Monde incroyable, improbable, impossible

Chapitre 1 : Improbable, mais réel, dites-vous ? Première partie

6957 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 26/09/2023 19:44

Monde incroyable, improbable, impossible


Improbable, mais réel, dites-vous ? Première partie




Cette fanfiction participe (avec beaucoup de retard, plus d'un an et sept mois après la fermeture officielle du concours) au Défi d’écriture du forum Fanfictions.fr Crossover improbable (janvier à février 2022)

Premier niveau (oxymore des univers) et second niveau (les deux univers dans un autre genre) présents dans cette fiction.




Note informative concernant la série : Ce chapitre se situe à la suite du dernier épisode de la dernière saison, soit le vingt-deuxième épisode de la cinquième saison. Nous sommes deux mois après la victoire des Lumineux sur les Ombres, c'est-à-dire en juillet 2014*. Les Lumineux sont des esprits des enfants qui sont entrés dans la Lumière et qui reviennent. Ils sont puissants et ne sont que pure lumière. Les Ombres sont de sombres entités informes et noires qui n'existent que pour le Mal, pour les émotions et actions négatives et elles fuient la lumière. Seul Aiden voit les Lumineux et les Ombres. Aiden et Mélinda voient les esprits errants.




Par un beau jour ensoleillé de juillet, Mélinda, chuchoteuse d'esprits avec plusieurs années d'expérience avec les âmes errantes et propriétaire d'une boutique d'antiquités, vêtue d'une longue robe verte, ses longs cheveux bruns ramassés en tresse, avec son fils, Aiden, âgé de cinq ans, se promènent dans les rues de la ville de Grandview, petite ville aux États-Unis, pour aller au parc environnant sa boutique. Jim, mari de Mélinda et père d'Aiden, travaille comme médecin à l'hôpital universitaire de la ville. La jeune mère, alors que son fils joue dans l'aire du parc, aide une jeune femme, un esprit errant de trente ans, assise sur un banc. Décédée deux jours plus tôt, happée accidentellement par une voiture alors qu'elle est allée au marché, elle est complètement déboussolée. Mais obsédée d'informer son mari de sa dernière volonté, l'esprit veut ravoir une broche de sa fille tombée par terre dans le parc. Mélinda explique au mari le message de sa femme. Il récupère l'objet, le trouvant à l'endroit indiqué par sa défunte épouse. Puis la trentenaire, embrassant une dernière fois sa fille et son mari, embarque dans la Lumière divine, contente. La jeune mère et chuchoteuse d'esprits, assise sur un banc, lit Le Comte de Monte-Cristo. Quelques minutes plus tard, lorsqu'elle lève ses yeux du livre pour surveiller son enfant, remarque, étonnée et un peu inquiète, un vieil homme musclé avec une barbe, vêtu comme un Grec de l'Antiquité avec une chlamyde qui parle à son fils. Rien sur lui n'indique une mort violente ou douce. À le voir, il impose le respect à la jeune femme. Elle se lève du banc, range en vitesse son livre et s'approche d'un pas du mystérieux inconnu, se demandant bien la raison pour qu'un tel homme s'arrête dans un parc pour enfants et discute avec son fils, sauf s'il recherche ses petits-enfants, pense-t-elle.

La jeune mère est plus qu'intriguée par cet homme qu'elle considère comme un esprit errant, c'est-à-dire une âme d'un défunt qui hante encore les vivants parce qu'il a une raison pour rester, un mystère à élucider ou une information à connaître. Elle exclut la possibilité qu'il soit un fantôme ou un revenant, le premier est beaucoup plus informe et le second est beaucoup plus vengeur, bruyant et rattaché à un endroit particulier. Un Observateur, c'est-à-dire l'un des nombreux esprits qui peuplent la Terre, observant les vivants et s'ingérant rarement dans leur vie, se manifeste proche d'elle. Mais cet esprit, Carl l'Observateur, reconnaissable à son complet beige, à sa chemise blanche, à ses cheveux gris et son visage ridé par l'âge, n'est pas n'importe qui. Il est familier avec Mélinda depuis la naissance de son fils, il joue souvent avec le garçon lorsqu'elle est à sa boutique. Il l'interroge de sa voix claire :

— Voyez-vous l'homme qui parle à votre fils ?

— Oui... Pourquoi cette question ? demande-t-elle rhétoriquement, étonnée.

— Disons qu'il n'est pas un esprit errant...

L'Observateur hésite.

— ... Il est un être d'une autre nature. Je ressens qu'il n'est pas un esprit ordinaire.

— Que voulez-vous dire ?

Il soupire et continue.

— Je ne peux vous dire plus, je l'ignore moi-même. Mais ce n'est qu'un vague sentiment... Je n'ai entendu que des rumeurs d'Observateurs plus âgés dans le travail... Certains m'ont racontés des histoires horribles de l'Antiquité et du Moyen-Âge, mais si vous voyez ces entités, vous devez parler avec eux et essayer de les aider.

Il parle ainsi et s'évapore. Rendue fort perplexe, Mélinda décide néanmoins d'aller aborder le Grec.

