My cannibal obsession

Chapitre 10 : La possession.

3534 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 13:28

Avant le dîner, je sors mon ordinateur de mon sac et tape « Elisabeth Forns » sur Google, je veux en savoir plus sur elle. Elle était élue au conseil municipal de sa ville, son mari, James Forns est avocat. Elle avait trente ans et lui en a quarante six. Ils n’ont pas d’enfants. Elisabeth faisait partie de tout un tas d’associations, elle avait l’air plutôt connue. C’est le genre de femme à la fois aimée et détestée dans sa ville.

Je jette un oeil par dessus mon ordinateur : Hannibal cuisine. Il est étonnamment paisible. En fait il agit exactement comme à son habitude.

 

« Dis moi, qu’as-tu fais du reste du corps ?, le questionné-je

- Je pense que tu le sauras bien assez tôt, nous devrions recevoir un coup de fil de Crawford demain matin. »

 

Il sépare les poumons avec un grand couteau ce qui provoque un violent frisson dans tout mon corps.

 

Je regarde des photos d’Elisabeth, elle était si jolie. Une grande brune, mince, élégante. Rien à voir avec la femme que j’ai vue défigurée. Quand j’observe Hannibal, ses gestes, la délicatesse avec laquelle il cuisine, une seule pensée me vient à l’esprit : c’est ce qu’Elisabeth aurait voulu. Cette façon dont il la sublime, c’est exactement ce qu’elle aurait souhaité qu’il fasse. Je suis tellement impatiente de voir la façon dont il a mis en scène le reste du corps.

 

« Je dirais que tu as attendu que la mairie ferme et que tu l’as exposée à l’intérieur, un peu comme une œuvre d’art, lancé-je, c’est ce que j’aurais fait à ta place.

- Je ne te dirai rien, tu verras par toi même, me répond-t-il avec un sourire narquois.

- Alors tuer est ton art.

- Pour ainsi dire.

- Il y a encore quelque chose que j’ai du mal à concevoir. C’était bien toi l’imitateur de La cocue. Mais pourquoi ? Quel en était l’intérêt ?

- Tu l’as dit toi même : l’art. »

 

Il ne m’en dira pas plus ce soir. Il m’invite à venir à table et me sert. Si je n’étais au courant de rien, je n’aurais sans doute pas remarqué quelle sorte de viande se trouvait dans mon assiette.

 

Je repense aux photos que j’ai vues, à Elisabeth, à sa vie et surtout aux sentiments qu’elle éprouvait à l’égard de son mari.

L’assiette est magnifique. Les larmes coulent toutes seules sur mes joues, j’attrape ma fourchette.

Je tremble comme une feuille.

J’empoigne mon couteau, et me coupe un morceau de viande. Je ressens cette même sensation désagréable qu’on l’on peut éprouver lors du grincement d’un ongle ou d’une craie sur un tableau noir. Hannibal m’apaise en me caressant doucement le bras.

J’ai un haut le cœur mais je prends sur moi : je dois honorer Elisabeth.

 

Nous finissons notre assiette, mes larmes ne cessent de couler mais me sens soulagée.

 

 

Jeudi 19 mars

 

Comme prévu, Crawford nous appelle à huit heures trente pour que nous nous rendions sur la scène de crime. Dans la voiture, j’angoisse. Je vais devoir agir comme si je n’avais jamais vu le corps et comme si je ne savais pas qui était à l’origine de ce meurtre.

 

« Ils vont sûrement faire venir Will, lancé-je.

- Assurément. Il saura comment se comporter, répond Hannibal.

- Mais il risque d’être très perturbé et Bloom le remarquera.

- C’est là que nous interviendrons. »

 

Nous arrivons sur un parking, je regarde le bâtiment d’en face : c’est la mairie. Je lance un regard taquin à Hannibal, il me répond par un sourire et nous descendons de la voiture.

 

C’est une mairie plutôt grande, à l’extérieur les enquêteurs posent des questions aux secrétaires visiblement choquées. J’aperçois le Dr Bloom accompagnée de Camille. Elles discutent avec Jack Crawford.

