Le Temps de la Nuit

Chapitre 3 : Dark Side of the Moon

4236 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 16:24

Bonjour, bonjour, je sais pluuus du touuut si je l'ai précisé dans les parties précédents, mais la fanfic' est un spoiler de la saison 1 et 2. J'espère que ça vous plaît, et que vous apprécierez ce chapitre :) Bonne lecture :D

 

 

Jérôme passa son regard discrètement par la fenêtre, écartant légèrement le rideau. L'extérieur était en pleine agitation. Une bagarre avait du éclater, encore une fois. Les vieilles histoires de famille persistaient, obsédées, collantes comme des sangsues meurtrières. Il laissa échapper un soupire maniéré, en serrant les lèvres, la bouche tordue.

- Bon, c'est pas tout...

Jérôme reprit le détergeant et frottait le sol en cherchant à faire disparaître les traces de sang, et enlever l'odeur répugnante du whisky. À moins que ce ne fut le contraire. Des coups firent trembler la porte. Il leva la tête brusquement, quoi encore ?

Il se leva, excédé, et adopta en chemin une mine défaite en attrapant son manteau.

- Bonsoir, inspecteur Gordon et docteur Leslie Thompkins, se présenta Jim en montrant celle qui était désormais sa petite amie. Nous cherchons Lila Valeska, la charmeuse de serpent. Qui êtes-vous ?

Les sourcils froncés de surprise, Jérôme répondit tout en s'enfonçant dans son habit chaud.

- Je suis son fils, Jérôme...

Le directeur du cirque était là aussi. Sûrement pour accompagner l'inspecteur afin de gérer sa progression dans le cirque.

-Je suis désolé, inspecteur, mais je n'ai pas vu ma mère depuis hier soir... je pense qu'il à dû lui arriver quelque chose...

- Jérôme ! Siffla le directeur. Ça suffit.

Lee, ne laissant rien échapper de la scène, ne put s'empêcher d'étudier le comportement étrange du directeur.

- Non, c'est vrai. Je ne sais pas où elle est passée.

- Voyons, dit le directeur en s'avançant, tout le monde connaît Lila... elle aime s'amuser.

- Elle aurait dû rentrer ce matin... ajouta Jérôme.

Irrité, le directeur se posta devant Gordon.

- N'y prêtez pas attention, Lila Valeska finira par revenir... c'est une fêtarde, elle reviendra demain matin, sa petite culotte dans son sac, si vous voyez ce que je veux dire.

Jim Gordon eut un tic interdit. Mais si son métier lui avait appris une chose, c'était de se fier aux impressions des autres, en plus des siennes.

- Regardez Sheba, dit Jérôme en désignant le serpent enfermé dans une boîte en verre à côté de la porte, elle est agitée. Il doit être arrivé quelque chose à ma mère, j'en suis persuadé.

Gordon observa quelques secondes le visage inquiet du jeune homme roux en face de lui.

- Ça avance à quelle vitesse, ces bêtes-là ? Demanda Gordon en regardant le serpent.

Des mines incompréhensives se tournèrent vers lui.

- Pas très vite, répondit Jérôme, perturbé.

- Bon... sortez la.

Jérôme sortit le serpent de sa boîte en serrant les dents, et laissa Sheba se poser sur le sol, dans toute la grâce que pouvait posséder un tel animal. Craintive, Lee gardait ses pieds loin de Sheba. Les quatre regardèrent alors la progression lente du serpent qui glissait entre les brins de paille étalés au sol. Elle les mena jusqu'à une roulotte couverte par une bâche. Le directeur avala sa salive, en essayant de ne pas intervenir. Suspicieux, Gordon souleva la bâche, et tous purent découvrir le corps mutilé de Lila Valeska, la charmeuse de serpent. Jérôme s'effondra sur le sol, sanglotant des larmes que tous perçurent comme sincères. Le spectacle ne faisait que commencer, et tous les acteurs venaient d'entrer en scène. Tout devait désormais être parfait, et la musique devrait continuer, pour une durée indéterminée, les doigts du pianiste ne devaient pas se fatiguer au risque de laisser s'écrouler le piano. Voire la scène de spectacle.

