Mad Love (Jerome Valeska)

Chapitre 18 : Le goût du sang

2070 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/01/2017 18:05

Et voilà, comme je l'ai dis, un chapitre qui arrive rapidement après le dernier ! :3 Bonne lecture !


Jérôme maintenait son nez souffrant en essayant de limiter le sang qui s’en écoulait. Il entendait les rires lointains de sa mère, et de l’homme qui l’accompagnait. Il ferma ses yeux, pour ne pas hurler de douleur. Il avait claqué la porte de sa chambre derrière lui, et s’était installé sur son lit, en regardant le mur, les yeux piquant des larmes qu’il se bornait à retenir cachées. Tout son corps tremblait. Même à son âge, avec cette taille, ce corps qui s’était développé sous son incompréhension, on continuait à le maltraiter.

C’était bien simple : l’homme était rentré, avait sauté sur sa mère comme une bête sauvage, il avait même commencé à lui retirer ses vêtements sur la table de la cuisine. Ils s’étaient déplacés jusque dans la chambre, sous le regard gêné de Jérôme qui s’était appuyé au plan de travail en retenant sa nausée. Et, comme toujours, les cris de sa mère retentirent dans la caravane. Il s’était assis à table, avec un verre d’eau, un mal de tête le prenant brusquement, l’empêchant de bouger. Lorsque les adultes se calmèrent enfin, il les entendit rire une première fois. Elle riait toujours. Et il ne supportait pas ce rire moqueur et aigu. Seulement habillée d’une nuisette, elle sortit de la chambre pour s’emparer d’une bouteille d’alcool.

-         La vaisselle, dit-elle à Jérôme sans même le regarder.

Il retint un souffle agressif, et il se leva brusquement de sa chaise, la faisant grincer sur le sol. Sa mère se tourna pour le regarder.

-         A quoi tu joues, exactement ?

Il ne répondit pas, et leva les yeux vers elle.

-         Ne me regarde pas, ordonna-t-elle d’une voix dédaigneuse.

Sans comprendre pourquoi, Jérôme obéit machinalement et baissa ses yeux pour regarder le vide. Il serra ses poings forts, se laissant la trace de ses ongles dans sa peau. Sa mère eu un léger rire moqueur. Il entendit du bruit dans la chambre. L’homme sortit de la pièce, et apparut, presque nu, sur le seuil de la porte.

-         Quelque chose qui ne va pas ?

Lila Valeska se tourna vers son amant, et désigna son fils.

-         Il a du mal à comprendre qui commande, expliqua-t-elle.

Jérôme monta légèrement ses yeux, sans pourtant regarder les deux adultes en face de lui, épiant simplement les gestes de ces derniers.

-         Ces sales gosses, faudrait tout leur interdire, ronchonna l’homme.

Se surprenant lui-même, Jérôme leva les yeux sur lui, pour le regarder quelques secondes.

-         Tes yeux ! s’écria sa mère.

Elle se déplaça jusqu’à lui et lui mit une claque derrière la tête, ce qui le fit légèrement sursauter.

-         Combien de fois je devrais te le dire ?

Se trouvant derrière lui, elle ne le vit pas, mais Jérôme remonta une nouvelle fois ses yeux, d’un air plus bestial cette fois. L’homme le remarqua et se planta devant lui.

-         T’entends pas quand on te parle, gamin ?

Jérôme ne répondit pas.

-         Il est con, ou quoi ? réponds-moi !

Mais Jérôme restait muet. L’homme le secoua violemment.

-         Tu vas répondre, espèce d’abruti ?

-         Réponds-lui ! ajouta sa mère.

Il n’eut le temps de rien, qu’on le frappa à nouveau, sans raison, en plein nez. Le voyant tanguer furieusement, ils se mirent à rire. Jérôme se rattrapa à un mur, et les deux retournèrent dans la chambre en s’esclaffant. Il s’en alla, et il se retrouvait désormais dans sa chambre, à tenir son nez saignant. Il se permit quelques larmes douloureuses.

Il en avait assez, ne supportait plus ce que sa mère et ces hommes qu’il ne connaissait même pas, lui faisaient subir. Il repensa soudainement au film qu’il avait vu avec Kaysha au cinéma, et l’envie de meurtre le reprit. Il du se retenir, pour ne répondre à ce mouvement véhément qui le poussait à sortir de sa chambre pour s’abattre en traitre sur sa mère et son amant. Il ramena sa main saignante devant lui pour l’observer. Il n’eut aucun mal à imaginer le sang de sa mère coulant entre ses doigts. Il leva les yeux sur le mur qui séparait sa chambre de la sienne, et se mit à sourire maladivement. L’image de sa mère suffocante et suppliante lui retira un rire cruel qu’il ne comprenait pas lui-même.

Un rire incroyablement satisfaisant.

