Fall

Chapitre 3 : Réveil

3775 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 28/08/2023 20:49


Chapitre 3 : Réveil


Quelques jours avaient passés, mais le couple n'arrivait pas à joindre Rampa au téléphone. Newton fini par s'impatienter et proposa à Anathéma de se rendre à Londres, au domicile du démon. Au mépris des règles les plus élémentaires qui voudraient qu'ils restent à distance de toute créature démoniaque oui. Mais cette créature là ce n'était pas n'importe laquelle... C'était Rampa. Ils risquaient sans doute moins avec lui. Et il était peut-être le seul à pouvoir réellement aider le fantôme qui déambulait dans leur maison sans mot dire et s'asseyait avec eux à table sans rien toucher à ce qui lui était proposé.


-Je dois aller voir Shadwell demain. Ensuite, je me rendrais ensuite chez Rampa pour essayer de lui parler.


-Tu veux que je vienne ?


Le couple discutait dans leur chambre, prêt à aller se coucher. Aziraphale avait regagné son canapé et n'en bougerait plus avant le lever du jour. Enfin, normalement. Pour une raison inconnue, l'ange était une fois apparu dans l'embrasure de la porte et leur avait fichu une trouille bleue tant ils ne s'attendaient pas à le voir. Mais l'entité céleste s'était contenté de leur souhaiter une bonne nuit, l'une des très rares fois où il avait parlé, et était partie. Parfois, ils se demandaient pourquoi l'ange ne partait pas. Mais ils n'avaient jamais réussi à résoudre ce problème, et avait encore moins osé lui poser la question. Ils avaient trop peur que, se sentant rejeter, Aziraphale ne parte. C'était bête, c'était un ange, il était bien assez grand pour se débrouiller... Mais non, ils n'y arrivaient pas.


-Tu devrais quand même prévoir de l'eau bénite, au cas où.


-Et pourquoi pas une lame bénie ?


Ils plaisantaient, mais une part d'eux-mêmes était très sérieuse. Newton allait s'approcher d'un démon après tout. Ils avaient encore en tête tout ce qui se disait et se racontait à propos de ces créatures des ténèbres. De ces êtres de la nuit qui se dissimulaient dans les recoins les plus sombres de chaque pièce ou de chaque âme pour torturer quiconque tombait sous leur emprise. C'était débile, Rampa était de leur côté, non ? Il avait tenté de stopper la destruction de la Terre par les armées d'anges et de démons et s'était même allié à Adam pour combattre Satan en personne. Même si le combat n'avait au final pas eut lieu.


-Allez voir un chasseur de sorcière, puis un démon, je sens que cette journée va être marquée d'un sceau particulier.


-Je crois que tout est devenu particulier, depuis que nous avons été mêlé à tout ça... Et encore plus depuis ces six derniers mois.


-Dis. Qu'est-ce qui se passera après que nous ayons prévenu Rampa ? Tu penses que tout sera fini ? Qu'on retrouvera une vie calme ?


Anathéma plissa les lèvres, avant de hausser les épaules. Franchement, elle n'en savait strictement rien. Le futur lui semblait bien incertain depuis que Newt et elle avaient recueilli le pauvre ange rejeté par ses pairs. Elle fini par répondre qu'ils verraient ça en temps et en heure, et le couple se coucha.


Le lendemain matin


Newton était parti depuis depuis quelques heures et devait soit être avec son supérieur, soit être à la recherche du démon. Il était effectivement parti avec de l'eau bénite qu'il avait été demander au curé, sans pour autant lui expliquer la raison. Anathéma se retrouvait donc seule, avec leur hôte tellement muet et triste. Elle s'était attendue à passer une journée silencieuse, sauf si les Eux tentaient de venir chez elle. Ils étaient de plus en plus insistant, et peut-être pourrait-elle les laisser venir maintenant qu'Aziraphale n'occupait pas la totalité du canapé du salon. En ce moment, il était assit sur le fauteuil. Perdu dans ses pensées, semble-t-il. Si tant est qu'un ange pouvait avoir des pensées.... Cet ange-là devait en avoir, puisqu'il avait œuvré pour sauver la Terre de son sort alors que son camp mourrait visiblement d'envie de la détruire.


-J'espère vraiment qu'il arrivera à le trouver et à le convaincre.


