Mythologie au rendez-vous

Chapitre 5 : Héros en herbe

3990 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 15/11/2023 23:37

L'unité spéciale arrive devant les portes de la ville de Thèbes, tout le monde s'arrête, attendant un ordre des dieux. Athéna annonce à son protégé :

— Élie James, je vous informe que vous ne pouvez entrer dans la ville tant que vous n'affrontez pas le Sphinx, lointaine fille du Sphinx mythique qu'avait jadis affronté Œdipe, créée in vitro par nos ennemis dans un laboratoire chez les mortels. Pour vaincre ce monstre, il faut utiliser toutes vos connaissances et tous vos entraînements. N'oubliez pas qu'un héros ne se mesure pas seulement à la force de ses bras et des ses jambes, mais de son intelligence et de sa ruse. Bonne chance pour résoudre l'énigme, Monsieur le professeur. Vos connaissances vous seront très utiles. Faites-vous confiance.

Le professeur ravale sa salive, angoissé à l'idée de terminer comme nourriture d'une créature mythique, et s'avance à l'entrée de la ville en se répétant mentalement, pour s'encourager, que l'énigme ne peut qu'être une évidence.


Le Sphinx le fixe intensément et pose son énigme d'une voix atone :

— Quel est l'être qui, le matin, est simple, l'après-midi, complexe et le soir, lamentable et qui, du matin au soir, est indéchiffrable, mécanique et absurde ? Vous avez cinq minutes pour répondre à la question, une seule tentative. Sinon, vous êtes mon repas pour ce soir.

Élie James soupire, réfléchissant à la réponse.

Soudainement, sa mère l'encourage en ces termes :

— Mon fils, mon Élie, tu es capable. Vas-y!

— Mère, réplique sèchement son fils,veux-tu te taire si tu ne veux pas m'aider ?

— Quelle audace! s'offusque Evelyn James. Je pensais que tu avais plus de respect pour moi !

— Madame Evelyn James, laissez votre fils se concentrer pour résoudre l'énigme, ordonne froidement Athéna, apparue soudainement à la droite de son protégé, si vous ne voulez pas que j'informe votre fils de vos sombres secrets et que je vous précipite en Enfer !

— Non, s'il vous plait, supplie l'esprit errant.

Voyant que la déesse ne fléchit pas et lui lance un regard noir qui la transperce et plonge dans les profondeurs de son être, un frisson parcourt son échine et une panique sournoise l'envahit.

— Je m'en vais, maugrée la mère du professeur pour camoufler sa peur.

Evelyn James déguerpit. Athéna, sous forme de chouette, se perche sur un arbre non loin du Sphinx, près d'Arès, pour regarder leur protégé. Élie James se concentre pour trouver la réponse.


Soudainement, la solution à l'énigme jaillit dans l'esprit du professeur. Il est frappé de la simplicité, de l'évidence et du manque d'originalité de la solution. Il répond, avec assurance, d'une voix puissante :

— L'Homme. Bébé, il est simple, pense les parents, adulte, complexe parce qu'il peut changer et faire des choix bizarres dans sa vie, et le soir, lamentable parce que courbé par l'âge, la vieillesse et la maladie, frappé d'impuissance et de faiblesse. L'homme est indéchiffrable, mécanique et absurde, parce que le corps humain est un système mécanique complexe. Indéchiffrable, parce que son Inconscient présente un mécanisme compliqué et complexe que les psychologues n'ont pas encore totalement compris. Et certains considèrent l'homme comme un être absurde, parce que ses décisions sont rarement rationnellement justifiables, voire que les décisions humaines sont irrationnelles carrément. Sans oublier que l'Inconscient est beaucoup plus grand, beaucoup plus vaste que le Moi, la conscience humaine. Cette dernière est comme une petite île perdue au milieu de l'océan.

Le Sphinx, étonné, pousse un rugissement de colère et éructe :

— Merde ! Vous avez trouvé la bonne réponse... Mais vous serez mon repas quand même.

