One moment

Chapitre 5 : IV

9795 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/05/2018 22:28

Sélène fut contente de sortir du château après déjeuner. La pluie qui était tombée la veille avait cessé. Le ciel avait pris une couleur gris clair et l'herbe était souple et humide sous leurs pas tandis qu'ils se rendaient à leur premier cours de Soins aux créatures magiques.

 

Ron et Hermione ne se parlaient plus. Sélène et Harry marchaient en silence à côté d'eux sur la pelouse qui descendait en pente douce jusqu'à la cabane de Hagrid, en lisière de la forêt interdite. Lorsqu'elle aperçut trois silhouettes familières qui les précédaient, Sélène comprit que les élèves de Serpentard allaient également assister au cours. Malefoy parlait avec vivacité à Crabbe et à Goyle qui pouffaient de rire et il n'était pas très difficile de deviner le sujet de leur conversation.

 

Debout devant la porte de sa cabane, Hagrid, vêtu de son grand manteau, Crockdur, son molosse, à ses pieds, attendait les élèves. Il avait l'air impatient de commencer son cours.

 

— Venez, venez, dépêchez-vous ! lança-t-il. Vous allez avoir une bonne surprise ! Vous n'allez pas vous ennuyer, croyez-moi ! Tout le monde est là ? Très bien, suivez-moi !

 

Pendant un instant, Sélène craignit que Hagrid les emmène dans la forêt interdite. Mais Hagrid resta en bordure des arbres et, cinq minutes plus tard, ils se retrouvèrent devant une espèce d'enclos vide.

 

— Rassemblez-vous le long de la barrière ! cria Hagrid. Voilà, comme ça... Il faut que tout le monde puisse bien voir. Alors, première chose, vous allez ouvrir vos livres...

 

— Comment on fait ? demanda la voix glaciale et traînante de Drago Malefoy.

 

— Quoi ? dit Hagrid.

 

— Comment on fait pour ouvrir nos livres, répéta Malefoy.

 

Il sortit son exemplaire du Monstrueux Livre des Monstres qu'il avait ficelé avec un morceau de corde. D'autres élèves sortirent également les leurs. Certains, comme Harry, les avaient attachés avec une ceinture, d'autres les avaient serrés dans des sacs étroits ou les avaient fermés avec d'énormes pinces.

 

— Personne n'a... n'a réussi à ouvrir son livre ? demanda Hagrid, stupéfait.

 

Les élèves firent « non » de la tête, hormis Sélène.

 

— Il faut simplement les caresser, dit Sélène à Malfoy comme si c'était la chose la plus évidente du monde.

 

Celui-ci la dévisagea, puis ses yeux métalliques se radoucirent quand la Gryffondor lui prit son livre des mains pour lui montrer.

 

-Regarde...

 

Elle prit l'exemplaire et arracha la corde qui le maintenait fermé. Le livre essaya de mordre, mais Sélène passa son doigt fin sur le dos de l'ouvrage qui fut secoué d'un frisson et s'ouvrit paisiblement dans sa main. Elle n'avait jamais eu rellement l'occasion de pouvoir discuter avec le Serpentard tant détester des Gryffondor et Selene n'aimait pas à avoir jugé une personne sans la connaître malgré que le blondinet ne lui ait laissé aucune occasion de pouvoir l'apprécier bien au contraire.

Drago semblait vouloir dire quelque chose, puis se ravisa se tournant de nouveau vers Hagrid.

 

— Oh, sommes-nous bêtes, dit Malefoy d'un ton goguenard. Il suffisait de les caresser ! On aurait dû le deviner tout de suite !

 

— Je... je les trouvais plutôt drôles, dit Hagrid à Hermione d'une voix mal assurée.

 

— Oh, extraordinairement drôles ! répliqua Malefoy. Quelle merveilleuse idée de nous faire acheter des livres qui essayent de nous dévorer la main !

 

— Silence, Malefoy, dit Harry à voix basse.

 

Hagrid paraissait soudain abattu.

 

— Bien, alors... reprit Hagrid qui semblait avoir perdu le fil. Donc, vous... vous avez vos livres et... et maintenant, il ne vous manque plus que des créatures magiques. Je vais aller vous en chercher. Attendez-moi...

 

— Mademoiselle Diggory, pouvez-vous venir avec moi s'il vous plaît ? 


Malefoy lança un nouveau regard encore plus méprisant que les derniers en direction d'Hagrid qui avait appelé la jeune Diggory.


Sélène alla rejoindre son professeur et tous deux s'éloignèrent et disparurent dans la forêt.


- Excusez-moi professeur mais, que suis-je censé faire, questionna-t-elle


Hagrid semblait ravi que quelqu'un s'intéresse à lui.


- Eh bien, le professeur Dumbledore m'a fait part de votre animal de compagnie plutôt particulier, un Hippogriffe...


Mais avant qu'Hagrid est terminé son explication, Sélène comprit immédiatement où il voulait en venir. Une douzaine d'hippogriffes trottinaient dans leur direction. Ils avaient le corps, les pattes arrière et la queue d'un cheval mais leurs pattes avant, leurs ailes et leur tête provenait d'aigles dotés de longs becs d'une couleur gris acier, et de grands yeux orange. Leurs pattes avant étaient pourvues de serres redoutables d'une quinzaine de centimètres de long. Les créatures portaient autour du cou d'épais colliers de cuir attaché à de longues chaînes dont Hagrid tenait les extrémités dans sa main immense. On pouvait apprécier l'éclat chatoyant de leur plumage qui se transformait en pelage, chacun d'une couleur différente: gris-bleu, vert bronze, blanc rosé, Marron-rouge ou noir d'encre. Plus loin, Sélène remarque son Hippogriffe, Buck, se diriger droit sur elle et posant son bec sur son épaule.

- Vous voulez que je vous aide à les présenter, demanda Sélène, caressant les plumes grises et soyeuses de Buck.


 Oh non, répondit Hagrid en gloussant, je voudrais que tu m'aides à rassurer les élèves par rapport à ses créatures. Je veux... 


Le demi-géant parut soudain gêner.


- Je veux que tu m'aides à les rassurer pour qu'ils puissent monter dessus, reprit Hagrid avant de s'arrêter de nouveau face à l'expression faciale de Sélène qui n'était pas du même avis que son professeur.


- Mais monsieur, poursuit Sélène beaucoup moins à l'aise, ce sont des animaux très sensibles et extrêmement fiers. Je doute que certains élèves soient à la hauteur de...


- Je ne me fais pas de soucis pour ça, le coupa Hagrid qui semblait vexé et qui emmenait déjà les hippogriffes vers les élèves. 


Sélène hésita avant de le suivre. Elle ne voulait pas que Buck est un problème avec des élèves quoiqu'il soit gentil mais quelque chose lui disait que rien ne se passerait comme prévu...

 

— Ooooooooooooh ! s'exclama soudain Lavande Brown d'une voix suraiguë en pointant le doigt vers Sélène qui arriva sur le dos de Buck vers les élèves.

 

— Allez, en avant ! rugit Hagrid en agitant les chaînes pour faire entrer les monstres dans l'enclos.

 

Les élèves reculèrent d'un pas lorsque Hagrid attacha les créatures à la barrière devant laquelle ils étaient rassemblés.

 

— Ce sont des hippogriffes ! annonça Hagrid d'un ton joyeux. Magnifiques, n'est-ce pas ?