Anathéma se sentait un peu inutile et s'occupait au mieux dans la maison pour éviter de devenir complètement folle. A force de regarder partout et de s'occuper, elle avait fini par ne plus prêter attention à ce qui l'entourait. Si bien que lorsqu'en se retournant elle eut Aziraphale dans son champ de vision, elle eut aussi peur que s'il s'agissait en réalité d'un démon. Elle laissa tomber les verres qu'elle portait qui allèrent se fracasser sur le sol. Confus, l'ange déchu s'excusa plusieurs fois avant de claquer des doigts. Les verres se retrouvèrent intacts et parfaitement propre sur la commode à côté de la jeune fille.


-Oh... Merci monsieur Aziraphale. Je suis vraiment navrée, hum... Comment vous sentez-vous aujourd'hui? Bien reposé ?


-Les entités spirituelles n'ont besoin ni de boire, ni de manger, ni de se reposer. Mais toutefois, je vous remercie pour votre gentillesse extrême. Réparer vos verres était bien la moindre des choses que je pouvais faire après ce que vous faites pour moi.


C'était bien la première fois depuis qu'ils l'avaient trouvé qu'elle l'entendait prononcer autant de mots à la suite. On aurait pu croire qu'il était guérit, mais on sentait que l'ange faisait en réalité de gros efforts pour continuer à s'intéresser à ce qui l'entourait. Comme si sa peine intérieure exigeait qu'il se laisse à nouveau envelopper par elle. C'était désolant. Anathéma détourna le regard, gênée.


-Newt et moi n'avons pas fait grand chose vous savez. A part vous ramener chez nous après que nous vous ayons trouvé à la base. Comme vous ne réagissiez à rien eh bien, ça nous a semblé normal de vous garder avec nous.


-Vous avez tenté de me venir en l'aide. Certes, vos méthodes étaient surtout adaptées à des êtres humains et non des créatures. Mais je ne peux pas vous en vouloir, après tout c'est ce que vous êtes. Et vous n'avez pas l'habitude de cohabiter avec des entités différentes de vous. La sympathie et la gentillesse dont vous avez fait preuve à mon égard étaient l'une des plus belles choses que vous pouviez faire pour... Pour... Il n'arrivait pas à terminer sa phrase.


-On voulait simplement vous aider. Vous paraissiez si triste.


-La simple volonté d'aider est déjà un signe très puissant, très beau aussi. Même si me regarder dans les yeux peut s'avérer très dangereux, comme vous avez pu le constater. Les âmes humaines ne sont pas faites pour voir ça.


-Je m'en suis aperçue... Merci de m'avoir sauvé, à ce moment-là. Je sais que c'est vous qui m'avez repoussé juste à temps.


-Je ne pouvais pas vous laisser mourir. Vous êtes une de Ses créatures.


Un long silence s'abattit, et Aziraphale sembla retourner dans ses pensées. Anathéma ne savait plus quoi dire ou faire, alors elle le laissa. Complètement impuissante, elle fini par se détourner de son hôte. Ce dernier resta immobile, avant de relever les yeux vers elle, un sourire presque radieux au visage.


-Pendant que j'y pense, toutes mes félicitations. Je crois que se sera une fille.


-QUOI ?!


-Oh, mille excuses jeune demoiselle. J'aurais dû me taire...


***


Alors qu'Anathéma découvrait sa future maternité, le père du futur enfant sortait d'une discussion laborieuse avec Shadwell. Il s'était demandé un moment s'il devait expliquer sa mission secondaire à son chef, mais le pauvre vieux paraissait encore plus fou que d'habitude. Newton avait donc décidé de le laisser en-dehors de tout ça et d'entreprendre sa quête tout seul. Muni de la bouteille qui contenait de l'eau bénite, il faisait marche vers l'adresse qu'Aziraphale leur avait fournit. Une fois devant la porte, il hésita encore un instant, avant de se décider à toquer plusieurs fois. De longues minutes passèrent sans réponse.


-Monsieur R... Anthony ! Vous êtes-là ?


-Quand quelqu'un n'ouvre pas en général, c'est qu'il n'est pas là ! Ou qu'il ne veut pas vous ouvrir. Mais vous avez de la chance, je suis là et...


La porte s'était ouverte à la volée, laissant place à un grand homme roux à l'apparence parfaitement normale, si on oubliait ses yeux... Cet océan doré pourvu de deux fentes rappelant étrangement ceux d'un serpent. Newton s'était immobilisé un instant, choqué par l'apparence étrange de ces deux yeux dont il n'arrivait à se détacher du regard. Quelque chose pulsait dans les pupilles serpentines. Une puissance contenue qui n'était pas humaine. Rampa le fixait aussi d'ailleurs, et émit un sifflement étrange.


-On ne se serait pas déjà rencontré mon grand ?


-Si. Si. A la base aérienne de Tadfield si vous vous souvenez.


