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Chapitre 9 : Tout a un dénouement

4431 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 30/09/2023 18:15

Mars 2006, à la demeure de Carl Neely,

Le détective, âgé de trente-trois ans, se refusant toujours à se considérer comme la réincarnation du tsar Ivan IV le Terrible, est aux aguets depuis la fin janvier, veillant scrupuleusement à la sécurité et à la santé de son épouse et de ses enfants. Mais depuis une semaine, il commence à douter que les espions tenteront d'assassiner sa femme et ses enfants. Il n'y a eu aucun mouvement hostile de leur part jusqu'à maintenant... Il commence même à doute de la pertinence et du bien-fondé de sa conclusion. Il pense qu'il est devenu un peu paranoïaque et mégalomane.

Il explique à son épouse, Hélène, âgée de trente-et-un ans, son enquête officieuse en cours. Enquête sur un sinistre crime dans une demeure hantée qu'il mène parallèlement à une enquête officielle d'un sordide assassinat.

Une fois que le couple s'est parlé, Carl Neely voit à sa droite un esprit errant d'un homme dans la trentaine avec des vêtements salis de sang séché et déchirés par endroits. Proche du cœur, une grande déchirure du vêtement et des traces de coups répétés sont visibles. Le détective, malgré que ce n'est pas la première fois qu'il voit de tel esprit errant, a un frisson qui lui parcourt l'échine en le voyant. Ce dernier lui ordonne sèchement :

— Vous devez m'aider, si vous ne voulez pas que je dérange vos enfants et votre femme.

— Au lieu de me menacer et de dicter ma conduite, vous ferez mieux de collaborer. D'abord, qui êtes-vous ? Déclinez-vous, j'ignore qui vous êtes. Ensuite, dites-moi la raison de rester encore parmi les vivants ? Sachez que je n'ai pas que vous dans la vie! J'ai ma famille et mon travail.

— La déformation professionnelle est évidente, Monsieur. Vous n'êtes pas en interrogatoire pour me forcer à vous répondre... Allez dans la maison et tout vous sera clair.

Sur ces mots, l'énigmatique esprit disparaît, laissant le détective inquiet et perplexe sur ses réelles intentions.


Le lendemain après-midi, Neely se rend dans la demeure hantée. Un atmosphère glauque y règne rendant encore plus oppressant le silence des siècles et la solitude de l'endroit. Il constate plusieurs âmes qui se comportent comme si elles étaient encore vivantes. Elles se promènent sans but, certaines proviennent du siècle passé, d'autres encore plus vieilles. Il discerne dans la masse d'entités invisibles aux autres êtres humains l'homme d'hier qui lui fait signe de le suivre. Il l'amène dans une chambre. En rentrant dans la chambre, un autre esprit errant l'attend. Ce dernier lui souhaite la bienvenue et lance un regard noir à l'autre esprit qui déguerpit immédiatement, ne pouvant soutenir son regard, effrayé. Le détective analyse de la tête aux pieds l'esprit en face de lui : un homme dans la soixantaine, vêtu d'un complet brun foncé du siècle passé, avec des petites lunettes rondes dorées au bout du nez, une cravate autour du cou, quelques cheveux gris et un début de calvitie et des yeux perçants. Quelqu'un qui n'est pas facile à duper ni à connaître ses intentions. Un esprit qu'il a maintes fois vu par le passé. Le passeur d'esprits s'exprime d'un ton neutre et professionnel à l'esprit devant lui :

— Monsieur, vous devez vous décliner et m'expliquez votre raison d'être sur Terre. Je vous aiderais à accomplir vos motifs pour que vous partez dans la Lumière, dans l'Au-Delà.

