Non Déclaré

Chapitre 16 : Chapitre Seize

5201 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 17/04/2020 01:27

« Donc, commença Harry alors qu'il était assis dans l'herbe, derrière le Terrier, est-ce que tu penses toujours que je devrais attendre jusqu'à après les ASPICs pour en parler avec Ron ? »

Hermione lui jeta un regard de biais. Ils étaient assis côte à côte, adossés au mur de la maison. Harry avait passé ses bras autour de ses jambes, les mains croisées, et le regard perdu dans le vide.

« Je ne sais pas vraiment, admit-elle. Je ne suis pas sûre de savoir ce qui est le mieux entre lui dire maintenant, et lui laisser le temps de se faire à l'idée avant que vous ne vous mettiez vraiment ensemble, ou bien si tu devrais attendre jusque-là.

— Comment est-ce que tu penses qu'il va le prendre ? » Il la regarda suffisamment longuement pour voir ses yeux s'écarquiller légèrement d'ennui, et prendre une profonde inspiration.

« Je ne sais pas vraiment, fit-elle à nouveau. Je veux dire, il a plutôt bien pris tout le truc gay, la dernière fois. »

Harry se redressa et baissa ses bras. « Le "truc gay" ? demanda-t-il d'un ton un peu cassant.

— Désolé ! s'excusa-t-elle immédiatement. Je ne voulais pas dire ça comme ça. Je veux dire, c'est juste que – Je ne savais pas non plus comment il le prendrait. »

Harry se détendit à nouveau. « Est-ce que tu savais que Charlie était gay ?

— Non. » Elle secoua la tête, semblant surprise. « Je ne le savais pas. Mais je ne suis pas surprise. Ron n'en a pas parlé. Il n'est pas très proche de Charlie. Il ne revient pas souvent dans nos conversations. »

Harry hocha la tête. « Tu crois qu'il en parlerait à quelqu'un ? Qu'il pourrait nous attirer des ennuis ? Essayer de faire virer Severus ?

— J'espère que non, grimaça-t-elle. » Elle ne semblait pas convaincue. « Mais, tu sais comment il est. Je m'arrangerais certainement pour éviter d'aborder le sujet au beau milieu d'un repas dans la Grande Salle, ou quelque chose du genre.

— Ouais, ce n'est pas ce que j'avais prévu non plus, répondit Harry sarcastiquement.

— Désolé. » Elle secoua la tête en rigolant un peu. « Je ne voulais pas dire ça comme ça. »

Il y eut un moment de silence, ils observèrent une brise légère faire s'envoler le pollen d'un pissenlit en face d'eux. Ils pouvaient entendre des voix, venant de l'intérieur de la maison, sans pour autant comprendre ce qu'elles disaient.

« Est-ce que tu crois que je suis fou ? demanda Harry, les yeux baissés sur ses genoux. »

Hermione resta calme suffisamment longtemps pour qu'il lève les yeux sur elle. Un petit sourire jouait sur ses lèvres, et un "Oh, Harry" se cachait derrière ses yeux.

« Non, répondit-elle tendrement. Non, je pense pas du tout que tu sois fou. »

— O —

« Ron ? chuchota Harry dans les ténèbres. » C'était leur dernière nuit de vacances avant de devoir retourner à Poudlard. Il était tard, et tout le monde était dans son lit. Harry n'était même pas sûr que Ron soit toujours éveillé.

« Mmm ? » Il entendit son ami bouger sous ses draps. Dans les ténèbres, il pouvait voir la peau pâle de Ron et ses cheveux roux briller dans le clair de lune qui se déversait de la fenêtre.

« Tu sais que je suis gay ? demanda-t-il. »

Il vit Ron froncer les sourcils. « Bien sûr.

— Et tu sais que j'aime quelqu'un ? Et qu'il m'aime ? continua-t-il.

— Ouais. » Ron hocha la tête une fois, et puis se redressa en s'appuyant sur ses coudes.

« Eh bien… » Harry prit une profonde inspiration. « C'est Draco. »

Harry attendit la réaction de Ron, mais rien ne vint. Et puis, il le vit se frotter les yeux et se secouer la tête, comme s'il voulait s'éclaircir les idées.