Jérôme, après avoir écoulé autant de larme qu'il pu en feindre, suivit Gordon jusqu'au département de police. Même lors de son interrogatoire, la couverture était parfaite : celle du jeune garçon bouleversé par la triste perte de sa mère, tout à fait perturbé, alors qu'il répondait à tous ses besoins et qu'il lui pardonnait tout ses tords. Un fils aussi dévoué et affectif n'aurait jamais souhaité la mort de sa mère adorée. Quelle tragédie pour ce jeune Jérôme.

Il adorait ça, être cette figure que personne ne redoutait, pour devenir ce démon qui avait bien longtemps dormi en lui. La police ne devinera jamais. Ils étaient trop stupides.

 

***

 

Gotham était immense, violente, puissante. Sale. Annie marchait tranquillement, évitant le regard des gens, regardant droit devant elle, ou le sol défiler sous ses pieds. Les rues s'enchaînaient les unes aux autres, interminablement. Elle ne marchait pas. Elle errait. Elle n'avait pas de but, elle n'avait pas de chez elle, et n'avait pas de compagnie. Le temps était long, tout comme il paraissait court. Le soleil se levait, invisible sous les nuages et les grands bâtiments, et traversait le ciel, discret, pour disparaître une nouvelle fois de l'autre côté de la ville. À se demander s'il existait vraiment. Elle longeait une ruelle, tout aussi malfaisante que celle qui composaient Gotham, remplie d'un couche indéfinie de brouillard, sortant des aérations des restaurants, ou tout autre commerce douteux. Elle prenait soin de faire attention où elle posait les pieds, toujours attentive au moindre de ses mouvements. Elle entendit remuer derrière elle, comme des coups ou des souffles assourdis. Elle se retourna brusquement, et vis trois hommes s'engager dans le ruelle en se battant, essayant de s'arracher un objet difforme. Elle se cacha immédiatement entre deux conteneurs crasseux qui se trouvaient là, en retenant sa respiration, repliant ses jambes sur sa poitrine, se fondant dans l'obscurité.

- Lâche ça !

- Vous allez le regretter !

Les trois hommes se bousculèrent jusqu'aux conteneurs. L'un donna un énorme coup de poing à un autre qui tomba à terre, pendant que le troisième se jetait sur le premier. Elle entendait leurs chaussures râper sur le sol, n'arrivant pas à les définir les uns et des autres. Celui qui était au sol sortit une arme dont la canon se distingua du reste de la rue sombre.

- Lâchez ça tous les deux, c'est mon fric.

Ils laissèrent le sac tomber sur le sol.

- Hé, mec, calme toi avec ça.

- J'crois que vous avez pas compris tous les deux.

Un coup sec retentit dans la ruelle, accompagné d'un silence mortifère. Personne ne donnait l'alarme, personne ne venait vérifier quoi que ce soit. Gotham était porteuse de secrets, et complice du crime. Annie le comprenait désormais. C'est pour ça que personne n'était venu à son aide. L'homme tomba au sol. Elle retint un cri. Le second homme, toujours debout, eut le temps de sortir son arme lui aussi.

- Entre toi et moi. Ou on se crève, ou on partage. Dans le premier cas, on ne sait pas qui survit, dans le second, nous sommes tous les deux hors d'atteinte.

L'autre ne répondit pas. Le coup péta, plus fort que le premier. Annie sursauta, ne s'y attendant pas, et cogna légèrement la poubelle. L'homme à terre se releva en regardant vers les conteneurs. Il attrapa le sac.

- Qui est là ?

Annie immobilisa tout son corps, instantanément. L'homme ajusta le sac sur son épaule, et s'enfuit en courant. Annie ne comprenait pas pourquoi il n'avait pas insisté, pourquoi il était partit sans en demander plus. Lorsque ses pas se fondirent dans le silence, et qu'ils ne furent qu'un échos nerveux dans le cœur d'Annie, elle ne se leva pour autant. Non, elle resta là, à observer les deux cadavres devant elle, laissant couler des larmes muettes sur ses joues. Elle n'arrivait pas à calmer son rythme cardiaque, et porta ses mains à ce qu'elle pouvait encore sentir de son cœur, tant la pression qu'il menait la serrait. Elle finit par se lever prudemment, sans prendre garde à ce qu'il y avait autour d'elle, mais à ce qui se trouvait en face d'elle : des corps humains, sans vie.