— Ne me faites pas rire, le Tsar!, s'esclaffe l'esprit errant, je savais que vous viendriez ici! Je vous ai longtemps attendu. Nous répéterons l'Histoire! Non pas l'Histoire du tsar. Il ne m'intéresse aucunement, mais la vôtre. Ma chère et douce, gentille et aimable patiente. Ne vous rappelez-vous pas que je veillais sur vous dès votre plus tendre jeunesse ?

Le détective réfléchit et se souvient d'avoir toujours aperçu cet homme qui le guettait et l'observait, sans jamais dire un mot, sans jamais se présenter. Il s'est senti tel un rat de laboratoire sous la loupe d'un scientifique. Et cet homme se dérobait à ses questions. Cet homme qui était la source de ses terreurs et cauchemars lorsqu'il était petit. Cet homme qui continue même aujourd'hui à le terroriser dans ses cauchemars. Cet esprit est, en un mot, un monstre, un démon, selon le détective, mais il ignore toujours son identité.

— Oui... Mais qui êtes-vous ?

Carl Neely estime que l'esprit errant n'a aucune bonne intention à son égard. Il semble cacher son jeu. Il est clairement son ennemi.

— Vous devez le savoir, le Tsar, réplique l'esprit d'un ton mielleux en s'approchant du vivant, Aller vous-savez-où et tout vous sera évident. Au revoir, ma chère patiente mégalomane, rigide et folle...

— Attendez! Je ne suis pas une femme!, s'indigne le vivant.

— D'accord... Mais vous l'étiez... Vous êtes toujours la même âme... Ma chère Anna, surnommée Nathalie Ivanovna par mon collègue... À la prochaine... Mais sachez que vous n'avez que peu de temps... Le compte à rebours est commencé...

L'esprit errant du psychiatre s'évanouit dans les airs sur ces mots. Carl Neely remarque que les autres esprits se tiennent à distance de lui et le regardent avec pitié. Ce qui augmente son ire.

— Génial!, s'écrit-il, Encore une devinette de fou! ... Il ne me manquait plus que ça! ... Et vous, ...

Carl Neely se tourne vers les esprits des patients autour de lui avec une lueur de colère dans le regard, les effrayant.

— ... Que faites-vous ? Éloignez-vous de ma vue si vous ne voulez pas coopérer avec moi! ... Dites quelque chose pour m'aider...

Il soupire, s'assoit par terre et ferme les yeux.

— Attend, Carl, ... Calme-toi...

Le détective essaie, en se raisonnant, de faire tomber la pression dans sa tête et pour évacuer sa fureur. Il veut retrouver son sang-froid.

— ... s'il a dit le mot patiente, ça veut dire qu'il est médecin, psychiatre ou psychologue... D'accord, mais encore ? ... Quel rapport avec l'autre esprit qui a peur de lui ? ... Un patient aussi ? Un patient qui est traumatisé, effrayé de son psychiatre, psychologue, médecin.

Le détective griffonne ses réflexions sur une feuille de papier et sort de la chambre... pour se rencontrer nez-à-nez avec l'énigmatique esprit errant masculin de la veille qui l'informe sur un ton désincarné et froid pour cacher sa frayeur qui transparaît dans son regard et sur ses mains tremblantes :

— Je vous avertis que cet homme, mon psychiatre, me fait peur et je sais de quel endroit il parle. Il parle de son lieu de travail, l'asile...

Il tourne sa tête à gauche et à droite, en avant et derrière lui, avec crainte et continue d'un ton encore plus faible.

— ... Je suis Carl Smith, surnommé Monsieur l'homicide psychopathe, patient du psychiatre B... Je ne peux dire plus, je ne veux pas qu'il me torture à nouveau... Désolé... Je dois penser à moi... Je ne faisais qu'obéir à mon médecin en vous attirant ici... Toutes mes excuses... À la prochaine.

L'esprit disparaît. Carl Neely fait une tournée de la maison hantée. En discutant un peu avec les habitants invisibles de l'endroit, il comprend que c'était la demeure du psychiatre de son vivant et qu'elle n'a guère été habitée depuis son décès. Le détective note l'adresse dans son calepin.