-Ah oui ! Inoubliable rencontre pleine d'émotions et de tremblements... Surtout à la fin d'ailleurs. Merci d'être passé, au-revoir.


-Attendez ! Je viens vous demander de l'aide pour votre ami l'ange Aziraphale !


La porte qui s'était fermée se rouvrit, laissant passer un bras qui agrippa le pauvre Newton par le col et l'entraîna dans l'antre du démon. Ce dernier referma la porte d'un claquement de doigt et tira son visiteur vers l'intérieur de son appartement. Le pauvre homme serrait convulsivement sa pauvre bouteille d'eau bénite, hésitant à la sortir pour obliger le démon à cesser son manège. Ou pas. Il commençait à vraiment s'inquiéter. Soudain, Rampa se stoppa et fini par le lâcher. Newton en profita pour se reculer aussi loin que possible, sans pour autant quitter la pièce. Il avait peur, mais n'oubliait pas sa mission. Il devait convaincre le démon de venir en aide à leur protégé.


-Cessez de trembler. Croyez-moi si j'avais voulu vous faire quoique se soit, j'aurais eut largement le temps de le faire.


-Ah... Ah...


-J'espère que ça ne vous prend pas tout le temps de parler d'ange au pied des portes. Parce qu'à quelqu'un d'autre que moi ça aurait paru franchement bizarre. Enfin, y aurait eut l'angelot aussi. Mais... C'est de lui que vous voulez me parler, non ?


Rampa se retourna vers Newton et ce dernier pu voir que ses yeux de serpent le fixait intensément. L'entité déchue semblait réellement intéressée par ce que Newton avait à lui dire. Mais elle sembla aussi très vexée de se voir observé par son interlocuteur. L'humain ne pouvait pas détacher son regard du regard ophidien. C'était si irréel ce genre de regard sur un visage qui paraissait pourtant complètement humain. Rampa fini par lever les bras au ciel et par s'exclamer.


-Quoi ? Oh vous avez assisté à une Apocalypse manquée et vous êtes gêné par des yeux de serpent, c'est ça ! Je vais mettre des lunettes vous inquiétez pas. Vous êtes vraiment impossible vous, les humains. J'vous jure.


Et le démon se dirigea vers un tiroir d'où il en sorti une paire de lunettes qu'il posa sur son nez. Dissimulant ainsi ses yeux si étranges. Quelque part, Newton en fut soulagé, parce qu'il s'était réellement senti démuni face à cette situation sortant de l'ordinaire. Mais tout sortait de l'ordinaire, surtout depuis qu'ils avaient recueillis l'ange. Newt allait ouvrir la bouche pour parler, mais il resta sidéré en voyant l'autre s'étirer tout en baillant.


-Mais ! Qu'est-ce... ?


-Vous n'avez jamais vu d'autres personnes bailler ? Bon écoutez, je viens de sortir d'un sommeil de six mois et j'ai encore un peu de mal à me réveiller. D'ailleurs, je n'avais aucune intention de dormir aussi longtemps ! Enfin, ça aurait pu être pire. Une fois j'ai dormi pendant presque un siècle. Le XIXème si vous voulez tout savoir.


-Vous dormiez ?


-Bah, ouais.


-VOUS DORMIEZ !


-Va falloir que je vous le dise combien de fois ? Oui je dormais. Pourquoi, qu'est-ce que ça peut vous faire ? Vous devriez être content, y avait un démon en moins sur cette Terre. Et Aziraphale était-là au besoin et savait où me...


-C'est d'Aziraphale dont je veux vous parler justement. Il a de gros problèmes.


-Quoi... ?


-Je... Nous ne savons pas comment ça a pu se passer, Anathéma et moi. Il est apparu comme ça. Enfin, pas chez nous, mais à la base aérienne de Taddfield. Il lui est arrivé quelque chose d'horrible.


-Quoi ?!


-Il... Il a été, eh bien, Déchu.


-QUOI !!


***


Rampa écoutait les paroles de Newton sans pouvoir y croire. Aziraphale avait... Chuté ? Il avait été banni du Paradis ? Mais comment ? Comment avait-il osé faire ça à ce pauvre ange là-Haut ! Il était peut-être le plus doux et le plus gentil de tous, il ne méritait pas un tel traitement. Ce que l'humain lui apprenait le révoltait, autant s'il se disait qu'il ne devrait pas s'inquiéter autant pour l'angelot. Mais ce n'était pas n'importe quel ange, c'était celui qu'il avait côtoyé pendant 6000 ans. Celui qu'il avait apprit à connaître et à apprécier encore plus lorsque l'Accord était venu mettre fin à leurs combats incessants. Et depuis... Et depuis... Ils n'avaient fait que se rapprocher, malgré qu'ils se répétaient sans cesse qu'ils étaient adversaires. Et leur union face à l'Apocalypse n'avait fait que briser les dernières frontières qu'il restait.