Le Sphinx s'élève dans les airs pour fondre sur le professeur, mais, avant qu'il ne dégaine son épée, la créature est tombée morte, transpercée d'une flèche. Élie James se retourne et remercie d'un geste de la tête Mélinda. Cette dernière a tué l'être mythique d'un coup de flèche dans le cœur.

Arès, redevenu dans sa forme humaine, une fois descendu de la branche, suivi d'Athéna, commente chaleureusement :

— Félicitations Élie James et Mélinda Gordon-Clancy ! Joli travail de collaboration, comme il sied à tout militaire sérieux ! Maintenant, rentrons dans la ville, mais tout ne sera pas sans danger, je vous avertis. Thèbes est le centre d'activités de nos ennemis. Alors toutes sortes de créatures peuvent rôder.

Les mortels hochent la tête et Jim se rapproche un peu plus de sa femme pour la protéger.


Le petit groupe rentre dans la ville sans difficulté. Athéna, sourire aux lèvres, s'approche du professeur, lui désigne un point dans les montagnes au loin et lui murmure :

— Occasion, preux chevalier, de prouver votre valeur et de trouver femme. Bonne chance ! Pour votre information, la jeune femme est tenue en otage par le monstre depuis que ses parents, protégés d'Héra, ont sabotés avec succès le centre de fécondation des Titans de la ville. Ces nazis se vengent en donnant la jeune femme, leur fille, comme nourriture à un monstre ailé. Ce dernier se nourrit de son foie qui se régénère chaque soir.

Élie James, étonné et dégoûté du traitement d'une si fragile créature par les Titans, se demande comment il peut franchir la distance pour mieux voir la montagne et l'entité monstrueuse qui bouge. Arès, comme s'il lit ses pensées, appelle Pégase, le cheval ailé mythique.

Le professeur de psychologie demande à sa protectrice, étonné :

— Athéna, comment pouvez-vous être certaine que je trouverais femme en cette prisonnière ? Je ne suis pas obligé d'être Persée... Les mythes et les archétypes ne sont pas obligés de se répéter avec moi.

— Effectivement, réplique la déesse, sourire énigmatique, mais je sais certains détails que vous ignorez. Les Moires, ne les oubliez pas...

Le protégé est confus, ne saisissant pas exactement toute la signification de la déesse. Cette dernière développe un peu son point.

— ... Je voulais vous rappeler de ne pas oublier le Destin. Certains évènements sont fixes, immuables, d'autres peuvent changés selon vos actions. Et les Moires m'ont confirmé que vous trouverez femme lors de notre mission spéciale. Je pense que l'occasion se présente maintenant.

Le professeur de Psychologie est juste stupéfait des mots de sa protectrice, mais il se ressaisit rapidement.


Élie James chevauche Pégase et se rapproche de la montagne, alors que Mélinda et Jim sont sur le dos d'Arès sous sa forme de vautour. Athéna les suit en chouette infirmière. Élie James, arrivé à deux mètres de la montagne, voit, en son sommet, une belle femme de vingt-huit ans, aux longs cheveux bruns foncés ramassés en un élégant chignon, aux yeux marrons et aux traits délicats du visage déformés par la peur, vêtue d'une robe jaune flottante dans le vent du Nord, attachée au rocher. Un monstre ophidien ailé tourne autour d'elle, guettant son foie. Le célibataire, en voyant la fragile figure féminine, est devenu fou amoureux d'elle et ne songe qu'à la délivrer.