Revenant au commissariat, à son bureau, le chuchoteur d'esprits cherche les propriétaires du domaine. Il trouve que le dernier propriétaire était un psychiatre et psychologue de renommée internationale pour ses travaux. Un certain Daniel Benazzi qui avait sous ses ordres deux psychiatres, Calvin Byrd et Antony Biermatowicz, chacun s'occupait d'une aile de l'asile. Le premier psychiatre s'occupait des patients plus difficiles et incurables, les psychopathes et déments, surtout des hommes, même s'il y avait quelques femmes. Le second psychiatre s'occupait des cas plus simples, les hystériques entre autres, surtout des femmes, même si des hommes y étaient aussi.


Parallèlement à la réflexion de Carl Neely sur l'esprit errant du psychiatre, Gabriel Lawrence appelle Chasseur/Robert Langowski et Poète/Paul Neely pour les informer de mettre en action leur plan, possible grâce à la collaboration d'Amélie Neely. Plan d'empoisonner Hélène Popović-Neely au moment où Carl Neely aura baissé sa garde. Les deux hommes attendent le bon moment, c'est-à-dire au cours du mois, et se frottent déjà les mains d'anticipation de l'horreur qui se dessinera sur le visage du détective lorsqu'il verra sa femme morte, son âme à l'extérieur du corps.


Le surlendemain, Carl Neely recherche l'emplacement de l'institut psychiatrique où aurait travaillé les trois psychiatres. L'asile est converti en école élémentaire de la ville de Grandview en 1989. Le détective se rend à l'école élémentaire sous prétexte qu'il pense inscrire son plus vieux fils à l'école. Bien sûr, il vient avec sa femme pour paraître plus crédible. Il l'a informé de sa réelle enquête. Le couple visite ainsi l'établissement et le mari constate que plusieurs âmes, des esprits errants des patients, hantent encore l'endroit. Une femme attire particulièrement son attention. Elle chante aux enfants un refrain de la comptine enfantine Promenons-nous dans les bois, surtout le refrain :

« Promenons-nous dans les bois

Pendant que le loup n'y est pas

Si le loup y était

Il nous mangerait

Si le loup n'y est pas

Il nous mangera pas »

Et les enfants répètent le refrain avec elle. Le détective sourit au comportement des enfants. Il profite de sa position pour détailler l'esprit errant féminin. Elle est une jeune femme vers la fin vingtaine, début trentaine, vêtue d'une longue robe blanche aux cheveux de jais longs jusqu'aux épaules et aux grands yeux marrons. Il lui demande son nom et sa raison de demeurer sur Terre, elle lui répond qu'elle s'appelle Jeanne Royer, née Chevallier, et qu'elle reste encore parmi les vivants pour protéger les enfants des influences néfastes de son psychiatre et des psychiatres de l'asile qui se promènent encore pour effrayer les enfants et essayer de les manipuler. Pour qu'elle réussisse là où, de son vivant, elle a échoué.

Carl Neely revient chez lui avec sa femme, tout en lui expliquant ce qu'il a vu, perplexe. Il cherche des informations concernant Jeanne Royer et il fait une demande à la Bibliothèque de la Recherche sur la santé mentale et la Psychiatrie de l'Université Rockland pour avoir accès aux archives.


