One moment
Sélène s'assit face au fantôme qui portait une fraise autour du cou. Le spectre lui tapota amicalement le bras et elle eut soudain l'horrible impression d'avoir plongé la main jusqu'au coude dans un seau d'eau glacée.
— Tu as raté la cérémonie de la Répartition, murmura Hermione, mais ce n'est pas si grave...
Les nouveaux élèves de Poudlard étaient répartis dans les différentes maisons grâce au Choixpeau magique qu'ils devaient mettre sur leur tête et qui annonçait à haute voix le nom de la maison la mieux adaptée à chacun (Gryffondor, Serdaigle, Poufsouffle ou Serpentard). Le professeur McGonagall alla s'asseoir à la table des enseignants et Harry prit discrètement la direction de la table des Gryffondor, s'asseyant à côté de Ron qui leur avait gardé la place.
— Alors, qu'est-ce qu'elle voulait ? demanda-t-il à Harry.
Celui-ci commença son récit, mais il fut interrompu par le directeur qui se leva pour faire un discours.
Bien qu'il fût très vieux, le professeur Dumbledore donnait toujours l'impression de déborder d'énergie. Il était souvent présenté comme le plus grand sorcier de l'époque, mais ce n'était pas pour cette seule raison que Sélène avait tant d'admiration pour lui. Albus Dumbledore inspirait une infinie confiance et lorsqu'elle le vit sourire aux étudiants, Sélène retrouva son calme pour la première fois depuis que le Détraqueur était apparu dans le compartiment.
— Bienvenue à vous tous, dit Dumbledore, la barbe scintillante à la lueur des chandelles. Bienvenue pour une nouvelle année à Poudlard ! J'ai quelques petites choses à vous dire et comme l'une d'elles est très sérieuse, autant s'en débarrasser tout de suite avant que la bonne chère ne vous plonge dans une euphorie peu propice à la gravité...
Dumbledore s'éclaircit la gorge et poursuivit:
— Comme vous avez pu vous en apercevoir en les voyant fouiller le Poudlard Express, l'école a dû accueillir quelques Détraqueurs d'Azkaban qui nous ont été envoyés par le ministère de la Magie.
Il marqua une pause et Sélène se rappela les paroles d'Hermione lorsqu'elle lui avait dit que Dumbledore n'était pas très content de voir les Détraqueurs surveiller l'école.
— Ils sont postés à chaque entrée du domaine, continua Dumbledore, et tant qu'ils resteront là, tout le monde doit être bien conscient qu'il sera rigoureusement interdit de quitter l'école sans permission préalable. Les Détraqueurs ne se laissent pas abuser par des déguisements ou des ruses quelconques, pas même par les capes d'invisibilité, ajouta-t-il d'un ton amusé.
Harry et Ron échangèrent un regard.
— La nature des Détraqueurs ne les porte pas à prendre en considération les excuses ou les sollicitations. Je conseille donc à chacune et à chacun d'entre vous de ne jamais leur donner l'occasion de vous faire du mal. Je m'adresse tout particulièrement aux préfets, ainsi qu'à notre nouveau préfet-en-chef et à son homologue féminin, pour qu'ils veillent à ce qu'aucun élève ne prenne l'initiative de contrarier les Détraqueurs.
Un jeune, qui était assis à quelques mètres de Sélène, bomba le torse et regarda autour de lui d'un air qu'il voulait impressionnant. Dumbledore s'interrompit à nouveau en observant avec une extrême gravité les élèves attablés. Il régnait un silence total qu'aucun geste, aucune parole ne vint troubler.
— Pour continuer sur une note plus joyeuse, reprit-il, je suis heureux d'accueillir parmi nous deux nouveaux enseignants. Tout d'abord, le professeur Lupin qui a bien voulu se charger des cours de Défense contre les forces du Mal. Il y eut quelques applaudissements plutôt tièdes. Seuls ceux qui s'étaient trouvés dans le compartiment avec le professeur Lupin applaudirent de bon cœur, Sélène la première. A côté de ses collègues vêtus de leurs plus belles robes de sorcier, Lupin avait l'air singulièrement miteux.
— Regarde Rogue ! souffla Ron à l'oreille de Harry.
- Qui est-ce Rogue, demanda Sélène à Hermione
La nouvelle Gryffondor suivit le regard de sa camarade vers la table des professeurs et tomba sur un homme aux cheveux noirs et gras, le nez crochu et le teint cireux.
- Le professeur Rogue, enseigne l'art des potions, expliqua Hermione en chuchotant.
Celui-ci regardait fixement Lupin.
Il était de notoriété publique que Rogue briguait le poste de professeur de Défense contre les forces du Mal, Cédric l'avait expliquer un tas de fois lors des longs repas d'hiver, mais même Sélène – qui ne connaissait pas Rogue – fut surprise de voir l'expression de son visage. Plus que la colère, c'était le dégoût qui déformait les traits de son visage maigre et cireux.
— Quant à la seconde nomination, reprit Dumbledore lorsque les applaudissements se furent évanouis, je dois tout d'abord vous informer que le professeur Brûlopot, qui enseignait les Soins aux créatures magiques, a pris sa retraite afin de pouvoir s'occuper plus longuement des derniers membres qui lui restaient. Je suis cependant ravi de vous annoncer que cette discipline sera désormais enseignée par Rubeus Hagrid qui a accepté d'ajouter cette nouvelle responsabilité à ses fonctions de garde-chasse.
Harry, Ron et Hermione échangèrent un regard stupéfait puis ils se joignirent avec enthousiasme aux applaudissements tumultueux qui accueillirent la nouvelle, en particulier à la table des Gryffondor.
