Le Conflit D'Orr, Guild Wars 2

Chapitre 12 : Retour

2510 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 00:39

 

 

CHAPITRE 12 : Retour

 

Le coup de feu partit, et une tornade de flammes enveloppa l’araignée et Esapdoum. La force du brasier était telle, que les trois autres voyageurs furent arrachés de leurs liens, et furent repoussés quelques mètres plus loin. Des gerbes d’étincelles jaillirent dans toutes les directions, et la chaleur de l’explosion évapora une partie de l’eau autour, créant un nuage de vapeur sur une vaste zone. Les explosions en chaîne durèrent quelques secondes, puis tout s’arrêta, ne laissant que deux tas de chairs carbonisées, à peine visibles dans la brume. Dynfaw, sonné, mit quelques dizaines de secondes à reprendre ses esprits. Il s’occupa d’abord de rincer le poison grâce à l’eau autour de lui, puis, péniblement, se releva, titubant. Fiinbar était debout, et se tenait avec Iryenna devant les deux cadavres calcinés. Il réalisa soudain : Esapdoum était mort. Cet éclair de lucidité le secoua, et il se sentit plus faible que jamais. Les larmes aux yeux, il tomba à genoux, poings au sol. Des larmes roulèrent sur ses joues. Une main se posa sur son épaule :

« Ce n’est pas ta faute… Il l’a fait pour nous permettre de continuer… lui dit Iryenna.

-Pour continuer à quoi ? Les soldats d’Ascalon sont morts, mon frère aussi, et maintenant, lui.

-La question n’est pas pourquoi on continue, mais pour qui. Et là, c’est non seulement pour Esapdoum, mais aussi pour les Tyriens. »

Elle avait raison, il fallait continuer, mais il ne pouvait se résoudre à laisser là son compagnon de route. Il se releva néanmoins, lentement, regarda une dernière fois son ami, et remonta sur la plateforme la plus proche grâce à une petite encoche dans la pierre, puis aida Fiinbar et sa compagne à monter. Après quelques sauts, toujours en esquivant les éclairs tombant à intervalles réguliers, ils arrivèrent à l’étrange machine Asura. C’était un simple panneau de contrôle, composé d’une quinzaine de boutons de toutes formes et toutes couleurs. Lequel choisir… Dynfaw remarqua alors que l’un d’eux semblait usagé, et taché de sang. Celui le plus utilisé par ceux ayant réussi à sortir de cet endroit. Il appuya dessus, les deux autres à sa suite.

            Ils réapparurent au-dessus d’un lac d’eau limpide, entouré d’arbres et d’herbes jaunies. Ils chutèrent sur quelques mètres dans la nuit noire, et finirent dans l’eau froide. Nageant jusqu’à la rive, ils décidèrent de chercher un endroit pour se reposer. En plus du froid mordant de la nuit d’automne, la faim, jusque-là supplantée par l’adrénaline, commençait à les tenailler. Affaiblis et le cœur gros ils marchèrent jusqu’à trouver une petite clairière, où ils firent un feu et, laissant la chaleur des flammes les réchauffer et sécher leurs habits, ils s’endormirent, sans même se préoccuper d’organiser des tours de garde.

Ils reprirent la route le lendemain, silencieux.

            Le dernier soldat ennemi était un Charr brun, armé d’une longue épée, tachée de sang. Ensanglanté, il posa un genou à terre. Victorieux, il s’approcha de lui, attrapa son révolver de sa main déchiquetée, sang peau, verdâtre et le leva vers celui qui semblait être le commandant du camp. Celui dans un dernier souffle dit :

« On se revoit là-haut enfoiré… »

Une dernière détonation retentit dans l’obscurité de la nuit, et une autre étoile apparut sur la voute étoilée.

