Réécriture de contes à la Ghost Whisperer
Voici la référence du conte : « La gardeuse d’oies », dans Jacob et Wilhelm Grimm, Les contes – Kinder – und Hausmärchen, tome I, texte français de présentation par Armel Guerne, Paris, Éditions Flammarion, 1986 [© 1967], d’après l’édition de 1812, p. 509 à 516.
Il était une fois une vieille reine, Elizabeth Gordon, qui avait depuis longtemps perdu son mari, le roi Thomas Gordon. Elle avait une fille, Melinda Gordon, qui était très jolie et qui avait hérité de sa mère le don de voir les esprits errants. Elizabeth et sa propre mère, Mary Ann Patterson, lui avaient appris à vivre avec ce don particulier (1). Le roi Thomas Gordon était un esprit errant depuis sa mort, car il voulait s’assurer que sa fille fut mariée à un homme qui la méritait (2). Melinda fut promise, quand elle en eut l’âge, à un prince, un certain Jim Clancy, qui demeurait au loin. Le temps du mariage étant venu, comme elle devait partir pour le royaume étranger, sa vieille mère mit dans ses bagages quantité de joyaux et de vaisselle précieuse, de l’or et de l’argent, des coupes et des bijoux, bref, tout ce qui convenait à une dot royale : Elizabeth, en effet, aimait beaucoup sa chère enfant. Elle tint aussi à la faire accompagner dans son voyage par une suivante, qui la servirait et qui la remettrait aux mains du fiancé. Les deux jeunes filles reçurent chacune un cheval pour le voyage, mais le cheval de la princesse savait parler et s’appelait Fallada. À l’heure des adieux, la vieille reine Elizabeth Gordon monta dans sa chambre et prit un chiffon blanc qu’elle donna à sa fille. Elle lui dit : « Garde bien ce chiffon, ma chère Melinda, il te sera précieux et tu en auras grand besoin en cours de route. » (3)
Elles prirent congé l’une de l’autre avec beaucoup d’émotion, puis la jeune princesse glissa le chiffon blanc dans son corsage, monta à cheval et partit vers son fiancé.
Au bout d’une heure de chevauchée, se sentant une grande soif, Melinda dit à sa suivante :
— Je voudrais boire : descends et remplis-moi ma coupe à ce ruisseau, c’est toi qui l’as sur ton cheval.
— Si vous avez soif, répondit la servante, vous n’avez qu’à descendre vous-mêmes et vous pencher pour boire ; je ne suis pas votre servante !
La princesse Melinda Gordon descendit de cheval à cause de la grand-soif qu’elle avait, se pencha sur le ruisseau et y but à longs traits, puisqu’elle ne pouvait pas boire de sa coupe d’or.
— Ah ! mon Dieu ! soupira-t-elle.
Et le chiffon blanc lui répondit :
— Si ta mère le savait, elle qui t’aime tant, son cœur se briserait !
Mais la princesse, dans sa modestie, n’osa rien dire et remonta à cheval.
Pendant quelques lieues encore elles chevauchèrent, mais la journée était chaude et le soleil brûlait, si bien que Melinda Gordon ne tarda pas à avoir soif de nouveau. Quand elles longèrent une rivière, elle dit à sa suivante :
— Descend et donne-moi à boire de ma coupe d’or.
Car elle avait depuis longtemps oublié la réponse insolente de tout à l’heure. La suivante, par contre, ne s’en montra que plus insolente encore :
— Buvez donc toute seule, si vous avez envie de boire ! lui dit-elle. Je ne suis pas votre servante !
À cause de la grand-soif qu’elle avait, la princesse Melinda Gordon descendit et alla se pencher pour boire, mais elle était humiliée et elle soupira en pleurant :
— Oh ! mon Dieu !
— Si ta mère le savait, elle qui t’aime tant, son cœur se briserait ! répondit de nouveau le chiffon blanc.