Sélène se pencha pour mieux voir le prénommer Hagrid: c'était le demi-géant qu'elle avait aperçu à la sortie du train et qui accompagnait les premières années. Le teint écarlate, les yeux baissés sur ses énormes mains, il avait un large sourire que dissimulait sa barbe noire et hirsute.
— On aurait dû s'en douter, s'exclama Ron en frappant du poing sur la table. Qui d'autre aurait pu nous faire acheter un livre qui mord ?
Lorsque Dumbledore reprit la parole, Sélène remarqua que Hagrid s'essuyait les yeux avec un coin de nappe.
— Je crois vous avoir dit l'essentiel, conclut Dumbledore. Que le festin commence !
Sélène resta bouche bée. Les plats disposés sur la table débordaient à présent de victuailles: roast-beef, poulet, côtelettes de porc et d'agneau, saucisses, lard, steaks, gratin, pommes de terres sautées, frites, légumes divers, sauces onctueuses, ketchup et, elle ne savait pour quelle raison, des bonbons à la menthe.
Sélène remplit son assiette d'un peu de tout, sauf de bonbons à la menthe, et se mit à manger avec appétit. Tout était délicieux.
—Tout ça me paraît bien appétissant, soupira le fantôme à fraise en regardant Sélène trancher son steak. Il y a presque quatre cents ans maintenant que je n'ai plus rien mangé. Je n'en ai pas besoin, bien sûr, mais ça me manque... Au fait, je ne me suis pas présenté: Sir Nicholas de Mimsy Porpington, pour vous servir. Fantôme résident à la tour de Gryffondor.
Sélène lui sourit et croqua dans son steak.
- Je crois qu'il parlait de toi quand il disait " appétissant ", murmura Hermione à l'oreille de Sélène et celle-ci s'étouffa avec sa viande.
—Alors, les nouveaux Gryffondor, dit le fantôme, j'espère que vous allez nous aider à gagner la coupe des Quatre Maisons, cette année ?
- Tu joues au Quidditch Sélène, demanda Ron remplissant pour la troisième fois son assiette.
- J'adore ça, lui répondit Sélène radieuse, mais à Beauxbaton ce n'était pas très prisé surtout pour les filles...
- Tu viendras faire la sélection j'espère, ajoutèrent deux jumeaux roux en même temps.
- J'en serais ravie, dit Sélène attirant de plus en plus l'attention de toute sa table.
Lorsque tout le monde se fut bien rempli l'estomac, ce qui restait dans les plats disparut peu à peu et la vaisselle devint étincelante de propreté. Ce fut alors le moment du dessert: crèmes glacées à tous les parfums possibles, tartes aux pommes, éclairs au chocolat, beignets, babas, fraises, gâteau de riz. Sélène se servit. Tandis qu'elle prenait un morceau de tarte à la mélasse, les autres se mirent à parler de leurs familles et de Quidditch.
—Moi, je suis moitié-moitié, expliqua un garçon du nom de Seamus, un Irlandais, à Sélène. Mon père est un Moldu et ma mère a attendu qu'ils soient mariés pour lui dire qu'elle était une sorcière. Ça lui a fait un choc.
Tout le monde éclata de rire.
Sélène se sentait parfaitement à l'aise, à présent. Elle jeta à nouveau un coup d'œil à la Grande Table. Hagrid vidait son gobelet, le professeur McGonagall bavardait avec Albus Dumbledore et le professeur Lupin, parlait à l'un de ses collègues.
—Et toi, Neville ? demanda Sélène.
Neville Londuba était un garçon de taille moyenne, enrobé, assez joufflu et aux cheveux châtains.
—C'est ma grand-mère qui m'a élevé et c'est une sorcière, répondit Neville. Mais pendant des années, la famille a cru que j'étais un Moldu. Algie, mon grand-oncle, essayait toujours de me prendre par surprise pour voir s'il y avait un peu de magie en moi. Un jour, il m'a poussé dans l'eau, au bout de la jetée de Blackpool et j'ai failli me noyer. Jusqu'à l'âge de huit ans, je n'avais montré aucun don pour la magie. Et puis, un jour, mon grand-oncle qui était venu prendre le thé à la maison m'a pris par les chevilles et s'est amusé à me pendre par une fenêtre du premier étage. Ma grand-tante Enid est venue lui apporter une meringue et il m'a lâché sans le faire exprès. Mais au lieu de tomber normalement, j'ai rebondi dans le jardin jusque sur la route et tout le monde était ravi. Ma grand-mère pleurait de joie. Et je ne les avais jamais vus aussi heureux quand j'ai été appelé à Poudlard. Ils avaient eu peur que je ne sois pas assez doué pour qu'on m'accepte à l'école. Mon grand-oncle Algie était tellement content qu'il m'a acheté un crapaud.
- Et toi Sélène, intervint de nouveau un des deux jumeaux. En faite moi c'est Fred et lui George !
- Ma mère est une sorcière et mon père aussi, mais vous devez déjà le savoir vu que mon frère est ici.
- Oh ça oui, dit Fred qui tourna ses yeux étincelants vers la table des Pouflsouffle en direction de Cédric. C'est un de nos principaux rivaux au Quidditch !
Sélène se sentait fière de son frère mais ne dit rien car au même moment elle réalisa que si elle faisait partie de l'équipe de Quidditch des Gryffondor, tous deux devraient s'affronter.
Lorsque les desserts eurent à leur tour disparu, Albus Dumbledore se leva à nouveau et le silence se fit dans la salle.
—Maintenant que nous avons rassasié notre appétit et étanché notre soif, je voudrais, avant d'aller nous coucher,que nous chantons tous ensemble l'hymne du collège ! s'écria Dumbledore,
Sélène remarqua que le sourire des autres professeurs s'était soudain figé.