 

Sélène avait raison. Ses camarades semblaient plus effrayer que impressionner et son professeur ne voulait pas le remarquer trop imnobuler par les animaux.

 

— Bien, dit Hagrid en se frottant les mains, le visage rayonnant, si vous voulez bien vous approcher un peu...

 

Mais personne ne semblait en avoir envie.

 

Harry, Ron et Hermione s'avancèrent cependant vers la barrière avec beaucoup de prudence.

 

— La première chose qu'il faut savoir, c'est que les hippogriffes font preuve d'une très grande fierté, dit Hagrid. Ils sont très susceptibles. Surtout, ne les insultez jamais, sinon ce sera peut- être la dernière chose que vous aurez faite dans votre vie.

 

Malefoy, Crabbe et Goyle n'écoutaient pas. Ils parlaient à voix basse et Sélène avait la désagréable impression qu'ils cherchaient le meilleur moyen de provoquer un incident.

 

— On doit toujours attendre que l'hippogriffe fasse le premier geste, poursuivit Sélène d'une voix douce tout faisant rentré Buck dans l'enclos. C'est une créature très attachée à la politesse. Il faut s'avancer vers lui, le saluer en s'inclinant et attendre. S'il vous salue à son tour, vous avez le droit de le toucher.

 

- Sinon, reprit Hagrid, je vous conseille de filer très vite parce que, croyez-moi, leurs griffes font du dégât. Alors ? Qui veut essayer le premier ?


Pour toute réponse, la plupart des élèves reculèrent encore davantage. Même Harry, Ron et Hermione n'étaient pas très à l'aise. Devant eux, les hippogriffes secouaient la tête d'un air féroce en remuant leurs ailes puissantes. Ils ne semblaient pas beaucoup apprécier d'être attachés à la barrière.

 

— Vraiment personne ? dit Hagrid, le regard implorant.

 

— Je veux bien essayer, dit alors Harry ce qui déclencha un sourire radieux de Sélène.

 

Derrière lui, elle entendit des exclamations étouffées puis Lavande et Parvati murmurèrent d'une même voix:

 

— Non, Harry, souviens-toi des feuilles de thé ! Mais il ne leur prêta aucune attention et enjamba la barrière de l'enclos.

 

— Bravo, Harry, rugit Hagrid. Bon, alors, voyons... c'est ça, tu n'as qu'à essayer avec Buck.

 

Sélène haussa les sourcils. Quoiqu'elle éprouvât un peu de pitié pour son professeur en ce moment même, celui-ci aurait pu au moins lui poser la question de si elle voulait ou non qu'un étranger monte sur le dos de son compagnon mais ce n'en était pas un. Il s'agissait d'Harry Potter, un garçon pour qui elle avait de plus en plus d'attachement et de sympathie pour lui.

 

Sélène tira l'hippogriffe gris clair à l'écart des autres. De l'autre côté de la barrière, les élèves retenaient leur souffle. Malefoy observait la scène en plissant ses petits yeux.

 

— Attention, maintenant, Harry, dit Sélène à voix basse. Tu as croisé son regard, essaye de ne pas ciller... Les hippogriffes se méfient quand on cligne des yeux trop souvent...

 

Sélène sentit que Harry avait des picotements dans ses yeux, mais il s'efforça de ne pas les fermer. Buck avait tourné vers lui sa grosse tête pointue et ses yeux orange le fixaient d'un regard féroce.

 

— C'est ça, très bien, Harry, dit Hagrid. Maintenant, incline-toi...

 

Harry semblait hésiter mais fit ce que Hagrid et Sélène lui disait. Il inclina brièvement la tête, puis se redressa. L'hippogriffe continua de le regarder d'un air hautain sans faire le moindre geste.

 

— Ah, grogna Hagrid qui semblait contrarié. Bon... recule, maintenant. Il ne faut rien brusquer...

 

- Ne soyez pas presser professeur, lança Sélène qui connaissait son Hippogriffe mieux que qui qonc.

 

A cet instant, à la grande surprise des élèves, l'hippogriffe plia soudain ses pattes de devant et s'inclina profondément.

 

— Bravo, Harry ! s'exclama Hagrid, enchanté.

 

-Tu peux le toucher maintenant si tu le souhaites, dit Sélène qui observait la scène ravie. Caresse-lui le bec par exemple.

 

Sélène voyait bien qu'Harry aurait bien mérité de repasser de l'autre côté de la barrière, mais il s'avança malgré tout vers l'hippogriffe et tendit la main. Il lui caressa le bec à plusieurs reprises et l'animal ferma paresseusement les yeux, comme s'il y prenait plaisir.

 

Les élèves applaudirent à tout rompre, sauf Malefoy, Crabbe et Goyle qui paraissaient terriblement déçus.

 

— Parfait, Harry, dit Hagrid, je crois qu'il va te laisser monter sur son dos, maintenant !

 

Le demi-géant tourna son regard vers Sélène qui acquiesça d'un signe de tête ne voyant aucun inconvénient à présent pour que son camarade monte sur son Hippogriffe.

 

— Grimpe sur son dos, juste derrière les ailes, expliqua Sélène, et fais bien attention de ne pas lui arracher de plume, il n'aime pas ça du tout...

 

Harry posa un pied sur l'aile de Buck et se hissa sur son dos. L'hippogriffe se releva, et Harry ne semblait pas à quoi se tenir: il n'avait que des plumes à portée de main et craignait d'en arracher une.

 

— Allez, vas-y, rugit Hagrid à l'encontre de Buck qui ne bougea pas.

 

Sélène donna alors une petite tape sur l'arrière-train de la créature. Et soudain, des ailes de quatre mètres d'envergure se déployèrent de chaque côté de Harry et se mirent à battre. Harry eut tout juste le temps de s'accrocher au cou de l'hippogriffe avant que celui-ci s'élève dans les airs. L'hippogriffe montait et descendait au rythme de ses battements d'aile. Buck décrivit un cercle au-dessus de l'enclos puis il piqua vers le sol.

 

 Harry se redressa, sain et sauf et Sélène alla l'aider à descendre du dos de Buck.

 

- Alors, lui demanda-t-elle le visage rayonnant 

 

- C'était... génial, lui répondit Harry apparemment un peu brasser. Tu ne nous avais pas dit que tu possédais un Hippogrive...


- Hippogriffe, la corrigea-t-elle tout en aidant Harry à se remettre debout, c'est trop gros à transporter et impossible de le laisser au château.

 

— Beau travail, Harry ! s'exclama Hagrid, tandis que tout le monde, sauf Malefoy, Crabbe et Goyle, applaudissait bruyamment. Quelqu'un d'autre veut essayer ?

 

Enhardis par le succès de Harry, les autres élèves pénétrèrent prudemment dans l'enclos. Hagrid détacha un par un les hippogriffes et, bientôt, tout le monde s'inclina devant les créatures avec une certaine appréhension. Malefoy, Crabbe et Goyle avaient choisi un de couleur noir. Celui-ci s'était incliné devant Malefoy qui lui caressait le bec d'un air dédaigneux.

 

— C'est très facile, dit Malefoy de sa voix traînante, suffisamment fort pour être sûr que Sélène l'entende. C'est forcément facile, si Potter y est arrivé... Je parie que tu n'es absolument pas dangereux, ajouta-t-il en s'adressant à l'hippogriffe. N'est-ce pas, espèce de grosse brute repoussante ?