Le surlendemain, Carl Neely se rend à la Bibliothèque pour consulter les archives concernant les cas de Jeanne Royer, de Calvin Byrd, d'Antony Biermatowicz et de Daniel Benazzi. En consultant les archives sous la surveillance d'un bibliothécaire possédé, le détective sait que Jeanne Royer ne pouvait avoir comme psychiatre le docteur Calvin Byrd, puisque ce dernier a vécu vingt ans avant sa naissance. Il pense que la patiente voyait les esprits et que ce psychiatre continue, plus de vingt après sa mort, à se comporter comme s'il était vivant et continuait à traiter des patients. Carl Neely est frappé par deux détails depuis qu'il est dans cette bibliothèque. D'abord, il perçoit plusieurs esprits errants d'aliénés qui se promènent dans la bibliothèque, continuant les mêmes activités que de leur vivant, ce qui lui suggère que la Bibliothèque de la Recherche sur la santé mentale et la Psychiatrie de l'université était un asile avant d'être converti en bibliothèque universitaire. Ensuite, il a repéré le psychiatre en chef de l'asile, Daniel Benazzi, qui harangue les aliénés en ces termes :

— Mesdames, Messieurs, vous êtes tous miens. Pour l'éternité, vous m'appartenez. Je connais vos secrets, vos échecs, vos insuccès et vos regrets, vos maladies et vos folies, mais tout restera entre nous, je ne vous trahirai pas, le secret professionnel est sérieux pour moi. Alors que si vous partez n'importe où, vous n'êtes pas plus aptes à vivre de manière autonome maintenant que de votre vivant. Ne vous illusionnez pas sur vous-mêmes. Ce n'est pas parce que vous êtes délivrés de votre corps que tout est plus simple. Au contraire! Vous ne pouvez vous enfuir de moi maintenant! Morts, vous êtes les mêmes que vivants! Aucune différence! L'unique différence est que personne ne nous voit... En fait, si, certains nous voient, mais personne ne croit aux enfants en bas âge, qui sont d'ailleurs effrayés de vous voir, ni aux adultes qui nous voient, sinon ils sont internés dans des asiles.

Le passeur d'âmes feint ne pas avoir entendu le discours de l'esprit psychiatre. Il n'a pas envie que le bibliothécaire possédé comprenne qu'il communique avec les esprits et il n'a pas envie que Daniel Benazzi donne un signal à ses confrères esprits et qu'ils essayent de le rendre fou. Il patientera avant d'affronter ces psychopathes. Par contre, le détective ne peut cacher parfaitement qu'il n'a pas entendu le psychiatre. Mais cette fraction de seconde est suffisante pour que l'esprit le remarque et le repère. Daniel Benazzi apparaît devant Carl Neely, à quelques millimètres de son visage, le faisant sursauter. Le psychiatre s'écrie ironiquement :

— Pour quelqu'un qui ne voit ni n'entend les esprits, vous réagissez trop! N'essayez pas de me mentir! N'essayez pas de me cacher que vous n'êtes pas comme les autres hommes! Vous nous voyez et vous nous entendez! Excellent, monsieur! Vous voulez jouer à un jeu. Très bien, mais un jeu est toujours à plusieurs. Nous verrons si vous êtes si courageux que vous ne le prétendez! À la prochaine.

L'esprit errant du psychiatre sur ces paroles menaçantes disparaît, laissant Carl Neely avec un vertige et une nausée qui le forcent à fermer les yeux pendant quelques minutes avant de continuer à fouiller dans les archives. Le détective l'ignore, mais Daniel Benazzi a donné l'alerte à ses deux associés, Calvin Byrd et Antony Biermatowicz, de s'acharner sur lui et de le manipuler ou, au moins, de le rendre un peu fou.

Il termine de recueillir les informations qui l'intéressent et constate que Jeanne Royer ne pouvait avoir Calvin Byrd comme psychiatre, ni Carl Smith, d'ailleurs. Les deux patients sont contemporains. Donc, conclut Carl Neely, ces deux patients soit pouvaient entendre les esprits, soit ils sont devenus, après leur mort, les patients des esprits psychiatres. Ces derniers doivent être des fins manipulateurs pour parvenir à convaincre les autres esprits de les écouter et pour les garder dans la terreur pendant autant d'années.