Dumbledore donna un petit coup de baguette magique, comme s'il avait voulu faire partir une mouche posée à son extrémité, et il s'en échappa un long ruban d'or qui s'éleva au-dessus des tables en se tortillant pour former les paroles de la chanson.
—Chacun chantera sur son air préféré, dit Dumbledore. Allons-y !
Et toute l'école se mit à hurler:
Poudlard, Poudlard, Pou du Lard du Poudlard,
Apprends-nous ce qu'il faut savoir,
Que l'on soit jeune ou vieux ou chauve
Ou qu'on ait les jambes en guimauve,
On veut avoir la tête bien pleine
Jusqu'à en avoir la migraine
Car pour l'instant c'est du jus d'âne,
Qui mijote dans nos crânes,
Oblige-nous à tout étudier,
Répète-nous c'qu'on a oublié,
Fais de ton mieux, qu'on se surpasse
Jusqu'à c'que nos cerveaux crient grâce.
Tout le monde termina la chanson à des moments différents. Les jumeaux Weasley furent les derniers à chanter, au rythme de la marche funèbre qu'ils avaient choisie ce qui amusa beaucoup Sélène. Dumbledore marqua la cadence avec sa baguette magique et lorsqu'ils eurent terminé, il fut l'un de ceux qui applaudirent le plus fort.
—Ah, la musique, dit-il en s'essuyant les yeux. Elle est plus magique que tout ce que nous pourrons jamais faire dans cette école. Et maintenant, au lit. Allez, tout le monde dehors.
Les nouveaux de Gryffondor suivirent Percy, le préfet, hors de la Grande Salle puis montèrent derrière lui le grand escalier de marbre. Sélène, Harry, Ron et Hermione rejoignirent le flot des élèves de Gryffondor et gravirent les marches de marbre, puis s'engouffrèrent dans un dédale de couloirs et d'escaliers jusqu'à l'entrée secrète de leur tour. Sélène eut à nouveau l'impression d'avoir des jambes de plomb, mais cette fois, seuls la fatigue et le plantureux repas en étaient la cause. Elle avait tellement sommeil qu'elle ne fut même pas surpris de voir les personnages des tableaux accrochés aux murs des couloirs chuchoter et montrer les élèves du doigt sur leur passage. Elle ne fut pas davantage étonné de voir que Percy les faisait passer par des portes cachées derrière des tapisseries ou des panneaux coulissants. Ils parcoururent ainsi une distance interminable avant de s'arrêter brusquement.
Tout au bout du couloir était accroché un tableau qui représentait une très grosse dame vêtue d'une robe de soie rose.
—Le mot de passe ? demanda-t-elle.
- Fortuna Major !
Le tableau pivota aussitôt, laissant voir un trou rond découpé dans le mur.
— Oh, non... soupira Neville Londubat avec tristesse.
- Neville n'arrive jamais à se souvenir des mots de passe, lui dit Hermione d'un air exaspéré.
Ils s'y engouffrèrent un par un et se retrouvèrent dans la salle commune de Gryffondor, une salle ronde, confortable et accueillante, remplie de gros fauteuils moelleux.
Percy montra aux nouveaux les deux dortoirs qui leur étaient réservés, celui des filles et celui des garçons. Les filles montèrent l'escalier en colimaçon qui menait au sommet d'une tour et trouvèrent des lits à baldaquin avec des rideaux de velours rouge. Leurs valises avaient déjà été amenées. Trop fatigués pour parler longtemps, ils enfilèrent leur pyjama et se mirent au lit.
____
—Là, regarde.
—Où ?
—A côté d'Hermione Granger.
—Avec les cheveux longs ?
—Oui, c'est la sœur de Cédric ?
- Apparemment...
Le lendemain, dès qu'elle eut quitté le dortoir, pour prendre son petit-déjeuner dans la Grande Salle, Sélène entendait murmurer sur son passage.
— Ne fais pas attention à eux, dit Hermione qui se trouvait juste derrière Sélène. Ne t'en occupe pas, ça n'en vaut pas la peine...
Hermione et Sélène c'était rapprocher très rapidement et avait certains centre d'intérêts en commun ce qui facilitait la tâche pour les discussions.
A la table des Gryffondor, Harry se laissa tomber sur une chaise à côté de George Weasley.
— Les emplois du temps des troisième année, dit George en les faisant passer. Qu'est-ce qui t'arrive, Harry ?
— Malefoy, dit Ron.
Il s'assit de l'autre côté de George et lança un regard furieux à la table des Serpentard.
Sélène leva les yeux et vit Malefoy qui faisait à nouveau semblant de s'évanouir de terreur.
— Ce petit crétin, dit George d'une voix calme. Il était beaucoup moins fier, hier soir, quand les Détraqueurs sont venus fouiller notre compartiment, tu te souviens, Fred ?
— Il a failli faire pipi dans sa culotte, dit Fred en jetant à Malefoy un regard de mépris.
— Je n'étais pas très à l'aise non plus, dit George. Ils sont vraiment horribles...
— On dirait qu'ils te gèlent les entrailles, tu ne trouves pas ? dit Fred.
— Mais toi, tu ne t'es pas évanoui ? demanda Harry à voix basse.
— Laisse tomber, Harry, dit George en essayant de le réconforter. Un jour, Papa a été obligé d'aller à Azkaban, tu te souviens, Fred ? Il nous a raconté que c'était l'endroit le plus effrayant qu'il ait jamais vu. Il en tremblait encore quand il est revenu... Ces Détraqueurs ont le chic pour désespérer tout le monde. La plupart des prisonniers deviennent fous, là-bas.