C'était la première fois qu'Annie affrontait la mort. Elle se pencha au dessus de ce qui restait des deux hommes, en essayant de trouver un signe qui prouverait qu'un d'eux était encore en vie. Elle ne pu s'empêcher de regarder longuement les pupilles inanimées, comme si elle-même goûtait à la mort, attendant qu'elle entre en elle, d'une façon ou d'une autre. Elle s'en détourna, alors quelque chose lui attrapa la cheville au même instant. Elle sursauta, paniquée, écarquilla les yeux alors qu'elle voyait la bouche ensanglantée se remuer, sans un son, vide de toute parole. Annie le regardait se débattre contre lui même. Mais il ne dit rien, laissa échapper un bruit de gorge répugnant et sa main se détendit sur la cheville d'Annie. Elle la retira, sans se presser, et commença à partir, avant de se stopper une nouvelle fois. Si Gotham était ainsi, elle ne pourrait jamais survivre. Elle avait eu de la chance, pendant une misérable semaine. De la chance. Ce ne serait pas suffisant. Elle se refusa à tourner la tête pendant plusieurs secondes, mais s'enquit finalement vers le cadavre et attrapa l'arme tombée au sol. C'était plus lourd qu'il n'y paraissait. Mais qu'est ce que cela faisait d'elle, si elle gardait cette arme ? Ou du moins, si elle l'utilisait ? Gotham était meurtrière. Pas elle. Elle jeta l'arme dans le conteneur, rabattit sa capuche, enfouit ses mains dans ses poches, et s'éloigna le plus rapidement possible, avant de changer d'avis. Elle compterait encore quelques temps sur la chance.

 

Annie avait réussi à se dénicher un vieil immeuble désaffecté, ce qui ne manquait finalement pas dans la ville. Ce qui manquait cruellement néanmoins, c'était la place. Trouver une place libre, qui protège du vent et de la pluie n'était pas aisé. L'argent trouvé l'avait fait tenir quelques temps, habituée à ne pas trop manger, elle avait pu épargner les dollars. Mais les jours passant, le dernier billet fut écoulé dans l'achat de pain.

La survie commençait alors réellement. Parce qu'avec de l'argent, on peut aller jusqu'au bout du monde, voire au-delà, mais sans aucune ressource économique, la seule chose qu'on puisse faire est s'empresser d'en trouver. Et le meilleur endroit pour s'en procurer était sûrement les commerces. Annie se fondait dans la foule, puisque la foule confondait tout le monde. Elle regardait chaque personne, étonnée de voir qu'ils ne la voyait pas, trop occupé à se presser. Ils se fonçaient les uns sur les autres, sans s'en lasser. Elle repéra un vendeur de fruits et légumes, qui étalait sa marchandise devant son magasin. Non seulement il serait aisé pour elle de venir emprunter de la nourriture, mais ceux qui choisissaient étaient encore plus facile à voler. Toutes ces idées n'étaient pas tout à fait « morales », mais Annie n'avait pas le choix. Surtout, elle ne voulait pas avoir le choix. Voler, tuer, ou retourner chez elle. Elle ne se rabaisserait pas au dernier choix, et n'évoquait pas le second. Elle s'avança alors tout doucement, et enfonça sa main dans la poche d'un client, faisant semblant de s'intéresser aux pommes. Elle retint sa respiration, trouva le portefeuille et l'extirpa tout tranquillement. Elle en retira les quelques billets qui s'y trouvaient. L'homme tourna son regard alors qu'elle le refermait. Il ne comprit pas d'abord, se disant bien que ce portefeuille lui était familier. Annie le regarda plusieurs secondes, avant de lui jeter l'objet sur la poitrine et de s'enfuir avec les billets.

- Arrêtez là ! Arrêtez la fille !