Certaines lettres d'archives suggèrent que Calvin Byrd était en étroite collaboration avec un certain Hermann Schönbein. Ce dernier est un célèbre psychiatre allemand en faveur du nazisme qui avait fait des horribles expérimentations médicales et psychologiques. Il est un sadique manipulateur.

Le vivant sursaute lorsque Calvin Byrd se manifeste proche de lui et affirme d'un ton froid, inhumain, donnant un frisson dans le dos du détective :

— Monsieur Neely, vous venez de fouiller trop loin dans mes affaires. Vous le regretterez amèrement! Et ô combien amèrement!

Le psychiatre s'avance vers lui et le traverse, lui engendrant un mal de tête et, derrière son dos, essaie de le manipuler, mais Carl Neely se retourne et lui somme de le laisser tranquille. Calvin Byrd ne réplique pas, il n'affiche qu'un sourire malsain avant de partir.

Le passeur d'âmes revient chez lui angoissé, paniqué surtout des menaces sous-entendus de Calvin Byrd. Il confie à sa femme ses craintes et ses enquêtes avant de s'endormir.

À l'extérieur, le psychiatre regarde en direction de la maison et essaie d'influencer, de manipuler le mari d'Hélène Popović-Neely pour qu'il ne tient pas au sérieux sa conclusion d'enquête sur Ivan IV et qu'il se déprime, se jugeant incapable de mener à bien ses enquêtes sur les deux patients de l'asile. Katarina Dimitrievna Baranovskaia-Neely se matérialise devant le psychiatre et lui hurle, courroucée :

— Salaud! Dégagez de ma vue! N'essayez même pas de manipuler mon fils! Arrière sale nazi! Si vous ne voulez pas tâter la colère de la maman Russe qui protège son enfant par-delà la mort! Et ne me sous-estimez pas! J'ai plus d'alliés que vous!

Calvin Byrd, impressionné par cette démonstration d'émotions de la mère, lui sourit sardoniquement et réplique :

— Excellent, Madame la Soviet! Nous réglerons alors entre nous le cas de Carl... Tous les coups sont permis, le premier qui est couché par terre doit s'avouer vaincu et ne dérangera plus Carl.

— Oui-da. Mais j'ajoute un détail, précise-t-elle d'un air triomphant, Si vous perdez, jurer que vous ne dérangerez plus mon fils. Et prenons à témoin les Observateurs ici présents.

Elle se tourne vers eux et leur dit amicalement :

— Messieurs, Mesdames, mes témoins. Vous avez entendu les termes de notre duel, acceptez-vous d'empêcher ce perfide nazi de s'approcher ou d'influencer mon fils s'il perd ? Je préfère votre parole que tous les serments possibles de ce nazi. Qu'il jure sur sa tête, sur ses yeux, sur son âme, sur ses enfants, sur Dieu, les Anges, les Saints et Satan, je ne le croirai pas.

Les Observateurs s'entr'observent et disent, comme un seul homme :

— Nous pouvons être votre témoin, mais nous ne pouvons intervenir... Sinon nous outrepasserons notre mission. Par contre, nous savons à qui vous pouvez demander de l'aide.

Et l'un des Observateurs, Carl l'Observateur l'un des plus jeunes dans le métier, s'approche de la mère du détective est lui murmure à l'oreille un nom. Elle sourit et le remercie de son aide.

Les deux esprits errants se livrent au duel. Les deux ne sont pas faciles à vaincre. Par moments, la lutte semble s'éterniser, les deux esprits sont d'égale force. Personne ne veut céder devant l'adversaire, chacun se montre fort et confiant. Les deux esprits déploient leurs forces au maximum... Et La mère du détective parvient à terrasser Calvin Byrd qui baisse la garde pendant une fraction de seconde. Avant de lui laisser la possibilité de se relever, à quelques millimètres du visage de son ennemi, elle lui murmure d'un ton sévère, quasi militaire :

— Le nazi, c'est ainsi que mon peuple vous a vaincu. Dieu est avec moi et avec mon peuple, la Sainte Russie. N'approchez plus de mon fils! Si vous ne voulez pas affronter ma colère. Fuyez! Éloignez-vous de mes yeux!