— On verra bien si Malefoy sera toujours aussi joyeux à la fin de notre prochain match de Quidditch, dit Fred, surtout si nous avons une championne ! Le rouquin tourna son regard épanoui vers Sélène.
- Tu ne m'as jamais encore vue joué, minauda-t-elle gêner.
- Je ne me fais pas de bille pour ça, de plus ça sera Gryffondor contre Serpentard, première rencontre de la saison, ajouta-t-il
- Je suis sûr que vous jouez merveilleusement bien aussi, affirma Sélène tout en se servant du jus de citrouille.
. Hermione examinait attentivement son emploi du temps.
— Ah, très bien, on a des nouvelles matières, aujourd'hui, dit-elle, ravie.
— Hermione, dit Ron en regardant par-dessus son épaule, ils se sont complètement trompés dans ton emploi du temps. Regarde, ils t'ont collé une dizaine de cours par jour. Tu n'auras jamais le temps de tout faire.
— Je m'arrangerai. J'ai mis tout ça au point avec le professeur McGonagall.
— Impossible, répondit Ron avec un grand éclat de rire. Tu as vu, ce matin ? Neuf heures: Divination. Et en dessous, neuf heures: étude des Moldus. Et...
Incrédule, Ron se pencha sur l'emploi du temps.
— Là, regarde ! Encore en dessous... Neuf heures: Arithmancie. Je sais que tu es brillante, mais personne ne peut être brillant au point de se trouver dans trois classes différentes à la fois.
— Ne sois pas stupide, répliqua sèchement Hermione. Bien sûr que je ne vais pas suivre trois cours à la fois.
— Alors ?
— Passe-moi la marmelade, dit Hermione.
— Mais...
— Ron, qu'est-ce que ça peut te faire si mon emploi du temps est un peu chargé ? lança Hermione, agacée. Je t'ai dit que j'ai tout mis au point avec le professeur McGonagall.
Au même instant, Hagrid entra dans la Grande Salle, Il portait son long manteau en peau de taupe et tenait dans son énorme main un cadavre de putois qu'il balançait machinalement.
— Ça va ? demanda-t-il en s'arrêtant à leur table. Vous allez assister à mon premier cours ! Tout de suite après déjeuner ! Je me suis levé à cinq heures du matin pour tout préparer... J'espère que ça se passera bien... Moi, professeur ! Si j'avais pu me douter. D'ailleurs...
Il tourna ses yeux remplit de larmes de joie vers Sélène.
- J'aurais besoin de vous mademoiselle, Albus Dumbledore m'a informé que... mais vous verrez bien par vous- même, je ne veux pas gâcher la surprise !
Il eut un large sourire et poursuivit son chemin vers la table des enseignants en balançant toujours son putois mort, laissant Sélène sans voix emprunt à des regards intrigués de ses camarades.
— Je me demande ce qu'il a préparé, dit Ron d'un ton un peu inquiet.
Peu à peu, les élèves commencèrent à quitter la salle pour se rendre à leur premier cours. Ron vérifia son emploi du temps.
— On ferait mieux d'y aller, dit-il, le cours de Divination se passe tout en haut de la tour nord. Il faut bien dix minutes pour aller là-bas.
Ils se dépêchèrent de terminer leur petit déjeuner, puis sortirent de la salle. Lorsqu'ils passèrent devant la table des Serpentard, Malefoy fit à nouveau semblant de s'évanouir et les éclats de rire suivirent Sélène jusqu'au pied de l'escalier de marbre. Il leur fallut longtemps pour parvenir à la tour nord.
— Il... doit... bien... y avoir... un raccourci... haleta Hermione, tandis qu'ils grimpaient leur septième escalier.
Ils arrivèrent dans un couloir inconnu où il n'y avait rien d'autre qu'un grand tableau représentant une vaste étendue d'herbe
— Je crois que ça doit être par là, dit Sélène en scrutant le couloir vide qui se prolongeait vers la droite.
— Ça m'étonnerait, c'est la direction du sud. Regarde, on voit un bout du lac par la fenêtre...
Sélène regardait le tableau accroché au mur de pierre. Un gros poney gris pommelé venait d'apparaître dans le pré et s'était mis à brouter l'herbe d'un air nonchalant.
Un instant plus tard, un petit chevalier trapu, vêtu d'une armure, apparut à son tour dans un bruit de ferraille. A en juger par les traces d'herbe sur ses genouillères de métal, il venait de tomber de son poney.
— Ah, ah ! s'écria-t-il en voyant Sélène,Harry, Ron et Hermione. Qui sont ces manants qui s'aventurent sur mes terres ? Serait-on venu s'esbaudir de ma chute ? En garde, marauds !
Stupéfaits, ils virent le petit chevalier tirer son épée et la brandir férocement en sautillant d'un air rageur. Mais l'épée était trop longue pour lui: un moulinet un peu trop vigoureux lui fit perdre l'équilibre et il tomba face contre terre.
— Vous ne vous êtes pas fait mal ? s'inquiéta Sélène en s'approchant du tableau.
— Arrière, maroufle ! Arrière, pendard !
Le chevalier reprit son épée et voulut s'appuyer dessus pour se relever, mais la lame s'enfonça si profondément dans le sol qu'en dépit de tous ses efforts, il ne parvint pas à la récupérer. Il finit par se laisser retomber à terre et souleva sa visière pour s'éponger le front.
— Écoutez, dit Harry en profitant de ce répit, nous cherchons la tour nord. Pourriez-vous nous indiquer le chemi ?
— Une queste, par ma foy ?