 

Tout se passa alors en un éclair. La griffe de l'animal fendit l'air, Malefoy poussa un hurlement perçant et, une fraction de seconde plus tard, Hagrid s'efforçait à grand-peine de remettre son collier à l'hippogriffe noir qui essayait de se jeter sur Malefoy.

Ce dernier était recroquevillé dans l'herbe et une tache de sang s'élargissait sur sa robe de sorcier, sous le regard des autres élèves saisis de panique.

 

— Je meurs ! hurla Malefoy. Regardez, je meurs ! Cette bestiole m'a tué !

 

— Tu ne meurs pas du tout ! répliqua Hagrid qui était devenu livide. Aidez-moi, il faut le sortir d'ici.

 

Hermione courut ouvrir la porte de la barrière pendant que Hagrid hissait sans peine Malefoy sur son épaule. Sélène vit une longue et profonde entaille dans le bras de Malefoy. Du sang coulait sur l'herbe et Hagrid se mit à courir en direction du château.

 

Bouleversé, le reste de la classe le suivit en se contentant de marcher. Les élèves de Serpentard se déchaînaient contre Hagrid.

 

— Ils devraient le renvoyer sur-le-champ ! dit Pansy Parkinson, en larmes.

 

— C'était la faute de Malefoy ! répliqua Dean Thomas.

 

Crabbe et Goyle gonflèrent leurs biceps d'un air menaçant. Lorsque les élèves montèrent les marches de pierre, le hall d'entrée était désert.

 

— Je vais aller voir comment il va ! dit Pansy qui disparut dans les étages.

 

Sans cesser de vilipender Hagrid, les Serpentard s'éloignèrent en direction de leur salle commune, située dans les sous-sols du château.

 

Sélène, Harry, Ron et Hermione montèrent l'escalier pour rejoindre la tour de Gryffondor.

 

— Tu crois que ce n'est pas trop grave ? demanda Hermione, préoccupée.

 

— Bien sûr que non. Madame Pomfresh peut faire disparaître n'importe quelle coupure en une seconde, répondit Harry

 

 — C'est terrible que ce soit arrivé pendant le premier cours de Hagrid, dit Ron, inquiet. On peut faire confiance à Malefoy pour tout gâcher...

 

- C'est totalement sa faute, rugit Sélène. Elle était tellement en colère contre Malfoy que ça ne lui ferait ni chaud ni froid de revoir la scène.

 

A l'heure du dîner, ils furent les premiers à descendre dans la Grande Salle en espérant voir Hagrid, mais il n'était pas là.

 

— Ils ne l'ont quand même pas renvoyé, j'espère ? dit Hermione d'une voix anxieuse sans toucher au contenu de son assiette.

 

— Ils n'ont pas intérêt, dit Ron qui ne mangeait pas davantage.

 

Sélène regardait la table des Serpentard où plusieurs élèves, parmi lesquels Crabbe et Goyle, étaient profondément absorbés dans leur conversation. Sélène aurait parié qu'ils étaient en train de mettre au point leur propre version de l'incident

 

— En tout cas, on ne peut pas dire qu'on s'est ennuyés pour ce premier jour de la rentrée, marmonna Harry d'un air sombre.

 

Après le dîner, ils remontèrent dans la salle commune de Gryffondor et essayèrent de faire le devoir que le professeur McGonagall leur avait donné, mais aucun d'eux n'arrivait à se concentrer. Ils ne cessaient de jeter des coups d'oeil par la fenêtre.

 

— Il y a de la lumière dans la cabane de Hagrid, dit soudain Harry.

 

Ron consulta sa montre.

 

— Si on se dépêche, on peut aller le voir, il est encore tôt, dit-il.

 

— Je ne sais pas si c'est prudent, répondit lentement Hermione.

 

Sélène vit qu'Hermione regardait Harry.

 

— J'ai le droit de me promener dans l'enceinte de l'école, y compris le parc, dit-il. Sirius Black n'a pas encore réussi à passer le barrage des Détraqueurs, que je sache.

 

Ils rangèrent leurs affaires, sortirent de la salle commune et descendirent jusqu'à la porte d'entrée sans rencontrer personne, ce qui leur évita d'avoir à justifier leur présence dans les couloirs à cette heure-là. L'herbe était toujours humide et semblait presque noire à la lueur du crépuscule.

 

— Entrez, grogna Hagrid lorsqu'ils frappèrent à la porte.

 

Il était assis en bras de chemise devant sa table de bois brut. Crockdur, son molosse, avait posé la tête sur ses genoux. Au premier coup d'œil, Sélène,Harry, Ron et Hermione comprirent qu'il avait un peu trop bu. Une chope d'étain de la taille d'un seau était posée devant lui et il avait le regard vitreux.

 

— C'est sûrement un record, dit-il d'une voix pâteuse. Un professeur qui se fait renvoyer dès le premier jour, on n'avait encore jamais vu ça.

 

— Vous n'avez pas été renvoyé, Hagrid ! s'exclama Hermione.

 

— Pas encore, dit Hagrid d'un ton accablé en buvant une longue gorgée de ce que contenait la chope. Mais c'est une simple question de temps, après ce qui est arrivé à Malefoy...

 

— Comment va-t-il ? demanda Ron tandis qu'ils s'asseyaient autour de la table. Ce n'était pas grave ?

 

— Madame Pomfresh a fait ce qu'elle a pu pour le soigner, répondit sombrement Hagrid. Mais il dit qu'il souffre terriblement... Il gémit sans cesse, le bras couvert de bandages...

 

— Il joue la comédie, affirma Harry. Madame Pomfresh est capable de soigner n'importe quelle blessure. L'année dernière, elle m'a fait repousser la moitié des os. On peut compter sur Malefoy pour profiter au maximum de la situation.

 

— Bien entendu, le conseil d'administration de l'école a été informé, dit Hagrid. Ils estiment que j'ai vu trop grand pour mon premier cours. J'aurais dû attendre un peu pour parler des hippogriffes... et commencer par les Veracrasses ou quelque chose comme ça... C'est entièrement ma faute... Tu avais raison Sélène...

 

Celle-ci alla poser une main douce sur l'énorme épaule du demi-géant.

 

— C'est la faute de Malefoy, Hagrid, murmura-t-elle avec gravité.

 

— On est témoins, dit Harry. Vous nous avez prévenus que les hippogriffes attaquent quand on les insulte. Malefoy n'avait qu'à vous écouter. Nous allons raconter à Dumbledore ce qui s'est vraiment passé.

 

— Ne vous inquiétez pas, Hagrid, on vous soutiendra, dit Ron.

 

Des larmes apparurent dans les yeux noirs de Hagrid et coulèrent au coin de ses paupières craquelées de rides. Il saisit Sélène, Harry et Ron par les épaules et les serra contre lui dans une étreinte à leur rompre les os.

 

— Je crois que vous avez suffisamment bu, Hagrid, dit Hermione d'un ton décidé.

 

Elle prit la chope et sortit de la cabane pour la vider.

 

— Elle a peut-être raison, approuva Hagrid en lâchant Sélène,Harry et Ron qui s'écartèrent d'un pas chancelant en se frottant les côtes.

 

Hagrid s'arracha de sa chaise et rejoignit Hermione au-dehors, la démarche incertaine. Harry et Ron entendirent alors un bruit d'éclaboussures.

 

— Qu'est-ce qu'il a fait ? s'inquiéta Sélène tandis qu'Hermione revenait dans la cabane avec la chope vide.

