My cannibal obsession

Chapitre 11 : Obsessions réciproques.

3424 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 01:41

Je viens de perdre toute crédibilité vis-à-vis d’Alex. Hannibal n’a évidemment rien à craindre pour sa carrière. Et moi je n’ai rien à craindre  pour la mienne à une seule condition : que je reste avec lui. Et c’est exactement ce qu’il veut. La meilleure façon que j’ai de réagir est de faire comme si de rien n’était, et d’approuver. Toujours en faisant preuve de tact, Hannibal détend l’atmosphère en changeant de sujet tout en agissant comme à son habitude.

 

Cet acte était probablement destiné à me faire réagir, moi, et personne d’autre. C'est un avertissement. Bloom, Crawford et son équipe n’en ont probablement pas grand chose à faire, Alex ne m’adressera certainement plus la parole, par contre Camille me jalousera vraisemblablement encore plus qu’avant ce qui ne me dérange pas plus que ça.

 

J’essaie de paraître naturelle et le reste de la soirée se passe bien. Alex est reparti, il doit soi-disant se lever tôt demain. Son départ m’enlève tout de même un poids, je me sens tout de suite plus à l’aise.

 

Puis vers minuit les invités commencent à partir, ils ont l’air ravis. Hannibal et moi les saluons, puis il referme la porte d’entrée derrière eux. Je me poste devant lui.

 

« J’aurais préféré que tu me parles, mon amour, lancé-je.

- Cela n’aurait pas eu le même effet. », me répond-t-il.

 

En quelques sortes, j’aime le fait qu’il n’ait pas apprécié mes actes de ce midi. Il veut vraiment que je comprenne que je lui appartiens. Au fond de moi je sais que je suis toute à lui, mais cela me plaît qu’il doute. Finalement, j’aime le fait de ne pas être une proie si facile pour lui, et j’aime surtout ses réactions, je ne pensais pas qu’il serait si possessif.

 

Je suis épuisée, je l’aide à ranger puis je vais me coucher, il me rejoint un peu plus tard dans la nuit.

 

Vendredi 20 mars

 

Quand je me suis levée ce matin, Hannibal n’était pas là, mais je ne m’inquiète pas parce qu’il m’a laissé un mot disant qu’il serait bientôt de retour.

A coté du mot se trouve un tas de lettres, je regarde : ce sont les miennes. Il est passé à mon appartement pour prendre le courrier. Il y a beaucoup de factures, mais aussi des lettres de la FAC, j’ai manqué quelques conférences et cours magistraux.

 

Je me sers une tasse de café et Hannibal rentre. Il me salue et m’embrasse sur le front.

 

« Merci d’être allé chercher mon courrier… J’ai tendance à oublier mon appartement en ce moment.

- Nous devrions le vendre », déclare-t-il.

 

Je suis plutôt surprise par sa proposition, je dois encore y réfléchir. Je lui sers une tasse de café.

 

«  Will devait donner un cours magistral aujourd’hui avec le Dr Bloom sur l’affaire Elisabeth Forns mais il est encore très perturbé. C’est donc moi qui le remplace, me dit-il tout en se s’asseyant à ma droite.

- Ça ne m’étonne pas, il doit être dans un piteux état. Il n’est pas encore venu te voir ? Pourquoi est ce que tu ne l’appelles pas ?

- Il viendra quand il sera prêt. Cela ne devrait pas tarder.

- D’accord. Et je serai à ce cours magistral, Professeur Lecter, ajouté-je, je ne voudrais pas manquer ça. »

 

Il se lève, me regarde du coin de l’œil, répond par un sourire et se dirige vers son bureau.

 

 

 

 

A quatorze heures, nous arrivons à la FAC. Je me dirige dans l’amphithéâtre alors qu’Hannibal rejoint Alana dans le bureau du doyen.

 

L’amphithéâtre est déjà presque rempli, je vois que l’affaire intéresse. Des étudiants en médecine légale, psychiatrie et des étudiants de l’institut de criminologie sont présents. Je descends les marches, je sens les regards se poser sur moi. Il faut dire que je ne suis pas très discrète, depuis que je travaille avec Lecter, je m’habille différemment, mais je ne suis pas la seule, c’est le cas de la plupart des étudiants qui travaillent en cabinet. Je porte une jupe près du corps, un chemisier et des escarpins.

Les autres savent probablement ce qui se passe entre Hannibal et moi. Non pas que je sois une étudiante connue dans cette faculté, mais je suis la première à être prise dans le cabinet du très renommé Dr Lecter, et qu’en plus de ça, les rumeurs disent que je couche avec lui. Ce genre de ragots intéresse toujours les gens.

Je décide de m’asseoir en bas à gauche de l’amphithéâtre. Je ne connais pas mon voisin, il n’a pas l’air de me connaître non plus, et ça me va très bien. Je regarde discrètement autour de moi, je reconnais quelques personnes. Je balaie la salle du regard quand soudainement je croise le regard de ma meilleure amie. Florine est là. Cela me paraît bizarre sur le coup puis je me rappelle qu’elle était intéressée par l’odontologie médico-légale, elle a probablement fini par choisir cette spécialité. Elle n’a pas tenté d’éviter mon regard, mais j’ai instantanément fui le sien.