La fureur du chevalier sembla s'évanouir aussitôt. Il se releva dans un cliquetis d'armure et cria:
— Suivez-moi, mes amis, nous obtiendrons ce que voulons ou périrons bravement à la bataille !
Il refit une vaine tentative pour arracher son épée du sol, essaya sans succès d'enfourcher son gros poney et s'exclama:
— Allons à pied puisqu'il en est ainsi, vaillants seigneurs et noble dame ! Sus ! Sus donc !
Dans un grand vacarme de métal, il se précipita vers le côté gauche du cadre et disparut. Ils le suivirent le long du couloir en se guidant au bruit de son armure. De temps en temps, ils le voyaient réapparaître dans l'un des tableaux accrochés au mur.
— Haut les cœurs, le pire est à venir ! s'écria le chevalier.
Ils le virent alors surgir au pied d'un escalier en colimaçon. Il avait fait irruption dans un tableau qui représentait des dames vêtues de robes à crinoline, provoquant sur son passage des exclamations effarouchées. La respiration haletante, Sélène,Harry, Ron et Hermione escaladèrent jusqu'à en avoir le vertige les marches étroites qui montaient en spirale. Enfin, des voix au-dessus de leur tète leur indiquèrent qu'ils étaient arrivés à destination.
— Adieu ! lança le chevalier en montrant sa tête dans un tableau qui représentait des moines à l'air sinistre. Adieu, mes compagnons d'armes ! Si vous avez encore besoin d'un noble cœur et d'un bras sans faiblesse, appelez à la rescousse le chevalier du Catogan !
— C'est ça, on vous appellera, marmonna Ron. Si jamais on a besoin d'un maboul, ajouta-t-il lorsque le chevalier eut disparu.
Ils montèrent les dernières marches et arrivèrent à un minuscule palier où les autres élèves de leur classe étaient déjà rassemblés. Il n'y avait aucune porte autour d'eux. Ron donna alors un coup de coude à Harry en lui montrant le plafond. Une trappe circulaire y était aménagée et une plaque de cuivre gravée indiquait:
SIBYLLE TRELAWNEY PROFESSEUR DE DIVINATION
— Comment on fait pour monter là-haut ? demanda Sélène.
Comme pour répondre à sa question, la trappe s'ouvrit brusquement et une échelle argentée descendit à ses pieds. Tout le monde se tut.
— Après toi, dit Ron avec un sourire.
Sélène monta l'échelle la première et émergea dans la salle de classe la plus étrange qu'elle eût jamais vue.
En fait, l'endroit n'avait rien d'une salle de classe. On avait plutôt l'impression de se trouver dans un vieux grenier aménagé en salon de thé à l'ancienne. Une vingtaine de petites tables circulaires, entourées de fauteuils recouverts de chintz et de petits poufs rebondis, occupaient tout l'espace. Une faible lumière rouge éclairait la pièce. Tous les rideaux des fenêtres étaient tirés et des foulards rouges enveloppaient les lampes. Il régnait une chaleur étouffante et une bouilloire de cuivre, chauffée par les flammes d'une cheminée au manteau encombré d'objets divers, répandait un étrange et capiteux parfum qui donnait presque la nausée. Les étagères qui recouvraient les murs circulaires étaient encombrées de plumes poussiéreuses, de bouts de chandelle, de jeux de cartes complètement usées, d'innombrables boules de cristal et d'un vaste choix de tasses à thé.
Ron apparut à son tour derrière Sélène et, bientôt, les autres élèves se rassemblèrent autour d'eux en chuchotant.
— Où est-elle ? demanda Ron.
Une voix douce, un peu voilée, s'éleva alors de la pénombre.
— Bienvenue, dit la voix. Je suis heureuse de vous voir enfin dans le monde physique.
Sélène eut d'abord l'impression de se trouver devant un gros insecte luisant. Le professeur Trelawney venait d'apparaître à la lueur des flammes de la cheminée. Elle était très mince, les yeux agrandis par de grosses lunettes, et enveloppée d'un châle vaporeux orné de paillettes. Une quantité impressionnante de chaînes et de perles entouraient son cou décharné, et ses bras et ses mains débordaient de bagues et de bracelets.
— Asseyez-vous. mes entants, asseyez-vous, dit-elle.
Les élèves s'installèrent maladroitement dans les fauteuils ou s'enfoncèrent dans les poufs. Sélène,Harry, Ron et Hermione s'assirent à la même table.
— Bienvenue au cours de Divination, dit le professeur Trelawney qui avait elle-même pris place dans un grand fauteuil auprès du feu. Je suis le professeur Trelawney. Il se peut que vous ne m'ayez encore jamais vue, car je descends rarement dans les autres parties du château. L'agitation qui y règne trouble mon Troisième Œil.
Le professeur Trelawney ajusta délicatement son châle sur ses épaules et poursuivit:
— Vous avez donc choisi d'étudier la Divination, le plus difficile des arts magiques. Je dois vous avertir dès le début que si vous n'avez pas le don de double vue, il y a peu de chance que je puisse vous enseigner quoi que ce soit. Les livres ne permettent pas d'aller bien loin dans ce domaine...
Harry et Ron jetèrent un coup d'oeil amusé à Hermione qui semblait effarée d'apprendre que l'étude d'une matière pouvait se faire sans avoir recours à des livres.
— De nombreux sorciers et sorcières, par ailleurs très doués pour provoquer des explosions, répandre des odeurs bizarres ou disparaître soudainement, se révèlent incapables de pénétrer les voiles mystérieux de l'avenir, poursuivit le professeur Trelawney, ses gros yeux brillants fixant l'un après l'autre les visages anxieux de ses élèves. C'est un don qui n'est accordé qu'à un petit nombre. Vous, mon garçon, dit-elle brusquement à Neville qui faillit tomber de son pouf, est-ce que votre grand-mère va bien ?