« Désolé, quoi ? demanda-t-il en toussotant.

— C'est Draco, répéta Harry. Malfoy. »

Harry se prépara à nouveau, mais Ron le fixa seulement pendant quelques longues secondes. Tout à coup, tout son corps se mit à trembler, et Harry se recula, mais il comprit alors que Ron était seulement secoué par son rire, et non pas qu'il sortait de son lit pour se jeter sur lui.

« Malfoy ? parvint à lâcher Ron entre deux rires silencieux. Harry, recouche-toi !

— Je suis sérieux, Ron, maintint Harry. Je te le dis maintenant parce que je ne pense pas que tu te mettrais à crier et à réveiller tout le monde. »

Ron arrêta brusquement de rire. « Tu n'es pas sérieux, demanda-t-il.

— Est-ce que c'est un problème ? » Harry se recala plus confortablement.

« Tu – Tu es sérieux ? » Ron semblait avoir pâli. « Mal – Malfoy ?

— Est-ce que tu vas me renier ? le défia Harry. »

Ron sembla être incapable de trouver ses mots pendant quelques instants. « Te – te renier ? » Il fronça les sourcils et se pencha par-dessus le bord de son lit. « Pourquoi est-ce que je ferais ça bordel, juste parce que tu as des goûts atroces en matière d'hommes ? »

Harry se détendit immédiatement. « Ça ne te dérange pas ?

— Eh bah, merde, Harry, tout ce que fait Malfoy me dérange. Mais je suppose que si ce qu'il se fait, c'est toi…

— Ron ! cria presque Harry.

— Quoi ? se défendit Ron. Je veux dire, qu'est-ce que vous avez prévu de faire d'autre après les ASPICs ? Vous avez attendu ça pendant quoi, des mois maintenant ? Vous devez être plutôt raides.

— Tu es tellement vulgaire.

— Je suis vulgaire ? » Ron écarquilla les yeux. « C'est toi qui en pince pour Malfoy.

— D'accord, d'accord, céda Harry. C'est faux. Je ne suis pas amoureux de Malfoy.

— Ah non ? » Ron se releva soudainement. « Petit con ! » Il attrapa son oreiller et l'abattit deux fois de suite sur Harry. « Pourquoi est-ce que t'as dit ça alors, hein ?

— Stop ! s'écria Harry en luttant contre son rire. Arrête ! Je suis désolé, d'accord ?

— À quoi tu pouvais bien penser quand t'as dit ça ? demanda Ron.

— C'est juste – Je voulais voir comment tu allais réagir, lui dit Harry.

— Réagir ? Comment ça ? Qu'est-ce que tu pensais que j'allais faire ? » Ron semblait agacé.

« Eh bien, tu sais, me renier, admit Harry.

— Oh, pour l'amour du ciel, Harry ! » Ron leva les yeux au ciel, et secoua la tête. « Tu es mon meilleur ami. Tu es gay. Je n'ai pas besoin d'aimer tes petits-amis, mais ça ne veut pas dire que je vais cesser d'être ton ami. »

La surprise d'Harry dut se voir sur son visage.

« Je n'ai plus quatorze ans, Harry, fit Ron. » Et il abattit son oreiller encore une fois de plus sur lui.

« Tu nous as laissé dans la forêt quand tu en avais dix-sept, lui rappela Harry. » Il fut récompensé d'un autre coup.

« Oui, eh bien, j'avais ce maudit Horcruxe sur moi, et je pensais que tu étais amoureux d'Hermione, se justifia-t-il alors qu'il se rallongeait, et gesticulait pour prendre une position confortable. Par ailleurs, maintenant, j'ai dix-neuf ans.

— Parfait, concéda Harry. C'est bien. Parce que je ne suis pas amoureux de Draco.

— Mmmph, murmura Ron en se retournant sur le côté.

— Je suis amoureux de Snape, annonça Harry. »

Il y eut un instant de silence, et Harry reçut un autre coup d'oreiller.

« Maintenant, je sais que tu n'es pas sérieux, fit Ron, et il se retourna pour se rendormir. »

— O —

Harry était assis sur la berge du lac. C'était juste avant le dîner, la dernière nuit avant la semaine d'examen. Il regardait l'eau, tout à ses pensées.