Le mystérieux vieillard se vexe même beaucoup que la mère ne l'ait pas reconnu, murmurant des sombres imprécations en une langue inconnue de la mortelle, le grec ancien, et un faisceau de foudres jaillit dans sa main droite levée et le ciel de la ville s'assombrit subitement. Mélinda recule, impressionnée, les yeux agrandis de peur, protégeant son fils de son corps. Soudain, le Grec s'en va dans les hauteurs célestes.

Mélinda pense qu'elle a affaire à un esprit errant d'un chaman, d'un sorcier ou d'un mage particulièrement habile avec les phénomènes météorologiques. Elle se tourne vers son fils et l'interroge :

— Aiden, que t'a dit le vieux Grec ? Que veut-il ? Que cherche-t-il ?

— Maman, j'ignore ce qu'il cherche. Il est désespéré de sa situation. Il ne cesse de se plaindre de sa femme, de ses frères et sœurs et de ses enfants. Il a mentionné une rébellion, mais je n'ai rien compris. Il a l'air clairement d'un roi, d'un chef, de quelqu'un habitué à diriger et à commander. Il ne m'a jamais dit son nom. Il s'attend que tout le monde devait le connaître et le craindre. Quelqu'un de connu et de célèbre semble-t-il.

— Merci Aiden. Nous tâcherons d'apprendre son identité. Nous sommes deux à le voir. C'est rassurant.

Mère et fils reviennent chez eux, très intéressés et aussi très intrigués par ce mystérieux Grec. Mélinda appelle son ami Élie James, professeur de Psychologie à l'université, psychologue et homme qui entend les esprits errants, pour l'informer du cas de ce nouvel esprit qui n'en est pas un.

Lorsqu'Élie James entend la description du Grec, il fouille dans ses livres de mythologie et suggère à Mélinda qu'elle a vu un dieu grec et non un esprit, ce qu'elle refuse de croire. Le professeur de Psychologie lui propose qu'il l'accompagnera la prochaine fois qu'elle voit le mystérieux homme pour discuter avec lui et ainsi déterminer son identité.


L'occasion se présente le surlendemain, Aiden, Mélinda et le professeur universitaire, dans le parc, rencontrent à nouveau le vieux Grec de l'Antiquité. Et le plus bizarre de la situation est qu'Élie James, lui, qui n'entend que les esprits errants, le voyait aussi. Il ne peut cacher son étonnement, se frottant les yeux, et s'écrie :

— Ce vieux Grec, Mélinda, c'est un dieu de l'Antiquité. C'est Zeus.

Et effectivement, le vieil homme n'est nul autre que Zeus. Zeus, le dieu des dieux, le chef des Olympiens, le dieu des phénomènes atmosphériques et du ciel. Le dieu grec tonne, s'énervant en entendant les propos du psychiatre :

— Je ne suis pas n'importe qui ! Je ne suis pas un vieux Grec ! Un peu de respect, si vous ne voulez pas tâter ma foudre ! Je suis Zeus à la noire nuée et assembleur de nuées ! J'ai suffisamment d'ennuis sans vous. Ma femme est une vraie mégère et ne cesse de m'accuser de notre impopularité actuelle... Comme si que j'étais le seul fautif de la désaffectation des hommes au profit de ce Christos qui se prétend Dieu depuis plus de deux mille ans. Dieu et le Christ, Son Fils, nous ont supplantés avec leur armée d'Anges trop zélés, virils et serviles... Je dois avouer, malheureusement et amèrement, que nous ne pouvons rien contre eux... Ils ont battu à plate couture notre armée olympienne malgré nos entraînements millénaires ! ... Ils ne sont pas les Titans, nous devons reconnaître leur supériorité... Nous ne pouvons que nous plier devant eux et nous contenter de ne pas être relégués au Tartare, ou en Enfer puisqu'il a fallu tout renommer la topographie de l'univers...

Le dieu soupire.

— ... Le ciel, ma demeure, devient la maison de Dieu et de Ses serviteurs, les Anges et les Chérubins où des alléluias et des chants de gloire au Christos retentissent jour et nuit... Au moins, nous sommes toujours connus dans les musées et les livres... Et nous sommes dans les nuages inférieurs et sur Terre... Nous sommes contents de notre situation, en général... Nous avons fini par comprendre que le monde est devenu monothéiste. Notre pays, la Grèce, n'est plus le pays des dieux, mais le pays de Dieu, pays orthodoxe, pays dans la vraie foi... Mais toujours aussi belle notre terre natale... Ah ! Ah ! continue ironiquement le dieu. Homère nous rend piètrement célèbres ! Mais au moins, nous ne sommes pas oubliés...

— Je m'excuse de vous interrompre, Zeus, ajoute le psychologue, mais le monde entier n'est pas absolument monothéiste. Il y a les Chinois, les Hindous, les Japonais shinto et les mouvements néo-païens modernes qui sont polythéistes.

— Ces barbares ne m'intéressent point, éructe d'un ton méprisant l'être immortel. Ce qui m'importe est mon pays, la Grèce, la belle Hellade ! ...