— Oui, je crois, répondit Neville d'une voix tremblante.
— Si j'étais vous, je n'en serais pas si sûre, dit le professeur Trelawney dont les boucles d'oreilles en émeraude étincelaient à la lueur du feu.
Neville parut mal à l'aise.
— Cette année, nous verrons les méthodes de base de la Divination, poursuivit le professeur d'une voix paisible. Nous consacrerons le premier trimestre à la lecture des feuilles de thé. Le trimestre suivant, nous étudierons les lignes de la main. Ah, au fait, ma chérie, ajouta-t-elle en se tournant soudain vers Parvati Patil, il faudra vous méfier d'un homme aux cheveux roux.
Parvati lança un regard étonné à Ron qui était assis juste derrière elle et éloigna son fauteuil de lui.
— Au troisième trimestre, reprit le professeur Trelawney, nous en viendrons aux boules de cristal, si nous en avons fini avec les signes du feu. Malheureusement, les classes seront interrompues en février à cause d'une épidémie de grippe. Je deviendrai moi-même aphone. Et aux alentours de Pâques, quelqu'un parmi nous va nous quitter à tout jamais.
Un silence tendu suivit cette affirmation, mais le professeur Trelawney ne sembla y prêter aucune attention.
— Je voudrais vous demander, ma chérie, dit-elle alors à Lavande Brown qui se recroquevilla dans son fauteuil, de me passer la plus grande des théières en argent.
Lavande parut soulagée. Elle se leva, prit une énorme théière sur une étagère et la posa sur la table devant le professeur Trelawney.
— Merci, ma chérie. Je vous signale au passage que ce que vous redoutez tant se produira le vendredi 16 octobre.
Lavande se mit à trembler.
— Maintenant je veux que vous fassiez équipe deux par deux. Prenez une tasse à thé sur l'étagère, venez me l'apporter et je la remplirai. Ensuite, vous vous assiérez et vous boirez le thé jusqu'à ce qu'il ne reste plus que les feuilles au fond de la tasse. Vous ferez tourner ces feuilles trois fois dans la tasse avec votre main gauche, puis vous retournerez la tasse au dessus de la soucoupe. Vous attendrez que la dernière goutte de thé soit tombée, et enfin vous donnerez la tasse à votre partenaire pour qu'il la lise. Vous interpréterez les formes obtenues en vous référant aux pages 5 et 6 de votre livre Lever le voile du futur. Je passerai parmi vous pour vous aider. Ah, et vous, ajouta-t-elle en prenant Neville par le bras pour le faire lever, quand vous aurez cassé votre première tasse, j'aimerais bien que vous en preniez une bleue. Je tiens beaucoup aux rosés.
Et en effet, à peine Neville s'était-il approché de l'étagère aux tasses qu'il y eut un bruit de porcelaine brisée. Le professeur Trelawney se précipita avec une pelle et une balayette.
— Alors, maintenant, une bleue, si ça ne vous ennuie pas... Merci...
Lorsque les tasses de Sélène et de Hermione eurent été remplies, elles revinrent à leur table et s'efforcèrent de boire le thé brûlant le plus vite possible. Puis elles firent tourner les feuilles au fond des tasses comme l'avait indiqué le professeur, les retournèrent pour que tombent les dernières gouttes de thé et enfin se les échangèrent.
— Bon, alors, dit Hermione, tandis qu'elles ouvraient leur livre aux pages 5 et 6, qu'est-ce que tu vois dans la mienne ?
— Un truc marron et tout mou, répondit Sélène.
La fumée odorante qui s'élevait de la bouilloire lui brouillait l'esprit et lui donnait sommeil.
— Ouvrez votre esprit, mes chéris, laissez vos yeux voir ce qu'il y a au-delà des apparences ! s'écria le professeur Trelawney dans la pénombre.
Sélène essaya de se réveiller mais quelque chose lui disait que les cours de divination allait passer très lentement cette année.
— Il y a une vague forme de croix, dit-elle en consultant son livre. Ça veut dire que tu vas connaître « des épreuves et des souffrances », désolé, mais il y a autre chose qui pourrait bien être un trèfle ou un soleil. Alors, attends, je regarde... Ça veut dire « un grand bonheur et de la réussite »... Donc tu vas souffrir, mais tu seras très heureuse...
— Tu aurais intérêt à faire vérifier ton Troisième Œil, si tu veux mon avis, dit Hermione.
Toutes deux réprimèrent un éclat de rire sous le regard perçant du professeur Trelawney.
— A moi, déclara Hermione.
Elle regarda dans la tasse de Sélène, le front plissé par l'effort.
— Il y a une espèce de boule qui ressemble un peu à un chapeau melon, annonça-t-elle.
Tu vas peut-être travailler pour le ministère de la Magie... Elle tourna la tasse dans l'autre sens.
— De ce côté-là, on dirait plutôt une fleur... Qu'est-ce que ça veut dire ?
Elle parcourut les deux pages du livre.
— Ah, « une beauté qui s'épanouira... » Tu es déjà splendide, alors tu n'en n'as pas besoin.
Sélène enfonça sa tête dans son pull pour ne pas montrer ses rougeurs à Hermione.
-Je vois aussi autre chose...
Elle tourna à nouveau la tasse.
— Ça ressemble à une horloge... Oui, voilà l'aiguille... On dirait un...
Le professeur Trelawney s'approcha d'eux tandis que Sélène laissait échapper un petit rire.
— Montrez-moi ça, dit-elle d'un ton réprobateur en arrachant la tasse de Sélène des mains d'Hermione.
