Nina Black - Disruption (Tome 2)

Les deux filles marchèrent d’un même pas, leurs respirations étaient les seuls bruits que l’on pouvait entendre dans le long couloir. Cette année, le troisième étage du château était interdit aux élèves, mais c’était pourtant vers là que Nina se dirigeait, la main crispée sur sa baguette. Ici, au moins, elles allaient pouvoir être tranquilles et il n’y aurait donc aucun témoin.

La jeune Gryffindor s’arrêta. Lucifia fit de même afin de garder les cinq mètres qui les séparaient. Nina se retourna lentement et quand elle vit les yeux verts de Lucifia briller dans ce couloir sombre elle sut qu’elle avait fait une terrible erreur. Jamais elle n’aurait dû aller ici car Salamander aussi profitera du fait qu’il n’y aura pas de témoin. Nina était-elle vraiment plus forte que Lucifia ? Pourtant, ce n’était pas le moment de se dégonfler sinon Lucifia se moquerait éternellement d’elle et la Gryffindor ne supporterait pas cette ultime honte. Les réputations des deux jeunes filles étaient donc en jeu.

- Pourquoi fais-tu cela ? commença doucement Nina, pourquoi tiens-tu tant à gâcher nos vies et à éradiquer notre bonheur ?

Lucifia ne répondit pas, elle n’avait pas besoin de le faire car les deux filles connaissaient autant la réponse l’une que l’autre. Lucifia aimait tout simplement embêter et agacer les autres. Elle était tout simplement mauvaise. C’était, pour elle, plaisant de voir les autres souffrir par sa faute. Le regard vert de la Slytherin brilla de nouveau.

- J’ai tant attendu ce moment, déclara-t-elle d’une voix sifflante comme un serpent, tant attendu le fait de pouvoir fermer ta petite gueule de Gryffindor si sûre de soi. Tu vas arrêter de te la péter et j’espère que ça calmera tes amis. Surtout les Weasleys, ces deux incapables se pensent drôles mais ils sont seulement pathétiques et qui plus est pauvres, rien de plus pitoyable, ils ne peuvent pas tomber plus bas. Et toi, et ta fierté sans limite. Mademoiselle Mes Potions Sont Parfaites ! Retourne chez ta mère moldue, tu y es plus à ta place !

Nina sortit brusquement sa baguette, le sourire de Salamander s’intensifia. La rage, la haine et la volonté de se venger brûlaient le corps entier de la jeune fille. Son esprit était maintenant focalisé sur ce duel qui se déroulait. Ce n’était pas seulement un duel où deux sorcières se battirent à coup de sortilèges, mais un duel très psychologique. La première qui craquait perdait. Elle perdait sa dignité et l’autre gagnerait en puissance et en contrôle sur l’autre.

Cependant, la jeune fille savait pertinemment que Lucifia était bien plus forte qu’elle. Ses sortilèges n’étaient certes pas très exacts, mais ils étaient d’une puissance incroyable. Tous le disaient, même ceux qui n’étaient pas des Slytherin. Une personne saine d’esprit n’aurait jamais demandé Lucifia en duel. En cet instant cependant, Nina n’était pas saine d’esprit.

Les premiers sorts étaient plutôt gentils, hésitants car c’étaient pour les deux jeunes sorcières la première fois qu’elles s’affrontaient en duel. Puis petit à petit, elles prenaient confiance en elles-mêmes, lançaient des sorts plus dangereux et plus difficiles à réaliser. Mais alors que Nina s’apprêta à lancer le sortilège d’incandescence, Lucifia, elle, lança le sort qu’elle réalisait le mieux et dont la jeune Gryffindor avait si peur :

- Confundo ! cria-t-elle d’une voix si mesquine et si sombre.

Le sort arriva si violemment sur Nina qu’elle en perdu son équilibre et tomba au sol. Un rire se fit entendre. Il avait l’air gentil, joyeux. Cela rappelait à Nina de belles choses, une journée à la piscine, une autre sur un terrain de Quidditch, une dans une forêt blanche de neige. Pourtant l’esprit de Nina tenta de dire que ce rire était mauvais, c’était plutôt un rire de moquerie, de haine et de pouvoir. La jeune fille était totalement perdue. Plus rien en elle ne s’accordait.

Pourquoi était-elle si méchante ? Mais qui était méchante ? Elle, la jeune fille qui riait. Nina n’avait plus aucune notion du bien ou du mal. Elle paniquait. Le sort avait été trop violent, elle ne parvenait pas à rassembler ses esprits. Elle se considérait comme un monstre puis comme un ange, la fille aux yeux verts avait l’air si gentille puis si monstrueuse, si terrifiante. C’était une scène digne d’un cauchemar. Que lui arrivait-il ? Était-ce ce sortilège de confusion qui lui faisait perdre autant l’esprit ? Pourquoi pleurait-elle ? De joie ? De tristesse ? De haine ? De douleur ? Était-ce possible de lancer un sortilège aussi puissant ? Intérieurement elle crut qu’elle allait mourir tant elle était indécise, tourmentée. Son cœur, son corps, sa tête lui faisaient si mal.