Le dieu commence à s'emporter, le ciel s'assombrit :

— ... Sinon, nous avons récemment affronté une révolte de nains, de fées et de que-sais-je quelles autres créatures. Ils ont entendu les hommes du Siècle des Lumières et ils réclamaient une démocratie des entités invisibles et oubliées de l'Histoire et ils veuillent un droit de décision à notre table ! Quelle arrogance ! Et comment voulez-vous faire comprendre à ces imbéciles bornés que c'est moi le chef ? Qu'ils doivent m'écouter ? Ma foudre, mon arme de destruction massive comme je l'ai entendu une fois, cette arme qui semait la terreur chez nos ennemis, une vraie arme, ne les effraie plus ! Ils rient même de ma menace, de ma foudre et de ma colère ! Affirmant que ce n'est qu'une décharge électrique ! Ma foudre une vulgaire décharge électrique !

Aux dernières phrases du dieu, une pluie estivale tombe localement dans le parc, des éclairs zèbrent le ciel orageux, le tonnerre gronde et des foudres tombent autour du dieu et à quelques centimètres des mortels. Ces derniers échangent un regard inquiet entre eux.

— Monsieur... Zeus ? commente Mélinda avec prudence.

Elle est effrayée devant l'emportement du Grec.

— ... J'ignore ce que vous cherchez et en quoi je peux vous aider. Je n'ai vu ni nains, ni fées dans les environs... Et je ne comprends pas comment nous pouvons vous aider avec des créatures que nous ne voyons pas ?

— Mon noble époux..., s'ingère une grande femme élégante apparue à la droite de Zeus.

Vêtue d'un long chiton, parée d'un diadème et de boucles d'oreilles en or, un grand manteau doré recouvrant son chiton et un sage voile d'un blanc brillant recouvre ses cheveux dorés, la déesse dévisage la mortelle, un sombre courroux couvant dans ses yeux éclatants. Une moue jalouse altère la noblesse, la fierté et la délicatesse de son divin visage.

— ... Lorgnes-tu encore une mortelle ? En plus, as-tu vu à quoi elle ressemble ? Au moins par le passé, tu avais meilleur goût ! Des femmes qui ressemblaient à des sculptures grecques, pas des naines d'un mètre et demi qui n'ont pas une goutte de sang royal dans les veines. Des vulgaires mortelles, des gueuses, lance-t-elle avec mépris au dieu, déposant sa main droite, où une brillante alliance trône en reine à son annulaire, sur sa hanche, accentuant son élégance féminine.

— Héra ! Je n'ai même pas pensé à la séduire. Tu le sais qu'Alcmène, celle qui me donne Héraclès, notre gendre, a été ma dernière maîtresse ! Et ce fils, que tu as trop longtemps poursuivi de tes perfidies, vindicative que tu es, a racheté depuis longtemps mes écarts et a changé son nom, prenant le tien, en ton honneur et en ta gloire ! Que veux-tu de plus ? Ignoble Héra ! Quelle furie d'épouse j'ai choisie ! Et je suis pris avec elle pour l'éternité ! Malheureusement, je ne peux divorcer aussi aisément. Quel caractère difficile, elle a ma femme ! Mais elle est mon épouse, pour le meilleur et le pire !

— Monsieur, intervient posément Aiden, malgré la frayeur dans ses yeux, cessez de vous lamenter et dites-nous pourquoi vous avez autant de tracas avec les fées, nains et autres créatures ? Et dites-nous en quoi nous pouvons vous aider ?

— Le problème, affirme le couple mythique à l'unisson, est que ces créatures font intrusion lors de nos rencontres secrètes entre des cumulus pour réclamer leur droit ! Nos rencontres sont une manière de passer le temps ensemble, entre Olympiens, de discuter des dernières nouveautés du monde, de rire de la faiblesse des hommes, d'exhiber notre supériorité sur ces pauvres mortels, à défaut de régner réellement dans les cieux, soumis à Dieu, et d'être loin des yeux et des oreilles de la race de fer. Heureusement nos deux militaires les expulsent efficacement et rapidement... Mais ces derniers siècles, même eux ne nous obéissent plus comme avant !

— Je les soupçonne de sympathiser avec la cause rebelle ! s'offusque le Père des dieux et des hommes. Mon cœur paternel se serre en pensant que ma fille préférée collabore avec ces rebelles. De ton fils, Héra, rien ne m'étonne. Il m'est déjà ignoble.

— Zeus, s'indigne l'épouse du dieu grec, n'oublie pas qu'il est ton fils aussi ! D'ailleurs, tu es devenu un peu paranoïaque avec les millénaires !

Élie James éclate de rire en entendant les propos du couple immortel.

— Qu'est-ce qu'il y a de si comique dans nos problèmes ? rugit Zeus.

Il s'avance vers le mortel, brandissant sa foudre en sa direction, le faisant reculer de quelques pas. Heureusement, Héra retient le bras armé de son mari d'un geste, l'empêchant de carboniser le psychologue de Grandview.

— Ri... Rien... Ze... Zeus, bredouille le pauvre professeur de psychologie.