Un monstre similaire à celui que Persée avait affronté, pense le professeur de l'Université Rockland. Ce dernier dégaine son épée et attaque le monstre. Le combat n'est pas simple, le monstre est très dangereux. Le combat dure deux heures, mais Élie James a tué le monstre, malgré ses nombreuses blessures. Il délivre la femme, la salue, l'embarque sur sa monture ailée et revient en ville. Le reste de l'unité le suit. Athéna, dès l'atterrissage dans la ville, s'occupe des taillades des griffes du monstre sur le professeur. Une fois guéri, Élie James fait un baise-main à la jeune femme qu'il a délivré et lui murmure gentiment :

— Belle dame, je suis Élie James, professeur à l'Université Rockland, aux États-Unis, en Philosophie et en Psychologie. Fils unique de Ray et Evelyn James. Je suis le protégé d'Athéna et d'Arès. Qui êtes-vous ?

Athéna traduit en grec les propos de son protégé et lui conseille maternellement :

— Mon protégé, je vous recommanderai d'apprendre le grec pour communiquer avec votre femme. Elle ne sait pas un mot de l'anglais.

— Et elle ne connaît pas une autre langue ?

— Oui, un allemand très rudimentaire. Vous ne pourrez mener de grande conversation en cette langue.

— Merci de l'information. Je vais commencer dès demain à apprendre le grec alors.

La jeune femme promène son regard de la déesse à son sauveur avant de répondre. Paroles traduites immédiatement par Athéna :

— Je suis Aglaé Ionatos, fille de Basile et Danaé Ionatos. J'ai toujours vécu à Thèbes. Sinon, de profession, je suis conseillère en aménagement intérieur.

— Enchanté, Mademoiselle.

Aglaé Ionatos rougit un peu de l'attitude courtoise du professeur, mais elle se reprend vite. Arès et Athéna, pour qui la réaction d'Aglaé n'a pas échappé, ne font qu'échanger un regard entendu. Et Arès informe Aglaé :

— Mademoiselle, sachez que vous êtes en présence d'une unité spéciale de l'armée olympienne. Trois mortels, deux hommes et une femme, un esprit errant d'un militaire soviétique et deux dieux, nous, Athéna et Arès, composent cette unité. Nous sommes tous bien entraînés. Si vous voulez vous joindre à nous, vous le pouvez, mais il faut un entraînement préalable. Ce dernier, donné par ma collègue Athéna, est très sévère. Si un dieu vous bénit, tout sera plus simple.

— Aglaé sera ma protégée, affirme calmement une voix familière de toute l'unité, nulle autre qu'Héra, soudainement apparue entre Aglaé Ionatos et Élie James, petit sourire aux lèvres.

Les mortels la salue respectueusement, Athéna et Ivan Petrovich la saluent militairement et Arès lui sourit, ravi que sa mère daigne prendre sous son aile une mortelle. Ces derniers siècles, il était rare que sa mère ait un protégé. La reine des Olympiens s'approche, la tête haute, de la mortelle. Héra, la tête ornée d'un diadème royal et d'un voile blanc qui cache ses cheveux, est drapée dans une grande robe dorée et un manteau de même couleur, avec, pour seuls bijoux, son alliance d'or, des boucles d'oreilles, un collier et un bracelet du même métal. De la déesse se dégage un respect et une puissance qui inspirent vénération et crainte chez les mortels. Elle la bénit en ces termes :

— Aglaé Ionatos, fille de Basile Ionatos et Danaé Konstantinidis-Ionatos, moi, Héra aux bras blancs et au trône d'or, épouse de Zeus le tonnant, vous adopte comme protégée. Ma bénédiction est que vous soyez heureuse en mariage avec votre mari et soyez féconde avec lui, en lui donnant plusieurs enfants. En cadeau, je vous donne cette bague d'or surmontée d'un chaton en diamant. Je vous offre aussi une facilité lors de vos accouchements, ils seront trois fois moins pénibles que ceux des autres mortelles.

Aglaé, émue qu'une si grande déesse la prenne sous son aile, accepte le cadeau d'une main tremblante.

— Cette bague est particulière, lorsque vous appuyez sur le chaton, précise la déesse, elle se transforme en une lance.