 

Nous saluons toute l’équipe. Je sens le regard insistant de Camille sur moi, mais je décide de ne pas y faire attention. Jack Crawford nous annonce que dans la mairie se trouve Elisabeth Forns, et que c’est probablement La cocue qu’ils recherchaient.

Hannibal me prend par la taille et nous entrons dans le bâtiment. Les murs et le sol sont blancs, la pièce est spacieuse, c’est plutôt fleuri et épuré. Elisabeth est assise sur une chaise de bureau en plexiglas, nue, ses jambes sont croisées et ses bras reposent sur les accoudoirs. Il a fait en sorte qu’elle reste digne. Malgré son visage défiguré, on peut deviner sa beauté, ses longs cheveux soyeux sont disposés sur sa poitrine. Mais il y a un autre détail.

De la bouche d’Elisabeth sort une magnifique orchidée blanche et rose. Elle a été enfoncée profondément, je pense que la base de la plante se trouve au niveau de l’estomac.

 

« Elle a l’estomac rempli de terre et d’eau, déclare Beverly Katz, une des expertes de Crawford.

- Pour laisser la fleur en vie, réponds-je.

- Will ne viendra pas, annonce le Dr Bloom, quand il a su que c’était La cocue… Il est trop impliqué dans cette affaire.

- Je veux bien vous croire, mais Will est juste là », dit Crawford en regardant derrière nous.

 

Je me retourne. En effet, Will est bien là, il aurait du rester chez lui.

 

« Will, je t’avais dit de rester chez toi ! s’énerve Alana.

- Ça va. », répond-t-il.

 

Il marche en direction d’Elisabeth.

 

« Bon, tout le monde sort. Lecter, restez avec lui. », ordonne Crawford.

 

Nous obéissons. Je suis soulagée qu’Hannibal reste avec Will, ils vont sûrement se mettre d’accord. De toute façon même sans l’aide de Will je pense que l’équipe se doute que l’imitateur est à l’origine du meurtre. Il leur suffit de trouver une explication plausible.

 

« Bonjour Mademoiselle Hoster, je suis Freddie Lounds, j’aime beaucoup votre travail. »

 

Je sors brutalement de mes pensées et tourne la tête. En effet, Freddie est là, c’est une petite rouquine, je ne l’avais jamais vue avant.

 

« Bonjour Mademoiselle Lounds, j’avais remarqué. »

 

Elle sourit.

 

« Dites-moi, vous êtes la petite protégée du Dr Lecter, travaillez vous aussi sur le cas de Will Graham ?

- Vous perdez votre temps.

- Non je ne pense pas. J’ai une proposition à vous faire, chuchote-t-elle.

- A ma connaissance vous n’avez pas besoin de me faire de proposition puisque vous vous octroyez d’avance mon accord pour publier mes écrits sur votre blog.

- Vos écrits sont brillants. Je peux faire de vous quelqu’un de célèbre. Faites moi parvenir vos rapports sur Graham, et vous deviendrez le psychiatre le plus renommé du pays. Will Graham est dangereux n’est-ce pas ? 

- Quel culot. Vous ne reculez devant rien Freddie. Il en est hors de question.

- Réfléchissez-y bien, parce que si je trouve, quel qu’en soit le moyen, la preuve que Will Graham est dangereux et que vous n’avez rien fait pour l’arrêter, vous et Lecter coulerez. »

 

Elle me regarde dans les yeux avec insistance, son haleine sent le café.

 

« Mademoiselle Lounds je vous prie de partir, vous n’avez rien à faire ici, intervient Hannibal.

- Tout de suite Docteur », répond-t-elle gaiement.

 

Elle me regarde une dernière fois, me sourit et s’en va.

 

Je lance un regard complice de remerciement à Hannibal et me rapproche du groupe, Will est sorti de la mairie, tout le monde attend son verdict.

 

« C’est quelqu’un qui veut lui rendre hommage, qui l’admire, déclare-t-il.

- Mais pourquoi l’avoir défigurée alors ? , demande Crawford.

- Il ne devait pas être seul, répond-t-il.

- Serait-ce possible que ce soit son mari ? 

- Si Will dit que celui qui l’a mise en scène de la sorte avait du respect pour elle, je doute que ce soit son mari. Il l’a tout de même trompée, intervient Alana.