Il tremble de tous ses membres, comme une feuille arrachée par Borée qui virevolte à gauche et à droite, effrayé de l'attitude menaçante de l'Immortel, et continue d'une petite voix à peine audible pour Mélinda :

— ... Mais je vous conseillerais une thérapie de couple, à défaut d'une thérapie familiale... ou d'une thérapie collective de tous les Olympiens... Je pense que je pourrais vous aider... Après quoi nous verrions ce que nous pouvons faire avec les révoltés que sont les nains et les fées... D'ailleurs, à vous entendre, il est évident que vous êtes un vieux couple marié depuis longtemps.

Zeus et Héra s'entr'observent, hésitants à accepter l'idée proposée, pendant quelques minutes, et l'acceptent. Ils s'en vont, montés sur un cumulus. Le ciel n'est plus couvert, le soleil brille encore plus qu'avant leur arrivée dans le parc.


Élie James se tourne vers Mélinda et lui commente la situation, encore sous le choc :

— Ce n'est pas sérieux que j'aurai des dieux grecs comme patients ! J'hallucine, je rêve ! Pincez-moi pour confirmer que je ne suis pas dans un cauchemar...

Elle obtempère, arrachant un cri de douleur à son ami.

— ... D'accord... Je ne rêve pas... C'est réel... Une thérapie inédite... Intéressant !... Je peux dire à mes collègues que j'aurai vu de tout dans ma carrière. Au revoir, j'ai l'impression que je rirai beaucoup avec ces nouveaux patients.

Le psychologue parle ainsi et revient à son cabinet. Mélinda et son fils, intrigués par toute cette histoire de rébellion et de dieux, reviennent chez eux.


Le soir, avant d'aller dormir, Mélinda cherche des informations sommaires sur les dieux grecs et les créatures folkloriques. Elle pense qu'elle sera plus apte à identifier correctement les dieux et déesses et les créatures fantastiques qu'elle verra ces jours-ci, sans les vexer outre mesure. Lorsqu'elle explique la situation bizarre de la rencontre dans le parc de la ville à son mari, Jim est sérieusement inquiet que Zeus ait trouvé sa femme à son goût, il a néanmoins retenu de ses cours et de ses lectures que le dieu est un coureur de jupons. Il devient un peu vert de jalousie, mais Mélinda le rassure que telle n'est pas son intention, ayant d'autres soucis et tracas. Le médecin grommèle, guère convaincu des bonnes intentions du dieu grec.

Le couple part dormir et Mélinda rêve qu'elle est entre des nuages et voit deux trônes imposants surplombant l'assemblée réunie autour d'une table. Sur les trônes siègent le couple vu plus tôt dans la journée. L'assemblée est composée des Olympiens. La discussion est animée, certains proposent des plans pour attaquer les fées, les nains et les autres créatures folkloriques; d'autres proposent un compromis. À la porte, il y a des fées et des nains qui manifestent avec des pancartes, des gnomes-sandwichs, des cris et des chants. Mélinda remarque une complicité particulière des deux divinités militaires, Arès et Athéna si elle se souvient bien de ce qu'elle a lu, qui ne disent rien de toute la discussion, mais ne font que se regarder d'un air entendu.

Fin du rêve.

Elle se réveille, étonnée de la complicité que personne ne semble remarquer. Elle pense qu'il est impossible que la bonne entente soit sur une base amoureuse, puisqu'Athéna est une déesse vierge. Mais elle ne peut s'expliquer ce rapport entre ces deux déités ennemies. Elle se lève, sortant son mari des bras de Morphée, pour se laisser le temps de réfléchir à la signification de son rêve. En descendant l'escalier, elle sursaute en notant la présence d'Héra dans la cuisine. La déesse, toujours aussi royale, majestueuse et brillante, donne un aspect irréel à la pièce, sourit à la femme et lui murmure maternellement :

— Je vois que vous êtes fidèle à votre mari. Un dévouement touchant. Comme moi envers le mien. À la différence que mon mari est infidèle ! Et il ne m'écoute pas ! Vous êtes plus chanceuse que moi. Je vous bénirai pour que vous soyez fertile et ayez d'autres enfants. Avec un fils, ce n'est pas suffisant pour assurer votre postérité. Il serait dommage qu'une si bonne femme n'ait point plus d'enfants.

Elle parle ainsi et bénit en grec la femme avant de partir, laissant Mélinda incrédule quant à ce qu'elle vient de voir et d'entendre. Elle revient dans son lit et prie Dieu de l'éclairer sur sa situation. Elle ne sait plus trop que faire.



Le lendemain matin, Mélinda part au marché. Goguenard au milieu de la foule de marchands vantant leurs légumes et de ménagères pressées de faire les emplettes, un grand gaillard imberbe se promène. À son caducée emblématique, elle reconnaît Hermès, pourtant vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon bleu marine plutôt modernes. Les yeux bruns foncés pétillants de malice, les cheveux de même couleur et la mine espiègle, il semble content d'un mauvais tour infligé à un commerçant. La femme, avant d'aborder le dieu qui réprime difficilement un fou rire, jette un coup d'œil à son porte-monnaie dans son sac pour être certaine qu'il ne le lui a pas volé, et demande :

— Que faites-vous ici ?