Aglaé met à son majeur de la main droite la bague et remercie la déesse. Cette dernière sourit aux deux déités militaires et sur un ton ironique demande à son fils :

— Alors fiston, quand vas-tu te marier enfin ? À ma connaissance, tu as une certaine déesse qui serait très intéressée à devenir ton épouse... Qu'est-ce que tu attend ? Que ta déesse soit avec un autre ? Si tu restes les bras croisés, à toujours réfléchir de tactiques militaires avec la fille préférée de Zeus et à ne penser qu'à exterminer nos ennemis, il est certain que ta déesse ne va pas se morfondre et se trouvera un meilleur mari. Et éloigne-toi de la déesse que tu aimes beaucoup, elle est mariée. Combien de fois vais-je te dire de ne pas s'approcher d'une femme mariée ? Parfois, j'ai l'impression que tu es presque en couple avec cette terrible fille de ton père tellement tu passes de temps avec elle. Je ne me trompe pas ?

— Mère, s'offusque Arès, légèrement rougissant au commentaire de la fille de Cronos, ne t'inquiète pas pour moi ! Maintenant, cette mission est importante. La déesse qui fait battre mon cœur froid de dieu guerrier peut patienter encore un peu. De toute manière, je doute qu'elle m'aime, je ne suis pas aveugle, elle m'a bien clairement et explicitement refusé. Mais laissons mes déboires amoureux, c'est trop connu. Et je ne pense pas que tout le régiment à besoin de le savoir. Ma vie privée et ma vie sexuelle sont mes affaires. Si je me marie, tu le sauras rapidement.

— Fiston, ne te fâches pas. Je te taquine un peu. Au revoir. À la prochaine chère unité spéciale. Que Dieu vous soit clément.

Héra s'envole sous forme d'un aigle royal dans les airs rejoindre son mari à Vladivostok. Ivan Petrovich commente poliment à Arès :

Polkovnik, avec tout le respect que je vous dois, voulez-vous nous dire si vous pensez entraîner la nouvelle protégée de votre mère ou non ? Je ne pense pas qu'une augmentation de nos forces doit être rejetée, mais ce n'est que mon humble avis, j'ignore ce que vous en pensez. Sans mentionner qu'un couple de plus se forme.

Les deux dieux s'entr'observent et promènent leur regard d'Aglaé Ionatros à Élie James, qui rougissent, avant d'annoncer, à l'unisson, leur décision :

— Nous avons décidé qu'Aglaé Ionatros se joindra à notre unité spéciale. Les entraînements commencent aujourd'hui, si la jeune femme accepte.

Tout le régiment tourne le regard vers Aglaé. Le regard d'Élie James la suppliait de ne pas se joindre, parce qu'il l'aimait trop pour l'exposer aux dangers de la guerre, mais la jeune femme accepte d'augmenter les forces de l'unité spéciale pour être aux côtés du professeur qu'elle trouve fort charmant. Athéna bénit leur nouveau membre et commence l'entraînement martial.


Lors des périodes d'entraînement de leur nouvelle recrue, le reste de l'unité parcourt la ville pour guetter les mouvements des Titans et de leurs alliés. Et Élie James, Arès, Jim Clancy et son épouse rencontrent une hydre, pâle copie de l'Hydre de Lerne, mais néanmoins terrifiante et dangereuse. Heureusement, Élie James, se rappelant du mythe d'Héraclès, demande à Mélinda de tirer des flèches enflammées le temps qu'il fasse diversion pour la distraire. La tactique fonctionne, mais le professeur revient du combat avec de nombreuses blessures. Athéna s'occupe de le soigner.


Deux semaines plus tard, Aglaé, convenablement entraînée, fait officiellement partie de l'unité spéciale, à la plus grande joie d'Élie James qui ne manque pas les occasions pour la séduire. Les deux dieux sourient à l'attitude du professeur de Psychologie et de Philosophie, parce qu'il est tellement évident qu'il est amoureux de la nouvelle recrue. Ivan Petrovich commente la situation aux dieux, en retrait des mortels, alors que le régiment spécial se repose à l'ombre d'un arbre :

Polkovnik et ma protectrice, tout le monde est en couple, ou presque...