 

Hannibal et Alana entrent, Camille est avec eux et fait mine d’être le centre de leur conversation. Je commence à bouillir intérieurement, elle m’exaspère. Elle touche le bras d’Hannibal, je serre les points et respire bien profondément, puis elle va s’asseoir au premier rang. Tout le monde la regarde évidemment, c’était son but principal. Camille est une grande blonde, mince, elle a des yeux bleus, un regard de biche, le genre de femme que toutes les autres détestent.

 

« Bonjour à tous, dit Alana. Le Professeur Graham étant souffrant, c’est donc aujourd’hui avec le Dr Lecter que vous connaissez tous que je vais faire ce cours. »

 

Les autres étudiants ont l’air surpris.

Hannibal regarde toute la salle, il me cherche certainement. Je ne suis pas loin de lui, lorsqu’il croise mon regard, il penche légèrement la tête et lève le sourcil. Je fais de même. Je ne lui souris pas, je suis encore énervée par le comportement grossier de Camille et il l’a probablement compris.

 

Je n’arrive pas à me concentrer. De toute manière, je connais très bien cette affaire, ce cours m’est inutile. A la place, je le regarde. Il est très à l’aise et lorsqu’il parle, les autres étudiants l’écoutent très attentivement, ils notent tout ce qu’il dit. Il se déplace dans la salle avec agilité et élégance, il parle distinctement. Lecter sait captiver l’audience.

 

Quand je regarde tous ces étudiants, je me rappelle la réalité. Ces gens ne se doutent pas de la personne qu’est Hannibal. Ils n’ont pas non plus idée de qui je suis. Ils ne savent pas ce que j’ai vu, ni ce que j’ai pu faire. Je déteste me rappeler cette réalité, ce moule dans lequel je n’entre plus, parce que j’ai l’impression d’être dans un rêve, un monde parallèle, mais dans lequel je me sens bien.

 

J’observe Hannibal à nouveau, il est appuyé sur le bureau qui est à leur disposition.

 

Ils passent à l’écran des photos du corps d’Elisabeth dans la mairie. Quand Alana parle de l’orchidée, le regard d’Hannibal croise le mien, je me mordille la lèvre inférieure, ce qui laisse apparaître une fossette sur ma joue. Je ne veux pas baisser les yeux, je continue de le fixer, et il fait de même. Nous restons tous les deux impassibles quelques secondes jusqu’à ce qu’Hannibal arrête de me fixer, lève le menton et esquisse un léger sourire amusé.

 

Je l’ai perturbé. J’ai perturbé l’imperturbable Dr Lecter.

 

Le cours dure une heure trente. A la fin, la plupart des étudiants restent dans l’amphithéâtre puisqu’un autre cours a lieu après. Camille se lève instantanément, je fais de même et descends les marches. J’essaie de rester plus humble qu’elle et m’avance vers Hannibal et Alana quand je reçois un message de Will. Il m’attend devant la FAC.

 

Je rejoins Hannibal et au même moment le Doyen arrive et nous propose de boire un café. Je leur dit que je dois y aller, effleure discrètement la main d’Hannibal en passant et sors de la FAC.

 

J’aperçois la voiture de Will, ouvre la portière et entre. Il est encore en transe, ses cernes sont violets et très prononcés, tout son corps tremble.

 

« Attends, je vais conduire. », lui dis-je.

 

Je prends donc le volant et l’emmène à l’endroit où il pêche, je sais qu’il s’y sentira mieux. Nous nous asseyons sur un rocher et il éclate en sanglots. Je m’approche de lui et j’attends qu’il se calme. Il reprend petit à petit son souffle.

 

« Comment tu te sens ? demandé-je.

- Coupable. »

 

Il fixe le sol et serre les poings.

« A quoi as-tu pensé quand tu l’as défigurée ? Qu’est ce que tu as vu, Will ?

- Je n’en sais rien. C’était comme si Hannibal attendait que je le fasse, déclare-t-il, j’ai l’impression que c’est moi qui l’ai tuée.

- C’est lui qui t’a poussé à le faire ?

- Non, pas directement. Il… »

 

Il se prend la tête entre les mains et recommence à trembler.

 

«  Je ne sais plus où est la réalité, je rêve sans arrêt, s’énerve-t-il, comme si Hannibal était toujours là et comme si… il me contrôlait. Dis-moi, est ce que je suis fou ? ».

 

Je comprends ce qu’il me dit. Peut être qu’il a raison, et qu’Hannibal le contrôle. Il doit probablement profiter de la thérapie. Will Graham n’est pas fou, mais il intéresse Lecter, et il y a une raison. 

Je ne peux rien dire à Will tant que je ne connais pas les raisons exactes qui poussent Hannibal à prendre le contrôle de son esprit de la sorte.

 

« Dis-moi Will, quand est ce que tu as vu le Dr Lecter pour la dernière fois ? »

 

Il est incapable de me répondre. Il le voit donc partout, l’entend lui dicter sa vie à longueur de temps.