Un sourire malin aux lèvres, le dieu messager répond nonchalamment, les mains dans les poches :

— Je ne fais que passer le temps, à défaut de parvenir à convaincre mon père d'ouvrir les pourparlers avec d'autres entités inconnues de nous.

Il soupire.

— Je m'ennuie, aucun travail en perspective. Les dieux et les mortels ne sont plus en communication comme avant, déplore-t-il. Déjà entre nous, ce n'est plus comme avant.

Et le dieu s'envole grâce à ses sandales et son casque ailés dans les hauteurs éthérées.

Mélinda, pensive, poursuit ses achats. Et elle discerne, quelques mètres plus loin, un vieil homme, esprit errant de soixante-et-dix ans, déboussolé. Décédé il y a trois jours, il est complètement perdu, obsédé par son besoin de communiquer sa dernière volonté avec son épouse, une femme de soixante-douze ans fort élégante qu'il suit sans relâche. Le chagrin de sa bien-aimée lui est insupportable et l'empêcher de quitter définitivement le monde des vivants. Mélinda communique le message de l'esprit errant du mari à la femme, l'assurant qu'elle sera toujours chère à son cœur et l'adjurant de ne pas se laisser aller au désespoir et à la tristesse. Puis, le vieil homme rasséréné part dans la Lumière angélique en voyant une larme de joie sur le visage de sa femme.


La chuchoteuse d'esprits est étonnée de la rapidité avec laquelle elle règle les cas d'esprits errants depuis le combat des Lumineux et des Ombres. Elle est très dépaysée que tout soit trop simple et fluide avec les âmes errantes. Celle-ci soupire, ne comprenant guère ce qui arrive au monde pour ainsi changer, mais elle ne s'en plaint pas. Peut-être, pense-t-elle, est-ce si simple parce que les dieux et les autres créatures fantastiques sont dans la ville, dissuadant les esprits de s'entêter ou de s'opposer à l'ordre naturel de la vie ? Mystère.


En revenant chez elle, Mélinda voit une grande femme élégante et armée, vêtue d'une ample chlamyde, avec l'égide autour de la poitrine, aux regards noirs pétillants de joie et aux cheveux bruns foncés ramassés en un chignon, se jeter dans les bras d'un jeune homme, plus grand qu'elle et musclé, armé comme un hoplite, aux yeux tout aussi brillants et un sourire sincère sur son visage austère, visiblement content de la rencontrer.

Mélinda reconnaît immédiatement Athéna et Arès, mais elle trouve étrange leur familiarité et leur effusion de sentiments qui n'est même pas dissimulée. Gênée, la chuchoteuse d'esprits se racle la gorge pour attirer l'attention des dieux guerriers, avec une pointe s'appréhension, effrayée par leur présence. Ils se retournent simultanément et lui déclarent avec une pointe d'ironie et de supériorité dans la voix :

— Nous vous dérangeons ? Excusez-nous, madame !

— Non, réplique l'intéressée, non, loin de me déranger... Votre familiarité, Athéna et Arès ?...

Les deux déités confirment d'un signe de tête leur identité.

— ... est déroutante... Vous êtes ennemis, non ?

— Pour être honnête, lui réplique sèchement Arès de sa voix de Stentor, les millénaires d'existence en commun changent tout le monde... Et Athéna est une excellente collègue de travail, n'est-ce pas Chouette guerrière, terreur des armées ?

— Très exactement Destructeur des villes, ajoute la déesse.

Cette dernière a un petit sourire dans le coin des lèvres à la mention de son surnom affectueux qu'aucune épiclèse ne lui accorde.

— À nous deux, nous avons innové les exercices militaires et la pyrrhique, annoncent fièrement les deux dieux.

— Excellent que vous vous entendiez bien ! C'est juste particulier de vous savoir si émotifs et proches...

— N'insinuez rien, madame, s'offusque la déesse, il n'y a rien entre nous qu'une bonne entente de collègue... Même à Héphaïstos, j'ai fini par lui pardonner son geste inapproprié d'il y a des millénaires, alors je peux me réconcilier avec mon ennemi, non ? Ne suis-je pas déesse de la Sagesse pour rien ?

Le dieu et Mélinda approuvent d'un geste de la tête ce qui vient d'être dit.

— Allez, ma Chouette, continue amicalement le dieu, allons dans le parc pour faire une petite danse, il faut passer le temps... et pour se changer un peu les idées des observations des combats et des guerres qui ne sont même plus si intéressantes qu'auparavant ! C'est déplorable ! gémit-il. Depuis la Première Guerre mondiale, et surtout depuis la Seconde, ce ne sont plus des guerres, mais des horreurs, des massacres ! Et qu'on ne parle pas des drones, n'est-pas Chouette ? ...

La déesse opine du chef.

— ... C'est inhumain ! Abject ! Immonde !

— Désolée de vous interrompre, Arès, s'exprime timidement la chuchoteuse d'esprits, impressionnée de l'emportement soudain, mais je ne comprends pas comment je peux vous aider ? Je n'irai pas discuter avec les chefs militaires de ce monde!

— Non, effectivement. Nous vous laissons tranquille, madame..., s'exclame le dieu.

— Mélinda Gordon.

— ... Enchanté, Madame Gordon. À la prochaine alors.