Le visage du professeur Trelawney s'émerveilla, puis s'immobilisa en une grimace. Sélène retenait son souffle impatiente de découvrir son avenir malgré qu'elle avait beaucoup de mal à croire au prophétie, mais contre toute attente, madame Trelawney reposa la tasse sur leur table et alla rejoindre celle de Ron et Harry qui ne semblaient pas prendre l'exercice au sérieux vu leur éclat de rire.
Tout le monde se tut et attendit. Le professeur Trelawney observait attentivement le fond de la tasse d'Harry en la faisant tourner dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.
— Le faucon... mon pauvre chéri, vous avez un ennemi mortel.
— Tout le monde sait ça, dit Hermione dans un murmure parfaitement audible.
Le professeur se tourna vers elle.
— Tout le monde est au courant de l'histoire entre Harry et Vous-Savez-Qui, poursuivit Hermione.
Harry et Ron la regardèrent avec un mélange d'étonnement et d'admiration. Apparemment, ils n'avaient encore jamais entendu Hermione parler de cette manière à un professeur. Le professeur Trelawney s'abstint de répondre. Elle reporta son attention sur la tasse de Harry et continua à la faire tourner entre ses doigts.
— La massue... Une attaque. Mon dieu, mon dieu, ce n'est pas une très bonne tasse...
— J'avais cru voir une grosse balle, chuchota timidement Ron.
— La tête de mort... Il y a un grand danger sur votre chemin, mon pauvre chéri...
Comme paralysés, les élèves regardaient fixement le professeur Trelawney qui fit tourner la tasse une dernière fois, eut un haut-le-corps et poussa un cri. Il y eut un nouveau bruit de porcelaine brisée: Neville venait de casser sa deuxième tasse. Le professeur Trelawney se laissa tomber dans un fauteuil, les yeux fermés, une main étincelante posée sur son cœur.
— Mon pauvre.. pauvre garçon... Non, il vaut mieux ne rien dire... Ne me demandez rien...
— Qu'est-ce que vous avez vu, professeur ? demanda aussitôt Dean Thomas.
Tous les élèves s'étaient levés. Lentement, ils se rassemblèrent autour de la table de Harry et de Ron et s'approchèrent du professeur pour jeter un coup d'oeil à la tasse.
— Mon pauvre chéri, dit le professeur Trelawney en ouvrant de grands yeux au regard tragique. Le Sinistros est sur vous.
— Le quoi ? dit Harry.
Il n'était pas tout à fait le seul à ne pas avoir compris. Dean Thomas le regarda en haussant les épaules et Lavande Brown avait l'air déconcerté. Mais presque tous les autres se tenaient la main devant la bouche, dans un geste horrifié.
— Le Sinistros, mon pauvre chéri, le Sinistros ! s'écria le professeur Trelawney qui semblait choquée que Harry n'ait pas compris. Le gigantesque chien fantôme qui hante les cimetières ! Mon pauvre chéri, c'est le pire des présages, un présage de mort !
Sélène leva les yeux au ciel. Décidément, elle n'était pas faite pour croire au absurdité de son professeur de divination.
Lavande Brown, plaqua la main devant sa bouche. Tout le monde avait les yeux tournés vers Harry, tout le monde sauf Hermione et Sélène qui s'étaient approchée par-derrière du professeur Trelawney pour voir le fond de la tasse.
— Je ne crois pas qu'il s'agisse d'un Sinistros, lança Sélène d'une voix neutre.
Le professeur Trelawney contempla Sélène avec une hostilité grandissante.
— Excusez-moi de vous dire ça, ma chérie, mais je ne perçois pas une très grande aura autour de vous. Vous me semblez faire preuve d'une réceptivité très limitée aux résonances de l'avenir.
Seamus Finnigan balança la tête de gauche à droite tandis qu'Hermione semblait parfaitement d'accord avec Sélène.
— On dirait un Sinistros si on le regarde comme ça, dit-il les yeux à demi fermés, mais vu comme ça, on pense plutôt à un âne, ajouta-t-il en penchant la tête vers la gauche.
— Quand vous aurez décidé si je dois mourir ou non, vous me le direz, déclara Harry qui sembla surpris par ses propres paroles.
A présent, plus personne n'osait le regarder.
— Je crois que nous allons en rester là pour aujourd'hui, dit le professeur Trelawney de sa voix la plus mystérieuse. Vous pouvez ranger vos affaires.
Silencieux, les élèves rapportèrent leurs tasses au professeur, rangèrent leurs livres et refermèrent leurs sacs.
— En attendant notre prochain cours, que la fortune vous soit favorable, dit le professeur Trelawney d'une voix faible. Ah, au fait, vous, ajouta-t-elle en montrant Neville, vous allez arriver très en retard la prochaine fois, alors essayez de travailler un peu plus pour rattraper.
Sélène,Harry, Ron et Hermione descendirent l'échelle et l'escalier en silence puis ils prirent la direction de la salle où le professeur McGonagall devait donner son cours de Métamorphose.
Ils avaient quitté le cours de Divination de bonne heure, mais ils mirent tellement de temps à trouver la bonne salle qu'ils faillirent arriver en retard. Harry s'assit au fond de la classe et Sélène vint lui donner compagnie.
Elle avait l'impression qu'un projecteur était braqué sur lui: les autres élèves ne cessaient de lui lancer des regards furtifs, comme s'ils s'attendaient à le voir tomber mort à tout instant.
Elle entendit à peine ce que le professeur McGonagall leur raconta sur les Animagi (les sorciers capables de se transformer en animaux) et ne regarda même pas lorsqu'elle se métamorphosa elle-même en chat tigré, en conservant la marque de ses lunettes autour des yeux.