 

— Il a plongé la tête dans le tonneau d'eau, répondit-elle en rangeant la chope.

 

Hagrid réapparut, les cheveux et la barbe ruisselant d'eau.

 

— Ça va mieux, dit-il en se secouant comme un chien mouillé. C'était très gentil à vous de venir me voir, je suis vraiment...

 

Hagrid s'interrompit et regarda Harry comme s'il venait de s'apercevoir de sa présence.

 

— QU'EST-CE QUE TU FAIS LÀ, TOI ! rugit-il si brusquement que tout le monde fit un bond. TU N'AS PAS A TRAÎNER DEHORS QUAND IL FAIT NUIT, HARRY ! ET VOUS TROIS, VOUS LE LAISSEZ FAIRE !

 

Hagrid se précipita sur Harry, lui saisit le bras et le poussa vers la porte.

 

— Allez, dit-il avec colère, je vais vous ramener au château, tous les quatre, et que je ne vous y reprenne plus à venir me voir après le coucher du soleil ! Je n'en vaux pas la peine !

 

- J'ai besoin d'aller retrouver Buck, chuchota Sélène à Hermione lorsqu'ils montèrent les marches du château.

 

- Quoi ? s'horrifia-t-elle. Sélène, il est déjà très tard et on ne peut plus sortir après le coucher du soleil. 

 

Sélène soupira mais se résigna à écouter sa camarade, espérant que son hippogriffe ne soit pas trop bouleversé par cette après-midi...



_____



Pendant la première semaine, Sélène essayait de trouver son chemin dans le labyrinthe du château. Il y avait cent quarante-deux escaliers, à Poudlard, des larges, des étroits, des courbes, des carrés, des délabrés, certains avec une ou deux marches escamotables qu'il fallait se souvenir d'enjamber pour ne pas tomber. Il y avait aussi les portes qui refusaient de s'ouvrir si on ne le leur demandait pas poliment, ou si on ne les chatouillait pas au bon endroit, et d'autres qui n'étaient que des pans de mur déguisés en portes. Il était aussi très difficile de se souvenir où les choses se trouvaient car tout bougeait sans cesse.



Les gens représentés sur les tableaux accrochés aux murs passaient leur temps à se rendre visite les uns aux autres et Sélène était persuadé que les armures se promenaient parfois dans les couloirs. Quant aux fantômes, ils ne facilitaient pas la tâche. C'était toujours un choc désagréable lorsque l'un d'eux traversait une porte au moment où on essayait de l'ouvrir. Quasi-Sans-Tête était toujours heureux d'aider les nouveaux de Gryffondor à trouver leur chemin, mais Peeves, l'esprit frappeur, bombardait les nouveaux de morceaux de craie, tirait les tapis sous leurs pieds, renversait des corbeilles à papier sur leur tête ou se glissait silencieusement derrière eux et leur attrapait le nez en hurlant: « JE T'AI EU ! » d'une voix perçante.



Mais pire encore que Peeves, si toutefois c'était possible, il y avait Argus Rusard, le concierge. Rusard avait une chatte qui s'appelait Miss Teigne, une créature grisâtre et décharnée avec des yeux globuleux qui brillaient comme des lampes, à l'image de ceux de son maître. Elle sillonnait les couloirs toute seule et dès qu'elle voyait quelqu'un commettre la moindre faute, ne serait-ce que poser un orteil au-delà d'une ligne interdite, elle filait prévenir son maître qui accourait aussitôt en soufflant comme un bœuf. Rusard connaissait les passages secrets de l'école mieux que personne (à part peut-être les jumeaux Weasley) et pouvait apparaître aussi soudainement que l'un des fantômes. Tous les élèves le détestaient et nombre d'entre eux auraient été ravis de donner un bon coup de pied à Miss Teigne.


 Malefoy ne revint en classe que le jeudi en fin de matinée pendant le cours commun de Potions qui rassemblait les élèves de Gryffondor et de Serpentard, D'un pas mal assuré, il pénétra dans le cachot où se déroulait le cours. Le bras en écharpe et couvert de bandages, il se donnait des allures de héros survivant d'une terrible bataille.

 

— Comment ça va, Drago ? minauda Pansy Parkinson. Ça te fait très mal ?

 

— Oui, dit Malefoy en affichant la grimace de celui qui souffre avec courage.

 

Mais dès que Pansy eut détourné la tête, Sélène le vit lancer un clin d'oeil à Crabbe et à Goyle.

 

— Asseyez-vous, asseyez-vous, Malefoy, dit le professeur Rogue d'un air distrait.

 

Harry et Ron échangèrent un regard.

 

- Si eux étaient arrivés en retard, chuchota Hermione, jamais Rogue ne leur aurait dit tranquillement de s'asseoir, ils auraient eu droit à une retenue. Mais Rogue ne punissait jamais Malefoy. Rogue était le directeur de la maison des Serpentard et, en général, il avantageait ses propres élèves par rapport à ceux des autres maisons.

 

Ce jour-là, ils apprenaient pour la première fois à préparer une potion de Ratatinage. Malefoy s'installa avec son chaudron à côté de Sélène et de Ron, et partagea leur table pour mélanger ses ingrédients.

 

— Monsieur, dit Malefoy, il faudrait que quelqu'un m'aide à couper ces racines de marguerite. Je n'y arrive pas tout seul à cause de mon bras...

 

— Weasley, vous couperez les racines de Malefoy, dit Rogue sans même lever les yeux.

 

Le teint de Ron devint rouge brique.

 

— Il n'a rien du tout, ton bras, siffla-t-il en se tournant vers Malefoy.

 

Celui-ci lui adressa un sourire narquois.

 

— Weasley, tu as entendu ce qu'a dit le professeur Rogue. Coupe-moi ces racines.

 

Ron prit son couteau, fit glisser vers lui les racines de Malefoy et commença à les couper grossièrement.

 

— Professeur, dit Malefoy de sa voix traînante, Weasley abîme mes racines.

 

Rogue s'approcha de leur table, jeta un coup d'œil aux racines coupées à la hâte et adressa à Ron un sourire mauvais.

 

— Weasley, vous échangerez vos racines avec celles de Malefoy, dit-il.

 

— Mais, monsieur...

 

Ron avait passé un quart d'heure à hacher ses propres racines en prenant bien soin d'en faire des morceaux de taille égale.

 

— Vous m'avez entendu ? dit Rogue de sa voix la plus redoutable.

 

Ron poussa ses racines impeccablement coupées vers Malefoy avant Sélène ne l'arrête net dans sa lancer. 

 

- Prend les miennes Ron, dit-elle en inversant les racines et prenant les moins bien coupées.

 

- Mais Sélène..., commença Ron avant de s'arrêter devant le regard espion de Rogue qui examinait leur table.

 

— Monsieur, il faudrait aussi que quelqu'un m'aide à peler ma figue sèche, dit Malefoy d'un ton amusé.

 

— Diggory, vous éplucherez la figue de Malefoy, dit Rogue en lançant à Sélène un regard intrigué.

 

Sélène prit la figue tandis que Ron essayait de recouper convenablement les racines dont il avait hérité. Elle pela la figue aussi vite qu'il put et la jeta à Malefoy, de l'autre côté de la table, sans prononcer un mot. Malefoy avait un sourire plus goguenard que jamais.

 

— Vous avez vu votre copain Hagrid, ces temps-ci ? demanda-t-il à voix basse.