« Harry. » C'était une voix profonde, dans son dos, et elle aurait dû le surprendre, mais ce n'était pas le cas.

Il n'avait pas besoin de se retourner pour savoir de qui il s'agissait. « Sirius, sourit-il, regardant son parrain qui s'asseyait à côté de lui. »

Il lui fit un grand sourire, chaleureux.

« Tu es – commença Harry.

— Mort, je sais, accorda Sirius.

— Donc, c'est un rêve ? »

Sirius prit une grande inspiration, et expira lentement. Il fixa la surface du lac. « Eh bien, tu ne peux pas vraiment être ici, puisque tu es dans ton lit. Et je ne peux pas être là, puisque je suis– » Il s'était arrêté brusquement.

« Mort. C'est vrai, termina Harry, en fixant ses mains. Donc, ce n'est pas réel ? affirma-t-il.

— Oh, je n'en sais rien. » Sirius lui donna un petit coup d'épaule. « Je pense que c'est tout autant réel que ta conversation avec Dumbledore, à King's Cross. »

Harry lui jeta un regard en coin.

« Donc, tu vas commencer tes ASPICs demain, commença Sirius. Est-ce que tu es nerveux ?

— Pas vraiment, admit Harry. Je devrais probablement l'être, mais… non. »

Sirius hocha la tête. « Je ne suis pas surpris. Tu es prêt. Je suis sûr que tu vas leur en mettre plein la vue. »

Harry fit un énorme sourire. « Merci.

— Quels sont tes plans, pour après ? demanda Sirius prudemment, regardant à nouveau l'eau.

« Oh, eh bien, je pense que tu connais probablement déjà la réponse à ça, se déroba Harry.

— En effet.

— Est-ce que… » Harry détourna un peu le regard. « Est-ce que tu m'en veux ? »

Sirius se retourna vivement pour regarder Harry. Il fronçait les sourcils. « T'en vouloir ? Pourquoi est-ce que je t'en voudrais ?

— Eh bien, tu sais, tu le détestais. Vous le détestiez tous, expliqua Harry.

— Ah, fit Sirius en acquiesçant. Oui, Servillus.

— Donc, tu m'en veux. » Harry sentit son cœur se serrer. « Est-ce que – je veux dire, est-ce que – tu penses que mon père m'en voudrait, lui aussi ? Ou Maman ?

— Harry. » Sirius tendit la main et saisit l'épaule d'Harry. « Tu devrais savoir que, tout ce qu'on a toujours voulu, c'est que tu sois heureux. Moi, ta mère, et ton père, Remus… putain, même Queudver. Ce n'est pas important pour nous, avec qui tu es.

— Vraiment ? » Harry se dérida. « Tu ne penses pas que je – vous trahis ?

— Harry, répéta Sirius. Nous sommes morts. Tu ne peux pas laisser ce que nous avons pensé ou non dicter ta vie. »

Harry ne devait pas sembler très convaincu.

« Et, c'est ta vie, souligna Sirius. Tu l'aimes. Il t'aime. Et c'est tout ce qu'il faut pour tes parents. Ou ton parrain, corrigea-t-il. Bien sûr, s'il te fait du mal, je reviendrais pour le hanter, jura-t-il.

— Je ne pensais pas que tu serais aussi compréhensif, admit Harry.

— Je ne pensais pas que tu tomberais amoureux de Snape, lui renvoya Sirius.

— Je sais que ça n'est pas réel, mais… » Harry fit une pause. « Est-ce que tu pourrais me parler d'eux ? »

Sirius sembla confus.

« Papa et Maman ? Où est-ce que vous êtes maintenant ? Vous êtes ensemble ? demanda Harry. »

Sirius se mit à sourire, un sourire énorme et magnifique. « Oh, ton père et moi en profitons pleinement pour rendre ta mère complètement chèvre, comme on l'a toujours fait, commença-t-il. »

— O —

EXPLIQUEZ, EN DÉTAIL, LES PROPRIÉTÉS CHIMIQUES DE L'HELLÉBORE ET SON UTILISATION DANS LES POTIONS DE SOMMEIL.

C'était le dernier examen d'Harry.

Le tout dernier.