- Le problème est que l’imitateur peut être n’importe qui, nous allons tout de même tenter de retrouver James Forns. Faites toutes les analyses nécessaires. », conclut Jack en s’adressant à son équipe.

Je sens Will très mal à l’aise, je le suis aussi. Camille prend sans cesse des notes.

Tout le monde s’apprête à partir quand Hannibal intervient.

 

« Tout le monde a beaucoup travaillé ces derniers temps pour retrouver cette femme. Que diriez vous de venir dîner chez moi ce soir ? Vous êtes tous conviés. »

 

 

Tout le monde approuve et retourne au travail. Hannibal et moi retournons dans la voiture.

 

« James est avocat, il se défendra parfaitement, lui dis-je

- Ne t’en fais pas, nous réglerons le problème.

- Pourquoi l’orchidée ? demandé-je.

- Je trouvais qu’elle te représentait très bien. », répond-t-il en caressant doucement mon visage du dos de sa main.

 

Alors cette orchidée, cette petite part de vivant dans le corps mort d’Elisabeth était pour moi.

 

Nous sommes arrivés devant chez lui, il me prend la main et nous rentrons. Dans la salle d’attente un homme se tient debout, je le reconnais : c’est mon ami Alex. Je lâche soudainement la main d’Hannibal quand Alex se retourne.

 

« Salut Marion ! Bonjour Dr lecter.

- Salut ! réponds-je. Dr Lecter je vous présente mon ami Alex, il est spécialisé en gynécologie obstétrique.

- Bonjour. », répond froidement Hannibal.

 

Je regrette de lui avoir lâché la main de la sorte, ça n’a pas du lui plaire. Je ne veux juste pas que tout cela s’ébruite et que ça nuise à ma carrière.

 

Hannibal nous laisse tous les deux dans la salle d’attente.

 

« Eh bien… Il n’a pas l’air très commode, dit Alex. Comment tu vas ?

- Bien et toi ? Ca me fait plaisir de te revoir, qu’est ce qui t’amène ici ?

- Je vais bien. J’aurais besoin de ton avis pour un cas. Ça te dit qu’on aille se poser dans le parc ?

- Oui d’accord. »

 

Nous marchons jusqu’à un parc qui se situe à cinq minutes à pieds, nous nous asseyons et je lis le dossier. Il s’agit d’une femme enceinte de neuf mois sur le point d’accoucher, le père du bébé l’a quittée, et elle tente tout pour tuer le bébé.

 

« Eh bien, c’est assez courant, elle a peur de retrouver l’homme qui l’a quittée en regardant son bébé. Elle est donc persuadée que l’enfant qu’elle porte est le diable incarné. Il faudra l’interner et trouver une famille pour le bébé. Alex, poursuis-je, n’importe quel bon psychiatre est capable de faire ce diagnostic. Qu’est ce qui t’amène vraiment ? 

- Bon… On va dire que j’avais plutôt envie de te revoir. », me répond-t-il.

 

Alex est un très bon ami, nous avons vécu beaucoup pendant notre internat. Je l’ai également hébergé pendant un mois dans mon appartement. Nous étions très proches. Je me rends compte que je l’ai totalement laissé de coté ces derniers temps.

 

« Je suis désolée Alex… Tu m’as aussi beaucoup manqué.

- Tu n’as pas à t’excuser. Tu as trouvé ta voie, tu es plus radieuse que jamais.

- Tu trouves ?

- Oui, tu es heureuse, ça fait plaisir à voir. Camille, Clotilde et les autres… Tout ça c’est de la jalousie. Je te connais, tu ne coucherais pas avec ton patron pour une bonne appréciation en fin de stage. »

 

Je lui souris. Il a raison, je ne couche pas avec mon patron pour une bonne appréciation. Je couche avec mon patron parce que je suis éperdument amoureuse de lui. Mais ça, personne ne peut le comprendre.

 

« Une fois que ton stage sera terminé, je veux qu’on rattrape ce temps perdu toi et moi, tu comptes bien plus à mes yeux que je ne le pensais. », ajoute-t-il.

 

Cela ressemble à une déclaration. Je ne veux pas qu’il aille plus loin parce que je ne veux pas le blesser.