 

— Ça ne te regarde pas, répliqua sèchement Ron sans lever les yeux.

 

— J'ai bien peur qu'il n'ait pas beaucoup d'avenir comme professeur, dit Malefoy d'un ton faussement désolé. Mon père n'est pas très content de ce qui m'est arrivé...

 

— Continue comme ça, Malefoy, et il va vraiment t'arriver quelque chose, gronda Ron.

 

— Il a protesté auprès du conseil d'administration. Et aussi auprès du ministère de la Magie. Mon père a beaucoup d'influence, comme tu sais. Et avec la blessure que j'ai reçue...

 

 Il poussa un long soupir qui sonnait faux

 

 Un peu plus loin, Neville avait des ennuis, comme toujours pendant les cours de Rogue qu'il redoutait par-dessus tout. Sa potion qui aurait dû être vert clair était devenue...

 

— Orange, Londubat, lança Rogue en plongeant une louche dans le chaudron pour montrer la couleur du liquide à toute la classe. Orange ! Sera-t-il jamais possible de faire entrer quelque chose sous votre crâne épais, Londubat ? Vous n'écoutiez pas quand j'ai dit qu'il suffisait d'un seul foie de rat ? Comment faut-il s'y prendre pour vous faire comprendre quoi que ce soit, Londubat ?

 

Neville, rouge et tremblant, semblait au bord des larmes.

 

— Monsieur, s'il vous plaît, dit alors Hermione, je pourrais peut-être aider Neville ?

 

— Miss Granger, je ne crois pas vous avoir demandé de faire votre intéressante, répliqua Rogue d'un ton glacial.

 

Hermione devint aussi rouge que Neville.

 

— Londubat, poursuivit Rogue, à la fin du cours, nous ferons avaler quelques gouttes de cette potion à votre crapaud et nous verrons ce qui se passera. Voilà qui va peut-être vous encourager à la préparer convenablement ?

 

Rogue s'éloigna, laissant Neville tremblant d'inquiétude.

 

— Tu veux bien m'aider ? murmura-t-il en se tournant vers Hermione.

 

— Hé, Harry, dit Seamus Finnigan, tu as entendu ? Dans La Gazette du sorcier de ce matin, ils disent qu'on a repéré Sirius Black.

 

— Où ça ? demandèrent Harry et Hermione d'une même voix.

 

De l'autre côté de la table, Malefoy écoutait attentivement.

 

— Pas très loin d'ici, dit Seamus, l'air surexcité. C'est une Moldue qui l'a vu. Bien sûr, elle n'a pas très bien compris ce qui se passe. Les Moldus pensent qu'il s'agit d'un criminel ordinaire. Alors, elle a téléphoné au numéro vert et quand les gens du ministère sont arrivés, il était déjà parti.

 

— Pas très loin d'ici, répéta Ron en jetant à Sélène un regard éloquent.

 

Elle se retourna et vit Malefoy qui les observait.

 

— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu veux que je t'épluche autre chose ?

 

Une lueur malfaisante brillait dans le regard de Malefoy qui se pencha par-dessus la table en fixant Sélène.

 

– Qui sait si je retrouverai jamais l'usage de mon bras ?

 

— Comme ça doit être ennuyeux de toujours rester dans les jupons de son père, chantonna Sélène d'habitude c'est plutôt les mères mais là...

 

Le visage de Malfoy prit une tournure effrayante sa main tremblait tellement de colère qu'il décapita par mégarde une chenille morte.

 

Mais au même moment, Rogue lança: — Vous devriez avoir fini de mélanger vos ingrédients, maintenant. Il faut laisser la potion chauffer longtemps avant de la boire. Laissez-la infuser, ensuite nous essaierons celle de Londubat...

 

Crabbe et Goyle éclatèrent de rire en regardant Neville qui remuait fébrilement sa potion. Du coin des lèvres, Hermione lui soufflait ce qu'il fallait faire en prenant bien garde que Rogue ne l'entende pas. Sélène et Ron rangèrent les ingrédients qu'ils n'avaient pas utilisés, puis ils allèrent laver leurs ustensiles dans l'évier.

 

La fin du cours approchait et Rogue s'avança vers Neville, recroquevillé près de son chaudron.

 

— Venez tous voir ce qui va arriver au crapaud de Londubat, dit Rogue, les yeux étincelants. S'il a réussi à fabriquer une potion de Ratatinage, le crapaud va rapetisser jusqu'à redevenir un têtard. Mais si, comme je m'y attends, il a commis une erreur, l'animal sera empoisonné.

 

Les élèves de Gryffondor regardaient avec appréhension, mais ceux de Serpentard paraissaient très excités. Rogue prit Trevor le crapaud dans sa main gauche, plongea une petite louche dans la potion qui était devenue verte et en fit couler quelques gouttes dans la gueule du crapaud. Il y eut un moment de silence, puis un petit bruit sec. Trevor s'était transformé en un têtard qui frétillait dans la paume de Rogue.

 

Les Gryffondor applaudirent à tout rompre. Rogue, visiblement contrarié, tira de sa poche un flacon et fit couler quelques gouttes de son contenu sur Trevor qui reprit aussitôt sa forme de crapaud adulte.

 

— J'enlève cinq points à Gryffondor, dit Rogue, effaçant d'un coup les sourires de Sélène et de ses camarades. Je vous avais interdit de l'aider, Miss Granger. Le cours est terminé.

 

Sélène,Harry, Ron et Hermione remontèrent les marches qui menaient dans le hall d'entrée. Hermione et Harry ne cessaient de se peindre de Rogue, tandis que Ron et Sélène laissaient déborder leur fureur contre Malfoy.

 

— Cinq points de moins à Gryffondor parce que la potion était bien préparée ! Et Sélène, merci pour les racines tu as été génial.

 

Sélène lui sourit.

 

- Et Malfoy, Harry tu aurais du voir la tête de Malfoy quand elle lui a cloué le bec. 

 

Ron se mit à éclater de rire...


_____





Le professeur Lupin n'était pas là lorsqu'ils arrivèrent à son premier cours de Défense contre les forces du Mal. Ils s'installèrent dans la classe, sortirent leurs affaires et commençaient à bavarder de choses et d'autres lorsqu'il apparut enfin. Lupin eut un vague sourire et posa son cartable râpé sur le bureau. Il paraissait aussi miteux qu'à l'ordinaire, mais il avait l'air en meilleure santé, comme s'il avait fait quelques bons repas.

 

— Bonjour, dit-il. Vous voudrez bien s'il vous plaît remettre vos livres dans vos sacs.

Aujourd'hui, nous allons faire des travaux pratiques. Vous n'aurez besoin que de vos baguettes magiques.


Les élèves échangèrent des regards intrigués et rangèrent leurs livres. Ils n'avaient encore

jamais eu de séance de travaux pratiques en cours de Défense contre les forces du Mal, à part un épisode mémorable l'année précédente, quand leur ancien professeur avait lâché des lutins dans la classe.


— Bien, maintenant, suivez-moi, s'il vous plaît, dit le professeur Lupin.


Déconcertés, mais intéressés, les élèves lui emboîtèrent le pas. Lupin les fit sortir de la classe et les mena le long du couloir désert où ils croisèrent Peeves, l'esprit frappeur, occupé à boucher le trou d'une serrure avec du chewing-gum. Lorsque le professeur Lupin ne fut plus qu'à un mètre de lui, Peeves se mit à chantonner:


— Lupin le turlupin zinzin ! Zinzin Lupin le turlupin... Si insolent et incontrôlable qu'il fût,


 Peeves manifestait habituellement un certain respect pour les professeurs. Les élèves se tournèrent vers Lupin pour voir comment il allait réagir. A leur grande surprise, il conserva son sourire.


