Le nouveau professeur de potions

Chapitre 1

1496 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 25/04/2018 11:34

Les couloirs de Poudlard étaient déserts. Les élèves n'arriveraient pas avant le mois prochain. Dans l'un des couloirs pourtant résonnait des bruits de pas, lents, mesurés, mais aussi le léger clic clic plus rapide de griffes sur les pierres.


Deux silhouettes sombres se déplaçaient presque comme des fantômes. Un chien noir marchait deux pas devant celui qui devait être son maître. Leurs traits étaient difficiles à distinguer tant ils semblaient se fondre avec naturel dans l'obscurité ambiante.


Sans qu'il n'est besoin d'aucun ordre le chien s'arrêta face à une gargouille qui ornait un pan de mur. L'homme ne parut nullement impressionné par la forme anguleuse et monstrueuse. Il lui murmura simplement d'un calme froid « Esquimau double ». La gargouille sembla réfléchir un instant puis s'anima et fit un pas de côté pour libérer le passage vers un escalier en colimaçon, tout compris dans les ailes flamboyantes d'un rapace.


Le chien se dirigea sans hésitation vers le haut tout comme son maître qui frappa à la porte qu'ils trouvèrent sur leur chemin. Derrière le panneau de bois une voix les appela à entrer. Il poussa donc la porte, découvrant un bureau richement orné. Des étagères étaient remplies d'objets en tout genre et de livres. Un bureau massif occupait la pièce.


Minerva McGonagall, Directrice de Poudlard disait l'écriteau doré. Il devait donc s'agir de la femme mûre aux airs sévères qui occupait le siège derrière ce bureau. L'homme s'approcha, pour la première fois le chien se glissa dans son ombre comme pour disparaître. Rien n'était plus compréhensible.


Le décor de la pièce était tout bonnement somptueux, ce qui leu aurait suffit, à eux habitués à dormir dans la rue, pour être réduits au silence. Mais en plus de cela une série de portraits d'hommes généralement âgés les fixaient et discutaient de leur arrivée en se promenant de cadre en cadre.


  • Bonjour professeur McGonagall.


La femme leva les yeux vers lui. Il se sentit immédiatement exposé, dénudé. La pièce était bien trop éclairée pour qu'il puisse se cacher. Elle le détailla pendant un interminable moment, ayant sous son regard perçant dévoilé ce que lui-même voyait lorsqu'il était amené à passer devant un miroir.


Il doutait que ses longs cheveux noir de jais ne fassent grande impression. Ils lui arrivaient jusqu'au milieu des omoplates, sauf une petite tresse de cheveux qui descendait un peu plus bas. Ces yeux aussi étaient presque noir. A contrario sa peau était blanche, enfin elle était blanche lorsqu'il pouvait prendre une douche. Il n'était pas très grand, ni très gros d'ailleurs, heureusement pour lui tout cela était caché sous sa robe de sorcier.


Il était jeune et on lui avait souvent dit qu'il avait les traits fins, le visage doux, qu'il était beau, sans être efféminé. Mais la plupart du temps on passait devant lui sans le voir tant il se mélangeait à la crasse de la ruelle. C'est pour cela qu'il était là d'ailleurs.


  • Vous devez être Rufus Prince. Enchantée.


La directrice lui fit signe de s'asseoir alors il prit place.


  • Vous venez postuler pour devenir professeur de potions, c'est bien cela ?
  • Oui exactement.
  • Quel âge avez-vous ?
  • Entre 17 et 18 ans.
  • Êtes-vous conscient qu'ici certains élèves ont le même âge que vous ?
  • Oui je le sais.
  • Dans quelle école êtes-vous allé ?
  • Aucune.
  • Et quel diplôme avez-vous ?
  • Aucun.
  • Poudlard est l'une des écoles les plus prestigieuse du monde sorciers. Pourquoi pensez-vous que j'engagerais un professeur aussi jeune que vous et sans aucune qualification ?
  • Parce que je suis le meilleur , enfin peut-être pas maintenant, mais avec un véritable laboratoire, je vais devenir le meilleur potionniste.
  • C'est assez gonflé d'oser dire cela dans un lieu qui, pendant des années, à abrité Severus Rogue.
  • Je le surpasserais lui aussi.


McGonagall le regardait intensément, à son grand étonnement, sans aucun jugement, un peu comme si elle considérait sérieusement sa déclaration. Rufus était plus sérieux que jamais. Lorsqu'il la vit sourire légèrement il se tendit, prêt à tout.