Il désigne d'un geste de la tête Élie James en discussion animée avec Aglaé Ionatros. Cette dernière rit à une blague du professeur.

— ... Il ne manque plus que vous deux, Athéna et Arès, à être en couple. C'est vrai que vous formez un joli couple ensemble... Vous vous entendez tellement bien.

— Ivan Petrovich ! s'offusquent à l'unisson le dieu et la déesse, courroucés. Laissez-nous tranquilles ! Nous ne sommes que d'excellents collègues. Rien de plus ! N'insinuez rien, esprit retors !

— Si vous le dites, grommelle le militaire soviétique en saluant militairement ses supérieurs.

L'esprit errant apparaît proche de Mélinda. Arès et Athéna soupirent des propos d'Ivan Petrovich et la déesse demande à son collègue :

— Nous avons toutes les informations pertinentes sur les activités des nazis et de leurs alliés dans cette ville et notre unité a détruit avec succès en trois semaines, sans perte de notre côté, les principaux monstres sur notre route. Quittons la ville pour enfin rencontrer l'unité de Thémis à Livadia et pour ne pas attirer l'attention des alliés des nazis de la ville.

Le dieu approuve d'un geste de la tête le plan de sa collègue, le regard dans les vagues, pensant au commentaire ironique de sa mère dix-sept jours plus tôt.

Héra a tellement raison. À son âge, il est toujours vieux garçon, ancien coureur de jupons qui s'est calmé. Il souhaite tant fonder sa famille, avoir une stabilité de couple et avoir une déesse qui sera son épouse. Mais il a une déesse inaccessible comme objet de son désir. Déesse qui le refuse, mais il ne perd pas espoir. Il rit en lui-même, parce qu'il est parvenu à convaincre les autres Olympiens, incluant sa mère, qu'il est toujours amoureux d'Aphrodite, alors qu'une autre déesse occupe ses pensées et ses fantasmes, mais il n'a jamais trouvé le courage d'essayer de la séduire, puisqu'elle l'avait refusé plusieurs millénaires plus tôt et qu'il doute qu'elle le veuille maintenant.

Arès soupire. Sa collègue lui lance un regard interrogateur, mais ne cherche pas à connaître les divagations de son collègue. Le dieu de la Guerre se racle la gorge et affirme froidement pour camoufler ses pensées :

— Athéna, allons maintenant à Livadia, j'ai tellement hâte de découdre avec ce régiment nazi. Les petites bêtes de Thèbes reviennent comme des amuses-gueules, j'ai encore plus faim maintenant. J'essaye d'être optimiste en voyant notre escale dans cette ville maudite comme un moyen d'augmenter nos rangs avec notre nouvelle recrue féminine et comme un moyen d'avoir une bonne approximation des activités, des forces et des alliés de nos ennemis. Il faut la quitter maintenant. Aussi, je tiens à te souligner que je suis particulièrement fier de notre protégé, Élie James.

La déesse opine du chef et sa poitrine se gonfle d'orgueil et de joie. Elle aussi est fière du professeur de Psychologie. Ce dernier, en jetant un coup d'œil en direction des dieux, pense qu'ils l'ont adoptés, qu'il est devenu leur fils.


Dès que l'unité spéciale est en route pour Livadia, Élie James demande, très curieux, à Athéna :

— Ma protectrice Athéna, je suis curieux de savoir quels sont les sombres secrets de ma mère ? Et je voudrais savoir la raison pour laquelle elle demeure encore parmi les vivants ?

— Mon fils, intervient Evelyn James, laisse le passé bien enterré. Il ne sert à rien de raviver les vieilles histoires.

— Evelyn James, vocifère la déesse, très courroucée, taisez-vous et déguerpissez de ma vue avant que je ne vous réduis en cendres et vous expédie directement au Tartare, en Enfer, au neuvième cercle de l'Enfer plus exactement. Salope !