— Si j'étais toi, Peeves, j'enlèverais ce chewing-gum de la serrure, dit-il d'un ton joyeux.

Rusard sera furieux s'il n'arrive plus à ouvrir son placard à balais.


 Ce dernier ne tint cependant aucun compte de la remarque du professeur à qui il adressa pour toute réponse un bruit sonore et incongru.

Le professeur Lupin poussa un faible soupir et sortit sa baguette magique.


— Voici un sortilège qui peut se révéler utile, dit-il à ses élèves. Regardez bien.


Il leva sa baguette qu'il pointa vers Peeves en lançant:

— Waddiwas !


Avec la force d'une balle de fusil, la boule de chewing-gum sauta du trou de la serrure et alla s'enfoncer dans la narine gauche de Peeves qui fit volte-face et fila dans les airs en poussant des jurons.


— Magnifique ! s'exclama Dean Thomas, émerveillé.


— Merci, Dean, répondit le professeur Lupin. Allons-y, maintenant.


Ils poursuivirent leur chemin. Il y avait à présent du respect dans le regard que posaient les élèves sur leur professeur aux vêtements miteux. Lupin les emmena dans un autre couloir et s'arrêta devant la porte de la salle des professeurs.


— Entrez, s'il vous plaît, dit-il en ouvrant la porte.

 

Dans la longue salle lambrissée, remplie de chaises et de fauteuils dépareillés, il n'y avait qu'un seul professeur. C'était Rogue. Assis dans un fauteuil bas, il regarda les élèves entrer. Ses yeux étincelaient et sa bouche s'étira en un ricanement mauvais. Le professeur Lupin pénétra à son tour dans la salle et referma la porte derrière lui.


— Ne fermez pas, Lupin, dit Rogue. Je préfère ne pas voir ça.


Il se leva et passa devant les élèves, les pans de sa longue robe noire tourbillonnant derrière lui. Lorsqu'il fut sur le seuil de la porte, il fit volte-face et dit:


— On ne vous a peut-être pas averti, Lupin, mais il y a dans cette classe un nommé Neville Londubat et je vous conseille vivement de lui épargner tout exercice difficile. Sauf si Miss Granger est là pour lui souffler ce qu'il faut faire.


Neville devint écarlate. Sélène lança à Rogue un regard noir. Il était suffisamment pénible qu'il s'acharne sur Neville dans ses propres cours, ce n'était pas la peine qu'il le ridiculise devant d'autres professeurs.


Lupin haussa les sourcils.

 

— J'espérais que Neville m'aiderait à réaliser la première partie de l'expérience, dit-il, et je suis sûr qu'il s'en tirera à merveille.

 

Le visage de Neville devint encore plus rouge. Rogue eut un rictus méprisant, mais il n'ajouta rien et sortit en refermant la porte avec un claquement sec.

Lupin fit signe aux élèves d'avancer dans le fond de la salle où il n'y avait qu'une vieille penderie qui servait à ranger les robes des professeurs. Lorsqu'il passa devant la penderie, elle se mit à trembler avec un grand bruit.

 

— Ne vous inquiétez pas, dit Lupin d'une voix rassurante en voyant quelques élèves faire un bond en arrière. Il y a un épouvantard, là-dedans.

 

La grande majorité de la classe semblait convaincue que c'était précisément une raison de s'inquiéter. Neville regarda le professeur d'un air terrifié et Seamus Finnigan contempla avec appréhension la poignée de la porte qui s'était mise à s'agiter.

 

— Les épouvantards aiment les endroits sombres et confinés, dit le professeur. Les armoires, les penderies, les espaces sous les lits, les placards sous les éviers... Un jour, j'en ai vu un qui s'était installé dans une vieille horloge de grand-mère. Celui-ci est arrivé hier après-midi et j'ai demandé au directeur l'autorisation d'en profiter pour faire une séance de travaux pratiques. La première question que nous devons nous poser c'est: « Qu'est-ce qu'un épouvantard ?»

 

Hermione leva aussitôt la main.

 

— C'est une créature qui change d'aspect à volonté en prenant toujours la forme la plus terrifiante possible.

 

— Je n'aurais pas pu donner une meilleure définition, approuva le professeur Lupin.

 

Hermione rayonnait.

 

— Ainsi donc, l'épouvantard qui s'est installé dans cette penderie n'a encore pris aucune forme. Il ne sait pas encore ce qui pourrait faire peur à la première personne qui se présentera de l'autre côté de la porte. Nul ne peut dire à quoi ressemble un épouvantard quand il est tout seul mais, lorsque je le laisserai sortir, il prendra immédiatement la forme qui fera le plus peur à chacun d'entre nous. Ce qui signifie que nous avons un énorme avantage sur lui. Pouvez-vous me dire lequel, Sélène ?

 

Essayant de ne pas prêter attention à Hermione qui s'était dressée sur la pointe des pieds en levant le doigt vers le plafond, Sélène tenta une réponse.

 

— Étant donné que nous sommes nombreux, il ne saura pas quelle forme prendre pour faire peur à tout le monde en même temps, dit-elle.

 

— Exactement, approuva le professeur Lupin tandis qu'Hermione, déçue, baissait la main. Il vaut toujours mieux se trouver en compagnie de quelqu'un quand on a affaire à un épouvantard. Car alors, il ne sait plus quoi faire. Sous quelle forme apparaître ? Un cadavre sans tête ou une limace anthropophage ? Un jour, j'ai vu un épouvantard commettre une erreur. Il a essayé de faire peur à deux personnes à la fois et il s'est transformé en une demi limace, ce qui n'avait rien de très effrayant. Il existe un moyen très simple de se débarrasser d'un épouvantard, mais qui exige une grande concentration mentale. Pour le neutraliser, il suffit en effet d'éclater de rire. Ce qu'il faut faire, c'est l'obliger à prendre une forme que vous trouvez désopilante. Pour commencer, nous allons nous exercer sans baguette magique. Répétez après moi... Riddikulus !


— Riddikulus, répéta le chœur des élèves.

 

— Très bien, très bien, mais ça, c'était le plus facile. Car le mot seul ne suffit pas. Et c'est là que vous allez intervenir, Neville.

 

La penderie se mit à trembler à nouveau, mais moins que Neuville qui s'avança comme s'il allait à l'échafaud.

 

— Très bien, Neville, dit le professeur. Pour commencer, quelle est la chose qui vous fait le plus peur au monde ? Les lèvres de Neville remuèrent mais aucun son n'en sortit.

 

— Désolé, je n'ai pas compris ce que vous m'avez dit, lança Lupin d'un ton joyeux.

 

Neville jeta un coup d'oeil affolé autour de lui, comme s'il implorait de l'aide, puis il dit dans un souffle:

 

— Le professeur Rogue.

 

Il y eut un grand éclat de rire. Neville lui-même eut un sourire d'excuse. Lupin, lui, avait l'air songeur.

 

— Le professeur Rogue... Mmmmmh... Neville, vous habitez chez votre grand-mère, je crois ?

 

— Heu... oui, répondit Neville, mal à l'aise. Et je ne voudrais pas non plus que l'épouvantard prenne son aspect...