Mais comme elle était penchée pour boire, le torchon blanc glissa de son corsage, sans qu’elle s’en aperçût, et s’en alla au fil de l’eau. Un esprit, derrière la princesse, remarqua le chiffon dans l’eau : nul autre que son père, le roi Thomas Gordon. La suivante, par contre, l’avait bien remarqué et elle s’en réjouit : la fiancée tombait en son pouvoir, parce qu’en perdant le chiffon blanc, elle avait aussi perdu toutes ses forces et devenait impuissante dans son extrême faiblesse. L’esprit ramassa le chiffon blanc lorsqu’il était dans la rivière, loin de la vue des deux demoiselles (4). Quand Melinda voulut remonter sur son beau cheval, l’autre l’en empêcha : « Sur Fallada, lui dit-elle, c’est à moi de monter ; toi, tu te contenteras de ma vieille rosse ! » Et la pauvre dût l’accepter et s’en contenter. Parlant sec, la suivante exigea ensuite qu’elle changeât ses beaux vêtements contre ceux qu’elle portait elle-même, qui étaient ordinaires ; et finalement la princesse dut jurer qu’elle n’en dirait jamais rien à personne et prendre le ciel à témoin de son serment solennel, parce que l’autre la menaçait, si elle ne le faisait pas, de lui ôter la vie sur-le-champ. Fallada, qui avait tout vu et entendu, en prit bonne note dans sa mémoire.
Ce fut donc la suivante qui monta Fallada, et la véritable fiancée dut chevaucher l’autre bête ; elles arrivèrent ainsi au château royal et y firent leur entrée, saluées par des vivats et une grande explosion de joie. Le prince Jim Clancy accourut pour leur faire accueil et aida la suivante à descendre de cheval, croyant que c’était elle, sa fiancée. Un peu à l’écart, Melinda remarqua un esprit à la droite du prince, visiblement son frère, étant donné leur air de famille et les mêmes yeux bleus. D’ailleurs, il était vêtu comme un prince, d’une fine chemise en lin d’une blancheur éclatante et d’un complet en or. Il la regarda, étonné que quelqu’un puisse le voir. Elle soutint fièrement son regard.
L’entité balbutia :
— Vous… me voyez ?
Melinda confirma d’un mouvement de tête positif.
Jim Clancy, intrigué, la fixa comme s’il demandait « Qu’est-ce qui se passe ? »
La passeuse d’âmes tourna légèrement la tête vers lui et dit :
— Votre Altesse Royale Jim Clancy, vous êtes suivi par un esprit qui se trouve à votre droite.
L’interpellé, les sourcils levés, pensa. Mon père m’avait précisé que ma fiancée voyait les esprits errants… Pourtant, il semblerait que la servante aussi les voit… Et si je lui demandais ? Simplement pour valider s’il n’y aurait pas une tromperie…
Jim se pencha au-dessus de l’oreille de celle qu’il pensait être sa fiancée et murmura :
— Votre Altesse Royale la Princesse Melinda Gordon, pouvez-vous me décrire l’esprit errant que votre servante affirme être à ma droite ?
La pseudo-fiancée pensa, en panique : Que dire ? Que l’esprit a disparu… Ainsi, je n’aurai pas à le décrire…
Elle s’éclaircit la gorge, regarda rapidement à gauche et à droite puis répondit d’un air sûr : — Votre Altesse Royale le prince Jim Clancy, l’esprit que ma servante vous a mentionné vient de disparaître…
Melinda répliqua :
— C’est faux, Votre Altesse… Il est encore là à votre droite !
Elle pensa, révoltée par cet affront de la servante, tout en demeurant stoïque : Comment ose-t-elle ainsi prétendre prendre ma place auprès de mon fiancé ? Oh ! mon Dieu ! Et moi qui ne peux rien dire en raison de mon serment !
Le prince, perplexe, pensa en son for intérieur : Il y a clairement l’une d’elles qui ment, mais laquelle ? Je ne voudrais pas en marier une autre que la princesse Melinda Gordon, dont on m’a vanté la beauté, la douceur et la gentillesse, ainsi que son don assez curieux de voir les esprits… Bien que je ne vois pas de telles entités, je me dis que c’est bien possible que ma fiancée puisse les voir… Et je ne crois pas que sa mère aurait menti à mon père en lui décrivant Melinda Gordon… Je devrai peut-être valider auprès d’elles s'il y a peut-être vraiment un esprit qui me suit… Si elles se contredisent encore plusieurs fois de suite, c’est que la demoiselle qui se présente comme Melinda Gordon n’est pas ma vraie fiancée (5)…
L’esprit errant fixa la passeuse d’âmes et dit, avec un petit sourire coupable, sa main droite sur sa poitrine :
— Désolé de ne pas m’être présenté… Daniel Clancy.