Il pouvait à peine tenir en place.

Il observa le reste de ses camarades dans la salle – ils étaient deux fois plus nombreux que d'habitude, avec les huitièmes années de présents en plus des septièmes années – tous écrivaient furieusement sur leurs parchemins. Il avait terminé les travaux pratiques de potions dans la matinée, et maintenant, il n'avait plus qu'à passer l'écrit, et il en aurait finalement enfin fini avec ses ASPICs ! Mais il ne pouvait pas se concentrer. Il ferma les yeux et fit un peu de cette respiration profonde méditative que lui avait enseigné Hermione. Il pouvait le faire. Il allait le faire. Il rouvrit les yeux, et se reconcentra sur le parchemin.

EXPLIQUEZ, EN DÉTAIL, LES PROPRIÉTÉS CHIMIQUES DE L'HELLÉBORE ET SON UTILISATION DANS LES POTIONS DE SOMMEIL.

— O —

« Non, Ron, je promets que je ne vais pas repasser sur chacune des questions, mais je voudrais seulement savoir comme tu penses que tu t'en es sorti, plaida Hermione.

« Je suis sûr qu'on s'en est tous bien sortis, la rassura Harry. » Leur trio était en chemin vers la salle commune pour pouvoir se détendre un peu avant le dîner. Les examens des autres années ne commenceraient pas avant lundi, donc, techniquement, Poudlard était toujours en période d'examen pendant encore une semaine, mais toutes les personnes de leur promotion, et de septième année qui étaient déjà majeurs, étaient autorisés à partir dès ce soir-là, s'ils le souhaitaient. Ginny et Ron resteraient jusqu'au matin, et donc, Hermione restait jusque-là également. Harry n'avait pas vraiment quelque part où aller, autre que le Square Grimmaurd, donc il ne voyait pas de problème à rester.

Une fois qu'ils furent installés dans la Salle Commune de Gryffondor, ils se mirent à parler de tout et n'importe quoi, de ce qu'ils feraient plus tard. Tous les autres septième et huitième années qui ne partaient pas pour la Grande Salle s'étaient également réunis dans la pièce.

« L'entraînement des Aurors commence dans six semaines, annonça Dean. Qui s'engage ?

— Moi ! s'écria rapidement Ron. » D'autres suivirent.

« Et, qu'est-ce que tu vas faire, Harry ? demanda Seamus après avoir remarqué qu'il n'avait rien dit à propos de les rejoindre. Est-ce que tu as accepté l'offre d'Apprentissage de Belfacia ? »

Harry secoua la tête. « Non, mais je ne suis pas sûr non plus à propos du programme des Aurors. Je pense que je vais juste prendre un peu de temps avant de décider de ce que je veux faire.

« Je pense que c'est une sage décision, applaudit Hermione.

— Et qui va à l'Université ? demanda Parvati. »

Plusieurs mains se levèrent, dont celles d'Hermione et de Ginny.

« Pourquoi est-ce que tu y vas, alors, Hermione ? demanda Lavande.

— Cursus général, répondit Hermione. Mais j'ai prévu de me concentrer sur les Lois et Créatures Magiques, ainsi que les relations entre Moldus et Sorciers. »

La conversation divergea et tout le monde commença à parler de ses plans, de ses espoirs, de ses rêves et de ses peurs.

Tout le monde, sauf Harry. Ce fut facile, pour lui, de s'en aller sans se faire remarquer, de récupérer sa cape d'invisibilité, et de trouver son chemin hors de la Salle Commune pour se transformer en chat.

Le château était relativement calme, étant donné qu'il n'était que cinq heures. Harry supposa que la plupart des étudiants étaient soit occupés à étudier, à faire la fête ou bien à partir. C'était bien de pouvoir marcher lentement, sans se faire remarquer, sans penser à rien. Il n'avait vraiment toujours pas la moindre idée de ce qu'il voulait faire. Il avait passé beaucoup de temps à étudier les brochures que Snape lui avait donné. Il avait même discuté avec Hermione de beaucoup d'entre elles.