Calvin Byrd, certes effrayé, prend des airs calmes et lui réplique froidement :

— Madame la Soviet, la Maman-qui-protège-trop-son-fils, nous verrons qui rira le dernier. Je sais un coup duquel votre fils ne s'en remettra pas si facilement! Coup qui respectera notre présent duel. Au plaisir de se revoir.

La défunte mère de Carl Neely laisse l'autre esprit errant partir, alors qu'elle informe son fils du présent duel et des derniers mots de leur ennemi, Calvin Byrd. Son fils la remercie et la rassure qu'il sera prudent.


Le surlendemain, le détective comprend que Jeanne Royer et Carl Smith sont devenus les patients de Calvin Byrd alors qu'ils étaient encore vivants. Cet esprit errant de psychiatre avait l'habitude de posséder leur psychiatre, un certain Albert Blackbird, pour continuer ses expériences sur les vivants. C'est ainsi qu'il a convaincu la femme qu'elle a tué son fils. Et qu'il a convaincu Carl Smith qu'il est un homicide psychopathe, alors qu'il n'est qu'un homicide. Et Carl Smith est assassiné monstrueusement par son psychiatre alors qu'il était possédé par Calvin Byrd... Blackbird était autant le cobaye de Byrd que les patients vivants et défunts... Mais avant de porter le coup fatal à Carl Smith, il a été torturé de la pire des manières.

Carl Neely recherche sur la descendance de la patiente de l'asile et trouve que son fils, Georges, est vivant. Ce dernier est même devenu grand-père. Jeanne Royer est étonnée d'apprendre la nouvelle, mais elle est surtout euphorique et un lourd poids lui est tombé de son âme. Elle se sent plus légère qu'auparavant.


Parallèlement à la recherche du détective, Calvin Byrd informe Daniel Benazzi de son idée machiavélique, à savoir que lui, Daniel, essaie de manipuler Carl Neely pour qu'il relâche sa vigilance sur les siens, alors que lui, Calvin, influencera les espions, surtout Paul Neely et Robert Langowski, pour qu'ils aillent tuer quelqu'un de cher à Carl Neely. Cet homicide rendra le détective très fragile psychologiquement, et donc plus manipulable. Les deux esprits errants des psychiatres se séparent pour mettre en marche leur sordide plan.


Ainsi, pendant deux jours, Daniel Benazzi, toujours derrière le dos de Carl Neely, pour qu'il ne le voit pas, le manipule doucement pour qu'il baisse sa garde pour sa famille, lui distillant un sérieux doute dans son esprit sur sa conclusion d'enquête d'Ivan le Terrible. Ce qui fonctionne bien. Le détective se plonge dans ses enquêtes sur les deux aliénés. Et lorsqu'il veut se changer les idées, il enquête sur la demeure hantée de Calvin Byrd pour comprendre la présence des nombreux esprits en une maison. Les esprits encore présents dans la demeure sont ceux que Calvin Byrd avait ordonné de tuer de son vivant. Ils venaient le hanter et ils continuent à vivre dans la demeure. Tous, depuis que leur psychiatre est mort, ont peur de lui. Peur irrationnelle, mais terreur réelle, paralysante, qui empêche ces esprits de désobéir aux moindres mots et aux moindres ordres. Bref, une manipulation psychologique. Et à ces esprits, s'ajoutent d'autres esprits-cobayes.

Sournoisement, Daniel Benazzi manipule surtout Carl Neely et un peu Hélène Popović-Neely pour qu'ils doutent du schème trouvé avec Ivan IV. Le détective a même commencé à se convaincre qu'il est peut-être devenu mégalomane pour s'imaginer être le premier tsar... Il esquisse même en son esprit un doute de sa santé mentale...

