Nina Black - Heart Attack (Tome 1)

Chapitre 16 : Dire adieu

1815 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 07/01/2020 12:06

Le hurlement qu’elle venait de pousser fit retourner William qui était dans les bras de sa mère. Sa sœur avait le visage empli de larmes et de haine contre la maladie qui avait rongé Katniss. Il s’approcha de sa sœur, mais elle le regarda avec un visage tellement dur qu’il recula de deux pas. Tant de questions se bousculèrent dans ce regard qu’il ne sut pas comment soulager sa sœur de ses tourments.

Nina sortit en courant de l’infirmerie. Katniss était morte. Elle crut que sa tête allait exploser, elle courut, mais ne sut jusqu’où. Les cours continuaient, les élèves ignoraient la tragédie qui se passait. Les cloches sonnaient, sonnaient et sonnaient encore. Nina leur en voulait de vivre alors que Katniss ne le pouvait plus. Les couloirs du château étaient vides et silencieux. En cet instant, elle aurait préféré se fondre dans la masse sombre des robes de sorciers. Elle aperçut un renfoncement de mur et s’y blottit. Ici, personne n’allait la voir. Son corps tremblait, sa vue était floue, ses joues mouillées. Le professeure McGonagall l’appela à plusieurs reprises d’un ton inquiet, mais elle ne lui répondit pas. Elle ne répondit pas non plus à William, ni au professeur Dumbledore. Elle voulait être seule, elle ne voulait plus vivre, elle ne crut plus au bonheur.

Combien de temps resta-t-elle ainsi ? Elle l’ignorait, cela aurait très bien pu être deux minutes comme deux heures. La tête entre ses jambes, elle laissait ses pensées et les perles d’eau couler. Les bavardages dans le couloir s’intensifièrent, les cours devaient être finis. Elle ignorait si les gens avaient appris pour Katniss, mais ce devait être le cas. Les secrets à Hogwarts, ça n’existait pas.

_ Viens, Fred, chuchota une voix près de Nina, il ne faut pas que Filch nous vois. Viens, je connais une cachette.

Les jumeaux débarquèrent là où Nina se trouvait, toujours dans une position fœtale.

_ Hé, Nina ! Tu te caches aussi ? Tu as fait quoi comme bêtise, tu as dit à Snape qu’il était laid ?

La jeune fille ne répondit pas.

_ Nina, ça va ? demanda Fred d’un ton inquiet.

Les garçons s’étaient accroupis à son niveau et Fred releva son menton. Son expression du visage changea immédiatement en voyant les yeux rouges et bouffis de son amie.

_ Que s’est-il passé ? Nina, dis-nous !

_ Ka… Kate… arrêt… car… diaque, et elle éclata en sanglots.

Les jumeaux n’eurent pas besoin d’en entendre plus pour comprendre et un cri de stupeur sorti de la bouche de George. Nina senti les mots qu’elle venait de prononcer lui taillader son cœur déjà abimé. Quand le couloir fut de nouveau silencieux, Fred annonça qu’il allait chercher un professeur pour éviter qu’ils s’inquiètent. George, lui, resta près de Nina sans ne savoir que dire. La jeune fille appréciait son silence et sa présence. Il avait quelque chose de bon, peut-être était-ce de l’espoir, de la tendresse ou de la naïveté. Après une dizaine de minutes, Fred revint accompagné du professeur Snape qui releva la jeune fille par les dessous de bras. Elle se laissait faire comme une poupée même si, à l’intérieur, elle hurlait de la laisser tranquille.

Son visage était fermé et blême. Le professeur de potion prit sa main et l’entraîna vers le bureau du professeur Dumbledore tout en lui disant des mots réconfortants que la jeune n’entendait pas. Il demanda aux jumeaux d’aller prévenir le professeure McGonagall qu’ils avaient retrouvé Nina et de décrire son état.

En silence, Nina entra dans le bureau du directeur de l’école. Celui-ci avait le visage tourné vers la fenêtre. Ils n’étaient que tous les deux, debout, sans rien se dire.

_ Assieds-toi, déclara-t-il doucement après une ou deux minutes de silence.

Nina ne le fit pas, elle resta, tête baissée, au milieu du bureau. Elle ne cessait de voir Katniss sourire, jouer, vivre dans son esprit. Elle s’accroupit et mit sa tête entre ses genoux. Ainsi, elle avait l’impression qu’elle irait mieux, qu’une bulle la protégerait. Le professeur Dumbledore s’accroupit également et posa une main légère sur son dos. Cette main, Nina voulait la repousser, ce n’était pas celle-là qui devait la réconforter, mais celle de Katniss, de William ou d’Alex.

_ Je sais ce que tu ressens, dit-il doucement.

Mais il continua de se heurter au silence. La porte du bureau s’ouvrit et Nina entendit que le professeur Dumbledore se relevait.

_ William, Cedric.

En entendant ces noms, Nina espéra qu’ils allaient lui annoncer une bonne nouvelle, mais eux aussi avaient l’air d’avoir perdu l’usage de la parole. Des bras musclés entourèrent Nina et la relevèrent doucement. Cette-dernière redressa finalement sa tête et fit face au regard de son frère. Celui-ci se voulait fort, ne montrant aucune faiblesse. Pourtant, Nina ne pouvait que s’imaginer la déchirure du cœur que venait de subir William. Elle était sa jumelle, son pilier, celle qui l’avait fait aller jusque-là. William voyait dans le regard de sa sœur de la peur, de la tristesse et ce regard perça un peu plus le cœur du jeune garçon.