Travailler pour le Service Sorcier de Protection de l'Enfance semblait intéressant. Il voulait définitivement faire en sorte qu'aucun enfant sorcier n'ait à vivre la vie qu'il avait eu, en grandissant avec sa famille Moldue. Bien sûr, devenir Auror n'était pas complètement rayé de sa liste non plus. Beaucoup de ses amis allaient passer les entraînements, dans le but d'obtenir l'examen de recrutement. Ce serait amusant de rester en leur compagnie. Mais ça avait été si agréable cette année de ne courir après aucun Mage Noir – ni de se faire courir après. Harry n'était pas sûr d'être prêt à sauter dans une vie de danger intensif. Il y avait toujours la voie académique – faire des recherches, être un professeur d'Université… mais ça ne semblait pas très intéressant. Il y avait aussi le domaine médical : la Médicomagie, ou être Soigneur. Harry se disait que ça pourrait être bien de réparer les gens, plutôt que de les détruire, mais il ne savait pas s'il avait la discipline nécessaire pour continuer ses études aussi longtemps : c'était un programme intensif de cinq ans pour pouvoir devenir Soigneur. Il y avait aussi l'enseignement – ce qu'il le tentait bien, en fait. Il pouvait entrer dans l'Académie Magique de Préparation à l'Enseignement, ce qui demandait trois ans. Mais il n'était pas sûr d'où il irait enseigner. Il n'aimait pas l'idée d'aller à Durmstrang ou Beauxbâtons. Mais il n'était pas sûr d'être autorisé à – ni d'être le bienvenu pour – enseigner à Poudlard. Il y avait aussi la finance et les affaires. Peut-être qu'il pourrait ouvrir sa propre boutique sur le Chemin de Traverse. Il y avait aussi le Département de la Justice Magique, bien que ça ne lui semblait être qu'une version plus insipide des Aurors. Et, évidemment, tous les autres postes du Ministère. C'était tout à fait intimidant. Le plus il y pensait, le plus il se persuadait d'avoir besoin de prendre une pause. Mais qu'allait-il faire ? Rester au Square Grimmaurd, tous les jours, sans rien faire, pendant des semaines ? Il allait devenir fou. Il ne pouvait pas suivre Ron et Hermione parce qu'ils partaient en vacances sur le Continent. Il se sentit soudainement vraiment très seul. Il sentit ses yeux le piquer, et se demanda si les chats pouvaient pleurer.

« Eh bien, eh bien, fit une voix grave, faisant se lever les oreilles d'Harry. On dirait bien qu'il y a un chat errant qui vagabonde dans le château. »

Harry aurait souri s'il en avait été capable. C'était Severus. Il ne l'avait pas réalisé, mais il avait en réalité déambulé jusqu'aux cachots.

« L'heure du dîner approche à grands pas, ronronna presque Severus tandis qu'il se baissait pour prendre le Chat dans ses bras. Je parie que tu dois avoir bien faim. Mais je ne voudrais pas gâcher ton dîner en te donnant à grignoter juste avant.

— Rowrrrrr, grogna Harry, joueur. » Il passa sa langue le long de la main de Snape.

« Oh, je suppose que je devrais pouvoir au moins te trouver un peu de lait, soupira-t-il. »

Il ouvrit la porte de son bureau, et emporta Harry jusqu'à ses quartiers privés, moment que choisit Harry pour sauter de ses bras et rejoindre le salon, alors que Severus allait dans la cuisine.

Il entendit des bruissements, des portes de placards qu'on ouvre, des bruits de vaisselle, venir de la cuisine pendant quelques minutes, ce dont il profita pour se retransformer en lui-même et s'asseoir sur le canapé.

Severus se figea en entrant dans la pièce, une soucoupe de lait dans la main. « Tu n'es pas trop dans l'esprit, pour le lait, je présume ? fit-il d'une voix traînante, bien qu'il y ait un quelque chose de crispé et semblant inconfortable dans son ton.

— Mes ASPICs sont finis, lâcha Harry sans ménagement, fixant les mains de Severus. »

Il semblait que c'était justement ce qu'il fallait à Severus, et il laissa tomber la soucoupe de lait qui disparut avant de toucher le sol.

« En effet. » Il fit quelques pas vers Harry.

« Je ne suis plus ton élève.