Content de son idée, Jim Clancy, sourire aux lèvres, en regardant alternativement les deux femmes, dit :
— Mesdames, si vous avez vu l’esprit que vous avez mentionné, pouvez-vous me le décrire ?
La pseudo-fiancée, pour éviter d’être blâmée, répondit la première :
— Je ne peux pas le décrire, puisqu’il n’est plus là…
Melinda répondit d’une voix qui se voulait douce :
— Non, il n’a pas disparu… Au contraire…
Elle regarda vers la droite du prince et continua :
— Il est encore à votre droite… Je peux très bien le décrire…
Jim intervint :
— Décrivez-le alors…
Melinda lui sourit brièvement puis enchaîna aussitôt :
— L’esprit est un jeune homme qui vous ressemble (6), les mêmes yeux bleus et les mêmes cheveux noirs et de taille semblable, vêtu d’une chemise d’une blancheur éclatante et d’un complet en or…
D’une voix émue, les larmes aux yeux, il répliqua :
— La description que vous faites… est celle qui correspond…. exactement au dernier moment de… mon frère aîné, Daniel (7)…
— S’il est à vos côtés, c’est qu’il a une raison qui le retient encore parmi les vivants (8)…
Irritée, la pseudo-fiancée répliqua :
— Votre Altesse Jim Clancy, n’écoutez pas ma servante, car elle essaie de m’imiter maladroitement… Mais c’est vrai que les esprits ont une raison qui fait en sorte qu’ils demeurent pendant un certain temps parmi les vivants… C’est une explication qu’elle a entendu plusieurs fois de ma bouche…
Fallada, à la droite de la suivante, intervint :
— Votre Altesse le Prince Jim Clancy…
Étonné, il fixa le cheval en pensant : De quoi se mêle cette bête ?
Le cheval continua d’un ton sérieux :
— J’ai été témoin de ce qui s’était passé dans la forêt, alors que nous étions en route vers votre royaume ! La suivante de la princesse Melinda Gordon, par deux fois, refusa de remplir la coupe en or d’eau lorsqu’elle eut soif.
Il dit d’un air triste :
— À la seconde fois, elle perdit son chiffon blanc que Sa Majesté la reine Elizabeth Gordon lui a remis avant de partir. De la sorte, la princesse Melinda a perdu son pouvoir sur elle.
Le cheval fit une courte pause puis continua d’un air très sérieux :
— De plus, l’hypocrite suivante a forcé la princesse à échanger leurs vêtements et m’a monté. Elle voulait se faire passer pour votre fiancée. En faisant taire la princesse Melinda Gordon par un serment qu’elle ne révélera rien à aucun vivant. Et moi, j’ai tout entendu ! Parole de cheval ! Et le ciel en est aussi témoin et les esprits que nous avons vu en forêt !
Jim Clancy, étonné, regarda tour à tour le cheval, la pseudo-fiancée et Melinda.
Hors de doute, ce cheval dit la vérité ! Il est trop sérieux et sincère pour mentir…. D’ailleurs, il me rappelle le vieux cheval de mon père, qui était aussi doué de parole et qui n’a jamais menti (9).
À ce moment précis, un esprit errant se manifesta à la droite de Melinda. Étonnée, elle tourna sa tête vers lui pour l’identifier : nul autre que son père, toujours aussi magnifique dans ses vêtements royaux en or et argent, figé à la mi-vingtaine, âge de sa mort. Il tint entre ses mains le chiffon blanc bien tendu. Jim et la pseudo-fiancée tournèrent leurs têtes vers le chiffon, surpris.
Sans doute un esprit qui tient ce chiffon blanc… pensa, perplexe, le prince. Voilà l’épreuve ultime pour connaître ma vraie fiancée !
La suivante, un peu tremblante, pensa Un esprit ? Comment peut-il tenir un objet ? C’est impossible ! À moins que je dise que c’est un sorcier…
Melinda, aussi étonnée que les deux autres vivants, balbutia :
— Père ?