 

— Non, non, vous ne m'avez pas compris, dit le professeur Lupin avec un sourire. Pouvez-vous nous dire comment votre grand-mère s'habille généralement ?

 

Neville parut surpris.

 

— Heu... elle porte toujours un grand chapeau avec un vautour empaillé. Et une longue robe... verte, le plus souvent... avec parfois une étole de renard.

 

— Est-ce qu'elle a un sac à main ? demanda Lupin.

 

— Oui, un grand sac rouge, dit Neville.

 

— Parfait. Maintenant, pourriez-vous vous représenter ces vêtements très précisément, Neville ? Pouvez-vous les voir dans votre tête ?

 

— Oui, répondit Neville d'une voix mal assurée, en se demandant ce qui l'attendait.

 

— Lorsque l'épouvantard jaillira de cette penderie et vous verra devant lui, Neville, il prendra instantanément la forme du professeur Rogue, dit Lupin. A ce moment-là, vous lèverez votre baguette magique, comme ceci, et vous crierez: « Riddikulus » en pensant très fort aux vêtements de votre grand-mère. Si tout se passe bien, l'épouvantard, qui aura pris l'apparence du professeur Rogue, se retrouvera affublé d'un chapeau à vautour, d'une robe verte et d'un grand sac rouge.

 

A nouveau, les élèves éclatèrent de rire et la penderie trembla plus violemment que jamais.

 

— Si Neville réussit, il est probable que l'épouvantard s'intéressera à chacun d'entre nous à tour de rôle, poursuivit Lupin. Je voudrais donc que chacun de vous réfléchisse à ce qui lui fait le plus peur en imaginant le moyen de le transformer en quelque chose de comique...

 

Un grand silence s'installa. Sélène réfléchit... Qu'est-ce qui lui faisait le plus peur au monde ? Elle pensa d'abord à la mort d'une personne – une personne cher à son coeur. Mais avant qu'elle ait pu songer au moyen de ridiculiser un épouvantard-d'une personne qu'elle aime, une image terrifiante lui vint à l'esprit... Une main luisante, putréfiée, se glissant sous une cape noire... Une longue respiration qui ressemblait à un râle... Et puis un froid si pénétrant qu'il avait l'impression de se noyer dans une eau glacée... Sélène frissonna et jeta un coup d'oeil autour d'elle en espérant que personne n'avait rien remarqué.

 

Nombre de ses camarades avaient fermé les yeux pour mieux se concentrer. Ron marmonnait: « Il faut lui enlever les pattes. » Sélène avait deviné à quoi il pensait : Ron avait une peur bleue des araignées, il le lui avait dit dans le train lorsqu'une était tombé sur lui.

 

— Tout le monde est prêt ? demanda le professeur Lupin.

 

Sélène fut secoué d'un frisson de terreur. Elle ne se sentait pas prête. Comment faire pour rendre un Détraqueur moins effrayant ou une personne morte ? Mais elle ne voulait pas demander de délai supplémentaire: les autres, eux, étaient tous prêts à tenter l'expérience.

 

— Neville, vos camarades vont reculer pour vous laisser le champ libre, d'accord ? dit Lupin. Je vous appellerai ensuite un par un...

 

Les autres élèves reculèrent vers le mur du fond, laissant Neville seul devant la penderie. Il avait le teint pâle et semblait terrorisé, mais il avait remonté les manches de sa robe de sorcier et tenait sa baguette prête.

 

— Attention, Neville, je compte jusqu'à trois, dit le professeur Lupin qui pointait sa propre baguette magique sur la poignée de la porte de la penderie. Un... Deux... Trois... C'est parti !

 

Un bouquet d'étincelles, jailli de l'extrémité de la baguette de Lupin, vint frapper la poignée de la porte qui s'ouvrit brusquement. Le nez crochu, l'air menaçant, le professeur Rogue sortit aussitôt de la penderie en fixant Neville d'un regard flamboyant. Neville recula d'un pas, sa baguette brandie, et remua les lèvres sans parvenir à prononcer la moindre parole. Rogue s'avança vers lui en cherchant sa baguette magique dans une poche de sa robe de sorcier.

 

— R... R... Riddikulus ! dit Neville d'une petite voix aiguë.

 

Il y eut alors un bruit semblable à un claquement de fouet. Rogue trébucha et se retrouva

soudain avec une longue robe ornée de dentelles, un grand chapeau surmonté d'un vautour empaillé mangé aux mites et un énorme sac cramoisi qu'il tenait à la main.

 

Un grand éclat de rire retentit dans la salle. L'épouvantard hésita, visiblement déconcerté, et le professeur Lupin appela alors:


— Parvati ! A vous !


Parvati s'approcha, l'air décidé. Rogue se tourna vers elle, il y eut un nouveau claquement et une momie enveloppée de bandelettes ensanglantées apparut à sa place. La momie au visage aveugle s'avança lentement vers Parvati en traînant les pieds, elle leva ses bras raides et...


— Riddikulus ! s'exclama Parvati.


Une des bandelettes tomba alors par terre et la momie se prit les pieds dedans. Déséquilibrée, elle tomba en avant et sa tête se détacha sous le choc en roulant par terre.


— Seamus, à vous ! lança le professeur Lupin. Seamus se précipita.


Clac ! La momie laissa place à un être verdâtre et squelettique: le spectre de la mort. La

créature ouvrit ce qui lui tenait lieu de bouche et poussa une longue plainte stridente qui

n'avait rien d'humain.


— Riddikulus ! s'écria Seamus.

 

Le spectre porta aussitôt les mains à sa gorge: il était devenu aphone. Clac ! Le spectre se transforma en un gros rat qui se mit à courir après sa queue, puis en un serpent à sonnette, puis en un œil gigantesque injecté de sang.

 

— Il ne sait plus où il en est ! s'écria Lupin. On y arrive ! Dean !

 

Clac ! L'œil se métamorphosa en une main coupée qui rampait sur le sol comme un crabe.

 

— Riddikulus ! lança Dean.

 

Et la main se retrouva prise dans un piège à souris.

 

— Excellent ! A vous, Ron !

 

Clac ! Des hurlements retentirent. Une araignée géante d'un mètre quatre-vingts de haut, couverte de poils répugnants, s'avança vers Ron en faisant cliqueter ses grosses pinces menaçantes. Pendant un instant, Sélène crut que Ron était paralysé de terreur, mais...

 

— Riddikulus ! hurla Ron.

 

Les pattes de l'araignée disparurent aussitôt et l'animal se mit à tourner plusieurs fois sur lui même comme un tonneau avant de s'arrêter enfin devant Sélène. Celle-ci leva sa baguette mais... ce qui apparut ne fut pas du tout dans ses prévisions. 

Une énorme horloge apparut devant elle, tournoyant si vite qu'elle en perdit l'équilibre. 


Elle en était comme hypnotisé, les encouragements de son professeur et de ses camarades paraissaient être un murmure lointain. Cependant une brûlure si forte provenant de son collier, la ramena à la réalité et dans un ultime effort elle cria : 

 

-  Riddikulus !

 

L'horloge, perdu une aiguille et ses chiffres romains tombaient au sol avant d'atterri devant Harry mais...

 

— Ici ! cria soudain le professeur Lupin en se précipitant.

 

Clac ! L'horloge défoncée se volatilisa. Pendant un instant, tout le monde la chercha des yeux, puis une sphère argentée apparut dans les airs, devant le professeur Lupin qui lança: « Riddikulus » ! d'un ton presque nonchalant.