— Tu n'es plus l'élève de qui que ce soit, fit remarquer Severus, faisant quelques pas rapides de plus pour parcourir la distance les séparant. » D'un geste gracieux, Harry se retrouva allongé sur le dos sur le canapé, et Severus le couvrait de son corps. « Merci Merlin, chuchota-t-il, juste avant d'amener ses lèvres contre celles du jeune homme.

Immédiatement, le corps d'Harry se réveilla. Il commença à gémir et à s'accrocher aux vêtements de Severus.

« Qu'est-ce que tu fais ? » Le Serpentard se redressa légèrement.

« Je te déshabille, répondit Harry, comme si c'était une évidence indéniable. Et ensuite, je vais essayer de te convaincre d'aller jusqu'à un lit. »

Severus ricana. « On n'a pas assez de temps pour faire ce que j'ai prévu de faire dans un lit.

— De quoi ? » Harry fronça les sourcils.

« Il est six heures moins le quart, répondit Severus en désignant l'horloge sur le manteau de cheminée. Le dîner est dans un quart d'heure. »

Harry enveloppa ses bras autour du dos et de la nuque de Severus. « On peut sauter le dîner, murmura-t-il en l'attirant à nouveau contre lui.

— Mais certainement pas, refusa-t-il. » Et il exerça suffisamment de force pour s'extirper de l'étreinte d'Harry.

Le Gryffondor se redressa en boudant. « Après le dîner ? espéra-t-il.

— Encore une fois, non. » Severus secoua la tête en signe de négation. « Malheureusement, il y a un certain nombre de choses que je dois terminer avant que je ne puisse te faire quoique ce soit dans ce lit qui choquerait la grande majorité du Monde Sorcier.

— Plusieurs choses ? se lamenta Harry. Tu m'avais promis après les ASPICs ! Tu as dit – » Severus lui coupa la parole.

« Arrêtez de geindre, Potter, cingla-t-il. Tu ressembles à un enfant. »

Harry fulminait.

Severus ferma les yeux et soupira. Il s'assit à côté de lui. « Harry, écoute-moi. Je – pour commencer, je trouve encore que c'est difficile à croire. Je n'étais pas tout à fait sûr que… l'intérêt… que tu me portes durerait aussi longtemps. »

Harry ouvrit la bouche pour parler, mais fut stoppé par les doigts de Severus pressés contre ses lèvres.

« Mais bien sûr, je suis soulagé que ce soit le cas, et évidement, je te porte le même intérêt, le rassura-t-il. Cependant, il y a certaines obligations auxquelles je dois me plier. Dans un premier temps, est-ce que tu as quelque chose demain midi ? Tous tes amis vont quitter le château pour poursuivre leurs projets. Est-ce que tu as décidé de ce que tu veux faire ? Où est-ce que tu vas vivre ? Et ensuite, est-ce que tu as parlé de notre… de nous à tes amis ? Je suppose que Miss Granger sait déjà tout, puisqu'elle en sait toujours plus sur tout que ce que n'importe qui devrait savoir, mais qu'en est-il de tes autres amis ? Est-ce que tu as pensé à la manière dont ils vont réagir ? »

Harry croisa les bras avec colère. Severus leva les yeux sur l'horloge.

« On devrait aller vers la Grande Salle. Reviens ici demain matin, dès que tes amis seront partis, et nous pourront parler. »

Le professeur se leva, et fit signe à Harry de le suivre, mais celui-ci resta obstinément assis sur le canapé, livide. Severus ferma les yeux, et poussa un soupir exaspéré.

« Je savais que c'était une erreur de t'emmener ici pour te donner du lait, murmura-t-il. Va dîner. Tu peux m'en vouloir autant que tu le souhaites. Je vais – Je comprends si je ne te vois pas demain matin. »

À ces mots, Harry sauta du canapé. « Tu ne peux pas me tenir à distance, grogna-t-il en attrapant Severus, et en pressant leurs corps l'un contre l'autre. J'espère que tu aimes voir le soleil se lever, parce que je serais là à l'heure pour qu'on voie l'aube ensemble. » Et sur ces mots, il embrassa Severus avec force sur les lèvres, et quitta les cachots en tempête, faisant malgré tout attention à redevenir le Chat avant de s'en aller dans le couloir.