Le fantôme confirma d’un geste positif et ajouta :
— Melinda, j’ai vu ce chiffon que ta mère t’a donné… Je l’ai ramassé car il s’est échappé de ton corsage lorsque tu t’es penchée pour boire de l’eau de la rivière…
Jim s’éclaircit la gorge puis demanda d’un air sérieux, en regardant les deux femmes :
— Mesdames, dites-moi qui est l’esprit qui tient ce chiffon blanc ?
La pseudo-fiancée répondit :
— C’est l’esprit d’un sorcier…
Thomas Gordon lui lança un regard noir et dit en haussant la voix :
— Mademoiselle parle ainsi de son roi ! Pour un tel comportement irrespectueux, elle devrait être punie !
Melinda répliqua :
— Non ! C’est mon père, Sa Majesté Thomas Gordon !
Le prince Jim Clancy balbutia, les yeux écarquillés :
— Vous… êtes… Son Altesse Royale la princesse Melinda Gordon ?
L’interpellée opina du chef.
La pseudo-fiancée hurla :
— Je suis Melinda Gordon !
Jim se retourna vers elle et répliqua sèchement :
— Pourtant, vous n’avez pas identifié l’esprit clairement comme l’a fait votre servante…
Il ramena son attention vers la passeuse d’âmes et dit d’une voix douce :
— Voulez-vous, Mademoiselle, me faire la description de l’esprit ? Vous dites qu’il est votre père, Sa Majesté le roi Thomas Gordon ?
Melinda murmura :
— Oui… Je le reconnais entre mille…
Elle termina d’une voix larmoyante :
— Il est mort… jeune… vers la vingtaine… Il est vêtu de ses habits d’apparat d’or et d’argent…
La passeuse d’âmes renifla puis continua :
— Il est visiblement fâché de la manière dont la princesse parle de son roi… Il a dit qu’elle devrait être punie pour un tel comportement.
Jim Clancy intervint :
— En tout cas, votre comportement confirme ce que votre cheval a dit…
Melinda, petit sourire aux lèvres, dit d’une voix qui se veut douce :
— Mon cheval s’appelle Fallada…
— Hors de doute, vous êtes bien Son Altesse la princesse Melinda Gordon ! s’exclama le fiancé d’un air joyeux. Si seulement vous savez comment mon père m’a parlé de vous !
Gênée, elle baissa son regard, fixant ses pieds et balbutia :
— Je ne doute pas que ma mère, Son Altesse la reine Elizabeth Gordon, n’ait dit que la vérité…
La princesse extraordinaire s’avança vers le fantôme et prit le chiffon blanc, qu’elle plaça autour de sa taille.
Le prince la prit par la main et la conduisit jusqu’à son père, le roi Aiden Clancy, et sa mère, la reine Faith Clancy (10), dans la salle de trône, où il les informa qu’il avait une fausse fiancée en habits royaux et que la vraie était avec lui. Aussitôt, l’on ordonna que la princesse fut revêtue d’une robe digne de son rang. La servante, fâchée que son plan soit tombé à l’eau, voulut prendre la fuite, mais les deux esprits errants qu’étaient Thomas Gordon et Daniel Clancy s’amusèrent avec la robe, de manière à ce qu’elle s’y empêtra. Le défunt roi osa même la posséder pour la diriger jusque dans la salle du trône où le jeune couple était assis sur des sièges en or à la droite d’Aiden Clancy. Ce dernier s’adressa à elle en ces termes :
— Mademoiselle, nous avons un petit problème… Deux femmes prétendent être la princesse Melinda Gordon… Pourtant, Sa Majesté Elizabeth Gordon m’avait précisé dans sa lettre de demande de mariage qu’elle était fille unique… Affirmez-vous être ladite princesse ?
L’hypocrite servante répondit sans même rougir :
— Oui, je suis Melinda Gordon, fille de feu Thomas Gordon et d’Elizabeth Gordon…
La reine Fath Clancy intervint :
— Merci de votre réponse…
Le père de Jim reprit :
— Mademoiselle, à votre avis, quelle punition devrait avoir une personne qui trompe une princesse en la forçant par un serment de changer de vêtements sans qu’elle ait la possibilité de s’en plaindre à un être vivant ? En plus, en prétendant être la princesse elle-même ?