Les dieux s'élèvent au-dessus du sol pour se rendre, aussi rapides que la lumière, dans le parc pour danser. Ce qui laisse Mélinda avec un petit mal de tête de tous ces dieux grecs. Elle ne comprend plus ce qu'ils veulent et pourquoi elle les voit.

Mélinda revient chez elle, expliquant à son mari ce qu'elle a vu. Le couple est perplexe. Jim ne sait pas trop quoi lui dire.

En jetant un coup d'œil par la fenêtre de la cuisine, elle est étonnée de discerner des gnomes, des fées et des nains manifester bruyamment devant leur maison, avec des banderoles et des chants. Ils demandent plus de droits à la table des Olympiens. La chuchoteuse d'esprits soupire et décide de se confronter aux manifestants. Du seuil de la porte, elle leur ordonne, dans un porte-voix improvisé :

— Mesdames et messieurs, aurez-vous la gentillesse de ne pas manifester sous mes fenêtres après le coucher du soleil, sinon je ne pourrai dormir ? Merci de votre compréhension !

Les manifestants, étonnés de la forte voix de la délicate trentenaire, cessent de faire tout bruit. Silence complet, le battement d'ailes des mouches devient le plus grand bruit. Et, de la foule, sort un nain vêtu d'une chemise en soie en-dessous d'un manteau richement décoré d'or et de pierres précieuses. Autour de la taille, une ceinture d'émeraudes sur laquelle est accrochée une massue, un bâton et une gourde agrémente sa tenue. Sur la tête, il a une couronne, indiquant son statut. Ses yeux noirs brillants fixent Mélinda et il affirme d'une voix de Stentor, médusant la chuchoteuse d'esprits pendant quelques secondes :

— Nous comprenons bien votre demande, noble dame, mais nous sommes fâchés après ces dieux prétentieux. Alors nous manifestons !

Il se tourne vers ses semblables et leur hurle :

— Que la manifestation se poursuive !

Et il rejoint la foule qui continue à hurler, à réclamer leur droit et à exprimer leur mécontentement.


Alors que Mélinda est au marché, Élie James est dans son cabinet, attendant que le couple marié de déités arrive. En regardant par la fenêtre, il voit une fort belle femme élégante et grande, vêtue d'un chiton court, armée d'un arc et d'un carquois rempli de flèches. Le psychiatre la reconnaît, ce n'est nulle autre qu'Artémis. Il s'étonne lui-même en se surprenant à penser voir la déesse sans ses vêtements... mais il se rappelle de l'histoire du pauvre Actéon... et chasse son idée indécente de son esprit.

Zeus et Héra, toujours intimidants, imposants et royaux, arrivent, tout aussi inattendus qu'un tonnerre au milieu d'un jour clair, sortant Élie James de ses rêveries. Il sursaute en les voyant et les invite à s'assoir en face de lui. Il leur annonce qu'il commence sa séance de psychothérapie et leur cède la parole. Héra fulmine :

— Permettez-moi de commencer, monsieur...

— Le psychiatre et psychologue Élie James, professeur à l'Université Rockland, titulaire d'un doctorat en Philosophie et en Psychologie, complète le mortel.

— ... Élie James, continue la déesse, ... Les titres des mortels sont même devenus plus longs que nos propres titres, chéri, se lamente Héra en se tournant vers son divin mari. Ce n'est pas normal ! Moi, je suis la vénérable fille de Cronos, Héra aux yeux de génisse et au trône d'or, et plus personne ne me considère ainsi ! Félicitation Zeus, mon frère et époux ! Tout ça parce que t'es incapable de m'être fidèle ! Quel mari !

— Et toi, s'emporte Zeus, assombrissant le ciel de la ville, tu es jalouse pour rien ! Surtout ces derniers siècles !

— Calmez-vous, madame et monsieur, Héra et Zeus,... ordonne sévèrement Élie James.

Le couple se tait, se tourne vers le psychiatre et le regarde, étonné de son audace, grommelant quelques vagues paroles inaudibles. Le ciel redevient ensoleillé.

— ... Commençons une chose à la fois, continue le psychologue. Vous deux êtes mariés depuis plusieurs millénaires, depuis l'Antiquité, n'est-ce pas ?

Les deux dieux approuvent d'un geste de la tête, à son attention.

— Très bien. Vous rappelez-vous de vos débuts ? Vous avez quatre enfants ensemble, si je ne me trompe pas ?

— Oui, répond Zeus, nous avons plusieurs enfants : Héphaistos, dont je doute qu'il soit mien, ...

— Il est tien ! Ne doute pas ! Je sais ce qu'est la fidélité ! Contrairement à toi ! vocifère la déesse courroucée.

— ... Arès, Ilithyie, Hébé, la Charite Pasithée, Ényo et Éris. Au total, officiellement, sept enfants, continue Zeus comme s'il n'avait pas entendu la réplique de sa femme.

Le psychologue ne pouvait cacher son étonnement des enfants légitimes énumérés par le dieu et encore plus de son doute sur sa paternité d'Héphaistos.

Après quelques minutes de silence.

— Et notre lune de miel, ajoute Héra avec nostalgie.

