucie et moi avons fait l'erreur de tomber amoureux...si l'un de nous deux venait à mourir alors...ce serait déjà assez difficile comme ça.


Je pesais mes mots dans ma tête avant de les formuler.


- C'est pour ça que lorsque vous êtes arrivés dans la pièce vous vous êtes présentés mais n'avez demandé à personne comment il s'appelait...un peu plus et vous partiez sans même savoir comment je m'appelais.


Ils arrêtèrent de manger et me regardèrent presque à l'unisson, à croire que le couple pensa à la même chose au même instant.


- Encore une fois Alessio, nous ne le faisons pas par cruauté, tu ferais comme nous si tu avais vu autant de gens mourir, dit Lucie un peu abattue.

- Je...enfin, ce n'était pas une critique...juste, je trouve ça bien que vous essayez de convaincre les gens en entrant dans la pièce, et je vous serais certainement reconnaissant lors de la prochaine mission de m'avoir donné autant d'infos...je n'ai juste pas la même vision de la chose.

- Et quelle est ta vision, demanda Roman.

- Je pensais qu'en travaillant en équipe, en obligeant les gens à rester groupés, on augmente les chances de survies de tout le monde.

- Ou on les diminue, tu as bien vu ce que deux monstres de niveau moyen ont fait la dernière fois, commenta Roman, mais je comprends ton point de vue, je n'ai juste pas le même.

- J'ai beau être un peu plus avenante que mon cher et tendre, fit Lucie avec une touche d'humour, je dois dire que j'essaie tant bien que mal d'aider les nouveaux, et malgré tout...aucun n'a survécu.

- C'est en grande partie pour ça qu'on t'a invité pour tout t'expliquer...en survivant à ton baptême du feu tu as certainement plus de chances de t'en sortir, si l'on te donne les infos pour réussir, expliqua Roman.

- Je ne me sens pourtant pas spécial, ni chanceux.

- Nous non plus, répondit Lucie, je suis juste une jeune fille riche et lui un beau gosse, et pourtant il s'est avéré qu'on était naturellement doués pour la baston contre ces monstres, ou aliens...ou quoi qu'ils soient.

- J'espère que je serais au moins aussi doué, fis-je en engloutissant une autre part de pizza.


Nous passâmes le reste de la soirée à parler de détails plus techniques concernant la combinaison et les armes à notre disposition. Mais sans les outils entre les mains, les explications étaient confuses. A les entendre il y avait bien plus de gadgets dans cette pièce que ceux que j'avais aperçus lors de la première soirée. Ils parlèrent rapidement d'un radar, d'un ordinateur, d'un fusil, d'un système de rayon x, de système pour verrouiller des cibles, et même d'une sorte de moto. Ma tête était déjà pleine d'informations mais elle fut bientôt débordée. N'ayant pas les outils en questions sous les yeux, je commençais à sincèrement avoir l'impression d'entendre du chinois. Je décidais donc de partir peu après.


- Comme on t'a dit, soit toujours sûr d'avoir ta combinaison à portée de main, dans un sac, voir même sur toi, avec tes vêtements normaux par dessus. Parce que dès que tu sentiras cette sensation, tu n'auras pas forcément le temps de rentrer chez toi pour te changer, insista Roman.

- Genre si je sens ce truc maintenant, je suis pas dans la merde.

- Euh...ouais, par exemple, me répondit-il.

- Dans tous les cas rentre bien, et à la prochaine Alessio...même si j'aimerais que ce soit dans d'autres circonstances.


Je les quittais, le cœur étrangement serré. Pas que je me sois d'un seul coup attaché à eux, mais plutôt à cause du stress que toutes ces informations causait chez moi.

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