Elle fit une courbette puis répondit :
— Votre Majesté le roi Aiden Clancy, une telle personne devrait être enfermée nue dans un tonneau tout hérissé de clous pointus à l’intérieur, et traînée ainsi par deux chevaux jusqu’à ce que mort s’ensuive.
— Ce sera votre propre sentence que vous avez prononcé là !
Devant l’expression de frayeur de la jeune femme, Thomas Gordon apparaît à la gauche de la suivante et dit d’une voix forte :
— La punition est trop sévère à mon goût !
La princesse extraordinaire toussota puis s’approcha de son futur beau-père pour lui dire à voix basse :
— Votre Majesté le roi Aiden Clancy, mon père…
L’esprit lui coupa la parole d’un ton bourru :
— Melinda, il est ton beau-père. Pas besoin d’autant de formalités !
Elle reprit :
— Mon père dit que la punition est trop sévère…
Aiden Clancy, les sourcils levés, demanda :
— Que suggère-t-il alors ?
Thomas répondit :
— Engagez-la comme vendeuse dans une boutique d’antiquités dans une petite ville perdue de votre royaume, afin qu’elle soit utile mais sans pouvoir nuire à personne…
Melinda rapporta les propos de son père à Aiden, qui confirma sa compréhension d’un mouvement de tête positif. La pseudo-fiancée suivait du regard craintif le mouvement de sa rivale, en imaginant déjà que cette dernière lui suggérait d’empirer sa punition.
Le père de Jim se retourna vers la pseudo-fiancée puis dit d’une voix mi-sévère mi-douce : — Vous avez de la chance que la vraie Melinda Gordon vient de me dire que son père considère la punition trop sévère…
Notant l’expression de soulagement qui apparut pendant une fraction de seconde sur le visage de son interlocutrice, il ajouta :
— Et il propose plutôt que je vous engage comme vendeuse dans une boutique d’antiquités dans la ville la plus perdue de mon royaume… Dans la ville de Grandview (11)... Reprenez immédiatement vos vêtements ordinaires et qu’il en soit ainsi !
Deux serviteurs firent alors irruption pour apporter les vêtements ordinaires de la servante puis ils l’amenèrent de force dans la petite ville de Grandview, dans un tonneau traîné par deux chevaux, afin qu’elle ne voit pas la route parcourue. Une fois rendus à destination, les serviteurs la sortirent du tonneau, se promenèrent dans les rues jusqu’à ce qu’ils virent la petite boutique The Same It Never Was Antiques (12) dans laquelle ils dirent au propriétaire qu’une demoiselle recherche un emploi de vendeuse, sur ordre du roi. La servante fut aussitôt embauchée. Le lendemain, elle s’établit dans un petit appartement près de son lieu de travail.
Au palais du roi Aiden Clancy, la fête des noces battait son plein, car le prince Jim Clancy se maria à la princesse Melinda Gordon. Après la lune de miel, Thomas Gordon et Daniel Clancy, heureux pour le nouveau couple, partirent calmement dans la Lumière, sous le regard attentif de la passeuse d’âmes, qui pleura de joie.
Par la suite Jim Clancy et Melinda Gordon régnèrent dans la paix et le plus grand bonheur et eurent un fils, prénommé Aiden, l’année suivante (13).
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(1) Cette généalogie du côté maternel de Melinda Gordon respecte la série Ghost Whisperer. Seulement, nous avons décidé de présenter sa mère comme acceptant son propre don, ce qui n’est pas le cas dans la série, mais nous le faisons pour respecter le bon caractère de la reine. Cependant, nous considérons dans cette réécriture que Thomas Gordon est le père de Melinda, bien que dans la série, il ne soit que son beau-père.
(2) Nous avons fait cet ajout par rapport au conte, dans lequel il n’y a aucun esprit.
(3) Nous avons ici modifié le conte, car la reine s’entailla un doigt avec un canif pour laisser tomber trois gouttes de sang sur le chiffon blanc qu’elle remit à sa fille. Par la suite, nous avons remplacé « les trois gouttes de sang » par « le chiffon blanc », par souci de cohérence.