 

            « Nom de Grenth… Ce n’est pas possible… »

Telle fut la réaction de Dynfaw lorsqu’ils arrivèrent au camp de la Crête Indiscrète, dont il ne restait qu’un amas de ruines fumantes, et de dépouilles encore fraîches. Au centre du camp, le corps de SombreLame, couvert de plaies, un énorme trou au milieu du visage. Ils n’eurent pas le temps de le pleurer, car un gargouillement résonna derrière eux. Ils retournèrent pour découvrir un groupe d’une trentaine de revenants, sortant des ruines, arrivant de tous les côtés. L’un deux se démarquait des autres, plus grand, le visage masqué, il portait une armure de cuir tachée de sang. Immobile, il dit :

« Les derniers vivants sur cette terre ne leur appartenant plus… Fuyez, ou mourrez.

-Je ne fuirais pas devant un cadavre à moitié dévoré par les vers ! lui répondit Iryenna

-Nous allons venger la mort de notre commandant, et de tous les autres. »Continua Dynfaw.

Le Le combat s’engagea contre un ennemi dix fois plus nombreux qu’eux. Mais s’ils devaient mourir, ce serait en combattant. Un gigantesque revenant difforme le chargea, et abattit sa masse en bois sur lui. Dynfaw roula, envoya valser un nain derrière lui et sauta sur la grande abomination.  Il lui taillada la nuque à plusieurs reprises, mais elle se secoua et parvint à le jeter à terre. En une seconde il se releva, lui coupa une jambe, prit appui sur son bras et lui planta la dague dans le crâne. Sautant à terre il para un premier coup d’épée, accompagnant le mouvement adverse avec sa dague, mais ne put éviter le marteau de guerre qui lui fracassa le dos. Il se retrouva à terre, à demi paralysé. Sans défense, un revenant à la carrure lourde lui sauta dessus, mais reçu un déluge de flèches, et s’effondra avant de l’atteindre.  Une aura bleue le soigna instantanément lorsque la gardienne s’approcha de lui et le releva. Ils combattirent alors côte à côte, dos à dos, se défendant l’un l’autre, aidés par Iryenna, perchée sur un bout de rempart. Jusqu’au moment où il fut jeté à terre, par un Norn pourrissant, qui leva son espadon afin de le tailler en deux. Il se transforma, mais le coup le vida de toute son énergie vitale et il fut contraint de revenir à sa forme originelle. Il tenta de rouler sur le côté mais le mort l’écrasa de sa botte et donna le coup permettant de l’achever. Il ne ressentit aucune douleur lorsque l’acier creusa un profond sillon de son épaule gauche jusqu’à sa cuisse. Il se sentit partir. Il ferma les yeux. Les rouvrit, deux secondes plus tard, découvrant devant lui le regard de Fiinbar, yeux grand ouverts, ensanglantés, fixant quelque chose qu’elle seule semblait voir. L’énorme espadon planté dans son dos, la clouant au sol, embrochée. Morte. Figée. Ses bras énormes encadrant le nécromancien couvert du sang de son amie. Elle l’avait sauvé. Protégé, soigné. Il fut soudain tiré en arrière par une main puissante, qui le traîna dans la poussière.  Le revenant qui le tirait le retourna. C’était le grand à l’armure de cuir. Il lui asséna un coup de poing qui le sonna. Puis un second, et un troisième. Puis un bruit discret, et une flèche, lui transperçant le bras. Il se tourna, surpris, relâchant un peu sa prise. Ce qui suffit à Dynfaw, pourtant amoché, de se libérer et de le repousser à l’aide d’un coup de pied bien placé. Le revenant, ivre de rage, se jeta sur lui mais il l’esquiva, ignorant le sang lui coulant sur le visage. La bataille continuait. Repoussant en assaillant, il porta ensuite une contre-attaque au grand mort-vivant. Qui recula. Durant un court instant, il ne se passa rien. Une sorte de trêve éphémère s’installa. Le vent mugissait, mais nul bruissement de feuilles n’accompagnait cette douce plainte. Ici, tous les arbres avaient depuis longtemps disparu. Le temps des villages prospères et des hauts chênes aux couleurs vives