C’est clair pour moi maintenant, Hannibal utilise des techniques d’hypnose sur Will.

Peut être que finalement, l’art que pratique Lecter est aussi bien psychique que physique.

 

Voudrait-il faire de Will un monstre ? Ou bien voudrait-il plutôt révéler le monstre qui se trouve en Will ?

 

En attendant, je ne peux pas aider Will sans connaître les motivations d’Hannibal. Je suis étonnée qu’il ne m’ait donné aucune instruction sur Will. Peut-être voulait-il que je découvre les pratiques médicales peu catholiques qu’il utilise sur son patient ?

 

Je regarde ma montre : ça fait déjà plus de trois quarts d’heure que nous sommes ici. Nous décidons de reprendre la route.

Je ne sais vraiment pas quoi lui dire, je ne peux pas le laisser comme ça.

 

Sur la route, je repense à tout ce que Will ma dit jusqu’à maintenant. L’autre jour lorsqu’il m’a dit « On intéresse Lecter, il a tout planifié, il n’y a aucune coïncidence. Il ne nous a pas tués, il y a une raison à cela, il faut que tu m’aides à la trouver. ».

Will nous a toujours mis dans le même panier lui et moi, il savait, mais Hannibal a tout de même réussi à avoir le pouvoir sur lui. Pense-t-il qu’Hannibal tente également de me contrôler ? Will a des raisons d’intéresser Hannibal, mais pas moi. Je ne vois pas en quoi je l’intéresserais.

 

Il se gare devant chez Hannibal.

 

« Tu n’es pas fou, Will. Je passerai te voir rapidement.», me contenté-je de dire avant de sortir de la voiture, en essayant d’être la plus persuasive possible. Il me remercie et s'en va.

 

Je rentre, pose mes affaires, récupère le courrier et le lis en mangeant un fruit. Puis je pose les lettres et réfléchis.

 

Hannibal pense que j’ai quelque chose à cacher. « Je sais qui tu es », m’a-t-il dit l’autre soir.

Tout à l’heure dans l’amphithéâtre, je me suis sentie à part, mais bien. Pendant que des photos du meurtre que l’homme que j’aime a commis, je ne pensais qu’à lui. Quand j’y pense, la plupart des gens trouveraient cela extrêmement malsain. J’ai cautionné le meurtre d’Hannibal, j’ai mangé une partie d’Elisabeth pour l’honorer.

Est-ce que je fais tout cela par amour ? Peut être que c’est le « meilleur » de moi-même dont parlait Hannibal, la partie sombre de moi. En tout cas, je n’ai aucunement envie de sortir de ce rêve à priori malsain. Parce que je me porte à merveille.

Je me pose beaucoup de questions sur mon propre état psychique, ce doit être « l’effet Lecter ». Il est possible qu’au bout d’un moment l’automédication ne suffise plus.

 

Il rentre. Il ne me posera pas de questions, il sait où et avec qui j’étais. Je suis appuyée sur le plan de travail de la cuisine. Il vient vers moi, et feuillette le courrier.

 

« Qu’est ce que tu fais ? me questionne-t-il

- J’étais en train de réfléchir à ce que tu fais de moi.

- Et tu as trouvé une réponse ? »

 

Il me regarde du coin de l’œil.

 

« - J’y travaille, déclaré-je.

- C’est obsédant.

- C’est vrai. »

 

Nous sommes d’accord sur un point. Il pose le courrier et me regarde dans les yeux.

 

« Ton ami Alex et toi vous fréquentez depuis longtemps, déclare-t-il.

- C’est vrai.

- Pourtant il ne te connaît pas. 

- Serais tu en train d’établir mon profil psychologique ?

- N’es-tu pas en train d’établir le mien ?

- Ce n’est pas très juste. J’ai une vie totalement banale, des parents aimants, des amis, j’ai réussi mes études. Rien de palpitant.

- Effectivement, rien qui pourrait exprimer un comportement différent.

- Alors selon toi, mon comportement est différent ?

- J’y travaille. »

 

Je ne sais pas si c'est un compliment ou plutôt quelque chose de totalement horrible. Will avait raison. Mais assez parlé de mon cas.

 

« Tu t’es construit des murs Hannibal. Et plus ils sont hauts, plus tu t’entoures de personnes qui seraient potentiellement assez intelligentes pour les escalader.

- Tu penses donc que je t’ai choisie pour cela ?

- Pas seule. Je pense que tu nous as choisis, Will et moi, pour cela, rétorqué-je. C’est obsédant.

- C’est vrai. 

- J'ai envie d'en savoir plus, sur ton art.

- Je sais. 

- A la fois élégant et monstrueux. »

Il a l'air surpris de ce que je viens de dire, il a légèrement haussé les sourcils. Mais j'ai vraiment envie de savoir, j'ai envie d'escalader les murs qui cloisonnent l'esprit d'Hannibal Lecter.

 

Le téléphone sonne, il décroche et me passe le téléphone. C’est Crawford. Ils ont retrouvé James Forns, le mari avocat d’Elisabeth. Il a lu les écrits que Freddie a publiés et il veut me voir maintenant, aux bureaux du FBI.

 

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