 

Clac !

 

— Allez, Neville, finissez-en avec lui ! dit Lupin tandis que l'épouvantard retombait par terre sous la forme d'un cafard.

 

Clac ! Rogue réapparut et cette fois, Neville s'avança vers lui d'un air décidé.

 

— Riddikulus ! cria-t-il.

 

Pendant une fraction de seconde, Rogue se retrouva à nouveau vêtu d'une longue robe ornée de dentelles, mais Neville éclata de rire et l'épouvantard explosa alors en une multitude de petites fumées avant de disparaître définitivement.

 

— Excellent ! s'exclama le professeur Lupin sous les applaudissements de toute la classe. Bravo, Neville. Bravo, tout le monde. Voyons, je vais donner à Gryffondor cinq points pour chaque élève qui a terrassé l'épouvantard et dix pour Neville qui a réussi à le faire deux fois. Cinq points aussi pour Hermione et Sélène. 

La Diggory était accoudée contre le mur de la salle de classe, le souffle saccadé. 

 

- Encore bravo à tout le monde. Comme devoir, vous lirez le chapitre sur les épouvantards et vous m'en ferez un résumé pour lundi. Ce sera tout.

 

Surexcités, les élèves quittèrent la salle des professeurs dans un grand brouhaha.

 

Seul Harry n'était pas très content. Le professeur Lupin l'avait délibérément empêché d'affronter l'épouvantard. Sélène non plus n'était guère de bonne humeur.

 

— Tu m'as vu avec le spectre ? s'écria Seamus.

 

— Et moi avec la main coupée ? répliqua Dean.

 

— Je me demande pourquoi le professeur Lupin a peur des boules argentées ? dit Lavande Brown d'un air songeur.

 

— C'est le meilleur cours de Défense contre les forces du Mal qu'on ait jamais eu ! s'exclama Ron, ravi, tandis que les élèves retournaient dans la salle de classe pour prendre leurs affaires.

 

— Apparemment, c'est un très bon prof, approuva Hermione. Mais j'aurais bien aimé affronter l'épouvantard, moi aussi.

 

— Qu'est-ce que tu crains le plus, toi ? demanda Ron avec un rire moqueur. Faire un devoir qui n'aurait que dix-neuf sur vingt ?

 

Hermione fit la grimace et se tourna vers Sélène. 

 

- Pourquoi tu as peur des horloges, demanda-t-elle intrigué

 

Sélène qui avait les mains moites n'avait aucune explication à lui donner et se contenta d'hausser les épaules.

 

- C'est peut être le temps, proposa Harry d'une voix grave. Il n'avait pas digéré de ne pas avoir affronté l'épouventard.

 

Sélène ne semblait avoir aucune réponse. Ce cours était intéressent mais des plus perturbent pour la jeune fille qui ne cessait pas de toucher son collier qui l'avait brûlé quelques instants auparavant.

 

 

 _____



Après la fin des cours, Sélène décida d'aller rendre visite à Buck en compagnie de son frère Cédric avec qui elle n'avait pas consacré beaucoup de temps non plus.


- Alors, comment se sont passée tes premiers jours, demanda-t-il pendant qu'ils descendaient les marches du château.


- En général, plutôt bien...


- En général, répéta-t-il le sourcil levé


Sélène lui expliqua le plus brièvement possible tout ce qui s'était passé depuis la rentrée.

 

- Eh bien, comme je te l'avais dit, bienvenue à Poudlard !

 

 Il se mit à rire en prenant sa sœur par les épaules.

 

-C'est vraiment des fumiers les Serpentard, poursuit-il d'une voix dure, en frappant lui même dans sa main.

 

- J'aurais aimé passé plus de temps avec toi, dit Sélène sur un ton d'excuse, changeant de sujet , mais...

 

- Je sais, le coupa-t-elle en lui souriant. Moi aussi j'ai beaucoup de travail en se moment, les examens et le Quidditch qui va bientôt commencer...

 

Sélène avait complètement oublié ce détail


- À ce propos, dit-elle en enlevant une branche sur son passage, les Gryffondor veulent que je fasse la sélection pour leur équipe.


- Pardon ? 


Cédric semblait étrangement contrarié.


- Je pense faire la sélection pour être dans l'équipe de Quidditch des Gryffondor, répéta-t-elle agacé.


- Tu sais qu'on devra s'affronter, l'avertit-il sur un ton de défi, manquant de tomber sur une fougère.


- Je sais, renchérit Sélène la tête haute et bombant le torse.


Cédric se mit à rire de nouveau et avant que Sélène est pue lui répondre, elle aperçut Buck qui s'abreuvait dans le lac à quelques mètres d'eux.


- Passe moi les furets, dit-elle à Cédric qui exécuta.

 

Sélène s'avança lentement vers l'hippogriffe gris en lui lançant un furet qu'il attrapa au vol. Elle s'approcha doucement de lui pour lui caresser le bec, puis ses plumes soyeuses et à son grand soulagement, il ne paraissait pas agressif ou traumatisé. L'animal remua sa grosse tête paresseusement comme pour redemander des caresses ce qui fit rire la Gryffondor.


- Tu vois qu'il va bien le Bucky, lança Cédric qui c'était accouder à un arbre.


- Je voulais m'en assurer moi-même, répondit Sélène qui embrassait la tête de l'hippogriffe.


- Je reviendrais bientôt, chuchota-t-elle à son compagnon qui celui-ci donna des coups de bec dans l'aire comme pour dire sa réponse. 


Il ne semblait pas ravi que Sélène reparte aussi rapidement.


- Et on fera une grande balade, ajouta-t-elle ce qui calma directement Buck qui se mit à courir dans tous les sens en battantdes ailes.


Les Diggory repartirent en direction du château tout discutant et pariant sur les matchs de Quidditch à venir, avant de s'arrêter brusquement dans le grand hall.

 

- On devrait aller dans la Grande Salle, proposa Cédric, le dîner va bientôt être servit. 

 

Sélène acquiesça d'un signe de tête, triste de devoir déjà quitter son frère. 


- Si j'ai bien compris, dit Cédric les yeux rieurs, la prochaine fois qu'on se voit c'est sur un terrain de Quidditch ?

 

- Je ne suis pas encore prise, lui répondit-elle s'efforçant de sourire


- Tu n'es pas ma sœur pour rien, renchérit-il en prenant la tête de Sélène entre ses bras pour lui coller contre son torse et lui ébouriffer les cheveux. 


- Donc si tu n'es pas retenue, tu peux dire à Dieu à cette tignasse, ajouta-t-il en le relâchant.


Sélène le fusilla du regard mais ne resta pas longtemps rancunière contre lui, retrouvant le sourire de son frère si familier elle ne put s'empêcher de glousser elle aussi


- Viens par là, dit-il dans un murmure en reprenant Sélène contre son torse mais cette fois-ci avec beaucoup plus de douceur et de délicatesse. 


Sélène sentit les lèvres de son frère se poser sur son crâne, inspirant bruyamment et resserrant son étreinte.

L'amour d'une sœur peut être invisible mais tellement fort. C'est ce qui se passait pour Sélène, sa brièveté faisait sa douceur. Elle aimait son frère, ils ne se le disaient pas mais tous deux se le répétaient à chaque instant inconsciemment, par de petites attentions, des taquineries ou une voix tendre.



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