Les agneaux ont cessé de bêler

Chapitre 4 : Pique-nique

944 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 30/05/2021 11:04

Nous marchons côte à côte. Hannibal a pris les devants et sait où il veut aller. À croire qu’il connaît cette forêt par cœur. Je ne me pose pas plus de questions. Il est vrai qu’il aurait été capable de passer quelques jours ici pour savoir quel sentier j’aurais pu emprunter lors de mes courses. 

Nous ne suivons pas de sentier. Nous avançons à travers les bois. Branches, fougères, feuilles recouvrent le sol. Un doux tapis naturel me dis-je. Je suis à quelques pas derrière le Docteur Lecter. J’observe cette partie de la réserve où je n’avais encore jamais mis les pieds. Une douce brise fait tournoyer mes cheveux autour de mon visage amaigri. L’odeur des lieux si caractéristique emplit mes poumons. Hannibal avance sûr et certain de la direction qu’il emprunte. Je ne vois pas son visage mais en vue de sa posture je devine que ce qui le guide n’est pas la vue mais l’odorat. Il est vrai que j’avais remarqué dès le début qu’il utilisait davantage l’odorat que ses autres sens. Il a toujours porté une importance particulière à mes parfums, lotions. Et il m’a offert des lotions italiennes à l’odeur très plaisante. 

Hannibal s’arrête brusquement. Je manque de m’écraser contre son dos. 


-  Mademoiselle Straling ! Attention où vous mettez vos pieds.

- Excusez-moi Docteur. Je ne m'attendais pas à ce que vous vous arrêtiez ici. Sommes-nous arrivés ? 

Sans répondre, le Docteur Lecter entrouvre quelques branches pour me laisser apercevoir ce qui se cache derrière les arbres. 

Une immense clairière circulaire s’offre à nous. Des centaines de fleurs violettes et blanches recouvrent le sol. Ce parterre offre une tapisserie naturelle à couper le souffle. Je reste figée face à ce spectacle de la nature. 

Hannibal vient passer un bras derrière mon dos pour me faire avancer. 



- Les lieux vous plaisent ?

- Mon Dieu ! C’est grandiose !! 

- J’ai découvert ce lieu en potassant la carte de la réserve. Sentez-vous tous les arômes des fleurs ? 


J’inspire de grandes goulées. J’arrive à sentir quelques effluves de fleurs. Je secoue la tête à l’affirmative. 

Hannibal pose les affaires sur le sol, au centre du cercle. Il sort du panier une grande nappe rouge qu’il pose au sol. Le connaissant suffisamment à présent, je sais que nous allons manger des produits de grandes qualités. 


- Quel est le menu Docteur ?

- Nous allons commencer par du foie gras français, fait par une petite entreprise d’Alsace. Nous aurons par la suite des rillons et des souris, partis du gigot de porc, accompagnés de toasts au fromage de chèvre de Saint Maure de Touraine. Pour accompagner le tout nous boirons un vin Blanc Monbazillac du Château de la Fonvieille Réserve du Theulet de Bordeaux et datant de 1945. 

- Un repas typiquement français !

- La gastronomie française n’a pas son pareil. 

- Vous semblez être très attaché à la France. Votre dossier au FBI vous recense en France durant votre adolescence. Pourquoi avoir quitté ce pays d’adoption ? 


Je reprends très vite.


- Si toutefois vous êtes d’accord pour m’en parler.


Hannibal sourit avec nostalgie il me semble.


- La police parisienne savait que c’était moi. Ma tante ne voulait plus de moi par dégoût de l’homme que j’étais devenu. Je suis parti au Canada régler son compte au dernier larron qui a participé au massacre de ma sœur et je me suis installé définitivement aux Etats-Unis. Mais la gastronomie française me manque cruellement. J’aime les bonnes choses ! 

- Merci pour cette explication. 

 Ses yeux bleus me regardent avec instance. Cherche-t-il à savoir si j’ai peur ? Il ne semble pas trouver ce qu’il souhaitait trouver. Alors il sort tout ce qu’il faut pour manger. 

Le repas est exquis ! Hannibal a raison. La gastronomie française mérite pleinement sa réputation. 

Alors que je suis repue, le Docteur sort quelques fraises du fond du panier. 


- Des fraises !! Ho chic !!!

- Je me doutais que vous aimeriez. 


Hannibal prend un des fruits entre ses deux et l’approche de mon visage. Il m’ordonne d’ouvrir la bouche de sa voix douce. Il vient glisser le fruit d’agrégat entre les lèvres sans me quitter des yeux. Mon pouls s’accélère. Il est en train de jouer avec moi. Son petit sourire narquois, première fois que je le vois sourire de la sorte, ne m’aide pas à me concentrer à déglutir. Le rouge monte à mes joues. Hannibal réitère ce petit jeu à deux reprises jusqu’à ce que je devienne de la même couleur que les fruits. 


- Un coup de chaud Mademoiselle Starling ? 


Je bafouille des mots incompréhensibles. Hannibal se met à rire. Véritablement. Hannibal rigole de la situation embarrassante dans laquelle il vient de me mettre. Je reste figée à le regarder s'esclaffer avec désir. Le Docteur Lecter sait draguer et s’amuser avec un autre être humain. Cette nouvelle facette de l’homme me conforte dans les sentiments que j’éprouve à son égard.

Le docteur pioche dans la barquette et après avoir fini, se dresse d’un bond. 


- Quelques tires d’arbalètes Clarice ?


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