Avant que les autres ne comprennent, elle eut le temps de les bousculer, l'homme courut derrière elle. Plus légère, elle allongeait la distance entre elle et lui petit à petit. Il lui criait de s'arrêter, la menaçait, mais Annie avait l'impression de s'envoler, inatteignable. Elle se retourna, continuant sa course en marche arrière, pour le voir, et reprit son élan pour qu'il la perde de vue. Essoufflée, elle fonça jusqu'à son immeuble pour s'affaler contre un mur. Elle se mit à rire, l'adrénaline toujours présente, et la peur lui faisant valser le cœur. Vingt dollars. Pas mal pour une première, pensa-t-elle. Elle se pinça les lèvres, en pensant aux injustices auxquelles elle s'adonnerait. C'était effrayant, mais Annie ressentait surtout un certain soulagement. Elle prenait sa revanche sur la vie, et sur toute cette ville. La jeune criminelle entendit comme un bruit de vêtement raflant un mur. Elle leva immédiatement les yeux, et se concentra sur les sons qui l'entouraient, pour repérer d'où venait le mouvement. Elle cacha les billets entre son bas et sa cuisse, sous sa robe. Elle se leva calmement, attentive à tous ce qui se trouvait autour d'elle. Elle avança sans bruit jusqu'au milieu de la pièce, et fit plusieurs tours sur elle-même.

- J'aurais pas cru que tu tiendrais tout ce temps ! S'éleva une voix dans le vide.

Annie tressaillit, et ferma ses poings.

- Qui est là ?

Une ombre s'étala alors sur un mur, pour laisser découvrir un corps encore caché par le contre jour.

- Pas mal ton coup de tout à l'heure ! Avec un peu d'entraînement, tu pourrais reposer les portefeuilles sans te faire avoir.

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Non, toi qu'est-ce que tu veux ?

- Je ne t'ai rien demandé.

- Pas encore.

C'était une fille, jeune à première vue, peut-être plus jeune qu'elle. Les cheveux frisés, le regard assuré, le visage félin, elle s'approchait d'Annie sans aucune hésitation.

- Arrête de stresser, t'as rien à craindre. Je suis Cat, t'as peut-être entendu parler de moi ?

Annie tourna la tête de droite à gauche, négative.

- Tant pis, c'est pas très grave. Ça fait... quoi ?... presque trois semaines que t'es là ? Tu m’impressionnes presque. T'as réussi à lui retirer combien, à l'autre idiot ?

- Ça te regarde pas, répondit Annie, sans réfléchir.

Cat haussa les épaules, avec un mouvement défait des lèvres mêlé à de la malice.

- Dommage pour toi, je pouvais te proposer plus, tu sais.

Annie fronça les sourcils, et regarda Cat s'éloigner. Elle hésitait à la rappeler. Plus ? Cette fille semblait habituée de la rue, pas comme elle. Mais Annie laissa Cat s'en aller. Elle n'avait pas besoin de plus, pour l'instant en tout cas. Elle ne savait d'ailleurs pas si elle pouvait lui faire confiance. Cette Cat semblait plutôt vicieuse, assez pour lui faire un mauvais coup. Annie relâcha ses épaules tendues, et se laissa tomber sur ses couvertures.

Seule, elle s'en sortait bien.

 

Annie commençait à connaître la grande Gotham. Pour savoir qui elle était, il fallait faire partie d'elle. Elle la connaissait de deux façons : la Gotham silencieuse, soumise et comparse. Celle qui avait abrité Annie dans sa chambre tout ce temps. Et la ville grande et étendue, criminelle et sanguinaire, libre parfois. Injuste et jamais loyale, traîtresse. La seconde Gotham lui plaisait plus que la première. Annie s'arrêta devant une vitrine où une télévision passait des informations en boucle. On voyait le visage d'un policier, en haut à droite, au dessus de la journaliste qui parlait dans le vide. Sous l'image était inscrit le nom de « Gordon ». Il lui semblait avoir déjà entendu ce nom, chez elle. C'était un homme séduisant, plutôt jeune, le visage dur et impassible. La journaliste et la photo disparurent pour laisser place à un nouveau visage, celui d'un jeune homme roux, aux yeux malades, un sourire grand comme un croissant de lune affiché au visage, presque toutes les dents découvertes. C'était une photo officielle, provenant de la police de Gotham. Jérôme Valeska avait été arrêté pour avoir commis un crime et avait été enfermé à l'Asile d'Arkham.