Et à présent...

Comment...


-Depuis quand... ? Grinça-t-il.


-6 mois.


-ET C'EST QUE MAINTENANT QUE JE L'APPREND ! ON PEUT SAVOIR POURQUOI ?


Le démon s'énervait, une aura démoniaque commençait à l'entourer, terrifiant le pauvre Newton qui se sentait dépassé devant autant de puissance. Il expliqua tout en vitesse, l'apathie d'Aziraphale, leurs tentatives vaines pour le faire parler et communiquer avec lui, le fait qu'il n'avait commencé à leur répondre que depuis peu. Après seulement qu'ils lui aient spécifiquement demandé de les aider à le contacter lui, Rampa. Ces informations glacèrent l'entité démoniaque qui était bien placé pour savoir toute la souffrance que l'ancien ange pouvait ressentir. Il fixa Newton pendant quelques minutes après qu'il se soit tût, mettant l'humain mal à l'aise.


-Dites-moi.... Est-ce qu'il a mangé ?


-Non... Jamais depuis qu'il est avec nous. Mais ça doit être normal, les anges n'ont pas besoin de manger après tout.


-Non. Enfin oui, normalement ils n'ont pas besoin. Mais Aziraphale ne mange pas parce qu'il a besoin, mais parce qu'il aime ça. Il a un amour immodéré pour la nourriture. C'est son péché mignon, même s'il refuse de l'admettre. Ce qu'il adore par dessus tout c'est de l'excellente cuisine. Celle que l'on trouve dans les restaurants huppés. Mais il mange de tout, du moment que c'est à son goût. Puis il faut dire qu'il y avait des époques où il ne valait mieux pas faire la fine bouche. S'il ne mange pas alors c'est vraiment que...


Rampa se tût, la joie qu'il avait montré en parlant de son ami se dissipant aussi soudainement qu'elle s'était manifestée. Mais son silence était plus expressif que tous les autres mots qu'il aurait pu prononcer. Son malheureux ami était plus bas que terre comme le disait les mortels. Il était... Seul. Triste, sans doute, depuis 6 mois. Et s'il n'avait pas été trouvé par deux des rares humains qui savaient qu'il était, que lui serait-il arrivé ?


-L'humain...


-Je m'appelle Newton.


-Ouais, Newton. On va prendre la Bentley noire que tu as sans doute vu garée devant le trottoir. C'est la mienne. Et tu vas me conduire jusqu'à chez toi. Pas de discussion.


-Mais...


-Allons-y !


-Pourquoi vous venez de parler français.


-Vous venez ou quoi !


Newton marcha dans les pas du démon et grimpa dans la Bentley, inconscient du cauchemar dans lequel il s'embarquait. Et lorsqu'il le réalisa, ce fut trop tard, ils étaient déjà partis.


***


Aziraphale avait du mal à garder les pieds sur Terre. En fait, pour être tout à fait exact, si son corps avait bien fini par atteindre le sol terrestre un jour, son esprit avait toujours l'impression d'être en train de chuté. De continuer de tomber dans un gouffre toujours plus noir et obscur dont il peinait à sortir. En fait, il n'arrivait jamais à sortir. Il ne faisait que de brefs retours à la surface avant de retourner tomber. Oh, il les avait entendu ces deux humains tenter de lui parler, de le convaincre de dire quelque chose ou du moins de manger. Mais il ne le pouvait pas. Il ne le pouvait tout simplement pas. Plus rien n'avait de sens pour lui. Il avait échoué, bien trop échoué pour pouvoir être pardonné. Et il ne comprenait pas non plus comment on pouvait lui infliger une souffrance aussi terrible. D'accord, il avait déjoué l'Apocalypse, mais... Mais c'était pour protéger la Terre !

Il voulait faire une bonne action !


-A votre avis, est-ce qu'il viendra ?


-Qui ça ?


-Votre ami. Rampa.


Rampa, son ami, son compagnon depuis des millénaires. Le seul avec qu'il pouvait réellement échanger et tout dire sans paraître pour un fou ou un illuminé. Apprendre qu'il n'était pas venu pour le voir l'avait brisé, s'il pouvait encore l'être, car il s'était bêtement attendu à ce que le démon s'inquiète pour lui. Mais il n'était pas venu, c'était donc qu'il ne s'inquiétait pas de ce qu'il pouvait lui arriver. Après avoir pourtant été effondré lorsqu'il l'avait cru mort, désincorporé dans les flammes de sa librairie.