— C'est vrai, une lune de miel de trois cents ans, c'est inoubliable, confirme rêveusement le mari de la déesse. Surtout pour certaines activités...

— Tais-toi ! Ne divulgue pas notre vie privée !

Héra se couvre le visage de son voile pour que le psychologue ne voit pas la rougeur lui monter aux joues et au front.

— Ne t'inquiète pas mon amour, ce qui est dans le nuage d'or est dans le nuage d'or, lui chuchote gentiment Zeus.

Il rassure son épouse en lui faisant un clin d'œil rempli de sous-entendu et se penche vers elle pour l'embrasser chastement sur les joues.

— C'est bien d'avoir des bons moments de couple même après autant de millénaires, commente Élie James d'un ton neutre. Continuez à parler.

— Et après notre lune de miel, mon mari a commencé à me tromper avec des nymphes, des déesses et même des mortelles ! Alors qu'il a moi, sa belle et parfaite épouse ! Et il fait des bâtards à ces femmes...

Héra se lève de son siège et fait les cent pas dans le petit cabinet, très fâchée.

— ... Il est bien normal que je sois mécontente de ces maîtresses et enfants. Je les poursuivais pour faire comprendre à mon mari qu'il ne sert à rien de m'être infidèle, mais il ne m'écoute pas. Et il continue à me tromper ! hurle la déesse.

— Héra ! s'offusque le dieu qui s'est levé de son siège pour faire face à sa femme. Depuis mon aventure avec Alcmène, je te suis fidèle. Alors, ne dramatise pas ! ... D'ailleurs, tu pourras être déesse du théâtre et du mélodrame ! Tu as du talent après autant de millénaires !

— Ah ! Ah ! Oui, certainement... Et toi, des lumières et des effets spéciaux, tant qu'à être complémentaire, ajoute la déesse avec une pointe d'ironie en se rapprochant de son mari.

—Avez-vous pensé à un changement de carrière ? demande le psychiatre avec une pointe d'ironie.

Le couple éclate de rire, un rire franc et cristallin à la question du mortel.

— À vrai dire, révèle le couple à l'unisson, nous n'y avons pas pensé. Mais c'est une bonne idée !

Élie James regarde rapidement l'horloge qu'il a et remarque que le temps passe vite avec ce couple.

— Zeus, Héra, noble dame et noble seigneur, roi et reine de l'Olympe, mes excuses, mais je dois mettre fin à notre rencontre thérapeutique. J'ai un autre patient qui arrivera bientôt... Alors nous nous revoyons la semaine prochaine, même journée, même heure. Correct ?

Le couple hoche la tête et disparaît rapidement.

Élie James soupire, content que ses patients immortels soient partis. Il est un peu étonné comment les immortels époux peuvent d'un thème à l'autre, passer de la colère à la nostalgie en passant par un sens de l'humour particulier, et ce, en peu de temps. Le psychiatre comprend qu'il doit aller lentement et avec beaucoup de prudence pour traiter ce couple hors de l'ordinaire. Déjà que l'esprit humain est compliqué, alors n'en parlons pas de celui d'un être immortel, pense-t-il en soupirant.



Le lendemain matin, Mélinda et Aiden vont dans le parc de la ville où les deux dieux militaires dansent depuis quelques heures, sous le regard d'un beau jeune homme, à la longue chevelure blonde et aux yeux bleus, lumineux, légèrement vêtu d'une chandail à manches courtes blanc et d'un pantalon bleu clair, lunette solaire sur le nez. À le voir de loin, Mélinda le prendrait pour un chanteur d'un groupe rock, en ignorant, bien sûr, son carquois et son arc sur ses épaules, entouré de neuf belles femmes, membres de ce groupe, vêtues du costume traditionnel grec. L'une d'entre elles dépasse les autres en grandeur, en port et en majesté; elle est clairement chef des huit autres. Elle se tient proche de l'homme. Aiden, en les voyant, les salue, reconnaissant Apollon et les neuf Muses. Mélinda regarde son fils, ébahie qu'il se soit lié facilement d'amitié avec un dieu et des déesses.

Apollon en voyant l'air de la mère lui précise :

— Madame Gordon, hier j'ai rencontré votre fils alors qu'il jouait à l'extérieur et que vous étiez à votre boutique. J'ai parlé avec lui. Il me rappelle notre fils, Orphée. Je suis très ému...

Apollon et la femme lâchent une larme de tristesse avant de se ressaisir.

— ... Et lorsque j'ai vu où travaille votre mari, je lui ai insufflé une meilleure connaissance de la médecine. Cette dernière n'est pas seulement la guérison du corps, mais aussi, et avant tout, de l'âme.

— Mon Apollon, ajoute Calliope de sa voix mélodieuse, tu as raison que cet enfant est tellement adorable... Ah ! Mes excuses, madame, je suis Calliope, chef des Muses, mes sœurs, et épouse d'Apollon depuis quelques millénaires. Après que ma qualité de chef est possible grâce à ma belle voix, mon talent et mon titre d'épouse auprès de notre chef principal, mon mari, c'est un détail. Au moins, j'ai le plus beau des maris pour moi.