Il dû se forcer à se calmer, ne sachant plus que faire avec ce sang qui s’écoulait sans arrêt de son nez. Le sang s’immisça dans sa bouche, et il l’avala, sans que le goût ne le gêne réellement, n’y faisant pas vraiment attention. Il tâcha sa chemise du sang immaculé, qui s’étalait sur le reste de ses vêtements. Il adorait cette couleur, ce rouge éclatant, qui permettait la vie, mais qui, une fois déversé, donnait la mort. Il entendit l’homme sortir au bout d’une heure et sa mère s’engouffra dans la douche, comme à son habitude. Jérôme en profita pour sortir, en oubliant le sang qu’il avait essuyé avec ses habits. Il fallait qu’il se calme, il fallait qu’il ne pense plus à ces choses horribles, en somme il lui fallait trouver Kaysha. Il se rendit à la caravane de cette dernière, et croisa seulement son père qui en sortait.

L’homme le regarda avec suspicion, le toisant comme si Jérôme n’avait été qu’une stupide serpillère. Le rouquin ne su vraiment comment se tenir. Il hésitait entre se ramasser sur lui-même, comme à son habitude, ou rester droit, et regarder à son tour Christopher. Il fit finalement un étrange mélange des deux propositions, ce qui rendait quelque chose d’assez affreux, le regard de Jérôme étant froid et cruel, alors que sa tenue corporelle exprimait la crainte.

-         Qu’est-ce que tu veux ? demanda Christopher avec agressivité à Jérôme, sans regarder le sang sur ses vêtements.

-         Seulement voir Kaysha, répondit d’une petite voix le jeune homme.

Christopher se posa juste devant lui. Il était très légèrement plus petit que le rouquin. Jérôme gardait dissimulé cette jubilation qui lui chatouillait les joues, se refusant à les laisser s’étirer en un sourire sournois.

-         Je sais très bien que tu n’es pas une bonne personne, Jérôme, dit Christopher en regardant le jeune homme droit dans les yeux. Je te jure, que s’il arrive quelque chose à Kaysha, je te tue de mes propres mains.

Jérôme souleva ses deux sourcils, théâtralement étonné. Il se pinça rapidement les lèvres, en détournant ses yeux, et répondit à Christopher d’une voix plate et calme.

-         Sachez que, si vous, vous la touchez, c’est moi qui vous tuerai.

-         Oui, tout le monde sait ça. Personne n’a oublié ce que tu as fait à Cole.

Un léger sourire étira le côté droit de la bouche de Jérôme.

-         Ce que moi et Kaysha avons fait à Cole, rectifia-t-il.

-         Je sais reconnaître ma fille quand elle ment, je ne suis pas stupide. Tu n’as jamais remarqué ? sa paupière droite tremblote très légèrement lorsqu’elle ment, c’est presque impossible à voir. Vérifie, la prochaine fois qu’elle te fait croire quelque chose. Lorsqu’elle te fait croire qu’elle t’aime, par exemple.

Les mots de Christopher étaient volontairement blessants. Il en avait marre que sa fille traine avec ce raté, le petit Jérôme qui n’avait pas de talent, et battu par sa mère, comme un pauvre chien des rues. Mais le jeune homme ne se laissa pas démonter. Il avait déjà été frappé aujourd’hui, et il n’avait pas envie que ça recommence.

-         Et quand elle vous dit qu’elle vous aime, sa paupière bat ? A moins que vous soyez tellement affreux, qu’à vous, elle ne vous dit jamais « je t’aime » ?

Christopher réagit au quart de tour. Il s’empara de la gorge de Jérôme pour la serrer entre ses doigts. Jérôme étouffa, et posa ses mains sur l’avant bras de Christopher. On ouvrit la porte de la caravane, et Kaysha en sortit en courant. Elle se précipita entre les deux hommes. Le visage de Jérôme changea immédiatement, et sa confiance disparut.

-         Lâche-le ! s’écria-t-elle en s’approchant de son père. Mais lâche-le !

Elle frappa son épaule. Christopher desserra son emprise, et Jérôme put reprendre sa respiration. Il posa ses mains sur sa gorge souffrante, sans arriver à parler.

-         Mais qu’est-ce qui te prend ? Pourquoi tu fais ça ?!

Elle examina la gorge de Jérôme avec inquiétude. Christopher le regarda une dernière fois.

-         N’oublie pas ce que je t’ai dit.

Et il s’en alla.

-         Ça va ? demanda Kaysha anxieuse. Je sais pas ce qui lui à prit, qu’est-ce qu’il t’a dit ? Qu’est-ce qui s’est passé, sérieux ? Je comprends pas…

Elle s’approcha de lui pour examiner sa gorge tout en parlant, passant ses mains sur son visage pour s’assurer que tout allait bien.

-         Ça va aller… dit Jérôme avec une voix enroué et rocailleuse.

-         Il est vraiment trop bizarre en ce moment…

Il se fichait de sa gorge endolorie. La vision seule Kaysha l’avait apaisé. Il ne demandait rien de plus.

-         Et c’est quoi ce sang ? demanda-t-elle, un peu plus apeurée.

-         Oh ça… dit-il en sentant sa gorge souffrante. Un autre homme, qui accompagnait ma mère, aujourd’hui.

Kaysha eut un visage défait.

-         Bon, viens Rouquin, on va soigner tout ça.

Il lui sourit timidement. Il attendait simplement qu’elle lui dise ça, afin qu’il puisse la suivre, et qu’elle pose ses doigts attentionnés sur lui.


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