 

« On devrait rentrer, je reprends le boulot dans quelques minutes et Lecter ne rigole pas trop avec ça…

- Pas de soucis, je te ramène. »

 

Nous rentrons et je dis au revoir à Alex quand Hannibal arrive.

 

« Ce soir j’organise un dîner, vous devriez vous joindre à nous.

- Avec plaisir. », rétorque Alex.

 

Hannibal vient-il vraiment d’inviter Alex à diner ? Je déteste cette situation.

 

Nous ne parlons pas vraiment cet après midi avec Hannibal. J’espère qu’il n’a pas mal pris mon geste de ce midi. Il passe l’après midi aux fourneaux pour le dîner. De mon coté je travaille et vérifie sans arrêt si Freddie Lounds sort un nouvel article sur son blog, mais rien qui nous concerne pour le moment.

 

A dix huit heures je vais me préparer : je prends une douche, me maquille, me coiffe et enfile une robe. Je prends cinq minutes pour regarder mon corps. Depuis que je vis ici, ma taille s’est beaucoup affinée, mes fesses sont plus rebondies et mes hanches plus développées. Il faut dire que j’ai remplacé mes plats à réchauffer au micro-ondes par les délicieux repas d’Hannibal. C’est comme si indirectement, il sculptait mon corps selon ses envies, exactement comme l’une de ses œuvres d’art.

 

Il est dix neuf heures. Les premiers invités arrivent. Ce sont Camille et Alana. J’aide Hannibal à servir les boissons. Crawford et sa femme sonnent à la porte, puis toute l’équipe d’experts, et mon ami Alex arrivent à leur tour.

 

L’ambiance est bonne, même si les regards que Camille me lance en disent long. Elle ne cesse d’attirer sur elle l’attention d’Hannibal, et c’est insupportable, mais j’essaie de rester sereine, je commence à être habituée. Will ne parle pas beaucoup, je suis surprise qu’il soit venu. Les discussions varient beaucoup, tous ces gens sont très cultivés, c’est enrichissant.

 

Tout le monde passe à table. Nous commençons par un carpaccio de bœuf, il a l’air délicieux. A ma droite se trouve Hannibal, et à ma gauche, Will.

 

« Le repas a l’air délicieux Hannibal, dit Alana.

- C’est vrai, il faut dire que vous êtes un homme de goût Dr Lecter, dit Jack Crawford, dans tout ce que vous entreprenez.

- Y a-t-il un message subliminal que vous tentez de me faire passer Agent Crawford ? demande Hannibal.

- Je suis démasqué, répond-t-il en souriant. J’ai une proposition à vous faire. Mademoiselle Hoster, poursuit-il en me regardant, vous avez fait vos preuves dans l’enquête. Dr Lecter, accepteriez-vous que je vous emprunte votre précieuse étudiante dans le futur ? »

 

Je suis très surprise, il voudrait que j’intègre occasionellement son équipe et cela me flatte. Hannibal me regarde et sourit.

 

« Je suis très flattée Agent Crawford, je réfléchirai à votre proposition. », dis-je en souriant poliment.

 

Nous commençons à manger, les discussions se font autour d’une ancienne enquête qui s'est manifestement bien terminée. Je prends un peu de vin, Will ne mange presque rien. Tout le monde écoute attentivement les palpitantes histoires de Crawford. Soudain, je sens quelque chose sur ma cuisse, c’est la main d’Hannibal. Il commence par me caresser discrètement puis il remonte petit à petit sa main jusque sous ma robe, je sens mon souffle s’accélérer, je descends tout doucement sa main sur mon genou, mais il insiste et commence à soulever ma robe. Il s’approche de plus en plus de mon intimité. Il sait l’effet que cela me fait. J’ai de plus en plus chaud, les battements de mon cœur sont de plus en plus rapides. Je sens à travers le tissu de ma petite culotte son pouce glisser lentement, délicieusement.

 

Tout à coup, la pièce devient silencieuse, Crawford a probablement terminé de raconter son histoire.

 

Hannibal me regarde et dit :

« Mon amour, voudrais-tu aller chercher la sauce que j'ai préparée ? »

 

Tous les regards sont posés sur nous. C’est donc à ça qu’il veut jouer, il m’en veut et il veut que tout le monde sache que je lui appartiens. 

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