— Enfin, qu'est-ce qui vous arrive, aujourd'hui ? s'étonna le professeur McGonagall qui reprit sa forme habituelle en émettant un « pop » semblable au bruit d'une bouteille de Champagne qu'on débouche. C'est la première fois que mes métamorphoses ne déclenchent aucun applaudissement.
Tous les regards se tournèrent à nouveau vers Harry, mais personne ne dit rien.
Hermione leva alors la main.
— Voilà ce qui s'est passé, professeur, dit-elle, nous avons eu notre premier cours de Divination, nous avons lu l'avenir dans les feuilles de thé et...
— Ah, je comprends, l'interrompit le professeur McGonagall en fronçant les sourcils. Inutile d'aller plus loin, Miss Granger. Dites-moi plutôt qui doit mourir cette anné ?
Les élèves la regardèrent avec des yeux ronds.
— Moi, dit Harry
— Je vois, dit le professeur McGonagall en fixant Harry de ses yeux brillants. Il faut savoir, Potter, que chaque année depuis son arrivée dans cette école, Sibylle Trelawney a prédit la mort de quelqu'un. Or, jusqu'à présent, tout le monde est resté bien vivant. Elle commence toujours l'année scolaire en décelant des présages de mort. Si je n'avais pas pour habitude de ne jamais dire de mal de mes collègues...
Le professeur McGonagall s'interrompit et chacun put voir que les ailes de son nez étaient devenues livides.
— La Divination est l'une des branches les plus nébuleuses de la magie, reprit-elle plus calmement. Je ne vous cacherai pas que j'éprouve un certain agacement devant ce genre de pratiques. Les voyants véritables sont extrêmement rares et le professeur Trelawney...
Elle s'interrompit à nouveau, puis continua d'un ton très naturel:
— Vous me paraissez en excellente santé, Potter, aussi j'ai le regret de vous annoncer que vous ne serez pas dispensé de faire votre prochain devoir. Mais si vous mourez, je vous promets que vous ne serez pas obligé de me le rendre.
Hermione éclata de rire et Sélène gloussa légèrement tout en observat Harry qui parut se sentit un peu mieux.
Loin des lueurs rougeâtres et des parfums anesthésiants du professeur Trelawney, les feuilles de thé n'inspiraient plus les mêmes angoisses. Pourtant, tout le monde n'était pas encore rassuré. Ron paraissait inquiet et Lavande murmura:« Et la tasse de Neville, alors ? »
Lorsque le cours de Métamorphose prit fin, ils se mêlèrent à la cohue des élèves qui se précipitaient dans la Grande Salle pour le déjeuner.
— Allez, Ron, souris un peu, conseilla Sélène en poussant vers lui un plat de ragoût. Tu as bien entendu ce qu'a dit le professeur McGonagall.
Ron remplit son assiette et prit sa fourchette, mais il ne mangea pas.
— Harry, dit-il à voix basse et d'un ton grave, tu n'as jamais vu de grand chien noir, n'est-ce pas ?
— Si, répondit Harry. J'en ai vu un le soir où je suis parti de chez les Dursley.
Ron laissa tomber sa fourchette.
— Sans doute un chien errant, dit Hermione, très calme.
Ron regarda Hermione comme si elle était devenue folle.
— Hermione, si Harry a vu un Sinistros, c est... c'est très mauvais signe, dit-il. Un jour, mon... mon oncle Bilius en a vu un et il est mort vingt-quatre heures plus tard !
— Simple coïncidence, répliqua Hermione d'un ton léger en se versant un peu de jus de citrouille.
— Tu dis n'importe quoi ! s'indigna Ron qui commençait à se mettre en colère. La plupart des sorciers sont terrifiés par les Sinistros !
— Voilà l'explication, dit Hermione d'un air docte. Quand ils voient le Sinistros, ils meurent de peur. Le Sinistros n'est pas un présage, c'est la cause de la mort ! Et Harry est toujours avec nous parce qu'il n'est pas assez stupide pour se dire: « Puisque j'en ai vu un, je n'ai plus qu'à rentrer six pieds sous terre ! »
Ron ouvrit la bouche sans rien dire et Hermione tira de son sac son livre d'Arithmancie qu'elle appuya contre la carafe de jus de citrouille.
— La Divination, c'est très vague, dit-elle en cherchant sa page. Tout ça, ce sont des devinettes, rien de plus.
— Le Sinistros au fond de cette tasse n'avait rien de vague ! s'emporta Ron.
— Tu n'en avais pas l'air aussi sûr quand tu as dit à Harry qu'il s'agissait d'un mouton, répliqua froidement Hermione.
— Le professeur Trelawney a dit que tu n'avais pas d'aura ! Pour une fois qu'il y a une matière pour laquelle tu n'es pas douée, ça t'énerve !
Il avait touché un point sensible. Hermione referma son livre d'Arithmancie avec une telle violence que des morceaux de carotte et de viande volèrent en tous sens.
— Si être doué pour la Divination signifie faire semblant de voir des présages de mort dans un tas de feuilles de thé, alors je crois que je ne vais pas continuer très longtemps à l'étudier ! Ce cours était d'une nullité totale par rapport à ce qu'on apprend en classe d'Arithmancie !
Elle saisit son sac et s'en alla d'un pas décidé. Ron la regarda partir en fronçant les sourcils. Sélène se décida à rejoindre sa camarade en courant derrière elle tout en entendant encore le rouquin broncher.
— Qu'est-ce qu'elle raconte ? s'étonna-t-il. Elle n'a encore jamais mis les pieds dans un cours d'Arithmancie.