(4) Nous avons ajouté cette intervention de Thomas Gordon, car dans le conte, le chiffon n’avait jamais été retrouvé. En un sens, nous reprenons largement l’idée, dans la série, qu’un esprit errant peut agir sur le monde matériel.
(5) Nous avons ajouté le fait que Jim soit au courant du don de sa fiancée, pour respecter le fait de la série qu’il soutient sa femme dans son don.
(6) Dans les contes, d’une manière générale, les frères se ressemblent comme deux gouttes d’eau, qu’ils soient jumeaux ou non.
(7) Dans Ghost Whisperer, Daniel Clancy est le frère aîné de Jim. Il est mort avant le premier épisode de la première saison. Par ailleurs, Melinda voit les esprits selon leur dernière apparence de leur vivant.
(8) Cette remarque de Melinda est valide pour n’importe quel esprit errant.
(9) Nous avons fait cet ajout, même s’il est absent du conte, afin que le prince puisse croire aux propos de Fallada.
(10) Aiden et Faith Clancy sont les parents de Daniel et de Jim dans Ghost Whisperer. Seulement, nous faisons une entorse en considérant que le père est vivant, alors qu’il est défunt dans la série.
(11) Grandview est le nom de la ville où vivent Jim et Melinda dans la série Ghost Whisperer.
(12) The Same It Never Was Antiques est le nom de la boutique d’antiquités dont Melinda est la propriétaire dans la série américaine.
(13) Entorse considérable par rapport à la fin du conte, dans lequel le prince prend la servante pour sa fiancée simplement parce qu’elle avait pris les vêtements de la princesse, ce que nous considérons comme de l’imprudence naïve de la part du prince. Dans le conte, la fausse fiancée demande à tuer Fallada afin que le cheval ne raconte pas ce qui s’était passé. La princesse, elle, fut envoyée comme gardienne d’oies avec un petit garçon appelé le petit Conrad. Cependant, la princesse demanda à l'équarrisseur de clouer la tête du cheval mort sous la voûte sombre de la porte de la ville. Et elle parla avec cette tête, conversation qui fut entendue par le petit Conrad. Aussi, la princesse passe son temps, en gardant les oies, à tresser ses cheveux. Puisqu’ils étaient très beaux, comme de l’or, le petit garçon voulait attraper un cheveu, sauf qu’il n’y parvint jamais, car la princesse supplia les vents de souffler si forts afin que le petit Conrad perde son bonnet et ainsi avoir le temps de se peigner et de se recoiffer. Le gamin, après deux jours ainsi, s’en plaignit au vieux roi, et lui rapporta tout ce qui s’était passé avec la mystérieuse gardienne d’oies. Le vieux roi, le lendemain, se cacha près des champs où les oies étaient gardées et avait vu par lui-même tout ce que le gamin lui avait dit. Il tenta de savoir la raison de ses agissements, mais elle refusa de répondre, car elle avait juré de ne le dire à personne de vivant. Il lui suggéra alors de se confier à un poêle dans la salle où ils se trouvaient. Le roi sortit de la salle, la princesse se confia en pleurs au poêle, sauf que le roi avait tout entendu, car il avait collé son oreille à la porte. Il entra à nouveau et ordonna qu’elle soit revêtue de plus beaux vêtements puis il en informa son fils. Le festin est organisé, avec, au bout de la table, le prince et la princesse, à l’autre, la suivante qui ne reconnaît point la princesse sous ses atours. Le vieux roi demanda sous forme de devinette, quel sort mériterait une personne qui a trompé de telle et telle manière son maître. La fausse mariée répondit qu’une telle personne devrait être enfermée nue dans un tonneau tout hérissé de clous pointus à l’intérieur, et traînée ainsi par deux chevaux jusqu’à ce que mort s’ensuive. Elle fut ainsi exécutée, tandis que le prince se maria à sa vraie fiancée, puis ils régnèrent dans la paix et le plus grand bonheur. Cependant, dans la série, le couple a un fils, prénommé Aiden, qui est né beaucoup plus tard, mais dont nous devançons la naissance pour la nécessité du conte.