était révolu depuis des millénaires. Ici, même le soleil ne perçait jamais les épais nuages de poussière qui obscurcissaient le ciel. Pas de soleil, pas vie. Pas de fleurs, pas d’animaux à part les pauvres bêtes corrompues qui erraient ci et là. Seules les moisissures et quelques rares mauvaises herbes parvenaient à pousser sur cette terre désolée qu’était Orr. Autour de lui, les cadavres gisaient, marionnettes délaissées, pantins abandonnés. Certains étaient vêtus de simples haillons ou d’armures rapiécées. Leurs corps étaient mutilés, en décomposition, couverts de sang séché, de profondes entailles et des flèches. Certains corps se faisaient plus rares : vêtus de fières armures, d’armes enchantées et de talismans sacrés. Les soldats du Pacte s’étaient battus jusqu’au bout. Charrs, Humains, Asuras, Sylvaris, Norns : tous les peuples avaient payé le lourd tribu de cette bataille. Iryenna gisait au pied d’un rocher, inconsciente… ou morte. Même elle. Il rengaina son bâton, attrapa sa hache et sa dague. Un seul ennemi restait encore debout. Cela touchait à sa fin. Animé par la rage, Dynfaw déchaîna alors une véritable tempête de coups, dansant presque, emporté par l’élan de son bâton. Mais le grand revenant sortit deux dagues et ce fut un long duel, qui fut néanmoins en faveur du nécromancien qui repoussa son adversaire hors du camp. Quand, soudain, son opposant roula sur le côté, passa derrière lui, et se fut maintenant à l’autre de reculer en parant les coups de son ennemi. Jusqu’à ce qu’ils arrivent à une falaise donnant sur l’océan. Ayant parcouru plus de cent mètres à force d’esquives et de roulade, les deux combattants ne faisaient qu’augmenter la fréquence de leurs coups, et semblaient infatigables. Bloquant tant bien que mal un coup, Dynfaw riposta, et son adversaire recula, touché à la hanche par une puissante attaque magique. Le soldat du Pacte tenta de conserver son avantage, mais, baissant sa garde il reçut la dague du revenant dans le bras. Il recula et les deux adversaires se regardèrent, tous deux blessés au plus haut point. Mais le repos ne fut que d’un instant, et le revenant tenta de l’atteindre à la tête. Le nécromancien se baissa mais il chuta, ses jambes fauchées par le pied du mort-vivant. Il roula à terre, et la dague pleine de son sang se planta à l’endroit où se trouvait un instant plus tard sa nuque. Les deux attaquants roulèrent dans la poussière durant de longues secondes. Mais Dynfaw parvint à repousser de ses deux jambes son assaillant et se releva, essoufflé. L’autre sortit alors un pistolet et tira, mais la balle ne toucha que la main de son adversaire, qui lâcha alors son bâton, qui tomba dans les abîmes agitées, un peu plus bas. Sortant sa hache, et dans un dernier effort il lui bondit dessus, et lui porta un coup à la tête. Le masque de cuir vola, révélant le visage déchiqueté de :

« Shadoine ?! »

Déstabilisé par cette révélation il ne put esquiver la ruade qui le propulsa dans le vide… Et il ne dût la vie sauve qu’à sa main droite, avec laquelle il s’accrocha au bord du gouffre. Son frère se pencha sur lui, aucune expression ne se dégageant de son visage. Mais telle une panthère verte et rouge, Iryenna surgit et bouscula Shadoine, et tous deux roulèrent au sol. Le revenant chuta. Sa compagne le releva. Il reprit pied à terre, couché sur le côté, regardant l’océan d’un regard vide. Il articula :

« Nous avons gagné… N’est-ce pas ? »

Mais sa compagne ne répondit pas, et se leva lentement, titubant. Les yeux vitreux, elle tendit sa main droite vers lui et c’est là qu’il vit le sang qui dégoulinait de sa poitrine, juste sous le bras qu’elle lui tendait. Elle chuta en arrière, disparaissant après une longue chute dans la brume. Il hurla aux cadavres autour de lui :

« Noooooooooooon ! »

Et il s’évanouit.

 

Laisser un commentaire ?