Voilà donc le visage de la folle Gotham. Annie remua la tête, compatissante d'elle ne savait pas vraiment quoi. Elle sentit une goutte d'eau s'écraser sur sa veste. La population s'agita subitement, courant pour s'abriter, les prévoyants ouvraient leur parapluie, les autres accéléraient légèrement le pas. Annie se détacha de la vitrine, et s'enfonça dans la foule pressée. Elle bouscula volontairement une dame d'un âge qui sortait d'une épicerie, et attrapa dans son cabas un paquet indistinct, tout en s'excusant. Un paquet de chips, qu'elle ouvrit immédiatement pour piocher à l'intérieur. Elle s'introduit dans une ruelle dépouillée de toute activité, traînant négligemment le pas. Mais une ombre apparut au bout, qui avançait rapidement vers elle. Annie plissa les yeux, pour mieux la distinguer, ne comprenant pas ce qui se passait. Une seconde ombre se dessina dans l'obscurité, poursuivant la première. Elle reconnu cette dernière alors qu'elle était à quelques mètres d'elle : c'était Cat.

Annie se détourna de sa route, elle croisa son regard, Cat eut un mouvement de surprise, mais ne s'arrêta pas pour autant. L'autre ombre était un homme, arme à la main. Sans envisager une quelconque conséquence, Annie jeta le paquet de chips à son visage, pour le déstabiliser. Elle attrapa en même temps un manche qui traînait sur le sol et le lui envoya dans le ventre. Il marcha sur le paquet, écrasant son contenu, alors qu'Annie le désarmait d'un coup de bâton sur la main. Un troisième coup porté au visage lui fit perdre l'équilibre. Elle entendit des pas précipités derrière elle, et Cat lui attrapa le bras pour l'obliger à la suivre, elles s'enfuirent toutes les deux, sans se préoccuper de l'homme à terre. Annie suivait Cat, en oubliant toutes les suspicions qu'elle avait envers la jeune femme. Elles se réfugièrent en haut d'un toit, après avoir monté les nombreuses marches d'un immeuble habité. Annie se mit à rire en voyant Gotham depuis là-haut, la respiration rapide, le cœur tambourinant d'allégresse. Elle se rapprocha du bord, pour regarder en bas, et fut prise d'un enthousiasme effrayé.

- Waouh ! S'exclama-t-elle en se tournant vers Cat, alors ça ! Alors ça c'était génial ! T'as vu comment je lui ai cassé la gueule ? Juste incroyable !

- Te réjouis pas trop, t'as eu un coup de chance. Ce mec aurait pu te laisser pour morte dans cette rue.

- Ce qui n'est finalement pas arrivé ! Tout va pour le mieux ! Qu'est-ce que tu portes ?

Cat regarda furtivement le petit sac qu'elle avait sur les épaules.

- Rien qui te regarde, répliqua-t-elle.

- Je viens de te sauver la mise, tu pourrais au moins me remercier.

- Je sais même pas comment tu t'appelles.

- Annie. Mais appelle moi Ann, seulement. Bon qu'est-ce que tu dois faire de ce sac ? Il doit y avoir quelque chose de super important pour que tu te fasses poursuivre comme ça.

- Sincèrement ? Reste en dehors de ça. T'as rien à faire ici, retourne dans ton immeuble miteux et laisse faire les autres, répondit Cat, blessante.

Annie fronça les sourcils, surprise de la réaction de la féline.

- Tu sais pas ce que tu veux. Un coup tu viens pour complimenter ma ténacité, et maintenant, tu joues à la fille solo.

Cat se contenta de secouer la tête de droite à gauche en plissant le nez, dans un mélange de dédain et de manque de considération.

- Même moi je sais pas ce qu'il y a à l'intérieur. Enfin, pas encore. C'est pour Le Pingouin.

- Le Pingouin ? Interrogea Annie, dubitative.

Il y avait décidément trop de faux humains dans cette ville.

- T'es vraiment larguée, toi, soupira Cat. Tu verras bien.

- Je viens avec toi ?

- Y a une récompense, et c'est Le Pingouin qui la donne, tu m'as aidée, t'as le droit à ta part.

Cat ajusta le sac sur son dos et se détourna. Annie la suivit, se laissant tomber du bord de l'immeuble vers l'intérieur. Elle trottina pour la rejoindre. Étrangement, Annie se sentait bien. Elle ne devait peut-être pas. Mais elle avait l'impression de trouver une place qu'elle avait longuement cherché.

 

 

 

 

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