— O —

« Oh, Harry ! pleura Hermione alors qu'elle le serrait dans ses bras. On t'enverra une lettre tous les jours, promit-elle. Tu dois nous dire ce que tu décides de faire. Où est-ce que tu vas aller.

— Tout va bien, Hermione. » Il essayait de ne pas rire face à tout son drama.

« Ouais, ça va aller pour lui, sourit Ron. Allez ! J'ai passé huit années ici, je suis plus que prêt à partir !

— Sept années, Ronald Weasley. » Hermione fit volte-face sur Harry, et donna une petite tape à Ron de la main. « L'année qu'on a passée avec Harry ne compte pas comme une année de cours.

— Elle devrait, murmura-t-il. J'ai appris plus de vous deux que de la plupart de mes Professeurs. »

Hermione écarquilla les yeux, et resta bouche bée.

Harry fit un petit sourire à Ron, ainsi qu'un clin d'œil.

« Allez, viens. » Ron fit un signe de tête à Hermione. « Il ira bien.

— Ouais, assura-t-il en hochant la tête. Ça va aller. Je promets. Un hibou tous les jours. »

Hermione se saisit de sa main et la serra fort. « Raconte-moi comment ça se passe, dit-elle à voix basse.

Harry acquiesça. « Je le ferais.

— Salut, mon ami. » Ron lui mit une claque dans le dos, et tint la main d'Hermione. « Tu diras "bonjour" à Snape de notre part.

— De quoi ?! s'écrièrent Harry et Hermione d'une même voix.

— Quoi ? » Ron se retint de rire. « Je savais que tu étais sérieux. Tous les deux, vous vous regardez comme si rien d'autre ne comptait dans le monde.

« Ronald Weasley ! » Hermione dégagea sa main de celle de Ron, et lui frappa le bras. « Depuis combien de temps est-ce que tu sais ? »

Harry ne parvenait pas à trouver ses mots, pas encore, alors il hocha la tête.

« Oh, je sais pas, quelque chose comme juste après la pause d'hiver. Et puis t'as dit ce truc à Pâques, à propos de Draco, et j'ai pensé que j'avais eu tort, mais… ensuite tu l'as dit, et là j'ai su que j'avais raison. » Ron semblait absurdement fier de lui-même.

« Wow ! fut tout ce que Harry put dire.

— La capacité émotionnelle d'une cuillère à café, hein ? » Ron lui donna un petit coup de coude malicieux.

Tout ce que Harry et Hermione pouvaient faire, c'était le fixer bouche bée.

— O —

Harry frappa à la porte du bureau en acajou. Quand elle s'ouvrit, Severus se tenait derrière, habillé tranquillement d'une chemise blanche et d'un pantalon noir.

« Qu'est-il arrivé à ta menace de regarder le soleil se lever ? se moqua le Serpentard d'un ton joueur.

— Je, euh, nous avons raté le réveil, admit Harry en se frottant la nuque.

— Des adolescents, faisant la grasse matinée, un samedi matin. Quelle nouvelle ! fit Severus d'une voix traînante. » Il ouvrit la porte en grand pour inviter Harry à entrer.

Il marchait derrière Severus alors qu'il le suivait jusqu'à ses appartements.

« Du thé ? Offrit-il, en regardant par-dessus son épaule.

— Euh, ouais, bien sûr. Merci, accepta Harry un peu bizarrement. »

Severus alla jusqu'au canapé, et s'installant, tapota le coussin à côté de lui pour inviter Harry à s'y asseoir.

« Thé, appela Severus d'un ton assuré. » Instantanément, un plateau de thé apparut en face du canapé.

« Donc, commença Severus tout en soufflant sur sa tasse fumante.

— Doooonc, reprit Harry, mal à l'aise.

— Qu'est-ce que tu veux faire aujourd'hui ? demanda Severus.

— De qu– Quoi ? » Harry était confus.

« Tous tes amis sont partis. Tu en as finis avec tes ASPICs. Tu n'as aucune véritable raison d'être ici. Qu'est-ce que tu voudrais faire aujourd'hui ? » Severus sirota son thé calmement.

« Je – nous – je pensais que nous – qu'est-ce que tu fais aujourd'hui ? contra Harry.