Calvin Byrd manipule aisément les deux espions qui réfléchissent au meilleur moyen de tuer l'épouse de Carl Neely et ils abandonnent l'idée de l'empoisonner, même si qu'elle était leur idée initiale. Cette dernière est trop dangereuse et peut facilement échouer. Ils optent pour un homicide classique à exécuter lorsque Carl Neely est au travail.


Lors des trois prochaines nuits, Carl Neely est de plus en plus fatigué à son réveil, ses rêves sont des cauchemars, des horreurs innommables, où les trois esprits psychiatres le poursuivent et veulent l'entraîner dans les méandres de la folie et de la psychose. Et une fois, la mère du détective a averti en rêve son fils qu'une tentative d'homicide sur sa femme se trame, mais il ne l'a pas pris au sérieux, sous l'influence pernicieuse de Daniel Benazzi à son réveil. Heureusement, les psychiatres ne sont pas parvenus à posséder le corps du détective au matin en coinçant son âme dans un endroit dangereux qui l'aurait immédiatement rendu fou. Carl Neely n'est pas pour autant épargné des maux de tête et d'une pression insoutenable dans la tête et proche du cœur. Résultats de l'influence des esprits manipulateurs des psychiatres à son réveil.


Le lendemain matin, Carl Neely pense que sa mère s'est alarmée pour un rien et que les espions ne tueront pas son épouse. Il considère son rêve comme un cas banal qui reflète ses inquiétudes paranoïaques, sans plus d'importance. Mais il se trompe lourdement. Sur cette pensée, il embrasse sa femme. Cette dernière est très inquiète depuis son rêve de la nuit, mais elle ne sait pas la bonne interprétation. Elle en a parlé à son mari, mais il n'a pas su l'aider. Elle a l'intuition qu'un fort mauvais coup se trame bientôt, mais elle ne sait pas quand, ni qui, ni quoi, ni comment. Elle est au bord du désespoir, se sentant totalement impuissante. Elle prie Dieu et les saints de l'aider dans sa situation. Carl Neely part au commissariat terminer des enquêtes en cours.


Le surlendemain, en après-midi, alors que Carl Neely vient de terminer le cas des deux aliénés qui sont partis dans la Lumière, il pense que le danger est passé et que les espions ne le dérangeraient plus, lui et sa famille. Il se dirige lentement vers la sortie de son bureau, l'âme légère et tranquille. Il est content de sa journée et heureux de revoir bientôt sa famille.

Soudainement, en voyant sa mère qui lui somme de rentrer immédiatement chez lui pour sauver son épouse qui est victime d'un homicide, le détective est choqué, anxieux, angoissé au-delà de l'imaginable. Il accourt le plus rapidement possible, brûlant des feux rouges et faisant retentir les sirènes de son véhicule de fonction pour se rendre en deux minutes devant sa maison.

Il voit la porte défoncée, forcée, son cœur et ses pensées fonctionnent mille à la seconde, ses jambes flageoles, ses bras refusent de lui obéir rapidement sous le coup de l'émotion forte. En entrant dans la maison, le poids dans sa poitrine s'accentue encore plus, et il s'arrête net sur le seuil en voyant devant lui l'âme de son épouse, sa Hélène Popović-Neely. Le corps de cette dernière est un peu plus loin dans le salon, encadré par l'âme de son frère et son corps possédé. Tous deux affichent un sourire narquois et l'âme de Paul Neely lui commente ironiquement la situation :

— Le tsar était censé le savoir. Ah! Ah! Ah!

Et au fond de la salle, proche de la fenêtre, il y a Calvin Byrd et Daniel Benazzi qui sont présents, sourires démoniaques aux lèvres. Les psychiatres murmurent ironiquement et froidement à Katarina Dimitrievna Baranovskaia-Neely et à son fils :

— Rira bien qui rira le dernier.




À suivre.

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