Bellatrix, une autre vie.

Janvier 1981

Tom était seul dans l'appartement, son amie était sortie pour une quelconque raison. Il avait froid. Depuis qu'il avait fabriqué son cinquième horcruxe, il y a quelques jours de ça, il se sentait vide et ses sentiments commençaient à disparaître. C'était la première fois que ça lui faisait cet effet là. Pour son premier Horcruxe il n'avait presque rien senti, juste des mots de tête de temps à autres. Avec les suivants il avait commencé à perdre l'appétit, sa chaleur corporelle avait diminuée, sa peau avait blanchit et son âme devenait de plus en plus animale. Il l'avait remarqué une fois, alors qu'il avait utilisé le sortilège de l'Imperium sur un employé du ministère et avait, soudainement eut une très forte envie de le tuer, de lui sucer le sang. Ce sentiment avait été plus fort que lui, il n'avait pas su y résister et avait réellement tué l'employé. Tuer lui procurait à chaque fois une puissante satisfaction, c'était devenue une drogue depuis qu'il avait assassiné sa toute première victime : son propre père. À chaque vie qu'il prenait il se sentait plus puissant, plus terrifiant, plus sauvage.

Ça ne l'avait jamais tellement terrifié de se voir se transformer comme ça. De moins en moins homme, de plus en plus serpent. Il se doutait bien que Bellatrix avait remarqué tout ça, il ne pouvait jamais rien lui cacher, et il la remerciait de ne jamais en parler. Elle savait qu'il n'avait jamais vraiment renoncé à sa quête pour l'immortalité, malgré toutes les mises en gardes qu'elle lui lançait de temps à autre subtilement.

Il avait donc créé son cinquième horcruxe il y a trois jours. Après qu'il eut appris qu'on lui avait refusé un poste au Ministère de la Magie qu'il convoitait depuis des mois, il s'était rendu à Poudlard pour demander au Directeur Dumbledore de lui laisser une deuxième chance en tant que Professeur contre les Forces du Mal, requête assez ironique quand on sait qu'il representait lui-même les Forces du Mal. Mais le poste lui avait été refusé une deuxième fois. Sur le coup de la rage et de l'injustice Tom s'était retenu pour ne pas s'emporter et avait eu une idée : il allait cacher son dernier horcruxe à Poudlard.

Assis seul sur son bureau, entouré d'une montagne de dossiers et de documents, le sorcier essayait tant bien que mal de contenir les pulsions que lui infligeait son âme divisée maintenant en six. Il se sentait exténué. Ses cheveux tombaient tous petit à petit, ses yeux le brûlaient, sa voix se transformait. Ce soir il allait devoir repartir encore une fois, il allait tuer. Il savait que cela ne plaisait pas à Bellatrix, il se rendait bien compte qu'elle aussi était fatiguée, presque malade. L'enfant qu'elle portait la faisait souffrir bien qu'elle n'en disait mot.

Hier soir déjà elle avait lâchée prise :

Elle s'était effondrée sur le sol, en larmes :

- Je n'en peux plus Tom, je n'en peux plus. Je suis seule toute la journée... J'attends un enfant d'un homme qui n'est jamais là... Je ne sais même pas comment je suis censée m'y prendre avec un enfant... Tom... dis-moi ce qui ne va pas... Je n'en peux plus...

Elle avait laissé échapper un autre sanglot. Le jeune homme avait attrapé sa main.

- J'ai beaucoup de travail en ce moment Bella... c'est compliqué. Écoutes, tu...

- Je suis passée à ton travail, l'avait coupé Bellatrix, ils m'ont dit qu'ils ne t'avaient pas vue depuis des mois... Dis moi ce qu'il se passe Tom... Dis le moi...

Le visage de Tom s'était durci, il avait tiré sur la main de la jeune femme pour la relever. Ils étaient à présent face à face : main dans la main. Il prit une grande inspiration :

- La révolution a commencé Bella, les choses avancent plus rapidement que prévu : nous nous sommes infiltrés dans le Ministère, ce n'est plus qu'une question de temps. Nous allons y arriver.

Il la regardait dans les yeux avec sincérité. Il avait cette lueur dans ses pupilles qui apparaissait à chaque fois qu'il parlait de ses décisions, de ses projets.

- Promet-moi que tu ne cours aucun danger, promets le moi Tom... j'ai besoin de toi.

Bellatrix ne sanglotait plus mais des larmes continuaient à couler sur ses joues. Du bout de son pouce Tom les essuya, tenant sa tête dans ses mains :

- Tu n'as pas à t'inquiéter Bellatrix, bientôt le pouvoir sera à moi, et tu seras à mes côtés : nous dirigerons tout.

- Je te suivrai toujours Tom, quoi qu'il arrive. Je resterai à jamais ta plus fidèle partisane, tu le sais.

- Je le sais. Mais pour l'instant repose-toi, le reste attendra.

Et il l'avait serré dans ses bras, le plus proche que le ventre de la jeune fille déjà bien rebondi le pouvait.

- Tu es si froid, murmura-t-elle.