La déesse foudroie du regard l'âme de la mère de son protégé, qui, en ressentant la colère de la déesse, s'évapore immédiatement, ayant compris le sérieux de ses propos.

Élie James est confus, n'ayant jamais entendu sa protectrice dire des mots vulgaires et ne saisissant pas les histoires auxquelles se réfèrent sa mère.

Athéna, souriant à son protégé, lui murmure maternellement :

— Mon protégé, je dois vous informer que votre mère, depuis son décès, est devenue un espion des Titans pour éviter que ses secrets sortent au grand jour. Raison pour laquelle vous ne l'entendiez pas lorsque vous étiez à Grandview.

— Et quel est ce secret, demande le professeur, très intéressé, si vous voulez me répondre.

— Pas de problème, mais je vous avertis, son secret est des plus inattendus... Vous rappelez-vous lorsque vous étiez adolescent, vous aimiez la fille de votre voisine, Casey Sullivan ?

— Oui, je m'en souviens. Et mon père a tout fait pour que je ne sois pas avec elle. Je soupçonnais parce que la fille serait la sienne, c'est-à-dire qu'il avait trompé ma mère avec la voisine...

— Attendez avec vos spéculations, l'interrompt abruptement la déesse. Laissez-moi vous expliquer. La réalité est beaucoup plus tordue. Anne Sullivan, la mère de Cassey, épouse de Don Sullivan, a été l'amante de votre mère. Les deux femmes se sont fréquentées pendant quelques années. Et votre père pensait que votre mère le trompait avec Don Sullivan, d'où la peur que vous ne soyez le demi-frère de Casey... Justification de ses tentatives de séparation de Casey Sullivan lors de votre adolescence. Et, comme il préférait pousser la faute sur lui plutôt que sur votre mère, il vous laisse croire qu'il a été infidèle.

— Quelle famille ! Je dois reconnaître que je ne doutais de rien. Mais sérieusement, mère pouvait venir en thérapie, même post mortem, je peux l'entendre. Heureusement Athéna, que vous m'avez aidée, vous êtes une vraie mère. J'ai l'impression d'être votre fils, que vous êtes ma mère et qu'Arès, votre collègue, est mon père depuis que je suis son protégé. Vous deux seraient de très bons parents. Dommage que vous soyez vierge, déesse courotrophe.

— Merci, bredouille la déesse, confuse et touchée en son âme du compliment du mortel. Je ne m'attendais pas qu'un protégé ait une telle pensée pour moi, déesse vierge qui n'a jamais eu d'enfant. Moi qui aide de nombreux héros sans jamais m'attendre à un tel compliment.

Athéna s'éloigne de son protégé pour rejoindre son homologue immortel, rougissant à l'idée d'être mère avec son collègue. Certes, Arès ne manque pas de virilité et de bonne manière et est très charmant à voir en uniforme ou lors des entraînements. Collègue très intéressant pour discuter des stratégies militaires, son égal, mais elle doute qu'il puisse l'aimer. Elle chasse rapidement cette idée de ses pensées pour reprendre son sérieux devant Arès. Ce dernier la salue militairement, comme d'habitude, et lui affirme de sa voix de stentor :

— Athéna aux yeux de chouettes, notre mission tire à sa fin. Nous n'avons que deux centres à attaquer, Livadia et Corinthe. Dans la dernière, c'est l'unité même de Cronos. L'affaire est sérieuse. Nous ferons mieux d'avoir d'autres Olympiens avec nous et surtout Aiden Clancy. En ayant Artémis comme nourrice, il devient très intéressant pour vaincre notre grand-père. Qu'en penses-tu ?

La déesse opine du chef, contente que l'opération militaire spéciale se terminera bientôt.

Après neuf heures de marche, les quatre mortels, Ivan Petrovich et les deux dieux sont devant Livadia.



À suivre.

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