- A… Arrête, je… t’en supplie ! pria Nina en tirant sur ses longs cheveux châtains.

La jeune fille qui riait était maintenant trop loin d’elle, à présent elle était seule avec ses tourments dans ce couloir sombre et si vide du troisième étage.

- Aidez-moi !!!!!! hurla-t-elle une dernière fois.

Severus Snape détestait faire ce boulot qu’il ne considérait comme n’étant pas le sien. C’était lui qui, ce soir-là, était chargé de vérifier que tous les élèves avaient respecté le couvre-feu et donc que personne ne se trouvait dans les couloirs d’Hogwarts. D’habitude, il ne vérifiait pas le troisième étage car il estimait que les élèves étaient suffisamment effrayés par les recommandations de Dumbledore pour ne pas s’y aventurer. Pourtant, ce soir-là, il avait besoin de marcher, de se détendre. Depuis maintenant quelques jours, il n’arrivait plus à garder son calme. Il s’énervait encore plus que d’habitude sur les élèves, même ceux de Slytherin. Sa réputation déjà bien basse était maintenant au plus bas possible.

Ainsi ses pieds le menèrent au troisième étage. Il paraissait silencieux comme le reste du château. L’esprit frappeur d’Hogwarts apparu soudain en criant et en riant. Peeves était un esprit insupportable et le professeur de Potions tenta de l’ignorer. Il critiquait la tenue du professeur, ses cheveux gras et le comparait à Nick-Quasi-Sans-Tête. Cependant, parmi toutes ses bêtises, une phrase retint l’attention du professeur Snape.

- Qu’as-tu dis ?

- « De sang et de larmes elle est envahie, à cet étage elle périt », poétique non ? Je l’ai écrite ce soir. J’étais plutôt inspiré, puis l’esprit reparti avec un affreux rire en traversant le mur.

Ignorant si ce que Peeves avait dit était vrai ou faux, Severus Snape accéléra le pas. Puis au bout d’un couloir il vit une forme sombre. Une respiration courte et forte se faisait entendre, quelques gémissements aussi. Ne sachant pas de quoi il s’agissait, le professeur de Potions marcha lentement vers la tache sombre et tassée. Quand il fut assez prêt il réussit à distinguer qu’il s’agissait d’une élève qui était allongée au sol.

- Que faites-vous ici ? fit-il de son habituel ton froid, vous devriez être couchée depuis longtemps ! Vous allez regretter le fait de ne pas respecter les règles ! D’un, vous n’avez pas le droit d’aller dans le troisième étage et de deux dépasser le couvre-feu est aussi formellement interdit !

Il s’agissait évidemment d’une élève de Gryffindor. Ceux-là ne respectaient jamais les règles ! Soudainement la jeune fille se mit à hurler et à se griffer le visage. Ce visage qui était déjà ensanglanté ainsi que son cou. Severus Snape courut vers la jeune fille et découvrit qu’il s’agissait de Nina Black, l’une de ses meilleures élèves. L’une des rares élèves qu’il appréciait et même protégeait. Il prit de forces ses mains et elle leva son regard vide et froid vers lui.

- Êtes-vous bon ou mauvais ? demanda-t-elle subitement calme. Vous êtes mon ami ? Mon ennemi ?

Le professeur fut surpris d’une telle question et regarda la jeune fille de douze ans d’un air perdu. Elle paraissait si fragile. Que lui était-il arrivé ? Comment avait-elle fini ici ? Puis tout aussi subitement qu’avant elle se calma, ses mains se détendirent, elle se balança comme si elle se berçait pour dormir.

- Suis-je bonne ou mauvaise ? demanda-t-elle de nouveau d’une voix lointaine.

« Confundo », oui c’était de cela dont il s’agissait. Profitant du fait qu’elle soit calme, le professeur releva la jeune Gryffindor et découvrit qu’elle avait déchiré ses vêtements et arraché des touffes épaisses de ses longs cheveux. Severus Snape mit sa propre cape noire sur ses épaules tremblantes. Sa respiration était rapide, saccadée. Comme elle n’arrivait pas à marcher, il dû la porter jusqu’à l’infirmerie où Madam Pomfrey était toujours éveillée.

- Oh mon dieu, la pauvre enfant ! cria-t-elle en se précipitant sur elle et en s’activant immédiatement.

Severus posa Nina sur l’un des rares lits encore vides. Il en restait peu car une grippe s’était propagée à travers Hogwarts. Nina redevint brusquement dangereuse pour elle comme pour les autres alors d’un sort rapide, le professeur de Potions l’immobilisa.

- Je ne vais pas pouvoir soigner cela, déclara Poppy Pomfrey d’une voix grave, elle va avoir besoin de soins intensifs, prévenez des guérisseurs de St Mungo’s je vous prie Severus.

Immédiatement il envoya quelques étincelles rouges qui annonçaient une situation d’urgence.