-Je ne sais pas. Peut-être.


Il préférait ne pas se faire de faux espoirs. Il avait trop peur d'être déçu et de souffrir encore plus. Même s'il ne savait pas si on pouvait souffrir plus encore qu'il ne souffrait actuellement. Et il ne voulait pas le savoir. C'était sans doute lâche, mais c'était ainsi. Il ne se sentait pas capable de vérifier s'il pouvait avoir encore plus mal qu'en ce moment. Pour se tirer de ses mornes pensées, il se concentra sur Anathéma qui continuait à s'affairer dans la maison. Elle paraissait réellement très choquée par l'annonce qu'il lui avait faites. Elle ne devrait pourtant pas l'être, après tout elle vivait avec un homme qui semblait être son amant. Et de ce qu'il avait pu voir entre les brumes de son apathie, il y avait vraiment un lien fort entre eux. Ils s'aimaient, il n'y avait pas de doute.


-Vous savez, il fut un temps où les jeunes filles de votre âge avait déjà de nombreux enfants. Et vous aurez au moins la chance d'avoir une personne qui vous aime réellement à vos côtés. Peu d'entre-elles pouvaient s'en vanter, hélas.


-Ce n'est pas ça ! Je ne suis pas prête pour avoir un enfant. Et je ne sais même pas si Newt est prêt. Nous aurions dû avoir une discussion pour nous décider si nous voulions en avoir un ou non. Nous sommes un jeune couple avec peu de revenu. Nous ne savons pas si nous pourrons l'élever correctement.


-L'Amour peut donner naissance à beaucoup de miracles.


-Mais il ne protège pas de tout.


La réplique sonna l'être angélique qui ne prononça plus un mot... Jusqu'à ce que des sons venant de dehors se firent entendre.


-Ne serait-ce pas les enfants amis de l'Antéchrist ? Je ne les aient pas vu depuis, mais il me semble reconnaître leur voix.


-Oui. Ils viennent nous voir de temps en temps. Je crois qu'ils ont besoin... De parler à des adultes de ce qu'il s'est passé à la base aérienne. Vous savez, il paraît que rien n'est plus pareil avec Adam depuis.


-Ah bon ?


-Ils ont peur de lui.


L'ange déchu ouvrit la bouche mais ne sût pas quoi répondre. Son esprit d'entité spirituelle réalisait, difficilement il est vrai, que cela pouvait être effrayant pour de simples mortels de côtoyer l'Antéchrist tout en sachant qu'il était vraiment et ayant vu ses pouvoirs en action. Adam était réellement un petit garçon très gentil, mais sa capacité de tordre la réalité selon ses propres désirs le rendait très dangereux. Anathéma alla chercher le petit trio et les ramena à sa suite dans le salon. Les enfants se stoppèrent net un moment en apercevant l'ange qu'ils reconnurent, bien évidemment. Et c'était peut-être pour ça qu'ils ne bougeaient pas. Aziraphale leur fit un charmant sourire en essayant d'y mettre du sien. Ce fut la fille du groupe qui s'avança la première vers lui.


-Bonjour.


-Bonjour.


Ces deux mots simplement échangés aidèrent à fendiller la glace qui se brisa petit à petit. La conversation s'enclencha principalement entre les quatre humains, l'ange resta à l'écart pendant un moment, avant de soudain se raidir. Se contrôlant au mieux pour ne pas effrayer ceux se trouvant en sa compagnie. Ce n'était que son imagination, ça ne pouvait être que ça. Si quelque chose d'étrange, de surnaturel aurait dû se produire c'était avant. Juste après sa... Ou peu de temps après.


-Comment va Adam ? Interrogea Anathéma.


-Oh, il va bien. Répondit l'un des garçons l'air absent.


-J'espère que ses pouvoirs ne lui causent pas trop d'ennuis à l'école. Ça doit être compliqué de les gérer en même temps que ses cours.


-Oh. Je crois qu'il les gèrent bien. Il fait juste voler des trucs autour de lui quand il s'énerve. On l'a vu faire. Sinon ça va.


Le cœur de l'ange battait plus vite dans sa poitrine, tandis qu'il sentait quelque approcher à vive allure. Quelque chose de mauvais. De malsain. De... Démoniaque. Au sens propre. Et il ne s'agissait pas de Rampa, déjà parce qu'ils étaient plusieurs à fondre vers la maison, et aussi parce qu'il connaissait l'aura de son collègue.


-Venez tous près de moi, vite !

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