À côté de William se trouvait Cedric, lui qui habituellement était droit, fier et imposant paraissait maintenant vouté, petit et fragile.

_ Asseyez-vous tous les trois, demanda Dumbledore d’une voix douce, mais ferme.

Cette fois-ci, Nina fit ce qu’il disait et s’assit entre Cedric et William sur un petit banc. Ainsi collés les uns aux autres la jeune fille put sentir les tremblements de tristesse de Cedric et ceux de rage de William. Les doigts de ce-dernier se mêlèrent à ceux de sa sœur.

_ C’est un dur moment que vous allez vivre, je ne peux vous le cacher. Mais je doute que Katniss ait voulu que vous soyez triste. Alors, oui, pleurez, criez mais relevez-vous après l’avoir fait. Vivez pour elle car elle vit à travers vous.

Les larmes de Nina reprirent de plus belle, elle se leva et quitta le bureau sans dire un mot. Elle ne voulait pas parler au professeur Dumbledore, ni à Cedric, ni même à William. Elle voulait parler à Alex. Ainsi, elle prit la direction de la salle commune pour écrire une lettre à son frère.

Là-bas, tous les regards se fixèrent sur elle. Katie vint à elle et lui demanda comment elle se sentait, mais se heurta à un mur. Nina demanda un parchemin et une plume à Lucy qui les lui passa immédiatement, sans même poser de questions. La jeune fille eut d’abord du mal à exprimer ce qu’elle ressentait en cet instant si difficile. Mais une fois que la plume commença à marquer le parchemin elle glissa au facilement que de l’eau.

 

Alex,

Je me sens vide, meurtrie. Je n’ai plus de larmes à verser, mais mon chagrin persiste. Ce matin, j’ai appris le décès de ma seule et unique sœur. Me dire que je ne verrais plus son sourire me tue. Je veux la rejoindre, bien que je sache qu’il ne le faut pas. Car je ne veux pas laisser Will seul. Le pauvre, il a perdu sa sœur jumelle. Je sais qu’il veut me faire croire qu’il arrive à supporter la douleur pourtant je sais aussi qu’il souffre plus que n’importe qui d’autre ici.

Oh ! Alex, si tu savais comme je suis perdue. Si tu savais le lourd poids qui s’est installé dans mon estomac quand j’ai vu son visage calme et sans vie.

C’est tellement dur, Alex, dur de se dire que chaque matin je ne la verrais plus dans la Grande Salle, que je n’aurais plus à écouter ces longs monologues sur les choses essentielles de la vie.

J’aimerais que tu sois là, que maman soit là, j’aimerais pouvoir pleurer dans vos bras.

S’il-te-plait, fais tout ton possible pour venir ici.

Tu me manques,

Nina

 

Toute la nuit, elle resta dans la salle commune à contempler le croissant de lune. Celle-ci ne lui paraissait plus aussi belle qu’avant. Les étoiles ne brillaient plus autant qu’avant, peut-être que Katniss avait rejoint l’une d’entre elles. Le collier autour du cou de la jeune fille était plus lourd qu’avant, Nina l’ouvrit et contempla le visage souriant de sa demi-sœur.

Elle décida de se promener et passa le portrait de la Grosse Dame. C’était la deuxième fois qu’elle le passait après le couvre-feu. Cette fois-ci la Grosse Dame ne lui fit pas de remontrances et sembla même encourager cette sortie nocturne. Nina marcha sans but précis et après une vingtaine de minutes s’aperçut qu’elle se trouvait face à la porte de l’infirmerie.

Katniss se trouvait derrière. Nina se l’imaginait en vie, riant et parlant de botanique. Après un instant d’hésitation, la jeune fille poussa la grande porte. Tous les lits étaient vides excepté un dont les rideaux étaient tirés. Elle prit une grande inspiration et passa à travers eux.

Le drap épousait les formes de la jeune fille qui se trouvait en dessous, il était tiré jusqu’à sa tête, couvrant son beau visage. Nina s’assit sur la chaise près du lit et baissa le drap. Le visage de sa sœur était reposé, les yeux clos. La jeune fille caressa la joue de sa sœur et fut surpris par sa froideur.

_ Katniss, j’aurais voulu te connaitre bien avant, j’aurais voulu partager plus de moments avec toi, j’aurais aimé être sur plus de photos sur la cheminée de la tanière des bois. Oh, oui, j’ai passé de magnifiques moments avec toi et je ne les oublierais jamais mais j’aurais aimé en vivre plus. Ne t’inquiète pas pour moi, Will, Cedric et Lena et part rejoindre en paix les étoiles qui veillent sur nous. Alors… A… Adieu ma chère et tendre sœur.

Ces derniers mots furent durs à prononcer et la jeune fille sentit son cœur s’accélérer pendant quelques secondes puis il s’arrêta. Le corps de la jeune fille glissa de la chaise et Nina tomba dans un grand bruit.

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