  • Demain c'est la pleine lune. Il se trouve que je connais un loup-garou. Si vous parvenez à lui concocter une potion tue-loup je vous engagerais en période d'essai.
  • Mais la potion tue-loup demande bien plus de temps pour …


Il s'arrêta au milieu de sa phrase. McGonagall crut qu'il allait abandonner mais ses yeux, perdus dans le vague, s'affolaient pourtant comme s'ils lisaient les lignes d'un livre imaginaire. La directrice savait à quel point la potion tue-loup était difficile à réaliser, peu de maîtres de potion arrivaient à un résultat satisfaisant.


Elle savait qu'elle lui demandait l'impossible mais il y avait quelque chose dans l'aplomb de ses propos qui poussait à le mettre au défi à hauteur de ce qu'il affirmait. Il serait dommage qu'il admette sa défaite maintenant.


  • …Je dois avoir accès à votre laboratoire maintenant !


Il bondit sur ses pieds se dirigeant déjà vers la porte alors que McGonagall n'avait pas encore bougé. Pourtant sans qu'il lui demande rien il passa la porte et disparut dans l'escalier. Cette fois-ci la directrice s'extirpa de son siège et le suivit.


Lorsqu'elle arriva dans le couloir elle n'entendit déjà plus que ses pas résonner un peu plus loin. Il marchait si vite qu'elle ne le rattrapa avant les cachots. À sa plus grande surprise il l'attendait là.


  • Vous avez certainement dû installer le laboratoire et la réserve au sous-sol, nous y sommes mais je n'ai aucune envie d'essayer toutes les portes. « Je vous en prie … », dit-il en lui faisant signe de le devancer.


La directrice obtempéra, légèrement essoufflée. Elle se dirigea vers le laboratoire de potions et en ouvrit la porte d'un coup de baguette. Rufus était sur ses talons.


  • Voilà. Vous trouverez tous les instruments ici et les ingrédients dans la réserve, derrière cette porte au fond …


Elle n'avait pas fini de parler que Rufus avait déjà rassemblé tous les outils et ustensiles qui lui seraient nécessaires pour les disposer sur une grande table. Il ne disparut pas plus de cinq minutes dans la réserve avant de revenir avec un plateau d'ingrédients.


Sans une seule hésitation Rufus mit un chaudron sur le feu puis commença à couper ses ingrédients, à les écraser, à les piler. McGonagall était hypnotisée. Chacun des mouvements qu'il faisait était calculé, mesuré et strictement nécessaire. Ses mains agiles ne bougeaient qu'à minima et ses longs doigts n'allaient pas un centimètre plus loin que ce qu'ils avaient besoin.


  • Puis-je rester un peu ?


Il ne répondit rien mais hocha sensiblement la tête. Étant donné le contrôle qu'il exerçait sur lui-même et son économie de mouvement, la directrice n'eut aucun doute que cela lui était adressé ; Elle s'installa dans un coin et le regarda. À un moment donné Rufus mit quelques racines dans son chaudron et dans un même mouvement attacha ses cheveux en un chignon bas rapide.


Depuis qu'il était rentré dans son bureau elle avait eu l'impression d'avoir affaire à un élève trop studieux, maintenant elle ne voyait qu'un potionniste au travail. Son regard fut attiré par son chien. La bête noire était assise droite comme un i, observant avec tout le sérieux du monde son maître travailler. Tout comme Rufus, son compagnon arborait un air bien trop grave pour sa condition.


McGonagall aurait pu passer des heures à le regarder travailler, elle qui recherchait la perfection dans le travail et l'assiduité était totalement satisfaite de la façon dont il procédait. Mais dans la concoction d'une potion les gestes ne suffisaient pas. Il fallait aussi posséder un esprit hors pair que ce garçon, à l'avis de McGonagall était trop jeune pour posséder.


Pourtant sa concentration ne faiblissait pas malgré les heures qui passaient, contrairement à celle de la directrice. Bientôt elle ne put retenir un léger grondement de son estomac. Elle laissa ses joues rosir sachant que Rufus ne lèverait pas les yeux pour si peu.


  • Vous voulez faire une pause pour manger ? C'est l'heure du repas dans la Grande Salle.
  • Je n'ai pas le temps pour cela, mais ne vous inquiétez pas je suis habitué à sauter des repas.


La directrice allait répliquer quelque chose mais le chien lui jeta un regard tel qu'elle referma la bouche et sortit. Elle n'aimait pas du tout ce genre de regard mais elle n'allait tout de même pas se battre avec un chien. Et puis dans le cas où il ne viendrait vraiment pas manger elle pourrait toujours demander à des elfes de maison de lui apporter des sandwichs.


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