— Enchanté, Apollon, Calliope et les Muses. Et merci d'aider mon mari. Sinon, je ne comprends aucunement en quoi je peux vous aider.

— Mon père, notre chef Zeus, ne sait pas quoi faire avec les récentes révoltes et rébellions des fées, nains, gnomes, lutins, oiseaux de feu, phénix, hydres, licornes, manticores, dragons, ogres, loup-garous, vampires, voirloups, géants, cyclopes et autres créatures fantastiques dont nous ignorons l'existence. Sans oublier que nos Sirènes, nos Satyres et nos Nymphes se sont joints au mouvement de contestation. Zeus a essayé de les réprimer, de les étouffer, mais rien n'y fait. Hermès a amorcé récemment des pourparlers, mais, pour l'instant aucune entente... Je soupçonne mon demi-frère de fréquenter une fée, Vivianne ou Morgane, je ne me rappelle plus de son nom, plutôt que de faire son travail. D'ailleurs, les deux fées sont bien intéressées par notre messager, tant qu'à choisir, il peut prendre la plus belle... Mais laissons de côté ces sujets trop politiques pour moi... Ces deux-là...

Il désigne d'un mouvement de tête les deux dieux militaires qui continuent leur impressionnante chorégraphie. Une élégance indicible se dégage de leur mouvement. Époustouflant est le mot pour qualifier leur prouesse artistique.

— ... Ils fonctionnent en parfaite synchronisation pour la danse. Je me demande s'ils ont pensé devenir plus positifs dans la vie et devenir des dieux de la danse, du spectacle et de la comédie, au lieu de détruire tout devant eux... Surtout, ils devraient cesser de s'opposer dans les guerres, mais collaborer... Que les dieux sont compliqués... Ah ! Les filles, nous devons les accompagner par la musique et le chant.

Et le dieu sort mystérieusement sa lyre de nulle part et joue, les Muses entament un chant patriotique grec et Mélinda observe son fils qui joue dans le parc, non loin des divinités armées.

Une heure plus tard, Mélinda et Aiden ont compris que le souci des Olympiens sont les revendications de plus en plus agressives des créatures fantastiques. Créatures du monde desquelles personne ne semble comprendre le fonctionnement et où leurs puissances et prérogatives ne semblent avoir d'effet, d'autres règles semblant s'y s'appliquer. Les deux mortels sont très perplexes de la situation. Mère et fils retournent chez eux.


En arrivant devant leur maison, ils remarquent des fées et des gobelins manifester, demandant leur droit et tempêtant sur les Olympiens. Les nains-sandwichs sont particulièrement bruyants avec leur trompette. Mélinda prend la parole et leur ordonne :

— Mesdames et Messieurs, vos revendications sont un détail que je ne comprends guère. Je ne peux être votre porte-parole, n'étant pas de votre espèce, mais un être humain. Je voudrais uniquement passer pour rentrer chez moi et ne soyez pas bruyants sous mes fenêtres, sinon je ne pourrai dormir le soir.

— Attendez madame..., s'exclame une voix féminine forte et posée au milieu des manifestants. Couronnée d'un diadème richement décoré, une grande fée s'avance, fort belle et élégante dans sa robe d'or et d'émeraude qui brille de mille feux. Ses traits délicats expriment la bonté et son regard bienveillant inspire confiance à la trentenaire.

— ... Vous semblez voir les dieux, non ?

— Effectivement.

— Alors vous pourrez convaincre les dieux du bien-fondé de notre point de vue. Vous semblez être dans le secret des dieux... littéralement et figurativement. Vous les avez vus lors de leur assemblée, non ?

— Oui et non. Pas en chair et en os, mais mon âme seule, dans mon rêve, lors de mon sommeil, lors du repos de mon corps. J'ai vu les dieux en assemblée et je n'ai pas soufflé mot.

— Justement, vous êtes spéciale, Madame Gordon.

Et la fée s'avance vers la mortelle et la bénit en murmurant une incantation en slavon.

— Je suis Macha, la fée fata, ou fée marraine si vous préférez, de votre fils. Je l'ai protégé à sa naissance, lui permettant de vivre. Je l'ai doué d'une intelligence supérieure pour son âge et d'une capacité hors de l'ordinaire pour comprendre correctement la bonne solution lors des situations dangereuses. Aussi, j'ai une arme pour lui...

La fée donne à la mère un collier d'or monté d'une jade. En le prenant, il devient une épée gigantesque, mais légère, en or sertie de pierres précieuses sur le manche avec des caractères gravés en une langue inconnue.

— ... Et quant à vous, Madame, je vous ai bénie en vous donnant le don de connaître le futur.

— Merci, ajoute-t-elle, émue, lâchant une larme de joie, mais aussi d'inquiétude à l'idée de son nouveau don.

La fée Macha fait un signe aux manifestants de plier bagage de la maison. Ils obéissent immédiatement. Mélinda et son fils rentrent chez eux tranquilles, mais aussi intrigués de toutes les rencontres de la journée.




À suivre


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* Le dernier épisode de la série était en 2010, mais, si nous calculons depuis le début de la cinquième saison en ajoutant les cinq ans du saut temporel, nous sommes alors en 2014.

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