— Qu'est-ce que tu as prévu de faire après vendredi ? Tous les élèves seront partis. Poudlard va fermer pour l'été. Où est-ce que tu comptes aller ? sonda Severus.

— Est-ce que tu veux – je dois – est-ce que tu veux que je parte ? questionna Harry, perplexe.

— Non. Mais il faut considérer sérieusement les réponses à ces questions.

— Je ne sais pas. » Harry baissa la tête, fixant sa tasse. « Je suppose que je vais aller au Square Grimmaurd. Au moins pour quelques semaines. Prendre un peu de temps tranquille.

— Je pense que ça pourrait te faire beaucoup de bien, répondit Severus.

— Tu – Tu le penses ? » Harry leva les yeux.

« Oui. Je pense que tu as besoin d'un peu de temps tranquille. Fais du ménage. Épuise-toi un peu. Fais quelque chose de physique – sans réfléchir – pendant quelques semaines, et je pense que ça t'aidera à prendre du recul. » Severus prit une autre gorgée de son thé.

« Et pour – je – qu'est-ce qui se passe pour… nous ? demanda prudemment Harry. Je pensais – est-ce que, tu sais, est-ce que tu m'aimes encore ? »

Le visage de Severus afficha de la confusion pendant un moment, mais l'instant d'après, cela fut remplacé par du désir. Il reposa sa tasse de thé sur le côté.

« Monsieur Potter, fit-il d'une voix basse, d'une voix de velours. Il ne devrait y avoir aucun doute dans votre esprit que je, "vous savez", vous aime. »

Harry déglutit. « Oh. »

« Cependant… » Il se redressa légèrement. « Il faut qu'on tienne compte de certaines considérations. Pour commencer, je dois poursuivre mes devoirs de professeur pendant encore une semaine. Si quoi que ce soit de remarquable devait se produire, cela donnerait probablement naissance à des inquiétudes quant à une relation préexistante entre nous. Ainsi, le lieu où tu résides est important. Par ailleurs, je ne souhaite pas interférer avec ce que tu as prévu de faire. Je souhaite savoir ce que tu as prévu de faire pour pouvoir te soutenir, et ainsi faire partie de ta vie si tu… » Severus fit une pause, mal-à-l'aise. « Si tu le souhaites. »

Tout à coup, Harry ne put s'empêcher de sourire. « Tu es nerveux ! s'écria-t-il joyeusement.

— Quoi ? » Severus se laissa aller en arrière, outré. « Mais certainement pas.

— Mais, si ! répliqua Harry. Tu parles trop quand tu es nerveux. Quand tu es en colère, ou heureux, ou sûr de toi, tu agis plutôt. »

Severus se tenait tout raide, son regard fusillant sa tasse de thé.

Harry reposa sa tasse de thé, et se redressa sur ses genoux pour être légèrement plus grand que Severus. « Pourquoi es-tu nerveux ? » Il se rapprocha de lui. « On pourra parler de tout ça plus tard, promit-il.

— Et que souhaitez-vous faire maintenant, Monsieur Potter ? demanda Severus en croisant son regard.

— Eh bien. » Harry se pencha pour effleurer de ses lèvres celles de Severus. « La nuit dernière, tu as mentionné quelque chose à propos d'un lit.

— Mmm, accorda Severus.

— Et tu as également parlé de choses que tu souhaiterais me faire, dans ce lit. » Harry l'embrassa encore une fois, avec un peu plus de passion.

— Mmm. » Cette fois-ci, la réponse de Severus sonna plus comme un gémissement.

« Je pense que j'aimerais bien mener mes recherches là-dessus, suggéra Harry. » Il remonta ses mains jusqu'au col de Severus commença à déboutonner les premiers boutons de sa chemise blanche. Il se recula et se leva du canapé.

Severus ouvrit les yeux et resta assis un peu plus longtemps, comme s'il était figé. Et puis il se leva et enlaça Harry. « En tant que Maître de Potions, Monsieur Potter, chuchota-t-il dans le creux de l'oreille d'Harry, j'aime beaucoup mener des recherches. »

Et avec ça, Severus s'éloigna, mais prit la main d'Harry dans la sienne et les mena tous les deux vers la porte de sa chambre.

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